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prostatites est controversé. Les sérovars D à K sont par
ailleurs responsables de proctites.
Chez la femme, la prévalence de C. trachomatis varie
considérablement selon la population étudiée. C. tra -
chomatis peut être responsable d’un syndrome uréthral
associant brûlures mictionnelles, pollakiurie, pyurie
avec urines stériles. Les cervicites représentent la loca-
lisation la plus fréquente, C. trachomatis se dévelop-
pant dans les cellules de l’épithélium cervical. Elles
peuvent se traduire par un écoulement mucopurulent,
cependant la plupart des cas sont asymptomatiques
mais sont capables d’entraîner des infections hautes en
l’absence de traitement. C. trachomatis est responsable
de salpingites aiguës ou subaiguës. La coelioscopie
permet d’affirmer le diagnostic devant des lésions
tubaires évocatrices (adhérences visqueuses, pseudo-
kystes péritonéaux à contenu gélatineux) et de faire des
prélèvements in situ. Une endométrite peut être asso-
ciée. L’infection haute peut se compliquer d’une péri-
hépatite (syndrome de Fitz-Hugh-Curtis). C. trachoma -
tis entraîne également des salpingites cliniquement
silencieuses, révélées par une stérilité tubaire. En effet,
l’infection haute s’accompagne de dégâts tubaires,
causes de stérilité et de grossesse extra-utérine. Chez le
nouveau-né dont la mère est infectée, C. trachomatis
peut entraîner des conjonctivites et des pneumopathies.
Des arthrites réactionnelles sont observées, plus sou-
vent chez les hommes que chez les femmes. Le syn-
drome de Fiessinger-Leroy-Reiter associe arthrite réac-
tionnelle, uréthrite et conjonctivite. Il est plus fréquem-
ment retrouvé chez les patients porteurs de l’antigène
d’histocompatibilité HLA B27.
La lymphogranulomatose vénérienne ou maladie de
Nicolas Favre, due aux sérovars L1 à L3 de C. tracho -
matis est exceptionnelle en France. Surtout présente en
Afrique, Asie et Amérique du Sud, elle se traduit par
une ulcération génitale et une polyadénopathie ingui-
nale pouvant évoluer vers la fistulisation.
Diagnostic biologique
C. trachomatis, bactérie intracellulaire, n’est pas mise
en évidence par les techniques bactériologiques clas-
siques et sa recherche se fait sur demande particulière.
Le diagnostic biologique repose sur la mise en éviden-
ce de la bactérie (diagnostic direct). La sérologie est
moins contributive et son interprétation est parfois déli-
cate.
Mise en évidence de C. trachomatis
Le diagnostic direct nécessite des prélèvements de
bonne qualité, riches en cellules. L’écouvillon et le
milieu de transport doivent être adaptés à la technique
utilisée. Chez l’homme, l’écouvillonage de l’urèthre
sur 3 ou 4 cm est classiquement effectué, mais les tech-
niques de biologie moléculaire (amplification génique)
permettent le diagnostic à partir des urines du premier
jet. Chez la femme, le prélèvement de choix est endo-
cervical, un prélèvement uréthral associé est cependant
utile. Lors d’infections hautes, des prélèvements sous
coelioscopie sont réalisés, adhérences tubaires, liquide
de Douglas.
La culture cellulaire est la méthode de référence pour le
diagnostic de C. trachomatis, elle permet l’isolement
de souches, et éventuellement leur typage.
L’inoculation d’une lignée cellulaire (cellules McCoy)
est suivie, après 48h d’incubation, de la mise en évi-
dence des inclusions par immunofluorescence.
D’autres techniques de diagnostic direct sont égale-
ment disponibles, immunofluorescence, méthodes
immunoenzymatiques, techniques d’amplification
génique. L’immunofluorescence directe sur le prélève-
ment permet de détecter les corps élémentaires, cette
méthode est rapide et permet d’apprécier la qualité du
prélèvement mais demande un observateur expérimen-
té. Les méthodes immunoenzymatiques sont très utili-
sées et mettent en évidence l’antigène bactérien. Elles
sont rapides et objectives mais manquent parfois de
sensibilité. Les techniques d’amplification génique
(Polymerase Chain Reaction, Ligase Chain Reaction)
récemment apparues sont objectives, sensibles et spé-
cifiques et permettent un diagnostic à partir des urines
du premier jet. Leur prix de revient élevé en limite
encore l’utilisation.
Sérologies
Le diagnostic indirect repose sur la mise en évidence
d’anticorps. Certaines techniques immunoenzyma-
tiques utilisent l’antigène de genre, et détectent les anti-
corps anti-C h l a m y d i a sans distinction d’espèces.
L’immunofluorescence est la méthode de référence,
l’utilisation de corps élémentaires purifiés permet de
mettre en évidence les anticorps spécifiques de C. tra -
chomatis. Cette méthode est adaptée à la recherche des
IgM et IgA, dont l’une au moins est obligatoirement
associée à la recherche des IgG selon les textes actuels.
L’interprétation de la sérologie est souvent délicate.
Des réactions croisées entre les espèces existent et,
devant la prévalence élevée des anticorps anti-C. pneu -
moniae, il peut être utile de confronter un taux positif
pour C. trachomatis à une sérologie de C. pneumoniae.
Dans les infections superficielles (uréthrites, cervi-
cites), les anticorps ne sont pas toujours présents et le
diagnostic repose sur la mise en évidence directe de la
bactérie. Une séroconversion ou une augmentation
significative des anticorps (taux multiplié par 3 ou 4 en
3 semaines) signe l’infection mais est rarement obser-
vée. La fréquence importante des infections asympto-
matiques limite l’intérêt du prélèvement précoce. Des
taux en immunofluorescence de 1/64 pour la femme et