Soleil et confirmera si elle peut atteindre
ou non notre planète.
Mais tous ces progrès ne suffisent pas.
Pour voir le jour, la météo solaire doit
combler un grave manque actuel : ses
satellites de surveillance, qui assurent
en permanence des mesures rapidement
utilisables pour lancer l’alerte, se comp-
tent sur les doigts de la main. Hormis
ACE et Goes, un satellite géostationnaire
de l’Agence américaine de météorologie
(NOAA), qui détecte les particules solai-
res à leur arrivée sur Terre, aucun autre
engin n’est véritablement dédié à la météo
de l’espace. “Cet aspect-là est encore peu
envisagé dans la conception des missions
scientifiques”, insiste Jean-Jacques Valette.
Qui se prend à rêver d’un successeur à
Soho mais opérationnel : “Pour prévoir les
éruptions, cet observatoire devra envoyer
des informations toutes les 15 minutes, et
pas toutes les 4 heures, comme c’est le cas
actuellement.” En 2003, juste après la tem-
pête solaire, même le Space Environment
Center de la NOAA, qui envoie les aler-
tes à l’échelle mondiale, faisait ce constat.
Selon lui, la NOAA devrait procéder d’ur-
gence au lancement de toute une série de
satellites pour prendre la suite de Soho et
d’ACE, quelque peu vieillissant.
Un bulletin météo très attendu
Sur Terre, nombreux sont ceux à comp-
ter sur un bulletin de météo solaire. On
pourrait, avant une crise, rééquilibrer les
réseaux électriques, couper l’électronique
des satellites, arrêter les forages pétroliers
le temps que le système GPS redevienne
opérationnel… Aux États-Unis notam-
ment, le domaine a le vent en poupe.
Grâce à deux acteurs surtout. D’un côté,
les militaires, qui investissent massive-
ment dans la météo de l’espace depuis
qu’ils ont compris que le Soleil pouvait
stopper net leurs télécommunications. De
l’autre, les compagnies aériennes, qui ne
peuvent pas faire passer leurs avions par
les pôles en cas d’éruption, sous peine de
ne plus pouvoir communiquer avec le sol.
À la Nasa, le thème est même devenu
central dans son programme d’explo-
ration. En effet, l’agence américaine ne
veut pas envoyer des hommes sur la
Lune (totalement dépourvue de champ
magnétique, donc de bouclier contre les
particules solaires) sans un système de
prévision capable de dire en temps réel si
les astronautes courent le risque de rece-
voir une dose mortelle de radiations (1).
Elle a ainsi baptisé son futur programme
d’observation du Soleil “Living with a
star” (Vivre avec une étoile). L’Europe,
elle, hésite encore à investir dans ce
domaine, mais l’idée fait son chemin. La
Commission européenne pourrait bien-
tôt intégrer un volet météo de l’espace
dans son programme de recherche. Un
peu de patience et l’on pourra écouter le
bulletin météo du Soleil à la radio. ❚
(1) Le 4 août 1972, entre les missions Apollo 16 et 17, une
violente éruption de protons solaires a touché la Lune.
Malgré le blindage du module lunaire, les astronautes n’y
auraient probablement pas survécu.
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dossier
SOLEIL : UNE ÉTOILE SOUS SURVEILLANCE
Ciel & Espace > Mai 2007
Avion et radiations
Moyen de transport le plus sûr, l’avion représente en
revanche un risque d’exposition aux radiations
solaires. Ce risque est d’autant plus grand si le Soleil entre
en éruption et que le vol est long, en altitude et passe par
les pôles. Depuis 1996, une directive européenne fixe une
limite de radiations à ne pas dépasser pour le personnel
navigant : 100 millisieverts (mSv)
(1)
sur cinq ans, la même
que celle des travailleurs du nucléaire. Pour mesurer les
doses reçues après chaque vol, la France a mis en place en
2000 le système Sievert
(2)
, qui s’appuie sur les données de
détecteurs installés en Antarctique et de dosimètres à bord
des avions.
“Le personnel d’Air France ne reçoit jamais
plus de 4 mSv en un an”
, affirme Jean-François Bottollier,
de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Deux hics, tout de même. Les femmes enceintes, limitées
à 1 mSv par an. Or, celles-ci volent jusqu’à la 26e semaine
de grossesse. Les passagers très réguliers ensuite, qui,
eux, ne font pas l’objet d’un suivi. Des cas à examiner.
(1) En France, la radioactivité naturelle nous expose à une dose de 0,4 mSv par an
et la limite autorisée pour la population est de 5 mSv.
(2) Calculez aussi votre dose de radiations sur www.sievert-system.org
>
En avion, le risque d’exposition aux particules solaires existe, même
s’il est faible. Une directive européenne oblige les compagnies aériennes
à protéger leurs pilotes ou hôtesses enceintes.
Les astronautes
(ici, Edwin Aldrin
sur la Lune
en 1969) sont
les personnes les
plus exposées aux
radiations solaires.
La prédiction
des colères de
notre étoile
est ainsi devenue
une priorité
pour la Nasa.
R.Kord/Photononstop
Nasa
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