BMVG_59 Titel_RZ 6c franz 04.07.2002 16:04 Uhr Seite 2 LE BENDLERBLOCK BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:30 Uhr Seite 3 LE BENDLERBLOCK BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:30 Uhr Seite 4 LE BENDLERBLOCK SOMMAIRE 4 L’histoire et le présent 6 Le Bendlerblock 8 Portraits de quelques résistants 20 Jeudi, 20 juillet 1944 26 La Résistance 31 Bibliographie 33 Différentes vues du bâtiment depuis le Reichpietschufer BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:30 Uhr Seite 5 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:30 Uhr Seite 6 LE BENDLERBLOCK L’HISTOIRE ET LE PRÉSENT Vue du bâtiment depuis la Stauffenbergstraße Vue du bâtiment depuis la place d’armes Entrée à partir de la place d’armes L e Bendlerblock est un des lieux les plus importants de l’histoire récente de l’Allemagne à Berlin. Jusque tard dans la soirée du 20 juillet 1944, le colonel Claus Schenk Graf von Stauffenberg y essaya en vain, en compagnie de quelques confidents, de provoquer le renversement du régime criminel national-socialiste. Cette même nuit, lui et ses plus proches fidèles furent fusillés par un peloton d’exécution dans la cour intérieure du Bendlerblock. A l’initiative de quelques membres des familles des résistants fut dévoilé le 20 juillet 1953 un monument aux morts dans la cour intérieure du Bendlerblock, transformant celle-ci en un lieu de souvenir et de commémoration important pour l’Allemagne. 6 Après la décision de choisir Berlin comme siège du gouvernement, le ministre fédéral de la Défense se prononça en faveur du Bendlerblock comme deuxième siège officiel du ministère de la Défense. Faisant ce choix, le ministre a une fois de plus souligné clairement que la Bundeswehr s’inscrit dans la tradition de la résistance militaire contre le régime national-socialiste. La Bundeswehr considère la défense des principes de la prééminence du droit et de la dignité de l’homme comme sa plus noble tâche. Par là elle se trouve en communion d’idées avec les femmes et les hommes du 20 juillet 1944. Le deuxième siège officiel du ministère fédéral de la Défense, qui compte environ 350 collaborateurs travaillant au Bendlerblock, permet au ministre, aux secrétaires d’État, au chef d’état-major de la Bundeswehr et à quelques bureaux choisis des directions du ministère de travailler à proximité des organes de décision politique installés à Berlin. BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:30 Uhr Seite 7 7 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 8 LE BENDLERBLOCK LE BENDLERBLOCK dants de la Reichswehr. Enfin, c’est dans les locaux de ce bâtiment que la tentative de renverser le régime nazi fut planifiée et réalisée. Sortie donnant sur la place d’armes L ’ensemble de bâtiments historiques «Bendlerblock» est situé entre le parc de Tiergarten et le Landwehrkanal. Bien que ce nom ne lui ait jamais été donné officiellement, il est employé et connu bien au-delà des limites de Berlin. L’histoire du Bendlerblock remonte à l’époque précédant la Première Guerre mondiale; jusqu’en 1945, il était surtout consacré à un usage militaire. Après la fin de la Première Guerre mondiale, le commandement de la Reichswehr (nom de l’armée allemande entre 1919 et 1935) essaya de trouver ici sa place dans la première démocratie parlementaire instaurée sur le sol allemand. Mais c’est aussi le lieu où, en février 1933, Hitler présenta son programme aux comman- 8 L’architecte municipal Johann Christoph Bendler (1789 – 1873) viabilisa le terrain et en céda une grande partie à l’administration municipale. C’est en son honneur que fut baptisée la rue qui part du Landwehrkanal en direction du parc de Tiergarten, et qui s’appelle aujourd’hui Stauffenbergstraße. Après que le commandement de la marine impériale avait à son tour acquis des terrains dans ce lieu, un vaste ensemble de bâtiments fut construit entre 1911 et 1914, dans lequel le Reichsmarineamt (Office de la marine impériale) réunit ses services répartis jusque-là sur le centre de la ville. Le bâtiment, qui comportait cinq étages et plusieurs cours intérieures, pouvait accueillir 900 collaborateurs. Le bâtiment principal situé au bord du Landwehrkanal abritait exclusivement le siège officiel du secrétaire d’État du Reichsmarineamt, fonction exercée jusqu’en 1916 par le Grand amiral von Tirpitz. Dans la partie droite se trouvait l’état-major de la marine impériale d’où fut assurée la conduite des opérations navales pendant la Première Guerre mondiale. L’aile orientale était occupée BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 9 Entrée latérale (à gauche) du côté du Reichpietschufer 9 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 10 LE BENDLERBLOCK LE BENDLERBLOCK Cage d’escalier, mess et ascenseur de la salle hypostyle (de gauche à droite) par le cabinet de la marine, le secrétariat personnel de l’empereur pour toutes les questions portant sur la marine. Au deuxième étage se trouvaient les appartements de fonction du secrétaire d’État de la marine et du chef de cabinet de la marine. L’application des clauses du Traité de Versailles de 1919 entraîna une réduction radicale des effectifs des forces armées allemandes. Les commandements suprêmes de l’armée de terre et de la marine, qui avaient également été réduits - les forces aériennes ayant été complètement interdites –, trouvaient désormais leur place dans le Bendlerblock. Le ministère de la Reichswehr avec, à sa tête, le premier ministre de la 10 Défense de la république, Gustav Noske (1868 – 1946), ainsi que le commandement de l’armée de terre de la Reichswehr, sous les ordres du général Walter Reinhardt, s’installèrent dans les appartements de fonction des anciennes autorités de la marine impériale. En mars 1920, des corps francs réactionnaires tentèrent un putsch dans les rues de Berlin. Le chef du Truppenamt (appellation camouflant l’état-major général interdit selon les clauses du Traité de Versailles), le général de division von Seeckt, se vit poser la question de savoir si l’armée pouvait réprimer la révolte. Dans le bureau du ministre situé au Bendlerblock, il aurait répondu: «La troupe ne tire pas sur la troupe». Autrement dit: pour assurer sa protection, le gouvernement démocratique du Reich ne pouvait pas compter sur la Reichswehr; il dut fuir devant les insurgés et se BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 11 Salle hypostyle BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 12 LE BENDLERBLOCK LE BENDLERBLOCK Intérieur du vestibule avec sas de sécurité Entrée du vestibule donnant sur le Reichpietschufer replier provisoirement à Stuttgart. Jusqu’en 1926, le général von Seeckt occupa l’aile orientale du Bendlerblock dans sa fonction de chef de la Heeresleitung (commandement de l’armée de terre). En janvier 1933, les chefs de la Reichswehr discutèrent dans les locaux du Bendlerblock de l’attitude à adopter en cas d´accession de Hitler à la chancellerie. Quelques jours plus tard, le président du Reich, Hindenburg, nomma Hitler chef du gouvernement, avec la bénédiction des hauts militaires. Le 3 février 1933, le «Führer» déclara ses intentions aux généraux de la Reichswehr réunis. C´est 12 avec une netteté remarquable qu’il décrivit les objectifs de sa politique. Il parla de «l’extermination radicale du marxisme», de la «conduite autoritaire et la plus rigoureuse qui soit de l’État», de la «suppression de la gangrène qu’est la démocratie» ainsi que de la «lutte contre Versailles». En réponse à la question de savoir comment le «pouvoir politique» devait être utilisé à l’avenir, Hitler évoqua la «conquête d’un nouvel espace vital à l’est et l’implacable germanisation de cet espace»1. Le 30 juillet 1934, Hitler fit assassiner de nombreux adversaires politiques sous prétexte d’un prétendu putsch des sections d’assaut (SA). Parmi eux se trou1 «Erste Besprechung Hitlers … am 3.2.1933 (bei Hammerstein)» [La première réunion de Hitler … le 3 février 1933 (chez Hammerstein)] dans : H.-A. Jacobsen, 1939–1945, Der Zweite Weltkrieg in Chronik und Dokumenten, Darmstadt, 1959, p. 81 et suiv. BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 13 Sas de sécurité à l’entrée du vestibule réservée aux véhicules BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 14 LE BENDLERBLOCK LE BENDLERBLOCK Monument aux morts (1953) du professeur Scheibe Croquis du 2e étage de l’aile orientale Cérémonie commémorative à l’occasion du 10e anniversaire du 20 juillet 1944 Bureau de Stauffenberg vaient également deux anciens généraux de la Reichswehr (von Schleicher et von Bredow). Celle-ci ne s’opposa pas à ces actes. Le chef de la Heeresleitung et futur commandant en chef de l’armée de terre, le général von Fritsch, se retrancha, protégé de militaires, dans son appartement de fonction situé au Bendlerblock. Sur les terrains attenants acquis entretemps, de nouvelles constructions complémentaires furent érigées jusqu’en 1938. Après son élargissement, le Bendlerblock abrita finalement, outre le commandant en chef de l’armée de terre, une partie du commandement des opérations 14 navales du Haut commandement de la marine de guerre ainsi que la majeure partie du Amt Ausland / Abwehr (service de contre-espionnage) du Haut commandement de la Wehrmacht, dirigé par l’amiral Wilhelm Canaris. L’«Abwehr», le service de contre-espionnage du Troisième Reich, devint un des premiers centres de la résistance militaire. Le colonel Hans Oster et un groupe de conspirateurs planifièrent dès 1938 le renversement du régime nazi par les militaires. Ils voulaient empêcher Hitler de prendre des mesures militaires contre la Tchécoslovaquie, craignant qu’une guerre n’éclate au niveau européen, guerre BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 15 Entrée latérale (à gauche) du côté du Reichpietschufer BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 16 LE BENDLERBLOCK LE BENDLERBLOCK Escalier en bois à l’intérieur du bâtiment que l’Allemagne, à leur avis, ne pouvait gagner. Le consentement des puissances européennes à l’occupation de grandes parties de la Tchécoslovaquie par des troupes allemandes procura à Hitler un succès en matière de politique étrangère et réduisit à néant la tentative de renversement. Jusqu’au moment où elle fut démantelée par la Gestapo (police secrète d’État), en 1943, l’«Abwehr» resta un foyer de résistance. Dans la partie principale de la nouvelle aile orientale s’installèrent le commandant de l’armée de réserve et le Allgemeines Heeresamt (Office général de l’armée de terre), dirigé par le général de corps d’armée Olbricht. À partir 16 d’octobre 1943, le lieutenant-colonel (futur colonel) Claus Schenk Graf von Stauffenberg y avait son bureau. Au deuxième étage du Bendlerblock furent élaborés les plans visant à mettre en œuvre le renversement par les militaires sur l’ensemble du territoire du Reich au moyen de l’opération «Walkyrie». Le 20 juillet 1944, la tentative de coup d’État échoua. Le lieu où Stauffenberg et ses compagnons d’infortune furent exécutés la nuit même se trouve dans l’actuelle cour d’honneur (plaque commémorative). Pendant les derniers jours de la guerre, le Bendlerblock servit encore de poste de commandement au général Weidling, commandant d’armes de Berlin. Le 2 mai 1945, l’ensemble de bâtiments fut finalement occupé par des troupes soviétiques. Après la fin de la guerre, le Bendlerblock fut utilisé par de nombreux services et autorités fédérales. Très rapidement, il devint également un mémorial de l’histoire récente de l’Allemagne. Le 20 juillet 1952, la veuve du général Olbricht posa, au nom des résistants, la première pierre d’un monument aux morts dans la cour intérieure. Un an plus tard, ce monu- BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 17 Cage d’escalier de la salle hypostyle BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 18 LE BENDLERBLOCK LE BENDLERBLOCK Des militaires de la Bundeswehr visitant le « Mémorial de la Résistance allemande » Palier menant aux bureaux Bureau pour deux rédacteurs ment fut solennellement dévoilé par Ernst Reuter, bourgmestre-gouverneur de Berlin. Le 20 juillet 1955, la Bendlerstraße fut rebaptisée pour porter désormais le nom de Stauffenbergstraße. En 1980, la cour d’honneur fut transformée. Depuis, le mur de l’entrée porte l’inscription suivante: «Ici, au sein de l’ancien Haut commandement de l’armée de terre, des Allemands organisèrent, le 20 juillet 1944, la tentative de renversement du régime criminel national-socialiste. Ils y sacrifièrent leur vie.» 18 Le 20 juillet 1968, un premier centre commémoratif et culturel fut installé au Bendlerblock. Les résultats de recherches sur l´histoire contemporaine firent naître l’idée d’un agrandissement de l’exposition afin d´illustrer l´ampleur et la diversité de la résistance allemande. Jusqu’en 1989, le «Mémorial de la Résistance allemande» avec son exposition «Résistance contre le national-socialisme» était installé dans les locaux historiques, dans lesquels fut planifiée et exécutée la tentative de renversement du régime nazi. BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 19 Cage d’escalier moderne 19 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 20 LE BENDLERBLOCK PORTRAITS DE QUELQUES RÉSISTANTS Ludwig Beck (29. juin 1880 – 20. julliet 1944) était issu d’une famille d’industriels. Son désir de devenir officier correspondait à la tradition familiale. Après son entrée dans un régiment d’artillerie (1898), il fut admis dans le service d’état-major général (1908–1911); après la Première Guerre mondiale, il entra dans la Reichswehr et passa par différentes affectations dans la troupe et les états-majors. En tant que chef de corps, Beck apprit à mieux connaître le national-socialisme lorsque des officiers de son régiment furent accusés de haute trahison (1930). Bien qu’il condamne leur comportement, il fit preuve de beaucoup de compréhension pour la position des accusés, considérant le national-socialisme comme une possibilité de se libérer des clauses du Traité de Versailles. Les assassinats perpétrés sur ordre de Hitler durant l’été 1934 firent changer Beck d’avis. Dans les années suivantes, il réalisa définitivement les implications de la politique étrangère que poursuivait le «Führer». Beck, chef d’état-major de l’armée de terre depuis 1935, avait une conception traditionnelle de son rôle: apporter conseil et soutien aux dirigeants politiques tout en gardant l’indépendance d’esprit la plus totale. 20 Cependant, cette attitude lui valut l’opposition des officiers qui, rapidement, se laissèrent transformer en vassaux soumis de Hitler. Dans des mémoires, des exposés et des études, Beck attira l’attention sur le risque de guerre et, partant, sur les conséquences auxquelles l’Allemagne devait s’attendre. Il chercha en vain le soutien des commandants de l’armée de terre. Beck en tira les conséquences et démissionna en 1938 afin de ne pas être co-responsable de la politique belliciste de Hitler à l’égard de la Tchécoslovaquie. Beck ne se laissa BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:31 Uhr Seite 21 éblouir ni par les «succès» de Hitler en matière de politique étrangère ni par ses premiers «succès» militaires. Depuis longtemps, il s’était rendu compte que la guerre déclenchée en septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne signifierait l’anéantissement complet de l’Allemagne. Il n’était pas seulement préoccupé par la menace extérieure mais aussi par l’effondrement intérieur provoqué par le régime nazi et ses crimes. A partir de l’hiver 1939, Beck devint le véritable centre de la Résistance et il réussit à unir les courants les plus divers de celleci par sa force morale et intellectuelle. Il réunit autour de lui des adversaires actifs de Hitler et joua un rôle de conciliateur entre les représentants des différents groupes. En cas de succès du coup d’État, Beck devait devenir chef de l’État. Tard dans la soirée du 20 juillet, le général d’armée Beck fut fusillé, après avoir tenté en vain de se donner la mort. Werner von Haeften (9. octobre 1908 – 21. julliet 1944) était issu d’une famille de militaires. Après des études de droit, Haeften travailla comme conseiller juridique à Berlin. Puis il fut employé en tant que chef d’une section d’infanterie; durant l’hiver 1942, il fut grièvement blessé en Russie. Après sa guérison, il servit comme aide de camp au sein de l’état-major de Stauffenberg. Haeften était lié d’amitié avec Stauffenberg, il faisait partie du cercle des initiés et participa, le 20 juillet 1944 à midi, à l’attentat à l’explosif perpétré contre Hitler. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1944, le lieutenant de réserve von Haeften fut fusillé dans la cour du Bendlerblock. 21 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 22 LE BENDLERBLOCK PORTRAITS DE QUELQUES RÉSISTANTS Albrecht Ritter Mertz von Quirnheim (26. mars 1905 – 21. julliet 1944) était issu d’une famille de nobles du Palatinat bavarois. Après le baccalauréat, il entra dans la Reichswehr tout en ayant eu pendant un certain temps l’intention d’entrer dans les sections d’assaut (SA). Mertz était étroitement lié à Stauffenberg depuis leur temps de formation passé en commun à l’Académie de guerre de Berlin. Durant l’hiver 1941, après différentes affectations dans la troupe et les états-majors, Mertz fut muté au quartier général du Führer près de Vinnitsa (Ukraine), où il travailla en étroite collaboration avec Stauffenberg. En juin 1944, Mertz von Quirnheim succéda à Stauffenberg au poste de chef d’état-major sous les ordres du général Olbricht. Il contribua enfin à la préparation des ordres devant être diffusés après l’attentat contre Hitler («Walkyrie»). Bien que convaincu que Hitler avait survécu à l’attentat, il continua, dans la nuit du 20 juillet 1944, à diffuser imperturbable- 22 ment, jusqu’à la fin, des ordres en vue de l’exécution du coup d’État. Peu de temps après, le colonel Albrecht Ritter Mertz von Quirnheim fut fusillé devant un tas de sable dans la cour du Bendlerblock. BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 23 Friedrich Olbricht (4. octobre 1888 – 21. julliet 1944) était issu d’une famille d’enseignants et devint militaire en 1907. Employé dans différents états-majors depuis la Première Guerre mondiale et affecté à des hauts commandements jusqu’en 1938, Olbricht commanda une division puis, à partir de 1940, fut nommé chef du Allgemeines Heeresamt (Office général de l’armée de terre) au sein du Haut commandement de l’armée de terre à Berlin. Tôt, Olbricht prit contact avec différentes personnalités de la Résistance. Depuis le début de la guerre, il fut l’un des éléments moteurs de la résistance militaire en Allemagne. L’idée lui est attribuée d’utiliser le plan d’alerte «Walkyrie» comme instrument du putsch, en se servant pour ainsi dire de la voie officielle pour le diffuser. En cas de troubles intérieurs, une mise en alerte rapide des troupes disponibles sur le territoire national était prévue en tout état de cause. Toutes les démarches ultérieures planifiées par les conspirateurs – l’élimination de Hitler, la prise du commandement militaire et la formation d’un gouvernement – furent ainsi camouflées au moyen de ce plan. Les unités mises en alerte devaient avoir l’impression, qu’après la mort de Hitler, de hauts fonctionnaires nazis voulaient rester au pouvoir par le biais d’un putsch et que cela devait être empêché par tous les moyens. Le 20 juillet 1944, les mesures préparées de façon minutieuse par Olbricht prirent du retard, l’information selon laquelle Hitler avait survécu à l’attentat étant arrivée très tôt au Bendlerblock. Dans la nuit, le général de corps d’armée Friedrich Olbricht fut fusillé dans la cour du Bendlerblock sur ordre du commandant de l’armée de réserve, le général d’armée Fromm. 23 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 24 LE BENDLERBLOCK PORTRAITS DE QUELQUES RÉSISTANTS Claus Schenk Graf von Stauffenberg (15. novembre 1907–21. julliet 1944) était issu d’une vieille famille de nobles souabe. Par sa mère, il descendait de Gneisenau. En 1926, il entra en tant qu’élève officier dans le 17e régiment de cavalerie, les prestigieux «Bamberger Reiter». En 1936, Stauffenberg fut sélectionné pour suivre une formation d’officier d’état-major et entra à l’Académie de guerre de Berlin. Le bel officier de cavalerie passait pour être un brillant penseur ayant aussi le don de fasciner les hommes. Sa pensée était marquée par le poète Stefan George qui le comptait parmi ses amis. Au printemps de l’année 1943, Stauffenberg fut grièvement blessé lors d’une attaque aérienne en Afrique du Nord. Il perdit l’œil gauche, la main droite et deux doigts de la main gauche. Malgré ces blessures, il continua d’être affecté à des postes importants. Durant l’été 1944, il devint, à l’âge de 36 ans, colonel breveté et chef d’état-major auprès du commandant de l’armée de réserve au Bendlerblock. 24 Dans un premier temps, Stauffenberg salua d’une certaine manière les objectifs visés par le gouvernement nationalsocialiste en matière de politique étrangère. Mais bientôt, cet officier distingué commença à éprouver de la répulsion pour les méthodes violentes et grossières des nouveaux détenteurs du pouvoir. Au plus tard en 1942, Stauffenberg se rendit compte que la guerre conduisait inévitablement à l’effondrement de l’Allemagne et qu’elle dissimulait des crimes atroces BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 25 que le régime nazi commettait au nom de l’Allemagne : «Ils fusillent des juifs en masse. Les crimes ne doivent pas continuer.» À son poste, il s’occupa à partir de 1943 du recomplètement des effectifs de la Wehrmacht. Chaque jour, il avait sous ses yeux les chiffres des pertes, en hausse permanente; Stauffenberg considéra alors également la poursuite de la guerre comme un crime contre le peuple allemand. Il fallait terminer cette guerre coûte que coûte. Mais tant que Hitler était au pouvoir et en vie, mettre fin à la guerre semblait exclu. toire du Reich que le temps était venu de passer à l’acte. Au fur et à mesure que la soirée avançait, l’échec du coup d’État devenait patent. Le général d’armée Beck se donna la mort; Stauffenberg et trois de ses plus proches conspirateurs furent fusillés dans la cour intérieure du Bendlerblock, conformément à la loi martiale en vigueur. Avec le général Olbricht, le colonel von Tresckow et un cercle étroit de conjurés triés sur le volet, Stauffenberg entreprit de transformer les plans contenant les mesures militaires à prendre en cas de troubles intérieurs (opération «Walkyrie») en un plan de coup d’État, en ne laissant rien au hasard. Mais en même temps, Stauffenberg était le seul conspirateur qui ait encore accès à Hitler. Ainsi, le 20 juillet 1944, le jour de la tentative de coup d’État, Stauffenberg ne devait pas seulement amorcer la bombe au quartier général du Führer en Prusse orientale, mais il devait aussi revenir vivant à Berlin afin de diriger – à partir de 16 heures environ – le renversement depuis le Bendlerblock. Déployant une activité fébrile, il essaya de convaincre les organismes de la Wehrmacht sur le terri- Le bureau de Stauffenberg 25 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:49 Uhr Seite 26 LE BENDLERBLOCK JEUDI, 20 JUILLET 1944 Le tableau complet des actions individuelles et des mesures militaires entreprises du 20 au 21 juillet 1944 est présenté dans le catalogue de l’exposition itinérante du Centre d’études d’histoire militaire (p. 364 et suivantes) – cf. la bibliographie. 30 à 12 heures, relève de la garde dans tous les périmètres de sécurité. Dans ce qui suit ne sont mentionnés que les événements intervenus à Berlin et à Rastenburg (Prusse orientale) où se trouvait le quartier général de Hitler (la «tanière du loup») : Rastenburg, 12 h 30 Haeften assiste Stauffenberg lors des préparatifs de l’attentat. Ils sont dérangés mais parviennent à terminer les préparatifs. – Stauffenberg se rend au conseil de guerre; il porte la serviette contenant la charge explosive amorcée qui pèse 1 kg. Berlin, 6 h 00 Stauffenberg se rend en voiture de l’appartement de son frère Berthold, dans la Tristanstraße 8 à Berlin-Wannsee, à l’aérodrome de Rangsdorf. Berlin, 12 h 00 Le général de division von Hase (commandant de la garnison de Berlin) est mis dans le secret de l’attentat. Rastenburg, 10 h 15 Après l’atterrissage, un véhicule les emmène au quartier général du Führer; franchissement du poste de garde ouest; ensuite, petit déjeuner. 12 h 37 Présentation de la situation militaire par le général de division Heusinger (chef de la division «opérations» de l’état-major général de l’armée de terre). Stauffenberg, devant faire un compterendu sur «la mise en œuvre des divisions de barrage», est présenté à Hitler. Il dépose sa serviette sous la table à cartes, près de l’endroit où se tient Hitler; 24 autres personnes sont également présentes dans la pièce. – Stauffenberg en sort, prétextant un appel téléphonique urgent. 11 h 30 Stauffenberg se présente chez le maréchal Keitel (chef du commandement suprême de la Wehrmacht); de 11 heures 12 h 42 La charge explose, quatre personnes sont mortellement blessées, Hitler survit à l’attentat avec quelques blessures légères. Rangsdorf, 7 h 00 Vers 7 heures, Stauffenberg est rejoint par von Haeften, son aide de camp, avec lequel il s’envole pour Rastenburg. 26 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:49 Uhr Seite 27 Stauffenberg observe l’explosion à 200 m de distance. 12 h 43 Le premier périmètre de sécurité est bouclé. 12 h 44 Stauffenberg et Haeften arrivent au poste de garde du premier périmètre de sécurité et sont autorisés à passer; l’officier de garde ne nourrit pas de soupçon. 12 h 45 L’alerte est déclenchée pour les deux périmètres de sécurité. Le véhicule de Stauffenberg est arrêté, mais après confirmation par téléphone, Stauffenberg est autorisé à franchir le deuxième poste de garde. 13 h 00 Vers 13 heures, une interruption des transmissions d’informations est décrétée au quartier général, interruption qui ne concerne pourtant pas les lignes de communication des SS; peu de temps après, Goebbels est informé de l’événement sans autre précision. 13 h 15 Stauffenberg et Haeften s’envolent pour Berlin. Il est porté à la connaissance du chef du service des transmissions de la Wehrmacht (à Berlin) que l’attentat a échoué et que Hitler n’est que légèrement blessé. Rastenburg,13 h 45 Le Reichsführer SS Himmler arrive sur les lieux de l’attentat; les soupçons se portent dans un premier temps sur les ouvriers employés au quartier général. Himmler demande qu’on lui envoie des enquêteurs de la police judiciaire de Berlin; les soupçons se portent désormais sur Stauffenberg. Himmler ordonne son arrestation dès son atterrissage à Rangsdorf. Rangsdorf, entre 14 h 45 et 15 h 15 Stauffenberg et Haeften atterrissent sur l’aérodrome situé à proximité de Berlin. Haeften téléphone aux conjurés du Bendlerblock pour leur annoncer la mort de Hitler. Berlin, 15 h15 Le général de division Thiele (chef du service des transmissions de la Wehrmacht à Berlin) transmet le message qu’il a reçu par téléphone à 13 heures 15 et selon lequel plusieurs personnes ont été tuées lors d’une explosion au «quartier général du Führer». – Le général d’armée Hoepner et le général Olbricht attendent d’avoir la certitude que l’attentat a réussi pour déclencher le plan «Walkyrie». De 15 h 50 à 16 h 00 Olbricht lance le mot d’ordre «Allemagne» qui déclenche le plan «Walkyrie» (cf. p. 23); il annonce au général d’armée Fromm (commandant de l’armée de réserve) que le « Führer » est mort et que le plan «Walkyrie» doit être déclenché. Fromm appelle Keitel qui 27 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 28 LE BENDLERBLOCK JEUDI, 20 JUILLET 1944 confirme ce qui s’est passé et lui annonce que Hitler est légèrement blessé. Rastenburg, 16 h 00 Tous les commandants de région militaire sont informés de l’échec de l’attentat; en outre, des contrordres sont donnés. Berlin, 16 h 10 Le bataillon de la garde «Großdeutschland» est mis en état d’alerte («Walkyrie»), son chef, le commandant Remer, se rend alors en voiture chez le commandant de la garnison de Berlin pour recevoir des instructions; entre-temps et jusqu’à 17 heures 30, d’autres mesures d’alerte sont déclenchées. 16 h 20 Fromm ordonne de ne pas déclencher «Walkyrie»; le comte von Helldorf (chef de la police) est convoqué au Bendlerblock. Entre-temps deux autres membres du groupe de résistants y arrivent, parmi eux l’ancien chef d’état-major général, le général d’armée Beck. 16 h 30 Le chef de la centrale des transmissions au commandement suprême de la Wehrmacht, le sous-lieutenant Röhrig, est informé par télex que «le Führer est mort»; le télex est transmis à 20 destinataires dans une version modifiée (de 17 h 35 à 21 heures 03). 28 16 h 30 et 17 h 00 Stauffenberg et Haeften arrivent au Bendlerblock. Stauffenberg se présente chez Fromm, revendique l’attentat et annonce la mort de Hitler. Olbricht informe Fromm qu’il a déclenché le plan «Walkyrie». Fromm leur refuse tout appui et est mis en état d’arrestation. Beck ordonne d’agir comme si Hitler était mort. 16 h 45 Remer revient à son unité avec la mission de boucler le quartier des ministères. Rastenburg, 17 h 00 Himmler charge l’Office central de sécurité du Reich à Berlin d’arrêter discrètement Stauffenberg. Le quartier général doit faire face à un flot constant d’appels de généraux commandants qui veulent savoir si Hitler est vraiment mort. Keitel essaie de joindre Fromm ou Olbricht au téléphone. – À partir de 17 heures, la radio diffuse la nouvelle de l’attentat en précisant que Hitler n’a été victime que de légères blessures (ces communiqués sont diffusés jusqu’à 22 heures). Berlin, de 17 h 00 à 17 h 30 Remer transmet aux officiers de son bataillon les ordres qu’il a reçus. Un officier gagné par le soupçon demande de s’informer personnellement auprès de Goebbels. C’est ainsi que ce dernier ap- BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 29 prend le lancement de l’opération «Walkyrie» et alerte de son côté une unité d’instruction SS (stationnée à BerlinLichterfelde). Remer est informé de la situation réelle. 17 h 50 Röhrig est saisi pour la première fois par le doute lorsqu’il doit diffuser un télex disant que «le pouvoir exécutif dans les régions militaires est transféré aux généraux commandants et aux commandants de région militaire». 18 h 00 Röhrig reçoit un autre texte contenant l’ordre de déclenchement de la deuxième phase du plan d’alerte «Walkyrie»; ce texte est diffusé jusqu’à 23 heures. 18 h 30 Le quartier des ministères est bouclé en application du plan «Walkyrie». 18 h 45 Röhrig reçoit le télex dans lequel est déclaré que Hoepner est nommé commandant de l’armée de réserve et commandant en chef des unités de protection du territoire national; le texte est diffusé en partie entre 20 heures 20 et 21 heures 15. – Le colonel Jäger se présente entretemps chez le commandant de la garnison de Berlin avec l’ordre d’arrêter Goebbels. Avant 19 heures, les soldats de l’École des artificiers et des maîtres armuriers occupent des positions d’alerte (Château de Berlin, l’Arsenal). 19 h 00 Remer se présente chez Goebbels et reçoit au téléphone l’ordre de Hitler de réprimer immédiatement l’insurrection. – Entre-temps, Beck essaie de convaincre les commandants sur les fronts de l’ouest et de l’est de se rallier à la révolte et demande notamment le repli du groupe d’armées nord. Nouvelle confirmation téléphonique par le Haut commandement de l’armée de terre (division «organisation») de l’échec de l’attentat. Stauffenberg ne cesse de déclarer par téléphone que Hitler est mort et que l’armée de terre s’est emparée du pouvoir exécutif! 19 h 15 Röhrig reçoit le télex contenant le message suivant: «Le communiqué radiodiffusé est faux. Le Führer est mort.» Le texte est diffusé de 19 heures 45 à 20 heures 12. 19 h 30 Le maréchal von Witzleben, qui a été désigné nouveau «commandant en chef de la Wehrmacht», arrive au Bendlerblock. Il s’ensuit un entretien en tête à tête avec Beck. 19 h 45 Röhrig fait part de ses doutes à son supérieur, le colonel Köllner, et lui rend compte des mesures déjà prises pour retarder l’envoi de messages par le service télex. 29 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 30 LE BENDLERBLOCK JEUDI, 20 JUILLET 1944 20 h 00 Une unité de chars chargée de l’écrasement de la révolte arrive à la Fehrbelliner Platz (Berlin-Wilmersdorf). 20 h 15 Witzleben considère que la tentative de renversement est un échec et quitte le Bendlerblock. De 22 h 30 à 22 h 50 Au Bendlerblock, des officiers qui n’étaient pas dans le secret lancent une contre-attaque armée. Cette tentative se solde par la libération de Fromm, qui fait arrêter Olbricht, Stauffenberg, Mertz von Quirnheim et Haeften et les condamne à mort après constitution d’une cour martiale. De 20 h 20 à 21 h 02 D’autres télex relatifs au plan «Walkyrie», les décrets 1 à 5 portant application de la loi martiale, ne sont plus diffusés. 23 h 15 Une compagnie du bataillon de garde «Großdeutschland» occupe le Bendlerblock. Rastenburg, 20 h 20 Tous les commandants de région militaire reçoivent l’ordre de n’obéir qu’aux ordres de Himmler, le nouveau commandant de l’armée de réserve. Entre 23 h 15 et 23 h 45 Beck tente en vain de se donner la mort et est ensuite exécuté par un adjudant que l’on avait fait venir à cet effet. Berlin, 20 h 35 La centrale des transmissions de la Bendlerstraße reçoit le télex de Keitel selon lequel Himmler a été nommé commandant de l’armée de réserve. Le général Olbricht en interdit la rediffusion. Rastenburg, 21 h 15 Sur les ordres du général von Reinecke, le général de division von Hase se rend dans l’appartement de fonction de Goebbels dans lequel il est dans un premier temps retenu et le jour suivant arrêté. 30 De 0 h 10 à 0 h 21 Fromm envoie un télex à tous les commandants de région militaire: «Tentative de putsch noyée dans le sang.» Berlin, de 0 h 15 à 0 h 30 Un peloton d’exécution constitué de dix sous-officiers sous les ordres du souslieutenant Schady exécute Haeften, Olbricht, Mertz von Quirnheim et Stauffenberg, qui meurt en criant: «Vive notre sainte Allemagne!» Peu avant 1 h 00 Allocution radiodiffusée de Hitler. BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 31 LA RÉSISTANCE Le 20 juillet 1944 est devenu la date qui incarne et symbolise la Résistance allemande. C’est lors de cette journée qu’elle trouva son dénouement tragique, mais elle n’était pas limitée à un seul endroit. Nombreux sont les lieux où elle se manifestait Elle était incarnée par de nombreuses personnalités et a engendré des destins individuels bouleversants. Depuis 1933, des groupes issus de toutes les couches de la population avaient rallié sa cause. Des ouvriers, des bourgeois et des nobles, des syndicalistes, des scientifiques et des membres du clergé, des officiers et des diplomates – tous se trouvaient unis dans la lutte menée contre le règne du crime. Ils n’étaient pas nombreux. Mais ceux qui étaient impliqués dans la Résistance ont sauvé la dignité et l’honneur de notre pays dont le régime national-socialiste l’avait dépossédé. Leur engagement courageux constituait un préalable essentiel au retour, après la guerre, du peuple allemand au sein de la communauté des nations démocratiques. Bon nombre d’entre eux se trouvaient dans un rapport de fidélité particulier vis-à-vis de l’État. Certains rejetaient la violence par conviction personnelle. Pour beaucoup d’entre eux reconnaître que résister était un devoir moral et le tyrannicide le dernier recours, fut un processus douloureux qui les confronta longtemps à un cas de conscience. Ils savaient combien étaient faibles les chances de réussite et quels étaient les risques personnels qu’ils couraient individuellement – et pourtant, ils ne reculèrent pas. Les civils et les militaires qui eurent le courage de résister étaient une minorité. Les raisons qui les ont poussés à rentrer dans la Résistance font régulièrement l’objet d’une remise en cause dans le débat public. Ces hommes et femmes, étaient-ils vraiment des démocrates tels que nous nous les représentons aujourd’hui? Ulrich von Hassell et Julius Leber, ne voulaient-ils pas, malgré tout, une Allemagne plus grande? Les officiers, ne défendaient-ils pas avant tout leurs privilèges? Qui pose ce genre de questions devient vite injuste. Au vu des crimes incommensurables qui furent commis, les interrogations sur les motivations individuelles des résistants s’arrêtent. Les hommes et les femmes de la Résistance – en dépit de leurs convictions politiques différentes et des conceptions divergentes qu’ils avaient quant au futur visage de l’Allemagne – étaient unis par la volonté et la résolution de mettre un terme à l’injustice et à la violence. Hans Mommsen a résumé cette pensée de la manière suivante: «Le 31 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 32 LE BENDLERBLOCK LA RÉSISTANCE mouvement de la Résistance allemande luttait pour la dignité et la vocation chrétienne de l’homme, pour la justice et la décence, pour la liberté de l’individu face au pouvoir politique et à la contrainte sociale.» À la lecture de chaque page, et même de chaque article de la Loi fondamentale, il saute aux yeux à quiconque se penche sur ce texte combien il constitue une réplique appropriée à la dictature nationalsocialiste. Plus jamais d’oppression, plus jamais de dictature! Ceci est le fondement spirituel sur lequel repose le principe qui nous guide: «La dignité de l’être humain est intangible. Tous les pouvoirs publics ont l’obligation de la respecter et de la protéger. En conséquence, le peuple allemand reconnaît à l’être humain des droits inviolables et inaliénables comme fondement de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde.» Ce principe constitue un rejet catégorique et sans appel de la formule «Tu n’es rien, ton peuple est tout». La liberté, la dignité humaine et l’État de droit constituent les valeurs traditionnelles sur lesquelles sont fondées depuis leurs origines la République fédérale d’Allemagne – ainsi que la Bundeswehr. Cette dernière est solidement ancrée dans notre démocratie – à la différence 32 de la Wehrmacht qui, pour cette raison également, ne peut servir de référence à la Bundeswehr en matière de traditions. Le concept de l’Innere Führung, qui régit la formation civique et morale dispensée en son sein, y a contribué de façon essentielle. Ce projet réformateur est né à une époque où nous autres Allemands devions venir à bout du plus profond bouleversement dans notre histoire. Il est une contrainte à laquelle nous ne pouvons pas échapper, celle de débattre du choix des traditions appropriées – sur le fond, avec intransigeance, sur la forme, avec la mesure que nous impose le respect des hommes ayant vécu à une autre époque, et aussi le respect de ceux qui ne partagent pas nos convictions. Nous ne sommes pas libres de choisir notre passé, mais nous sommes libres de décider quelle tradition nous entendons perpétuer. Se souvenir signifie s’approprier son histoire pour relever les défis de l’avenir. Extrait du discours prononcé par le ministre fédéral de la Défense, Rudolf Scharping, à l’occasion du 20 juillet 1999. BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:32 Uhr Seite 33 BIBLIOGRAPHIE Aufstand des Gewissens. Militärischer Widerstand gegen Hitler und das NSRegime 1933–1945. Begleittext zur Wanderausstellung des Militärgeschichtlichen Forschungsamtes, hg. i. A. des MGFA von Thomas Vogel, 5., völlig überarbeitete und erweiterte Auflage. 2000 und seine Brüder. Stuttgart. 1992 Benz, W., u. Pehle, W. (Hg.): Lexikon des deutschen Widerstandes. 1994 Jacobsen, Hans-Adolf (Hg.): Spiegelbild einer Verschwörung. Die Opposition gegen Hitler und der Staatsstreich vom 20. Juli 1944. Geheime Dokumente aus dem ehemaligen Reichssicherheitshauptamt. 2 Bände, Stuttgart, 1984 Bundesministerium der Verteidigung (Hg.): Bendlerblock Information. 1994 Bundesministerium der Verteidigung, Fü S I 3 (Hg.): IFDT/Information für die Truppe, Nr. 7 (Themenheft). 1994 Bundeszentrale für politische Bildung (Hg.): Deutscher Widerstand 1933–1945 (Themenheft, Nr. 243). 1997 Graml, Hermann (Hg.): Widerstand im Dritten Reich. Probleme, Ereignisse, Gestalten. 1984 Hoffmann, Peter: Claus Schenk Graf von Stauffenberg Hoffmann, Peter: Widerstand–Staatsstreich–Attentat. Der Kampf der Opposition gegen Hitler. München.1969, 2 1985 Rothfels, H.: Deutsche Opposition gegen Hitler. Eine Würdigung. Neue, erweiterte Ausgabe, hg. v. H. Graml. 1978 Steffahn, H.: Claus Schenk Graf von Stauffenberg. 1994 Steinbach, P., u. Tuchel, J. (Hg.): Lexikon des Widerstandes 1933–1945. 1994 Tuchel, J.: Der Bendlerblock. 1994 33 BMVG_59 BendBl_franz 04.07.2002 15:49 Uhr Seite 34 LE BENDLERBLOCK ÉDITEUR Edité par: Ministère fédéral de la Défense Service de presse et d'information, Bureau Relations Publiques Postfach 1328, 53003 Bonn www.bundeswehr.de Réalisation graphique: Gratzfeld Werbeagentur, Wesseling Texte: Ministère fédéral de la Défense État-major des forces armées, division I 4 en collaboration avec le Centre d'études d'histoire militaire Photos: Ministère fédéral de la Défense Service photographique, Berlin, Archives fédérales, Mémorial de la Résistance allemande Impression: Druckhaus Bachem GmbH & Co. KG, Köln Version: Août 2001 34 BMVG_59 Titel_RZ 6c franz 04.07.2002 16:03 Uhr Seite 1