L'ABÉCÉDAIRE DE LA GRANDE GUERRE
A. Adrian, casque en acier adopté par l'armée française à
partir de l'été 1915 et porté par des millions de soldats.
B. Bleus, surnom des jeunes appelés qui endossèrent à
partir de 1915 la tenue bleu horizon pour remplacer les pantalons
rouge garance. Fleur symbole de la Grande guerre, le bleuet est
déposé chaque 11 novembre sur la tombe du Soldat Inconnu à
l'Arc de Triomphe de Paris.
C.Croix de guerre. Décoration créée le 8 avril 1915. 2
065 000 Croix de guerre, "médaille de bronze pour les braves",
furent décernées durant la guerre.
D. Douaumont. Fort de Verdun, pris par les Allemands le
25 février 1916 et repris par les Français le 24 octobre.
E.Ecrivains tués au front : Alain-Fournier et Charles
Péguy (1914), Louis Pergaud (1915).
F.Force Noire. Surnom donné par le général Mangin aux
tirailleurs sénégalais. Au total, 550 000 soldats de l'Empire fran-
çais combattirent en Europe. 78 000 furent tués.
G. Gueules cassées, surnom que se donnèrent les grands
blessés de la face.
H. Horreur. "J'ai connu l'horreur de l'attente de la mort
sous un tir de barrage inouï" (lettre d'un Poilu à ses parents, le 15
juillet 1916 depuis Verdun).
I.Identification. Ensemble des éléments portés par le sol-
dat pour l'identifier en cas de blessure ou de mort (extrait de son
livret militaire placé dans une poche intérieure de sa capote et 2
plaques d'identité rigoureusement identiques portées autour du
cou).
J. Journaux des tranchées. Petites gazettes de guerre
publiées dans les bataillons ou les compagnies. Apparus dès le
début de la guerre de position, ces journaux étaient le seul lieu
d'expression libre reconnue aux Poilus.
K. Kamerad. Mot par lequel les soldats allemands annon-
çaient qu'ils se rendaient.
L. Lebel. Fusil de calibre 8 mm, du nom de l'inventeur,
qui équipa tous les fantassins français de la Grande guerre.
M. Madelon (La), chanson fétiche des poilus.
N. 11 Novembre, date de l'armistice.
O. Ordre du jour du général Joseph Joffre le 6 septembre
1914, début de la bataille de la Marne. "Au moment où s'engage
une bataille dont dépend le salut du Pays..."
P. Poilu. Surnom hérité du lexique de la Grande Armée de
Napoléon, qui est apparu pendant le rude hiver 1914/1915 au
cours duquel les barbes se multiplièrent, devenant l'emblème du
combattant au front.
Q. Quartier-général. Lieu éloigné du front où se décidait
le sort de milliers d'hommes.
R. Rosalie. Nom donnée par les Poilus à la baïonnette.
S. Singe. Nom donné aux 300 grammes de viande assai-
sonnée en boîte de conserve, souvent la seule nourriture au front
avec les 540 grammes de pain de guerre, dit "pain de munitions".
T. Tranchées. Ouvrages militaires construits par les sol-
dats et lieux de vie et de mort. Apparues dès la fin de l'année 1914
jusqu'en juillet 1918, sur les centaines de km du front de la mer du
Nord aux Vosges.
U. Union sacrée. Terme employé pour la première fois le
4août 1914 par le président Poincaré dans un message au
Parlement, au lendemain de la déclaration de guerre : "La France
sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera,
devant l'ennemi, l'Union sacrée".
V.Verdun. Bataille symbole de la Grande Guerre, de
février à décembre 1916.
W. Wagon de Rethondes, en forêt de Compiègne, où fut
signé l'armistice le 11 novembre 1918.
X. Soldat X, retrouvé mort sur le champ de bataille et non
identifié. Choisi au hasard parmi 8 cercueils anonymes renfermant
chacun les restes d'un soldat inconnu retrouvé sur les 8 grands
champs de bataille, il a été inhumé en janvier 1921 sous l'Arc de
Triomphe.
Y.Ypérite. Nom donné à un gaz de combat, en référence
àla région d'Ypres (Belgique) où il fut utilisé pour la première fois
par les Allemands le 22 avril 1915.
Z. Zelle (Margaretha), dite Mata Hari, danseuse et aven-
turière néerlandaise, convaincue d'espionnage en faveur de
l'Allemagne, fusillée en 1917 au fort de Vincennes.
LETTRE DE POILUS
Je te reconnais, Deverdeux qui a été tué à côté de moi
devant la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Ne t'in-
quiète pas, je te vois. Ton front est là-bas sur cette colline posé sur
lefeuillage des yeuses, ta bouche est dans ce vallon. Ton œil qui
ne bouge plus se remplit de poussière dans les sables du torrent.
Ton corps crevé, tes mains entortillées dans tes entrailles, est
quelque part par là-bas dans l'ombre, comme sous la capote que
nous avons jetée sur toi parce que tu étais trop terrible à voir et que
nous étions obligés de rester près de toi car la mitrailleuse égali-
sait le trou d'obus au ras des crêtes.
Je te reconnais, Marroi qui a été tué à côté de moi devant
la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Je te vois
comme si tu étais encore vivant, mais ta moustache blonde est
maintenant ce champ de blé qu'on appelle le champ de Philippe.
Jete reconnais, Jolivet qui a été tué à côté de moi devant
la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Je ne vois pas
car ton visage a été d'un seul coup raboté et j'avais des copeaux de
ta chair sur mes mains, mais j'entends, de ta bouche inhumaine, ce
gémissement qui se gonfle et puis se tait.
Je te reconnais, Veerkamp qui a été tué à côté de moi
devant la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Tu es
tombé d'un seul coup sur le ventre. J'étais couché derrière toi. La
fumée te cachait. Je voyais ton dos comme une montagne.
Je vous reconnais tous et je vous revois, et je vous
entends. Vous êtes là dans la bruine qui s'avance. Vous êtes dans
ma terre. Vous avez pris possession du vaste monde. Vous m'en-
tourez. Vous me parlez. Vous êtes le monde et vous êtes moi. Je ne
peux pas oublier que vous avez été des hommes vivants et que
vous êtes morts, qu'on vous a tués au grand moment où vous cher-
chiez votre bonheur…
JEAN GIONO Refus d'obéissance
LE 11 NOVEMBRE 1918, L'ARMISTICE
En octobre 1918, le maréchal Foch, commandant en chef
des armées alliées, fut chargé de signifier au haut Commandement
ennemi que si celui-ci sollicitait un armistice. Ses plénipotentiai-
res devaient se présenter le 7 novembre à 8 heures, aux avant-pos-
tes français, sur la route ce Chimay à La Capelle (Aisne).
Vers midi, les plénipotentiaires ne sont pas au rendez-
vous. A 17 heures, précédé d'un trompette qui porte un drapeau
blanc, un lieutenant d'Etat-major ennemi fait son apparition sur un
magnifique cheval lustré : il annonce l'arrivée des émissaires retar-
dés par le mauvais état des routes. Les soldats français, crottés et
boueux mais muets, contemplent avec étonnement le spectacle.
Vers 20 heures, à La Capelle, les militaires français attendent la
délégation ennemie qui arrivent et descendent de voiture. Grand,
d'attitude froide et digne, le général major royal prussien von
Winterfeld, attaché militaire à l'Ambassade d'Allemagne avant la
guerre, se nomme, explique les causes du retard et s'en excuse
dans un français impeccable.
Les plénipotentiaires entrent dans une villa qu'occupe le
commandant depuis son arrivée matinale. Marque du destin sans
doute, sur le mur de la pièce se trouve un grand portrait de
Napoléon III en tenue de général. Les émissaires abandonnent les
voitures ornées de l'aigle impérial et montent dans des voitures
françaises. Le convoi démarre pour gagner le Quartier général de
l'Armée établi à Homblières. Vers 23 heures, le convoi arrive à
destination. Le lendemain vers 4 heures du matin, les plénipoten-
tiaires sont amenés à la gare de Tergnier où stationne un train spé-
cial aménagé à leur intention. La délégation allemande chargée de
négocier un armistice quitte aussitôt Tergnier et le train prend la
direction de Rethondes, petite bourgade de l'Oise.
Le Maréchal Foch a choisi un lieu de rencontre à l'abri de
tous les regards indiscrets, là où stationnent sur un épi ferroviaire,
le train de la délégation française arrivé de Senlis et celui de la
délégation allemande.
Le 9 novembre à 9 heures précises, lecture est faite des
conditions de l'Armistice. Le 11 novembre à 5 heures 15, l'armis-
tice est signé. Le son du clairon retentit sur tous les points du front
àla 11ème heure, le 11ème jour du 11ème mois. Au front alternent des
scènes d'émotion, de joie et de fraternisation à l'annonce du ces-
sez-le-feu. La liesse déferle sur la France, tandis que retentissent
les coups de canon que Georges Clemenceau a ordonné de tirer.
AuPalais Bourbon, à 16 heures, Clemenceau lit les conditions
d'armistice, salue l'Alsace et la Lorraine et rend hommage à la
Nation. Après 52 mois de combats meurtriers, cessait la plus gran-
detragédie de l'Histoire.
COMMUNIQUÉ DU GÉNÉRAL PÉTAIN AU SOIR DE
LA SIGNATURE DE L'ARMISTICE DE COMPIÈGNE
(11 NOVEMBRE 1918)
Au52ème mois d'une guerre sans précédent dans l'histoi-
re, l'armée française avec l'aide des Alliés a consommé la défaite
de l'ennemi.
Nos troupes, animées du plus pur esprit de sacrifice, don-
nant pendant quatre années de combats ininterrompus l'exemple
d'une sublime endurance et d'un héroïsme quotidien, ont rempli la
tâche que leur avait confiée la Patrie. Tantôt supportant avec une
énergie indomptable les assauts de l'ennemi, tantôt attaquant elles-
mêmes et forçant la Victoire, elles ont, après une offensive décisi-
vedequatre mois, bousculé, battu et jeté hors de France la puis-
sante armée allemande et l'on contrainte à demander la paix.
Toutes les conditions exigées pour la suspension des hostilités
ayant été acceptées par l'ennemi, l'armistice est entré en vigueur,
ce matin, à 11 heures.
PHILIPPE PETAIN
L'ORDRE DU JOUR DE LA VICTOIRE
(12 NOVEMBRE 1918)
Retranscription de l'ordre du jour adressé aux armées
alliées par leur général en chef, le maréchal Foch, au lendemain de
la signature de l'armistice de Compiègne.
Officiers, Sous-officiers et Soldats des Armées Alliées,
Après avoir résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des
mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit.
Vous avez gagné la plus grande bataille de l'Histoire et
sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers.
D'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La
postérité vous garde sa reconnaissance.
Le maréchal de France, Commandant en chef les Armées Alliées,
FERDINAND FOCH
11Novembre 2008 L’ILLUSTRATION 9
PHILIPPE PÉTAIN (1856-1951)
A 14 ans, il décide d'être soldat et entre à Saint-Cyr en 1876. Il est affecté comme sous-lieu-
tenant au 24ème bataillon de chasseurs à pied de Villefranche (Alpes-Maritimes). Il est admis en 1888
àl'École Supérieure de Guerre. Promu capitaine la même année, il est affecté à l'état-major du 15ème
corps d'armée à Marseille puis à l'état-major du gouverneur de Paris, aux Invalides. En 1900, il est
promu chef de bataillon et nommé instructeur à l'École normale de tir de Châlons-sur-Marne. Promu
colonel le 31 décembre 1910, il quitte l'École de guerre et prend le commandement du 33ème régi-
ment d'infanterie à Arras, où le sous-lieutenant Charles de Gaulle est affecté à sa sortie de Saint-Cyr.
Là se produira leur première rencontre, le 8 octobre 1912.
Enjuillet 1914, le colonel Pétain a 58 ans et s'apprête à prendre sa retraite. Lorsqu'éclate la
Première Guerre mondiale, il prend la tête de la 4ème brigade d'infanterie et se distingue en Belgique,
dans la province de Namur. Promu général de brigade le 27 août 1914, il reçoit le commandement de
la 6ème division qui atteint le canal de l'Aisne, après la victoire de la Marne. Le 14 septembre, il est
nommé général de division et prend officiellement le commandement du 33ème corps d'armée avec
lequel il réalise des actions d'éclat, notamment dans les batailles de l'Artois en 1915, en se montrant
soucieux d'épargner la vie de ses hommes. En février 1916, lorsque les Allemands déclenchent leur
offensive sur Verdun, Pétain est désigné par Joffre pour prendre le commandement de ce front et orga-
niser la défense aérienne et terrestre. Il parvient, en quelques jours, à stabiliser la situation et met en
place une noria continue de troupes, de camions de munitions et de ravitaillement sur la petite route
de Bar-le-Duc à Verdun. Unanimement reconnu comme "le vainqueur de Verdun", il ne reste que 2
mois sur ce front avant d'être remplacé par le général Nivelle.
La bataille du Chemin des Dames, déclenchée le 16 avril 1917, se solde rapidement par un
échec très coûteux en vies humaines. Le mécontentement des soldats gronde et des refus collectifs
d'obéissance se manifestent dans de nombreuses unités. Nivelle est remplacé par Pétain qui est
nommé, le 15 mai 1917, commandant en chef des armées françaises. En octobre 1917, il reprend aux
Allemands, grâce à des offensives à objectifs limités et ne gaspillant pas la vie des soldats, une par-
tie du terrain perdu du Chemin des Dames (le fort de la Malmaison).
Bénéficiant d'une popularité considérable à la fin du conflit, véritable légende vivante,
Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France et reçoit le 8 décembre 1918 son bâton étoilé des
mains du président Poincaré. Le 17 mai 1940, Pétain, qui a 84 ans, est rappelé d'urgence par Paul
Reynaud pour occuper le poste de vice-président du Conseil dans son gouvernement. Des centaines
de milliers de Français et de Belges prennent les routes de l'exode pour fuir les troupes allemandes.
Le 16 juin, Reynaud présente la démission de son gouvernement et propose de confier la Présidence
du Conseil au maréchal Pétain, considéré par beaucoup comme l'homme providentiel. Jusqu'en 1940,
Pétain était avant tout un soldat. Après 1940, il doit gouverner au lieu de commander. Le 17 juin, il
annonce aux Français son intention de demander l'armistice après avoir été approuvé par le Conseil
des ministres et le président de la République, Albert Lebrun. Le 29 juin, le gouvernement s'installe
àVichy où, le 10 juillet, une loi votée par les 2 assemblées confie au Maréchal les pleins pouvoirs
avec pour mission la promulgation d'une nouvelle constitution. Dès lors commence la période la plus
controversée de sa vie. Son choix collaborationniste exclut toute rébellion ou simple protestation
contre les exactions de l'occupant et implique au contraire de dénoncer tous les actes de résistance
intérieure ou extérieure et les opérations alliées contre des civils comme des "crimes terroristes".
Traduit devant la Haute Cour de justice, son procès débute le 23 juillet 1945 et s'achève le
15 août en le déclarant coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Il est condamné à
mort, à la dégradation nationale et la confiscation de tous ses biens. Mais la Haute Cour demande la
non-exécution de la sentence, eu égard à son grand âge. Le général de Gaulle accède à cette deman-
de et commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité. Interné au fort de Pourtalet, dans
les Pyrénées, il est transféré au fort de la Citadelle, sur l'île d'Yeu, en novembre 1945. Il y décède le
23 juillet 1951, à l'âge de 95 ans.
ÉMILE FAYOLLE (1852-1928)
Fayolle étudia à l'Ecole polytechnique. Il fait carrière dans l'artillerie et enseigne les tac-
tiques d'artillerie à l'Ecole supérieure de guerre (1897). Promu général de brigade en 1910, il prend
sa retraite en 1914. Après la déclaration de guerre, Fayolle est rappelé et placé à la tête de la 70ème
division. Sa carrière fait de rapides progrès. Il est nommé général de division en 1916. En février
1916, Fayolle, alors à la tête d'un corps d'armée, est nommé au commandement de la 6ème armée
française. Durant l'été 1916, les offensives dans la Somme qu'il mena obtinrent peu de succès.
Transféré à la tête de la 1ère armée au début de 1917, Fayolle obtint le commandement du Groupe
d'armées du centre lors du remplacement de Nivelle par Pétain en mai.
Le 16 novembre 1917, Fayolle est nommé Commandant supérieur des troupes françaises en
Italie et est envoyé à la tête de 6 divisions pour renforcer le front italien après le désastre de
Caporetto. Il reste en Italie jusqu'en mars 1918, date à laquelle il est rappelé pour commander le
Groupe d'armées de réserve. Ces 55 divisions jouèrent un rôle important lors de la grande attaque
allemande de mars 1918. Victorieux lors de la 2ème bataille de la Marne, le groupe d'armées fut au
centre du front lors de l'offensive alliée de l'automne 1918. Après la guerre, il est nommé en 1920 au
Conseil supérieur de la Guerre. Le titre de Maréchal de France lui est décerné le 19 février 1921.
Fayolle décède le 27 août 1928. Son corps repose aux Invalides.
WOODROW WILSON (1856-1924)
Woodrow Wilson est le 28ème président des Etats-Unis. Le 4 août 1914, il déclare la neu-
tralité américaine dans le conflit. Victime de la reprise de la guerre sous-marine à outrance menée par
les Allemands (elle avait été suspendue après la mort d'une centaine de citoyens américains dans le
torpillage du paquebot Lusitania, le 7 mai 1915) et indigné par les manœuvres allemandes pour
entraîner le Mexique dans une guerre contre les Etats-Unis, le président Wilson demande au Congrès
le droit d'entrer en guerre contre l'Allemagne, demande approuvée le 6 avril 1917. Le 18 mai, il réta-
blit le service militaire obligatoire aboli depuis la fin de la guerre de Sécession. Wilson organise l'ef-
fort de guerre et fournit aux Alliés une aide matérielle et militaire. En octobre 1918, 2 millions de sol-
dats américains sous le commandement de Pershing auront débarqué pour combattre en France.
Le 8 janvier 1918, dans un discours au Congrès, il formule un programme en 14 points défi-
nissant les objectifs de paix. Ce programme prône la fin du colonialisme, l'abandon des obstacles éco-
nomiques entre les nations, la garantie de la liberté des mers, l'autodétermination des peuples et la
création d'une Société des Nations. Des points de son programme serviront de base au Traité de
Versailles de 1919. Après la guerre, il œuvre à la réconciliation des pays européens, ce qui lui vaut le
prix Nobel de la paix. Il décède à Washington le 3 février 1924.
ERICH LUDENDORFF (1865-1937)
Cadet à l'école de Plœn puis de Lichterfeld de 1877 à 1882, il est nommé sous-lieutenant et
entre à l'Académie de guerre de Berlin. Capitaine en 1895, il est affecté à l'état-major de 1908 à 1912.
Il participe à l'élaboration du plan d'invasion de la France, sous les ordres de Schlieffen et de Moltke.
Promu chef de bataillon en 1900, lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1911, il prend le comman-
dement de la 85ème brigade d'infanterie à Strasbourg, en avril 1914 .En août 1914, il prend une part
active à la prise de Liège lors de l'invasion de la Belgique. Cette action lui vaut d'être nommé chef
d'état-major général le 21 août 1914, puis, par la victoire de Tannenberg, chef d'état-major général
d'Hindenburg, commandant en chef. Il succède à Falkenhayn comme chef d'état-major général des
armées allemandes, à l'été 1916.
Il est l'un des principaux négociateurs du traité qui enlève à la Russie de nombreux territoi-
res dont la Pologne, les Pays baltes, la Finlande et l'Ukraine. Ses grandes offensives sur le front ouest,
au printemps 1918, en dépit des violents combats qui en résultent, ne peuvent cependant empêcher la
défaite allemande. Il se tourne fin septembre vers le gouvernement pour qu'une demande d'armistice
soit déposée. Se rétractant finalement, il démissionne en octobre 1918 et se réfugie en Suède, rejetant
la responsabilité de la défaite sur les autorités civiles. De retour en Bavière au printemps 1919, il s'in-
vestit dans la politique, se rapprochant des nationaux-socialistes et soutenant Adolf Hitler lors de sa
tentative de putsch en 1923. Élu député au Reichstag en mai 1924, il se présente aux élections prési-
dentielles de mars 1925, remportées par Hindenburg. En 1935, il refuse l'offre d'Adolf Hitler de l'é-
lever à la dignité de maréchal. Il décède en Bavière le 20 décembre 1937.
DOUGLAS HAIG (1861-1928)
Douglas Haig fait ses classes en Inde, en 1886, où il conquiert ses premiers galons. Il est
ensuite envoyé au Soudan (1898) avant de prendre part à la guerre des Boers (1899/1902). Promu au
rang de colonel, Haig retourne en Inde en 1903, où il assure diverses fonctions administratives auprès
de Lord Kitchener. Douglas Haig devient le plus jeune Major-Général de l'armée britannique lorsqu'il
est nommé directeur de Formation militaire en 1906, au ministère de la Guerre. Général de corps d'ar-
mée en 1914, il reçoit le commandement du 1er Corps d'armée en France et en Belgique où il s'illus-
tre au cours des combats de Mons et d'Ypres. Après février 1916, il subit les pressions de l'état-major
français pour accélérer les préparatifs de l'offensive prévue sur la Somme et créer ainsi une diversion
au front de Verdun.
Lancé avec ses troupes dans les combats de la bataille de la Somme, de juillet à novembre
1916, il participe activement à la percée alliée du front sur 12 km, opérations qui occasionnent une
perte de 420 000 soldats anglais et lui vaudront le surnom de "boucher de la Somme", puis aux
assauts sanglants autour de Passchendaele en 1917 (3ème bataille d'Ypres) qui lui permettront d'ob-
tenir le bâton de Maréchal et d'être désigné par Pershing comme "l'homme qui a gagné la guerre". En
1918, Douglas Haig est l'artisan de la victoire anglaise sur les fronts de la Somme et de l'Aisne.
Membre du Conseil militaire d'armistice réuni à Senlis par Foch, il donne son assentiment aux condi-
tions militaires d'un armistice. Ses coûteux succès militaires lui vaudront après-guerre des critiques
de la part de David Lloyd George, Premier Ministre britannique et de la presse britannique qui qua-
lifieront le 1er juillet 1916 de "jour le plus sanglant pour l'armée britannique". Il décède à Londres en
1928. Ses obsèques donneront lieu à une cérémonie nationale.
JOHN PERSHING (1860-1948)
A 22 ans, John Pershing entre à l'Académie militaire de West Point. A sa sortie en 1886, il
suit une carrière militaire classique : sous-lieutenant en Arizona, professeur de science militaire et de
tactique à l'Université du Nebraska (1891) où il étudie également le droit. Lieutenant à Washington
(1897), il participe à la guerre de Cuba, puis à la répression de l'insurrection des Moros aux
Philippines. En 1901, le capitaine Pershing est attaché militaire à Tokyo et suit de près la guerre
russo-japonaise. En 1906, il est nommé général de brigade et remplit une nouvelle mission aux
Philippines avant de faire un séjour en Europe où il étudie le français. En 1914, il participe à la répres-
sion de la révolte de Pancho Villa au Mexique. Le 10 mai 1917, le président Wilson le charge de com-
mander le Corps expéditionnaire américain en Europe.
Le 13 juin 1917, le général Pershing arrive à Paris. Treize jours plus tard, les premières trou-
pes américaines débarquent à Saint-Nazaire. Jusqu'au 11 novembre 1918, le général Pershing n'aura
de cesse de créer sur le front français une grande armée américaine autonome. Pershing quitte la
France le 1er septembre 1919. Au lendemain de la guerre, Pershing est nommé Commandant en chef
de l'état-major des armées américaines. John Pershing décède le 15 juillet 1948 et est inhumé au
cimetière national d'Arlington.
LLYOD GEORGE (1863-1945)
Après avoir travaillé dès l'âge de 15 ans à Liverpool dans les bureaux d'un avocat membre
du parti libéral, Llyod George mena avec succès des études de droit (1884) et ouvrit un cabinet. Sa
jeunesse difficile le poussera, tout au long de sa vie, à vouloir améliorer le sort des gens du peuple
aux dépens de ceux qu'il appelle " les ducs ".
Rejoignant le parti libéral, il montra très vite son aptitude à la politique en étant élu, en 1890,
député de Caernarfon, dans le nord du Pays de Galles. En 1905 il entre au nouveau cabinet libéral de
Sir Henry Campbell-Bannerman comme président du conseil du commerce puis devint ministre des
finances de 1908 à 1915. Il introduit les pensions de vieillesse et est un des initiateurs de ce qu'on
appelle aujourd'hui l'Etat Providence qui est finalement rejeté par la chambre des Lords. Une loi de
1911pose ensuite le veto des Lords comme temporaire, suite à ce refus.
Considéré comme pacifiste jusqu'en 1914, Lloyd George change de position quand la Première
Guerre mondiale éclate et devient en 1915 le ministre aux Munitions, poste nouvellement créé, puis
secrétaire à la Guerre en 1916. Il s'efforce de mobiliser l'ensemble des forces dans le conflit.
Au cours de la guerre, les libéraux et les conservateurs participent ensemble au gouverne-
ment, mené par le libéral Herbert Asquith. Mais les conservateurs imposent son remplacement. Le 11
décembre 1916, Lloyd George lui succède, entraînant ainsi la scission du parti libéral. Il dirige le pays
pendant le reste de la guerre et représente le Royaume Uni à la conférence de la paix de Versailles se
heurtant à la fois au Premier ministre français Clémenceau et au président des Etats Unis Woodrow
Wilson. Lloyd George veut punir l'Allemagne politiquement et économiquement mais sans aller
comme le souhaiterait Clemenceau jusqu'à anéantir sa puissance.
11Novembre 2008 L’ILLUSTRATION 8
Le 11 novembre 1918 à 7h30 au moment où le Maréchal Foch
part pour Paris remettre au gouvernement français
le texte de l’Armistice qui vient d’être signé avec l’Allemagne