France en Nov. 1918. Il devient vice président du Conseil en mai 1940 et succède à Paul Raynaud le 16 juin 1940
comme chef du gouvernement.
Le 10 mai 1940, les Allemands percent le front dans les Ardennes, une partie de l’armée française est évacuée à
Dunkerque début juin. Les routes sont remplies de réfugiés qui fuient devant les allemands. Paris tombe le 14 juin et
le gouvernement s’est replié sur Bordeaux. Les troupes anglaises ont quitté la France et les Allemands ont franchi la
Loire et foncent vers le Sud.
Le document est une allocution radiodiffusée du Maréchal Pétain le 17 juin 1940 destinée à l’ensemble des Français.
Il y annonce qu’il va demander l’arrêt des combats : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut
cesser le combat », « je me suis adressé à l’adversaire pour lui demander… les moyens de mettre un terme aux
hostilités ».
Pétain ne veut pas mettre la défaite sur le compte de l’armée. C’est pourquoi il a des paroles rassurantes vis-à-vis
d’elle : « sur de l’affection de notre admirable armée qui lutte … vis-à-vis de nos alliés ». Il multiplie les qualificatifs
valorisants : « admirable, héroïsme, magnifique, fierté ». Il dédouane aussi l’armée en disant qu’elle a lutté contre un
« ennemi supérieur en nombre et en armes » pour montrer que le combat était perdu d’avance. Ceci est contraire à
la réalité puisque l’armée française est autant équipée que la Wehrmacht. C’est la tactique et la motivation qui ont
fait défaut à l’armée française. Il prévient aussi toute critique des Anglais en disant que l’armée a « rempli ses
devoirs vis-à-vis des alliés » par « sa magnifique résistance » et que les Anglais ne puisse pas accuser la France
d’avoir manqué à sa parole de ne pas conclure de paix séparée.
Pétain se donne un coté Jésus Christ par la formule « je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son
malheur ». Il accepte de payer de sa personne si cela peut atténuer les souffrances du pays. Il exprime sa
« compassion » aux réfugiés ce qui veut littéralement dire : souffrir avec. Il attire ainsi sur lui les foudres de l’ennemi
pour protéger son peuple et se pose ainsi en « sauveur » de son pays.
On peut constater que dans son allocution, Pétain utilise le « je » très souvent : « je fais à la France le don de ma
personne », « je me suis adressé à l’adversaire… pour rechercher avec moi », « j’assume », « je préside », « j’ai eu la
fierté de commander ». Pétain est un chef et il le montre. C’est lui qui prend les décisions et qui discute avec
l’adversaire. On sent poindre dans ce discours une notion très personnelle du pouvoir qui se confirmera par la suite
avec la mise en place d’une nouvelle constitution taillée sur mesure pour sa personne.
Ces deux discours sont en grande partie annonciateurs de l’avenir des deux pays mais on y distingue également la
personnalité différente des deux chefs d’Etat.
Churchill annonce la vérité à son peuple et lui présente un avenir difficile (je n’ai à vous offrir que du sang, de la
peine, des larmes et de la sueur) mais aussi l’espoir (la victoire, la victoire à tout prix, la victoire en dépit de la
terreur) qui repose sur un peuple soudé face à l’adversité (venez, avançons ensemble, fort de notre unité). Seule
l’union de tous derrière son chef permettra de triompher. Il ne se pose pas en sauveur mais en leader d’un peuple
qui lutte pour sauvegarder ses valeurs démocratiques (pour l’héritage de notre histoire selon lequel l’humanité
progresse pas à pas vers son objectif).
Pétain a une autre approche. Il commence par dédouaner l’armée de sa responsabilité dans la défaite, quitte à
travestir la vérité ; puis assure les populations démunies de son soutien. Il prend soin de se poser en sauveur de son
peuple en prenant sur lui sont malheur (je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur). Il est
le chef, il assume son rôle et lui, il sait (4 fois l’emploi du mot « sûr »). Cela le positionne en tant que chef.
L’annonce de la mauvaise nouvelle ne vient qu’après avoir « posé le décor » de désolation : « C’est le cœur serré que
je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ».
L’avenir n’est pas entre les mains du peuple mais du gouvernement qu’il préside. Les Français doivent être groupés
autour de lui et « obéir ». L’avenir est déjà annoncé : Pétain est le chef, il sait et les Français doivent lui obéir. Cela se
confirmera par la suite autour du véritable « culte de la personnalité » dont Pétain fera l’objet et qui est un des
signes d’un régime totalitaire.