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tions, les tensions de plus en plus fortes entre la volonté d’unité, voire d’uniformisation,
et les grandes crises doctrinales qui aboutiront à terme à la rupture entre l’occident et
l’orient chrétien (monde latin et grec) et auront un large écho médiéval et jusqu’au
XVIIe!siècle.
Sans doute, les préoccupations théologiques, doctrinales ne sont pas exclusives de
tout intérêt à l’histoire générale, mais c’est à l’histoire interne du christianisme que
l’attache l’auteur.
La première partie traite de l’expansion chrétienne profondément accélérée par le
changement d’attitude du pouvoir politique après le IVe!siècle, ce qui aboutit à la consti-
tution d’une véritable Église d’État fondée sur une théologie politique qui survivra aux
limites croissantes du pouvoir de Rome, en occident et à son déclin, avec l’Empire
byzantin!: «!un seul Dieu, un seul empereur, un seul Empire chrétien!». Le prosély-
tisme, les méthodes de la mission chrétienne ont une double fonction!: annoncer la
vérité du message évangélique, combattre les erreurs des religions traditionnelles. La
lutte contre le paganisme est une ardente et première obligation!; sa récupération est, à
tous égards, centrale. Car le christianisme entend aussi se placer face à la vieille culture
antique. Ce qui entraîne le renouvellement des genres littéraires et la création d’une nou-
velle culture chrétienne.
La richesse des chapitres!III et!IV, consacrés à l’expansion chrétienne en Orient et
en Occident, est à souligner fortement, car on y trouve un bilan d’ensemble des progrès
de la christianisation de l’Empire romain, les principaux événements par région, les
acteurs chrétiens locaux, les dissidences et les crises qui sous-tendent les futurs débats
doctrinaux (en Égypte, Palestine, Syrie et Asie mineure et chez les peuples situés hors
de l’Empire comme la Perse, l’Arménie, les peuples du Caucase, l’Afrique de l’Éthiopie,
Nubie, Yémen).
En occident, on peut mieux situer le champ et les manifestations de cette expansion.
À Rome surtout, dans toute l’Italie gothique, lombarde, dans la riche tradition de
l’Afrique du Nord romaine, vandale, byzantine!; enfin, la péninsule ibérique à la Gaule
où P.!Maraval souligne l’importance du baptême de Clovis pour l’unité politique du
royaume, la vitalité précoce du monarchisme, le rôle des écrivains chrétiens comme
Cassien, Vincent de Lérins, Césaire d’Arles et Grégoire de Tours!; les implantations en
Grande Bretagne, Irlande, pays germaniques.
La deuxième partie traite du développement des institutions. L’Église y devient forte,
non plus seulement par le pouvoir des empereurs et des rois convertis, mais aussi parce
qu’elle repose sur une organisation interne, déjà constituée en partie au IIIe!siècle, mais
qui entend exprimer désormais l’unité de communautés diverses, parfois opposées, grâce
à des structures hiérarchisées, fortement institutionnalisées et au service d’un culte
commun peu à peu codifié dans ses formes.
Les clercs s’y séparent des laïcs, ont un statut, des obligations, des privilèges.
L’Église locale s’organise territorialement, juridiquement, avec son patrimoine propre.
Mais ce sont surtout les institutions de l’Église universelle qui entendent exprimer
l’unité, la catholocité de l’Église!: les conciles, les grands sièges épiscopaux d’Orient,
d’Occident, la place de Rome qui revendique la primauté juridictionnelle dès Damase et
surtout Léon le Grand. Point décisif de tensions et même de refus, car, en Orient, ni