Allergie ou intolérance aux aliments ?
Y a-t-il intérêt à doser les IgG4 spéciques d’aliments ?
Mars 2014© Laboratoire Dr Collard SC/SPRL - Synlab Belgique
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Allergie ou intolérance aux aliments ?
Parmi les réactions d’hypersensibilité aux aliments une
distinction majeure doit être faite entre :
• Les véritables allergies dont les causes sont de nature
immunologique
• Les réactions d'intolérance liées à des mécanismes non
immunologiques.
Dans les deux types de situation les symptômes cliniques
sont la conséquence de la libération d'histamine et d’autres
médiateurs par les mastocytes des muqueuses digestives,
mais cette libération est dépendante des IgE spéciques
dans la véritable allergie aux aliments (allergie de type 1),
alors qu'elle en est indépendante en cas d'intolérance.
Parmi les hypersensibilités alimentaires de nature immuno-
logique une place particulière est occupée par l'hypersensi-
bilité au gluten (maladie coeliaque) dont la physiopatholo-
gie n'implique pas les mastocytes muqueux, mais des
lymphocytes spéciques de la gliadine.
La dégranulation des mastocytes au cours des réactions
d’intolérance aux aliments est déclenchée, chez des
individus génétiquement susceptibles, par des aliments
riches en histamine ou en ses précurseurs, tels que charcu-
teries, fraises, chocolat, fromages fermentés, etc... Les sujets
susceptibles présentent fréquemment une décience
génétique en enzymes dégradant l’histamine, ce qui en
augmente la demi-vie.
L’intolérance au lactose est le type le plus fréquent
d’hypersensibilité alimentaire non- immunologique. Elle
est la conséquence d’une décience le plus souvent acquise
en l’enzyme lactase qui permet la dégradation du lactose
en glucose et galactose facilement absorbés par l’intestin.
La décience en lactase peut survenir après une entérite
infectieuse, et de manière générale la concentration de
l'enzyme diminue avec l'âge, sauf dans les populations
fortement consommatrices de produits lactés telles que les
bergers du Maghreb.
Dans les pays industrialisés par contre, une décience en
lactase avec intolérance plus ou moins prononcée au
lactose est retrouvée parmi ± 20% de la population âgée de
plus de 65 ans.
Par opposition aux véritables allergies alimentaires, les
réactions d'intolérance se distinguent sur le plan biologique
par l'absence d’IgE et/ou d' IgG4 spéciques, et sur le plan
thérapeutique par l'absence de réponse aux protocoles de
désensibilisation.
Les IgG4 chez les patients allergiques aux aliments
Chez les patients allergiques aux aliments, aucune corréla-
tion n’est observée entre les taux plasmatiques d’IgG totales
et d’IgG4 spéciques, de même qu’aucune différence
n’apparaît dans les taux d’IgG totales et IgG4 spéciques
entre individus allergiques et sujets sains contrôle.
L’élévation des taux plasmatiques d’IgG et particulièrement
d’IgG4 spéciques d’aliments est un phénomène physiolo-
gique qui suit l’absorption d’un repas. Ce phénomène est
intensié dans tous les syndromes avec augmentation de la
perméabilité intestinale (maladie de Crohn, maladie
coeliaque, colon irritable etc.). Cette élévation est en outre
physiologique chez le nourrisson dont les barrières intesti-
nales sont décientes jusqu’à l’âge de 6 à 8 mois.
Il n’y a donc aucun intérêt à pratiquer un dosage des IgG4
d’aliments en cas de suspicion d’allergie, à l’exception
• Du suivi d’une désensibilisation aux cacahuètes, ou l’on a
observé une augmentation des IgG4 spéciques concomi-
tante à la diminution des IgE et à l’apparition de la tolérance.
• D’intérêt de nature exclusivement pronostique si allergie
aux protéines du lait de vache chez le nourrisson avec
dermatite atopique. Dans ces cas en effet, la mise en
évidence d’IgG ou IgG4 spéciques avec absence d'IgE,
permet de prévoir une disparition spontanée des
symptômes vers l’âge de 2 à 3 ans, alors que la présence
d’IgE spéciques fait craindre une persistance de l’allergie
pendant toute la vie, avec évolution vers l’asthme
allergique.
Les IgG4 et le syndrome du colon irritable
Des réactions anormales aux aliments contribuent proba-
blement à la physiopathologie complexe du colon irritable
dont les mécanismes restent toutefois obscurs.
Une augmentation pathologique de la perméabilité intesti-
nale liée à la présence d'une ore commensale anormale est
évoquée. Un régime d’exclusion (basé ou non sur la
recherche d’IgG4 spéciques d’aliments) pourrait être utile
dans la prise en charge de ces patients.
Diverses études à ce sujet ont cependant fourni des
résultats contradictoires, reétant probablement l'hétéro-
généité des patients atteints de ce syndrome.
Rédaction
Dr Marcel Delire