T101-3-3215bh-7p - Société de Pathologie Exotique

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CONFÉRENCES DU CENTENAIRE DE LA SPE
Influence des changements climatiques sur l’épidé-
miologie des maladies transmissibles.
S. de La Rocque (1, 2) & J.A. Rioux (3)
(1) Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie. E-mail : [email protected]
(2) Centre international de recherche agronomique pour le développement, Campus international de Baillarguet, 34398 Montpellier, France.
(3) Faculté de médecine de Montpellier, 8 allée des mésanges, 34790 Grabel, France.
Manuscrit n° 3215 bh. “Conférences du Centenaire de la SPE”.
Summary: Impact of climatic change on the epidemiology of diseases.
Potential climate driven changes in the epidemiology of human and animal disease are widely
discussed and complex to assess. Recent spreads of exotic pathogens or vectors feed speculations;
although most of these introductions are mainly linked to the increased worldwide traffic, trade of
goods and transportation of animal and human, abiotic factors are known to impact on vectors and
pathogens bionomics and their ability to establish in new ecosystems; altogether, changes in climatic
patterns and in seasonal conditions may affect disease behaviour in term of spread pattern, diffusion range, amplification and persistence in novel habitats. Invasion may result in the emergence of
novel disease processes, presenting major challenges for the epidemiologists. In this paper, some of
the ecological mechanisms underlying the impact of climatic change on disease transmission and
disease spread are further described. Potential effects of different climatic variables on pathogens
and hosts population dynamics and distributions are complex to assess and different approaches are
used to describe the dynamics in ecological range and the availability of ecological niches for pathogens and vectors. However, even when linkage between disease dynamics and climate change are
relatively strong, there are always other factors also changing disease behaviour and these should
be accounted for as well.
climate change
ecology
emerging disease
epidemiology
bioclimate
Résumé :
La question de l’impact du changement climatique sur l’épidémiologie des maladies est aujourd’hui
largement débattue. De récentes émergences en zones tempérées de maladies considérées comme
tropicales alimentent les spéculations. Ces émergences sont avant tout à relier à l’extraordinaire
accroissement des transports des personnes et des biens et à la disparition des barrières physiques
qui, jusqu’à peu, limitaient l’extension des pathogènes et/ou de leurs vecteurs. Il reste que certaines
d’entre elles ont démontré leur capacité à s’implanter durablement dans des écosystèmes naïfs, aux
caractéristiques apparemment éloignées de leurs zones d’endémies. L’évolution des paysages et des
pratiques peut créer les conditions écologiques favorables à leur transmission et les changements des
paramètres climatiques y participent. Les facteurs abiotiques (notamment la température et l’humidité) sont connus comme étant déterminants dans la prolificité, la survie et l’abondance des insectes
et affectent également la capacité vectorielle de certaines espèces exotiques ou autochtones. De
manière moins directe, les modifications de cycles saisonniers, de régimes pluviométriques ou la plus
grande fréquence d’événements extrêmes peuvent affecter les interfaces avec les hôtes, les modalités de transmission de certaines maladies et par là leur répartition ou leur incidence. Différents exemples de maladies d’actualité sont présentés dans cet article. Ils permettront d’illustrer la complexité
des fonctionnements sous-jacents, la nécessaire prudence dans la recherche de causalité et quelques
pistes de réflexions faisant inévitablement appel à une connaissance approfondie de l’écologie de ces
maladies, une gageure lorsqu’elles apparaissent dans des environnements nouveaux.
Introduction
L
a problématique du changement climatique est aujourd’hui
au cœur de tous les débats. Il est quasiment impossible
d’y échapper, tous les jours, sur tous les canaux de presse, dans
toutes les conférences, on nous annonce un monde en dégradation et les pires conséquences pour les générations futures.
Cette réelle inquiétude sociétale est d’autant plus vive qu’elle
s’associe à un sentiment de culpabilité d’une société qui vit de
plus en plus vite, qui consomme de plus en plus, et qui a aboli
Bull Soc Pathol Exot, 2008, 101, 3, 213-219
changement climatique
écologie
maladie émergente
épidémiologie
bioclimat
toutes les frontières du jardin planétaire. Dans un tel débat, la
rationalité est indispensable. À ce titre, le récent rapport du
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ou IPCC (18)), récompensé par le Prix Nobel de la
paix en décembre 2007, représente une contribution majeure
pour partager les plus récentes connaissances et imaginer les
différents scenarii pour notre futur à tous. Sa lecture, facilitée
par une écriture à la portée du plus grand nombre, est indispensable pour raisonnablement parler des impacts possibles
du changement climatique.
213
S. de La Rocque & J. A. Rioux
En dépit de ces références, nombreux sont encore les discours
partiels, qui élaborent sur les figures emblématiques comme
ces courbes de températures moyennes de la terre pour le prochain centenaire. Pourtant, on sait que les systèmes physiques
et les mécanismes impliqués sont extrêmement complexes et
imbriqués, que les impacts vont être très différents sur les
différentes parties de la planète et que c’est par exemple dans
les dérèglements des rythmes plus que dans l’évolution des
moyennes qu’il faut attendre les plus grandes surprises.
Tout aussi complexes à appréhender sont les impacts possibles
de ces changements sur les traits de transmission des pathogènes et donc sur l’épidémiologie des maladies. Les changements
de paramètres climatiques peuvent être déterminants, mais de
nombreux autres facteurs interviennent, pour la plupart liés
à la globalisation et à l’empreinte humaine sur l’environnement. Pourtant le climat est souvent d’emblée incriminé, et là
aussi, les raccourcis sont nombreux. Lorsque, dans le sud de
la France, nous interrogeons dans la rue nos contemporains
sur les maladies qui présentent le plus grand risque d’extension en Europe, 95 % d’entre eux nous citent spontanément
le paludisme. Le taux est à peine moindre dans une audience
d’universitaires en médecine. Lorsque nous leur expliquons
l’histoire de cette maladie en Europe, l’abondance d’anophèles compétents et la qualité des services de santé publique
capables de reconnaître et de traiter les cas importés, alors,
naturellement, il devient évident que le risque est quasiment
inexistant. Ce n’est évidemment pas le cas dans d’autres parties
du monde.
Il y a donc un véritable besoin de réfléchir sur l’histoire naturelle et l’épidémiologie des maladies, et des changements que
l’on peut attendre dans leur fonctionnement lorsque les conditions climatiques évoluent. La tâche est compliquée lorsque
ces maladies émergent dans des écosystèmes nouveaux, où
leur écologie est inconnue. HUGUES (21) a décrit l’impact du
changement climatique sur les animaux et les plantes en :
– effets sur la physiologie, le métabolisme ou les dynamiques
de développement ;
– effets sur les répartitions géographiques ;
– effets sur les chronologies et les cycles de vie ;
– effets sur les évolutions, en particulier pour les espèces à
courtes générations et à taux de reproduction élevés.
Ces effets s’appliquent également à la fois aux pathogènes et
à leurs vecteurs, comme nous le décrivons ici (à l’exception
du quatrième point concernant les pressions évolutives, qui
est plus particulièrement abordé dans (9)).
Effets sur les dynamiques de développements
U
nderstanding vector capacity is the key to understanding disease dynamics (28).
Les paramètres dits abiotiques (notamment la température et
l’humidité) sont connus comme étant déterminants pour la
dynamique des maladies infectieuses dont un stade de développement se réalise en dehors de l’hôte définitif (dans l’environnement, dans un hôte intermédiaire ou dans un vecteur
poïkilothermes). De nombreux parasites, virus ou bactéries
ne se multiplient plus en dessous d’un certain seuil de température et, au-dessus de ce seuil, la cinétique est étroitement
corrélée avec ce facteur (37). En conditions expérimentales, 26
jours sont nécessaires à Plasmodium falciparum pour réaliser
son cycle dans un anophèle maintenu à 20 °C, mais, à 25 °C,
13 jours suffisent (15). En conséquence, pour un pathogène
transmis par un arthropode vecteur, lorsque la durée de déve-
Centenaire de la SPE – Conférences
loppement dépasse la durée de vie du vecteur, la transmission
biologique ne peut être assurée.
Les facteurs abiotiques affectent les dynamiques de populations des insectes vecteurs et donc leur abondance. Un accroissement de la température ambiante augmente la prolificité, le
taux de survie journalier, le nombre de générations annuelles
et réduit les durées larvaires et nymphales. Il augmente également l’activité et la fréquence des repas sanguins, facilitant
alors la transmission des maladies vectorielles. (42). Il faut
noter que les seuils de températures létaux varient selon l’humidité, en relation avec les capacités de thermorégulation et
les réserves lipidiques de l’insecte (29).
Enfin, il a été montré que l’augmentation de la température
accélérait la multiplication de certains pathogènes à l’intérieur des arthropodes vecteurs et pouvait même augmenter
la capacité vectorielle d’espèces jusqu’alors décrites comme
inoffensives (54). La compétence vectorielle, c’est-à-dire la
capacité du vecteur à acquérir, multiplier et transmettre le
pathogène, peut également être favorisée par des températures
plus élevées. Ceci a été démontré pour un des vecteurs de la
fièvre catarrhale ovine : lorsque ses larves sont élevées à des
températures croissantes, les barrières génétiques de l’insecte
sont amoindries et l’infection est facilitée (28, 55).
Effets sur les distributions de pathogène et/ou de vecteurs
L
e climat influence l’étendue (géographique) des maladies, tandis que les conditions climatiques affectent la
chronologie et l’intensité des épidémies (15).
À petite échelle, les faciès climatiques peuvent se superposer
à la distribution des pathogènes et/ou des vecteurs, tandis
qu’à une échelle plus locale, d’autres facteurs environnementaux jouent un rôle prédominant (37). Pour les raisons
citées précédemment, la distribution géographique de bon
nombre de maladies peut être rapprochée d’isothermes ou
d’isohyètes. Par exemple, la limite de distribution de Culicoides imicola, principal vecteur africain de la fièvre catarrhale
ovine, était jusqu’à peu décrite par l’isotherme 12,5 °C de la
moyenne des températures journalières maximales du mois
le plus froid (48). Les changements des facteurs climatiques
ont donc en théorie le potentiel d’affecter la distribution en
latitude, en longitude ou en altitude des vecteurs. Localement,
ils pourraient favoriser l’implantation de vecteurs exogènes
et/ou modifier les distributions latitudinales, longitudinales
ou altitudinales des maladies.
De nombreuses tentatives ont été réalisées pour prédire ces
éventuels changements et décrire les zones à risque. Les
modèles développés sont schématiquement de deux types
(43). Le premier, dit biologique, tente de quantifier les différentes variables impliquées dans la transmission. Le second,
dit statistique, cherche à corréler les distributions existantes
avec des données environnementales, notamment climatiques
(45). Des interpolations et extrapolations peuvent alors être
réalisées pour simuler l’évolution des variables climatiques
et leur impact sur les populations de vecteurs, l’incidence et
la répartition des maladies. L’intérêt et les limites de ces deux
approches ont été récemment abondamment discutés (44) ;
les modèles statistiques peuvent être très performants à petite
échelle, mais une compréhension fine des mécanismes écologiques impliqués reste nécessaire à plus grande échelle (20).
L’évolution des distributions de vecteurs n’implique par
exemple pas toujours une augmentation de la transmission, le
fonctionnement du système pathogène étant lié à de multiples
214
Influence des changements climatiques sur l’épidémiologie des maladies transmissibles.
facteurs modulant les interfaces et la réceptivité des populations
hôtes. Pour être véritablement explicatives et par conséquent
prédictives, ces études doivent prendre en compte l’éco-physiologie, l’éthologie et la chorologie de chacun des éléments du
cycle. C’est dire qu’il faut traiter à la fois l’autécologie (parasites,
hôtes) et la synécologie structurale et dynamique (circulation de
l’agent pathogène au sein du « complexe pathogène ») (39).
Privilégier l’approche écoépidémiologique
L
’exemple des leishmanioses méditerranéennes est particulièrement démonstratif de cette approche. Alors que dans
la totalité des leishmanioses, les vecteurs sont directement
dépendants des variations climatiques, les réservoirs de certaines d’entre elles en sont à l’abri. C’est le cas de l’Homme
avec L. tropica et L. donovani, et du chien avec L. infantum :
domestiqué par l’Homme, le chien s’est installé avec lui sous
tous les climats. Aujourd’hui, il n’intervient donc plus dans les
processus de focalisation : pour ces formes de leishmanioses
dites « à précellence vectorielle », la focalisation de la maladie dépend du vecteur, élément très sensible aux variations
pluvio-thermiques.
En revanche, pour la leishmaniose zoonotique due à L. major,
dont des rongeurs sauvages, (Gerbillidae, Muridae) constituent le réservoir de parasites, sa réaction face au changement
climatique dépend à la fois du vecteur (Phlebotomus papatasi
ou P. duboscqi) et des rongeurs, tous deux influencés indépendamment par le climat. Dans ce cas, il y a « ambivalence
vecteur-réservoir » (39, 40).
Cette approche écologique des leishmanioses a amené à substituer le concept de « bioclimat » à celui de climat
stricto sensu, une démarche retenue depuis près Figure 1.
d’un siècle par les botanistes et les agronomes
pour interpréter la distribution spatiale des formations végétales. Les bioclimats du Monde sont
connus depuis les travaux de E. de MARTONNE
(1926), C. W. THORNTHWAITE (1931, 1948), H.
GAUSSEN (1954), L. EMBERGER (1955), LE HOUÉROU (1959), H. WALTER et H. LEIT (1960) (11,
13, 16, 22, 49, 50, 53). F. BANYULS et H. GAUSSEN
ont exprimé, sous forme de graphiques (« climagrammes »), les relations entre températures et
précipitations en région méditerranéenne. A été
qualifié de bioclimat méditerranéen tout climat
comportant une période de sécheresse estivale au
cours de laquelle les précipitations sont inférieures à l’évapotranspiration (1, 2). Cette définition
a permis de rattacher à la région méditerranéenne
stricto sensu plusieurs zones comparables, tant de
l’ancien que du nouveau Monde : Afrique du Sud,
sud de l’Australie, Californie, Chili. Dès 1955,
L. EMBERGER a traduit ces bioclimats en coefficients pluvio-thermiques prenant en compte les
températures, les précipitations, les maximums
thermiques (M) du mois le plus chaud et les
minimums thermiques (m) du mois le plus froid
(Q² : 1000 P/M-m/2 M-m). En 1963 et 1969, sous
l’impulsion de L. EMBERGER et H. GAUSSEN plusieurs cartes au 1:5 000 000 des bioclimats et de la
végétation des grandes régions méditerranéennes
du globe ont été dressées par l’UNESCO (14,
17). Des zones ou étages bioclimatiques suivants
ont été individualisées : hyper-humide, humide,
Bull Soc Pathol Exot, 2008, 101, 3, 213-219
sub-humide, semi-aride, aride et hyper-aride (alias saharienne),
elles-mêmes subdivisées en sous-zones à l’aide de m : froide,
fraîche, tempérée et chaude. Dans le même esprit, LE HOUÉROU (1982, 1989) a proposé un coefficient agro-écologique
prenant en compte l’évapotranspiration : 100P/ETPp. À partir
de 1993, cet auteur a pu étendre ce concept à l’ensemble de
l’Afrique (Madagascar inclue). Aux côtés du type méditerranéen stricto sensu, il a distingué le type subtropical (pluies
non rythmées, températures et photopériodes subconstantes),
tropical (une flèche de pluies en saison chaude) et équatorial
(deux saisons des pluies) (figure 1) (23, 24).
Bioclimats, nososystèmes et pression
climatique
G
ardant à l’esprit que la plupart des découpages bioclimatiques dont il a été fait état procèdent essentiellement
d’analyses botaniques ou agronomiques, les cartes basées sur
des « catégories synsystématiques » (unités phyto-sociologiques, Corine Land-cover, etc.) avant tout typologiques, donc
statiques, doivent être utilisées avec grande prudence par les
épidémiologistes. À l’inverse, les cartes basées sur les indices
phyto-climatiques ou les bioclimats eux-mêmes, constituent
de remarquables outils de recherche. L’établissement des relations leishmanioses-bioclimats au Maroc va nous en apporter
la preuve.
Le choix du Maroc a été déterminé par l’existence de données
phyto-géographiques et bio-climatiques bien établies et de
cartes des étages bioclimatiques (46) et des formations forestières climaciques (12). Des enquêtes entomologiques, le long
d’itinéraires-transects nord-sud, perpendiculaires aux étages
Carte des zones agro-bioclimatiques d’Afrique (23, 24).
Maps of agro-bioclimatic zones in Africa (23,24).
215
S. de La Rocque & J. A. Rioux
le bioclimat hyper-aride (plus
précisément pour celui du
Analyse des correspondances espèces-stations.
sous-étage à hiver chaud) et les
Analysis of correspondances species-stations.
dynamiques saisonnières ont
confirmé l’influence des températures hivernales (m) sur la
durée des activités imaginales
de P. ariasi et de P. perniciosus.
Ces résultats ont amené H. N.
LE HOUÉROU (38) à estimer
l’indice 100P/ETPp, pour 47
stations marocaines, après un
réchauffement de 3 °C. L’analyse du graphe (figure 3) a
montré que les modifications
seraient majeures dans les
étages sub-humides et semi2a - Les 17 espèces de phlébotomes récoltées au Maroc se distribuent en trois groupes, situés à proximité des différents points d’équilibre
des bioclimats. Dans le cadran supérieur gauche, entre les barycentres humide et sub-humide, se placent deux vecteurs de Leishmania infanarides (surtout supérieur et
tum : Phlebotomus ariasi et P. perniciosus. Dans le cadran inférieur gauche (semi-aride) se regroupent deux vecteurs : P. longicuspis pour L. infanmoyen) : ces stations changetum et P. sergenti pour L. tropica. Dans le cadran supérieur droit, (hyper-aride) se situe P. papatasi, vecteur confirmé de L. major.
raient à la fois d’étages (par
2b – La projection sur les axes I et II de l’analyse situe P. alexandri (10) et P. papatasi (11) dans le quadran supérieur droit (aride et hyperaride). P. sergenti (7) est localisé dans l’étage semi-aride.
exemple du sub-humide au
Légende des espèces de Phlébotomes : 1 : P. ariasi 2 : Sergentomyia minuta 3 : P. longicuspis 4 : P. perfiliewi 5 : P. chadlii 6 : P. mariae 7 : P.
semi-aride) et de sous-étages
chabaudi 8 : P. sergenti 9 : S. fallax 10 : S. dreyfussi 11 : P. alexandri 12 : P. papatasi (11) 13 : S. lewisi 14 : S. christophersi 15 : P. bergeroti 16 : S
(par exemple d’hiver doux à
clydei 17 : S. antennata 18 : S. africana.
hiver chaud). Une telle évoluFigure 3.
tion doublerait l’aire favorable
à L. tropica. Autre observation
Changements bioclimatiques, calculés pour 46 stations climatiques du Maroc,
dans l’hypothèse d’un réchauffement de 3 °C à l’horizon 2050 P.C.
d'importance : les Gerbillidae,
Bioclimatic changes, measured for 46 climatic stations in Morocco
cantonnés
jusqu’à présent à
in the event of a 3°C global warming by 2050 P.C.
l’aride et au per-aride du sud
marocain, pourraient s’étendre
plus au nord pour pulluler dans
les actuels semi-aride inférieur
et aride supérieur. L. major
et son vecteur P. papatasi
suivraient cette progression.
Bien entendu, les montagnes
marocaines ne seraient pas
épargnées. Ainsi, dans le Haut
Atlas, la transgression climatique pourrait dépasser 500
mètres en altitude. Entre 1000
et 1 500 mètres, le thuya de
Barbarie (Callitrix articulata),
caractéristique du bio-climat semi-aride, remplacerait
le chêne-vert (Quercus ilex),
entraînant avec lui P. sergenti,
vecteur de L. tropica. Dès lors,
le foyer potentiel de la leishmaDiagramme bidimensionnel portant : en ordonnée, les indices d’aridité, calculés à l’aide du coefficient 100P/EPTp, en abscisse les températures minimales moyennes (m) du mois le plus froid. Dans la zone bioclimatique subhumide, les stations changent à la fois de zone et de
niose cutanée anthroponotique
variante thermique hivernale (m). Dans le semi-aride, l’aride et l’hyperaride seul m est modifié à l’exception de trois stations de la sous-zone
s’élèverait jusqu’à 1 500 mètres
semi-aride inférieure qui basculent dans l’aride supérieur.
d’altitude.
bioclimatiques (depuis les cédraies humides du Rif jusqu’aux
Cet exemple montre à l’évidence l’absurdité de référer à un
zones pré-sahariennes), ont été réalisées (7, 41).
seul indicateur de changement (la température moyenne
annuelle par exemple) et la nécessité de comprendre les foncDes analyses de correspondances « espèces de phlebotometionnements éco-systémiques. Ceci est encore plus vrai lorsstations de piègeage » ont montré l’existence des fortes liaisons
que l’on parle d’espèce en dynamique d’invasion.
(effet Gutmann), entre les espèces phlébotomiennes et les
zones bioclimatiques (figure 2). Le barycentre de P. sergenti,
vecteur de L. tropica, s’est placé à l’interface semi-aride et aride.
Introduction, persistance et diffusion
Celui de P. papatasi, vecteur de L. major, s’est positionné au
centre des stations hyper-arides. Les barycentres des trois vece changement climatique est régulièrement incriminé dans
les extensions récentes de maladies ou de vecteurs. Dans
teurs de L. infantum (P. ariasi, P. perniciosus et P. longicuspis)
ces processus, il convient de clairement distinguer trois phases
se sont ordonnés, du nord au sud, de l’étage humide à l’étage
successives : l’invasion, l’installation et la diffusion. L’invasemi-aride. L'étude des abondances relatives par étages biosion est essentiellement liée aux échanges et mouvements de
climatiques a confirmé le preferendum de P. papatasi pour
Figure 2.
L
Centenaire de la SPE – Conférences
216
Influence des changements climatiques sur l’épidémiologie des maladies transmissibles.
biens, d’animaux et de personnes, qui aujourd’hui traversent
de jours de gel et une tendance à la précocité des automnes
le monde en quelques dizaines d’heures. Un exemple classique
(18). Compte tenu de ce qui est décrit précédemment, on peut
est l’extension en cours d’Aedes albopictus (un moustique vecimaginer un impact sur les dynamiques de populations et le
teur de virus, notamment de Chikungunya et de la dengue),
nombre de générations de vecteurs. Mais les interfaces entre
qui voyage dans des containers, avec des fleurs ornementales
hôtes, vecteurs et pathogènes peuvent également être affectées.
ou dans des pneus de rechapage (36, 47).
L’exercice de prédiction est difficile, tellement les systèmes
Culicoides imicola, un petit moucheron africain vecteur de
pathologiques sont complexes et divers ; pourtant, certains
la fièvre catarrhale ovine, a, quant à lui travesrsé en quelques
exemples permettent d’illustrer ce propos. La transmission
semaines la méditerranée depuis l’Algérie et la Tunisie jusqu’à
du virus de l’encéphalite à tique entre des nymphes infectées
la Corse et les Baléares et, plus récemment, a poursuivi sa
et des larves saines d’Ixodes ricinus est facilitée lorsque les
dissémination jusque dans le département du Var, vraisembladeux stades se gorgent simultanément sur le même rongeur
blement transporté par des vents d’altitude (33). Cet exemple
(35). La chute de température rapide en fin d’automne facilite
est plus troublant. On peut raisonnablement penser que les
sans doute la mise en quiescence des larves à jeun. Ces larves
occasions d’une telle dissémination se sont répétées dans le
exigeant des températures journalières plus élevées que les
passé et alors s’interroger sur cette capacité, semble-t-il nounymphes, les printemps précoces au démarrage brutal permetvelle, de durablement s’installer dans des écosystèmes naïfs,
tent la mise en synchronie des deux stades et la transmission
de s’y multiplier et de survivre aux conditions hivernales du
du virus sans virémie chez l’hôte vertébré (34).
sud de l’Europe (3, 6, 33).
Les changements dans les profils pluviométriques saisonniers
La question d’éventuels changements dans les conditions écopourraient également avoir un impact majeur sur le foncclimatiques locales vient alors naturellement à l’esprit. Les
tionnement de certains systèmes épidémiologiques. C’est le
premières études ont montré la difficulté à confirmer cette
cas par exemple pour la fièvre de la Vallée du Rift, une arbohypothèse par les suivis classiques de tendances climatiques.
virose transmise par différents arthropodes hématophages
Il a alors fallu préciser les contours de l’enveloppe écologique
notamment des moustiques. Parmi eux, des représentants du
de cet insecte, jusque-là décrits uniquement pour les écosystègenre Aedes jouent un rôle très particulier en permettant une
mes africains, et les confronter aux données sur les bioclimats
transmission verticale du virus des femelles à leur descenméditerranéens (31, 32).
dance. De plus, les œufs pondus en marge des zones inondées
Pourtant cette observation ne suffit pas à expliquer l’ampleur
peuvent résister à la dessiccation durant plusieurs années. Ils
de l’épidémie de fièvre catarrhale ovine. L’émergence de malajouent alors le rôle de réservoirs de virus, jusqu’à la prochaine
dies dans des contextes environnementaux inédits réserve en
inondation, lors de laquelle ils émergent en nombre et relaneffet de nombreuses surprises. L’opportunité d’introduction du
cent la circulation virale, avant que d’autres espèces (Culex,
virus par son vecteur traditionnel a donné à d’autres espèces de
Anopheles…) n’amplifient la transmission (8). Cette dynaCulicoides, autochtones celles-ci, l’opportunité de révéler leur
mique est particulièrement nette en Afrique de l’Est, où les
compétence vectorielle (peut être également augmentée par des
pluies anormalement abondantes liées au phénomène El Niño
évolutions des conditions éco-climatiques locales) et leur capamettent en eau de manière occasionnelle des gîtes de ponte
cité à transmettre efficacement les virus de la fièvre catarrhale
bien délimités (les dambos) en marge des cours d’eau princiovine. Dans les faits, plusieurs sérotypes sont maintenant en
paux. Les épidémies de fièvre de la Vallée du Rift apparaissent
progression géographique, dans des zones où Culicoides imiainsi tous les 5 à 12 ans, lors des épisodes El Niño, et sont
cola n’a jamais été repéré (26). Finalement, l’épidémiologie de telles maladies Figure 4.
Changements dans l’intensité des précipitations (a et b) et le nombre de jours sans pluies (c et d)
doit être re-décrite en profondeur dans
selon neuf différents modèles d’évolution climatiques utilisés par l’IPCC (18).
les zones d’émergences, révélant alors
Changes in rainfall intensity (a and b) and number of days without rain (c and d)
souvent la pauvreté de nos connaissanaccording to nine different models of climatic evolution used by the IPCC (18).
ces sur leur écologie.
Saisonnalité, événements climatiques
exacerbés et épidémiologies nouvelles.
L
a saisonnalité est un des éléments
majeurs du climat. En zones tempérées, les conditions de températures
ou d’humidité peuvent être temporairement comparables à celles observées
dans des zones de grandes endémies,
mais les éléments déterminants pour
les maladies, vectorielles en particulier, sont l’alternance saisonnière et les
périodes hivernales (37). Les projections les plus actuelles sur le climat à
moyen terme indiquent très clairement,
pour les zones tempérées, un réchauffement des températures, notamment
nocturnes, une réduction du nombre
Bull Soc Pathol Exot, 2008, 101, 3, 213-219
L’intensité des précipitations est définie comme le total annuel des pluies, divisé par le nombre de jours de pluies. Le nombre de
jours secs est défini comme le nombre maximum de jours consécutifs sans pluies. Les cartes illustrent des simulations pour les 20
prochaines années. (Reproduit avec l’autorisation de l’IPCC)
217
S. de La Rocque & J. A. Rioux
d’autant plus meurtrières qu’elles touchent des populations
peu immunes.
En Afrique de l’Ouest, épargnée par ces événements pluviométriques extrêmes liés à El Niño, la dynamique de la
maladie est très différente. Elle est entretenue à bas bruit par
une activité virale limitée, liée à la mise en eau saisonnière
des vallées et de points d’eaux sahéliens temporaires (5). Des
études récentes menées dans le Ferlo au Sénégal ont montré
que plusieurs émergences d’Aedes pouvaient être observées au
cours de la même saison, pourvu que le régime de pluie alterne
des phases de précipitations et des pauses pluviométriques,
permettant la fluctuation du niveau de l’eau et l’embryogénèse des œufs d’Aedes déposés sur les rives (27). Une telle
dynamique favorise l’endémicité de la maladie et, de fait, les
observations cliniques sont exceptionnelles, chez les hommes,
comme chez les animaux, en dépit de séroconversions avérées
chaque année.
Les projections des changements attendus dans le climat pour
la corne de l’Afrique indiquent que les régimes pluviométriques évolueront vers une situation plus proche de celle
observée en Afrique de l’Ouest (18), avec des précipitations
plus abondantes et courtes, séparées de pauses plus longues
(figure 4). On peut alors avancer que la maladie pourrait circuler plus régulièrement durant les périodes inter-épidémiques
(10, 25). Ce pourrait être le cas également au Yémen et en Arabie saoudite, où la maladie a été introduite en 2000 à la faveur
d’échanges commerciaux de petits ruminants en provenance
de la corne de l’Afrique lors du pèlerinage de la Mecque. Son
extension possible depuis ces zones endémiques vers d’autres
contrées, notamment le long de la vallée du Nil, fait peser un
risque majeur pour toute la zone méditerranéenne.
Conclusion
ment les profils et les fonctionnements épidémiologiques
de bon nombre de maladies. Même une faible augmentation
d’incidence ou de distribution peut avoir des conséquences
dramatiques. Dans les faits, la vulnérabilité des différentes
écozones de la planète est très contrastée. Celle vulnérabilité
est définie dans le rapport du Groupe Intergouvernemental
sur le changement climatique, comme le produit de l’exposition, de la fragilité et de l’adaptabilité. L’Afrique apparaît
alors particulièrement exposée (4), compte tenu de la pression
que sa croissance démographique fait peser sur ses ressources
et les capacités d’adaptation individuelles et institutionnelles
limitées (52). Des options existent pour réduire ces impacts
(51), mais exigent une véritable prise de conscience et une vraie
volonté politique à l’échelle nationale et internationale.
Remerciements
Les auteurs remercient chaleureusement Henri-Noël LE HOUÉROU
pour ses commentaires et apports précieux.
Références bibliographiques
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ans le discours sur l’impact du changement climatique
sur les maladies, on regrettera une tendance à simplifier les mécanismes sous-jacents. Les démonstrations scientifiques sont encore limitées à quelques cas et, même alors,
de nombreux autres facteurs interviennent qu’il est difficile
d’individualiser (9). Néanmoins, en affectant les traits de vie
des pathogènes et de leurs vecteurs, le changement climatique
pourrait augmenter l’exposition des populations humaines
et animales à d’importantes maladies, notamment zoonotiques (30). Les changements se traduiront par une extension
des zones de répartition des vecteurs et éventuellement des
maladies, en altitude ou en latitudes, et une modification des
interfaces avec les populations hôtes, dont les distributions
elles-mêmes risquent de fortement évoluer (18).
En théorie, on peut imaginer que les écozones tempérées
seraient plus vulnérables aux conséquences d’un réchauffement climatique et aux maladies dites tropicales. En particulier,
les ceintures de distributions ou les zones dont les conditions
écologiques sont proches des seuils limitants les cycles de
transmission seraient les plus à risque (19). Il faut toutefois
garder à l’esprit que les réponses des systèmes biologiques aux
changements écologiques ne sont pas linéaires et que des transitions brutales peuvent se réaliser, comme par exemple sous
forme d’introduction de pathogènes nouveaux, déclenchant
des épidémies d’autant plus sévères que les populations sont
naïves. Le cas de la fièvre catarrhale ovine en Europe est, à ce
titre, particulièrement démonstratif, mais d’autres candidats
sont à nos portes.
Plus que de l’évolution de conditions moyennes, il faut attendre un impact majeur des évènements climatiques extrêmes
notamment pluviométriques qui peuvent modifier grande-
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