G E S T I O N D E E T E C O N O M I Q U E S S C I E N C E S CENTRE D’ETUDES ET DE RECHERCHES S U R LE D E V E LO P P E M E N T INTERNATIONAL Les échanges transfrontières : l’influence asymétrique du Nigeria sur le Niger dans le commerce des produits céréaliers Hassan Maman ABDO Université Abdou Moumouni, Niamey F A C U L T E D E S 1 Communication au Colloque : – C N R S Résumé Cet article analyse de façon approfondie le phénomène de domination asymétrique qui caractérise les relations commerciales séculaires entre le Niger et le Nigeria particulièrement dans le domaine des échanges transfrontières des produits céréaliers. Cette étude s’est penchée sur un examen minutieux des fondements à la fois historiques et théoriques de l’influence unilatérale de l’économie nigériane sur celle du Niger à partir du mode de fonctionnement du commerce transfrontière ainsi que des stratégies et des comportements des commerçants animateurs des réseaux de commerce transétatique. Les effets de cette dominance ont été analysés au travers de la structure économique et de l’intégration des marchés des produits céréaliers. Le test économétrique effectué à cet effet a permis de déterminer empiriquement les différentiels spatiaux de prix des produits céréaliers qui indiquent l’orientation du commerce transfrontière. L’influence asymétrique des prix des produits céréaliers du marché de Kano sur les marchés locaux nigériens notamment Zinder, Maradi et Niamey confirme bien la position de dominance de l’économie nigériane sur celle du Niger. En définitive, l’intérêt de cette étude est d’éclairer les opérateurs économiques et les décideurs nigériens sur certains aspects fondamentaux de l’influence asymétrique du Nigeria sur le Niger. Ainsi, les pouvoirs politiques peuvent-ils élargir leurs marges de manœuvres en se forgeant autant d’instruments de politique économique que d’objectifs retenus permettant d’infléchir en leur faveur cette dominance. Mots clés : Niger, Nigeria, échanges transfrontières, commerce parallèle, réseaux de commerçants, influence asymétrique, domination, prix, structure du marché, commerce des produits céréaliers. 3 – 4 novembre 2008, CERDI – Université d’Auvergne, Clermont-Fd, France Monsieur ABDO Hassan Maman Maître-assistant Ancien Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques Secrétaire Général de l’Université Abdou Moumouni de Niamey B.P 10.896/12 442 Tél. (00227) 20 31 57 15 U N I V E R S I T E D ’ A U V E R G N E – « Intégration des marchés et sécurité alimentaire dans les pays en développement », Les échanges transfrontières : l’influence asymétrique du Nigeria sur le Niger dans le commerce des produits céréaliers. CERDI 65, boulevard François Mitterrand 63000 Clermont-Ferrand – France http://cerdi.org/Colloque/IMSA2008 3 2 I- Les soubassements historiques et théoriques de la dominance 1.1 Les fondements historiques Introduction A- Le mode de fonctionnement de commerce transfrontalier Dans tous les plans et programmes de développement initiés et exécutés par les responsables de politique économique du Niger depuis les années 1960, un accent particulier est toujours mis sur la modernisation, l'assainissement et la dynamisation des échanges avec le Nigeria en vue de tirer meilleure partie de ce vaste marché. Les échanges commerciaux portant sur une gamme étendue et diversifiée de produits constituent en fait l’élément central des liens économiques entre ces deux Etats voisins de la proximié. L’importance relative des flux et leur grande diversité font du Nigeria le premier partenaire commercial du Niger en Afrique. Comme l’économie nigérienne est price taker, la stratégie adoptée par les pouvoirs publics a consisté bien souvent à chercher à maintenir les flux commerciaux traditionnels, à diversifier l’offre d’exportation et à moderniser le commerce transfrontière afin d’assurer un approvisionnement régulier du pays en biens incompressibles d’équipement et de première nécessité dans des conditions satisfaisantes de coûts. L’enjeu du commerce avec le Nigeria est grand. Car, ce type de relations à effet de dominance asymétrique est en mesure de favoriser ou contrarier la réalisation des objectifs de développement de l’économie nigérienne. La spécificité du Nigeria constituée par sa proximité, l’intensité des échanges commerciaux et l’ambivalence de leurs effets dans les deux pays suscite beaucoup d’interrogations. Ces préoccupations majeures des responsables de politiques économiques trouvent leurs expressions achevées dans la volonté toujours renouvelée de parvenir à mettre en place des mécanismes fiables, flexibles et adaptés en vue de créer les conditions idoines de nature à conquérir durablement le marché nigérian, de profiter au maximum des opportunités offertes par le Nigeria et partant d’élargir les marges de manoeuvres des autorités nigériennes en matière de politique commerciale notamment des produits céréaliers dans un contexte d’informalisation des pans entiers des secteurs économiques fortement dépendants de la dynamique de l’économie nigériane. Ces préoccupations auxquelles cette réflexion tente d’apporter des éléments de réponses soustendent en réalité toute la problématique de domination unilatérale qui caractérise les échanges économiques entre les deux pays. Cette étude vise à approfondir la nature et le niveau des relations économiques entre les deux pays en termes d’influence asymétrique de l’économie nigériane sur celle du Niger spécifiquement dans le domaine du commerce transfrontière des produits céréaliers. En plus de l’introduction et de la conclusion générale, cette réflexion s’articule autour des axes suivants. La première partie est consacrée à l’analyse des soubassements à la fois historiques et théoriques des effets de dominance (I). La seconde partie s’efforce d’appréhender l’influence unilatérale de l’économie nigériane sur celle du Niger au travers d’une analyse économétrique de l’intégration des marchés des produits céréaliers (II). Les nombreux travaux des socio-économistes et des anthropologues portant, depuis les années 1970, sur les liens économiques entre le Niger et le Nigeria ont tenté de faire une typologie des acteurs et une littérature pluridisciplinaire s'est efforcée de montrer que le commerce entre ces deux pays est un négoce au long cours organisé de longue date en réseau (Leveroy ,1980). En effet, dans la conduite de leurs affaires, les commerçants du Niger et leurs homologues du Nigeria ont, depuis l'époque précoloniale, fait recours à ce type de structure fortement hiérarchisée, même si par ailleurs, il pouvait exister autant de réseaux que d'opportunités du commerce. Le réseau peut être défini comme une série de connexions d'acteurs en termes de liens territoriaux, familiaux, historiques, culturels et encadrés dans un système de hiérarchie, de dépendance et d'obligations. L'organisation en réseaux repose principalement sur des rapports sociaux et culturels structurés et très étroits. L'efficacité des réseaux en termes de circulation d'information, d'anticipation des prix, de coalition et contournement des contraintes imposées par les Etats est fonction de leur degré de structuration, d'organisation et de gestion des échanges transétatiques comme facteur de progrès économique et d'intégration des marchés des deux pays. Les réseaux des commerçants haoussa qui se déploient dans les espaces frontaliers s'appuient sur ces traditions anciennes pour mener leurs transactions commerciales. En effet, les rapports harmonieux entre les acteurs nigériens et nigérians sont fondés sur leur appartenance aux groupes ethniques identiques et solidaires partageant un sentiment de communauté de destin, une religion commune, une identité culturelle et une confiance mutuelle. Le déclin du commerce transsaharien et surtout la définition des frontières ont été des facteurs permissifs d'intensification et d'essor des échanges transfrontaliers. L'essentiel de ce commerce avec le Nigeria se fait hors de toute réglementation sur les marchés parallèles par le biais de la fraude et de la contre bande, d’organisation de marchés structurés comme ces fameux marchés de nuit qui s’égrènent le long de la frontière. Ces échanges transfrontières de nature illicite permettent au Niger de suppléer les insuffisances de la plupart des produits, notamment du déficit céréalier. Ils ont, au fil du temps, pris une certaine ampleur. Pendant la période coloniale, des flux d'arachides traversent la frontière tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre selon le niveau des cours et le taux de change entre le franc et la livre. De nos jours, il s’agit essentiellement de produits comme le haricot ou le souchet. Le commerce parallèle est souvent présenté comme une forme de résistance populaire contre les frontières artificielles et la réglementation douanière imposées par les autorités des administrations coloniales aux africains. Relativement aux liens économiques entre le Niger et le Nigéria, J. Igué (1977) écrit : "la nature de ces frontières, dont la plupart traversent les mêmes groupes socioculturels, était à elle seule un facteur de stimulation des échanges illicites. Les populations vivant à cheval sur les lignes de partage entre les Etats avaient une très forte conscience de leur unité, ce qui les a poussées à s'organiser pour essayer d'échapper aux contraintes de la partition de leur territoire". De même, dans des documents produits par la Banque Mondiale (1989), certains auteurs ont reconsidéré la position exprimée au début des années 1980 à l'égard du commerce parallèle. Ce dernier apparaissant désormais comme susceptible d'être une activité économique efficace et favorable au bien-être des populations à 4 5 cause notamment de son enracinement dans l'histoire et l'organisation traditionnelle des sociétés africaines. Les échanges non officiels sont donc perçus en réalité comme une bonne chose parce qu'ils constituent un facteur de contournement des obstacles tarifaires et une source d'orientation des relations économiques bilatérales vers des systèmes de concurrence. Mais force est de constater que cette concurrence est imparfaite. Le degré de distorsion introduite par les comportements des acteurs et les conflits d'intérêts sont variables suivant les courants d'échange. (les céréales) comme des acheteurs attitrés des biens (haricot-niébé). Ces réseaux de grands commerçants haoussa guidés par la recherche exclusive de profits immédiats ne sont pas immuables dans l'espace et le temps. Ils se font et se défont en fonction de l'évolution de la conjoncture économique et des législations adoptées par les pouvoirs publics. Ces derniers peuvent, par des réglementations qu'ils mettent en place, donner naissance à de nouveaux commerces illicites ou les faire cesser. Ce phénomène de création-destruction-création (J. Schumpeter) incite les opérateurs économiques à développer davantage et en permanence l'esprit d'initiative, de créativité, d'ingéniosité c'est-à-dire d'hommes d'entreprise capables de prendre des risques"calculés". Grégoire et Labazée indiquent que dans les années 1990, le commerce du niébé a pris le chemin de la fraude et de la contrebande à la suite de la décision du gouvernement nigérian d'en interdire l'importation. Le Niger, quant à lui, a levé toutes les restrictions aux importations sauf sur les allumettes, la lessive et l'essence, ce dernier produit faisant l'objet d'un important trafic le long de la frontière qui porterait sur plus de 100000 tonnes en 1990. Cette approche mérite cependant d'être nuancée pour mieux saisir la réalité fort complexe des sociétés africaines dans leur évolution historique. Certains auteurs estiment que la solidarité africaine est un mythe voire un leurre. L'importance accordée à la société économique précoloniale a tendance à ignorer les fortes divisions politiques et socio-économiques qui ont structuré le commerce de longue distance. Les frontières séparant les royaumes précoloniaux, les systèmes de péage et de taxes, et l'insécurité générale qui obligeait les caravanes marchandes à s'armer en régiment, sont le plus souvent oubliés dans les généalogies du commerce parallèle (S. Baier 1980, T. Falola 1989, D. J. Thom 1975). L'image qu'on se fait des profonds changements qui se sont produits dans l'organisation du commerce interafricain traditionnel avec la monté du colonialisme est non moins étriquée (K. Meagher, 1996). Ces modifications sont couramment interprétées comme des moyens d'échapper aux tentatives coloniales de restrictions commerciales par l'intermédiaire de la réglementation. On oublie généralement que ces ajustements coloniaux avaient pu modifier fondamentalement l'essence et l'orientation du commerce interafricain précolonial. L'idée du commerce parallèle, né en réaction aux divisions artificielles, imposées par les frontières coloniales sur des groupes ethniques solidaires, ne reflète pas forcément la réalité des faits. Mefeje (1991) rappelle avec raison que les frontières ethniques ne coïncident pas nécessairement avec les frontières politiques, même à l'époque précoloniale. Ainsi, la séparation des groupes ethniques n'était pas étrangère aux sociétés africaines et le découpage colonial ne violait pas nécessairement les formes antérieures d'organisation socio-politique. Par exemple, la population haussa qui habite de part et d'autre de la frontière Nigéria-Niger, zone du commerce parallèle par excellence en Afrique de l'Ouest, n'était pas une entité unifiée avant l'imposition des frontières en 1906. Par contre la population Kanouri de l’extrême Est pouvait du Kanem Bornou, entité unifiée, distinguer la situation de la frontière extrême orientale de celle de la frontière occidentale (Haoussa et Fulfulde). La frontière coloniale a été fixée conformément au tracé politique préexistant entre le Califat de Sokoto au Sud et l’aristocratie haoussa pré-djihadiste au Nord (D.J.Thom, 1975). Une des caractéristiques des flux transétatiques tient aux facteurs responsables de leur dynamisme. Ces échanges transfrontaliers ne sont pas l'expression d'une ignorance des frontières héritées de la colonisation mais plutôt d'une prise de conscience aiguë des possibilités engendrées par ces frontières. D'après Bach (1996), les flux sont liés à des avantages comparatifs réels (complémentarités écologiques ou bien entre systèmes de production) qu'aux disparités fiscalodouanières, monétaires ou politico-économiques engendrées par l'encadrement colonial puis postcolonial des territoires. B- Les stratégies et comportements des acteurs Nonobstant ces observations pertinentes, les alhazai (Grégoire et Labazée, 1993) animateurs par excellence des réseaux du commerce transfrontaliers ont des fournisseurs réguliers de produits Les grands commerçants du Niger évoluant dans l'informel ont réussi à bâtir d'importantes fortunes par l'entremise du commerce transétatique. Les plus riches d'entre eux ont réparti leur fortune de part et d'autre de la frontière pour limiter les risques associés aux aléas politiques ainsi qu'aux incertitudes qui, depuis le début de la décennie 1980, caractérisent l'évolution et le fonctionnement du système bancaire nigérien illustrés par les mauvaises expériences de la Banque de Développement de la République du Niger (BDRN) et de la Massraf que certains d'entre eux ont amèrement goûtées même s’ils sont aussi en partie responsables de ces deux catastrophes. La relation de confiance qui les lie avec leurs pairs du Nigéria dotés d'une surface financière assez confortable a permis à de nombreux commerçants du Niger de bénéficier des largesses financières et des facilités commerciales. Ils se sont lancés dans certaines activités lucratives grâce aux avances de fonds et de marchandises destinées au marché nigérien sans, le plus souvent, aucune garantie préalable. Le remboursement n'intervient qu’après la vente. La réciproque n'est vraie qu'avec la forte dépréciation du naira, mais à une échelle très réduite. Ces réseaux transfrontaliers excellent aussi dans les activités de transit et de réexportation. C’est le cas du cacao à un moment donné et de nos jours celui des véhicules d’occasion. De par sa nature profondément opportuniste, ce commerce ne leur demande pour le besoin de fonctionnement qu'une infrastructure matérielle relativement légère. Ils sont peu peuplés, très hiérarchisés et structurés. Les stratégies des grands réseaux et la fraude organisée par les acteurs du secteur formel sont à l'origine du sentiment d'ineffectivité des politiques économiques, et notamment de la protection, et elles contribuent prioritairement à la "formation" duale et ambivalente de la politique commerciale extérieure (B. Hibou ,1996). Ces échanges s'organisent bien souvent en marge de la légalité, soit dans le cadre de ces grands réseaux dont les principaux circuits d'acheminement et de distribution ainsi que les points de passage stratégiques et les centres de décision sont relativement bien connus grâce aux travaux des anthropologues, des géographes et des socio-économistes, soit dans le cadre de "commerce ou de trafic de fourmis". Les stratégies de ces acteurs qui, se déterminent en fonction des critères de coût, de concurrence, de minimisation des risques dans un environnement mouvant d'information imparfaite et d'instabilité socio-politique, modèlent les structures de marché. De nombreux acteurs nigériens y sont impliqués et profitent de la proximité du Nigeria. Le mode de fonctionnement et d'agencement du petit commerce frontalier de fourmis animé par des réseaux de la "fraude d'infiltration" semble suggérer que les espaces économiques nigéro- 6 7 nigérians soient parvenus à un certain degré difficilement contestable d'intégration économique articulée autour de leurs échanges parallèles en dépit des disparités monétaires, des politiques économiques et douanières des deux nations. Ce phénomène constitue une avancée certaine par rapport au dispositif institutionnel théoriquement très complet de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest mais pratiquement inefficace pour stimuler et encourager les échanges commerciaux dans la perspective de création de trafic. économiques nigériens. A l'échelle sectorielle, les deux pays sont dépendants, depuis la première moitié des années 1970, des exportations de minerais et des hydrocarbures (uranium au Niger, pétrole au Nigeria). Les deux Etats n'ont pas su diversifier leurs exportations, le pétrole représentant plus de 90% des exportations totales du Nigeria et l'uranium plus de 60% pour le Niger. Le secteur industriel contribue à hauteur de 32,1% dans la formation du produit intérieur brut réel nigérian alors qu'il ne représente qu’à peine 1% au Niger. La part du secteur agricole dans le produit intérieur brut est asymptotiquement de même ordre de grandeur dans les deux nations alors qu'elle est fortement divergente dans le secteur tertiaire. 1.2-Les sources théoriques de la dominance A- Le modèle de gravité et l’influence asymétrique des économies Le modèle de gravité établit une relation empirique forte entre la taille économique d’un pays et le volume de ses exportations et importations. Il montre clairement que la distance géographique influe sur le commerce. Autrement dit, les échanges commerciaux sont relativement plus denses entre pays proches. L’équation de modèle de gravité indique que la valeur du commerce entre deux pays i et j est proportionnelle, toutes choses égales par ailleurs, au produit des PIB des deux économies partenaires et diminue avec la distance entre les deux pays (P.Krugman et M.Obstfeld, 2006). Cette équation permet de prédire le volume des échanges de biens entre deux pays i et j, donnés : Tij = AYiYj / Dij, où A est une constante, Tij, la valeur du commerce entre les deux pays, Yi, Yj , le PIB respectif des pays i et j, Dij, la distance entre les deux économies. Les approches adoptées dans les nombreuses études menées sur ce sujet s'inspirent majoritairement de ce modèle de gravité (F.Fouroutan et L.Pritchett ,1993). Cet outil d’analyse, en dépit de sa simplicité explique assez bien la structure réelle des flux d’échanges commerciaux notamment transfrontières. Il stipule en effet que les liens économiques entre deux pays dépendent à la fois des contacts fréquents de leurs populations, de la communauté de leur langue, de la proximité culturelle rapprochant les deux modes de consommation et la similitude dans la façon de traiter les affaires commerciales. En plus, le modèle de gravité lie la densité du commerce bilatéral à la taille des économies mesurée par le PIB, à l’effet frontière et barrières aux échanges ainsi qu’aux différents facteurs d'attraction tels que la proximité géographique, les régimes monétaires, les politiques économiques, les coûts de transport, etc. Dans ce cas précis des relations entre le Niger et le Nigeria, ces approches, qui comportent certes quelques insuffisances relatives notamment à l'influence que peuvent exercer les acteurs sur certains facteurs d'attraction, ont des fondements solides. L'exposé de ces fondements généraux permet de souligner d’emblée l'étroitesse des marges de manœuvre du Niger et la nécessité de bien connaître la nature et l'intensité des courants d'échange et leurs conséquences sur le développement économique du pays. Du point de vue de la taille des économies, les deux nations sont très inégales. La population du Niger est estimée à 10.790.352 d'habitants en 2001, soit une densité de 8 habitants au kilomètre carré alors que le Nigeria est peuplé de plus de 120 millions d'habitants et a une densité de l'ordre de 130 habitants au kilomètre carré. Le Niger partage une frontière poreuse de plus de 1600 km avec le Nigeria dont la taille de l'économie représente 12 fois celle du Niger par sa population et plus de 15 fois par son produit national brut réel. Ainsi, la taille du marché nigérian, aussi bien en termes de nombre de consommateurs que de pouvoir d'achat excède largement celle du marché domestique nigérien très exigu. Ce géant marché nigérian constitue un facteur d'attraction pour les agents La majorité de la population nigérienne est concentrée sur une bande étroite de terres arables situées le long de la frontière du sud. Cette partie jouxtant le Nigeria possède un climat appréciable. A l'instar des autres pays sahéliens, les efforts entrepris en vue de réaliser une croissance économique soutenue et durable se heurtent à de gigantesques obstacles naturels. Le coût de l'enclavement lié en grande partie à la faiblesse et à la mauvaise qualité des infrastructures des transports grève les prix des marchandises à la hausse rendant ainsi l'économie nigérienne peu compétitive vis-à-vis de celle du Nigeria. Et, la quasi-uniformité climatique du Niger contraste avec les caractéristiques du climat nigérian qui associent à la grande étendue du territoire une forte diversité climatique et de nombreuses nuances géologiques. Ces caractéristiques naturelles offrent au Nigeria une gamme riche et diversifiée de productions minières et agricoles. Ces immenses potentialités économiques résultant de la diversité du milieu naturel confèrent à ce pays plusieurs atouts fondés sur des complémentarités zonales et contrastent avec la situation actuelle du Niger dont les dotations factorielles et naturelles connues sont insuffisamment valorisées. Cette diversité naturelle constitue un facteur important d'attraction des agents économiques nigériens. Le Nigeria enregistre un taux d'urbanisation deux fois plus élevé que celui du Niger. La croissance rapide des centres urbains est le résultat, entre autres, d'un développement de l'émigration rurale causée par un surpeuplement des zones rurales par rapport aux ressources naturelles et à l'état du progrès en matière de route. Cette situation se traduit par un accroissement de demandes de consommation de la plupart des biens qui sont des productions de rente au Niger ou pour lesquels peuvent y exister des excès d'offre saisonniers. L'existence de nombreux centres urbains et industriels disposant d'infrastructures (ports, routes, chemins de fer, télécommunication, etc.) au Nigeria constituent des pôles d'attraction et d'accueil d'une bonne proportion de la main-d'œuvre nigérienne à la recherche du travail. B-Les effets de dominance : une étude économétrique de l’intégration des marchés des produits céréaliers La disparité dimensionnelle pousse habituellement à apprécier les relations économiques entre les deux pays en termes d'influence unilatérale de l'économie nigériane sur celle du Niger. Cet effet de dominance est, dans l'univers perrouxien, toute influence irréversible et dissymétrique qu'une unité économique exerce sur une autre, sans que cela implique nécessairement de la part du pôle dominant une intention quelconque ni une volonté organisée de conquête, d'impérialisme ou d'exploitation. Mais les caractéristiques naturelles ne sont pas les seuls facteurs qui prédisposent une nation à subir unilatéralement les conséquences des mouvements et des politiques émanant d'une autre nation. 8 9 Les structures économiques, relativement fortes ou faibles dont les centres de décision ont réussi à doter chaque nation jouent également un rôle important dans la configuration des relations internationales. A cet égard, si la contribution des activités agro-pastorales est prédominante dans la formation du produit intérieur brut marchand dans les deux économies, la forte diversification du tissu industriel nigérian et le fait que l'ensemble de ses productions bénéficient d'économies d'échelle considérables placent d’emblée le Niger dans une position de dépendance unilatérale matérialisée par sa large ouverture sur le Nigeria et sa marginalité dans les échanges extérieurs de ce pays. Les données issues du Federal Office of Statistics montre clairement que les importations officielles du Nigeria en provenance du Niger représentent en moyenne 1% du total des importations nigérianes au cours de la période 1991-2001. Le rythme moyen de croissance de ce commerce s’est élevé à 4,6% l’an asymptotiquement proche de celui des importations totales (4,1%). Toutefois, l’évolution des échanges commerciaux sur l’ensemble de cette période est très irrégulière et trois sous-périodes se dégagent nettement: - entre 1980 et 1986, les amplitudes de la fluctuation sont fortes et le niveau moyen des importations élevé se chiffre à 21,5 milliards de francs avec, en 1983, un pic de 39 milliards de francs, impulsé par les importations de céréales ; - entre 1988 et 1994, les flux se tassent nettement et fluctuent en dents de scie. Le flux moyen annuel qui s’établit à 14,6 milliards de franc CFA, est assez voisin de la valeur minimale de 12,9 milliards atteinte en 1992 ; - au cours des cinq dernières années, les importations en provenance du Nigeria ont augmenté à un rythme nettement plus faible que celui des importations totales. Les échanges de produits agro-pastoraux entre le Niger et le Nigeria sont marqués par la forte spécialisation de l'économie nigérienne dans l'élevage et l'agriculture. Les courants des produits de l'élevage et du niébé, à l'exportation, et des céréales particulièrement, à l'importation, sont dominants et faiblement réversibles. Les importations tous flux de biens confondus en provenance du Nigeria sont, à l’image des importations totales, assez diversifiées. La majorité des produits qui les composent sont soit des biens de première nécessité soit des facteurs de production nécessaires au fonctionnement de l'économie et dont un grand nombre n'a pas de substituts locaux : hydrocarbures, matières premières, biens d'équipement, engrais. Cet état de fait rend la demande de ces biens difficilement compressibles. Il ressort du graphique1 que le Niger a réalisé en moyenne 14% de ses importations avec le Nigeria au cours de la période1980-1999. Le graphique 2 indique que les produits énergétiques (pétrole et électricité) ont officiellement représenté en moyenne, au cours de la période 1980 à 2000, 42% des importations en provenance du Nigeria reflétant ainsi la forte dépendance du Niger vis-à-vis de ce pays. La structure des importations a évolué sensiblement dans le temps. Graphique 2 : Structure des importations en provenance du Nigeria Pétrole Graphique1 : Evolution des importations et des exportations enregistrées entre le Niger et le Nigeria (millions de francs CFA) 24% 31% Electricité Ciment 60000 Cola 50000 Céréales 40000 18% 3% 30000 15% 20000 2% 5% 2% Sucre Engrais Autres 10000 19 80 19 81 19 82 19 83 19 84 19 85 19 86 19 87 19 88 19 89 19 90 19 91 19 92 19 93 19 94 19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 0 Source : DSCN pour les chiffres bruts. Importations Exportations nationales Réexportations Source : Direction de la Statistique et des Comptes Nationaux (DSCN), Ministère de l’Economie et des Finances de la République du Niger pour les chiffres bruts. Tous flux confondus, le Niger a réalisé en moyenne 20% de ses exportations avec le Nigeria au cours des vingt dernières années. Hors uranium, cette part a atteint en moyenne 57% au cours des cinq dernières années, avec une pointe en 1999 où cette proportion atteint 70%. L’évolution est très irrégulière et il est pratiquement impossible de dégager un trend pour l’ensemble de la période. 10 Les statistiques officielles sous-estiment l’importance des flux d’échanges avec le Nigeria dans la mesure où elles n’intègrent pas les données sur le puissant commerce transfrontière. L’approche méthodologique adoptée a consisté à approfondir l’étude de la domination unilatérale de l’économie nigériane sur celle du Niger au travers d’une analyse plus fine des marchés céréaliers. Elle repose sur l’hypothèse suivant laquelle les prix, traducteurs de la rareté relative des ressources sont déterminés sur les marchés centraux du Nigeria où les agents économiques nigériens sont price taker. Les marchés transfrontières et plus précisément Kano au Nord-Nigéria jouent un rôle déterminant dans le fonctionnement des marchés parallèles de biens et des devises notamment. Aussi, Kano est-il considéré comme le marché centrale d’offre de produits céréaliers où les variations de prix sont fortement dépendantes des conditions d'offre et de commercialisation locales, et l'intensité persistance des échanges de céréales entre les deux pays pousse à poser le problème de l'interdépendance des prix entre le Niger et le Nigeria ; la demande nigérienne de céréales pouvant exercer une certaine attraction sur l'offre dans les Etats du NordNigeria. Cette démarche qui a consisté à considérer que les prix des céréales relevés au Nigeria sont les prix directeurs en vue d’apprécier l'intensité et la qualité de la corrélation avec les prix périphériques des mêmes denrées alimentaires collectés au Niger s’appuie simplement sur des fortes présomptions de l’asymétrie de la dominance. Les enquêtes menées sur le terrain au Niger et au Nigeria respectivement auprès du Système d’Information du Marché (SIM) à Niamey et du Consulat du Niger à Kano au Nigeria sur la base d’un questionnaire soigneusement élaboré ont permis de collecter des données sur les prix, les quantités et les taux de changes officiels et parallèles entre le franc CFA et la naira. L’approche méthodologique utilisée essentiellement basée sur une échelle d’analyse macroéconomique semble particulièrement adaptée pour apporter des éléments d’appréciation du phénomène de dépendance sur un point précis dans un univers complexe où les cambistes et les opérateurs du commerce transfrontière agissent le plus souvent dans un cadre illicite mais toléré. Ainsi, dans ce contexte, les marchés parallèles de change entre le franc CFA et le naira jouent un rôle capital sur l’économie nigérienne. La parité entre ces deux monnaies détermine évidemment les termes de l’échange des marchandises entre les deux pays et la compétitivité de leurs produits respectifs à la fois sur leurs marchés domestiques et d’exportation. Le volume et l’orientation des flux transfrontières des échanges notamment en matière de commercialisation des produits céréaliers sont déterminés par le taux de change parallèle entre la monnaie nigériane et le franc CFA. Ces éléments d’appréciation ont été à la base du choix du taux de change parallèle dans le traitement des données sur les prix. Les séries des données sur les prix de 1990 à 2000 ont été utilisées pour tester l’intégration spatiale à partir d’un modèle économétrique ad hoc. L’intégration des marchés est donc utilisée comme cadre d’analyse pour évaluer l’ampleur et l'intensité de la transmission des chocs provenant du Nigeria bien qu’elle ne soit pas nécessairement recherchée par tous les acteurs. Et l’analyse économétrique constitue un outil privilégié susceptible, toutes choses étant égales par ailleurs, de faire ressortir clairement et spécifiquement l’influence dissymétrique nigériane sur le Niger par le biais de la formation des prix directeurs au Nigeria. Ceci s’avère possible car les informations-prix relativement fiables sont aptes à rendre compte des aspects structurels inhérents à la dominance asymétrique. 11 La faible intégration des marchés des céréales produites au Nigeria peut à certains égards être interprétée comme une vertu dans la mesure où le pouvoir d'achat des ménages nigériens n’est pas totalement soumis aux effets de l'instabilité qui règne dans de nombreux secteurs de l'économie nigériane. Aussi, est-il utile de procéder à une analyse économétrique en vue de ressortir l’influence unilatérale découlant du système de formation des prix directeurs au Nigeria. L’étude du fonctionnement des marchés céréaliers est importante dans la mesure où leurs performances conditionnent d’une part l’intervention du gouvernement, et d’autre part la réussite de ses politiques qui sont soumises aux difficultés d’anticipation sur les réponses des marchés. L’intervention de la puissance publique ou la capacité des mécanismes sacrés de l’offre et de la demande de régler une pénurie des produits céréaliers de première nécessité au sein d’une économie est fonction du degré d’intégration des marchés. En effet, lorsqu’il n’existe pas des distorsions dans le fonctionnement du marché en période de pénurie céréalière, les commerçants-arbitragistes guidés par la recherche exclusive des profits sont en mesure de répondre spontanément aux différentiels spatiaux des prix pour satisfaire la demande exprimée dans ce domaine. Par contre, les politiques interventionnistes sont nécessaires lorsque le marché s’avère lent voire incertain à apporter des réponses à la pénurie alimentaire. Cette situation met en évidence l’intérêt d’une évaluation de la vitesse des marchés aux différentiels spatiaux des prix dans un pays. En plus de nombreuses études des socio-économistes, des géographes et des anthropologues précédemment citées qui, à partir des connaissances du terrain, ont mis en évidence les caractéristiques et l’ampleur des marchés parallèles dans les économies d’Afrique de l’Ouest et ont analysé finement les fondements historiques et économiques de l’émergence et du développement de ces marchés parallèles ainsi que les motivations profondes de leurs animateurs, de nombreux autres travaux ont, à partir de la décennie 1970, tenté de vérifier empiriquement l’intégration des marchés des produits sous divers aspects. Partant de l’hypothèse de l’existence de ces marchés parallèles d’essence transfrontière d’autres études formalisées réalisées par des économistes, à savoir J. Bhagwati et B. Hansan (1973), J.Bhagwati et T.N.Srinivasan (1973), F. Gero (1984, 1990), M.M.Pitt (1984), L.Martin et A.Panagariya (1984), B.Haudeville et J. Lama (1988), J.P.Azam (1991c et 1991 d), ont analysé les raisons économiques qui poussent les commerçants à participer activement au fonctionnement du marché parallèle et les conséquences au niveau macroéconomique de l’existence des marchés de biens et/ou de devises. Laporte (1990) a étudié l’intégration des marchés céréaliers pour la région sahélienne ; il a considéré le Nigeria comme le marché central et les pays sahéliens voisins comme les marchés périphériques, avec comme hypothèse de base la parfaite intégration des marchés d’un même pays. Ravallion (1986) a étudié l’intégration spatiale des marchés au Bangladesh à partir d’un modèle devenu aujourd’hui très célèbre malgré les faiblesses découlant de la non stationnarité des séries des prix et la possibilité de l’existence de multicollinéarité capables de biaiser les estimateurs si les tests d’intégration spatiale des marchés sont effectués sans vérifier au préalable l’hypothèse de stationnarité des séries de prix. Ces limites ont été mises en évidence par Goodwin et Schröder (1991), Palaskas et Harris (1993), Alderman (1993), Golleti (1994). S’inscrivant dans la même logique, cette étude s’efforce d’effectuer une analyse plus poussée des séries de prix des produits céréaliers échangés entre les deux pays, l’objectif étant bien entendu de montrer l’influence asymétrique du Nigeria sur le Niger par une étude sur les prix des produits céréaliers qui font l’objet d’échange courant entre les deux Etats voisins. 13 12 II-Test économétrique et analyse des résultats 2.1-Description des données Les données proviennent essentiellement de deux sources : - le Consulat du Niger à Kano au Nigeria : il relève hebdomadairement une quinzaine de prix des denrées alimentaires et autres ainsi que le taux de change du naira au marché officiel et sur le marché parallèle. Ces données ne sont disponibles que pour la période allant du 1er janvier 1998 au 30 avril 2000. Elles ont été transformées en variables mensuelles (moyenne simple) en vue de permettre une comparaison aisée avec les statistiques nationales et le travail est effectué sur les données mensuelles. Elles sont néanmoins conservées en monnaie étrangère; - le Système d’Information du Marché (SIM) : il dispose de relevés mensuels sur plusieurs marchés locaux (Zinder, Maradi, Niamey notamment mais bien sur d'autres régions du pays) ainsi que des prix de produits similaires dans certaines villes frontalières nigérianes (Kano, Gusau etc.). Ceux que nous exposons ici vont de janvier 1990 à décembre 1998. Les prix sont exprimés en F CFA. Le souci d'avoir une série plus longue et surtout de disposer de données plus récentes nous a conduit au raccordement des deux séries pour ainsi obtenir des caractéristiques à partir de début 1990 au 1er trimestre 2000. Elles sont alors exprimées en monnaie unique. Les séries brutes ainsi recueillies ou simplement transformées ont néanmoins quelques points manquants qu'il a fallu remplacer en utilisant quelques techniques statistiques simples (moyenne sur courte période, extrapolation linéaire, reconduction selon les cas). Il a été soupesé les apports informatifs des périodes par rapport au biais qu'introduisait nécessairement la construction de ces points. 2.2 L’analyse des résultats L’examen de ces séries montre qu'elles sont irrégulières en général et ne sont pas stationnaires (cf. tests de racine unité ci-dessous). Elles enregistrent des ruptures de tendance imputables, dans une large mesure, à des phénomènes saisonniers et à la volatilité du taux de change du naira. Le traitement économétrique classique par les MCO n'est donc pas pertinent. En revanche, au niveau des graphiques deux à deux, une forte synchronisation dans les mouvements de prix de produits similaires entre les marchés de Kano au Nigeria et Niamey, Maradi et Zinder au Niger est observable. Ces résultats suggèrent qu'une analyse approfondie des séries statistiques soit faite avant de procéder à leur mise en relation. A-Test de racine Unité Le test de Dickey-Fuller augmenté des séries de prix montre effectivement que l'on a affaire à des séries économiques non stationnaires. Ce test examine l'hypothèse de non stationnarité en recherchant notamment l'existence d'une tendance et/ou d'une stationnarité en différence(s). Le nombre de différenciation utilisé avant stationnarité indique le degré d'intégration de la série tandis que l'ordre de retard maximal retenu dans le processus de cette régression mesure le nombre de retard. Les résultats sont consignés dans le tableau1 ci-dessous : Tableau1 : Résultats du test Localité ; variable ZINDER maïs mil sorgho MARADI maïs mil sorgho NIAMEY maïs mil sorgho KANO maïs mil Taux de change parallèle Trend et constante Ordre d'intégration Nombre de retard Sans trend ni constante " " '' '' 1* 1* 1** 12 12 12 Sans trend ni constante Trend ; constante Sans trend ni constante 1* 1* 1** 12 12 12 Sans trend ni constante " " " " 1** 1* 1* 12 12 12 Sans trend ni constante " " Sans trend ; constante 1* 1* 0* 12 12 12 a) Sauf au niveau des données de Kano et celles du taux de change (novembre 1990-avril 2000), les séries vont de janvier 1990 à juillet 2000 ; b) le retard d'ordre 12 n'était pas nécessaire dans tous les cas, il est donné dans un but d'harmonisation et à titre indicatif ; c) les étoiles (*) uniques indiquent un seuil d'acceptation de 5% et les étoiles doubles (**) celui de 1%. Ainsi, toutes ces séries sont intégrées d'ordre un (possède une racine unitaire) ou dispose d'un trend qui les empêche d'être stationnaires. En conséquence, les mises en équations entre variables de type traditionnel (moindres carrés ordinaires) perdent une grande partie de leur intérêt ici. Théoriquement, selon les modèles d'intégration des marchés, on pourrait bien être tenté de penser que l'évolution des prix d'un produit à Kano peut avoir une influence sur les mouvements des prix du même produit dans un marché qu'il ravitaille bien souvent. Remarquons qu'en faisant des graphiques deux à deux (pour chaque produit, examiner l'évolution de son prix à Kano et dans une des villes du Niger comme infra), la progression même en tendance semble être la même. Il ne reste plus qu'à le confirmer par des tests de coïntégration, en particulier, celui de Johansen qui confronte l'hypothèse d'une tendance commune entre les caractéristiques étudiées en opposition à l'alternative contraire. Les résultats ne sont pas décevants et indiquent qu'une mise en relation est possible1. D'ailleurs, un graphique croisé au lieu d'un graphique en ligne ne montre-t-il pas cette possibilité pour les produits céréaliers ? 1 En fait, il est parfois nécessaire de faire des tests complémentaires comme celui de causalité (notamment à la Granger) pour s'assurer du sens des relations ou celui d'exogénéité lorsque l'on soupçonne la variable indépendante de ne pas vraiment l'être. Nous ne rentrerons pas dans ces considérations vu la simplicité des effets recherchés. 15 14 B-L’influence des prix du marché de Kano sur les marchés locaux du Niger Graphique1 : Evolution des prix du maïs à Zinder et Kano. Graphique en ligne1a Les prix du même produit sur le marché de Kano et chacun des marchés régionaux du Niger sont ici mis en rapport. Nous tentons de voir dans quelle mesure les prix au Niger sont influencés par ceux du Nigeria ainsi que les vitesses d'ajustement constatées pour corriger régulièrement les écarts de prix observés d'un marché à l'autre. L'effet tendanciel pourrait apparaître lorsque la série étudiée en comporte. 200 150 De façon générale, nous partons d'un modèle linéaire simple des prix (relation économique) : - prix (au Niger) = α prix (au Nigeria) + β , - les deux prix étant exprimés en logarithmes. En présence de variables intégrées d'ordre un, cette équation classique est nécessairement transformée dans le cas de modèle à correction d'erreur de la façon suivante (modèle économétrique) : 100 variation [prix (au Niger)] = ψ variation[prix au Nigeria] + γ[prix (au Niger)_ − α prix (au Nigeria)_ − β] 50 + terme d' erreur où la variation des prix est interprétée comme une simple adaptation corrective des erreurs constatées dans le passé récent (le symbole "_" indique l'époque antérieure). Par la suite, l'estimation de cette dernière équation pourrait être améliorée en introduisant des variables retardées ou exogènes comme on le verra en infra. Les coefficients α et β estimés entre [] sont ceux relatifs à l'équation de long terme tandis que le paramètre γ2 (en fait -γ exprimé en %) mesure la vitesse d'ajustement du modèle. Ces paramètres proviennent de la relation de coïntégration dans le test de Johansen. Les coefficients de court terme sont captés lorsque des retards sont introduits en différence, ils doivent être pertinents et significatifs. 0 91 92 93 94 95 KNOMAIS 96 97 98 ZM AIS Graphique croisé1b Ce type de modèle, en plus du fait qu'il permet une meilleure estimation des paramètres dans le cas de variables non stationnaires, distingue les effets de court terme de ceux de long terme. En raison de la taille différente des données au Niger et à Kano, les calculs seront effectués sur la période la plus courte : novembre 1990 – avril 2000. ZMAIS v s. KNOMAIS 200 A Zinder ZM A IS 150 Le mil : les résultats d'estimation du modèle retenu s'affichent de la manière suivante (en ne retenant que les coefficients les plus significatifs) : 1ère étape : log(ZRMIL) = 1,02 * log(KNOMIL) − 0,06 +résidu 100 (−8,2) 50 0 0 50 100 150 B- L’influence des prix du marché de Kano sur les marchés locaux KNOMAIS 200 le préfixe ZR fait référence à Zinder le suffixe MIL au mil le préfixe KNO à la ville de Kano log est le logarithme décimal le nombre entre parenthèse en dessous d'un coefficient estimé désigne la statistique de Student. Ainsi, l'élasticité de long terme du prix de mil à Zinder par rapport à celui du marché 2 Cela est cohérent puisqu'il est attendu négatif et inférieur à 1 en valeur absolue. 16 de Kano s'élève à 1,02 i.e. lorsque le prix du mil à Kano s'accroît de 10%, il progressera de 10,2% à Zinder toutes choses égales par ailleurs au bout d'un certain délai. La répercussion du mouvement des prix est donc plus que totale. 2ème étape : d(log(ZRMIL)) = − 0,16 * e t + 0,35* d(log(ZRMIL(-12))) − 0,15 * d(log(KNOMIL(-2))) (−3,4) (4,1) (−2,1) − 0,14 * d(log(KNOMIL(−6))) + 0,15* d(log(KNOMIL(-12))) + résidu (-2,0) (2,1) Nombre d'observations = 114 ; R²-ajusté = 0,30. où : (-i) au retard d'ordre i, i=1,2,…,12 d la variation entre les temps t et t-1 et-1 est le résidu de l'estimation précédente. La vitesse d'ajustement, en moyenne 16%, indique que l'écart entre la valeur courante et la valeur de long terme de la variable étudiée est réduit d'autant à chaque étape. Elle apparaît très lente mais indique bien une rigidité dans le comportement des commerçants. À court terme, les agents économiques intègrent progressivement les variations constatées au cours des mois récents. En particulier, l'influence des prix en glissement annuel est importante (contribution 35% pour les prix locaux et 15% pour l'inflation importée), ce qui amplifie parfois les effets saisonniers (forte baisse au 3ème trimestre, forte hausse au 2ème trimestre de l'année). Le maïs : la relation d'équilibre de long terme estimée est : log(ZRMAIS) = 0,96 * log(KNOMAIS) − 0,46 (−24,7) et l'estimation du modèle à correction d'erreur donne : d(log(ZRMAIS)) = − 0,30 * e t − 0,10 * d(log(ZRMAIS(-3))) − 0,12 * d(log(KNOMAIS(-4))) (−5,6) (-1,9) (−2,1) - 0,18 * d(log(KNOMAIS(-5)))- 0,15 * d(log(KNOMAIS(-6)))- 0,15 * d(log(KNOMAIS(-7))) (-3,0) (-2,9) (-2,5) Nombre d'observations = 114 ; R²-ajusté = 0,24. où : les notations sont similaires aux précédentes. Ici la vitesse d'ajustement est plus forte : 30%. L'élasticité de long terme du prix du maïs à Zinder par rapport à celui de Kano est de 0,96. La variation locale des prix ne répond pas un pour un à celle du marché de Kano. À court terme, les mouvements des prix dépendent essentiellement des conditions extérieures antérieures. Le sorgho : ne disposant pas des données de prix de cette denrée à Kano sur longue période, son prix est mis en relation avec celui du mil à Kano, les deux produits étant, on le sait, fortement substituables et complémentaires à la fois. 1ère étape : log(ZRSGH) = 1,05 * log(KNOMIL ) + 0,20 (−7,1) 17 2ème étape : d(log(ZRSGH)) = − 0,18 * e t + 0,32 * d(log(ZRSGH(-1))) − 0,14 * d(log(KNOMIL(-4))) (−2,6) (3,0) (−1,8) − 0,18 * d(log(KNOMIL(−5))) + résidu (-2,2) Nombre d'observations : 114 ; R²-ajusté = 0,18. L'élasticité de long terme calculée est alors de 1,05, la vitesse d'ajustement de 18%. À court terme, la variation antérieure des prix a un impact important (32%) tandis que les signaux émis du marché de Kano sont intégrés avec un certain retard. A Maradi et Niamey Des résultats similaires peuvent être obtenus avec les données de prix de Maradi et Niamey en utilisant les mêmes équations qui sont exposées ci-dessus. Ainsi, pour le marché de Maradi, les élasticités de long terme respectives pour les prix de maïs, de mil et de sorgho sont stables à 1,10 indiquant un sur-ajustement systématique des mouvements de prix dans cette ville par rapport à Kano. Les vitesses d'ajustement varient de 19% pour le mil à 30% pour le sorgho. Dans ces conditions, on assiste généralement à court terme à des fluctuations importantes des prix, le processus inflationniste n'étant jugulé que grâce à l'apparition de signaux contraires notamment locaux. Pour Niamey, les élasticités de long terme sont toutes inférieures à l'unité : le maïs (0,77), le mil (0,79) et le sorgho (0,86). Elles sont plus faibles que dans les cas de Maradi et Zinder. Les vitesses de correction sont respectivement de 16%, 18% et 20%. En conclusion, on observe que les prix des principales denrées (mil, maïs, sorgho) au Niger sont fortement influencés par les mouvements des prix des mêmes produits au marché de Kano, principal marché frontalier au Nigeria. À l'équilibre de long terme, les élasticités des uns par rapport aux autres sont très fortes : dans de nombreux cas, elles sont supérieures à l'unité. Cela indique que le souci d'une amplification de la marge (graphique ci-dessus) est constant notamment en cas d'importation en période de pénurie (comportement spéculatif au moyen de réseaux bien constitués). Les marges négatives correspondent généralement aux périodes de récolte où c'est en fait le phénomène contraire qui est observé, les marchés locaux ravitaillant plutôt celui de Kano au Nigeria. Les vitesses d'ajustement de ces prix semblent généralement assez faibles. Elles proviennent de la nature des marchés et du comportement déjà évoqué des acteurs depuis le retrait de l'Etat du secteur de commercialisation des produits agricoles. D'une part, les marchés sont intégrés avec des ravitaillements réciproques mais de l'autre, ils ne semblent vraiment pas caractérisés par une concurrence pure et parfaite. Les commerçants utilisent efficacement les oligopoles qu'ils ont mis en place à leur profit exclusif : à court terme, un niveau de prix supérieur à celui d'un marché concurrentiel ne sera pas corrigé immédiatement pour fortifier les marges et de toutes les façons, à terme, la répercussion de toute hausse de prix extérieur sera amplifiée sur les marchés domestiques. Le tableau 2 donne les résultats des tests et de l'estimation des modèles. 19 18 C-Test de coïntégrat ion de Johansen Conclusion Tableau2 Variables étudiées Statistique empirique Résultats Zinder / Kano Maïs / maïs 25,7 ** Mil / mil 20,4 ** Sorgho / mil 21,3 ** Maradi / Kano ** 21,5 Maïs / maïs ** 29,7 Mil / mil ** 25,9 Sorgho / mil Niamey / Kano ** 24,1 Maïs / maïs ** 20,4 Mil / mil ** 22,0 - Sorgho / mil N.B : Le résultat * (resp. **) indique un seuil de significativité de 5% (resp. 1%) puisque les statistiques théoriques respectives de Johansen sont de 15,41 et 20,04. Les résultats découlant de l’estimation des tous les modèles utilisés sont synthétisés et consignés dans le tableau3. D-Résultats globaux des différents modèles Tableau3 Coefficient Vitesse d'ajustement Zinder Maïs 30,1% Mil 15,8% Maradi Sorgho Maïs Mil 17,8% 22,0% 19,1% Niamey Sorgho Maïs Mil 30,0% 16,1% 17,7% Sorgho 20,4% Court terme -0,14 Variable exogène Retard 1 Retard 2 Retard 3 Retard 4 Retard 5 Retard 6 Retard 7 Retard 9 Retard 12 -0,15 -0,10 -0,12 -0,18 -0,15 -0,15 -0,14 -0,18 -0,14 -0,13 -0,14 -0,18 -0,14 -0,10 -0,13 -0,15 -0,18 -0,20 -0,11 -0,17 -0,22 -0,17 -0,25 -0,15 -0,16 -0,11 -0,20 -0,13 -0,09 -0,09 -0,11 0,07 0,15 0,32 0,22 0,19 0,33 0,14 0,20 0,35 Variable endogène Retard 1 Retard 4 Retard 12 Long terme Elasticité 0,96 1,02 1,05 1,10 1,10 1,10 0,77 0,79 0,86 R²-ajusté 0,24 0,30 0,18 0,15 0,17 0,13 0,23 0,26 0,20 N.B. Seuls sont reportés les paramètres significatifs et les équations qui ont été au besoin ré-estimées. Rappelons aussi que pour des variables estimées en différence, les R² sont généralement faibles. Le faible poids de l’économie nigérienne constitue, entre autres, une indication de la densité des flux émis et surtout reçus du Nigeria à partir desquels les pouvoirs publics guidés par la forte propension à récolter le maximum des recettes douanières ne cessent de confectionner, de définir puis d’arrêter des décisions, des stratégies, des plans voire des projets de modification et de maîtrise des structures des échanges économiques avec le Nigeria. Le développement économique et social du Niger dépend dans une large mesure des forces d’attraction ou de répulsion animées par le pôle nigérian dominant. Et, l’analyse économétrique indique, toutes choses égales par ailleurs, que le commerce transfrontière des produits céréaliers et les différentiels des prix entre les deux Etats forment le couple d’éléments d’influence asymétrique de l’économie nigériane sur celle du Niger. Les différentiels spatiaux de prix des produits céréaliers constituent un déterminant important dans l’orientation du commerce transfrontière d’essence informelle. Les marchés transfrontières du NordNigeria et plus spécialement Kano jouent un rôle déterminant dans la formation des prix des produits céréaliers. Une information-prix relativement fiable est en mesure de rendre compte des aspects structurels liés aux effets positifs ou pervers de la dominance. Le rôle des marchés transfrontières dans la fixation des prix des céréales et dans la définition de politique commerciale d’approvisionnement en produits alimentaires au Niger demeure un élément clé. L’Etat nigérien peut élargir ses marges de manœuvres en se forgeant autant d’instruments de politique économique que d’objectifs retenus permettant d’infléchir en sa faveur cette dominance. Le commerce transfrontière particulièrement dans la sphère céréalière implique une forme d’intégration régionale d’essence informelle entre les deux pays fondée sur les opportunités économiques que les décideurs nigériens doivent absolument exploiter de manière rationnelle en vue d’atténuer les souffrances des citoyens de ce pays sahélien dont la croissance économique est tirée par l’agriculture et l’élevage fortement tributaires des aléas climatiques, souffrant d’un potentiel limité d’infrastructures de surcroît déficientes et d’un manque endémique de capital. La part du secteur primaire qui évolue au gré des résultats incertains des campagnes agricoles marquées par des déficits alimentaires structurels ne permet aux agriculteurs ni de réguler leur trésorerie fluctuante par nature, ni d’investir pour intensifier les systèmes d’exploitation dans un contexte de rareté absolue de soutien de l’Etat et d’inexistence de crédit agricole. L’intérêt d’une telle étude pour le Niger est perceptible d’un double point de vue de production des connaissances susceptibles d’apporter suffisamment d’éclairage sur le phénomène de dominance et de politique économique à mettre en œuvre pour non seulement profiter des opportunités offertes par le grand marché nigérian mais aussi se nourrir des faiblesses économiques soigneusement identifiées de la puissante économie nigériane par l’entremise de divers créneaux porteurs sur lesquels les responsables de politique économique peuvent inciter les opérateurs économiques dotés d’une surface financière crédible, expérimentés, informés et compétents à s’y impliquer activement avec bien sûr le ferme appui multiforme de la puissance publique dans la perspective d’insuffler une nouvelle dynamique à l’économie nigérienne. Par ailleurs, l’influence unilatérale nigériane pose évidemment le problème récurrent de l’appartenance coûteuse du Niger aux différents mouvements d’intégration économique régionale. Le développement d’un partenariat avantageux, pérenne et donc plus adapté aux réalités socio-économiques nigériennes dans un cadre institutionnel adéquat passe nécessairement par une intégration économique et monétaire poussée avec le Nigeria dans le cadre de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest rénovée, dynamique et porteuse d’avenir pour tous les pays membres dans le contexte actuel de mondialisation des économies. 20 Bibliographie - Abdo H. M., Lama J., Woba A. (1993), « Système de paiement avec le Nigeria et instruments de placement : un état de la réflexion et des pratiques », projet PNUD/ONUDI NER/89/010, Niamey. - Alderman H. (1993), « Intercommodity price transmittal: analysis of food markets in Ghana », Oxford of Economics and Statistcs,vol. 55, n°1, pp 43-64. - Amselle J. 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