d’autre, que les accords prévus pour la rencontre soient respectés. César
adresse en premier la parole à l’adversaire, et il est extrêmement instructif, non
seulement d’étudier leurs tactiques réciproques, mais aussi de voir, la différence
de caractère dans leurs locutions et répliques, devenir transparente.
César : Arioviste, ta réputation glorieuse, tu la doit à la puissance de Rome, et le
titre honorable d’un « ami des Romains » t’a été décerné sous mon consulat.
Arioviste : De cette amitié avec le peuple de Rome, j’attends honneur et
sécurité, non des dommages. C’est dans cette espérance que je l’ai recherché.
César : Très peu détiennent l’honneur d’être les « amis de Rome ». Ce titre n’est
décerné que pour de réels et grands services. Toi, Arioviste, tu as aussi obtenu
cette récompense. Moins pour tes mérites, il est vrai, que grâce à ma générosité
et celle du Sénat. En plus, n’oublie pas qu’il t’a été envoyé de riches présents !
Arioviste : Si aujourd’hui le peuple de Rome me réduit le tribut et veut me
soustraire les otages que je me suis soumis par mes batailles victorieuses, je
renonce par moi-même à cette amitié, à laquelle autrefois j’ai aspiré !
César : Le peuple des Eduens que tu as agressé et soumis, a des relations
étroites avec Rome. Le Sénat a prit des résolutions honorables en sa faveur. Lui,
qui a acquit une position prépondérante dans toute la Gaule longtemps avant qu’il
sollicite notre amitié, est notre allié. Et il est dans les habitudes du peuple
romain de faire en sorte que ses alliés et amis, non seulement ne perdent rien de
leurs possessions, mais gagnent en réputation, respect et honneurs. Ce que les
Eduens apportèrent dans l’union amicale avec le peuple de Rome, comment le
peuple de Rome pourrait-il tolérer que cela leur fût arraché ? C’est pour cela que
je t’ordonne, à toi Arioviste, au nom de Rome : Toutes les actions militaires
contre les Eduens sont à cesser sur le champ et les otages sont à libérer ! En
plus, je demande que tu renvoies une partie de tes troupes chez eux et que tu
empêches d’autres forces de refranchir le Rhin !
Arioviste : Ce n’est pas moi qui ai ordonné à mes troupes de franchir le Rhin. On
nous a prié, et nous avons été cherché par des tribus Gauloises. Mes hommes
n’ont pas quittés leur pays et leurs familles de bon cœur, seul l’espoir d’une haute
récompense les a décidés à la fin. Les demeures leurs ont été attribués par les
Gaulois eux-mêmes et les otages fournis librement. Le tribut nous est versé
d’après les droits de guerre que nous ont enseignés nos amis, les Romains. Toutes
les tribus gauloises se sont mesurées à nous, et nous les avons toutes détruites
dans une bataille. Elles peuvent s’y risquer une seconde fois et nous les
décimerons une seconde fois. Je ne comprends pas, pourquoi toi, César, tu
persistes à les aiguillonner pour qu’ils cessent de nous verser le tribut que
jusqu’ici, ils payaient de leur plein gré ?
César : Et pourquoi mène-tu toujours de nouvelles troupes en Gaule ?
Arioviste : Pour ma sécurité, non pour affronter les Gaulois. Tu oublies, je n’ai
été que prié de venir, il y avait donc quelque chose à défendre. De toute façon,