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Introduction
Le milieu dans lequel nous évoluons quotidiennement, qu'il soit ur-
bain, rural ou naturel, nous permet de côtoyer, à certaines périodes
de l'année, des espèces animales, dont l'abondance relative semble
souvent liée à des conditions climatiques favorables.
Ainsi, la belle saison paraît-elle particulièrement appropriée à l'ap-
parition de nombreuses variétés d'insectes plus ou moins familiers,
comme les mouches, les abeilles ou les fourmis... Mais ce n'est pas
toujours la règle : un changement brusque de certains facteurs ex-
ternes, comme la température, la présence d'un source de nourri-
ture providentielle, une grosse pluie,... peuvent déclencher une pul-
lulation subite de certains organismes qui passaient inaperçus
auparavant. Certains milieux vont alors être envahis plus ou moins
rapidement par une espèce animale bien particulière...
Comment les animaux font-ils donc pour accroître leurs populations
et envahir si rapidement tel ou tel secteur de leur milieu de vie ?
Quels mécanismes, quelles fonctions mettent-ils en oeuvre pour
augmenter efficacement leur nombre ? De quels moyens usent-ils
pour parvenir à coloniser de nouveaux territoires ?
C'est ce que ce film vous propose de découvrir, en s'intéressant à quel-
ques exemples très communs, empruntés à notre environnement fa-
milier...
Les agrions
Dans tous les étangs et mares de nos campagnes, il est courant de
pouvoir observer de très nombreuses variétés d'insectes, mais il en
est dont la présence semble inévitable, pour ne pas dire obliga-
toire : en voici quelques exemples... Pourquoi ces insectes terrestres
préfèrent-ils vivre au bord de l'eau ? Entre les plantes aquatiques,
sous la surface de l'eau ou sur les débris végétaux du fond de l'étang,
on peut repérer, avec un peu d'habitude et de patience, des petits
organismes aquatiques, pourvus, comme les insectes de la surface,
de 3 paires de pattes : celle-ci est une larve d'Agrion, mais on la
nomme, plus poétiquement, "larve de demoiselle". Son aspect n'a
pourtant rien de très engageant.
Tapies sur le fond ou entre les algues, les larves de demoiselles pa-
raissent toujours attendre quelque chose... Leur regard perçant
semble scruter en permanence chaque détail de leur environne-
ment proche :
Le peuplement du milieu
par les animaux
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en réalité, elles sont à l'affût de proies potentielles, et tout mouve-
ment suspect autour d'elles attire leur attention.
L'extrémité de leur abdomen est ornementé de 3 organes transpa-
rents ressemblant à des feuilles : ce sont des organes respiratoires,
que l'on qualifie de trachéo-branchies.
Les larves n'ont pas toutes la même taille. Tout dépend de la date
de leur sortie de l’œuf pondu par une femelle. En fait, elles grandis-
sent pendant toute la belle saison, selon un processus commun à tous
les arthropodes : les mues. Pour atteindre l'âge adulte, les larves de-
vront subir entre 10 à 15 mues successives ! Parfois, leur développe-
ment complet s'étale sur 2 années consécutives, avec une période de
repos qui se prolonge pendant toute la mauvaise saison.
Au terme de sa vie larvaire, l'animal acquiert un comportement tout
à fait singulier : il cesse d'abord de s'alimenter, s'immobilise sur la
base d'une plante aquatique, et semble attendre un signal... Quelques
heures plus tard, commence alors une lente mais irrésistible ascen-
sion vers la surface. Quelques heures de plus, et la larve quitte sa de-
meure aquatique et entreprend l'escalade de la plante sur laquelle
elle avait pris position. Finalement, elle s'immobilise à quelques dé-
cimètres de la surface : que va-t-il se passer ? De la cuticule de la larve
s'extirpe un petit organisme apparemment semblable à la larve elle-
même. Mais ce n'est qu'une apparence. Car l'animal qui s'extrait ici
n'aura bientôt plus grand-chose à voir avec la larve... Les 4 petites
expansions dorsales qui se sont dégagées des fourreaux visibles sur
le dos de la larve sont en réalité de futures ailes : quatre ailes minu-
tieusement repliées, qui peu à peu se dilatent, se déplient, s'allon-
gent pour laisser apparaître un très fin et très complexe réseau de
nervures. A force de s'allonger, les ailes finissent par dépasser en lon-
gueur l'abdomen de l'Agrion. Mais ce n'est pas encore fini : peu à
peu, c'est l'abdomen qui lui aussi commence à se dilater. Dans cette
course à l'allongement maximum, c'est lui qui va gagner et dépasser
les ailes. Finalement, la demoiselle aura triplé la longueur qu'elle pos-
sédait à sa sortie de l'eau : belle prouesse quand on sait que l'opé-
ration n'aura duré que 20 minutes ! L'insecte possède désormais des
yeux hémisphériques bien plus développés que ceux de la larve, un
abdomen grêle et très long, comportant 11 segments, et un apanage
inestimable : 4 ailes membraneuses qui vont lui permettre d'explorer
un monde tout nouveau : le milieu aérien. La transformation extra-
ordinaire à laquelle nous venons d'assister est une métamorphose.
Dans les 2 ou 3 jours qui suivent, le corps de la demoiselle s'orne-
mentera de couleurs très vives. Elle capturera ses proies au vol : pe-
tits insectes passant à sa portée, ou imprudents ayant eu la malen-
contreuse idée de se promener à proximité de son aire de repos.
Lorsqu'ils sont parvenus à maturité sexuelle, les agrions mâles et les
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agrions femelles se recherchent et s'accouplent. Ils deviennent alors
quasi inséparables, et on peut souvent les voir voler en tandem au-
dessus de la surface des étangs. Le mâle maintient la femelle par l'ar-
rière de la tête, et c'est souvent dans cette position originale que la
femelle va pondre ses oeufs dans l'eau, sous des végétaux ou à l'in-
térieur des tiges de plantes aquatiques. Quelques jours après la
ponte, des oeufs sortiront des larves minuscules, et tout pourra alors
recommencer...
Les pucerons
Au début du printemps, à l'époque où les plantes prennent leur
essor, il n'est pas rare de voir apparaître, à l'extrémité des jeunes
pousses, sur les tiges tendres ou les jeunes feuilles, une multitude de
petits insectes groupés, souvent de couleur noire ou verte : les puce-
rons. Ces minuscules animaux, dont la taille n'excède pas 2 à 3 mm,
se nourrissent de la sève sucrée qui circule dans les vaisseaux conduc-
teurs de la plante sur laquelle ils ont élu domicile. Leur présence sur
les rosiers, certaines plantes potagères ou les arbres fruitiers, la rapi-
dité avec laquelle ils les envahissent, sont souvent un sujet d'inquié-
tude pour les jardiniers et les horticulteurs.
Comment ces minuscules créatures peuvent-elles apparaître si brus-
quement sur les plantes ? Par quels mécanismes arrivent-elles à se mul-
tiplier à une vitesse aussi impressionnante ?
Le cycle annuel des pucerons comporte une succession de formes dif-
férentes. Des oeufs, pondus en automne, souvent à proximité des bour-
geons, éclosent au printemps. Ils donnent naissance à des individus
femelles, dépourvus d'ailes, que l'on qualifie de "fondatrices".
Devenues adultes, et dès que les conditions de température sont suf-
fisantes, ces fondatrices donnent directement naissance à de nouveaux
individus, beaucoup plus petits qu'elles, et ce, à raison de plusieurs
jeunes par jour. Ce phénomène original, qui ne fait pas intervenir de
mâle, ni d’œufs fécondés, est appelé "parthénogenèse".
Très efficace, ce mode de multiplication permet à une seule femelle
d'engendrer plusieurs dizaines à centaines d'individus nouveaux en
quelques jours seulement. Les jeunes ainsi nés sont déposés les uns à
côté des autres par la fondatrice, et s'alignent en rangs d'oignons,
où ils vont rester immobiles, leur rostre nourricier planté dans les tissus
de la plante, jusqu'à ce que le manque de place consécutif à leur crois-
sance les oblige à se déplacer un peu plus loin. Mais cette promenade
forcée ne les emmènera jamais très loin : la grande majorité des pu-
cerons ne quittera jamais la plante sur laquelle ils sont nés.
Jour après jour, les pucerons grandissent, par des mues successives,
jusqu'à devenir adultes, c'est-à-dire capables de se reproduire à leur
tour. De temps à autre, l'un de ces pucerons, contrairement à la plu-
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part de ses congénères, se voit pourvu d'ailes membraneuses. Ces
formes ailées, qui sont aussi des femelles, sont celles qui propagent
l'espèce de plante en plante.
Pendant tout l'été, l'alternance des formes ailées et des formes ap-
tères se poursuit, ces dernières étant nettement plus abondantes que
les formes possédant des ailes.
A l'apparition de l'automne, apparaît une génération particulière, com-
portant à la fois des individus mâles ailés et des individus femelles ap-
tères. Celles-ci sont ovipares, c'est-à-dire qu'elles pondent des oeufs,
contrairement aux fondatrices qui avaient la faculté d'être vivipares.
Après accouplement avec un mâle, les oeufs seront pondus et déposés
à des endroits stratégiques d'une plante-hôte, comme, par exemple,
à proximité de l'implantation des bourgeons.
Ces oeufs resteront en état de vie ralentie pendant tout l'hiver, et,
dès que les beaux jours réapparaîtront, ils écloront pour être le point
de départ de nouvelles générations de fondatrices... et des soucis ré-
currents des jardiniers...
Les mouches
Présentes de mars à novembre dans nos habitations, parfois même
pendant l'hiver, les mouches sont des insectes qui se sont particuliè-
rement bien adaptées au milieu domestique. Ces insectes sombres,
au corps trapu, sont pourvus d'une seule paire d'ailes, qui servent à
la propulsion de l'animal, et lui permettent d'atteindre près de
10 km/h en vol battu.
En été, la population des mouches augmente considérablement.
Elles apparaissent souvent brusquement, par groupes plus ou moins
nombreux, alors que rien ne laissait présager leur arrivée. Pourquoi
ces apparitions sont-elles si subites ?
Il existe plus de 100 000 variétés de mouches dans le monde. Si cer-
taines sont nuisibles pour les cultures ou les animaux, la plupart
sont cependant utiles. Certaines assurent la pollinisation des plantes
à fleurs. D'autres interviennent dans la transformation des détritus
et des déchets organiques en humus.
D'autres encore, et c'est là un rôle essentiel qu'elles jouent dans la
nature, font disparaître les cadavres et les ordures, empêchant par
là la prolifération des bactéries et les odeurs désagréables.
Ici, au bord d'une route, un renard a été écrasé. Après plusieurs
jours passés en l'état, il est possible de se rendre compte de l'impor-
tance bénéfique des mouches sur les organismes morts. Les milliers
d’œufs pondus par les femelles, qui ont été attirées par des odeurs
de putréfaction, ont éclos et donné naissance à des milliers d'asti-
cots, les larves des mouches. Ceux-ci ont accéléré la décomposition
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du corps de l'animal. En une à deux semaines, il ne subsistera prati-
quement plus rien de cette charogne, dont les tissus auront été in-
gérés par les larves. Seuls vestiges de l'animal, les os et les poils sub-
sisteront à l'endroit où, quelques temps plus tôt, un renard a été
victime d'un accident de la route.
Certaines mouches sont particulièrement friandes de viande. Ici, sur
un morceau abandonné à l'air libre, il a été possible d'observer la
ponte de quelques femelles. Chez les mouches de nos contrées, la
période de reproduction est généralement l'été, lorsque les condi-
tions de température sont optimales. Cependant une chaleur extrême,
supérieure à 30 degrés rend les mouches stériles.
Une seule mouche peut pondre jusqu'à mille oeufs par semaine, en
plusieurs pontes de quelques dizaines à centaines d’œufs chacune.
Lorsque la température est clémente, les oeufs éclosent en 24 à 48
heures après la ponte. Les toutes jeunes larves, qualifiées d'asticots,
sortent de leur gangue, et se mettent tout de suite à la recherche de
nourriture. En général elle n'est pas bien loin, les femelles ayant pris
le soin de pondre dans un endroit sombre et humide, riche en ma-
tières organiques, ou directement sur un cadavre... En quelques jours
seulement, les larves vont acquérir une taille considérable: 4 à 5 fois
plus longues et 100 fois plus lourdes qu'à la naissance. Elles passent
l'essentiel de leur vie à manger et à accumuler des réserves nutritives,
en restant souvent au voisinage les unes des autres.
Au dernier stade de sa vie larvaire, l'asticot cesse de s'alimenter,
s'immobilise, et se recouvre en quelques dizaines de minutes d'une
carapace rigide, qui va prendre la forme d'un petit tonneau : c'est
une pupe. Pendant 7 à 15 jours, selon la température du milieu, la
pupe ne va pas changer d'aspect. A peine va-t-elle s'assombrir un peu.
Mais, tout à coup, cette minuscule boite va s'ouvrir, un peu comme
une boite de conserve, et laisser s'échapper un nouvel organisme,
pourvu de pattes, et d'yeux immenses : une mouche adulte, pas en-
core prête à s'envoler, car ses ailes auront d'abord besoin de se dé-
ployer et de sécher. Mais ce ne sera l'affaire que de quelques dizaines
de minutes. Après cela, toutes les jeunes mouches, qui ont éclos les
unes après les autres, s'envoleront au loin, et partiront à la recherche
de leur premier repas...
Les grenouilles
Au début du mois de mars, dans les étangs, les mares ou le bras mort
de certaines rivières, il est courant de rencontrer, à proximité des rives
et juste sous la surface de l'eau, des amas de plusieurs centaines à
milliers de boules gélatineuses. Ces amas sont des pontes de gre-
nouilles rousses. Au début de l'été, ce sont d'autres grenouilles, les
grenouilles vertes, qui pondront à leur tour des milliers d’œufs en
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