Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Rougeole Mise à jour de la fiche : Février 2011 Titre : MORBILLIVIRUS - Agent de la Rougeole Agent pathogène et pathologie Descriptif de l'agent pathogène Nom de l'agent : Morbillivirus Type d'agent : Virus Descriptif : Morbillivirus, virus à ARN enveloppé, famille des Paramyxoviridae. Groupe de classement : 2 Pathologie Nom de la maladie : Rougeole Données épidémiologiques Population générale : - De survenue endémique saisonnière à la fin de l'hiver et au printemps, et à recrudescence épidémique cyclique, c'est une maladie de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte jeune chez les populations non vaccinées ; - D'évolution souvent grave dans les pays en voie de développement, à l'origine d'un million de décès d'enfants par an, selon l'OMS. La vaccination a eu un effet très sensible sur la mortalité rougeoleuse. Dans l'ensemble, la mortalité rougeoleuse a diminué de 68 % entre 2000 et 2006 ; - La déclaration obligatoire (DO) de la rougeole a été réintroduite en juillet 2005 dans le cadre du plan national d'élimination de la rougeole et de la rubéole congénitale. L'incidence des cas de rougeole a diminué de 331 000 cas/an en 1986 à 40 cas/an en 2007. Bien qu'une amélioration de la couverture vaccinale contre la rougeole à 24 mois ait été observée ces dernières années, elle restait insuffisante en 2007 (90 % pour 1ère dose), car inférieure au niveau fixé par le plan national de 2005 (95 %) nécessaire à l'interruption de la circulation du virus de la rougeole. Ainsi, depuis 2008, on assiste à une nette augmentation du nombre de cas avec une intensification en début d'année 2010 : 3 000 cas entre janvier et août avec 34 % des cas hospitalisés et 4 décès (atteintes neurologiques pour 2 cas et pulmonaires pour les 2 autres cas). Rougeole Page 1 sur 7 Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Milieu professionnel : Réceptivité à la rougeole des personnels de santé évaluée entre 4 et 10 % aux USA en 1994 et 1998, à 1,5 % au Japon en 2004, < 10 % en Italie en 2007. En France, 2 cas de rougeole chez des soignants ont été signalés en 2005-2007 (dont un médecin), le lieu probable de contamination étant l'hôpital. Depuis 2008, 42 épisodes de transmission nosocomiale ont été notifiés à l'InVS (3 en 2008, 10 en 2009 et 29 depuis janvier 2010) : 30 (72 %) ont impliqué au moins un personnel soignant. Autres cas de contaminations professionnelles rapportés parmi des soignants (Grande-Bretagne en 2000 - Austalie en 2002 - USA en 2008 - Slovénie en 2010). Vecteur et Réservoir Type de réservoir : Strictement humain. Principales sources : Sécrétions des voies aériennes supérieures Vecteur : Pas de vecteur. Viabilité, Infectiosité, Incubation Viabilité, résistance physico-chimique : - persistance de l'infectiosité des aérosols au moins 30 minutes. - survie < ou = à 2 heures sur les surfaces inertes. - inactivé par la chaleur : 56 °C pendant 30 minutes. - inactivé par la lumière. - sensible à de nombreux désinfectants : hypochlorite de sodium à 1 %, éthanol à 70 %, glutaraldéhyde, formaldéhyde. Infectiosité : Maladie virale extrêmement contagieuse. Taux de contamination des professionnels de santé non immuns après exposition évalué à 75 % en Grande-Bretagne en 1999. Transmission Mode de transmission : - le plus souvent par l'intermédiaire de gouttelettes provenant des voies aériennes supérieures, générées lors de la toux, les éternuements ou la parole d'une personne infectée ; - par inhalation d'aérosols contaminés : cas documentés d'infections survenues dans des endroits clos jusqu'à 2 heures après le départ du patient source (transmission aéroportée) ; - plus rarement, par contact avec des mains souillées ou des surfaces contaminées par des sécrétions oropharyngées. Période de contagiosité : La période de contagiosité commence la veille de l'apparition des premiers symptômes (3 à 5 jours avant l'éruption) et persiste jusqu'au 5e jour après le début de celle-ci. La maladie Incubation : De 7 à 18 jours, en moyenne 10 jours du moment de l'exposition au début de la fièvre, l'éruption apparaissant à 14 jours. Rougeole Page 2 sur 7 Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Clinique : La période d'invasion correspond à une phase virémique avec présence de virus dans les sécrétions nasopharyngées et l'urine, l'atteinte de l'épithélium respiratoire étant prédominante : - les signes cliniques comportent un catarrhe oculo-respiratoire, une fièvre jusque 39,5 °C – 40 °C et une altération de l'état général ; - le signe de Köplick, inconstant, est pathognomonique, apparaissant à la 36e heure et persistant jusqu'à l'éruption (petites taches blanc-bleuâtres sur fond érythémateux au niveau de la muqueuse jugale). L'éruption débute au niveau de la tête et du visage ; son extension est descendante en 3 à 4 jours : cou, épaules, thorax et membres supérieurs, puis abdomen, cuisses et généralisation ; il s'agit de maculo-papules, de 1 à plusieurs mm, non prurigineuses, s'effaçant à la pression, de contours irréguliers et confluentes mais avec intervalles de peau saine, disparaissant au bout d'une semaine. Les complications peuvent être : - des surinfections bactériennes fréquentes : otite (7 à 9 %), laryngite, pneumopathie (1 à 6 %) ; - des atteintes respiratoires mécaniques : atélectasie, emphysème ; - des atteintes neurologiques : encéphalite aiguë précoce de la période éruptive (1/2 000 rougeoles) de pronostic grave, encéphalite immuno-allergique survenant 1 à 2 semaines après l'infection de meilleur pronostic et panencéphalite sclérosante subaiguë survenant 5 à 10 ans après la rougeole (180 cas en France en 10 ans, d'évolution toujours létale) ; - pneumonie interstitielle notamment chez l'immunodéprimé (d'évolution fatale) ; - rougeole " maligne ", exceptionnelle en France (d'évolution fatale également). Diagnostic : - sérologie (technique de référence pour le diagnostic de rougeole) : présence d'IgM spécifiques ; ascension d'au moins 4 fois du taux d'anticorps totaux sur deux prélèvements à 10 jours d'intervalle ; - détection d'IgM salivaires (kit de prélèvement salivaire disponible au niveau des ARS, cf. : circulaire du 4 novembre 2009) : les IgM apparaissant dans la salive à peu près en même temps que dans le sang, il est recommandé d'effectuer le prélèvement de salive à partir du 3e jour de l'éruption. Si le prélèvement est plus précoce et si la recherche d'IgM est négative, une PCR pour la détection du génome viral sera effectuée. Fiche de renseignements pour le diagnostic de la rougeole à partir d'un prélèvement salivaire accessible par www.invs.sante.fr/surveillance/rougeole/confirmation_bio_cas_rougeole.pdf; - RT-PCR : détecte l'ARN viral sur échantillons de sang, salive ou rhino-pharyngé, de 5 jours avant l'éruption jusqu'à 12 jours après. Traitement : Pas de traitement spécifique de la forme commune de la rougeole. Traitement antibiotique des complications pulmonaires. Prévention vaccinale Vaccin disponible ? : Oui Vaccin à virus vivant atténué sous forme monovalente, trivalente : associé aux vaccins contre les oreillons et la rubéole ou quadrivalente : vaccin combiné rougeole-oreillons-rubéole-varicelle. NB : parution en février 2011 d'un avis relatif à l'actualisation des recommandations vaccinales contre la rougeole pour les adultes (cf Éléments de référence). Rougeole Page 3 sur 7 Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Caractéristiques de l'immunité Immunité naturelle : Naturelle définitive. Immunité vaccinale : Acquise dans les 4 jours suivant la vaccination avec un taux de séroconversion de 97 % à 100 %, et persistance de l'immunité de très longue durée (> 20 ans), même après disparition des anticorps sériques. Populations à risque Activités exposantes : - Contacts fréquents et rapprochés avec des communautés infantiles (crèches, garderies, écoles...) ; - Services de soins pédiatriques. Terrain à risque accru d’acquisition : Personnes non vaccinées. Terrain à risque accru de forme grave : - Malnutrition ; - Immunodépression ; - Nourrisson de moins de 1 an ; - Adulte et adolescent non-immuns. Grossesse : La rougeole survenant chez la femme enceinte peut entraîner des formes graves pour la mère et être source de complications de la grossesse (interruption précoce) et de rougeole congénitale. Vaccination contre-indiquée tout au long de la grossesse (comme tout vaccin à virus vivant atténué) ; toutefois les études menées chez des femmes vaccinées accidentellement juste avant ou pendant une grossesse ne concluent pas en faveur d'une interruption de grossesse. Que faire en cas d'exposition ? Définition d'un sujet exposé Sujet ayant été en contact (y compris de façon indirecte s'il s'agit de locaux confinés) avec une personne infectée depuis la veille de l'apparition de la fièvre et jusqu'à 5 jours après le début de l'éruption. Conduite à tenir immédiate - Isolement strict ou éviction du sujet source ; Évaluation du risque de transmission secondaire à des personnes à risque, immunodéprimés ou nourrissons, dans l'entourage d'un sujet exposé. Evaluation du risque 1. Source : Produit biologique : la salive, les larmes, les sécrétions des voies aériennes supérieures et bronchiques sont riches en particules virales infectantes. Rougeole Page 4 sur 7 Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Type d'exposition : transmission inter-humaine favorisée par le catarrhe oculo-nasal et la toux. La contamination est d'autant plus favorisée que le contact est rapproché, fréquent et prolongé. 2. Sujet exposé : Pas de risque en cas d'immunité antérieurement acquise par infection naturelle ou vaccination (intérêt d'une évaluation systématique du statut immunitaire vis-à-vis de la rougeole, à la prise de fonction des professionnels à risque : personnels de pédiatrie, crèches... Dosage des anticorps si pas d'antécédent de rougeole et vaccination absente ou incomplète). Mesures prophylactiques En l'absence de contre-indication, il est recommandé l'administration d'une dose de vaccin trivalent à tous les personnels susceptibles d'être ou d'avoir été exposés pour lesquels il n'existe pas de preuve biologique de rougeole antérieure ou qui n'ont pas reçu auparavant 2 doses de vaccin. Cette vaccination, si elle est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie. La mise à jour du statut vaccinal reste préconisée même si ce délai est dépassé. Exposition de moins de 6 jours à un cas confirmé : immunoglobulines polyvalentes IV : indications au cas par cas (pas d'AMM dans cette indication). Le CSHPF les recommande pour la femme enceinte, le sujet immunodéprimé et les enfants de moins de 6 mois. Suivi médical Sujet contact immunisé : aucun suivi. Sujet contact non-immun ou de statut inconnu : mise à jour des vaccinations (cf. : plus haut), suivi clinique. Conseils Pour l'entourage du sujet : Anamnèse clinique, antécédents vaccinaux documentés + ou - dosage sérologique. En cas de grossesse : Si sujet non-immun, immunoglobulines possibles. Démarche médico-légale Déclaration obligatoire : Oui, consultez le site de l’InVs. Réparation : - au titre d'un Tableau de maladies professionnelles : Tableau régime Général : Non Tableau régime Agricole : Non - Maladie hors tableau et Fonction Publique : selon expertise. Rougeole Page 5 sur 7 Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Cas particulier du laboratoire Epidémiologie du risque en laboratoire Cas en laboratoire d'analyses (médicales, vétérinaires…) publiés depuis 1985 : Aucun cas de contamination professionnelle en laboratoire d’analyses n’a été publié. Cas en laboratoire de recherche publiés depuis 1985 : Pas de cas publié. Cas historiques publiés avant 1985 : Néant. Spécificité de l'évaluation du risque Pas de risque spécifique identifié. Se référer au chapitre précédent « Que faire en cas d’exposition ? ». Incidence sur la conduite à tenir et la prophylaxie Sans objet ; se référer au chapitre précédent « Que faire en cas d’exposition ? ». Eléments de référence Centre national de référence virus de la rougeole et paramyxoviridae respiratoires : CHU de Caen Laboratoire de virologie Avenue Georges Clémenceau 14 033 CAEN CEDEX 9 Nom du responsable : Pr Astrid VABRET Tél. : 02 31 27 25 54 (secrétariat) Fax : 02 31 27 25 57 E-mail : [email protected] ou [email protected] Textes de référence : Circulaire N° DGS/RI1/2009/334 du 4 novembre 2009 relative à la transmission obligatoire de données individuelles à l'autorité sanitaire en cas de rougeole et la mise en œuvre de mesures préventives autour d'un cas ou de cas groupés. Ministère de la santé et des sports, 2009 (www.sante-sports.gouv.fr/IMG/pdf/09_334t0pdf.pdf). Bibliographie : Avis relatif à l'actualisation des recommandations vaccinales contre la rougeole pour les adultes. Haut Conseil de la santé publique, 2011 (http://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcspa20110211_rougeoleadultes.pdf). Rougeole Page 6 sur 7 Extrait de la base de données EFICATT www.inrs.fr/eficatt fév 2011 Mendelson GM, Roth CE, Wreghitt TG, Brown NM et al. - Nosocomial transmission of measles to healthcare workers. Time for a national screening and immunization policy for NHS staff? J Hosp Infect. 2000 ; 44 (2) : 154-55. Fedeli U, Zanetti C, Saia B - Susceptibility of healthcare workers to measles, mumps rubella and varicella. J Hosp Infect. 2002 ; 51 (2) : 133-35. Lebon P - Virus de la rougeole. In: Pozzetto B (Ed) - Infections nosocomiales virales et à agents transmissibles non conventionnels. Montrouge : Edition John Libbey Eurotext ; 2001 : 183-191, 554 p. Denis F - Virus de la rougeole. In: Denis F (Ed) - Les virus transmissibles de la mère à l'enfant. Médecine/Sciences Sélection. Montrouge : John Libbey Eurotext ; 1999 : 337-344, 461 p. Guide du Conseil supérieur d'hygiène publique de France (section des maladies transmissibles) Guide des conduites à tenir en cas de maladie transmissible dans une collectivité d'enfants. Ministère en charge de la santé, 2003 (http://www.sante.gouv.fr/guide-des-conduites-a-tenir-en-cas-demaladie-transmissible-dans-une-collectivite-d-enfants.html). Rougeole. Aide-mémoire n° 286. (www.who.int/mediacentre/factsheets/fs286/fr/index.html). OMS, 2009 Rougeole. Dossier thématique. InVS, 2012 (http://www.invs.sante.fr/Dossiersthematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-declaration-obligatoire/Rougeole). Numéro thématique. Rougeole : données sur une épidémie en France et en Europe en 2008. Bull Épidémiol Hebd. 2009 ; 39-40 : 413-40 (http://www.invs.sante.fr/beh/2009/39_40/index.htm). Parent du Châtelet I, Thiolet JM - La rougeole en France : implications pour la prise en charge dans les établissements de santé et la vaccination des professionnels. Bull Inf CClin Sud-Est. 2009 ; 42 : 6-8. (http://cclin-sudest.chu-lyon.fr/Doc_Reco/EnBref/Enbrefoct09.pdf). Parent du Châtelet I, Antona D, Freymuth F, Muscat M et al. - Spotlight on measles 2010: Update on the ongoing measles outbreak in France, 2008-2010. Euro Surveill. 2010 ; 15 (36) : 1-4. Parent du Châtelet I, Floret D, Thiolet JM, Lévy-Bruhl D - Authors’ reply. Spotlight on measles 2010: Measles in healthcare workers. Vaccination should be revisited. Euro Surveill. 2010 ; 15 (41) : 1. Mesures pour la prévention et la maîtrise de la diffusion de la rougeole dans les établissements de sant é. Fiche technique n°6. CCLIN Paris-Nord, 2009 (http://www.cclinparisnord.org/G uides/FT6_Rougeole.pdf). Botelho-Nevers E, Cassir N, Minodier P, Laporte R et al. - Measles among healthcare workers: a potential for nosocomial outbreaks. Euro Surveill. 2011 ; 16 (2) : 1-5. Rougeole Page 7 sur 7