Arioviste Les Romains occupèrent la Gaule et poussèrent

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Arioviste
Les Romains occupèrent la Gaule et poussèrent jusqu’au Rhin et au Danube. Avec
Arioviste, le premier personnage historique germain leurs fait face. Le gros de
ses troupes est constitué de Suèves éternellement belliqueux, entreprenant en
permanence des raids contre leurs voisins, en vue de butin. Maintenant, sous la
conduite de cet habile chef de guerre, les attends des prises bien plus riches,
que les rapines de chevaux, d’armes ou de céréales. Arioviste va franchir le Rhin
et de l’autre côté, en Gaule, ils vont trouver des terres, de riches et vastes
terres, infiniment plus fécondes que les terres arides de l’Elbe et de la Havel,
qui ne peuvent nourrir leurs habitants qu’en insuffisance. Avec impatience les
hommes attendent le signal pour passer le Rhin et prendre en possession les
territoires des Eduens – mais Arioviste, connaisseur des intrigues diplomatiques
autant que les Romains – prend son temps. Il sait naturellement que son incursion
en Gaule conduira tôt ou tard à un affrontement entre lui et les Romains. Il
laisse jouer le temps en sa faveur. D’abord, il doit édifier et stabiliser ses
positions de façon qu’il puisse opérer à partir d’une base sûre en cas des conflits
qui sont à attendre. Il se fait prier par les tribus Séquanes qui sont en guerre
avec les Eduens, de leurs apporter son assistance militaire, il franchit le Rhin en
71 av. J.-C. et prend possession – parmi d’autres territoires de la rive gauche du
Rhin – de l’actuelle Alsace. Sans délai, les Suèves demandent leur récompense
aux Séquanes, qui leurs octroient un tiers des terres cultivables, et Rome ferme
les yeux et laisse faire.
César, encore Consul à cette époque, sait convaincre le Sénat qu’en raison de
l’inégalité actuelle des forces sur le Rhin, il serait imprudent de répondre
immédiatement à la provocation d’Arioviste. Non, on va même lui décerner le
titre honorable et en même temps obligeant, d’un « Ami du peuple romain » et
épier son comportement. L’appât ne rate pas son effet. Arioviste va, poursuivant
son avancée vers l’Ouest, et maintenant, ce sont les Eduens qui implorent l’aide
de César, qui accoure à la tête de cinq légions aguerries. Jusqu’au dernier
guerrier, les hommes d’Arioviste sont là pour porter assistance à leur meneur et
défendre les terres conquises depuis des années, que depuis longtemps, ils ont
commencés à exploiter.
César arrive par la Porte de Bourgogne, quelque part entre Besançon et Sélestat,
les armées se font face. César veux éviter, si possible, une effusion de sang. Un
parlementaire est envoyé dans le camp germain : César demande qu’Arioviste
vienne à sa rencontre à cheval. A mi-chemin, entre les deux fronts, sur une
colline, on pourra parlementer.
Arioviste accepte, et sur le dos de leurs montures, a lieu l’entretien historique,
transmit par César dans son «Comentarii de bello Gallico » (commentaires de la
guerre des Gaules). Une suite de dix hommes veille respectivement de part et
d’autre, que les accords prévus pour la rencontre soient respectés. César
adresse en premier la parole à l’adversaire, et il est extrêmement instructif, non
seulement d’étudier leurs tactiques réciproques, mais aussi de voir, la différence
de caractère dans leurs locutions et répliques, devenir transparente.
César : Arioviste, ta réputation glorieuse, tu la doit à la puissance de Rome, et le
titre honorable d’un « ami des Romains » t’a été décerné sous mon consulat.
Arioviste : De cette amitié avec le peuple de Rome, j’attends honneur et
sécurité, non des dommages. C’est dans cette espérance que je l’ai recherché.
César : Très peu détiennent l’honneur d’être les « amis de Rome ». Ce titre n’est
décerné que pour de réels et grands services. Toi, Arioviste, tu as aussi obtenu
cette récompense. Moins pour tes mérites, il est vrai, que grâce à ma générosité
et celle du Sénat. En plus, n’oublie pas qu’il t’a été envoyé de riches présents !
Arioviste : Si aujourd’hui le peuple de Rome me réduit le tribut et veut me
soustraire les otages que je me suis soumis par mes batailles victorieuses, je
renonce par moi-même à cette amitié, à laquelle autrefois j’ai aspiré !
César : Le peuple des Eduens que tu as agressé et soumis, a des relations
étroites avec Rome. Le Sénat a prit des résolutions honorables en sa faveur. Lui,
qui a acquit une position prépondérante dans toute la Gaule longtemps avant qu’il
sollicite notre amitié, est notre allié. Et il est dans les habitudes du peuple
romain de faire en sorte que ses alliés et amis, non seulement ne perdent rien de
leurs possessions, mais gagnent en réputation, respect et honneurs. Ce que les
Eduens apportèrent dans l’union amicale avec le peuple de Rome, comment le
peuple de Rome pourrait-il tolérer que cela leur fût arraché ? C’est pour cela que
je t’ordonne, à toi Arioviste, au nom de Rome : Toutes les actions militaires
contre les Eduens sont à cesser sur le champ et les otages sont à libérer ! En
plus, je demande que tu renvoies une partie de tes troupes chez eux et que tu
empêches d’autres forces de refranchir le Rhin !
Arioviste : Ce n’est pas moi qui ai ordonné à mes troupes de franchir le Rhin. On
nous a prié, et nous avons été cherché par des tribus Gauloises. Mes hommes
n’ont pas quittés leur pays et leurs familles de bon cœur, seul l’espoir d’une haute
récompense les a décidés à la fin. Les demeures leurs ont été attribués par les
Gaulois eux-mêmes et les otages fournis librement. Le tribut nous est versé
d’après les droits de guerre que nous ont enseignés nos amis, les Romains. Toutes
les tribus gauloises se sont mesurées à nous, et nous les avons toutes détruites
dans une bataille. Elles peuvent s’y risquer une seconde fois et nous les
décimerons une seconde fois. Je ne comprends pas, pourquoi toi, César, tu
persistes à les aiguillonner pour qu’ils cessent de nous verser le tribut que
jusqu’ici, ils payaient de leur plein gré ?
César : Et pourquoi mène-tu toujours de nouvelles troupes en Gaule ?
Arioviste : Pour ma sécurité, non pour affronter les Gaulois. Tu oublies, je n’ai
été que prié de venir, il y avait donc quelque chose à défendre. De toute façon,
je suis venu en Gaule avant toi et le peuple romain. Qu’a –tu à chercher chez les
Gaulois ? Pourquoi foule-tu les terres qui m’appartiennent ? Cette partie de la
Gaule est ma province, cette autre la tienne. Tu comprendras d’autant plus que je
ne tolère aucune agression territoriale.
César : Tu parles de ta province, de tes territoires, que le peuple romain n’est
venu qu’après toi en Gaule, tu demandes ce que je fais là. Bien avant toi, Quintus
Fabius Maximus était venu avec ses soldats et avait vaincu les puissants
Arvernes. Mais le Sénat romain pardonna aux insubordonnés, ne fit pas de leur
territoire une province romaine, ni ne les accabla d’un tribut !
Arioviste : Oh, ce Sénat romain ! Lors de la dernière guerre des Allobroges,
quand le peuple romain demanda l’aide des Eduens, ceux-ci ne les aidèrent guère,
bien que le Sénat les appelait ses frères. Toutefois, le Sénat n’aida non plus ses
frères quand ceux-ci vinrent à se quereller avec les Séquanes et avec moi. Je ne
suis pas inculte et naïf au point de ne pas savoir pourquoi César est ici ! J’ai le
soupçon que sous le prétexte de l’amitié, tu n’entretiens ton armée en Gaule que
pour me vaincre. La mort de César me ferait gagner l’amitié et l’estime des
premiers citoyens du peuple romain. Si tu ne délaisses pas cette partie de la
Gaule avec ton armée, ce n’est pas en ami, mais en ennemi, que je te traiterais.
Mais si tu me cèdes la Gaule en possession libre, je suis prêt à me revancher.
Quelles que soient les guerres que tu souhaitais mener, elles seront terminées
sans que tu sois obligé de t’exposer à de dangereux efforts !
César : Je reste sur mes positions ! La domination du peuple romain en Gaule est
bien-fondée. La décision du Sénat est valable et elle dit que la gaule doit être
libre !
En silence chacun fait faire demi-tour à sa monture, la bataille va commencer,
bataille qu’Arioviste devra perdre avant même que les premières lances ne volent
en éclats. Il a commit l’erreur d’accepter l’affrontement sur terrain découvert,
terrain plat, qui vient à l’encontre du mode de combat romain et qui laisse place
au déploiement de leur technique guerrière supérieure. La bataille prit fin en 58
av. J.-C. avec la défaite d’Arioviste.
Le peu de survivants qui réussirent à échapper aux cohortes romaines
s’évertuèrent à traverser le Rhin et à sauver leur vie. La plupart des fugitifs
sont massacrés par la cavalerie romaine, seule une centaine sont épargnés pour
être conduit dans la parade triomphale que Rome réserve au « Germanicus ».
Arioviste lui-même arrive à s’échapper, mais il ne supporte pas le déclin de sa
gloire et meurt peu après. Les débris de son armée s’en retournent dans les
profondeurs des forêts germaniques.
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Après la mort de César, pendant le règne de l’empereur Auguste (Octavius)
de nouveaux troubles agitent la Germanie. Hermann (Arminius) le Chérusque a
beaucoup apprit de la défaite d’Arioviste. Lui, évite l’affrontement avec les
légions de Varus qui pénètrent dans les territoires tribaux des Chérusques, il
recule, et les attire toujours plus profondément dans les épaisses forêts, où, le
dieu du tonnerre « Donar » ouvre les vannes des pluies torrentielles sur l’armée
romaine lourdement « blindée ». Les chemins deviennent impraticables, la boue
paralyse la progression des légions et quand enfin, en l’an 9 après J.-C., les
Chérusques surgissent des fourrés, le destin des Romains est scellé. La bataille
dans la forêt de Teutobourg dégénère en une vraie boucherie. 25000 morts
restent sur le terrain. Aucune des trois légions : 17- 18- et 19 ne se relèvera
jamais. Auguste décrétera par la suite, que plus jamais aucune légion n’aura le
droit de porter ces chiffres couverts d’ignominie ! En apprenant la défaite, il
s’était écrié : « Varus, Varus, redonne-moi mes légions ».
Avec la victoire des Chérusques, le but militaire des Romains, de faire de
« Germania magna », comme de la Gaule, une province intégrée à l’Empire, s’est
évanouit dans le lointain !
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