REVUE DE PRESSE "DE MEMOIRE DE PAPILLON" de Philippe BEHEYDT & Stéphanie MANGEZ sur une idée de Michel de WARZÉE Comédie Claude Volter Avenue des Frères Legrain 98 / 1150 Bruxelles Tél. : 02/762.09.63 www.comedievolter.be 1 COMMUNIQUE DE PRESSE "Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. » Ferdinand Foch du Mercredi 1er au Samedi 25 octobre 2014 DE MÉMOIRE DE PAPILLON Philippe Beheydt & Stéphanie Mangez sur une idée de Michel de Warzée Katanga (Congo) en 1961, Patrice Lumumba est face à son geôlier quelques heures avant son exécution. Des années plus tard à Bruxelles, Raymond, ancien colonial, voit arriver chez lui sa nouvelle garde-malade. Il leur reste peu de temps à chacun pour convaincre l'ultime interlocuteur afin de trouver vérité et liberté. Quelle est la limite entre le secret de famille et le secret d’Histoire ? Sans répondre aux questions en souffrances (…), De Mémoire de Papillon pose la question épineuse de la décolonisation et plonge dans une des pages les plus riches de notre histoire. Le texte, teinté d’humour, et le quatuor de brillants comédiens font de ce huis-clos, entre fiction et réalité Un troublant suspense historique... Avec : Diouc KOMA, Virgile M‘FOUILOU, Stéphanie MORIAU et Michel de WARZÉE Mise en scène : Philippe BEHEYDT Assistante à la mise en scène : Stéphanie MANGEZ Scénographie : Marie-Christine MEUNIER Musique : Hugues TABAR-NOUVAL Costumes : Jackye FAUCONNIER Création lumière & Régie : Sébastien COUCHARD Stagiaire : Margaux HALDERS Construction des décors : MCB Atelier Une création et production de la Comédie Claude Volter avec la participation de la Cie Maps (www.compagniemaps.be) "Le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup, c’est la Loi… » Baudelaire Durée du spectacle : 2h15 avec entracte Représentations du 1er au 25 octobre 2014 du Mardi au Samedi à 20h15, le Dimanche à 16h Relâche les Lundis Réservation : www.comedievolter.be & au 02/762.09.63 du lundi au vendredi de 11h à 13h et de 14h à 18h Comédie Claude Volter Av des Frères Legrain 98 - 1150 Bruxelles Tél. : 02/762.09.63 / www.comedievolter.be 2 L’ECHO Bernard ROISIN Édition du 7/10/2014 3 Blog Le Soir Le carnet de Colette BRAECKMAN Mis en ligne le 2/10/2014 De mémoire de papillon, ou la tragédie de Lumumba questionnée par les jeunes générations Quand Lumumba quitte les livres d’histoire pour s’inviter chez Claude Volter Patrice Lumumba est enfin sorti des livres d’histoire, des pamphlets politiques, de la chronique judiciaire. Après une « relégation mémorielle » de plus d’un semi siècle, ce personnage de tragédie occupe enfin la place qui lui revient : celle d’un héros… Trahi, méconnu, sali, récupéré par les faussaires et les Judas, le voilà qui revient, dans les bagages d’une nouvelle génération, qui pose, encore et toujours les mêmes questions aux aînés : où étiez vous, que saviez vous, qu’avez-vous fait ? De manière très littéraire, l’écrivain Laurent Demoulin transforme Lumumba en nouvel Ulysse et mêle la légende grecque aux réminiscences de l’histoire (1). Mais surtout, sur la scène de la Comédie Claude Volter, Michel de Warzée (2) a entrepris un étrange périple, en compagnie de deux auteurs plus jeunes, Philippe Beheydt et Stephanie Mangez. A quatre mains, ces derniers ont mis en scène le choc des générations, apprivoisé les souvenirs très personnels du directeur du théâtre Claude Volter dont le père, le juge Lemaire de Warzée d’Hermalle, est celui là même qui, à Stanley ville, condamna Patrice Lumumba à six mois de prison. Une sentence que le futur Premier Ministre n’accomplit jamais car, les mains encore marquées par les fers, il fut libéré avant le terme prévu pour pouvoir assister à la Table ronde de 1960. Durant des décennies, le souvenir de ce procès a pesé sur la famille et souvent est revenue la question lancinante : mais qui était donc Lumumba, quelle fut l’exacte responsabilité des Belges ? Cette masse pesante du passé non dit et non résolu, il fallait que deux jeunes auteurs y portent le scalpel, pour la délivrer du fantôme qui, comme le disait naguère le cinéaste Raoul Peck, hante toujours les rues de Bruxelles (où aucune place ne porte encore le nom du proscrit…) Délivrés des non dits et des complexes du passé, les deux auteurs tissent une double trame, aussi vraie à l’avers qu’au revers. La première, à la fois familière et bouleversante, est celle de Raymond, un ancien militaire qui, sans doute, participa à la mise à mort de Lumumba, un soir de janvier au Katanga. Que s’est il donc passé, cette nuit où le Congo bascula ? On ne le saura pas plus aujourd’hui qu’hier, car la mémoire de Raymond, fort opportunément, est défaillante (autant que celle des derniers protagonistes qui comparaîtront bientôt devant un tribunal bruxellois et s’abriteront, eux aussi, derrière les brouillards d’Alzheimer…) Mais l’essentiel est ailleurs : ce qu’il faut retenir c’est que Raymond, comme tant d’autres, a laissé au Congo une partie de son âme, qu’il n’a rien compris à la lutte, aux aspirations du peuple congolais, qu’il assure avoir obéi aux ordres (de qui ? dans 4 quel but ?)… Il s’est inscrit dans une histoire qu’ il ne maîtrisait pas, il a tenu son rôle sans savoir qui écrivait la partie et il mourra à la fois innocent et coupable, hanté et amnésique, traqué par une jeune femme qui le mitraille de questions et ne craint pas d’humilier le vieux soldat… Miracle de la mise en scène, à la fois extrêmement simple et évocatrice, deux Africains évoluent dans l’ombre de Raymond. Ils rodent aux confins de la scène, surgissent de la nuit, jaillissent des coulisses et s’imposent au premier plan des cauchemars. Il sont là, omniprésents, Lumumba et son geôlier, un militaire dégingandé, que le détenu s’obstine à appeler mon frère, qu’avec sa parole de prophète, de tribun, il réussit à déstabiliser. Si les défaillances de Raymond émeuvent, Diouc Koma, très convaincant dans le personnage de Lumumba, suscite des réactions contrastées : dans la salle, des Belges d’un certain âge se contiennent, comme si les haines d’hier n’étaient pas apaisées, d’autres sont gagnés par l’émotion, et ne peuvent s’empêcher de se demander si les Belges, dans leur aveuglement, n’auraient pas sacrifié un autre Mandela… Adossé à de solides recherches bibliographiques, nourri par les souvenirs et les fantômes issus d’histoires familiales, ce spectacle laisse aussi la part belle à l’imaginaire. Il permet à chacun de se réapproprier Patrice Lumumba, de revisiter et de reconstruire un drame qui oscille entre une histoire belge et une tragédie de portée universelle… Colette Braeckman http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/ (1)Laurent Demoulin, Ulysse Lumumba, éditions Le Cormier (2) Théâtre Claude Volter, de mémoire de papillon, jusqu’au 25 octobre à Bruxelles, une pièce de Philippe Beheydt et Stephanie Mangez, sur une idée de Michel de Warzée Photo Philippe Beheydt 5 RTBF.be / CHRONIQUE SCENE de Christian JADE Mis en ligne le 23/10/2014 Critique :*** L'assassinat de Lumumba : enfin un point de vue belge sur ce moment d'histoire. L’assassinat de P. Lumumba (1961), mythe de résistance africaine, n’a donné lieu qu’à un splendide texte théâtral, poétique et épique du Martiniquais Aimé Césaire, Une Saison au Congo (1967, 40 acteurs !) De mémoire de Papillon, de Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez, évoque, sobrement, l’assassinat du mythe Lumumba sous les yeux d’un vieux soldat belge à la mémoire défaillante. Agréable surprise à la Comédie Claude Volter: un sujet grave, l’assassinat de Patrice Lumumba, au Katanga, en janvier 1961 est traité en finesse par quatre comédiens, deux noirs, deux blancs. Ils parviennent à mêler, en finesse deux mondes : la mémoire vacillante d’un vieux militaire belge raciste, surveillé par une infirmière énergique. Et Lumumba lui-même prisonnier d’un soldat noir qu’il essaie de rallier à sa cause. Une œuvre utile La décolonisation ratée du Congo ex-belge a fait l’objet de nombreux livres d’analyse politique. Jamais personne, en Belgique, n’avait essayé de le traiter au théâtre, d’assumer les contradictions d’un pouvoir politique belge brouillon, dominé par un racisme paternaliste, bien incarné ici par Michel de Warzée. A travers lui défilent les clichés d’époque du "petit blanc", instrument d’une histoire confuse, exécutant aveugle d’un assassinat qui le dépasse. Et comme la vérité sur son passé est troublée par un début d’Alzheimer les bribes de vérité émergent petit à petit, comme dans un suspense, qui mêle vérité historique et décadence parfois comique d’un pauvre type. Michel de Warzée excelle ici dans le registre " humoristique décalé" tout comme dans le final tragique. Il est d’ailleurs l’initiateur de ce projet, explorant un passé familial méconnu. C’est son père, magistrat belge au Congo, qui a fait condamner Lumumba à 6 mois de prison, en janvier 1960, en pleine négociation politique sur l’indépendance précipitée du Congo encore belge, à Bruxelles ! Parallèlement, Lumumba et son gardien, qui surgissent comme des fantômes dans les cauchemars du soldat belge, incarnent les contradictions du peuple congolais à l’époque. Lumumba chef politique à la fois glorifié et détesté par les siens essaie, vainement, de convaincre son gardien noir de la justesse de sa cause. Une occasion aussi de réfléchir à l’incapacité belge… et française d’intégrer, artistiquement, leur passé colonial, là où les Etats-Unis excellent à disséquer, sans tabous, au cinéma comme au théâtre, les bavures historiques de leur armée ou de leurs finances. Un texte efficace, une réussite scénique, des interprètes convaincants. Le message, généreux, serait inaudible si le texte de Philippe Beheydt et Stéphanie Mangiez et leur mise en scène, s’appuyant sur une scéno habile de Marie Christine Meunier et les lumières calibrées de Sébastien Couchard ne rendaient vraisemblables les apparitions cauchemardesques de Lumumba et son gardien. Passer des scènes de "torture mentale" du vieux soldat par son infirmière/doctoresse" aux rapports tendus entre Lumumba et son gardien n’était pas évident. 6 La mise en scène fait de la "mémoire trouée" du soldat celle de tous les Belges par rapport au Congo. Une sorte d’évidence qui permet de passer sans effort d’un univers à l’autre. Enfin outre Michel de Warzée, tour à tour cynique et émouvant, l’interprétation, en Lumumba, de Diouc Koma, vedette de film (Caché de Hanneke, Indigènes de Rachid Bouchared) est remarquable d’éloquence sans emphase et d’élégante occupation de l’espace. Son comparse gardien Virgile M’Fouilou lui donne une solide réplique. Au total une œuvre qui mérite non seulement d’être reprise mais de circuler dans de nombreux théâtres et centres culturels pour entamer une discussion citoyenne sur notre passé colonial dont Lumumba n’est qu’un symbole, commun à toute l’Afrique. De mémoire de Papillon de Philippe Beheydt et Stéphanie Mangiez, à la Comédie Claude Volter, jusqu’au samedi 25 octobre. Info : http://www.comedievolter.be Christian Jade (RTBF.be) http://www.rtbf.be/culture/scene/detail_l-assassinat-de-lumumba-enfin-un-point-devue-belge-sur-ce-moment-d-histoire?id=8385111 Photo : Philippe Beheydt 7 TÉLÉVISIONS / RADIOS Cinquante degrés Nord / RTBF le 16/10/2014 http://www.rtbf.be/video/detail_cinquante-degres-nord?id=1963650 Télé Bruxelles / le MAG de la rédaction le 10.10.14 http://www.telebruxelles.be/emission/m-14/ BXFM / http://www.bxfm.be/index.php/73-de-memoire-de-papillon Interview de Michel de Warzée, le 16.10.2014 Interview de Stéphanie Mangez, le 21.10.14 8 Blog de Deashelle n°478 de Dominique-hélène LEMAIRE Mis en ligne le 7/10/2014 Eblouissant ! Conçu comme deux escalades de violences parallèles, ce spectacle a des allures de montagnes russes : entre une Belgique du 21e siècle et la sombre période de décolonisation de l’ex-Congo Belge en 1960. Un décor unique, complètement fascinant pour l’imaginaire : des rideaux de treillis qui ont perdu leur couleur de camouflage et qui sont devenus scintillants et blancs. Des jeux de lumière et de bande son. Une régie pleine de dynamisme de Sébastien Couchard. Une mémoire, blanche, avec des trous? La mémoire est-elle une passoire? Ou bien sontce des moustiquaires que le boy n’en finit pas de réparer? A moins que ce ne soient les corps soumis au feu des balles qui deviennent passoires? Ce décor a certes la fonction d’engager le mental dans des recherches poétiques car devant vous vont se dérouler des tranches de mort insoutenables. D’un côté deux jeunes acteurs au jeu irréprochable, l’un (Diouc Koma) né au Mali, l’autre (Virgil M’Fouillou) né à Brazzaville, qui jouent avec une vérité cinématographique bouleversante la relation universelle entre un prisonnier attaché à un radiateur et son geôlier. De l’autre, un duo d’enfer, Michel de Warzée – Stéphanie Moriau qui joue la relation de dépendance entre le patient sans défense miné par Alzheimer et une soignante omnipotente qui le tient en otage. Le prisonnier entretient la parole comme seul espoir de survie, le patient s’enferme dans un silence protecteur d’une histoire dont il a honte. Cette double vision qui structure cette pièce admirablement écrite par Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez a la force d’une implacable escalade où un couple de forces vous vrille l’esprit et le cœur avec la puissance d’une tornade ! Du texte aux planches, la mise en scène (par les mêmes) est prodigieusement efficace. Le projet de cette création historique vient du vécu de Michel de Warzée «J’ai eu jusqu’à 14 ans, sans aucun doute une des jeunesses les plus heureuses et les plus belles du monde… » Il est né à Elisabethville, sa mère est épouse de magistrat, la famille mène une vie de rêve dans un pays magnifique à part le colonialisme dont il n’a aucune idée. Mais il a retrouvé des documents de famille d’une vérité saisissante. Le 17 janvier 1961 le leader du Mouvement national congolais (MNC) est tué dans des conditions mystérieuses au sud du Congo belge qui deviendra le Zaïre puis la République démocratique du Congo. Patrice Lumumba avait été nommé Premier ministre du Congo au moment de l'indépendance du pays en juin 1960. Il avait été évincé du gouvernement et livré au sécessionniste du Katanga, Moïse Tshombé cependant qu’éclatait la guerre civile. Partisan d’un Congo indépendant et unitaire, il était jugé trop proche de l’URSS à qui il avait demandé de l’aide. La décision de l'éliminer est attribuée au gouvernement belge et à la CIA. Son exécution fera de Patrice Lumumba le symbole de la lutte anticolonialiste africaine. Par le théâtre, Michel de Warzée entreprend donc un devoir de mémoire et fait revivre les événements avec une intensité cinématographique effarante. Le crescendo des scènes du prisonnier et de son gardien est de plus en plus glaçant et devient presque irregardable mais le texte sauve. En effet, la parole inlassablement répétée par le 9 prisonnier implique que nous sommes tous frères. Et aussi, frères de James Foley, Steven Sotloff, David Cawthorne Haines, Hervé Gourdel. La pièce a hélas la résonnance d’une brûlante actualité... Le personnage de la jeune et maléfique garde-malade n’est pas moins poignant dans sa volonté presque hystérique d’arracher les secrets de cet homme défait par la vie et par une situation politique dont il n’avait nulle conscience, dans sa radieuse jeunesse. Le message anticolonialiste est on ne peut plus clair. Les quatre comédiens jouent au sommet de leur puissance dramatique. Dominique Hélène Lemaire http://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/de-memoire-de-papillon-stephaniemangez-philippe-beheydt-michel Photos : Philippe Beheydt 10 CULTURE REMAINS de Marion LE GUILLOUX Mis en ligne le 7/10/2014 De mémoire de papillon est une histoire de MAJUSCULES ! De celles qui font la différence entre histoire et Histoire, homme et Homme, mémoire et Mémoire. L’aventure était périlleuse mais le défi a été relevé brillamment. En s’attaquant à l’écriture d’une pièce sur l’indépendance du Congo, Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez s’engageaient pourtant sur une voie épineuse et délicate. Travailler sur ce tronçon de l’Histoire contemporaine belge, c’est aborder la manière dont l’indépendance a été donnée, c’est traiter de l’assassinat de Lumumba, c’est revenir sur des blessures non encore cicatrisées de part et d’autre. C’est aussi, peut-être, une manière d’entamer un devoir de Mémoire… La pièce est, quoi qu’il en soit, très intelligemment construite : elle tire sa force et son rythme des deux récits parallèles qu’elle propose. D’un côté : Bruxelles, 2014, Raymond (Michel de Warzée), retraité belge, dont la mémoire est peu à peu détricotée par Alzheimer, mène une bonne petite guerre à son aide soignante Léonie (Stéphanie Moriau), qui semble n’avoir aucun tabou, une langue bien pendue et un humour grinçant. Elle fait également montre d’une curiosité surprenante pour les derniers instants du Congo belge, et les souvenirs du Major Raymond à ce sujet. Leurs échanges cinglants sont un pur délice, un régal de réparties musclées et d’impertinence, teintés parfois de nostalgie lorsqu’il est fait référence à la maladie qui gagne du terrain. De l’autre côté, Léopoldville, 1961 : Lumumba vient d’être arrêté, trahi par Mobutu, alors chef d’Etat Major général des Forces armées, et Kasa-Vubu, Président de la toute nouvelle République du Congo. Se doutant de l’issue de son arrestation, il continue pourtant la lutte et se livre à son geôlier, tentant dans un dernier fol espoir de le convaincre, en donnant à entendre son dernier discours. Le jeu tout en subtilité de Diouc Koma nous rend palpable la force de persuasion, la prestance, la conviction chevillée au corps de Lumumba dans la justesse de sa cause, mais également ses failles d’homme. L’habileté de la mise en scène et de la scénographie à faire coexister sur un même plateau ces deux histoires, à mêler deux espaces, deux époques de récit est remarquable. En créant des passerelles dans la mémoire malade de Raymond, hanté par ses dernières actions au Congo avant qu’il ne « soit cochonné », le texte permet de conserver l’unité d’action, et de captiver le spectateur en faisant progresser l’intrigue. Dans l’atmosphère musicale jazzi qui nous replonge en 1960, au travers d’une pièce très documentée, parsemée de références et d’extraits historiques (notamment le très beau discours de Lumumba lors de la Cérémonie d’Indépendance du Congo ), les deux co-auteurs et metteurs en scène permettent aux acteurs de se livrer totalement : Michel de Warzée est plus vrai que nature dans son rôle de petit vieux bourru qui se voit rattrapé par son passé, maltraité par Stéphanie Moriau en garde malade agaçante – un peu trop ? – et opiniâtre. Diouc Koma livre une prestation irréprochable en Patrice Lumumba, tandis que Virgile M’Fouilou campe avec talent un soldat perdu entre son envie d’un Congo fort, la foi qu’il voudrait placer en Lumumba, et la peur que lui inspire les colons alors encore, même si c’est en sous-main, au pouvoir. A la fois devoir de mémoire et devoir de conscience, la pièce est une véritable réussite, tant dans sa conception que dans sa réalisation. Elle télescope l’histoire avec l’Histoire, questionne la mémoire d’une personne face à son passé, la Mémoire d’un pays face à son histoire. Bravo ! Marion Le Guilloux http://cultureremains.com/memoire-papillon/ 11 Les feux de la rampe de Roger SIMON Mis en ligne le 4/10/2014 Une création qui aborde la question épineuse de la décolonisation et du devoir de mémoire ! Un spectacle bien différent de ceux mis généralement à l’affiche de la Comédie Claude Volter. Nous ne sommes ni dans une comédie, ni dans un vaudeville, mais bien dans une tragédie vécue dans les années 60 au Congo. Une histoire qui touche de très près Michel de Warzée. Il entretient un lien fort avec ce pays qui l’a vu naître et où il a passé les premières années de sa vie. C’est de là que vient son souhait de donner naissance à une pièce qui interrogerait le lien entre la Belgique et son ancienne colonie. DE MEMOIRE DE PAPILLON de Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez : une belle collaboration prônée par Michel Suspens et humour permettent à cette pièce, tissée habilement en mêlant fiction et réalité, d’évoquer l’une des pages douloureuses de la décolonisation. C’est une pièce très moderne dotée d’un dialogue secoué, d’une belle écriture cartésienne, rationnelle, émouvante. Et cette fois les spectateurs seront heureux de voir une Histoire des plus importantes émanant du Congo. Le drame vécu dans les années 60 au Congo s’était totalement écarté de notre mémoire ! La pièce qui se joue aujourd’hui est intéressante tant pour l‘Histoire vraie que pour la découverte d’une mise en scène très recherchée, d’une scénographie qui touche de près le côté cinéma, d’une découverte aussi de deux grands comédiens, Diouc Koma originaire du Mali, Virgile M'Fouilou originaire de Congo-Brazzaville, d’une ambiance sonore et musicale pénétrante et pas du tout braillarde, d’une lumière tamisée et bien partagée pour situer les deux endroits où se déroule alternativement l’action, des costumes qui font vrais qu’on pouvait voir au Congo tels celui du Major Raymond et ceux des deux congolais. La pièce se joue de la sorte : on passe d’une scène à l’autre, du lieu de Raymond à celui de Lumumba. C’est très bien conçu et cela évite de quitter l’action. On reste dans l’histoire. On suit facilement son déroulement. LE JEU DES ACTEURS DIOUC KOMA & VIRGILE M'FOUILOU : Vivant ! Poignant ! Pathétique ! Vrai ! Les séquences entre Lumumba et le gardien sont d’une violence terrible, et se présentent vraiment comme des séquences ciné. Leurs affrontements sont d’une vérité étonnante ! Leurs empoignades sont saisissantes, comme celles que l’on voit souvent au cinéma. Et tous deux font preuve d’une belle qualité d’interprétation de leur personnage, pas évidents à croquer. STEPHANIE MORIAU & MICHEL DE WARZEE : A la fois : comédien, metteur en scène, professeur, directeur et.. maman/papa de deux jeunes enfants... Ils se glissent tous deux avec une réelle facilité dans de nombreux personnages. Ils jouent ensemble dans beaucoup de pièces tellement différentes. Les voici aujourd’hui dans 12 cette pièce, tous deux dans des personnages pas faciles à pénétrer. Ils sont impeccables ! A ces quatre brillants comédiens, je veux joindre tous ceux qui travaillent derrière le décor : Mise en scène : Philippe Beheydt / Assistante à la mise en scène : Stéphanie Mangez / Scénographie : Marie-Christine Meunier / Costumes : Jackye Fauconnier / Création lumière et régie : Sébastien Couchard / Stagiaire : Margaux Halders / Construction des décors : MCB Atelier Et la musique d'Hugues Tabar–Nouval : Compositeur français de bandes originales de plusieurs longs métrages, de documentaires, de pièces pour la télé. Je tiens à souligner la qualité de sa musique qui me fait penser aux grands compositeurs pour le cinéma. Il entoure sa musique d’une ambiance sonore très discrète mais qui crée une ambiance angoissée, trouble...) Merci à Michel de Warzée d’avoir eu cette bonne idée de remettre en mémoire ces évènements graves de 1960. Bravo à tous pour ce magnifique travail ! Roger Simons http://lesfeuxdelaramperogersimons.skynetblogs.be/archive/2014/10/04/de-memoirede-papillon Photo Philippe Beheydt 13 Cheikfitanews.net de Cheik FITA Mis en ligne le 26/10/2014 Représentations en première mondiale de De mémoire de papillon de Philippe Beheydt & Stéphanie Mangez, sur une idée de Michel de Warzée. Durant le spectacle, un personnage particulier apparaîtra : Patrice Émery Lumumba. Comment ? Raymond, le personnage principal, un ancien colonial reçoit une aide-soignante à domicile. Leur premier contact est glacial. On se rendra compte par la suite que Raymond n’est pas totalement maître de sa mémoire. Néanmoins, au fil du spectacle, remontera à sa mémoire une partie de sa vie : la période de la décolonisation du Congo belge avec en filigrane l’ombre de Lumumba, mieux, les derniers jours de l’homme politique congolais en captivité. Il y est, face à un militaire commis à sa garde, qui le tient à l’œil, souvent fusil braqué. Suivra un enchevêtrement entre les deux récits : la vie de Raymond aujourd’hui en Belgique et ce long flash back composé de plusieurs pans de l’histoire de Lumumba. Les décors des deux époques se côtoient aussi sur scène : la brousse congolaise, et l’intérieur d’ un appartement en Belgique. Les quatre personnages évolueront dans cet espace scénique, sans se rencontrer physiquement, mais se croisant dans la thématique avec des moments de complémentarité et même de confrontations. Même Julie, l’aide-soignante d’aujourd’hui sera rattrapée par ce passé d’il y a un demi-siècle : en fin de spectacle, Raymond lui remettra un cadeau : une peau de léopard. Un souvenir ramené du Congo. Dans les bribes des récits qui remontaient encore à sa mémoire, Raymond y avait fait allusion. Cinq décennies après la rupture Belgique-Congo, comment ne pas saluer l’initiative de Michel Warzée de mettre sur la place publique, certes sous la forme théâtrale, le contenu des malles héritées de ses parents ? Combien de descendants de colons y a-til en Belgique ? Quelles montagnes de souvenirs n’ont-ils pas ? Sont-ils liés à la position de la Belgique officielle d’être réservée, aphone ou pire, curieusement amnésique, face au mystère « Lumumba » ? Ce spectacle est une toute petite fenêtre qui s’ouvre sur l’histoire commune entre la Belgique et son ancienne colonie. Que l’ancienne métropole ne daigne toujours pas ouvrir grandement cette fenêtre, n’est-ce pas un aveu de culpabilité ? Pour l’histoire, Michel Warzée est né à Lubumbashi au Katanga. Son père, le juge Lemaire de Warzée d’Hermalle est celui-là même qui jugea Lumumba en janvier 1960 pour incitation à l’émeute, condamnant Lumumba à 6 mois de prison, alors que le ministère public avait requis six ans ! De mémoire de papillon , belle jonction entre l’histoire et le théâtre. Cheik FITA Bruxelles, le 26 octobre 2014 http://www.cheikfitanews.net/2014/10/theatre-lumumba-dans-de-memoire-depapillon-a-la-comedie-claude-volter-de-bruxelles.html 14 Quovadisart.be de Virginie de BORCHGRAVE Mis en ligne le 1/10/2014 “Vous venez d’assister à une Première création mondiale” annonçait fièrement Michel de Warzée lui-même à la fin de la représentation mardi soir à la Comédie Claude Volter devant un parterre de Belges distingués venus voir “De mémoire de papillon“, la pièce écrite à quatre mains par Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez sur un sujet très délicat: le Congo. En effet, n’a-t-on pas tous quelque chose en nous du Congo… pour parodier Johnny Halliday et le Tenesse? Un thème abordé tout en subtilité dans un intéressant décor et une magnifique mise en scène mise en valeur par un jeu de lumières de Sébastien Couchard, avec une musique originale de Hugues Tabar-Nouval et interprétée par Michel de Warzée lui-même qui a demandé aux auteurs d’écrire cette pièce sur une histoire liée à son enfance. Très touchant donc avec un public ce soir-là de Belges chics dont on imagine qu’ils faisaient partie de ces familles belges au Congo à l’époque. Intéressante étude sociologique à faire tant sur la scène que dans la salle… Une scène divisée en deux: d’un côté, on est au Katanga en janvier 1961 et il reste quelques jours seulement à Patrice Lumumba (Diouc Loma) pour rallier son geôlier (Virgile M’Fouilou) à sa cause; de l’autre côté, on est à Bruxelles en 2014 avec Raymond (Michel de Warzée), un ancien militaire dont on devine les prémices de la maladie d’Alzheimer qui est avec Léonie (Stéphanie Moriau), sa nouvelle garde-malade avec lequel il est extrêmement désagréable mais elle est visiblement là dans un autre but que de le soigner… Des mondes et des générations différents, des perceptions, des événements aux antipodes… La réalité? “Quand Michel m’a confié un soir son projet en me demandant de le réaliser, je me suis dit”, raconte Philippe Beheydt, “qui suis-je pour aborder un tel sujet? Et puis, j’ai eu envie de parler de quelque chose d’universel: la mémoire. C’est une pièce qui aborde le rapport à la mémoire, que ce soit d’un pays face à son histoire ou d’une personne face à son propre passé. Le peuple a la mémoire courte (surtout en politique), il oublie très vite. Et l’art est un outil extraordinaire à travers lequel on peut faire ressurgir le passé pour questionner le présent. Je pense qu’en tant que metteur en scène, cinéaste, auteur, etc. on a le devoir de poser des questions. On n’y répond pas forcément, mais à travers la parole de nos personnages, on pose un regard, on amène un point de vue.” Pari réussi pour cette pièce basée sur des documents d’époque, des papiers de famille Léonie lit à un moment des lettres qui sont réellement celles de la mère de Michel de Warzée- qui a réussi à maîtriser un sujet difficile où tant de données culturelles, historiques, politiques rentrent en jeu. Et enfin quand on apprend, au détour d’une réplique, que c’est le juge Lemaire de Warzée d’Hermalle qui n’est autre que le père de Michel qui condamna Patrice Lumumba à 6 mois de prison en janvier 1960, la pièce prend une nouvelle dimension. Virginie de Borchgrave http://www.quovadisart.be 15 COURRIERS DE SPECTATEURS Georges LINI / Le 20.10.14 à 11.33 De mémoire de papillon au Volter. C'est très beau. Sujet intéressant, bien traité. Belle écriture, belle mise en scène. De nouveaux acteurs qui valent le détour, Michel de Warzée, mon cher professeur, émouvant de bout en bout. Allez ! Il vous reste une semaine (que vous soyez de la presse ou "simple spectateur") pour ne pas passer à côté de ce bon spectacle. Faites de place dans vos colonnes, ils en valent la peine ! Reçu le 3.10.2014 : Bonsoir, Nous sortons à l’instant de votre représentation de la pièce De Mémoire de Papillon. Nous sommes sans voix… La prestation était exceptionnelle, humaine, touchante et incroyablement intéressante. Nous belges portons un poids historique terrible et votre pièce est là pour nous le rappeler. Pourquoi n’en parlons nous pas plus ? Pourquoi mes cours à l’école n’ont pas apportés plus d’éléments sur ce pan de l’histoire incontournable ? (je suis pourtant né en 1986… de l’eau a coulé sous les ponts depuis ces faits mais malgré tout…..) A quel point continuons nous à le porter ? A quel point le sujet est contemporain plutôt qu’historique ? Bref, je pense qu’il y a de nombreuses choses sur lesquelles s’interroger. Nous ne sommes pas là pour le verre mais merci pour tout, vous resterez tous les quatre pour longtemps dans notre mémoire et nous essayerons de venir vous voir pour vos prochaines représentations malgré que nous ne soyons à priori pas des passionnés de théâtre. Gardez votre énergie et votre humanité ! Longue vie à votre compagnie et à tous vos futurs projets Sarah et Julien 16