M.S.B.M La Première Côte

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2001-2002
UNIVERSITE DE NANTES
La Première Côte
Par
Megret Laurinne
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE
MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
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•
•
•
•
•
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•
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE
MORPHOGENESE
2001-2002
LA PREMIERE CÔTE : ETUDE ANATOMIQUE ET RADIOANATOMIQUE.
COMPARAISON AVEC LE POINT DE VUE DES
OSTEOPATHES.
Par
MEGRET Laurine
REMERCIEMENTS
Je tiens à adresser des remerciements particuliers :
• à Monsieur P.LEROUX,
• à Monsieur le Pr. R.ROBERT,
• à Monsieur le Dr. J-F.LORCY,
• à Monsieur le Pr. B.DUPAS,
• à Messieurs Stéphane LAGIER et Yvan BLAIN,
SOMMAIRE
I. Introduction.....................................................................................p 2
II. Rappels anatomiques....................................................................p 2
1. Ostéologie de la première côte, ses articulations.......................p 2
2. Les muscles s'insérant sur la première côte...............................p 5
3. Rapports vasculo-nerveux..........................................................p 7
4. Le dôme pleural.........................................................................p 9
5. Rapports aponévrotiques..........................................................p 10
6. Rapports vis-à-vis des chaînes ostéopathiques........................p 10
7. Illustration : dissections...........................................................p 11
III. Anatomie fonctionnelle et étude radio-anatomique..................p 12
1. Biomécanique de la première côte.......................................... p 12
2. Etude radio-anatomique.......................................................... p 14
IV. Comparaison avec le point de vue des ostéopathes...................p 15
1. Conception physiologique de la lésion ostéopathique............................p 16
2. Les dysfonctions ostéopathiques de la première côte et leur répercussions
V. Conclusion.................................................................................. p 17
1
I.
Introduction
En s'adaptant à la station érigée, l'homme à modifié la disposition anatomique de
sa jonction cervico-dorsale, ce qui se traduit par la fréquence des variations de
cette région.
Au carrefour de la racine du membre supérieur, du sommet du thorax et de la
base du cou, la première côte présente les rapports anatomiques en conséquence.
Ses mouvements impliquent de nombreux groupes musculaires.
L'intérêt de cette étude est de mettre en parallèle les structures anatomiques de la
région avec celles impliquées dans les lésions ostéopathiques de la première
côte.
II. Rappels anatomiques
1. Ostéologie de la première côte, ses articulations
La première côte est atypique :c'est la plus courte, la plus incurvée, la plus
large et la plus plate des côtes.
1.1. Ossification
La première côte est constituée d'os spongieux et est recouverte d'os compact.
Elle s'est développée par extension des processus costaux des vertèbres
thoraciques précartilagineuses. La jonction primitive avec la vertèbre s'est
secondairement transformée en articulation synoviale.
L'ossification s'est déroulée en deux temps :
- tout d'abord avec l'apparition du point d'ossification primaire pour le corps vers
la neuvième semaine du développement embryonnaire
- puis à la puberté apparition de deux points d'ossification secondaires au niveau
de la tête et du tubercule costal.
1.2. Ostéologie
Son corps présente une face supérieure, une face inférieure, un bord externe
convexe et un bord interne concave.
Sa face supérieure regarde en haut et en avant. Elle présente dans son tiers
antérieur le tubercule du muscle scalène antérieur, dit de Lisfranc, qui sépare le
sillon de la veine sub-clavière en avant de celui de l'artère sub-clavière en
arrière. Sa face inférieure est lisse et répond au dôme pleural.
2
Le tubercule costal est saillant en arrière, au bord externe de la côte. Il est
muni d’une surface articulaire pour le processus transverse de T1.
Le col est mince et aplati de haut en bas.
La tête ne présente qu'une seule surface articulaire, pour la première vertèbre
thoracique, contrairement aux autres côtes qui en ont deux. (illustration n°1)
1.3. Les articulations
L'articulation sterno-costale qui relie le manubrium sternal à la première côte
est située sous l'articulation sterno-claviculaire. La côte est liée à son cartilage
costal par une syndesmose. Le cartilage costal est oblique médialement vers le
bas. Une capsule fibreuse unit le périoste sternal au périchondre du cartilage
costal. Le ligament costo-claviculaire relie la clavicule à l'extrémité antérieure
de la première côte.
L'articulation costo-vertébrale unit la tête de la première côte, dont la surface
articulaire est circulaire et convexe au corps de T1. C'est une articulation
synoviale plane (arthrodie). Contrairement aux autres, la première côte ne
s’articule qu’avec une seule vertèbre, ce qui permet à sa tête d’être un peu plus
mobile.
L'articulation costo-transversaire relie le tubercule costal au processus
transverse de T1. De la première à la sixième côte ces articulations sont des
trochoïdes, autorisant les mouvements de rotation, alors que pour les côtes sousjacentes ce sont des arthrodies qui permettent des
D'après Kamina P.
Les moyens de fixité de ces deux articulations comportent :
- La capsule articulaire
- Le ligament intra-articulaire de la tête costale
3
- Le ligament costo-transversaire ainsi que les ligaments costotransversaires supérieur et latéral
- Le ligament radié, qui relie la tête costale au corps vertébral
1.4. Les courbures de la première côte
Les côtes décrivent une courbe concave en dedans mais qui n'est pas régulière :
c'est ainsi que l'on décrit deux coudures désignées sous les noms d'angle
antérieur et d'angle postérieur.
D'après Rouvière R.
La première côte est plus enroulée. Son angle postérieur est plus marqué :il
forme un angle presque droit avec le corps.
A l'inverse des autres côtes, la première côte ne présente pas de torsion de sa
partie médiane, ni de gouttière costales.
D'après Rouvière R.
4
2. Les muscles s’insérant sur la première
côte
2.1. Le muscle sous-clavier
Il naît de la partie latérale de la face inférieure de la clavicule pour se diriger en
bas et en dedans vers la première côte à la jonction os-cartilage. Il abaisse la
clavicule et le moignon de l’épaule. (illustration n°5)
2.2. Les muscles scalènes
On distingue 3 muscles scalènes :
- Le scalène antérieur s’insère sur les processus transverses des troisièmes
à sixièmes vertèbres cervicales jusqu’à la face supérieure de la première
côte au niveau du tubercule dit de Lisfranc.
- Le scalène moyen s’insère sur les processus transverses des deuxièmes à
sixièmes vertèbres cervicales jusqu’à la face supérieure de la première côte
en arrière de l’insertion du scalène antérieur.
- Le scalène postérieur s’insère sur les processus transverses des
quatrièmes à sixièmes vertèbres cervicales jusqu’au bord supérieur de la
deuxième côte.
(illustrations n°6 et 7)
Ces 3 muscles, du fait de leur origine embryologique commune, présentent
fréquemment des variations.
Ce sont des muscles inspirateurs accessoires. Ils ont de plus une action de
latéroflexion et de rotation de la colonne cervicale.
2.3. Les muscles intercostaux
Le muscle intercostal externe s’étend depuis les articulations costotransversaires en arrière jusqu’aux cartilages costaux en avant, où il se continue
par la membrane intercostale externe. Ses fibres obliques en bas et en avant
s’attachent de la lèvre externe du sillon de la côte au bord supérieur de la côte
sous-jacente.
Le muscle surcostal est situé en arrière de l’intercostal externe, tendu du bord
supérieur du processus transverse d’une vertèbre (la septième cervicale entre
autre) à la face externe de la côte sous-jacente.
Le muscle intercostal interne occupe les ¾ antérieurs de l’espace intercostal.
Il se prolonge en arrière par la membrane intercostale interne. Ses fibres sont
obliques en bas et en arrière et s’insèrent de la lèvre externe du sillon de la côte,
5
en dedans de l’insertion de l’intercostal externe, au bord supérieur de la côte et
du cartilage costal sous-jacent.
Le muscle intercostal intime s’étend depuis les angles costaux jusqu’à
environ 5 cm du bord latéral du sternum. Ses fibres sont obliques en bas et en
avant et s’insèrent de la lèvre interne du sillon de la côte au bord supérieur de la
côte sous-jacente.
(illustrations n°9 et 10)
Ces muscles ont un double rôle :
- Ils luttent contre les différences de pression lors de l’inspiration et de
l’expiration
- Ce sont des muscles respiratoires accessoires.
2.4. Le muscle ilio-costal
Le muscle ilio-costal s’étend de la crête iliaque aux dernières vertèbres
cervicales en s’insérant sur les angles postérieurs des côtes. On le subdivise en 3
faisceaux dont 2 s’insèrent sur la première côte à sa partie supérieure et en
dedans de l’angle postérieur :ce sont les muscles ilio-costaux du thorax et du
cou.
Le muscle ilio-costal du thorax s’insére des 6 dernières côtes aux 6 premières.
Le muscle ilio-costal du cou s’insére des 6 premières côtes aux processus
transverses des vertèbres C3 à C6.
(illustration n°15)
Ces muscles sont extenseurs du rachis. Ils permettent le maintient de la station
érigée.
2.5. Le muscle serratus
Il s’étend du bord médial de la face ventrale de la scapula jusqu’à la partie
moyenne de l’arc antérieur des 10 premières côtes. On lui distingue 3 faisceaux,
dont le supérieur qui relie l’angle crânial de la scapula aux 2 premières côtes.
Il fixe la scapula au thorax. C’est un antépulseur et un rotateur latéral du
bras ;ainsi qu’un muscle élévateur des côtes.
2.6. Le muscle petit dentelé postéro-supérieur
Il s’insère à la partie inférieure du ligament cervical postérieur, sur les
processus épineux des vertèbres C7 à T3 ; et s’étend en bas et en dehors pour se
fixer à la face externe et au bord supérieur des côtes 2 à 4 (et parfois 5), mais
aussi de façon inconstante au bord externe de la première côte.
Ce muscle est un élévateur des côtes supérieures ;c’est donc un muscle
inspirateur.
(illustration n°14)
6
3. Rapports vasculo-nerveux
3.1. L’artère et la veine sous-clavière
Elles sont en rapport direct avec la face supérieure de la première côte.
L’artère sous-clavière droite est issue de la bifurcation du tronc artériel
brachio-céphalique en regard de l’articulation sterno-chondro-claviculaire.
L’artère sous-clavière gauche naît directement de la crosse de l’aorte.
Toutes deux donnent très rapidement des collatérales :
- l’artère thoracique interne qui va cheminer à la partie interne de la paroi
antérieur du thorax, derrière les cartilages costaux
- l’artère vertébrale
- le tronc thyro-bicervico-scapulaire
- le tronc costo-cervical
- l’artère scapulaire dorsale
Elles reposent sur la face supérieure de la première côte, dans une gouttière
située entre l’insertion costale des muscles scalènes antérieurs et postérieurs.
Les troncs primaires du plexus brachial sont situés dans le défilé du scalène,
entre les scalènes antérieur et moyen. Ils répondent en avant au scalène
antérieur, en arrière au scalène moyen et en bas à l’artère sub-clavière. Puis les
troncs secondaires gagnent la région axillaire en se rapprochant de l’artère subclavière.
(illustrations n°6 et 7)
Le défilé inter-costo-scalénique est limité par la première côte en dessous, le
scalène antérieur en avant et le scalène moyen en arrière. Il contient l’artère subclavière et les troncs primaires du plexus brachial. L’artère peut être comprimée
dans les positions d’extension du cou, d’inspiration forcée et de rotation de la
tête du côté examiné ; et au cours des mouvements d’abduction du bras et de
rétropulsion de l’épaule, c’est le tronc inférieur du plexus brachial qui est étiré
contre le scalène moyen. Ces compressions sont d’autant plus fréquentes que
l'on observe souvent des variations dans la disposition des scalènes.
Les veines sub-clavières droites et gauches naissent respectivement du tronc
veineux brachio-céphalique correspondant. Elles cheminent parallèlement à
l’artère mais passent la face supérieure de la première côte dans une gouttière en
avant de l’insertion du muscle scalène antérieur.
(illustration n°5)
7
Le défilé costo-claviculaire est délimité par la face inférieure de la clavicule,
le muscle sub-clavier et la face supérieure de la première côte.
Cette pince costo-claviculaire peut comprimer ces veines au cours de
l’abaissement du moignon de l’épaule et lors des mouvements d’abduction car la
veine s’aplatit contre le muscle sub-clavier.
Le syndrome du défilé thoraco-brachial recouvre les manifestations cliniques
liées aux compressions vasculo-nerveuses à l’intérieur du défilé thoracobrachial, et par là même celles consécutives à une compression des éléments
dans les défilés précédemment cités. Des anomalies telles qu’une première côte
trop épaisse ou la présence d’une côte cervicale peuvent également être
impliquées.
De plus les ostéopathes associent parfois à ce syndrome un spasme du scalène,
du petit pectoral ou du muscle sub-clavier.
3.2. Le ganglion cervico-thoracique et la chaîne sympathique
latéro-vertébrale cervicale
Le ganglion cervico-thoracique, alias ganglion stellaire, est l’un des 23
ganglions sympathiques qui ponctuent chacune des 2 chaînes latéro-vertébrales
orthosympathiques droites et gauches.
Il est situé en avant du col de la première côte et présente des rapports avec la
plèvre. Il s’anastomose avec les septièmes et huitièmes nerfs cervicaux, le
premier nerf thoracique, le nerf cardiaque moyen et le nerf phrénique.
Il innerve :
- l’artère sub-clavière
- le coeur (par l’intermédiaire des nerfs cardiaques)
- les bronches et les poumons
- l’oesophage
De plus il donne le nerf vertébral dont les fibres se terminent autour du tronc
basilaire.
(illustrations n°8 et 9)
A ce propos, les ostéopathes décrivent des névralgies cervico-brachiales qui ne
sont pas dues à la compression d’une racine nerveuse dans le trou de
conjugaison mais à l’irritation du ganglion cervico-thoracique par la subluxation de la première côte. Cette irritation va perturber la vascularisation du
plexus brachial et induire la névralgie.
Par ce même mécanisme ils attribuent au ganglion cervico-thoracique certains
vertiges et céphalées car celui-ci donne non-seulement le nerf vertébral mais
aussi des branches qui tapissent la paroi de l’artère vertébrale.
8
3.3. Les racines C8 et T1 du plexus brachial
Ces deux racines sont en rapports étroits avec le col de la première côte et avec
la fossette sus et rétro-pleurale. Elles sont à ce niveau reliées par une
anastomose.
(illustrations n°8 et 9)
3.4. Le paquet vasculo-nerveux intercostal
Les artères intercostales des 2 ou 3 premiers espaces intercostaux sont issues
de l’artère intercostale suprême, branche de l’artère sous-clavière par
l’intermédiaire du tronc costo-cervical. Elles cheminent au bord inférieur des
côtes et s’anastomosent avec les branches de l’artère thoracique interne. On
dénombre deux artères intercostales antérieures pour chaque espace, et une seule
artère intercostale postérieure.
Les veines intercostales ont une disposition analogue à celle des artères.
Les nerfs intercostaux cheminent sous l’artère correspondante. Ils innervent
les muscles intercostaux et à 1 cm du sternum ils se distribuent aux téguments.
4. Le dôme pleural
Le dôme pleural coiffe l’apex du poumon . Il fait saillie au dessus de la
première côte, maintenu par un appareil suspenseur essentiellement constitué de
3 ligaments :les ligaments costo-pleural, vertébro-pleural et transverso-pleural.
Ces ligaments ne relient pas directement le dôme pleural aux structures
avoisinantes mais le tissu conjonctif qui le recouvre :le fascia endothoracique.
4.1. Le ligament costo-pleural
Ce ligament est inconstant. Il relie la plèvre au col de la première côte. Il est en
rapport étroit avec l’anastomose qui unit les racines C8 et T1.
4.2. Le ligament vertébro-pleural
Il relie le dôme pleural à l’aponévrose prévertébrale.
4.3. Le ligament transverso-pleural
Il relie le dôme pleural au processus transverse de la sixième vertèbre
cervicale.
9
Cette disposition est inconstante et fait parfois intervenir des fibres issues des
muscles scalènes.
Un des rapports du dôme pleural est le ganglion cervical inférieur, qui se loge
dans la fossette sus et rétro-pleurale, en avant de l’extrémité postérieure de la
première côte, en dehors du ligament vertébro-pleural et en dedans du ligament
costo-pleural.
Le syndrome de Pancoast et Tobias est provoqué par les tumeurs de l’apex du
poumon. Il se caractérise par l’association des signes suivants :
- une radiculalgie C8-T1 associée à des signes neurologiques
- un syndrome de Claude-Bernard-Horner avec myosis, ptosis et
enophtalmie
- un syndrome moteur de type Aran-Duchenne
- une masse dure et douloureuse dans le creux sus-claviculaire
5. Les rapports aponévrotiques
La première côte est en rapport avec les aponévroses de la région antérieure du
cou. On leur distingue 3 plans :
- L’aponévrose superficielle. Elle s’insère sur la fourchette sternale, la
clavicule et la scapula puis sur l’os hyoïde pour se terminer sur le crâne et
la mandibule. Elle engaine le muscle sterno-cléido-mastoïdien.
- L’aponévrose moyenne, qui engaine les muscles sterno-cléïdo-hyoïdien,
omo-hyoîdien, sterno-thyroïdien et thyro-hyoïdien.
- L’aponévrose profonde, qui recouvre les muscles prévertébraux et les
scalènes.
Ces aponévroses ont un rôle mécanique important.
6. Rapports vis-à-vis des chaînes ostéopathiques
La prise en compte des seuls muscles présentant une insertion sur la première
côte est insuffisante pour apprécier le rôle de celle-ci. Mais les ostéopathes
conçoivent celle-ci dans un ensemble si vaste qu’il est ici impossible de citer
toutes les structures anatomiques mises en jeu.
Selon De Winter, la première côte fait partie d’un complexe cinétique cervicocosto-thoracique, la notion de complexe cinétique étant la suivante : "le
complexe cinétique est formé de 3 composantes :
10
- L'ensemble des muscles, de leurs tendons, des aponévroses et leurs
annexes
- L'ensemble des éléments d'une jointure (extrémités osseuses, cartilages,
franges synoviales, ménisques et disques)
- Les structures de régulation (les récepteurs tendineux, articulaires et
cutanés ainsi que les voies nerveuses et les centres d'intégration)"
Ainsi toute dysfonction de la première côte aura des répercussions cervicales,
thoraciques et brachiales, et réciproquement. Dans ce complexe cinétique, il
faut noter l'importance toute particulière de la clavicule, de l'os hyoïde, du
muscle sous-clavier et des scalènes, et aussi des fascia du cou.
7. Illustration : dissections
7.1. Matériel et méthode
Les clichés présentés sont issus de dissections réalisées sur trois sujets :
- Un sujet formolé, côté droit,
- Un sujet frais progressivement formolé, injecté en artériel et en veineux,
côté droit,
- Un sujet formolé, côté droit.
Plusieurs instruments ont été utilisés :
- Des bistouris lame n°15
- Des bistouris lame n°23
- Des ciseaux à bouts mousses
- Des écarteurs
Les sujets sont placés en décubitus dorsal. L’incision cutanée débute le long
du sternum, de la ligne médiane du cou, de la mandibule jusqu’au processus
mastoïde. Puis en réclinant le grand pectoral, le platysma puis la clavicule on
visualise un à un les différents rapports de la première côte. Afin de
progresser le long de la côte, le sujet est placé en décubitus ventral. On récline
le trapèze, puis le rhomboïde et l’élévateur de la scapula, et enfin le petit
dentelé postérieur et supérieur.
7.2. Résultats
Il s’agit ici de fournir quelques illustrations à ces rappels anatomiques.
L’objectif de l’étude radio-anatomique était de visualiser les courbures et
notamment l’angle postérieur de la première côte, ainsi que la forme des
surfaces articulaires costo-vertébrales et costo-transversaires.
11
III. Anatomie fonctionnelle et étude radioanatomique
1. Biomécanique de la première côte
La première côte réalise 2 types de mouvements :
- Les mouvements respiratoires
- Les mouvements liés à la première vertèbre thoracique
1.1. Les mouvements respiratoires de la première côte
On décrit classiquement 2 types de mouvements des côtes :le mouvement en
bras de pompe et le mouvement en anse de seau.
Le mouvement en bras de pompe consiste en une rotation de la côte autour
d’un axe passant par le centre des 2 articulations costo-transversaire et costovertébrale. Dans ce mouvement, l’extrémité antérieure de la côte monte et
descend ce qui modifie le diamètre antéro-postérieur du thorax.
D'après Richard R.
Le mouvement en anse de seau s’effectue autour d’un axe passant par
l’articulation sterno-costale et par un point intermédiaire postérieur situé entre
l’articulation costo-vertébrale et costo-transversaire. Lors de ce mouvement on
observe une modification du diamètre thoracique transversal.
12
D'après Richard R.
Le mouvement en bras de pompe concerne essentiellement les premières
côtes :de la première à la sixième ; et le mouvement en anse de seau les
dernières côtes, de la troisième à la dixième. Pour la plus grande majorité des
auteurs, la première côte ne serait concernée que par le mouvement en bras de
pompe. Deux dispositions anatomiques semblent le confirmer :
- D’une part la forme des articulations costo-vertébrales et costotransversaires
On rappelle que les articulations costo-transversaires des premières côtes étant des
trochoïdes elles permettent des mouvements de rotation, alors que celles des dernières côtes
sont des arthrodies et permettent des mouvements de glissement.
13
- D’autre part les courbures des côtes, et notamment l’angle postérieur qui
atteint presque 90 degrés au niveau de la première côte.
Il faut noter que ce mouvement est de faible amplitude par rapport aux autres
côtes et qu'il survient essentiellement lors de la respiration profonde. Néanmoins
la première côte joue un rôle très important dans la respiration.
1.2.Les mouvements en relation avec T1 et plus généralement le
rachis
Il existe une solidarité entre les mouvements vertébraux et costaux. Pour
preuve, l’inclinaison latérale du rachis place l’hémicage thoracique en position
d’expiration dans son côté concave, d’expiration dans son côté convexe.
Lors de l’antéflexion cervicale T1 part en avant et entraîne les premières côtes
en bas et en avant.
Lors de la postflexion cervicale T1 part en arrière et entraîne les premières côtes
en haut et en arrière.
Lors de la latéroflexion cervicale T1 oblige la première côte homolatérale à
descendre et la première côte controlatérale à monter.
Lors de la rotation cervicale T1 effectue une rotation dans le même sens que la
tête, donc du côté de la rotation la première côté part en arrière et du côté opposé
de la rotation la première côte part en avant.
2. Etude radio-anatomique
L’objectif initial de cette étude était de visualiser la position de la première
côte en inspiration, en expiration et d’en déduire ses mouvements ; ainsi que sa
position lors de l’extension, de la flexion et de la rotation du rachis cervical.
Mais dans cette optique les clichés thoraciques standards sont trop peu
informatifs. Le scanner est alors plus adapté, mais la proximité de la thyroïde ne
permet pas d’en réaliser sur des volontaires sains. C’est pourquoi la seule
méthode restant à disposition demeure le scanner sur des pièces anatomiques.
2.1. Méthode
Des séries de clichés ont été réalisées sur 3 sujets formolés et congelés, parmis
lesquelles se trouvent des reconstructions. Une seule de ces reconstructions
permet d’observer les premières côtes déroulées. Après l'avoir décalquée on peut
mesurer les angles voulus.
14
2.2. Résultats
Tout d'abord on remarque que les premières côtes ne dépassent à aucun
moment une ligne tracée entre les deux processus transverses de T1.
L'angle postérieur de la côte ne peut être qu'apprécié, le corps de celle-ci étant
convexe. Il avoisine les 90 degrés et semble un peu asymétrique.
Par contre on peut mesurer l'angle formé entre la ligne passant par les processus
transverses de la vertèbre et celle passant par le centre des deux articulations
costo-vertébrale et costo-transversaire. Cet angle est remarquablement
symétrique et mesure 40 degrés.
On note que l'illustration issue de l'ouvrage de H. Rouvière et A. Delmas
"Anatomie humaine" tome 2 montre un axe vertébro-costal de première côte
nettement moins incliné par rapport à la ligne passant par le centre des processus
transverses.
(illustration n°17)
IV. Comparaison avec le point de vue des
ostéopathes
1. La conception physiologique de la lésion
ostéopathique (F.RICARD)
« La lésion ostéopathique se définit comme une disparité dans la mobilité
tridimensionnelle d’un élément conjonctif quel qu’il soit. Elle se caractérise par
une restriction de mobilité dans un ou plusieurs des paramètres physiologiques
de mouvement. » (F. Ricard)
Cette dysfonction peut être due à un mouvement intempestif ou mal contrôlé
qui étire de façon anormale le système capsulo-ligamentaire et qui induit une
réaction inflammatoire. Les récepteurs proprioceptifs vont alors décharger vers
la moëlle épinière , ce qui se traduit en retour par la perception d’une douleur,
des troubles trophiques par l’intermédiaire du système ortho-sympathique et une
hyper-activité des motoneurones gamma. Les fuseaux neuro-musculaires des
muscles du métamère concerné vont alors se contracter de façon permanente et
entraîner le spasme de ce muscle.
Ce spasme va perdurer dans le temps par création d’un arc réflexe nociceptif
facilitateur au niveau médullaire. Il existe alors selon l’articulation en
15
dysfonction un segment médullaire qui possède une réceptivité excessive aux
influx nerveux, qu’ils soient cutanés, viscéraux ou articulaires, et qui vont tous
faciliter le spasme. L’état de facilitation peut se répercuter par des douleurs
projetées sur tout le métamère :
- sur le myotome et former des chaînes lésionnelles neuro-musculaires
- sur le dermatome
- sur le sclérotome
- sur les viscères
D’autre part, les nerfs cheminant dans les muscles spasmés sont irrités, ce qui
augmente l’exitabilité nerveuse. Ce phénomène serait responsable de la création
de chaînes lésionnelles.
2. Les dysfonctions ostéopathiques de la première
côte et leurs répercussions
2.1. Les lésions ostéopathiques de la première côte
Les ostéopathes distinguent 4 dysfonctions de la première côte, qui sont :
- Les lésions de flexion-extension de la première côte, secondaires à une
fixation en rotation de la vertèbre T1 (qui est la seule vertèbre avec laquelle
la première côte s’articule). Cette rotation est liée au spasme des muscles
transversaire-épineux, splénius et complexus du cou. La première côte est
alors en extension du coté de la rotation de T1 (c’est-à-dire qu’elle est
haute et postérieure en avant, basse et postérieure en arrière), et en flexion
du côté opposé (basse et antérieure en avant, haute et antérieure en arrière).
- Les sub-luxations de la première côte :cette fois la mauvaise position de la
côte constitue la lésion primaire. Elle est due au déséquilibre tensionnel des
scalènes. Le plus souvent on observe un spasme de ces muscles, ce qui
induit une sub-luxation postérieure de la côte. Plus rarement ces muscles
sont hypotoniques et la sub-luxation est alors antérieure.
- Les lésions intra-osseuses de la première côte :il s’agit d’une torsion
intrinsèque des fibres osseuses, que l’on observe en cas de scoliose
- Les lésions respiratoires de la première côte, qui sont toujours la
conséquence des 3 premières. Elles consistent en une restriction de la
mobilité de la première côte lors de la respiration, et si elles ne sont que
rarement douloureuses, elles sont souvent source de fatigue.
2.2. Les répercussions de ces lésions – Relations anatomiques
Elles sont nombreuses et sont liées aux rapports anatomiques de la première
côte. Ainsi on peut observer :
16
• un retentissement sur les poumons à type d’asthme ou d’oppression
thoracique par l’intermédiaire des ligaments costo-pleuraux
• un retentissement sur le cœur (notamment pour la première côte
gauche) par l’intermédiaire de ligaments costo-péricardiques et vertébropéricardiques
• des répercussions neurologiques par le biais :
- du plexus brachial, qui se traduisent surtout par des névralgies
cervico-brachiales C8-T1 du fait des rapports étroits de ces deux
racines avec le col de la première côte
- du nerf phrénique (spasme du diaphragme)
- du ganglion cervico-thoracique (ou stellaire) qui facilite les
informations viscéro-motrices sous-jacentes et du même étage
• des répercussions vasculaires par le biais de la chaîne latéro-vertébrale
et notamment du ganglion cervico-thoracique car celui-ci donne des fibres
qui tapissent certaines artères et peuvent provoquer leur spasme. Ainsi :
- l’artère sous-clavière, dont l’angio-spasme induit des
fourmillements des extrémités, des engourdissements, une
congestion de la thyroïde (par l’artère thyroïdienne inférieure)
- l’artère carotide dont le spasme provoque des céphalées, des
vertiges et des bourdonnements d’oreille
• des répercussions sur le système lymphatique :stase et œdème du
membre supérieur
• des perturbations mécaniques de l’articulation scapulo-humérale.
V. Conclusion
Située à la charnière du thorax et du cou, la première côte constitue avec T1 un
ensemble solidaire de la cage thoracique. Mais cet ensemble subit les contraintes
liées au rachis cervical auquel il incombe de supporter l'extrémité céphalique
tout en restant très mobile. Ainsi, même si la première côte semble relativement
statique en comparaison avec les côtes sous-jacentes, les tensions qu'elle subit et
l'étroitesse de ses rapports avec les éléments du défilé thoraco-brachial et la
chaîne sympathique latéro-vertébrale en font une zone sujette aux pathologies.
C'est pourquoi conception ostéopathique de la première côte comme faisant
partie intégrante d'un complexe cinétique capable de compensation face aux
contraintes exo ou endogènes offre une approche intéressante de la région.
17
Illustration n°1
Tubérosité costale
Col
Tête
Gouttière de l'artère sub-clavière
Tubercule du scalène antérieur
18
Illustration n°2
Muscle platysma
Relief de la clavicule
19
Illustration n°3
Muscle sterno-cléido-mastoïdien
Clavicule
Muscle sub-clavier
Chef claviculaire du muscle grand pectoral
Ligament costo-claviculaire
Branche perforante de l'artère thoracique interne
Chef sterno-costal du muscle grand pectoral
20
Illustration n°4
Mandibule
Veine jugulaire interne
Artère thyroïdienne supérieure
Muscle omo-hyoïdien
Muscle scalène
21
Illustration n°5
Muscle omo-hyoïdien
Artère transverse du cou
Plexus brachial
Veine jugulaire interne
Clavicule
Muscle sub-clavier
Veine sub-clavière
22
Illustration n°6
Muscle sterno-hyoïdien
Nerf vague
Artère carotide interne
Nerf phrénique
Artère transverse du cou
Plexus brachial
Artère supra-scapulaire
Muscle scalène antérieur
Artère thoracique interne
Artère sub-clavière
Première côte
23
Illustration n°7
Cartilage thyroïde
Muscles scalènes moyen et postérieur
Dome pleural
24
Illustration n°8
Ganglion stellaire et anastomose avec C8
Première racine dorsale
Artère vertébrale
Dome pleural
25
Illustration n°9
Septième racine cervicale
Ganglion de la chaine latéro-vertébrale
Artère vertèbrale
Huitième racine cervicale
Ganglion cervico-thoracique ou stellaire
Muscle intercostal externe
26
Illustration n°10
Muscle intercostal externe
Muscle intercostal interne
27
Illustration n°11
Première côte
Artère et veine thoracique interne
Deuxième côte
28
Illustration n°12
Muscle trapèze
Muscle grand dorsal
29
Illustration n°13
scapula
Muscle rhomboïde
30
Illustration n°14
Muscle splénius du cou
Muscle petit dentelé postérieur et
supérieur
Muscle rhomboïde récliné
Muscle ilio-costal
31
Illustration n°15
Muscles splénius de la tête et du cou
Muscle ilio-costal
Muscle longissimus
Muscle épineux
32
Illustration n°16
Muscle splénius du cou
Muscle surcostal
Tubercule et col de la première côte
33
Illustration n°17
34
Illustration n°17 bis
D'après R. Rouvière
35
BIBLIOGRAPHIE
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