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DERMATOSES INFECTIEUSES
Institut Boiron – septembre 2001
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La flore cutanée
Les mécanismes de défense contre l’infection
Infections bactériennes cutanées :
Les infections superficielles
Les infections profondes : les dermo-hyperdermites microbiennes
Les problèmes dermatologiques des infections systématiques
Viroses à expression cutanée :
Groupe des herpès virus
Virus Zona – varicelle
Molluscum Contagiosum
Verrues
Place de l’homéopathie dans la prise en charge des dermatoses infectieuses
Docteur Marie-Jeanne GODEAU
Dermatologue (Paris 8ème)
Ancienne interne des Hôpitaux de Paris
Ancien Chef de clinique
Assistante des Hôpitaux de Paris
Préface du Docteur Hervé DARIE
Médecin Chef du service de Dermatologie
Hôpitald’instruction des Armées Bégin
(Saint-Mandé,94)
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PREFACE
On estime que les dermatoses infectieuses “primitives”, excluant la surinfection d’une dermatose
pré-existante, représentent 5 à 10% des affections dermatologiques. L’infection se développe
quand se produit une rupture de l’équilibre microbien cutané par défaillance ou débordement des
défenses de l’hôte à la faveur de facteurs locaux ou généraux.
Il s’agit de pathologies fréquentes en pratique de ville. La plupart de ces infections sont
transmissibles et particulièrement contagieuses pour certaines d’entres elles, notamment chez
l’enfant. Leur diagnostic demeure essentiellement clinique, reléguant au second plan les examens
complémentaires. Les infections bactériennes sont dominées par les cocci Gram positif, en
particulier le streptocoque ß-hémolytique du groupe A et le staphylocoque doré. Les infections
virales sont représentées par les infections à Papillomavirus, à Pox virus, et celles du groupe
Herpès.
La prise en charge thérapeutique doit prendre en compte l’agent pathogène mais aussi le terrain
sur lequel il sévit. Pour les infections bactériennes, il faut noter le caractère délétère des anti-
inflammatoires non stéroïdiens abusivement prescrits. Lusage immodéré des antiseptiques et des
antibiotiques locaux expose à des accidents d’intolérance ou de sensibilisation. Le recours à
l’antibiothérapie générale est fonction du germe suspecté, de l’extension, de la localisation, et du
risque de complications locorégionales ou générales. Face aux infections virales, il faut bien
reconnaître que nous ne disposons actuellement d’aucun traitement véritablement curatif.`
Cette expérience de consultation au sein du service, à laquelle a participé un médecin
homéopathe et qui est illustrée par les quelques observations qui suivent, laisse à penser que
l’homéopathie peut trouver une place dans la stratégie thérapeutique, ceci avec d’autant plus
d’efficacité qu’il s’agit d’une infection cutanée chronique ou récidivante.
Dr Hervé Darie
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INTRODUCTION : LA FLORE CUTANEE NORMALE
Avant d’aborder la pathologie, il faut envisager ce qu’est la flore cutanée normale et voir quels sont
les mécanismes de défense de la peau contre l’infection.
La peau humaine peut accueillir jusqu’à un million de germes par cm2.
Les densités varient selon la température, le pH, l’humidité.
Tout au long de la vie, la flore se modifie sous l’influence de l’environnement, de l’âge, des
maladies comme le diabète, l’insuffisance rénale, le VIH.
On distingue :
- La flore résidente
- La flore transitoire
LA FLORE RESIDENTE
Elle rassemble un ensemble de micro-organismes qui sont bien adaptés à la surface de la peau et
implantés à long terme.
Elle est surtout constituée de bacilles gram+ (staphylocoques coagulase, staphylocoques dorés,
streptocoques).
Le tableau ci-après permet de voir l’ensemble des germes constituant cette flore résidente.
Composition de la flore cutanée normale :
Micro-organisme Portage Niche écologique
Cocci Gram (+)
Staphylococcus coagulase (–) +++ zone sèche
Staphylococcus aureus + zone humide, périorificielle
+/– peau lésée
Streptococcus du groupe A +/– peau lésée
Streptococcus (autres) + périorificielle, peau lésée
Micrococcus ++ zone sèche
Peptococcus + zone huileuse, anaérobe
Cocci Gram (–)
Neisseria spp +/– flore transitoire
Bacilles Gram (+)
Bacillus flore transitoire
Clostridium flore transitoire, anaérobie
Corynebacterium +++ zone humide
Propionibacterium +++ zone huileuse, anaérobie
Bacilles Gram (–)
Acinetobacter ++ zone humide
Entérobactéries + zone humide
Pseudomonas + zone humide
Champignons
Candida + zone humide
Malassezia +++ zone huileuse
Trichophyton +/– zone humide / huileuse
Parasites
Demodex + visage
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LA FLORE TRANSITOIRE
Elle est faite de germes arrivés sur la peau par accident (mains souillées), ou par proximité avec
un autre système microbien de voisinage (bouche, anus, nez).
Cette flore est remplacée à brève échéance par la flore résidente.
La flore cutanée occupe deux espaces :
w La couche cornée, qui est la couche la plus superficielle de l’épiderme.
Elle est bien oxygénée et exposée au dessèchement.
w Le long du follicule pileux, qui est riche en sébum mais pauvre en oxygène.
La couche cornée est une barrière qui empêche toute pénétration dans les structures plus
profondes de la peau. Cette barrière relègue les micro-organismes sur les cornéocytes qui sont
pauvres en ressources énergétiques propices à la prolifération microbienne et qui, de plus, sont
rapidement éliminés par desquamation. Les micro-organismes doivent se réimplanter sur de
nouveaux cornéocytes qui sont eux-mêmes rapidement éliminés.
A travers la couche cornée passent deux sortes d’orifices :
- L’abouchement des glandes sudorales eccrines d’où s’écoule une solution aqueuse procurant
humidité, sels minéraux et acides aminés (favorables à la prolifération microbienne), mais aussi
des agents anti-infectieux, comme les immunoglobulines.
- L’orifice pilo-sébacé déversant une sécrétion riche en lipides. La densité de ces glandes et les
caractéristiques de leur sécrétion influencent la flore cutanée comme on va le voir ultérieurement.
On peut diviser le revêtement cutané en trois zones :
- La zone sèche
Ce sont les membres supérieurs et inférieurs, ainsi que l’abdomen.
La flore est peu diversifiée. Elle est constituée essentiellement de micrococcus et de
staphylocoques coagulase. Leur densité est de 100 à 1000 par cm2.
- La zone humide et chaude
Elle correspond aux plis axillaires, inguinaux, interfessiers, interdigito-plantaires, ombilic et les
plantes.
Elle accueille une flore variée et dense : plusieurs millions de germes au cm2. Ce milieu permet la
croissance de bactéries gram+ gram–, levures, dermatophytes.
- La zone huileuse
Riche en glandes sébacées, elle correspond au visage, au cuir chevelu, au haut du tronc. La
densité microbienne est de 106 /cm2. La diversité microbienne est intermédiaire entre la zone
sèche et la zone humide.
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LES MECANISMES DE DEFENSE CONTRE L’INFECTION
Ils sont au nombre de quatre :
w Défenses mécaniques
Elles résident dans l’intégrité de la couche cornée. Cette couche constamment renouvelée par la
desquamation implique que les germes qui s’y trouvent adhèrent facilement aux cornéocytes et y
croissent rapidement pour y survivre.
w Défenses biochimiques
La peau est couverte d’un film lipidique, fait de triglycérides issus du sébum et des kératinocytes.
Nombre de micro-organismes secrètent des lipases responsables du clivage des triglycérides en
acides gras libres. Ces acides gras acidifient la surface cutanée, milieu défavorable pour
Staphylococcus aureus et pour les streptocoques.
Les cornéocytes secrètent des produits anti-microbiens et un peptide antibiotique dirigé
principalement contre les bactéries à gram–.
w Défenses immunologiques
Les glandes sudorales eccrines secrètent des IgA et IgG à la surface de la peau, prévenant la
colonisation et l’infection par certains germes.
Les éléments de l’immunité cellulaire sont multiples, en particulier les cellules de Langherans.
wDéfenses microbiennes
Des interactions microbiennes maintiennent l’écosystème cutané. Des bactéries secrètent des
peptides antibiotiques qui contiennent l’implantation de bactéries concurrentes. Les micro-
organismes résidents préviennent la colonisation d’autres espèces en occupant le terrain.
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