Les ARN-maturases mitochondriales de plantes codées par des introns de groupe II sont "éditées" dans les domaines fonctionnels, ou importées dans la mitochondrie après transfert génétique au noyau. Dominique Bégu1, Jean-claude Farré1, Victoria Busi2, Diego Gomez-Casati2 & Alejandro Araya1 1 Laboratoire de Réplication et Expression des Génomes Eucaryotes et Réroviraux (REGER) UMR 5097, CNRS et Université Victor Segalen-Bordeaux2, 146 rue Léo Saignat, 33076 Bordeaux Cedex, France 2 Instituto de Investigaciones Biotecnologicas, IIB-INTECH(CONICET/UNSAM), C.C. 164,7130, Chascomus, Argentina Dans les génomes bactériens, mitochondriaux et chloroplastiques, de nombreux introns de groupe II codent pour des protéines portant des activités transcriptase réverse et ADN endonucléasique responsables de la mobilité des introns, et une activité maturase impliquée dans l'épissage des introns. Le génome mitochondrial des plantes inférieures (bryophytes) possède des introns de groupe II codant pour au moins huit ARN-maturases potentielles. Chez les plantes supérieures, un seul intron mitochondrial code pour un tel ORF(mat-r), par contre plusieurs gènes nucléaires présentent une forte homologie de séquence avec des introns codants mitochondriaux de plante inférieure. Les travaux présentés concernent l'étude de gènes nucléaires (Arabidopsis thaliana) ou mitochondriaux (bryophyte Pellia epiphylla) codant pour des ARN maturases mitochondriales potentielles et envisagent un rôle fonctionnel possible pour de telles protéines dans les mitochondries de plante. L'étude de l'expression de 4 gènes nucléaires d'A. thaliana codant pour ce type d'ARN maturases a permis de montrer que, d'une part, les 4 gènes sont exprimés dans les feuilles et les fleurs, avec un taux de transcription accru dans les jeunes feuilles, et, d'autre part, que les séquences amino-terminales de ces protéines permettent un adressage à la mitochondrie. Ainsi, au cours de l'évolution, les gènes d'ARN maturases d'organelles ont été transferés au noyau où certains ORF ont acquis une séquence signal permettant leur import dans la mitochondrie. Par ailleurs, nous avons étudié six introns mitochondriaux du groupe II codant pour des ARN-maturases chez le bryophyte Pellia epiphylla. Des conversions de type C-U ont été identifiées dans les transcrits, correspondant à des évènements d'édition des ARN. L'édition des transcrits affecte uniquement les domaines très conservés transcriptase réverse et maturase, en augmentant la conservation de ces ORF avec les ARN-maturases fongiques. Le mécanisme d'édition des ARN étant indispensable pour la production de protéines fonctionnelles dans les organelles de plante, nous pouvons supposer que ces protéines "éditées" sont fonctionnelles. Ainsi, les ARN-maturases codées tant par la mitochondrie que par le noyau pourraient participer d'une part à l'épissage des nombreux introns mitochondriaux et, d'autre part, au transfert horizontal de gènes de la mitochondrie vers le noyau observé au cours de l'évolution.