quel avenir pour la luzerne en France et en Europe

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Courrier de l'environnement de l'INRA n°49, juin 2003
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quel avenir pour la luzerne
en France et en Europe ?
par Pascal Thiébeaua, Virginie Parnaudeaua et Pierre Guyb
a
INRA, unité d'Agronomie, 2 esplanade R.-Garros, 51686 Reims cedex 2
thiebeau@reims. inra. fr
parnaude@reims. inra. fr
b
4 rue de la Rangonnière, 86600 Lusignan
[email protected]
La luzerne est connue depuis 5 à 10 millénaires, survivra-t-elle au X X e siècle ? L'homme en aura-t-il
besoin ? À quelles conditions (Guy, 1994) ? Il y a bientôt 10 ans que ces questions ont été posées.
Aujourd'hui, avec un pied dans le X X I e siècle, elles pourraient l'être de nouveau : quelle est
l'évolution de la luzerne en France et en Europe ? Quel avenir lui réservons-nous ?
Les crises pétrolières successives que nous subissons depuis les années 1970 ont un impact sur le prix
des matières premières protéiques que nous importons, donc sur le prix de revient de la viande que
nous consommons. Mais avons-nous changé nos comportements vers une indépendance accrue de nos
ressources protéiques vis-à-vis des fluctuations géopolitiques internationales ? La construction
européenne nous aide-t-elle à inverser des tendances dénoncées ?
La luzerne est une culture bien connue, ce qui permet de la présenter brièvement. L'évolution de sa
culture en France a connu plusieurs étapes. C'est pourquoi, après un état des lieux de sa présence, une
analyse des causes de sa disparition des assolements français est réalisée. Cette contribution à la
réflexion collective expose les intérêts que cette culture peut procurer, au-delà du seul environnement
agricole, et fait des propositions qui pourraient inciter à son maintien dans le paysage agricole français
et européen de demain.
Présentation de la culture
La luzerne se caractérise par des organes aériens, tiges et surtout feuilles, qui ont une teneur élevée en
matières azotées. Cette teneur varie beaucoup plus lentement que chez les graminées et suit l'évolution
du rapport feuille/tige (Lemaire et al., 1985). C'est pourquoi la luzerne est connue des agriculteurs
pour son rôle d'enrichissement en protéines des rations animales. Sa production de protéines peut être
importante (2 à 3 t/ha/an). Elle est cultivée soit en association avec d'autres espèces fourragères
(dactyle, fétuque élevée, brome), soit pure, pour une exploitation en pâture et/ou en fauche, ou en vue
de sa déshydratation industrielle.
Généralement, la luzerne est implantée et exploitée pendant au moins 2 ans. Elle est récoltée d'avril à
octobre, en 4 coupes (parfois 5) permettant une production moyenne annuelle de 9 à 15 tonnes de
matière sèche par hectare selon la région de production et le système de récolte (Agreste, 2001) ; et
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davantage dans les zones où le déficit
hydrique estival peut être compensé par la
réserve en eau du sol (cas de la région
Champagne-Ardenne).
Présence de la luzerne en France :
état des lieux
La luzerne est présente sur l'ensemble du
territoire national. En 1930, la culture pure de
luzerne y occupait 1 139 000 ha. Le point
culminant de sa présence est situé en 1962,
avec 1 696 000 ha, soit une progression de
près de 50% en une trentaine d'années (fig. 1), aux dépens essentiellement du sainfoin dont les
surfaces ont régressé de 571 000 ha, en 1930, à 271 000 ha, en 1962 (Picard, 1982), les surfaces de
trèfle violet ayant peu évolué dans ce même laps de temps. Ensuite, les surfaces qui ont été consacrées
à la luzerne ont régressé pour passer sous le million d'hectares en 1971, puis sous les 500 000 ha en
1988. En 2001, elle n'occupait plus qu'une superficie de 316 000 ha ! Certes, la luzerne n'est pas la
seule légumineuse à être cultivée en France, mais elle représente plus de 80% de la superficie totale
des légumineuses cultivées en culture pure
pour l'affouragement des animaux, suivie par
le trèfle violet qui représente environ 10% de
la superficie de légumineuses en cultures
pures.
Sur la dernière décennie, où la surface de
luzerne a régressé de plus de 30%, l'évolution
montre un repli des superficies dans toutes les
régions d'élevage (tab. I), sauf l'Auvergne,
qui a stabilisé cette diminution avec un repli
limité à 3,6%, et la Corse, où elle a progressé
de 40%.
La Champagne-Ardenne, région de grandes
cultures, est la première région de France de
culture de luzerne pure avec 73 370 ha, une
position due à deux raisons principales : le
contexte pédo-climatique convient très bien à
la croissance de cette plante (pH basiques),
d'une part, et l'industrie régionale de
déshydratation de la luzerne a besoin du
maintien de cette culture pour exister, d'autre
part. Ce sont, en effet, des coopératives détenues par les agriculteurs, qui doivent les
faire fonctionner pour rentabiliser leur
investissement. En conséquence, la régression
de superficie enregistrée entre 1989 et 2001
reste limitée à 5,7%.
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Les différentes étapes de la
régression des légumineuses,
et plus particulièrement de la
luzerne, en France
Picard (1982) a proposé d'étudier les
raisons de cette régression en analysant
des critères liés à l'occupation du
territoire agricole. Ainsi, à la fin des
années 1970, il montrait que l'augmentation des surfaces en maïs fourrage et
en prairies temporaires (au total :
2 172 000 ha) compensait intégralement
la diminution constatée des surfaces en
légumineuses (2 160 000 ha). Ce qui
permettait de conclure que l'extension
de ces cultures s'était réalisée au
détriment des légumineuses, donc de la luzerne qui n'occupait plus alors que 713 000 ha.
Mais entre 1979 et 1989, si le maïs fourrage a continué sa progression au même rythme que les années
précédentes, avec un accroissement de 514 000 ha, les surfaces en prairies temporaires ont cette fois
régressé de 557 000 ha, compensant ainsi la progression du maïs. Alors que, dans ce même laps de
temps, les surfaces en luzerne pure ont également régressé de 251 000 ha.
Cette dégringolade des surfaces cultivées en luzerne pure ne s'est pas arrêtée là, puisque de 1989 à
1999, un repli supplémentaire de 142 000 ha est enregistré pour la luzerne, pendant que la surface en
maïs fourrage régressait cette fois de 264 000 ha.
Les variations des surfaces en maïs fourrage et en prairies temporaires ne suffisent donc plus, à elles
seules, à justifier la poursuite des diminutions régulières de surfaces de luzerne pure, notamment au
sein des régions d'élevage. Par ailleurs, l'étude de l'évolution d'autres cultures tendant à trouver une
justification de ces nouvelles évolutions devient compliquée. En effet, la Politique agricole commune
(PAC) a énormément complexifié les raisonnements des agriculteurs, par exemple en imposant la mise
en place de jachères ou en supprimant les prix garantis pour instaurer des aides directes aux
agriculteurs. En revanche, un diagnostic peut être réalisé en analysant l'évolution des productions de
viandes en France, ce qui peut montrer des changements d'orientation qui expliqueraient ce désintérêt
pour la culture de la luzerne.
L'étude de la production de viandes en France (fig. 2), réalisée à partir des 4 catégories
représentatives (bovins, porcins, ovins-caprins et volailles), montre que la production s'accroît
jusqu'en 1980. Ensuite, les trajectoires différent (CA, 2002) :
- la production bovine se stabilise entre 1980 et 1990, avec une baisse de 2%, à 1 927 000 t, avant de
régresser plus sévèrement entre 1990 et 2000, de près de 9%, à 1 755 000 t. Cette régression est
imputée à la crise de confiance des consommateurs, provoquée par la découverte de cas
d'Encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) en France. Malgré cette baisse de production, le taux
d'auto-approvisionnement national de viande bovine (113%) reste légèrement excédentaire en 2000 ;
- la production porcine a continué de progresser : +9% entre 1980 et 1990, à 1 730 000 t, et +33%
entre 1990 et 2000, à 2 304 000 t. Le taux d'auto-approvisionnement national en viande de porc
(106%) est, comme la catégorie précédente, légèrement excédentaire en 2000 ;
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- la production de volailles continue sur l'envolée débutée en 1970. Elle a évolué de 1 133 000 t, en
1980, à 2 243 000 t, en 2000, soit une production qui a presque été doublée en 20 ans. Le taux d'autoapprovisionnement national (150%) est très excédentaire en 2000 ;
-les productions ovines et caprines restent stables entre 1980 et 1990 avec 174 000 t, puis elles
accusent un repli de près de 20%, entre 1990 et 2000, à 140 000 t. Le taux d'auto-approvisionnement
national de ces catégories (47%) est très déficitaire en 2000.
En résumé, la production de viande des ruminants n'a pas évolué entre 1980 et 1990, mais elle a
régressé significativement entre 1990 et 2000 ; ce qui peut effectivement expliquer qu'une partie des
luzernières disparaisse des surfaces
destinées à l'affouragement de ces
animaux. Quant au cheptel essentiellement élevé en système « horssol » (porcs et volailles), la croissance
continue de la production de viande
par cette catégorie doit se répercuter
par un accroissement significatif de la
production d'aliments composés, leur
principale source alimentaire.
L'examen de l'évolution de la
production d'aliments composés (fig.
2 et 3, CA, 2002) montre effectivement que leurs productions suivent
les productions de viande des ateliers
« hors-sol ». On peut néanmoins
s'étonner de l'accroissement de production d'aliments composés pour les
bovins entre 1980 et 1990, mais
surtout entre 1990 et 2000, alors que
leur production de viande régresse significativement. Celle-ci peut être justifiée par le fait que les
animaux gardés sont des cheptels reproducteurs de haute qualité génétique ou des vaches laitières à
très haut potentiel, dont il convient de
complémenter la ration de base à l'aide
d'aliments composés. En effet, à partir d'un
certain niveau de production de lait par jour, il
devient nécessaire de substituer des fourrages
grossiers de la ration par des aliments
composés, pour respecter un équilibre entre
l'énergie et les protéines ingérées, et la capacité d'ingestion des animaux.
Globalement, il faut constater que les besoins
en aliments composés, complément des rations de base, s'accroissent. Ceci peut aussi
être favorable à la luzerne, lorsqu'elle est
commercialisée après avoir été déshydratée.
Or, autrefois, les animaux d'élevage tiraient
leur nourriture essentiellement des ressources
des exploitations. Celles-ci étaient surtout de
type polyculture-élevage. Ainsi, les fourrages
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à base de graminées-légumineuses (mélange graminées-légumineuses ou prairies naturelles qui
contiennent généralement 20% de légumineuses) exploitées au stade optimum, permettaient de
couvrir, dans l'exemple d'un élevage laitier, la production de 20 1 de lait par jour, équilibrée tant au
niveau des protéines que des calories (Pointereau, 2001). Il n'était donc guère question d'acheter des
aliments du commerce. Mais l'introduction de cultures allochtones, comme le maïs (ensilé ou grain)
qui se révèle pauvre en protéines (moins de 10%) mais riche en énergie, a conduit les éleveurs à
trouver d'autres ressources protéiques que celles produites sur l'exploitation. Les échanges de matières
premières-aliments entre pays se sont alors développés. À l'époque, les moyens de production étaient
bon marché. La mise en place d'une industrie de l'alimentation animale a donc pu se faire sans trop de
difficulté, assurant une garantie d'approvisionnement de l'exploitation en quantités, pour ne pas
risquer des ruptures de stock, mais aussi en qualité bien définie, pour que les caractéristiques des
rations soient aussi peu variables que possible. Cela a permis d'établir des rations standards
simplifiées qui nourrissent les animaux avec des matières premières provenant de l'autre bout du
monde (manioc de Thaïlande, tourteau de soja du Brésil ou d'Argentine), alors que nos régions
agricoles sont suffisamment riches pour satisfaire les besoins. En effet, les nombreuses matières
premières alimentaires qui sont produites sur le sol national apportent les mêmes éléments nutritifs que
le tourteau de soja, principal concurrent de nos productions végétales riches en protéines. C'est encore
plus vrai si l'on évite les transports en utilisant localement les graines, les tourteaux et les sousproduits industriels obtenus sur place.
Pour donner un exemple de l'application de ce concept en France, on peut citer la consommation de
luzerne déshydratée. En effet, elle a significativement évolué entre les années 1980 et les années 1990,
pour passer de 500-600 000 t/an à 850-950 000 t/an (fig. 4) (Thiébeau et Vanloot, 2000), dont 42%
sont incorporés dans les aliments composés (Seyssen, 2002). Ce bond, par rapport à la décennie
précédente, est aussi le résultat d'une diversification des gammes de produits. Par exemple, le marché
des lapins et des chevaux nécessite une teneur en cellulose brute de 28 à 30%, ce qu'offre les luzernes
déshydratées à faible teneur en protéines (17%). Autre exemple, le marché des ruminants, où
l'ensemble des qualités de luzerne, de 17 à 23% de protéines (tab. II), peut trouver sa place. En effet,
grâce à l'effet de la chaleur lors de sa déshydratation (la température est de 800°C à l'entrée du
tambour de séchage), la protéine de luzerne bénéficie d'un effet by-pass qui lui permet d'échapper à la
dégradation dans le rumen ; ce qui augmente la valeur PDI 1 affectée à ce produit par rapport à une
plante fauchée au même stade physiologique, mais récoltée et distribuée en foin. Les industriels ont
donc cherché à diversifier leur offre sur ce marché des bovins. On trouve ainsi (tab. II) :
- des luzernes enrichies en urée à hauteur de 3% avant la déshydratation. Ce sont des luzernes
destinées aux vaches laitières hautes productrices (VLHP), dont la capacité d'ingestion doit être
optimisée. Les produits obtenus présentent des teneurs en protéines de 26% ;
- des luzernes associées à du maïs, à hauteur de 50% de luzerne déshydratée de 4e coupe et 50% de
maïs plante entière. Le maïs apporte de l'énergie qui a la particularité d'être lentement dégradable,
facteur favorable à une meilleure assimilation. Le produit contient 15% de protéines.
Cette diversité d'offre permet d'atteindre des niches jusqu'alors peu exploitées par la profession
(VLHP) et de concurrencer, autant que faire se peut, le tourteau de soja. En effet, la valeur en
protéines digestibles dans l'intestin d'origine azotée (PDIN) du tourteau de soja est de 371g/kg (type
48), alors que celle d'une luzerne à 18% de protéines est de 115 g/kg. Il en résulte qu'il faut 3,2 fois
plus de luzerne que de tourteau de soja pour équilibrer une ration. Dans le cadre de rations pour
VLHP, une luzerne à 23% de protéines prend alors tout son sens puisque le ratio de déséquilibre par
rapport au soja n'est plus que de 2,5, ce qui est déjà beaucoup.
1
Protéines digestibles dans l'intestin.
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Intérêts de la luzerne
La diffusion de la luzerne dans le monde est la conséquence de ses rôles agronomique, écologique et
socio-économique.
Son rôle agronomique
II est à la base de son introduction et du fort développement de l'agriculture de l'Europe de l'Ouest au
cours du X I X e siècle. La luzerne, de la famille botanique des Fabacées, est une légumineuse fourragère
pérenne qui partage, avec quelques très rares espèces appartenant à d'autres familles botaniques
(Césalpiniacées et Mimosacées), la particularité de pouvoir utiliser l'azote atmosphérique. Ainsi, elle
s'est développée partout, sauf là où les conditions édaphiques donnaient priorité à d'autres espèces,
telles que le trèfle violet dans les sols acides, le sainfoin dans les terres calcaires de l'Europe du Centre
ou du Sud (Talamucci, 1994).
Les effets positifs de la luzerne sur la fertilité du sol se manifestent à travers la fixation symbiotique de
l'azote dans la biomasse. En effet, la symbiose avec la bactérie Rhizobium meliloti utilise l'énergie
provenant de la photosynthèse pour assurer la transformation de l'azote de l'air, qui entre ainsi dans le
circuit de la synthèse des protéines végétales. Cette opération se fait grâce à une enzyme, la
nitrogénase.
La chimie de synthèse des engrais azotés reproduit les mêmes réactions, mais avec un apport d'énergie
considérable pour réaliser des températures de 500 à 600°C et des pressions importantes. Ainsi, le coût
énergétique d'1 kg d'azote fixé par une légumineuse est estimé entre 5 142 et 10 285 kcal (Brill,
1977 ; cité par Catroux et al, 1980), tandis qu'il est compris entre 17 600 et 19 486 kcal pour un
engrais de synthèse (Pimentel, 1976 ; Spedding, 1975 ; cités par Catroux et al, 1980), auquel il faut
ajouter les dépenses de stockage et de distribution.
Au début du X X e siècle, et jusqu'à la découverte des nitrates du Chili, puis la mise en place de
l'industrie de synthèse, la fixation symbiotique constituait donc la seule possibilité d'accroissement du
taux d'azote dans les sols (Picard, 1982). En effet, l'azote contenu dans les déjections animales résulte
uniquement d'un recyclage de l'azote ingéré sous forme d'aliment à un autre moment de sa vie, donc
prélevé par la plante dans le sol, ce qui ne constitue pas un accroissement du stock d'azote initial.
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D'autres effets positifs de la luzerne peuvent être cités : la luzerne rétrocède progressivement l'azote
contenu dans sa biomasse lors de sa destruction. Un effet positif a été constaté sur une période d'au
moins 18 mois après sa destruction, ce qui doit être pris en compte pour ajuster la fertilisation azotée
des cultures suivantes (Jacquard et al, 1969 ; Muller et al., 1993 ; Justes et al, 2001) ; son système
racinaire pivotant, puissant, exploite les sols profonds (> 1,5 m). L'amélioration physique du sol qui
en résulte (structure, drainage) confère donc à la luzerne une place en tête de rotation.
Son rôle écologique
II se manifeste sur la conservation du sol et de sa fertilité. La luzerne joue une fonction régulatrice de
la dispersion des eaux très efficace. Par rapport aux cultures qui demandent des labours fréquents, la
luzerne donne lieu à des pertes de sols plus limitées : trois fois plus petites d'après Boschi et al.
(1984). En outre, la présence de la luzerne dans les assolements réduit la durée pendant laquelle le sol
reste nu.
Dans les systèmes de culture, la luzerne représente aussi une sauvegarde contre la pollution, soit de
façon indirecte, pour la limitation des effets polluants des monocultures céréalières (Talamucci, 1994),
soit directement pour son rôle épurateur des nitrates (Beaudoin et al, 1992). En effet, la luzerne
prélève préférentiellement l'azote du sol avant d'utiliser l'azote fourni par sa symbiose avec
Rhizobium meliloti. La raison scientifique de ce comportement n'est pas élucidée complètement mais
il semble principalement lié au coût énergétique qu'induit le fonctionnement de la symbiose pour la
plante. Des travaux ont montré que la luzerne permet à l'industrie agro-alimentaire de résoudre ses
problèmes de gestion d'effluents, riches en azote, par des épandages raisonnés (Muller et Ledain,
1992), de même pour les agriculteurs disposant d'ateliers porcins hors-sol, en offrant des surfaces
d'épandage de leurs effluents (Larbre et Usunier, 1995). En culture associée à un pois protéagineux,
elle montre son aptitude à piéger l'azote que cette culture commence à libérer avant sa récolte et qui,
dans un assolement traditionnel, se retrouverait hors de portée des racines de la culture suivante, une
céréale, avant la période de lessivage hivernal (Muller et al., 1993 ; Thiébeau et Larbre, 2002).
L'illustration de ces qualités est donnée par Spallacci et al. (1996) qui parlent de plante
« nitratophage » pour qualifier l'absorption importante de nitrates par la luzerne, bien que ce soit une
légumineuse. Ce rôle, très important pour réduire la lixiviation d'azote nitrique vers les aquifères
profonds, est trop souvent méconnu du public, y compris du conseil agricole ; c'est pourquoi nous
insistons sur cette qualité.
La luzerne assure également la durabilité des systèmes fourragers qui la comprennent. Sa culture
nécessite très peu d'intrants chimiques. De ce fait, elle contribue à la diversité : de la flore, notamment
en région de grandes cultures ; mais aussi de la faune : par son couvert, elle est un lieu de refuge, de
source alimentaire et/ou de reproduction de plusieurs espèces animales (insectes, mulots, alouettes,
perdrix, lièvres, chevreuil, etc.). Elle contribue également à la diversité de petits métiers, comme
l'apiculture. Pour ces raisons, la luzerne est appréciée des gestionnaires cynégétiques et de la nature.
Son rôle socio-économique
II est important. Il est dû essentiellement à sa grande productivité et, surtout, au fait que son produit est
destiné à des utilisations très différentes. L'utilisation alimentaire, et plus précisément l'utilisation
fourragère même s'il y a des usages pour la nourriture de l'homme, est de loin la plus importante, soit
comme fourrage vert (affouragement à l'auge, pâture), soit comme fourrage conservé (foin, ensilage),
soit comme concentré (luzerne déshydratée).
La luzerne verte distribuée à l'auge constitue une excellente forme d'utilisation pour sa bonne qualité
et ingestibilité, surtout durant la période estivale (Journet, 1992).
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La luzerne pâturée est un moyen de garantir un stock d'affouragement estival : elle assure donc un
stock fourrager de sécurité pour cette période critique grâce à son pivot racinaire qui autorise des
repousses même en période de déficit hydrique. Traditionnellement, la pâture de la luzerne concerne
les repousses après la première coupe, mais cette forme d'utilisation peut couvrir toute l'année. Le
danger de la météorisation , dû au contenu en saponine de la luzerne, peut être maîtrisé par une gestion
correcte des troupeaux (Talamucci, 1994).
La luzerne fanée, pratique de récolte la plus répandue, est cependant la forme de récolte qui détériore
le plus les qualités de la légumineuse. La cause en est la chute des feuilles que le nombre de
manipulations que cette technique de récolte induit.
La luzerne ensilée est la solution la plus intéressante en terme de conservation des qualités fourragères
de la luzerne. L'herbe doit être préfanée à 35-36% de matière sèche au minimum, être hachée finement
et doit éviter la contamination avec la terre. La technique des balles enrubannées, qui demande une
teneur en matière sèche comprise entre 40 et 50%, ce qui impose 2 jours de séchage au champ, facilite
davantage la conservation (Le Gall, 1993).
La luzerne déshydratée, par rapport aux
autres formes de récolte, présente des
avantages considérables. Elle permet de
réduire les pertes de feuilles au champ,
donc de préserver la qualité de la matière
sèche exportée. La luzerne déshydratée
peut suivre deux filières de consommation
différentes : après sa déshydratation, elle
peut soit être conditionnée en granulés,
pour les aliments composés des lapins, volailles, porcs et ruminants ; soit être
conditionnée en balles, pour être distribuée
aux ruminants et, en petite partie, aux
équins (SNDF, 1991). En tant qu'aliment
concentré complémentaire, la luzerne
déshydratée présente une très bonne valeur
azotée et une valeur énergétique satisfaisante (tab. II). Elle est riche en calcium,
phosphore et magnésium. Dans l'alimentation des vaches laitières, la luzerne
déshydratée peut être utilisée comme
complément azoté, en substitution des
tourteaux ou d'une partie des fourrages, en
combinaison avec le foin ou l'ensilage de maïs. En conséquence du transit rapide dans le rumen, elle
accroît la capacité d'ingestion au détriment de la digestibilité ; pour atténuer ce dernier inconvénient, il
est préférable d'utiliser une préparation sous forme de fibre longue, qui permet une vitesse de transit
dans le rumen plus appropriée (Mauriès, 1991).
De la luzerne dans nos assiettes ?
La destination de la luzerne déshydratée s'élargit, depuis une dizaine d'année, à l'alimentation
humaine. En effet, en 1975-1980, des responsables de la filière luzerne en Champagne remarquent
qu'une de leur fabrication, un concentré de feuilles de luzerne, pourrait convenir à la consommation
2
Accumulation, dans la panse, de gaz provenant de la fermentation des aliments.
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humaine, moyennant quelques modifications du procédé d'extraction. À partir de feuilles de luzerne,
le procédé permet d'obtenir des protéines blanches (Lamarche et Landry, 1992) qui possèdent
d'excellentes propriétés technologiques moussantes, émulsifiantes et gélifiantes, et surtout, à faible
teneur en saponines dont les effets antinutritionnels sont bien répertoriés (Monties, 1981). Plusieurs
essais de consommation de ces extraits foliaires (coagulum filtré, déshydraté et ensaché
hermétiquement pour une utilisation ultérieure) ont été et sont toujours réalisés avec succès en
Roumanie, en Chine et au Nicaragua. Ils sont utilisés comme suppléments nutritionnels des rations
chez les populations souffrant de malnutrition. À raison de 6 à 10 g/j, ils corrigent efficacement les
carences nutritionnelles, améliorent la santé des individus et le développement des enfants, leur évitant
des maladies carentielles associées à la malnutrition comme l'anémie, les diarrhées, les affections
respiratoires et la cécité (xérophtalmie).
Les co-produits résultant de cette extraction sont recyclés pour l'alimentation animale. Par exemple,
les extraits de protéines totales ou de protéines membranaires pigmentés, habituellement désignés sous
le sigle PX, pour protéine et xanthophylle, sont commercialisés pour les poulets de chairs et les poules
pondeuses (jaune des œufs).
De surcroît, cette technologie d'extraits foliaires aboutit à deux résultats principaux : une économie
d'énergie de l'ordre de 40% par rapport à la déshydratation de la luzerne (De Mathan, 1990) et
l'obtention de plusieurs co-produits qui contribuent à la valorisation de la culture de luzerne
industrielle (Tazaki, 1995).
La luzerne en tant que plante industrielle offre un nombre de produits qu'on peut obtenir par le
processus de fractionnement. Une liste, non exhaustive, des produits industriels issus de la luzerne
comprend : les fibres papetières (plus faciles à obtenir quand le rapport feuille/tige est faible et
lorsqu'il est possible de séparer les feuilles, destinées à l'alimentation, des tiges, destinées à
l'industrie) ; les polymères pour la production de plastiques biodégradables ; l'éthanol, l'acide
lactique, les enzymes, hormones, saponine pour préparer des produits insecticides (Tava et al., 1992),
etc.
La luzerne présente donc un éventail d'usages large, et des potentialités importantes ; ce qui, toutefois,
ne doit pas occulter ses limites.
Limites de la luzerne
La luzerne a des exigences d'ordre agronomique
La phase d'implantation de la luzerne est une étape importante de la culture de cette plante pérenne.
En effet, de celle-ci dépendra la production de fourrage les années suivantes. Sans exposer l'ensemble
de l'itinéraire technique à respecter pour réussir une bonne implantation, on peut mentionner que la
luzerne apprécie les sols à pH neutre ou basique ; ce qui n'est pas le cas des régions de montagne ou
de moyenne montagne, tirant leurs revenus principalement de l'élevage, où les sols ont des pH proches
de 5. La culture de la luzerne peut être envisagée sur des sols légèrement acides, sous réserve de
réaliser un apport d'inoculum de la bactérie Rhizobium meliloti au moment du semis et de réaliser des
apports calciques compensant au moins les pertes de CaO liées aux pertes par lessivage ainsi qu'aux
exportations de la culture. La luzerne est, en effet, en plus des éléments phosphore, potassium et
magnésium, très consommatrice de calcium (30 kg de CaO par tonne de matière sèche - MS), ce qui
peut être une contrainte pour certaines exploitations.
La luzerne est également une plante très consommatrice en eau : 50 mm/t de MS. Il faut donc lui
réserver des parcelles à bonne réserve hydrique et se ressuyant bien pour éviter l'asphyxie des racines.
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Quelques règles sont à respecter pour limiter les difficultés en cours d'exploitation
Chaque repousse de luzerne se réalise à partir des réserves des pivots racinaires. Celles-ci sont
reconstituées lorsque la plante atteint le stade bourgeonnement, stade également considéré comme
optimal pour la qualité de la récolte et la pérennité de la culture. Néanmoins, pour une exploitation en
pâture, il n'est pas toujours possible d'attendre ce stade puisqu'ensuite la maturité évolue rapidement,
les tiges deviennent difficiles à paître et à ruminer, et la digestibilité du fourrage ingéré diminue
rapidement (Lemaire et Allirand, 1993). Néanmoins, ce stade phénologique n'est pas toujours un bon
indicateur de la qualité de la plante. En effet, lorsqu'une plante subit un stress de plusieurs jours dans
le milieu où elle évolue, elle va activer une fonction de conservation de l'espèce en accélérant
l'émission des organes reproducteurs pour produire la semence qui va assurer la pérennité de son
espèce. C'est ainsi qu'en été, à la suite d'un stress hydrique par exemple, les repousses de luzerne
atteignent le stade bourgeonnement et floraison plus rapidement qu'une repousse de printemps, alors
que la teneur en protéines de leur fourrage atteint ou dépasse encore 20% (à somme de degrés-jour
et/ou de rayonnement intercepté identique). Il y a donc aussi des idées reçues qu'il convient de
corriger.
Que la luzerne soit pâturée ou fauchée, il faut s'assurer que le sol est suffisamment ressuyé avant
d'intervenir dans la parcelle. En effet, malgré son enracinement pivotant, a priori robuste, les pivots
sont mis à rude épreuve lorsque les conditions d'exploitation ne sont pas favorables. Le piétinement
des animaux et les passages de roues peuvent provoquer leur déformation et induire des nécroses qui
peuvent affecter de façon irrémédiable leur pérennité (Thiébeau, 2001). Pour limiter cet effet,
notamment dans le cadre d'une exploitation en pâture, il faut utiliser la technique du pâturage
tournant. Ainsi, les bourgeons émis par les pivots racinaires, pour la repousse, dans les premiers jours
qui suivent cette défoliation, sont préservés. Cette technique de gestion du pâturage permet également
de maîtriser les quantités de biomasse ingérées par les animaux, ce qui limite les risques de
météorisation évoqués précédemment par Talamucci (1994).
La conservation de cette plante fourragère est souvent considérée comme une étape délicate. Plusieurs
techniques de récolte ont été évoquées précédemment, que nous n'allons pas rappeler. Elles
demandent une bonne maîtrise de la technique de récolte retenue, afin de limiter les pertes de feuilles
du champ à l'auge, ainsi que de la patience, pour engager la récolte lorsque l'ensemble des critères
agro-météorologiques est réuni, ce qui assure la pérennité de la luzernière et la bonne conservation du
fourrage récolté.
La luzerne présente également quelques contraintes pour l'alimentation animale
D'après Cheeke (1976), cité par Monties (1981), la consommation de luzerne peut conduire à la
réduction de prise volontaire d'aliments par les animaux, à cause des saponines qu'elle contient. En
effet, les saponines sont considérées comme des substances qui, bien que naturellement présentes dans
les plantes, peuvent en diminuer la qualité nutritionnelle. Selon Cheeke, elles ont un effet majeur sur le
goût des aliments, donc sur les quantités ingérées qui, dans des rations riches en saponines, provoquent
chez les monogastriques des réductions sensibles de croissance.
Cela dit, le fait que la luzerne contient des saponines ne doit pas constituer un argument qui limite son
emploi. En effet, pour la luzerne comme pour d'autres espèces, il existe des variétés qui en
contiennent beaucoup (jusqu'à 2% de la matière sèche) et d'autres moins (0,1% de la matière sèche).
En France, les variétés que nous cultivons sont issues de croisements de ces deux types ; elles ont donc
des teneurs intermédiaires. Et la sélection de variétés qui en contiennent peu a montré des variations
corrélatives avec d'autres constituants, tels que les protéines ou les fibres végétales.
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Dans la pratique de l'alimentation animale, ces notions sont rarement évoquées, parce que les teneurs
en saponines ne se trouvent pas en position de représenter une menace ni pour la santé de l'animal, ni
pour la quantité de fourrage qu'il est susceptible d'ingérer.
Comme nous pouvons l'observer sur le tableau I I , la luzerne exploitée en culture pure n'est pas un
fourrage « équilibré », car, proportionnellement à sa teneur en PDI, sa teneur en énergie est faible. On
doit donc l'utiliser en association avec un autre fourrage qui compense son déficit énergétique. C'est
pourquoi on la retrouve fréquemment dans des rations à base de graminées, telles que des ensilages
d'herbe ou de maïs, où sa teneur élevée en calcium permet par ailleurs de réduire les risques d'acidose
que ces rations induisent chez les VLHP.
Aura-t-on encore besoin de la luzerne dans le paysage agricole de demain ?
La luzerne permet une production de protéines par hectare sans équivalent en Europe
Plusieurs productions végétales entrent dans la composition des aliments composés pour les animaux,
dont quelques-unes sont présentées dans le tableau I I I . De manière à pouvoir les comparer entre elles
en terme de protéines produites, l'Union européenne a retenu un coefficient de conversion
correspondant à la teneur moyenne en protéines de la matière première par espèce, applicable à
l'ensemble des pays membres sur les rendements obtenus chaque année. Nous constatons que ces
valeurs oscillent du simple, avec une coefficient de 0,12 pour le blé, au triple, avec un coefficient de
0,34 pour le lin oléagineux, ou davantage, avec 0,38 pour le soja. Pour réaliser cette comparaison au
niveau national, nous avons retenu les rendements moyens de 6 campagnes culturales, de 1994 à 1999.
Nous n'avons pas souhaité prendre en compte des années antérieures car le progrès génétique étant en
constante évolution, l'effet sur la moyenne retenue pénaliserait la quantité de protéines produite
actuellement. Après avoir calculé la quantité de protéines produite par espèce lors de chacune de ces
campagnes culturales, nous avons réalisé une analyse de variance, suivie d'une comparaison de
moyenne (test de Newman et Keuls) afin de constituer des groupes homogènes d'espèces produisant
des quantités de protéines statistiquement égales.
Cette analyse montre que la luzerne présente une production de protéines signifîcativement différente
de son premier concurrent européen, le pois protéagineux, devançant lui-même significativement un
autre groupe comprenant le soja et la féverole (tab. III). Ainsi, il est nécessaire de cultiver 1,9 ha de
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pois protéagineux pour obtenir la même quantité de protéines qu'un hectare de luzerne ! Devant toute
la publicité qui est faite pour favoriser la culture du pois protéagineux au sein de revues spécialisées
sur les grandes cultures, on peut raisonnablement s'étonner qu'une petite place ne soit pas accordée
pour mettre en avant l'intérêt procuré par la luzerne. Peut-être faudrait-il se pencher sur une répartition
différente des aides communautaires, établies non pas à la surface de protéagineux cultivés, mais sur la
quantité de protéines produites par unité de surface ? Cela servirait les intérêts d'une agriculture
respectueuse de l'environnement et/ou dite « durable ».
Il faut souligner encore un aspect qui concerne le coefficient de conversion retenu par l'Union
européenne pour la luzerne. En effet, celui-ci est très en dessous de la teneur moyenne en protéines
produites par les déshydrateurs français. Un coefficient de 0,18 serait plus approprié à une qualité
minimale couramment produite en France. L'intérêt de produire de la luzerne serait donc accru vis-àvis du pois.
Parmi les productions végétales retenues dans la fabrication d'aliments composés pour les animaux, la
luzerne déshydratée est la culture qui produit la quantité de protéine la plus importante par unité de
surface au sein de l'Union européenne. Refuser de considérer cet aspect au sein de la PAC serait une
erreur de stratégie importante à moyen et long terme.
La luzerne a un rôle agronomique important dans les systèmes de production où elle est présente
Le rôle agronomique de la luzerne, déjà évoqué, est la raison la plus importante de la maintenir ou de
l'introduire dans les systèmes de production et dans les assolements. Toutefois, l'évaluation de ses
effets doit être faite tout en examinant les conséquences sur l'exploitation agricole (calendrier de
travail, modification des coûts, etc.) pour hiérarchiser les différents rôles de la luzerne en fonction de
la situation locale (Bellon, 1993).
Dans les systèmes de production où la luzerne est cultivée avec une graminée (dactyle, fétuque,
brome) recevant 80 kg/ha d'azote, Lavoinne et Pérès (1993) ont montré que la production de matière
sèche exportée de la parcelle était identique à celle d'une culture de graminée pure en recevant
160 kg/ha. La luzerne cultivée en association avec une graminée permet donc de réaliser une économie
d'azote.
Compte tenu des différentes préoccupations environnementales pour atténuer les effets de l'homme
sur l'environnement, la luzerne a, plus que jamais, une contribution à apporter. Mais les différentes
modifications de la PAC rendent moins attrayante son insertion dans les assolements. Pour pallier ceci,
il faudrait remettre en œuvre une stratégie politique capable de recréer les conditions d'intérêt
économique (écotaxe) pour la luzerne et les systèmes qui peuvent représenter un bon compromis entre
la productivité et la conservation de l'environnement.
Les rôles agronomiques de la luzerne peuvent être valorisés si des initiatives publiques sont prises.
Une distribution mieux spatialisée des élevages en France ?
La luzerne, avec d'autres espèces cultivées (betterave, colza, pomme de terre, tournesol, etc.),
n'appartient pas à la famille des graminées. De ce fait, le cortège parasitaire qui l'accompagne est
différent de celui des céréales. Introduites dans les rotations, ces cultures peuvent rompre l'évolution
parasitaire qui accompagne les rotations céréalières et freiner l'emploi des spécialités
phytopharmaceutiques. C'est particulièrement vrai pour la luzerne qui ne nécessite qu'une à deux
interventions phytosanitaires par an.
Par conséquent, la luzerne contribue à diminuer l'emploi de produits de synthèse sur l'exploitation et
accroît l'autonomie protéique de celles qui élèvent des ruminants.
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Mais ces animaux se trouvent pour une large part en dehors des zones céréalières, où la luzerne
pourrait représenter un apport intéressant (Picard, 1982). On peut citer de nouveau l'exemple de la
région Champagne-Ardenne, zone de grandes cultures où la luzerne est très implantée (46 000 ha dans
le seul département de la Marne, en 2001) et où sa présence est presque exclusivement liée à celle de
l'activité de déshydratation. Néanmoins, son aptitude à absorber préférentiellement l'azote du sol en
fait une culture où les épandages d'élevages ou d'installations agroalimentaires sont autorisés dans la
limite de 200 kg/ha/an d'azote total (organique et minéral) (source : Code permanent « Environnement
et Nuisances »). A contrario, on peut également donner l'exemple du Grand Ouest (Bretagne et Paysde-la-Loire) où la luzerne accuse un repli de 11 530 ha (46,7%), cette dernière décennie (tab. I). En
effet, le développement agricole de ces 40 dernières années dans ces régions s'est fondé sur
l'intensification fourragère et la production de lait, puis sur la multiplication des élevages hors-sol de
porcs et de volailles (Neveu, 2002), à tel point que Bourgeois et Desriers (2002) n'hésitent pas à dire
qu'elles se sont « taillé la part du lion » au niveau national. Cette intensification, qui correspondait à
une demande, ne se fait pas sans risque pour l'environnement puisque l'on assiste à la pollution des
rivières et des nappes phréatiques, ce qui inquiète les habitants et indispose les touristes. Or, ces
productions, au moins les plus industrialisées, sont relativement faciles à délocaliser vers des régions
où leur incidence environnementale peut être maîtrisée. L'idée peut faire peur, mais ne pas l'évoquer
serait manquer de responsabilité face à l'urgence et la gravité du problème qui grandit. À cet effet,
rappelons qu'un jugement du tribunal administratif de Rennes, ainsi que de la Cour de Justice des
Communautés européennes ont condamné la France à verser près de 115 000 d'amende à la société
chargée du traitement des eaux du département des Côtes-d'Armor, en vertu de la directive
européenne du 12 décembre 1991, relative à la protection des eaux contre la pollution par les nitrates à
partir de sources agricoles (Nicol, 2002).
Ainsi, l'introduction de la luzerne comme nouvelle tête d'assolement, dans d'autres régions de grandes
cultures, pourrait permettre de mieux répartir les élevages sur le territoire national et, par conséquent,
de mieux gérer et valoriser l'épandage des effluents produits aussi bien par les élevages que par l'agroindustrie.
Des productions animales cohérentes avec notre consommation,
pour réduire le recours au tourteau de soja...
L'étude des différentes catégories de productions animales montre que la France couvre correctement
ses besoins pour les productions bovines et porcines. Par contre, elle est très excédentaire en
production de volailles (un tiers de plus que ses besoins) et très déficitaire en production d'ovinscaprins (la moitié de sa consommation).
Compte tenu du fait que la production de volailles est destinataire de plus de 34% des tourteaux de
soja importés en France (Lapierre et Pressenda, 2002), nous pouvons nous interroger sur les raisons
qui justifient la poursuite d'implantations ou d'extensions de nouveaux ateliers hors-sol de volailles
sur le territoire national, ce qui accroît encore nos besoins en protéines d'aliments composés et
augmente la quantité d'effluents à gérer.
En revanche, une politique visant à soutenir les productions ovines et caprines, qui tirent la presque
totalité de leurs besoins en protéines des fourrages produits sur l'exploitation, permettrait à la France
d'être moins dépendante de l'offre en viande ovin-caprin extérieure. En outre, et selon toute
vraisemblance, ceci pourrait être en faveur d'un accroissement des surfaces en luzerne, source de
protéines. L'exemple de la Corse montre, en effet, qu'un accroissement significatif des surfaces de
luzerne pure (+40% en 10 ans) dans cette région d'élevage est une chose possible. L'idée d'envisager
une inversion de la tendance nationale actuelle est donc réaliste. En effet, grâce à ses réserves
racinaires, la luzerne autorise des repousses estivales, même en conditions de faible pluviométrie ; ce
qui est un atout important dans ces systèmes de production.
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Une politique de productions animales cohérente, nationale et/ou européenne, doit pouvoir mettre en
concordance productions et consommations. Ainsi, la quantité de protéines importée pourrait s'en
trouver significativement modifiée ; au bénéfice de la culture de la luzerne.
Une demande croissante de traçabilité des produits et d'absence d'OGM :
des engagements que les producteurs de luzerne pourraient prendre
À la suite de plusieurs « affaires » concernant la qualité des produits que nous consommons (traces de
métaux dans des eaux minérales, traces de pesticides supérieures aux normes en vigueur dans les
céréales des petits déjeuner, prions dans les viandes bovines, etc.), l'opinion publique demande de plus
en plus que soient justifiées l'origine et la qualité des produits commercialisés pour la consommation
humaine. Les gouvernements ont réagi en instituant un contrôle de la qualité et de la « traçabilité » des
produits (Bourgeois et Servolin, 2002). Les firmes agroalimentaires et les grands groupes
commerciaux ont adopté la même démarche et s'efforcent de conduire une diversification et une
identification claires des produits offerts : légumes et viandes. Mais aucun producteur de légumes ne
peut garantir l'absence de résidus de pesticides sur les produits qu'il commercialise, comme le
boucher ne sera pas en mesure de garantir l'absence de consommation d'organismes génétiquement
modifiés (OGM) par le bovin qu'il commercialise, surtout si l'agriculteur qui l'a élevé achète du
tourteau de soja. Cela entraîne donc une méfiance vis-à-vis des approvisionnements ponctuels à
caractère spéculatif, dont fait partie la luzerne déshydratée, aux différences près que la luzerne
produite sur l'exploitation d'élevage de l'animal en question et/ou déshydratée peut apporter une
garantie sur son itinéraire cultural (absence d'utilisation de produit phytosanitaire pendant sa
croissance, par exemple), sur son lieu de production, ainsi que sur l'absence d'OGM puisqu'à ce jour,
aucune semence de luzerne européenne ne comprend d'organismes génétiquement modifiés.
C'est pourquoi, d'une part, les firmes agroalimentaires européennes sont encouragées de plus en plus à
mettre en œuvre une politique d'approvisionnement de « proximité », soit dans l'espace national, soit
dans les autres pays membres de l'Union européenne (Bourgeois et Servolin, 2002) ; et, d'autre part,
les producteurs de luzerne pourraient s'engager à fournir un produit n'ayant reçu aucun produit de
traitement pendant sa croissance.
Un nouveau plan « protéine »
pour l'Europe ?
À la suite du choc pétrolier et de
l'embargo américain sur les tourteaux
de soja de 1973, la Communauté européenne avait mis en place un plan
« Protéines » pour combler ses
carences d'approvisionnement (Sauvant, 2001). Une politique financière
incitative permit de développer la
production d'oléagineux et de protéagineux, dont la luzerne. Octroyée
dès 1974, cette aide a eu l'effet
escompté puisqu'en 1990, l'Europe a
doublé ses capacités d'auto-approvisionnement sur son marché intérieur.
Mais, à la suite des accords de Blair
House, qui ont mis un coup d'arrêt au
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développement des oléagineux en Europe, et de la réforme de la PAC de 1992/1993, qui a provoqué
une chute notable de la production de protéagineux, le déficit protéique européen s'accroît de nouveau.
En effet, le taux de couverture des besoins est passé de 38%, en 1990, à 29%, en 1994, pour l'Europe,
et de 69%, en 1990, à 54%, en 1994, pour la France.
En 1999, l'auto-approvisionnement de l'Europe couvrait environ 30% des besoins de protéines
végétales, tandis que la France avait une couverture d'environ 60% de ses besoins (fig. 5). Est-ce
néanmoins un seuil satisfaisant ? Non, car depuis le 14 novembre 2000, un arrêté ministériel et un
texte européen du 4 décembre 2000 suspendent totalement l'usage des protéines animales pour
l'alimentation des animaux de rente. Ceci se traduit par un recours plus important aux tourteaux
d'importation, et particulièrement de soja (AAC, 2001). Pour remplacer 350 à 400 000 t de farines de
viande consommées auparavant en année pleine, la France doit importer l'équivalent de 400 à
470 000 t de tourteaux de soja supplémentaires, portant ainsi son déficit global en protéines de 37 à
40% en 2000.
Pour l'Union européenne, le volume de 1,7 à 2 millions de tonnes de farines animales équivaut à 2,
voire 2,3 millions de tonnes de tourteaux de soja : ce qui porte le déficit européen en matières riches
en protéines à plus de 75% en 2000 (AAC, 2001), soit un niveau comparable à celui de 1973 ! Ce
constat est effarant et ne peut laisser les responsables politiques indifférents !
Pour satisfaire les besoins alimentaires de ses élevages qui consomment annuellement 20 millions de
tonnes de protéines, soit l'équivalent de 45 millions de tonnes de tourteau de soja, l'Union européenne
doit importer 35 millions de tonnes d'équivalent tourteau de soja.
Quand on sait que ces importations proviennent à 90% du seul continent américain, dont 80% du
Brésil (Circuit Culture, 2002), on mesure le danger économique, voire politique, que représente une
telle dépendance. En cas de flambée des cours sur les marchés internationaux, comme cela a été le cas
en 1996 et surtout en 1997, la facture se révèle lourde pour l'élevage européen. De plus, une grande
partie de ces importations ne sont pas exemptes d'OGM, garantie qu'apporte la luzerne produite en
France.
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Améliorer notre situation d'indépendance doit donc être considéré comme un enjeu vital pour l'avenir.
C'est pourquoi un nouveau plan pour favoriser ces cultures doit être le bien venu. Dans le cas
contraire, l'enveloppe budgétaire de l'Union européenne destinée à ce secteur doit assurer le maintien
du niveau de couverture actuel pour, au moins, ne pas annihiler les efforts accomplis depuis 1973, en
France.
Le soutien financier européen doit-il concerner l'activité de déshydratation de luzerne ?
Produire du fourrage ici, en dépensant de l'énergie fossile pour le déshydrater, le conserver et le faire
consommer dans d'autres régions de France et d'Europe est souvent considéré comme du gaspillage
d'énergie. C'est vrai. Selon l'étude réalisée par Thiébeau et al. (2001) sur la durée de vie d'une
luzernière dont la production est exclusivement destinée à la déshydratation, le bilan énergétique est
déficitaire d'environ 860 à 890 000 kcal/t de luzerne déshydratée, selon le type d'énergie de séchage
employée : le charbon ou le gaz.
Mais cette étude a été complétée par des bilans concernant les éléments carbone et azote. Ainsi, ces
auteurs montrent que la quantité de carbone qu'une culture de luzerne pure fixe au terme de 2 années
d'exploitation est 2 à 3 fois plus importante, à la tonne de luzerne déshydratée, que la quantité de
carbone rejetée par l'énergie fossile utilisée pour sa déshydratation. Pour l'élément azote, en
considérant non seulement l'absorption et la fixation d'azote en cours de culture mais aussi les
restitutions après la destruction de la luzerne, ils montrent un effet positif de la culture de luzerne pour
l'environnement, identique quelle que soit la source énergétique utilisée pour le séchage. Compte tenu
des efforts déployés ces dernières années pour inciter le monde agricole à raisonner ses intrants azotés,
de manière à réduire les fuites de nitrates et la pollution des nappes phréatiques, la culture de la
luzerne paraît s'inscrire parfaitement dans cet objectif. L'azote soustrait à l'environnement est
transféré à l'alimentation animale par le biais de la filière de la déshydratation, en lieu et place de
tourteaux d'importation.
Dans ce contexte, il paraît nécessaire de soutenir ce secteur d'activité qui, positionné en région de
grandes cultures, contribue à la diversité du paysage agricole. Depuis le début des années 1990, ce
secteur a été considérablement fragilisé par le désengagement financier de l'Europe dans les
différentes réformes de la PAC, poursuivi à travers l'Agenda 2000 qui ne fait aucunement mention de
la luzerne déshydratée alors qu'il est établi pour une période allant jusqu'en 2006. Sans une prise de
conscience rapide par les instances publiques nationales et européennes de cette position délicate,
l'avenir de ce secteur d'activité, qui concerne au moins 23% de la surface nationale de luzerne pure,
est incertain.
En conclusion
La luzerne apparaît comme une culture à promouvoir dans le cadre d'une réduction des impacts
environnementaux de l'homme. Or, ce sont chaque fois des crises économiques liées aux fluctuations
des marchés de matières premières qui raniment nos inquiétudes, car une part importante des
ressources protéiques, qui servent à équilibrer la ration alimentaire des animaux d'élevage que nous
consommons, est importée du continent américain.
Lors de ces épreuves, la presse spécialisée du monde agricole prête alors un intérêt aux cultures
nationales d'oléo-protéagineux, ce qui se manifeste par l'édition de dossiers spécialisés
« protéagineux ». Mais ils excluent pratiquement tous la culture de la luzerne !
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La luzerne est pourtant une ressource de protéines importante de l'alimentation animale, qu'elle soit
cultivée seule ou en association avec une ou plusieurs graminées. Persévérer à l'exclure de ces
dossiers, c'est aussi pousser cette culture hors du paysage agricole de demain.
La luzerne présente pourtant de nombreux atouts, dont les partisans d'une agriculture respectueuse de
l'environnement et durable, devraient tenir compte.
Grâce au plan « Protéines » mis en place au cours des années 1970, la France a accru son taux de
couverture parmi les plus élevés de l'Union européenne, avec près de 60% de ses besoins. Ces efforts
doivent être poursuivis par une réforme de la PAC cohérente. Pour être encore présents demain, la
luzerne et les autres protéagineux ont besoin d'un second plan « Protéines » qui permette d'avoir des
perspectives à moyen et long termes de soutien financier de l'Europe politique. Ce soutien n'implique
pas une augmentation de l'aide communautaire, mais au moins le maintien de l'enveloppe actuelle
et/ou une meilleure redistribution de cette aide. Ce n'est qu'à ce prix que des secteurs d'activités,
comme celui de la déshydratation, pourront prolonger leur activité et envisager le renouvellement leur
outil de travail vieillissant.
Enfin, compte tenu des usages étendus qu'il est possible de faire de la luzerne, il serait cohérent que
cette culture garde sa place au sein des assolements agricoles européens. En 40 ans, les surfaces ont
été divisées par plus de 5 en France. Il y a donc, à présent, urgence à prendre les mesures adéquates
pour stopper cette hémorragie.
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