COURS DE J-F. Fayet
UNE GUERRE DE TRENTE : SEANCE 10 : LA GRANDE ALLIANCE
Définition :
Un mois à peine, après l’offensive des pays de l’Axe contre l’URSS (opération Barbarossa du
22 juin 1941), l’URSS signe en juillet 1941, un traité d’Alliance avec la Grande-Bretagne,
auquel se joindront les Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941.
Les futurs alliés ont longtemps mené des politiques hésitantes et contradictoires : politique
d’apaisement du côté britannique, “esprit munichois” en France, isolationnisme américain.
Retournements de l’Union soviétique : politique de sécurité collective (adhésion à la SdN en
1934 et politique des Fronts populaires antifascistes adoptée au 7e congrès de l’IC), puis
neutralité bienveillante à l’égard de l’Allemagne (pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939)
Problématique : Cette Grande Alliance anti-hitlérienne qui durera 4 ans demeure pourtant, au-
delà de sa logique militaire, très ambiguë quant à ses bases politiques comme le révéleront les
discussions sur la réorganisation de l’Europe d’après-guerre. Tous les désaccords de la Guerre
froide sont potentiellement présents.
Annonce de plan : C’est en effet malgré eux que l’URSS, les Etats-Unis et la Grande-
Bretagne se retrouvent dans le même camp. Ces pays ont consciences de la nécessité de
maintenir un front commun (I), mais les raisons de se battre, les buts qu’ils poursuivent, les
façons d’agir et de penser sont différents, favorisant ainsi l’incompréhension, la suspicion et
les problèmes (II).
I. DES ALLIES MALGRE EUX, MAIS CONSCIENTS DE LIMPORTANCE DE CETTE ALLIANCE
1) Relation Churchill, Roosevelt et Staline
Le tournant patriotique de l’URSS : le discours de Staline du 3 juillet 1941, le
rétablissement de l’Eglise orthodoxe, le soutien des PC à la politique de défense nationale de
leurs pays.
— La mauvaise conscience anglo-américaine et le réalisme de Staline
— La persistance d’une forte méfiance
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2) L’Alliance anglo-russe
—Les exigences de Staline
—Les doutes des Alliés anglo-américains : 7 500 000 hommes, 5000 avions de combat et
3700 tanks du côté allemand, contre 4 200 000 hommes pour les Soviétiques.
—L’URSS n’est pas invitée à la Charte de l’Atlantique (août 1941)
— Désaccord sur le choix et la date de l’ouverture d’un 2e front contre l’Allemagne.
3) La loi prêt-bail et l’URSS
La loi prêt-bail fut adoptée en mars 1941 par les Américains en faveur des Britanniques
a) Promesse d’aide inconditionnelle à l’URSS, dès l’été 1941, puis accord formel en octobre
1941.
b) Difficulté de livraison (par Arkhangelsk, par l’Inde et l’Iran).
c) Une signification plus politique que réellement militaire (en tout 11 milliards de dollars).
Bataille de Moscou en décembre 1941, puis victoire de Stalingrad en février 1943.
II. MALENTENDUS ET PROBLEMES DE LA GRANDE ALLIANCE
1) Problème du 2e front
— L’URSS se bat contre 60% des divisions allemandes.
— L’Angleterre est le principal obstacle à un débarquement.
En mai 1942 Roosevelt promet l’ouverture d’un second front contre l’Allemagne pour
l’année en cours, mais sera reporté.
— Le choix d’une intervention alliée se porte sur l’Italie, l’Angleterre propose les Balkans.
— juin 1944 débarquement en Normandie
2) Le problème polonais
Avant Stalingrad :
—Dans la perspective anglaise Staline et Hitler sont des Alliés.
—Staline ne veut renoncer ni à la Pologne orientale (Biélorussie et Ukraine annexées le 17
septembre 1939 selon une disposition secrète du pacte germano-soviétique), ni aux territoires
adjacents de Leningrad annexés à la Finlande en février 1940, ni aux Etats baltes (Estonie,
Lettonie, Lituanie).
— mais après l’opération Barbarossa, le gouvernement polonais en exil à Londres
renoue avec l’URSS le 30 juillet 1941, soit un mois après le déclenchement de l’opération
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Barbarossa. Selon l’accord conclu, l’URSS s’engage à relâcher toutes les personnes civiles et
militaires emprisonnées et à accepter la formation d’une armée polonaise.
— L’URSS libère les PG polonais (sauf les officiers).
Après Stalingrad :
— L’URSS parraine la formation d’une organisation des Patriotes polonais aussi appelé
Conseil national populaire (d’orientation communiste), noyau du futur gouvernement polonais
pro-soviétique d’après-guerre.
— L’affaire de Katyn :
Le 13 avril 1943, Radio-Berlin annonce la découverte du charnier de Katyn, dans la région de
Smolensk, contenant les cadavres de près de 15'000 officiers polonais. Il s’agit d’officier
polonais exécutés dans la forêt de Katyn à la suite d’une décision du Politburo du 5 mars
1940.L’URSS et l’Allemagne s’accusent réciproquement d’être responsable des faits
Rupture des relations entre Moscou et le gouvernement du général Sikorski à Londres
(avril 1943).
Conférence de Téhéran en novembre 1943 Churchill propose la reconnaissance des
frontières soviétiques de juin 1941 (=confirmation du partage de 1939) en échange d’une
extension du territoire polonais à l’Ouest aux dépens de l’Allemagne.
Août 1944 : insurrection à Varsovie des forces de la résistance polonaise intérieure restées
fidèles au gouvernement de Londres.
—Le gouvernement communiste de Lublin issu de l’union des Patriotes polonais.
3) Les négociations officielles (Téhéran novembre 1943, Yalta février 1945, Potsdam juillet
1945) et secrètes sur la fin de la guerre :
—Soupçons et rumeurs sur des négociations de paix séparées.
Affaire dite de Berne : contacts pris par le Haut-commandement allemand en Italie avec les
services secrets américains en Suisse (l’OSS d’Allen Dulles)
— L’ambiguïté des conférences internationales : concessions ou rapport de force.
A Yalta en février 45, l’URSS accepte le principe d’une entrée en guerre contre le Japon aux
côtés des Etats-Unis qui sera effective en août 1945. Elle obtient en contrepartie le chemin de
fer mandchourien, Port Arthur, les Kouriles, le Sud de Sakhaline, perdu en 1917.
CONCLUSION : Les racines de la guerre froide
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