`Caractérisation territoriale, urbanistique et architecturale de Ganghwa`

‘Caractérisation territoriale, urbanistique
et architecturale de Ganghwa’
WAT Workshop_atelier/terrain Ganghwa 2007 1
‘Caractérisation territoriale,
urbanistique et architecturale de
Ganghwa’
Porte de la ville, Ganghwa
Ce présent travail est une analyse typo-morphologique de la ville de
Ganghwa, en Corée du sud. Il s’agit de caractériser et de
comprendre les processus qui ont agit sur l’urbanisation de la ville à
l’aide de moyens visuels mais aussi d’informations venant d’un cadre
plus global. L’analyse se fait en considération de l’échelle de la
macroforme jusqu’à l’architecture, mais se doit de tisser des liens
entre chacun des éléments pour comprendre les causes des effets.
Ce qu’a révélé la lecture morphologique est le puissant ancrage des
formes urbaines actuelles dans l’histoire de la ville, que ce soit en
lien avec l’agriculture ou bien avec les pratiques géomantiques. Ainsi
le processus d’urbanisation s’est fait sur une trame persistante dans
le temps et la forme. Or, aussitôt que la croissance dépasse ces
limites anciennes on remarque des changements visibles qui
permettent de lire l’histoire.
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et architecturale de Ganghwa’
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«La morphologie urbaine est l’étude de la forme physique de la vile,
de la constitution progressive de son tissu et des rapports
réciproques des éléments de ce tissu qui définissent des
combinaisons particulières, des figures urbaines (rues, places et
autres espaces publics…).» 1 Or, le présent travail se veut une
analyse typo-morphologique de la ville de Ganghwa. Ce type
d’approche permet de caractériser et surtout de comprendre
comment le paysage urbain est constitué afin d’élaborer une base
solide pour une intervention cohérente dans celui-ci. La ville étant un
système complexe dont les acteurs sont multiples et les modes
d’expression variables, doit être vue comme une superposition de
couches historiques. Alors que chacune influence l’autre, cela
permet une certaine stabilité dans le temps et ainsi chacune parle du
système qui l’a engendrée. C’est pour cette raison que l’analyse
typo-morphologique doit être une approche systémique. C’est-à-dire
qui prend en ligne de compte tous les facteurs d’influence et tisse
des liens entre eux pour permettre une compréhension efficace de
l’ensemble de la composition urbaine.
Image 1 Détail des éléments du système morphologique
1 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de
la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 5.
Méthodologie de travail
Dans cette optique, ma méthode de travail partira d’une vision
globale de la ville de Ganghwa, la macroforme, pour ensuite
s’étendre sur le plan général en passant par le maillage, le
parcellaire jusqu’à l’unité architecturale (voir le glossaire des termes).
Or, même s’il y a distinction entre ces éléments, l’analyse de chacun
sera remise dans le contexte général, pour permettre d’en saisir les
effets et les causes et le caractère expérientiel. Toutefois, il y a la
limite du manque d’informations préalables à une analyse
exhaustive, puisque les facteurs économiques, politiques, légaux et
autres sont relativement peu disponibles et, somme toute, généraux.
Le matériel utilisé pour l’analyse sera dans un premier temps la carte
topographique pour la situation globale, le plan d’urbanisme, les
photos satellites et celles à partir du sol. Les cartes historiques
seront d’une grande utilité pour superposer les éléments et faire
ressortir ce qui persiste ou ce qui a changé. Encore là, l’utilisation
n’est pas linéaire, mais exige un va-et-vient entre les différents
documents pour confirmer les observations.
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Macroforme
La macroforme est synonyme de "tache urbaine" qui fait référence à
la forme que prend la ville sur le territoire. En observant celle de
l’agglomération urbaine de Ganghwa, on peut émettre des
hypothèses quant à sa morphogenèse et son expansion future. Ainsi,
sa transformation est due à des forces (systèmes de transports) qui
favorisent l’expansion, mais aussi à des contraintes qu’on appelle
des éléments d’inertie (plan d’eau et topographie inappropriée). 2
En fait, l’analyse de l’image satellite nous permet de comprendre
l’interaction que l’urbanisation de Ganghwa a avec le site dans lequel
elle est insérée. La topographie peut être vue sous forme de
contraintes et de potentialités. Dans ce cas, la ville est encerclée par
une chaîne de collines, limitant son expansion plus fortement au nord
et de l’est vers le sud. Dans la portion sud-ouest il y a une vallée
correspondante à la rivière qui pénètre le territoire de la ville ce qui
permet clairement l’étirement de la tache urbaine. Le même
phénomène se produit au nord-est, cependant avec moins d’impact.
Ainsi, la contrainte limitative des collines est compensée par
l’ouverture dans la topographie sous forme d’une vallée d’où un axe
principal de transport routier a été établi en reliant la ville à la
capitale. On peut remarquer que l’étalement se poursuit le long de
cet axe routier qui a un effet d’entraînement dans l’établissement du
tissu urbain de par son rôle de vecteur économique. Comme dans le
cas de la presque totalité des villes, le passage d’un mode piétonnier
à un système mécanisé de transport comme l’automobile induit des
changements majeurs dans l’étalement urbain. L’automobile permet
de s’éloigner des centres urbains en faveur de la périphérie.
Toutefois, on peut voir que l’agriculture semble jouer un rôle
modérateur. En sachant que l’agriculture sur l’île de Ganghwa est
toujours forte avec 58 % des terres arables en culture, on peut
déduire que l’agriculture sur les flancs des collines plus le facteur
topographique freinent l’urbanisation de ces mêmes collines. 3 Le
2 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de
la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 28.
3
http://www.quid.fr/monde.html?zoom=1&nbphot=9&iso=kr&mode=detail&style=p
hoto
même effet se produit le long de la rivière à partir de la porte du sud
où l’agriculture y puise son eau. Comme résultante, on peut qualifier
la macroforme de Ganghwa comme modèle en étoile avec des
radiales fuyant par les vallées.
Image 2 : Diagramme de la tache urbaine et des contraintes et potentiels du site.
En analysant la morphologie du site et les documents historiques, il
serait possible que l’établissement de la ville de Ganghwa fut choisi
par des praticiens de la géomancie, terme qui signifie la divination
par la terre. Or le terme géomancie serait une mauvaise francisation
de p’ungsu qui veut dire vent et eau. Cette pratique dérive du Feng
shui chinois que les Coréens ont adapté à leur territoire et l’ont
assoupli dans l’application de la théorie. Sommairement, "le P’ungsu
est un savoir-faire hautement développé et un système de valeur qui
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prône que la situation d’un site d’édification et l’orientation des
bâtiments ne devraient pas s’opposer à la nature".4 Or, la base
théorique est la suivante : la nature est remplie d’une énergie vitale
qui circule (le ki), qui est dispersée par le vent et captée par l’eau. Le
site idéal parviendrait à canaliser cette énergie en utilisant les
éléments de la nature comme les montagnes protectrices des vents
qui dispersent l’énergie et les rivières qui la canalisent. Il conviendrait
de trouver le point culminant (hyŏl) de cette énergie et d’y établir le
temple de la ville. Par ailleurs, le schéma idéal d’un site se résume à
la localisation de la montagne principale au nord ou à l’arrière
(chusan) pour
protéger des vents
rigoureux, de deux
montagnes
embrassant les
côtés est et ouest et
la plus petite
montagne au sud. Le
centre étant une
vallée parcourue par
une rivière dont l’eau
ne doit pas circuler
trop rapidement pour
que l’énergie reste.
Image 3 d’un site géomantique idéal
L’analyse de ces critères et de la situation géographique de la ville
de Ganghwa laisse effectivement croire que le site a été choisi pour
son potentiel géomantique, tout comme l’a été la capitale, Séoul.
L’image cinq montre un plan de la ville en 1866 et montre très
clairement la situation des collines, la vallée parcourue par la rivière
et l’établissement du centre de la ville au point culminant. Outre
l’ancienne symbolique de cet art, le p’ungsu reste une pratique
4 Bong-ryol, Kim, Natural perspective revealed in traditional Korean architecture,
Koreana automne 1999 volume 13 numéro 3, 4 pages
ancrée sur des valeurs humaines de bien-être et d’harmonisation à la
nature et influencée par les éléments surtout climatiques.
Image 4 du site
géomantique de Séoul
Image 5 Plan de
Ganghwa en 1866 de
la marine française
montrant le site et son
potentiel géomantique
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Le plan de la ville
Le maillage est le tracé de la voirie. Il permet de comprendre la
hiérarchisation des voies et comment elles irriguent les différents
secteurs de la ville et sa périphérie; mais bien plus encore. Porteuse
de sens, cette structure urbaine raconte en quelque sorte l’histoire de
la ville puisqu’il est un élément d’inertie des plus durables dans le
temps. L’histoire se raconte lorsque nous superposons des cartes
historiques aux plans les plus récents et que les tracés passés
apparaissent.
Image 6 montrant le maillage en négatif
Ce que révèle le maillage de Ganghwa est qu’il n’y a pas eu
d’organisation à grande échelle ou de plan d’urbanisme. On pourrait
le qualifier de maillage organique ou de plan spontané. 5 Même si, à
première vue, les voies semblent désorganisées, elles peuvent être
analysées à plusieurs niveaux et peuvent démontrer qu’il y a une
logique derrière toute structure. Premièrement, les contraintes du site
sont un facteur d’organisation et la topographie du site en témoigne.
Dans ce cas-ci, si nous superposons le plan de la ville fait par le
Dépôt des cartes et Plans de la marine française en 1866 sur le plan
d’urbanisme actuel, nous pouvons voir le tracé des routes principales
5 Allain, Rémy, Morphologie urbaine : géographie, aménagement et architecture de
la ville, Armand Collin, Collection U, Paris, 2004, page 70.
qui s’est perpétué dans le temps. Or, les routes qui mènent aux
portes de la ville ont été vraisemblablement adaptées aux courbes
de niveaux en les suivant parallèlement, mais aussi en évitant les
pentes plus fortes en construisant dans le creux des vallées. De ce
fait, elles sont sinueuses, mais tout de même directes.
Image 7 montrant la logique des potentiels et contraintes du site et la logique de centralité et
convergence
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