Vendredi 13 mai 2011
Infrastructures à enjeux
Toutes les infrastructures d'eau majeures ont supporté sans dommages selon la Confédération
Hydrographique du Segura.
En revanche, à Lorca, l’hôpital Rafael Méndez et le dispensaire Virgen del Alcazar ont dû être évacués. Un
poste médical avancé a été mis en place. L’hôpital Virgen de la Arrixaca dans la ville prochaine de Murcia
s’occupe cependant des blessés plus graves
Parallèle avec le contexte sismique français
Le séisme de Lorca du 11 mai 2011 est riche en enseignements pour les pays à sismicité modérée tels que
la France métropolitaine. Cet événement illustre notamment que, bien que confrontée à un aléa sismique
sans commune mesure avec les régions les plus sujettes aux séismes tels que le Japon ou le Chili, notre
société est vulnérable au risque sismique.
En particulier, ce récent événement qui a frappé l’Espagne met en lumière que des séismes de magnitude
voisine de 5.0 peuvent également être destructeurs et meurtriers. Contrairement aux séismes plus violents
associés à des périodes de retour plus importantes, le danger principal de ces séismes modérés n’est pas
l’effondrement de bâtiments (même si certains bâtiments vulnérables se sont effondrés le 11 mai), mais bien
les nombreux dommages non-structuraux qui s’accompagnent de la chute en grand nombre d’éléments des
façades des bâtiments. Ainsi, et comme souligné précédemment, l’essentiel des décès constatés à la suite
du séisme espagnol ont été victime de ces « projectiles » alors qu’ils se trouvaient dans la rue.
Par ailleurs, et bien que le lourd bilan du séisme de Lorca s’explique en premier lieu par la combinaison de
deux facteurs principaux que sont 1) la très faible profondeur du foyer et 2) la présence de formations
meubles susceptibles d’amplifier les ondes sismiques en surface (auxquels s’ajoute vraisemblablement une
vulnérabilité importante de certains bâtiments), il serait faux de penser que cette situation est « unique »
ou « improbable ». En effet, concernant la profondeur du séisme, il n’est pas rare - notamment en France -
que les séismes de magnitude modérée soient superficiels, du fait qu’ils résultent d’une rupture relativement
peu étendue le long d’une faille. Pour ce qui est des effets de site lithologiques, il est important de noter que
les régions de France métropolitaine où l’aléa sismique est le plus important présentent généralement de
nombreuses formations meubles avec des remplissages sédimentaires parfois très épais comme dans les
Alpes ou les Pyrénées. La situation constatée lors du séisme de Lorca pourrait donc tout aussi bien
s’observer en France, avec des dégâts importants et des victimes dans des zones très peu étendues
autour de l’épicentre.
Mais ce séisme interroge aussi sur notre préparation à des séismes plus violents. Ainsi, la faille responsable
du séisme du 11 mai 2011 est par exemple connue pour pouvoir potentiellement induire des séismes de
magnitude supérieure à 6.0 : qu’elles auraient été les conséquences d’un tel séisme ? Cette question de la
double exposition à d’une part des séismes modérés superficiels et d’autre part à des séismes plus
puissants mais plus profonds se pose aujourd’hui pour l’Espagne, mais peut également se poser en France
dont le contexte sismique est relativement proche de celui de son voisin.
Références
Meijninger B.M.L. et R.L.M. Vissers (2006) - Miocene extensional basin development in the Betic Cordillera,
SE Spain revealed through analysis of the Alhama de Murcia and Crevillente Faults. Basin Research.
Vol. 18-4, pp. 547–571
Meijninger B.M.L. (2006) - Late-orogenic extension and strike-slip deformation in the Neogene of
southeastern Spain / - [S.l.] : [s.n.] - Doctoral thesis Utrecht University
Norma de construccion sismorresistente NCSE-02 - Parte general y edification, octubre 2002
Rodríguez Peces, M. J. et al., 2008. Evaluación regional de inestabilidades de ladera por efecto sísmico en
la Cuenca de Lorca (Murcia): Implementación del método de Newmark en un SIG. Boletín Geológico
y Minero, 119 (4): 459-472.