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Chapitre 2.2.2. — Maladie d’Aujeszky
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
1. Identification de l’agent pathogène
a) Isolement du virus
Le diagnostic de la MA peut être confirmé par isolement du virus, chez les porcs vivants, à partir
d’écouvillonnages de la gorge ou des cavités nasales ainsi que de biopsies d’amygdales et, chez les
cadavres, à partir surtout de l’encéphale et des amygdales. Chez les bovins, lorsque du prurit est constaté,
un prélèvement de moelle épinière correspondant à la zone du prurit peut être utilisé. Chez les porcs
infectés de façon latente, le ganglion trijumeau est celui qui donne les meilleurs résultats, mais l’isolement
en culture à partir de ces animaux est difficile.
Les prélèvements sont homogénéisés dans de l’eau physiologique ou du milieu de culture cellulaire
contenant des antibiotiques et la suspension est clarifiée par centrifugation à 900 g pendant 10 min. Le
liquide surnageant est utilisé pour l’inoculation de la culture cellulaire. De nombreuses cultures cellulaires
(cellules mères ou lignées cellulaires) sont sensibles au virus de la MA, mais en général on utilise une lignée
de cellules de rein de porc (PK-15). Le milieu de culture des cellules doit contenir des antibiotiques (comme
200 UI/ml de pénicilline ; 100 µg/ml de streptomycine ; 100 µg/ml de polymyxine et 3 µg/ml de fungizone).
Le virus de la MA produit un effet cytopathogène (ECP) qui apparaît généralement en 24 à 72 h, mais les
cultures cellulaires doivent être incubées 5 à 6 jours. On voit apparaître des cellules réfringentes dans la
couche cellulaire, puis le tapis cellulaire se décolle. Des syncytiums d’aspect et de taille variables se
développent. En l’absence de tout ECP, il est recommandé de faire un passage aveugle. Une information
complémentaire peut être obtenue en colorant à l’hématoxyline-éosine des lamelles supportant la culture
cellulaire, en vue de mettre en évidence les inclusions acidophiles intranucléaires caractéristiques d’une
infection par herpèsvirus, avec margination de la chromatine. Le virus peut également être identifié par
immunofluorescence, immunopéroxydase ou neutralisation par un sérum spécifique.
L’isolement du virus de la MA permet de confirmer la suspicion, mais son échec ne permet pas de garantir
l’absence d’infection.
b) Identification du virus par amplification en chaîne par polymérase
Cette technique d’amplification en chaîne par polymérase (PCR) peut être utilisée pour révéler la présence
du génome du virus dans des organes ou des secrétions. Comme cette technique est encore récente, il
n’est pas possible de recommander une procédure standardisée. On peut seulement donner quelques
informations générales.
Cette technique est fondée sur l’amplification sélective d’une partie spécifique du génome en utilisant
2 amorces situées à chaque extrémité de la séquence choisie. Dans un premier temps, l’ADN complet
est isolé à l’aide de techniques classiques (c’est-à-dire la digestion par protéinase K et l’extraction par
phénol-chloroforme). La séquence cible peut être amplifiée jusqu’à 106 fois à l’aide de cycles de
dénaturation de l’ADN pour donner des fragments d’ADN simple brin d’hybridation des amorces et de
synthèse des séquences complémentaires avec une ADN polymérase thermostable. Les amorces doivent
être choisies de façon à amplifier une séquence présente chez les souches de virus de la MA, par exemple
des fragments des gènes gB ou gD qui codent des glycoprotéines essentielles.
Le produit amplifié peut être identifié par son poids moléculaire, déterminé par migration en gel d’agarose, et
une confirmation peut être faite par la méthode d’hybridation Southern en utilisant une sonde
complémentaire. Des techniques plus récentes utilisent une hybridation avec des sondes marquées par
enzymes ce qui donne une réaction colorée après incubation avec un substrat approprié. Une amélioration
de la technique est la PCR « nichée » qui emploie deux jeux d’amorces, l’un étant localisé au sein de la
séquence amplifiée par le premier jeu. En utilisant des températures appropriées d’hybridation, dans une
réaction en deux temps, la sensibilité et la spécificité de la PCR peuvent être améliorées.
Dans tous les cas, le principal avantage de la PCR par rapport aux techniques classiques d’isolement du
virus est la rapidité car l’identification initiale peut se faire en un jour et la confirmation du produit PCR le
lendemain. Avec les équipements les plus modernes, le processus complet peut se faire en un jour.
Cependant, en raison de la nature de l’épreuve, de nombreuses précautions doivent être prises pour éviter
la contamination des échantillons avec de l’ADN étranger provenant de réactions antérieures ou d’une
contamination de l’environnement du laboratoire (voir le Chapitre I.1.5., « Contrôle de la stérilité ou de
l’absence de contamination des matériels biologiques »). Ceci peut limiter la valeur de l’épreuve dans de
nombreux laboratoires et, par suite, cette technique ne peut pas être pleinement recommandée pour le
diagnostic de routine, bien que des méthodes soient disponibles pour prévenir la contamination par de
l’ADN extérieur (c’est-à-dire le système d’UTP-UNG [d-uracil triphosphate/uracil-N-glycosylase]). Beaucoup
de laboratoires d’analyses limitent l’emploi de la PCR à la détection de l’infection latente.
334 Manuel terrestre de l’OIE 2005