lation isolée par un bras de mer, une montagne, un désert…). Le groupe évolue différem-
ment et devient alors incapable de se reproduire avec ses anciens congénères, une nou-
velle espèce est née; l’isolement peut être aussi comportemental (rythmes de vie
différents, signaux de pariades nuptiales non captés car trop différents, c’est le cas des
chants spécifiques des grillons mâles); l’isolement devient génétique quand toute une
série de mutations rendent les populations incompatibles pour la reproduction, on ne
parle plus alors de sous-espèces mais d’espèces différentes.
LES CONSÉQUENCES DE LA SPÉCIATION
Plus le temps passe, plus les populations isolées voient croître leurs divergences géné-
tiques, toute reproduction entre espèces apparentées devient alors impossible.
qGènes impliqués
Depuis peu, certains gènes responsables de la spéciation ont été identifiés comme étant
responsables de l’isolement sexuel (certains d’entre eux sont, par exemple, impliqués dans la
fabrication des spermatozoïdes). D’autres gènes, appelés gènes architectes, sont respon-
sables des différences majeures entre espèces différentes qui proviennent de la même
espèce mère; les différences s’observent surtout au niveau morphologique et anatomique.
qDurée et intérêt de la spéciation
La durée de la spéciation varie d’une espèce à l’autre; on peut l’évaluer par le début
d’apparition des espèces : l’ours blanc est apparu il y a 20000 ans tandis que le ginkgo
biloba est un véritable fossile vivant puisque cet arbre a des ancêtres datés d’il y a
quelque 300 millions d’années, avant la
fin de l’ère primaire.
La spéciation a ceci de précieux
qu’elle permet de conserver des innova-
tions génétiques pour une meilleure
adaptation aux changements de milieu.
Les mutations positives produites dans
les populations seront transmises au fil
des générations et seront les garantes
d’adaptations spécialisées avec possibi-
lité pour les individus de vivre dans des
écosystèmes extrêmes.
L’intérêt majeur est donc la conserva-
tion de la biodiversité à travers la spécia-
tion. On peut ainsi envisager de sauver
certaines plantes cultivées en difficulté,
grâce aux réserves de gènes présents
dans les forêts tropicales riches en
espèces différentes et préserver chez les animaux domestiques la partie ancestrale qui
demeure au niveau de certains gènes. Ainsi, une collection de graines précieuses est
conservée au froid au Spitsberg dans le flanc de la montagne depuis février 2008.
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Gènes architectes
Encore appelés gènes homéotiques ou
gènes de développement, ils gouvernent
la position des organes tout au long des
axes de polarité de l’embryon; ces gènes
ou « sélecteurs de position » permettent
le remplacement d’une partie du corps
par une autre; on peut citer l’exemple des
poissons crossoptérygiens, qui se sont
vus affublés des premières ébauches de
pattes à la place de nageoires par simple
décalage de l’activité de deux gènes archi-
tectes. Ces « macromutations » peuvent
expliquer en grande partie les « bonds en
avant » dans les mécanismes d’évolution
des espèces.
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