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HISTOIRE
ET
PETITES HISTOIRES
DE LA
MEDECINE
ET DES
MEDECINS
UV 405
P. PILARDEAU
PLAN
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MEDICUS
LA GENESE
Magie et chamanisme
Les saints guérisseurs, les miracles
MEDECINE ET CIVILISATION
MEDECINE PREHIPPOCRATIQUE
La decine assyrienne
Ladecine égyptienne
La decinebraïque et chtienne
LA MEDECINE GREQUE
La decine crétoise, mycénienne et pré hippocratique
La decine hippocratique
La decine post hippocratique
LA MEDECINE A ROME
LA MEDECINE ARABE
LE MOYEN AGE
Le haut moyen âge (476-1100)
Le moyen âge (1100-1453)
LA RENAISSANCE
DE LA RENAISSANCE AUX LUMIERES
REVOLUTION, EMPIRE ET MEDECINE MILITAIRE
DES ROMANTIQUES AUX IMPRESSIONISTES
MEDICUS
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La médecine, de medicus « decin » est définie dans les dictionnaires modernes comme une
science destinée à soigner les malades (et non pas les maladies). Cette distinction est fondamentale, car
elle intègre dans l’exercice professionnel les dimensions humaine et artistique indispensables. Ainsi,
même si l’on peut considérer la médecine comme une science, très imparfaite d’ailleurs, il n’en est pas
de même de son exercice, qui lui relève de l’art. Les plus anciens papyrus, et Hippocrate lui-même,
mettent en exergue cette dualité en distinguant la part du scientifique (examen, remède) et celle de l’art
(diagnostique, prescription). « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », pourrait se traduire
dans notre discipline par « decine sans humanisme n’est que cautères sur jambe de bois ».
s les origines, c’est la conscience qui domine la science. Le guérisseur, le chamane, le
sorciertraitent l’âme autant que le corps. Toute l’histoire de ladecine est empreinte de
l’importance qu’il faut attacher au patient dans sa globalité humaine (physique, psychologique et
sociale). Ce n’est qu’à la révolution française que le rationalisme prôné par les philosophes comme
Hegel et Descartes placera la science au centre de la réflexion dicale. La révolution des mœurs,
l’industrialisation, l’exode rural, la technique au service de la santé, refouleront peu à peu la part
d’humanisme à sa portion congrue, ravalant le malade à une maladie, le patient à un cas, l’homme à un
bilan biologique ou radiologique, jusqu’à ce que le médecin ne communique qu’avec l’ordinateur
trônant sur le bureau.
Ce cours envisagera dans un premier temps l’histoire de la médecine en fonction des
différentes civilisations, et dans un second temps, en fonction de ses spécialités de la renaissance à nos
jours.
Ce document ne concerne que l’histoire de la médecine périméditerranéenne à l’exclusion
d’autres civilisations (précolombienne, Indou, Chinoise) dont la richessedicale est considérable
mais dont l’influence sur la médecine occidentale reste relativement faible. Il est enrichi d’une
multitude de « petites histoires » à mon sens aussi importantes que les grandes. Ces bruits et ces
chuchotements qui ont traversé le temps et lesmoires consignent le fondement même des pulsions
humaines, la peur, l’envie, la haine, l’amour, le désintéressement, l’humanisme... Ils s’inscrivent, dès
les origines, comme un bruit de fond qui parcoure les siècles mais dont l’origine reste toujours
identique, comment exister ?
LA GENESE
« Le seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre ; il répandit sur son visage un
souffle de vie, et l’homme devint vivant et animé » (Genèse II, 7). La conscience lui viendra plus
tardivement (en mangeant le fruit défendu) enme temps que la perte de l’immortalité et
l’appréciation du bon et du mauvais (Gese III, 7). Pour les trois religions monothéistes, la naissance
de la Médecine peut se situer à ce moment ; prise de conscience de la mort et du corps (douleur lors de
l’accouchement, sueur au front…), présence de forces macrocosmiques supérieures (Dieu), possibilité
de communier avec ces forces et de les orienter vers le bien ou le mal. Traduit en langage athéiste la
démarche demeure identique en supposant qu’une telle conception ait pu prévaloir à la naissance de
l’humanité.
Quels sont donc les gènes premiers du phénotypedical ? Comment est-on passé de la
conscience individuelle à la conscience collective, autrement dit comment a-t-on pu imaginer
d’interférer dans le microcosme d’autrui pour son bien ou son malheur. Des éléments de réponses se
trouvent dans les premiers textes arrivés jusqu’à nous (sumériens, égyptiens, chinois…). Tous ces
documents se réfèrent en premier lieu à l’équilibre cosmique, le jour et la nuit, la position des astres,
les cycles de la nature environnante. Bien avant que l’imaginaire de l’homme invente l’atome
(Démocrite, Leucippe en 400 Av JC) et compare cette partie indivisible de l’univers au cosmos, des
astronomes lisaient déjà des signes dans les étoiles et les rapportaient aux convulsions humaines
(guerre, épidémie, sécheresse). Avec ou sans Dieu (les atomistes grecs étaient athées) l’homme
n’était que le reflet de la mécanique stellaire, un corps obéissant aux loislestes et dont le
fonctionnement intime relevait des conjonctions planétaires que celles-ci soient divines ou non.
La médecine est donc née de ce besoin de communiquer et d’influer sur le microcosme en
faisant appel à des « transmetteurs » qui, suivant les civilisations seront chamans, scribes, astrologues
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alchimistes, sorciers, guérisseurs, hommes médecine pour terminer momentanément leur évolution en
médecin.
Dès la période néolithique (15 000 ans avant JC), l’homme réalise une véritable révolution
portant sur la prééminence du symbolique. La religion se développe suivant une logique
transcendantale. Le culte des morts apparaît et l’on pense pouvoir guérir les malades en créant une
communication cosmique. Entre -3000 et moins -1000 se met en place une culture de la trépanation
(on a découvert 510 crânes trépanés dont 250 en France pendant cetteriode), c'est-à-dire de la voie
de transfère direct entre l’intérieur du crâne et les puissances célestes. Dans certaines régions, l’on
trouve dans les ossuaires, jusqu’à 17% de crânes trépanés (Baumes chaudes). Cette intervention avait
de bonnes chances de cicatriser, puisque de 56 à 70% des crânes retrouvés, présentaient un biseau de
régération (la cicatrisation intervient six à huit semaines après l’intervention).
Crânes néolithiques trépanés
Hormis la trépanation elle-même, on retrouve la symbolique du « mal extirpé » dans la sacralisation de
la rondelle crânienne qui peut être portée au tour du cou comme amulette.
Dans pratiquement toutes les civilisations (sopotamienne, Egyptienne, précolombienne)…
les trépanations présenteront un caractère magique en rapport avec la conscience, l’âme et le
psychologique. L’ablation de la pierre de folie au moyen âge semble ainsi perpétrer la continuité de
ces pratiques empiriques.
La technique de trépanation incas nous est particulièrement bien connue :
Trépanation par fragmentations contiguës
(Musée de Nasca)
Le sujet devant subir l’intervention était préalablement rasé, on appliquait ensuite,
pendant 24 heures, des feuilles de coca sur la peau pour provoquer une sorte d’anesthésie
locale. Le sujet lui-même consommait de la drogue comme anesthésiant.
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La trépanation était réalisée par percussion avec un couteau d’obsidienne (pierre très
dure taillée), après avoir disséqet réclila peau.
Avant la fermeture, l’opérateur plaçait une prothèse qui pouvait être une plaque d’or,
d’argent ou de coucourbe préalablement séchée etcoupée.
La suture était ensuite réalisée avec des mandibules de fourmis (en tenant les fourmis
par l’abdomen, on positionnait les mandibules sur chaque berge de la plaie avant, d’un coup
sec, de sectionner la fourmi au niveau du thorax pour ne laisser en place que la tête). L’acide
formique libéré lors de cette opération servait d’antiseptique.
Les jours suivants on appliquait sur la plaie du miel comme antibactérien (la très forte
osmolarité du glucose jouait un rôle de lyophilisant, interdisant toute prolifération
bactérienne).
Magie et chamanisme
La magie, au me titre que la médecine, est un art visant à produire par des procédés
occultes des phénomènes inexplicables pouvant engendrer le mal (magie noire) ou le bien (magie
blanche). Envisagée d’un point de vue purement scientifique, on peut considérer que «La magie
correspond à une activité tendant à produire un effet dont la relation directe avec celle-ci n’est pas
subjectivement explicable par la loi de causali» (Lexa F.1929).
D’un point de vue psychanalytique, la magie induit l’activation par l’inconscient de processus
psychosomatiques susceptibles de produire des manifestations cliniques, objectivement indépendantes
de l’objet initial, et dénuées de toute traçabilité scientifique.
Quelle que soit la définition retenue, la magie s’exerce toujours en plusieurs temps :
= L’étude des signes (osselets, astrologie, boule de cristal, entrailles
d’animaux sacrifiés, volutes de fumée… ou tout autre médiateur) susceptibles d’établir le diagnostic.
= La communication, le sorcier, grâce à la transe (de lui-me ou de son
patient) entre en contact avec les puissances divines ou sataniques dont il espère pouvoir tirer profit
(incantation, envoûtement, formule magique...)
= La prescription peut alors être prescrite sous différentes formes, charmes,
philtres, potions, prières, jeûne, scarification, sacrifice animal...
Dans tous les cas le patient doit être prévenu qu’il est sous l’emprise d’un charme ou d’un
envoûtement.
Ces trois phases, sont communes aux pratiques magiques quelle que soit la civilisation, depuis
que le développement de la conscience a permis de concevoir un au-delà, et l’existence de forces
susceptibles d’être orientées par un rituel connu du seul sorcier, magicien ou chamane.
Le fondement de la magie repose sur l’existence de forces invisibles sur lesquelles le chaman,
le magicien ou l’homme médecine peut agir. Ces forces s’expriment entre le macrocosme universel et
le microcosme de l’organisme par des similitudes directes. Ainsi les quatre éléments, le feu, l’eau, l’air
et la terre constituent ils un équilibre subtil à la fois dans l’organisme et l’environnement. Le Yin et le
Yang des decines traditionnelles chinoises, se retrouvent à la fois dans le climat (chaud, sec,
humide, froid) et la géographie du lieu (vallée, altitude, milieu aquatique, désert). De la même façon
en Mésopotamie, puis en Gce, chaque planète sera sensée influer sur le comportement d’un individu
et ses éventuels dérèglements (sujets lunatique, uranien, martial, saturnique, solaire…).
Dans ce cadre, les relations entre les puissances macrocosmiques et l’individu, peuvent être en
partie mtrisées par des rituels, des talismans ou des amulettes.
La tentation de « traiter » naîtra tout naturellement de l’observation des astres et de la
croyance en ces forces qui seront bientôt rationalisées en divers dieux, spécialisés dans des domaines
très précis, depuis la lutte contre la stérilité, le traitement des asthénies diverses et me la prévention
(prémunition contre les épidémies, la famine, les grossesses pathologiques…).
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