Prix du Numéro : Un Euro. MARDI 11 NOVEMBRE 2008 166eAnnée. N° 8641.
L’ILLUSTRATION
LES SOLDATS DE FOCH
VERNEUIL SE SOUVIENT
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11Novembre 2008 L’ILLUSTRATION 2
Cette année commémore le 90ème anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918. Un évé-
nement qui doit tout à la fois marquer la volonté de tous de ne pas oublier le sacrifice de millions
d'hommes et de femmes. Au delà de cette commémoration officielle, cet anniversaire donne l'occa-
sion aux villes telle que Verneuil de préparer un évènement susceptible d'offrir à ses habitants l'op-
portunité de renouer avec le passé et le patrimoine de leur lieu de résidence. De nombreux jeunes ver-
noliens ont laissé leur vie dans les combats. Un lourd sacrifice qu'il faut savoir assumer et faire par-
tager à tous ceux qui ont aujourd'hui la chance de vivre sur ces terres que les soldats ont quitté pour
les défendre. Ce sacrifice doit être connu et partagé pour que chacun, dans l'histoire de la cité, retro-
uve de nouvelles racines en s'appropriant cette mémoire. L'organisation de cet anniversaire veut ten-
dre vers cela : rapprocher les anciens et les nouveaux habitants, évoquer l'histoire et faire comprend-
re à tous que l'histoire des anciens est désormais aussi la notre.
Lorsque fut décrété l'ordre de mobilisation générale, en pleine moisson, le 2 août 1914, des
centaines de milliers de Français furent appelés à prendre les armes afin de défendre le territoire
national. A Verneuil comme dans l'immense majorité du pays, ces hommes vivaient du travail de la
terre. Défendre une terre que l'on savait nourricière, au gré des intempéries et malgré la dureté du
labeur, était dans la nature même d'un peuple paysan. Héritiers d'une longue tradition rurale, ils ne
s'imaginaient pas, pour les plus chanceux d'entre eux, qu'ils ne moissonneraient plus leurs champs,
qu'ils ne vendangeraient plus leurs vignes avant 1919. Lorsque retentit le Cessez le feu sur le front le
11 novembre 1918, ces ruraux rescapés de l'enfer, soldats depuis plus de 4 ans, purent enfin abandon-
ner leurs tranchées.
LaPremière Guerre mondiale marqua une catastrophe sans précédent dans l'histoire du
monde et se traduisit par une "grande saignée" dont l'Europe mettra des années à se remettre. Des
villages écrasés et mêlés à la terre, des villes dévastées par le feu, une terre retournée par un inces-
sant pilonnage, des vies anéanties, civiles ou militaires, des êtres humains déchiquetés, gazés, défi-
gurés, des disparus et des morts de toutes nationalités, Français, Allemands, Russes, Autrichiens,
Anglais, Belges, Serbes, Italiens, Canadiens… Le conflit a fait 8 millions de morts dont 1,3 million
deFrançais : soit en moyenne 900 morts français par jour. Des millions de combattants ont été très
sérieusement blessés et mutilés, parmi eux, les "Gueules cassées".
Aujourd'hui rappeler ces heures, c'est non seulement rendre hommage à nos anciens allant
jusqu'au sacrifice suprême, mais c'est aussi transmettre leur souvenir vers les nouvelles générations.
La jeunesse de Verneuil ne doit pas oublier qu'elle doit à ceux qui affrontèrent l'enfer des tranchées
etl'horreur des combats, de vivre dans un pays libre et souverain. La France et Verneuil conserve pré-
cieusement le souvenir de ceux qui restent dans l'Histoire comme les Poilus de la Grande Guerre. A
cet effet, je souhaitais remercier les enseignants de l'école La Garenne pour avoir amené leurs élèves
de CM2 à "redonner vie" à ces soldats vernoliens, à restituer leur mémoire individuelle et aborder
ainsi l'étude du conflit sous un autre angle.
Cet anniversaire est également l'occasion de créer et diffuser ce journal spécial : l'illustra-
tion 2008, sur le modèle du journal de l'époque. Il rappelle les événements, l'histoire de Verneuil lors
de la Grande guerre et le programme mis en place pour les manifestations du 11 novembre 2008. Ce
journal est dédié aux jeunes Vernoliens morts pour la France qu'on avait surnommé affectueusement
Poilus
PHILIPPE TAUTOU, Maire de Verneuil, Conseiller général des Yvelines
11 NOVEMBRE 1918...11 NOVEMBRE 2008...
90 années séparent ces deux dates, 90 années qui ont vu l'avènement de l'an 2000, l'avancée
considérable de la science, l'arrivée des nouvelles technologies avec leur éventail de progrès dans
tous les domaines, le mieux vivre mis peu à peu à la portée de chacun, tout cela dans un espoir de
paix et de douceur de vivre.
Hélas, il est un domaine où cela n'aura servi à rien puisque la folie meurtrière des hommes
n'a jamais faiblie quand même elle n'a pas été exacerbée. Chaque jour, à travers le monde, au fil des
époques, et malgré la volonté affichée de certains, de nombreux conflits éclatent, plus ou moins
longs, toujours meurtriers avec leur cortège de victimes, d'horreurs et de deuils. La guerre appelle la
guerre...
Paradoxalement, ces évènements ont une vertu : celle de nous permettre de ne pas oublier
ceux qui avant nous ont lutté, au péril de leur vie, pour la défense de la liberté et de la paix.
En ce 11 novembre 2008, notre pensée va tout naturellement vers ceux qui voici presque un
siècle, plongés dans la tourmente de ce qu'on appelle la Grande Guerre, se sont battus jusqu'au sacri-
fice suprême, au service de la Patrie. Notre devoir d'Anciens combattants est, en ce jour anniversai-
re, de nous souvenir, d'honorer et de perpétuer la mémoire de nos valeureux Poilus.
ALBERT POTIER, président du comité local de la FNACA
Rendre hommage aux Poilus de la Grande Guerre, c'est faire comprendre, reconnaître et par-
tager aux générations d'aujourd'hui les valeurs d'antan auxquelles nos aïeux ont sacrifié leur vie. Des
valeurs qu'il convient de ne pas oublier, mais bien plus, de perpétuer : sans cet élan de tous, sans leurs
volontés profondes et sans leurs sacrifices qu'en serait il de la liberté ?
Les Poilus, soldats de toutes origines, d'obédiences ou de confessions, issus de toutes les
couches sociales, d'appartenances politiques les plus diverses, furent par leur diversité le ciment de
l'unité nationale et les figures emblématiques d'une France qui ne s'avoue jamais vaincue. Ils n'étaient
pas nés pour être des héros, mais tout simplement ils ont pensé que le service de la France justifiait
tous les sacrifices.
La volonté, l'abnégation, le courage, dans les pires des conditions, de tous ces hommes qui
tracèrent la route de nos libertés, au prix de leurs vies imposent le respect. Oublier leur sacrifice, ne
serait ce pas les faire mourir une seconde fois ?
Aujourd'hui, 90 ans après que à onze heures, ce onzième jour du onzième mois 1918 où
enfin le clairon sonna la fin des combats, que reste-t- il de ces millions d'hommes et de femmes tom-
bés aux champs d'honneur ?
La nature a repris ses droits, effaçant tranchées et champs de bataille et demeurent, maintenant, en
souvenir de ces soldats les vastes cimetières et nécropoles, les monuments à la mémoire des grands
événements du conflit. Et surtout dans chacun de nos villes et villages les monuments aux morts où
sont gravés à jamais les noms de chaque citoyen mort pour la France. Il n'est pas une famille qui,
parmi les grands parents ou arrières grands parents, ne soit concerné par ce conflit qui mobilisa plus
de 8 millions de jeunes.
C'est en leur mémoire, c'est en leur offrant quelques minutes de pensée en ces jours de com-
mémoration du 90ème anniversaire de l'armistice que nous pouvons tous ensemble faire barrière
contre l'oubli.
JEAN-PAUL FREJABUE, président des associations Souvenance
et des Flammes de la Mémoire
LAGRANDE GUERRE : UN TITRE EFFRAYANT !
Il ne reste malheureusement en France aucun valeureux Poilu pour narrer ces 4 années hor-
ribles et nous expliquer son quotidien. De 1914 débutée par le lancinant tocsin au milieu de l'été
joyeux, aux envolées magnifiques des cloches de nos villes et nos campagnes de novembre 1918,
seuls les livres, les films ou les photos témoignent maintenant de cette tragédie.
Chaque talus et chaque colline de la Marne en 1914, de l'Artois en 1915, de Verdun, de la
Somme en 1916, du Chemin des Dames, d'Ypres en 1917, de la Picardie, des Flandres, de la
Champagne en 1918, résonnent douloureusement dans notre mémoire.
Mais plus aucun fantassin, aucun cuirassier, aucun artilleur, aucun aviateur, aucun sapeur,
aucun marin ou aucun dragon pour nous commenter ces moments meurtriers.
Nos anciens espéraient que ce conflit absurde serait le dernier. Malheureusement la suite des
événements a anéanti leur espérance. C'est pour cette raison que nous devons garder en mémoire l'im-
mense sacrifice consenti par chaque foyer français durant cette période. Ces foyers ont offert leurs
pères, leurs fils pour que la France reste debout ! Honorons-les comme il se doit par notre attitude et
le refus de l'oubli.
Ne devenons pas indifférents. Rendons également un hommage appuyé à la jeunesse mon-
diale engagée dans ce désastre, au delà de l'uniforme revêtu. Elle a souffert dans sa chair de l'idiotie
et de l'indifférence des dirigeants de l'époque. Cette jeunesse est devenue le laboratoire d'un nouveau
style de guerre, la guerre industrielle. Finis les conflits chevaleresques, place à la boucherie aveugle
et aux immenses profits des marchands de mort.
Si la construction de l'Europe a éloigné le risque d'un conflit majeur à nos portes, n'oublions
jamais que d'autres périls plus pernicieux nous guettent, le terrorisme pour ne citer que celui-là. Ne
négligeons aucun moyen pour lui résister. Gardons intactes nos valeurs et trans-
mettons aux jeunes générations le mot magnifique érigé en style de vie par les Poilus ''Patriotisme''.
Le souvenir de nos anciens et la force de leurs engagements doivent être nos modèles face
àtous les extrémismes. Ayons confiance dans notre jeunesse, mais sachons lui faire partager les
valeurs qui furent celles de leurs aînés.
JEAN-CLAUDE CHARBAULT, président du comité local de l'UNC
LA GRANDE GUERRE
FORCES EN PRÉSENCE
La Triple Alliance est conclue en 1882 entre l'Allemagne,
l'Autriche-Hongrie et l'Italie. Mais en 1914, l'Italie reste finale-
ment neutre et change même de camp en 1915. Deux pays entrent
en guerre aux côtés des Empires Centraux : l'Empire Ottoman
(1914) et la Bulgarie (1915).
La Triple Entente se construit entre 1893 et 1907 et réunit
laFrance, la Russie et l'Angleterre. D'autres pays rejoignent au
cours du conflit ceux qu'on appelle aussi les Alliés : Serbie,
Belgique et Japon (1914), Italie (1915), Roumanie et Portugal
(1916), Grèce et Etats-Unis (1917).
C’est l’heure de la mobilisation. Les Poilus partent au front.
Un escadron de cavalerie attend l’ordre d’intervenir.
Les taxis de la Marne en route pour le conflit.
CHRONOLOGIE DES ÉVÈNEMENTS
1914. C'EST LA GUERRE
Les peuples slaves, soutenus par la Russie, s'opposent à la
domination austro-hongroise.
Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand, héritier
du trône d'Autriche-Hongrie, est assassiné à Sarajevo par de jeu-
nes nationalistes serbes. En représailles à ce meurtre, Vienne
adresse un ultimatum à la Serbie le 23 juillet et lui déclare la guer-
re le 28. Le 1er août 1914, l'Allemagne et la France se mobilisent.
Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. En quelques
jours, le jeu des alliances plonge toute l'Europe dans la guerre. Le
4août, le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne. Sur le
front ouest, les armées françaises, belges et britanniques reculent
tout l'été face à l'offensive allemande. Sur le front est, les troupes
russes sont défaites par Hindenburg. Des 2 côtés, on envisage une
guerre offensive mais avec des stratégies opposées.
Le Plan Schlieffen, côté allemand, prévoit l'écrasement
de la France en 6 semaines après l'invasion de la Belgique en s'ap-
puyant sur la puissance de l'artillerie.
Le Plan Joffre, au mépris de l'artillerie, compte sur l'enthousiasme
des fantassins pour couper l'armée allemande en 2 lors d'une offen-
sive en Lorraine et en Alsace. Les Français, rouge garance et gris
de fer bleuté, se jettent dans la fournaise et se heurtent à un mur
mortel de balles de mausers et d'obus. C'est une véritable hécatom-
be humaine. La guerre courte, fraîche et joyeuse appartient désor-
mais au passé. Premiers succès des armées allemandes qui percent
au nord de la France et se dirigent vers Paris. Mais l'aile droite alle-
mande expose son flanc à une contre-offensive française lors de la
bataille de la Marne (5 au 10 septembre. 1914). L'armée française
arrête les Allemands sur les bords de la Marne, à quelques dizai-
nes de kilomètres de Paris. L'épisode célèbre des "taxis de la
Marne" voit les voituriers parisiens transporter les Poilus jusqu'au
champ de bataille. Les Français repoussent les Allemands jusqu'à
l'Aisne.
Cette première grande victoire française est liée en gran-
de partie à l'action de l'armée qui a réussi à bloquer, aux alentours
de Verdun, l'avancée de l'armée impériale du Kronzprinz. Si ce
dernier était parvenu à atteindre Bar-le-Duc, alors la route de Paris
eût été ouverte et la bataille de la Marne perdue.
A l'évidence, le rôle de pivot de la place de Verdun au cours de
cette bataille a rendu la victoire possible. Dès la fin de l'automne,
les 2 armées s'enterrent dans des tranchées fortifiées, protégées de
sacs de sables, de réseaux de barbelés et reliées entre elles par des
boyaux, le long d'un front continu de la Mer du Nord à la Suisse.
Désormais, les armées françaises et allemandes sont
condamnées à mener une guerre différente de celle qu'elles avaient
imaginée au départ.
1915. APPRENDRE À VIVRE DANS LES
TRANCHÉES
La vie dans les tranchées est terrible. L'humidité, les
poux, les maladies, le froid, la faim et surtout la boue font corps
REMERCIEMENTS
Ministère de la Défense/SGA
Le général de corps d'armée, Jean Combette, président du Comité de la Flamme sous l'Arc de Triomphe
Jean-Paul Fréjabue et les associations Souvenance et Les Flammes de la Mémoire
Les associations d’Anciens Combattants UNC et FNACA
Marie-Claire Tihon et son livre Verneuil-sur-Seine, une grande histoire
Véronique Darras, directrice de l'école La Garenne, Delphine Ormières et Jean-Michel Guignard, enseignants
Avec la participation du groupe TAG.
L’ILLUSTRATION
11Novembre 2008 L’ILLUSTRATION 45
La situation des forces en présence à la fin de l’année 1914. Les Poilus dans les tranchées.
avec les soldats, paquets informes et mouvants attendant l'obus, la
balle ou l'explosion de mine qui mettra fin à la vie dans un coin de
latranchée. Pour entretenir l'ardeur des combattants, des opéra-
tions sont menées pour reprendre les observatoires et de meilleu-
res positions perdues lors de la retraite de 1914. Mais le désir de
percée du généralissime Joffre se solde par d'effroyables pertes
pour une avancée de quelques centaines de mètres. A Vauquois,
aux Eparges, 2 secteurs situés aux extrémités du saillant de
Verdun, il s'agit pour le commandement français de reprendre aux
Allemands ces points hauts d'où ils menacent les tranchées envi-
ronnantes. Les armées s'affrontent à la fois sur terre (duels d'ar-
tillerie, attaques d'infanterie) et sous terre (galeries creusées sous
les positions adverses que l'on tente de faire exploser). Maurice
Genevoix, acteur et témoin exceptionnel, blessé aux Eparges, a
décrit de manière saisissante dans "Ceux de Verdun" ces combats
terriblement meurtriers pour finalement des résultats dérisoires.
Le 22 avril 1915, près d'Ypres (Artois), les troupes alle-
mandes utilisent, pour la 1ère fois de l'Histoire, l'arme chimique.
Elles envoient des nappes de chlore sur les tranchées françaises,
canadiennes et belges. Les soldats, qui ne bénéficient d'aucune
protection, souffrent de brûlures des yeux et des voies respiratoi-
res. Les offensives alliées échouent en Champagne et en Artois.
Certaines attaques, coûteuses en vies, sont lancées pour la conquê-
te de quelques centaines de mètres...
1916. VERDUN ET LA SOMME
L'année 1916 glorifie le nom de Verdun. Allemands et
Français entendent forcer la décision sur le front occidental. Deux
batailles particulièrement meurtrières marquent cette année de
guerre totale et industrielle. En attaquant Verdun, l'état-major alle-
mand ne cherche pas à conquérir la ville, qui offre un intérêt stra-
tégique limité, mais a pour but de "saigner à blanc" l'armée fran-
çaise. Falkenhayn, qui décide de l'offensive, fait un double pari.
D'abord, il estime que la France défendra à tout prix Verdun et
n'acceptera pas d'abandonner ce symbole de l'identité nationale.
Ensuite, il prévoit des pertes allemandes inférieures de moitié à
celles des Français.
21février 1916. Les Allemands ont concentré une puis-
sance de feu exceptionnelle : 1 250 pièces d'artillerie sur un front
de20 km à peine. Certains secteurs reçoivent 10 000 obus par
heure. Dans les tranchées françaises entièrement détruites, s'enga-
ge un corps à corps entre les troupes d'assaut allemandes et les
Poilus.
Février à juin. Au prix de pertes très importantes dans les
2camps, les Allemands prennent le bois des Caures, le fort de
Douaumont, le Mort-Homme et le fort de Vaux. L'avancée maxi-
male des troupes allemandes ne dépasse pas 5 km. Pour combler
les pertes énormes (jusqu'à 3 000 hommes par jour), l'état-major
est instaure une relève permanente. Presque tous les Poilus ont par-
ticipé à la bataille de Verdun. Une noria incessante de camions les
emmène au plus près du front, par la "voie sacrée", la seule route
qui relie encore Verdun à l'arrière.
Mai. Le commandement français passe de Pétain, qui a
reconstitué une artillerie française sur la rive gauche de la Meuse,
àNivelle. L'armée française résiste. Les dernières offensives alle-
mandes échouent.
Octobre à décembre. Les Français reprennent l'initiative
et rétablissent une ligne de front proche de celle du début de l'an-
née. Verdun est un revers pour l'armée allemande et, surtout, une
catastrophe humaine sans précédent. C'est l'Enfer de Verdun :
environ 306 000 morts et disparus et 400 000 blessés français et
allemands. Cette bataille majeure parmi toutes celles qui se sont
déroulées dans la région tout au long de la guerre, a eu des effets
importants sur la suite du conflit.
Cet insuccès a conduit l'état-major allemand à mener une guerre
sous-marine qui eut pour conséquence directe l'entrée en guerre
des Etats-Unis. Cette bataille franco-allemande, où furent engagés
d'importantes forces coloniales, a été en définitive non seulement
une bataille de France importante, mais bien la bataille de la
France puisque près des 3/4 de l'armée française ont combattu à
Verdun. De ce fait, elle est devenue d'emblée, dans la conscience
nationale, le symbole de la Grande Guerre qu'elle résume et dont
elle marque à la fois le sommet et le tournant.
Une autre grande offensive est lancée le 1er juillet, cette
fois dans la Somme, par les Anglais et les Français.
Mais elle se solde, comme à Verdun, par un échec des Allemands.
Rien que pour la bataille de la Somme, il faut compter 1 300 000
tués, blessés et disparus pour les forces allemandes, anglaises et
françaises pour des gains territoriaux extrêmement faibles.
1917. ENTRÉE EN GUERRE DES AMÉRICAINS
Le 2 avril, les Etats-Unis déclarent la guerre à
l'Allemagne. Washington sort de sa neutralité prudente pour s'en-
gager aux côtés des forces de l'Entente. La guerre sous-marine
entreprise par les Allemands, qui coulent sans distinction tous les
convois à destination des îles britanniques, est à l'origine de cette
décision. Les premières troupes américaines, commandées par le
général Pershing, arrivent à Saint-Nazaire en juin. Des troubles
éclatent au sein d'une armée française très éprouvée et démoralisée
par des échecs retentissants et meurtriers. Lors de la sanglante
offensive du Chemin des Dames (Aisne), commandée par le géné-
ral Nivelle, des unités complètes, soit 30 à 40 000 soldats, refusent
de monter en ligne : ils ne veulent plus être considérés comme de la
chair à canon à envoyer au casse-pipe. Une trentaine de Poilus sont
fusillés. Pétain, le glorieux défenseur de Verdun, succède à Nivelle
et reprend en main l'armée française, améliorant la situation des sol-
dats et stoppant les offensives inutiles.
La révolution bolchevique conduit à l'armistice du 3
décembre 1917 entre Russes et Allemands et à la paix séparée de
mars 1918. Cela avantage l'Allemagne qui n'a plus à se battre que
sur un seul front : le front ouest. Autour de Verdun, poursuite de la
reconquête française sur la rive gauche : reprise du Mort-Homme et
de la Cote 304 (en août). Il s'agit pour l'essentiel d'attaques locali-
sées destinées à redonner le moral aux Poilus après les mutineries et
l'épreuve du Chemin des Dames. L'entrée en guerre des Etats-Unis
et le retrait de l'armée russe modifient les conditions de la guerre, les
rapports de force et annoncent la fin de la guerre de position.
L’artillerie de campagne française se prépare à couvrir l’offensive de l’infanterie.
11Novembre 2008
Les boys de Woodrow Wilson débarquent en Europe.
1918. LA REPRISE DE LA GUERRE DE
MOUVEMENT ET LA VICTOIRE DES ALLIÉS
Les Etats-Unis entrent en guerre d'une manière effective,
apportant une aide militaire et économique. Ludendorff lance plu-
sieurs grandes offensives en divers points du front. Surpris, les
Alliés reculent mais se ressaisissent pour reprendre l'initiative.
L'ultime offensive allemande en Champagne (juillet 1918) est
stoppée par Foch, commandant de toutes les forces alliées qui
lance une contre-attaque qui s'élargira à tous les fronts. Un à un,
les alliés de l'Allemagne tombe. La Bulgarie, la Turquie puis
l'Autriche-Hongrie signent chacun un armistice. Dominée numé-
riquement et matériellement, l'Allemagne capitule. Les Etats-Unis
libèrent la Meuse. Le 12 septembre, le général Pershing lance la
première attaque victorieuse contre le saillant de Saint-Mihiel et
fait 16 000 prisonniers allemands. Le 26 septembre, lors de la dif-
ficile offensive Meuse/Argonne, ils remportent, au prix de pertes
considérables (117 000 hommes), une victoire retentissante qui
conduira à l'Armistice signé à Rethondes le 11 novembre. Les sol-
dats peuvent enfin sortir des tranchées, sans crainte de voir la mort
faucher leurs vies. La peur peut laisser place à la joie..
UN BILAN DRAMATIQUE
La guerre est finie. Mais à quel prix ? Les pertes humai-
nes sont considérables. En Europe : 8 millions de morts au total, 6
millions d'invalides, plus de 4 millions de veuves et 8 millions
d'orphelins. En France, le nombre de tués ou disparus s'élève à 1
350 000 (10% de la population active masculine), 3 millions de
blessés dont 1 million d'invalides. A cela il faut ajouter la mortali-
técivile due aux privations et à la grippe espagnole. Le déficit des
naissances est considérable. La France, proportionnellement à sa
population, est le pays qui a le plus souffert de la guerre. A Verdun,
la bataille de 1916 a fait près de 700 000 victimes : 306 000 tués
etdisparus (dont 163 000 Français et 143 000 Allemands), environ
400 000 blessés (dont 210 000 Français et 190 000 Allemands).
Sur le champ de bataille, autour de Verdun, parmi le grand nomb-
re de villages détruits, 9 ne furent pas reconstruits (Beaumont,
Bezonvaux, Cumières, Douaumont, Fleury, Haumont, Louvemont,
Ornes, Vaux).
Quelle famille n'a pas eu à pleurer un, voire plusieurs, de
ses membres ? Ce n'est que dévastation sur l'ancienne ligne de
front, bande de terre inculte et dangereuse. A l'issue de cette guer-
re, les survivants se devaient de construire une paix durable :
1914-1918 devait être la "Der des Ders". Il en fut malheureuse-
ment autrement…
L’ILLUSTRATION 7
11Novembre 2008
GEORGES CLEMENCEAU (1841-1929)
Georges Clemenceau suit des études à Nantes puis à Paris en 1865. A 24 ans, il est docteur en médecine et part pour les Etats-Unis afin d'étu-
dier la Constitution. De retour en France, il participe à l'insurrection parisienne contre le régime impérial. Elu, à 30 ans, maire de Montmartre puis dépu-
té de la Seine, il est aussi conseiller municipal de Paris, président du conseil municipal en 1875 et député du Var en 1880. Clemenceau, chef de l'extrê-
megauche radicale depuis 1876, s'oppose violemment à la politique coloniale de Jules Ferry et est à l'origine de la chute de plusieurs gouvernements.
Cesont ses coups de griffe qui seront à l'origine de son surnom de "Tigre". Le 20 novembre 1917, Poincaré fait appel à lui pour être Président du Conseil.
Il sait prendre des mesures impopulaires, mais se rendre lui-même populaire en parcourant les tranchées la canne à la main (à 76 ans !). Il fait confian-
ce à Foch, contre l'avis des députés. Au lendemain de l'Armistice, Président de la Conférence de la Paix, il se montre intraitable avec l'Allemagne. Il s'é-
teint à Paris le 24 novembre 1929.
CHARLES MANGIN (1866-1925)
Charles Mangin, participe, à la tête des tirailleurs sénégalais, à la mission Congo/Nil en 1898/1900. Colonel au Maroc avec Lyautey, il prend
Marrakech. Général, il commande en 1914/1915 une brigade d'infanterie puis une division, lors de la bataille des frontières, sur la Marne et en Artois.
Le22 mai 1916, il attaque le fort de Douaumont puis, toujours à Verdun, il dirige les offensives de reconquête aux côtés de Nivelle. En 1917, il est au
Chemin des Dames, chef de la 6ème armée. L'attaque s'enlisant, il est limogé. Il revient en 1918 et effectue la célèbre contre-attaque du 18 juillet à
Villers-Cotterêts où il brise l'ennemi. Vainqueur dans l'Aisne à l'automne, il rompt le front allemand, libère Soissons et Laon. L'armistice annule son
offensive prévue en Lorraine. Il entre à Metz le 19 novembre, atteint le Rhin à Mayence le 11 décembre. Par décret du 30 janvier 1920, le général Mangin
est nommé membre du Conseil supérieur de la guerre. En 1922, il voit l'aboutissement de sa carrière en assumant les fonctions d'inspecteur général des
troupes coloniales. Grand-croix de la Légion d'honneur en 1919, il reçoit la Médaille militaire sur son lit de mort le 12 mai 1925.
FERDINAND FOCH (1851-1929)
Lycéen travailleur et brillant, Foch est envoyé à Metz en 1869 pour préparer l'Ecole polytechnique. Il connaît l'occupation prussienne qui s'a-
bat sur la Lorraine. APolytechnique, il choisit la carrière des armes. Elève à l'Ecole de guerre en 1885, il en deviendra le commandant en 1908. Le 29
août 1914, le général Foch prend la tête des unités qui vont former la 9ème armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opération
capitale dans la première bataille de la Marne. Il coordonne les armées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer", puis diri-
ge les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916. Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalités inter-
nes, entraîne une disgrâce provisoire du général.
En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du général Nivelle au Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empi-
re russe, ... Foch est rappelé comme chef d'état-major de l'Armée. Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive allemande en
avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11 novembre, avec le sentiment du devoir accompli, il songe aussi aux millions de soldats
morts, dont son fils et son gendre. Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, académicien, titulaire de 37
décorations françaises et étrangères, président du Conseil supérieur de la guerre. Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918. C'est symboliquement que
de très nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard. Le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages histo-
riques les plus évoqués dans les villes de France.
PAUL VON HINDENBURG (1847-1934)
Cadet à l'école militaire de Berlin à partir de 1859, il est sous-lieutenant de la Garde prussienne lorsqu'il prend part à la guerre austro-prussien-
ne de 1866. Il participe à la guerre de 1870/1871 contre la France, au siège de Paris. Le 16 janvier 1871, il est présent à la proclamation de l'Empire alle-
mand, au château de Versailles. Admis à l'Académie de guerre en 1873, il est nommé capitaine à l'état-major du 2ème corps d'armée. Appelé le 23 août
1914 au commandement de la 8ème armée, il arrête l'offensive russe en Prusse-Orientale. Commandant en chef du front oriental en novembre 1914, les
succès remportés de 1914 à 1916 en Pologne et en Lituanie font du Feld-maréchal un héros national et le successeur de Falkenhayn comme chef de l'é-
tat-major général en août 1916. Il prend, secondé par Ludendorff, la direction générale des opérations militaires sur tous les fronts. Outre l'autorité mili-
taire, Hindenburg et Ludendorff jouissent d'une influence politique importante. En 1918, la reprise des offensives allemandes sur le front ouest se solde
par un échec. Les forces alliées, renforcées par des unités américaines, font reculer inexorablement les troupes allemandes. Hindenburg incite le gouver-
nement à demander l'armistice. Il sera élu, en 1925, président de la République allemande et réélu en 1932 face à Adolf Hitler qu'il nomme chancelier
du Reich l'année suivante. Il décède le 2 août 1934 en Prusse orientale.
GEORGES NIVELLE (1856-1924)
Georges Nivelle intègre Polytechnique dont il sort diplômé dans le corps des artilleurs en 1878. Il rejoint le corps expéditionnaire français
envoyé en Chine lors de la révolte des Boxers (été 1900) et sert ensuite en Afrique où il est apprécié pour ses qualités relationnelles. Colonel au début
de la Première Guerre mondiale, il se fait remarquer par sa conduite exemplaire en Alsace en septembre 1914 lors de la bataille de l'Ourcq. Il lance son
infanterie contre les lignes de l'armée du général von Kluck, autour de Meaux, sauvant la capitale de la menace allemande. Il est promu général de bri-
gade en même temps que Philippe Pétain, en octobre 1914. Général de division, Nivelle reçoit le commandement de la 2ème armée française en mai
1916, alors qu'il sert sur le front de Verdun depuis février. Succédant à Pétain le 19 avril 1916, il conduit les engagements victorieux de Vaux, de la cote
304 et la reprise du fort de Douaumont, le 24 octobre 1916, aux cotés du général Mangin.
Georges Nivelle apparaît comme le successeur désigné de Joffre élevé à la dignité de maréchal de France. Il prend ses fonctions de comman-
dant en chef de l'armée le 12 décembre 1916 en promettant une victoire rapide. Il rompt avec la guerre de position pour revenir à une offensive dyna-
mique en attaquant de front, le 16 avril 1917, les lignes allemandes fortifiées du secteur du Chemin des Dames avec l'appui de troupes britanniques dont
Lloyd George lui a confié le commandement. Cet assaut, qu'il espérait éclair, tourne court : les Allemands, ayant saisi une copie de son plan d'attaque
dans une tranchée qu'ils avaient conquise, ont renforcé leurs positions et opposent une résistance farouche. L'opération est une catastrophe : 350 000
hommes hors de combat. George Nivelle suspend l'assaut avant de le reprendre au début du mois de mai. Les troupes sont démoralisées, elles perdent
confiance en leurs chefs. Les premières mutineries éclatent. Nivelle est remercié et remplacé le 15 mai 1917 par Philippe Pétain. Tombé en disgrâce, il
rejoint Alger en décembre 1917 et prend le commandement des troupes françaises d'Afrique du Nord jusqu'en 1921. Il retourne s'installer à Paris où il
décède 3 ans plus tard.
ERICH VON FALKENHAYN (1861-1922)
Militaire allemand né le 11 septembre 1861. Chef suprême de l'armée allemande de septembre 1914 à août 1916, il est notamment le concep-
teur de l'offensive de Verdun, destinée à "saigner à blanc l'armée française". Falkenhayn était persuadé que la bataille ne se gagnerait pas sur le front
russe, mais bien en France. Son but était d'attaquer les Français en les attirant vers un endroit symbolique afin d'obtenir une victoire stratégique et
psychologique. Durant la guerre, le général Erich von Falkenhayn succède à von Moltke à la tête de l'état-major général du front de l'Ouest. Son carac-
tère et ses propos acerbes lui valent l'hostilité de la plupart de ses pairs. Son échec permettra d'ailleurs à Hindenburg et Ludendorff de le supplanter et
de devenir les vrais maîtres de l'Allemagne, qu'ils conduiront à la défaite en 1918. Disgracié suite à l'échec de ses plans à Verdun et devant l'offensive
alliée sur la Somme, il participa à la campagne de Roumanie en 1916 et 1917. Il décède le 8 avril 1922 à Postdam.
JOSEPH JOFFRE (1852-1931)
Joseph Joffre entre à Polytechnique à 17 ans. Préférant la carrière militaire, il choisit l'arme du génie correspondant à ses capacités d'ingénieur.
Après la guerre de 1870/71, il sert aux fortifications de Paris. En 1885, il est capitaine en Indochine où il participe à la campagne du Tonkin, décoré de
la Légion d'Honneur. En 1892, il crée au Soudan français des voies ferrées. Plus tard, colonel, avec le général Gallieni, il fortifie le port de Diego-Suarez,
àMadagascar.
Devenu général de division, en 1905, il accède au poste de directeur du génie au ministère de la Guerre. Il devient en 1911 chef d'état-major
de l'armée, futur généralissime en cas de conflit. L'Allemagne déclare la guerre à la France. Joffre essuie de durs revers lors des batailles dites "des
Frontières", reprend le dessus des opérations d'une manière offensive lorsque les armées ennemies ont atteint la grande banlieue parisienne, la Marne et
au-delà, stoppées sur l'Ourcq, à Verdun et sur la ligne de front en avant de Nancy, Epinal, Belfort. Ses armées et ses généraux gagnent la bataille de la
Marne du 5 au 12 septembre 1914, avec l'appui de l'armée anglaise, bataille qu'il a conduite avec son grand-état-major, à l'initiative du général Gallieni,
gouverneur de Paris. Le 26 novembre 1914, Joffre est décoré de la Médaille Militaire.
Stabilisée, la lutte s'enlise sur 770 km de front, devient une guerre de siège qu'il dirige depuis son QG de Chantilly, affrontant la crise des muni-
tions, la crise du matériel, réussissant à doter ses troupes des meilleures armes, uniformes, notamment du casque Adrian. En 1916, il commande l'en-
semble des armées françaises et mène une défense imperturbable à Verdun grâce aux généraux de Castelnau et Pétain, puis il passe à l'offensive sur la
Somme avec Haig, Foch et Fayolle. Lançant à Verdun les offensives Nivelle/Mangin, il reprend Fleury, Douaumont, Vaux à l'automne. En décembre
1916, le président du Conseil, Aristide Briand, le remplace par le général Nivelle. Joffre est élevé à la dignité de maréchal de France. La guerre gagnée,
la paix signée, Joffre chevaucha en tête du défilé de la Victoire du 14 juillet 1919 à Paris. Il décède en 1931, âgé de 79 ans. Honoré d'obsèques natio-
naux, il fut inhumé dans sa propriété de Louveciennes où il repose toujours actuellement.
Joseph Joffre
Erich Von Falkenhayn
Philippe Pétain Emile Fayolle Woodrow Wilson Erich LudendorffJohn Pershing Paul Von Hindenburg
Lloyd George
Douglas Haig
Georges Nivelle
Ferdinand Foch
Charles Mangin
Georges Clémenceau
LES GRANDS PERSONNAGES DU CONFLIT
L'ABÉCÉDAIRE DE LA GRANDE GUERRE
A. Adrian, casque en acier adopté par l'armée française à
partir de l'été 1915 et porté par des millions de soldats.
B. Bleus, surnom des jeunes appelés qui endossèrent à
partir de 1915 la tenue bleu horizon pour remplacer les pantalons
rouge garance. Fleur symbole de la Grande guerre, le bleuet est
déposé chaque 11 novembre sur la tombe du Soldat Inconnu à
l'Arc de Triomphe de Paris.
C.Croix de guerre. Décoration créée le 8 avril 1915. 2
065 000 Croix de guerre, "médaille de bronze pour les braves",
furent décernées durant la guerre.
D. Douaumont. Fort de Verdun, pris par les Allemands le
25 février 1916 et repris par les Français le 24 octobre.
E.Ecrivains tués au front : Alain-Fournier et Charles
Péguy (1914), Louis Pergaud (1915).
F.Force Noire. Surnom donné par le général Mangin aux
tirailleurs sénégalais. Au total, 550 000 soldats de l'Empire fran-
çais combattirent en Europe. 78 000 furent tués.
G. Gueules cassées, surnom que se donnèrent les grands
blessés de la face.
H. Horreur. "J'ai connu l'horreur de l'attente de la mort
sous un tir de barrage inouï" (lettre d'un Poilu à ses parents, le 15
juillet 1916 depuis Verdun).
I.Identification. Ensemble des éléments portés par le sol-
dat pour l'identifier en cas de blessure ou de mort (extrait de son
livret militaire placé dans une poche intérieure de sa capote et 2
plaques d'identité rigoureusement identiques portées autour du
cou).
J. Journaux des tranchées. Petites gazettes de guerre
publiées dans les bataillons ou les compagnies. Apparus dès le
début de la guerre de position, ces journaux étaient le seul lieu
d'expression libre reconnue aux Poilus.
K. Kamerad. Mot par lequel les soldats allemands annon-
çaient qu'ils se rendaient.
L. Lebel. Fusil de calibre 8 mm, du nom de l'inventeur,
qui équipa tous les fantassins français de la Grande guerre.
M. Madelon (La), chanson fétiche des poilus.
N. 11 Novembre, date de l'armistice.
O. Ordre du jour du général Joseph Joffre le 6 septembre
1914, début de la bataille de la Marne. "Au moment où s'engage
une bataille dont dépend le salut du Pays..."
P. Poilu. Surnom hérité du lexique de la Grande Armée de
Napoléon, qui est apparu pendant le rude hiver 1914/1915 au
cours duquel les barbes se multiplièrent, devenant l'emblème du
combattant au front.
Q. Quartier-général. Lieu éloigné du front où se décidait
le sort de milliers d'hommes.
R. Rosalie. Nom donnée par les Poilus à la baïonnette.
S. Singe. Nom donné aux 300 grammes de viande assai-
sonnée en boîte de conserve, souvent la seule nourriture au front
avec les 540 grammes de pain de guerre, dit "pain de munitions".
T. Tranchées. Ouvrages militaires construits par les sol-
dats et lieux de vie et de mort. Apparues dès la fin de l'année 1914
jusqu'en juillet 1918, sur les centaines de km du front de la mer du
Nord aux Vosges.
U. Union sacrée. Terme employé pour la première fois le
4août 1914 par le président Poincaré dans un message au
Parlement, au lendemain de la déclaration de guerre : "La France
sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera,
devant l'ennemi, l'Union sacrée".
V.Verdun. Bataille symbole de la Grande Guerre, de
février à décembre 1916.
W. Wagon de Rethondes, en forêt de Compiègne, où fut
signé l'armistice le 11 novembre 1918.
X. Soldat X, retrouvé mort sur le champ de bataille et non
identifié. Choisi au hasard parmi 8 cercueils anonymes renfermant
chacun les restes d'un soldat inconnu retrouvé sur les 8 grands
champs de bataille, il a été inhumé en janvier 1921 sous l'Arc de
Triomphe.
Y.Ypérite. Nom donné à un gaz de combat, en référence
àla région d'Ypres (Belgique) où il fut utilisé pour la première fois
par les Allemands le 22 avril 1915.
Z. Zelle (Margaretha), dite Mata Hari, danseuse et aven-
turière néerlandaise, convaincue d'espionnage en faveur de
l'Allemagne, fusillée en 1917 au fort de Vincennes.
LETTRE DE POILUS
Je te reconnais, Deverdeux qui a été tué à côté de moi
devant la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Ne t'in-
quiète pas, je te vois. Ton front est là-bas sur cette colline posé sur
lefeuillage des yeuses, ta bouche est dans ce vallon. Ton œil qui
ne bouge plus se remplit de poussière dans les sables du torrent.
Ton corps crevé, tes mains entortillées dans tes entrailles, est
quelque part par là-bas dans l'ombre, comme sous la capote que
nous avons jetée sur toi parce que tu étais trop terrible à voir et que
nous étions obligés de rester près de toi car la mitrailleuse égali-
sait le trou d'obus au ras des crêtes.
Je te reconnais, Marroi qui a été tué à côté de moi devant
la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Je te vois
comme si tu étais encore vivant, mais ta moustache blonde est
maintenant ce champ de blé qu'on appelle le champ de Philippe.
Jete reconnais, Jolivet qui a été tué à côté de moi devant
la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Je ne vois pas
car ton visage a été d'un seul coup raboté et j'avais des copeaux de
ta chair sur mes mains, mais j'entends, de ta bouche inhumaine, ce
gémissement qui se gonfle et puis se tait.
Je te reconnais, Veerkamp qui a été tué à côté de moi
devant la batterie de l'hôpital en attaquant le fort de Vaux. Tu es
tombé d'un seul coup sur le ventre. J'étais couché derrière toi. La
fumée te cachait. Je voyais ton dos comme une montagne.
Je vous reconnais tous et je vous revois, et je vous
entends. Vous êtes là dans la bruine qui s'avance. Vous êtes dans
ma terre. Vous avez pris possession du vaste monde. Vous m'en-
tourez. Vous me parlez. Vous êtes le monde et vous êtes moi. Je ne
peux pas oublier que vous avez été des hommes vivants et que
vous êtes morts, qu'on vous a tués au grand moment où vous cher-
chiez votre bonheur…
JEAN GIONO Refus d'obéissance
LE 11 NOVEMBRE 1918, L'ARMISTICE
En octobre 1918, le maréchal Foch, commandant en chef
des armées alliées, fut chargé de signifier au haut Commandement
ennemi que si celui-ci sollicitait un armistice. Ses plénipotentiai-
res devaient se présenter le 7 novembre à 8 heures, aux avant-pos-
tes français, sur la route ce Chimay à La Capelle (Aisne).
Vers midi, les plénipotentiaires ne sont pas au rendez-
vous. A 17 heures, précédé d'un trompette qui porte un drapeau
blanc, un lieutenant d'Etat-major ennemi fait son apparition sur un
magnifique cheval lustré : il annonce l'arrivée des émissaires retar-
dés par le mauvais état des routes. Les soldats français, crottés et
boueux mais muets, contemplent avec étonnement le spectacle.
Vers 20 heures, à La Capelle, les militaires français attendent la
délégation ennemie qui arrivent et descendent de voiture. Grand,
d'attitude froide et digne, le général major royal prussien von
Winterfeld, attaché militaire à l'Ambassade d'Allemagne avant la
guerre, se nomme, explique les causes du retard et s'en excuse
dans un français impeccable.
Les plénipotentiaires entrent dans une villa qu'occupe le
commandant depuis son arrivée matinale. Marque du destin sans
doute, sur le mur de la pièce se trouve un grand portrait de
Napoléon III en tenue de général. Les émissaires abandonnent les
voitures ornées de l'aigle impérial et montent dans des voitures
françaises. Le convoi démarre pour gagner le Quartier général de
l'Armée établi à Homblières. Vers 23 heures, le convoi arrive à
destination. Le lendemain vers 4 heures du matin, les plénipoten-
tiaires sont amenés à la gare de Tergnier où stationne un train spé-
cial aménagé à leur intention. La délégation allemande chargée de
négocier un armistice quitte aussitôt Tergnier et le train prend la
direction de Rethondes, petite bourgade de l'Oise.
Le Maréchal Foch a choisi un lieu de rencontre à l'abri de
tous les regards indiscrets, là où stationnent sur un épi ferroviaire,
le train de la délégation française arrivé de Senlis et celui de la
délégation allemande.
Le 9 novembre à 9 heures précises, lecture est faite des
conditions de l'Armistice. Le 11 novembre à 5 heures 15, l'armis-
tice est signé. Le son du clairon retentit sur tous les points du front
àla 11ème heure, le 11ème jour du 11ème mois. Au front alternent des
scènes d'émotion, de joie et de fraternisation à l'annonce du ces-
sez-le-feu. La liesse déferle sur la France, tandis que retentissent
les coups de canon que Georges Clemenceau a ordonné de tirer.
AuPalais Bourbon, à 16 heures, Clemenceau lit les conditions
d'armistice, salue l'Alsace et la Lorraine et rend hommage à la
Nation. Après 52 mois de combats meurtriers, cessait la plus gran-
detragédie de l'Histoire.
COMMUNIQUÉ DU GÉNÉRAL PÉTAIN AU SOIR DE
LA SIGNATURE DE L'ARMISTICE DE COMPIÈGNE
(11 NOVEMBRE 1918)
Au52ème mois d'une guerre sans précédent dans l'histoi-
re, l'armée française avec l'aide des Alliés a consommé la défaite
de l'ennemi.
Nos troupes, animées du plus pur esprit de sacrifice, don-
nant pendant quatre années de combats ininterrompus l'exemple
d'une sublime endurance et d'un héroïsme quotidien, ont rempli la
tâche que leur avait confiée la Patrie. Tantôt supportant avec une
énergie indomptable les assauts de l'ennemi, tantôt attaquant elles-
mêmes et forçant la Victoire, elles ont, après une offensive décisi-
vedequatre mois, bousculé, battu et jeté hors de France la puis-
sante armée allemande et l'on contrainte à demander la paix.
Toutes les conditions exigées pour la suspension des hostilités
ayant été acceptées par l'ennemi, l'armistice est entré en vigueur,
ce matin, à 11 heures.
PHILIPPE PETAIN
L'ORDRE DU JOUR DE LA VICTOIRE
(12 NOVEMBRE 1918)
Retranscription de l'ordre du jour adressé aux armées
alliées par leur général en chef, le maréchal Foch, au lendemain de
la signature de l'armistice de Compiègne.
Officiers, Sous-officiers et Soldats des Armées Alliées,
Après avoir résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des
mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit.
Vous avez gagné la plus grande bataille de l'Histoire et
sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers.
D'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La
postérité vous garde sa reconnaissance.
Le maréchal de France, Commandant en chef les Armées Alliées,
FERDINAND FOCH
11Novembre 2008 L’ILLUSTRATION 9
PHILIPPE PÉTAIN (1856-1951)
A 14 ans, il décide d'être soldat et entre à Saint-Cyr en 1876. Il est affecté comme sous-lieu-
tenant au 24ème bataillon de chasseurs à pied de Villefranche (Alpes-Maritimes). Il est admis en 1888
àl'École Supérieure de Guerre. Promu capitaine la même année, il est affecté à l'état-major du 15ème
corps d'armée à Marseille puis à l'état-major du gouverneur de Paris, aux Invalides. En 1900, il est
promu chef de bataillon et nommé instructeur à l'École normale de tir de Châlons-sur-Marne. Promu
colonel le 31 décembre 1910, il quitte l'École de guerre et prend le commandement du 33ème régi-
ment d'infanterie à Arras, où le sous-lieutenant Charles de Gaulle est affecté à sa sortie de Saint-Cyr.
Là se produira leur première rencontre, le 8 octobre 1912.
Enjuillet 1914, le colonel Pétain a 58 ans et s'apprête à prendre sa retraite. Lorsqu'éclate la
Première Guerre mondiale, il prend la tête de la 4ème brigade d'infanterie et se distingue en Belgique,
dans la province de Namur. Promu général de brigade le 27 août 1914, il reçoit le commandement de
la 6ème division qui atteint le canal de l'Aisne, après la victoire de la Marne. Le 14 septembre, il est
nommé général de division et prend officiellement le commandement du 33ème corps d'armée avec
lequel il réalise des actions d'éclat, notamment dans les batailles de l'Artois en 1915, en se montrant
soucieux d'épargner la vie de ses hommes. En février 1916, lorsque les Allemands déclenchent leur
offensive sur Verdun, Pétain est désigné par Joffre pour prendre le commandement de ce front et orga-
niser la défense aérienne et terrestre. Il parvient, en quelques jours, à stabiliser la situation et met en
place une noria continue de troupes, de camions de munitions et de ravitaillement sur la petite route
de Bar-le-Duc à Verdun. Unanimement reconnu comme "le vainqueur de Verdun", il ne reste que 2
mois sur ce front avant d'être remplacé par le général Nivelle.
La bataille du Chemin des Dames, déclenchée le 16 avril 1917, se solde rapidement par un
échec très coûteux en vies humaines. Le mécontentement des soldats gronde et des refus collectifs
d'obéissance se manifestent dans de nombreuses unités. Nivelle est remplacé par Pétain qui est
nommé, le 15 mai 1917, commandant en chef des armées françaises. En octobre 1917, il reprend aux
Allemands, grâce à des offensives à objectifs limités et ne gaspillant pas la vie des soldats, une par-
tie du terrain perdu du Chemin des Dames (le fort de la Malmaison).
Bénéficiant d'une popularité considérable à la fin du conflit, véritable légende vivante,
Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France et reçoit le 8 décembre 1918 son bâton étoilé des
mains du président Poincaré. Le 17 mai 1940, Pétain, qui a 84 ans, est rappelé d'urgence par Paul
Reynaud pour occuper le poste de vice-président du Conseil dans son gouvernement. Des centaines
de milliers de Français et de Belges prennent les routes de l'exode pour fuir les troupes allemandes.
Le 16 juin, Reynaud présente la démission de son gouvernement et propose de confier la Présidence
du Conseil au maréchal Pétain, considéré par beaucoup comme l'homme providentiel. Jusqu'en 1940,
Pétain était avant tout un soldat. Après 1940, il doit gouverner au lieu de commander. Le 17 juin, il
annonce aux Français son intention de demander l'armistice après avoir été approuvé par le Conseil
des ministres et le président de la République, Albert Lebrun. Le 29 juin, le gouvernement s'installe
àVichy où, le 10 juillet, une loi votée par les 2 assemblées confie au Maréchal les pleins pouvoirs
avec pour mission la promulgation d'une nouvelle constitution. Dès lors commence la période la plus
controversée de sa vie. Son choix collaborationniste exclut toute rébellion ou simple protestation
contre les exactions de l'occupant et implique au contraire de dénoncer tous les actes de résistance
intérieure ou extérieure et les opérations alliées contre des civils comme des "crimes terroristes".
Traduit devant la Haute Cour de justice, son procès débute le 23 juillet 1945 et s'achève le
15 août en le déclarant coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Il est condamné à
mort, à la dégradation nationale et la confiscation de tous ses biens. Mais la Haute Cour demande la
non-exécution de la sentence, eu égard à son grand âge. Le général de Gaulle accède à cette deman-
de et commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité. Interné au fort de Pourtalet, dans
les Pyrénées, il est transféré au fort de la Citadelle, sur l'île d'Yeu, en novembre 1945. Il y décède le
23 juillet 1951, à l'âge de 95 ans.
ÉMILE FAYOLLE (1852-1928)
Fayolle étudia à l'Ecole polytechnique. Il fait carrière dans l'artillerie et enseigne les tac-
tiques d'artillerie à l'Ecole supérieure de guerre (1897). Promu général de brigade en 1910, il prend
sa retraite en 1914. Après la déclaration de guerre, Fayolle est rappelé et placé à la tête de la 70ème
division. Sa carrière fait de rapides progrès. Il est nommé général de division en 1916. En février
1916, Fayolle, alors à la tête d'un corps d'armée, est nommé au commandement de la 6ème armée
française. Durant l'été 1916, les offensives dans la Somme qu'il mena obtinrent peu de succès.
Transféré à la tête de la 1ère armée au début de 1917, Fayolle obtint le commandement du Groupe
d'armées du centre lors du remplacement de Nivelle par Pétain en mai.
Le 16 novembre 1917, Fayolle est nommé Commandant supérieur des troupes françaises en
Italie et est envoyé à la tête de 6 divisions pour renforcer le front italien après le désastre de
Caporetto. Il reste en Italie jusqu'en mars 1918, date à laquelle il est rappelé pour commander le
Groupe d'armées de réserve. Ces 55 divisions jouèrent un rôle important lors de la grande attaque
allemande de mars 1918. Victorieux lors de la 2ème bataille de la Marne, le groupe d'armées fut au
centre du front lors de l'offensive alliée de l'automne 1918. Après la guerre, il est nommé en 1920 au
Conseil supérieur de la Guerre. Le titre de Maréchal de France lui est décerné le 19 février 1921.
Fayolle décède le 27 août 1928. Son corps repose aux Invalides.
WOODROW WILSON (1856-1924)
Woodrow Wilson est le 28ème président des Etats-Unis. Le 4 août 1914, il déclare la neu-
tralité américaine dans le conflit. Victime de la reprise de la guerre sous-marine à outrance menée par
les Allemands (elle avait été suspendue après la mort d'une centaine de citoyens américains dans le
torpillage du paquebot Lusitania, le 7 mai 1915) et indigné par les manœuvres allemandes pour
entraîner le Mexique dans une guerre contre les Etats-Unis, le président Wilson demande au Congrès
le droit d'entrer en guerre contre l'Allemagne, demande approuvée le 6 avril 1917. Le 18 mai, il réta-
blit le service militaire obligatoire aboli depuis la fin de la guerre de Sécession. Wilson organise l'ef-
fort de guerre et fournit aux Alliés une aide matérielle et militaire. En octobre 1918, 2 millions de sol-
dats américains sous le commandement de Pershing auront débarqué pour combattre en France.
Le 8 janvier 1918, dans un discours au Congrès, il formule un programme en 14 points défi-
nissant les objectifs de paix. Ce programme prône la fin du colonialisme, l'abandon des obstacles éco-
nomiques entre les nations, la garantie de la liberté des mers, l'autodétermination des peuples et la
création d'une Société des Nations. Des points de son programme serviront de base au Traité de
Versailles de 1919. Après la guerre, il œuvre à la réconciliation des pays européens, ce qui lui vaut le
prix Nobel de la paix. Il décède à Washington le 3 février 1924.
ERICH LUDENDORFF (1865-1937)
Cadet à l'école de Plœn puis de Lichterfeld de 1877 à 1882, il est nommé sous-lieutenant et
entre à l'Académie de guerre de Berlin. Capitaine en 1895, il est affecté à l'état-major de 1908 à 1912.
Il participe à l'élaboration du plan d'invasion de la France, sous les ordres de Schlieffen et de Moltke.
Promu chef de bataillon en 1900, lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1911, il prend le comman-
dement de la 85ème brigade d'infanterie à Strasbourg, en avril 1914 .En août 1914, il prend une part
active à la prise de Liège lors de l'invasion de la Belgique. Cette action lui vaut d'être nommé chef
d'état-major général le 21 août 1914, puis, par la victoire de Tannenberg, chef d'état-major général
d'Hindenburg, commandant en chef. Il succède à Falkenhayn comme chef d'état-major général des
armées allemandes, à l'été 1916.
Il est l'un des principaux négociateurs du traité qui enlève à la Russie de nombreux territoi-
res dont la Pologne, les Pays baltes, la Finlande et l'Ukraine. Ses grandes offensives sur le front ouest,
au printemps 1918, en dépit des violents combats qui en résultent, ne peuvent cependant empêcher la
défaite allemande. Il se tourne fin septembre vers le gouvernement pour qu'une demande d'armistice
soit déposée. Se rétractant finalement, il démissionne en octobre 1918 et se réfugie en Suède, rejetant
la responsabilité de la défaite sur les autorités civiles. De retour en Bavière au printemps 1919, il s'in-
vestit dans la politique, se rapprochant des nationaux-socialistes et soutenant Adolf Hitler lors de sa
tentative de putsch en 1923. Élu député au Reichstag en mai 1924, il se présente aux élections prési-
dentielles de mars 1925, remportées par Hindenburg. En 1935, il refuse l'offre d'Adolf Hitler de l'é-
lever à la dignité de maréchal. Il décède en Bavière le 20 décembre 1937.
DOUGLAS HAIG (1861-1928)
Douglas Haig fait ses classes en Inde, en 1886, où il conquiert ses premiers galons. Il est
ensuite envoyé au Soudan (1898) avant de prendre part à la guerre des Boers (1899/1902). Promu au
rang de colonel, Haig retourne en Inde en 1903, où il assure diverses fonctions administratives auprès
de Lord Kitchener. Douglas Haig devient le plus jeune Major-Général de l'armée britannique lorsqu'il
est nommé directeur de Formation militaire en 1906, au ministère de la Guerre. Général de corps d'ar-
mée en 1914, il reçoit le commandement du 1er Corps d'armée en France et en Belgique où il s'illus-
tre au cours des combats de Mons et d'Ypres. Après février 1916, il subit les pressions de l'état-major
français pour accélérer les préparatifs de l'offensive prévue sur la Somme et créer ainsi une diversion
au front de Verdun.
Lancé avec ses troupes dans les combats de la bataille de la Somme, de juillet à novembre
1916, il participe activement à la percée alliée du front sur 12 km, opérations qui occasionnent une
perte de 420 000 soldats anglais et lui vaudront le surnom de "boucher de la Somme", puis aux
assauts sanglants autour de Passchendaele en 1917 (3ème bataille d'Ypres) qui lui permettront d'ob-
tenir le bâton de Maréchal et d'être désigné par Pershing comme "l'homme qui a gagné la guerre". En
1918, Douglas Haig est l'artisan de la victoire anglaise sur les fronts de la Somme et de l'Aisne.
Membre du Conseil militaire d'armistice réuni à Senlis par Foch, il donne son assentiment aux condi-
tions militaires d'un armistice. Ses coûteux succès militaires lui vaudront après-guerre des critiques
de la part de David Lloyd George, Premier Ministre britannique et de la presse britannique qui qua-
lifieront le 1er juillet 1916 de "jour le plus sanglant pour l'armée britannique". Il décède à Londres en
1928. Ses obsèques donneront lieu à une cérémonie nationale.
JOHN PERSHING (1860-1948)
A 22 ans, John Pershing entre à l'Académie militaire de West Point. A sa sortie en 1886, il
suit une carrière militaire classique : sous-lieutenant en Arizona, professeur de science militaire et de
tactique à l'Université du Nebraska (1891) où il étudie également le droit. Lieutenant à Washington
(1897), il participe à la guerre de Cuba, puis à la répression de l'insurrection des Moros aux
Philippines. En 1901, le capitaine Pershing est attaché militaire à Tokyo et suit de près la guerre
russo-japonaise. En 1906, il est nommé général de brigade et remplit une nouvelle mission aux
Philippines avant de faire un séjour en Europe où il étudie le français. En 1914, il participe à la répres-
sion de la révolte de Pancho Villa au Mexique. Le 10 mai 1917, le président Wilson le charge de com-
mander le Corps expéditionnaire américain en Europe.
Le 13 juin 1917, le général Pershing arrive à Paris. Treize jours plus tard, les premières trou-
pes américaines débarquent à Saint-Nazaire. Jusqu'au 11 novembre 1918, le général Pershing n'aura
de cesse de créer sur le front français une grande armée américaine autonome. Pershing quitte la
France le 1er septembre 1919. Au lendemain de la guerre, Pershing est nommé Commandant en chef
de l'état-major des armées américaines. John Pershing décède le 15 juillet 1948 et est inhumé au
cimetière national d'Arlington.
LLYOD GEORGE (1863-1945)
Après avoir travaillé dès l'âge de 15 ans à Liverpool dans les bureaux d'un avocat membre
du parti libéral, Llyod George mena avec succès des études de droit (1884) et ouvrit un cabinet. Sa
jeunesse difficile le poussera, tout au long de sa vie, à vouloir améliorer le sort des gens du peuple
aux dépens de ceux qu'il appelle " les ducs ".
Rejoignant le parti libéral, il montra très vite son aptitude à la politique en étant élu, en 1890,
député de Caernarfon, dans le nord du Pays de Galles. En 1905 il entre au nouveau cabinet libéral de
Sir Henry Campbell-Bannerman comme président du conseil du commerce puis devint ministre des
finances de 1908 à 1915. Il introduit les pensions de vieillesse et est un des initiateurs de ce qu'on
appelle aujourd'hui l'Etat Providence qui est finalement rejeté par la chambre des Lords. Une loi de
1911pose ensuite le veto des Lords comme temporaire, suite à ce refus.
Considéré comme pacifiste jusqu'en 1914, Lloyd George change de position quand la Première
Guerre mondiale éclate et devient en 1915 le ministre aux Munitions, poste nouvellement créé, puis
secrétaire à la Guerre en 1916. Il s'efforce de mobiliser l'ensemble des forces dans le conflit.
Au cours de la guerre, les libéraux et les conservateurs participent ensemble au gouverne-
ment, mené par le libéral Herbert Asquith. Mais les conservateurs imposent son remplacement. Le 11
décembre 1916, Lloyd George lui succède, entraînant ainsi la scission du parti libéral. Il dirige le pays
pendant le reste de la guerre et représente le Royaume Uni à la conférence de la paix de Versailles se
heurtant à la fois au Premier ministre français Clémenceau et au président des Etats Unis Woodrow
Wilson. Lloyd George veut punir l'Allemagne politiquement et économiquement mais sans aller
comme le souhaiterait Clemenceau jusqu'à anéantir sa puissance.
11Novembre 2008 L’ILLUSTRATION 8
Le 11 novembre 1918 à 7h30 au moment où le Maréchal Foch
part pour Paris remettre au gouvernement français
le texte de l’Armistice qui vient d’être signé avec l’Allemagne
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