------------------------------------
Liste hiérarchisée des espèces menacées de Basse-Normandie
Conservatoire Botanique National de Brest –janvier 2006
3
Introduction
La disparition et la régression des espèces animales ou végétales de la surface de la planète
est un phénomène connu et reconnu parmi d’autres indicateurs de la dégradation générale de notre
environnement. Cette problématique a notamment été énoncée clairement lors du sommet de la terre
de Rio de Janero en juin 1992. Toutefois, ce discours met surtout en exergue les territoires de nature
encore très peu touchés par les sociétés industrielles telles que les forêts primaires équatoriales.
Bien que la biodiversité de l’Europe soit loin d’atteindre le niveau de certaines autres régions
du monde, notamment tropicales, elle bénéficie d’un très large éventail de conditions géologiques et
climatiques qui lui confère une diversité floristique importante, malgré les quelques millénaires
d’occupation par l’homme.
Or, on observe depuis le 19ème siècle une forte érosion de la biodiversité et notamment en
France, un des pays pourtant les mieux lotis du fait de sa surface et de sa situation biogéographique.
On estime ainsi qu’en France, environ 10 % des espèces végétales sont très menacées(données
IFEN, 2000) : soit elles ne sont plus observées depuis plusieurs années ; soit elles disparaîtront à
court terme si elles ne bénéficient pas rapidement d’opérations de sauvegarde. De plus, 15 autres %
des 4900 espèces indigènes de France sont menacées et nécessitent une surveillance.
Ces disparitions et régressions témoignent d’une profonde modification et destruction des
habitats par l’homme suite à l’évolution de ses pratiques dans des domaines tels que l’agriculture
(qui a connu une forte intensification, transformant une part très importante des paysages, des sols et
des milieux), l’urbanisme (de plus en plus consommateur d’espaces) et la gestion des territoires
encore «naturels ».
Les missions des Conservatoires Botaniques Nationaux sont centrées sur la préservation de la
flore et particulièrement sur la part de cette flore la plus en danger. Cette mission ne peut être remplie
de manière satisfaisante que grâce au partenariat avec les différents acteurs locaux, sur un territoire
suffisamment grand pour permettre une perception réaliste des enjeux, et à l’échelle d’une unité
administrative opérationnelle. Le Conservatoire Botanique National de Brest en charge des régions
administratives de Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire a créé récemment des antennes
régionales de manière à répondre à cette nécessité. Celle de Basse-Normandie date de novembre
2000.
La Basse-Normandie bénéficie depuis le 19ème siècle d’une importante connaissance
botanique liée à l’édition de flores régionales (de Brébisson, 1879 ; Corbière, 1894) mais également à
d’autres documents de botanistes sur des territoires plus restreints (compte rendu de sorties de la
Société Linnéenne de Normandie…). La flore (1993) et l’atlas (1997) des plantes vasculaires de
Basse-Normandie de M. Provost complètent cette bibliographie sur un pas de temps d’environ un
siècle, et permet une évaluation précise de l’évolution de la répartition des espèces. Depuis sa
création, l’antenne de Basse-Normandie s’est attelée à animer et dynamiser le réseau des botanistes
de la région. Parallèlement, les prospections des permanents du Conservatoire Botanique et des
membres les plus actifs du réseau des bénévoles ont été orientées sur la recherche des espèces
énoncées comme « rare à très rare » dans l’atlas de M. Provost. Bien que le taux de prospection
botanique sur l’ensemble de la Basse-Normandie soit loin d’être suffisant actuellement, l’ensemble
de la bibliographie et des acquisitions précitées permet d’établir un état des lieux significatif, source
également de définition d’orientation pour le développement de la connaissance botanique elle-
même.
2