Etude des populations naturelles de la bactérie Erwinia

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UFR Sciences
2, Bvd Lavoisier
49045 ANGERS Cedex 01
Agrocampus Ouest
65 rue de St Brieuc
CS 84 215
35042 RENNES Cedex
Université de Rennes I
1, 2 rue du Thabor
CS 46510
35065 RENNES Cedex
IRDA
Station Saint Bruno
335, rang des Vingt-Cinq Est
Saint-Bruno-de-Montarville
J3V 0G7, Qc.
Canada
Mémoire de fin d’études
Master 2 Sciences Technologie Santé
Mention Biologie et Technologie du Végétal
Spécialité : Production et Technologie du Végétal (ProTeV)
Parcours I : Productions Végétales Spécialisées / Option : IA-Produits phytosanitaires, règlementation, méthodes alternatives
Année universitaire 2013 - 2014
Etude des populations naturelles de la bactérie
Erwinia amylovora et incidence au sein des vergers Québécois
Par : Betty ARNAUD
Soutenu à Angers le : 11 septembre 2014
Maitre de stage : Vincent PHILION
AUTORISATION DE DIFFUSION EN LIGNE
§ÉTUDIANT(E)
N° étudiant : 20113815
Email : [email protected]
Je soussigné(e), Betty Arnaud être l'auteur du document intitulé Etude des populations naturelles de la
bactérie Erwinia amylovora et incidence au sein des vergers Québécois,
préparé sous la direction de M. Philion Vincent
et soutenu le 11 septembre 2014.
Je certifie la conformité de la version électronique déposée avec l'exemplaire imprimé remis au jury, certifie
que les documents non libres de droits figurant dans mon mémoire seront signalés par mes soins et pourront
être retirés de la version qui sera diffusée en ligne par le Service Commun de la Documentation de l'Université
d'Angers. Agissant en l'absence de toute contrainte, et sachant que je dispose à tout moment d'un droit de
retrait de mes travaux, j'autorise, sans limitation de temps, l'Université d'Angers à les diffuser sur internet dans
les conditions suivantes :
 diffusion immédiate du document en texte intégral
 diffusion différée du document en texte intégral ; date de mise en ligne :
 n'autorise pas sa diffusion dans le cadre du protocole de l'Université d'Angers
À Angers, le …
Signature :
§JURY DE SOUTENANCE
 autorise la diffusion immédiate du document en texte intégral
OU
 autorise la diffusion différée du document en texte intégral ; à compter du : ……
 en libre-accès
OU
 en accès restreint
 sous réserve de corrections
OU
 n'autorise pas sa diffusion dans le cadre du protocole de l'Université d'Angers
À Angers, le …
Nom et Signature du maître de stage:
Nom et Signature du président de jury:
ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT
M2 PROTEV
2013-2014
Je, soussigné (e) : Betty Arnaud
déclare être pleinement conscient(e) que le plagiat de documents ou d’une partie d’un document
publiés sur toutes formes de support, y compris l’internet, constitue une violation des droits d’auteur
ainsi qu’une fraude caractérisée.
En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources que j’ai utilisées pour ce rapport, rédigé au
cours de mon master 2 Production et Technologie du Végétal (ProTeV).
Je m’engage également à respecter les consignes données pour la rédaction de ce rapport.
A : Montréal
Signature :
Le : 28 Août 2014
Remerciements
Je souhaite remercier en premier lieu Monsieur Vincent Philion, chercheur et maitre de
stage, pour m’avoir intégrée dans son équipe de phytopathologie à l’IRDA et dans son projet de
recherche. Ses connaissances sur l’épidémiologie des maladies associées au pommier et son
expertise en phytopathologie et statistiques m’ont beaucoup apporté.
Je remercie également Madame Annie Fortin, technicienne de recherche, avec qui j’ai
passé beaucoup de temps dans les vergers et au laboratoire. Merci pour ta bonne humeur et ton
soutien et qui m’ont accompagné tout au long de ses six mois.
Je tiens aussi à remercier Monsieur Valentin Joubert, technicien en phytopathologie, pour
ses connaissances et sa disponibilité. Je n’ai malheureusement pas pu faire partie des stagiaires que
tu encadrais mais tu as tout mon respect.
Merci à Monsieur Alexandre Leca, post-doctorant, pour ta disponibilité et tes conseils
concernant le rapport de stage. Merci pour le WE au parc du Mont Orford, le maïs et les
chamallows grillés sous les lueurs des lucioles, et les quelques soirées montréalaises !
Je n’oublie pas de remercier Madame Katie Roseberry, technicienne de laboratoire en chef,
et son fabuleux rire tellement communicatif. Ta douceur et ta gaieté vont me manquer.
Un grand merci à toute l’équipe des stagiaires, Cédric Berne, Adrien Le Lay, Bastien
Boissonnier, Vincent Lusson, Carole Halgand, Anne Boitel et tous les autres étudiants québécois
pour tous ces moments passés ensemble. On se souviendra du voyage à NYC ;)
Merci également à tout personnel de l’IRDA, ouvriers, techniciens, professionnels de
recherche et chercheurs pour l’ambiance du centre, merci d’avoir participé à mon passage à l’IRDA
et au Canada.
Je remercie Monsieur Tristan Bourreau, enseignant chercheur à l’INRA et tuteur, pour
m’avoir apporté ses remarques pertinentes qui m’ont bien aidé à la rédaction de ce rapport de
stage.
Et pour finir, un grand merci à toute ma famille et mes amis pour leur soutien et leur
encouragement dans ce fabuleux voyage. Merci à Youyou pour avoir partagé quelques moment au
Canada, et merci à tous ceux qui m’ont rendu visite
Liste des abréviations
AIC : Akaike Information Criterion
AUC : Area Under the Curve
CIPRA : Centre Informatique de Prévision des Ravageurs en Agriculture
CFU ou UFC : Colony-forming unit (anglais) ou unité formant colonie (français).
DJ : degrés-jours
FPPQ : Fédération des Producteurs de Pommes du Québec
IRDA : Institut de Recherche de Développement en Agroenvironnement
PFI : Production Fruitière intégrée
qPCR : quantitative Real-time Polymerase Chain Reaction
ROC : Receiver Operating Characteristic
°C : degré Celsius
L : litre
% : pourcent
mL : millilitre
h : heure
g : gramme
kHz : kilohertz
g/L : gramme par litre
kPa : kilo Pascal
µL/L : microlitre par litre
vol/vol : volume-volume
µm : micromètre
mm : millimètre
nm : nanomètre
DO600nm : densité optique mesurée à 600 nm
Liste des Illustrations
Figures
Figure 1 :
Figure 2 :
Figure 3 :
Figure 4 :
Figure 5 :
Figure 6 :
Figure 7 :
Figure 8 :
Figure 9 :
Figure 10 :
Figure 11 :
Figure 12 :
Figure 13 :
Figure 14 :
Figure 15 :
Figure 16 :
Figure 17 :
Figure 18 :
Figure 19 :
Figure 20 :
Figure 21 :
Figure 22 :
Figure 23 :
Cellule virulente d'E. amylovora avec flagelles péritriches abondants
Morphologie typique de colonies d’Erwinia amylovora
Cycle infectieux du feu bactérien
Coupe longitudinale d’une fleur de pommier (6x)
Flétrissement des feuilles dû à la brulure bactérienne
Rameaux flétris et courbés en forme de canne
Différentes courbes ROC
Carte des différentes régions échantillonnées
Graphique prévisionnel RimPro-Erwinia 2014
Stades phénologiques prévisionnels obtenus à l'aide du logiciel CIPRA
Photo du pliage de filtre de nitrocellulose
Prédiction d’infection et d’apparition des symptômes par le logiciel RimPro-Erwinia,
pour l’année 2012
Prédiction d’infection et d’apparition des symptômes par le logiciel RimPro-Erwinia,
pour l’année 2013
Evolution de l‘état d'avancement de la floraison en fonction du temps, pour les
différents vergers échantillonnés
Fleurs de pommiers et différents stades de maturation des pistils
Evolution du taux de pistils verts au sein des fleurs ouvertes
Distribution de la maladie au sein de toutes les parcelles observées et
échantillonnées
Distribution des populations détectées dans les fleurs au sein des parcelles
Courbes ROC pour chaque date de collecte à différentes échelles de mesure
Distribution des populations détectées dans les momies au sein les parcelles
Courbes ROC à l’échelle de la parcelle pour les échantillons de momies
Courbes ROC à l’échelle du verger et de la ville, à l’ordre 2, pour les échantillons de
momies
Evolution des populations détectées en 2012 lors des 3 collectes
Tableaux
Tableau I :
Tableau II :
Tableau III :
Tableau IV :
Tableau V :
Tableau VI :
Tableau VII :
Tableau VIII :
Tableau IX :
Tableau X :
Tableau XI :
Classification des principaux cultivars et porte-greffes en fonction de leur sensibilité
au feu bactérien
Vergers échantillonnés
Concentrations bactériennes inoculées sur fleurs pour l’incubation
Concentration des différents points de la gamme standard (cfu/µl)
Dates d’infection et d’apparition des symptômes prédits par CIPRA
Formules des modèles de développement des pistils en fonction des DJ et de
l’altitude
Formules des modèles de développement des pistils en fonction des DJ en base 8°C
et autres paramètres
Dates d’échantillonnage des fleurs effectuées
Tableau de contingence entre les symptômes observés et les bactéries détectées
Stades phénologiques des fleurs lors des échantillonnages et infection
correspondante
Résultats du préliminaire incubation
Table des matières
I.
Introduction et contexte de l’étude ............................................................................................................... 1
1.
Le feu bactérien : une maladie sporadique ............................................................................................... 1
1.1.
Biologie et croissance de la bactérie Erwinia amylovora .................................................................. 1
1.2.
Epidémiologie du feu bactérien ........................................................................................................ 2
1.3.
Stratégie de lutte contre le feu bactérien ......................................................................................... 4
1.4.
Prédire la maladie : les modèles de prévisions du feu bactérien ...................................................... 7
1.5. Receiver Operating Characteristic (ROC) : principes et objectifs ............................................................ 8
2.
II.
Problématique : contexte et objectifs ....................................................................................................... 9
Matériel et méthodes................................................................................................................................... 10
1. Récolte des échantillons ............................................................................................................................... 10
1.1. Situation géographique ......................................................................................................................... 10
1.2. Prévision des stades d’intervention pour l’échantillonnage ................................................................. 10
1.3. Echantillonnage du matériel végétal ..................................................................................................... 11
1.4. Notations phénologiques et modèle de développement...................................................................... 11
2. Quantification de E. amylovora par qPCR ..................................................................................................... 12
2. 1. Pesée des échantillons et sonication .................................................................................................... 12
2.2. Concentration des échantillons de momies et fleurs ............................................................................ 12
2.3. Pré-test incubation ................................................................................................................................ 12
2. 4. Quantification de E. amylovora par qPCR technologie Taqman ........................................................... 13
3. Evaluation des symptômes ........................................................................................................................... 14
III.
Résultats................................................................................................................................................... 14
1. Echantillonnage et observations des fleurs .................................................................................................. 14
1.1. Prévision des stades d’intervention pour l’échantillonnage ................................................................. 14
1.2. Phénologie des fleurs et relation avec l’infection par modélisation des pistils .................................... 15
2. Evaluation des symptômes et relation avec les populations détectées dans les fleurs ............................... 16
2.1. Distribution des populations ................................................................................................................. 16
2.2. Analyse Receiver Operating Characteristic (ROC) ................................................................................. 17
3. Tests en vue de l’amélioration du diagnostic ............................................................................................... 18
3.1. Incubation de fleurs : préliminaire ........................................................................................................ 18
3.2. Analyse qPCR des momies ..................................................................................................................... 19
IV.
Discussion ................................................................................................................................................ 19
V.
Conclusion et perspectives ........................................................................................................................... 24
VI.
Bibliographie ............................................................................................................................................ 25
I.
Introduction et contexte de l’étude
La province du Québec compte actuellement près de 550 pomiculteurs répartis sur le
territoire (FPPQ, 2014), permettant à la pomme et ses produits transformés d’être des éléments
phares de l’économie québécoise. En effet, le Canada est l'un des plus grands producteurs et
exportateurs de produits agricoles dans le monde. La production de pommes représente environ 10%
de cette industrie au Canada, avec des ventes pouvant se chiffrer à 191,3 millions de dollars en 2012
(Le Quotidien, 2013). Ce chiffre est cependant largement réduit en raison de la perte des cultures par
les aléas climatiques et les maladies. Ainsi, la filière est appuyée par divers organismes, comme
l’IRDA (Institut de Recherche et Développement en Agroenvironnement), qui a pour mission de
réaliser des activités de recherche, de développement et de transfert en agroenvironnement visant à
favoriser l’innovation en agriculture, dans une perspective de développement durable. L’équipe de
Phytopathologie en pomiculture du centre de Saint-Bruno-de-Montarville dirigée par Vincent Philion,
dans laquelle j’ai pu effectuer ce stage, travaille en étroite relation avec les producteurs de pommes
locaux. En effet, elle cherche à améliorer les modèles de prévisions des maladies d’importance
économique au Québec (tavelure et feu bactérien).
En effet, comme beaucoup de plantes cultivées, les pommiers sont sujets à de nombreuses
maladies (tavelure, feu bactérien, alternariose, oïdium, chancres, pourriture, rouilles, virus) et
ravageurs (mammifères, nématodes, acariens, cécidomyies, chrysopes, punaises, syrphes, thrips)
(Chouinard et al., 2014). Parmi ceux-ci, le feu bactérien est une maladie sporadique d’importance
dans les vergers au Canada, et l'une des maladies les plus dévastatrices de pommiers dans le monde.
En effet, dans des conditions climatiques optimales, le feu bactérien peut détruire la totalité d'un
verger en une seule saison de croissance, ce qui peut être économiquement destructeur pour
l'industrie (Lightner et Steiner, 1992 ; Gianessi et al., 2002) et engendrer des pertes financières non
négligeables pour les producteurs. La perte annuelle due au feu bactérien est d'environ 5% du total
de la production, qui est évalué à 35,6 millions de dollars (Canadian Horticultural Council’s Apple
Working Group, 2005)
1.
Le feu bactérien : une maladie sporadique
1.1.
Biologie et croissance de la bactérie Erwinia amylovora
Le feu bactérien est une maladie provoquée par la bactérie Gram négative Erwinia
amylovora, appartenant à la famille des Enterobacteriaceae (Van der Zwet et Keil, 1979 ; Vanneste,
2000). Elle s’attaque à une gamme assez élargie de plantes hôtes de la famille des Rosaceae (environ
200 espèces appartenant à 40 genres), dont toutes les espèces de la sous-famille des Maloideae,
comprenant le pommier (Malus x domestica), et le poirier (Pyrus communis), avec différentes
sévérités de symptômes (Momol et Aldwinckle, 2000). E. amylovora possède un large spectre d’hôte
et peut passer l’hiver dans certaines régions à l’intérieur de plantes n’étant pas des hôtes
économiquement importants : les plantes réservoir (Momol et Aldwinckle, 2000). Les espèces hôtes
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 1
Figure 2 : Morphologie typique de colonies d’
Erwinia amylovora
A : milieu King B; B : milieu levane ; C : milieu CCT
(source : Agriréseau)
Figure 1 : Cellule virulente d'E. amylovora
avec flagelles péritriches abondants
Observation au microscope électronique
(18 000 x)
(Van der Zwet et al., 2012)
Population endophyte
des bourgeons ou arbres
Infection des fleurs par
les étamines et autres
parties de la fleur
Printemps
Infection directe
des fleurs
L’exsudat et la bactérie
sont disséminés par les
insectes, le vent et la
pluie
Dissémination
par la pluie
Abeilles et autres
pollinisateurs dispersent la
bactérie vers fleurs et feuilles
Multiplication épiphyte
sur les stigmates
Eté
Populations bactériennes
faibles déposées sur stigmates,
multiplication, dispertion par la
pluie aux autres fleurs
Progression des
infections florales
pour produire des
chancres
Extension des
chancres au
printemps
Les chancres se développent sur
​les branches et fournissent un
site pour la survie hivernale de
l'agent pathogène
Exsudat propagé par pluie,
insectes, aérosols et oiseaux
Infections des tiges
L’exsudat et
aérosols fournissent
l’inoculum
Infection des
fruits
immatures
Infection des fleurs
secondaires
A la fin de l'été ou à
l'automne, l'infection
des tiges donne souvent
lieu à des chancres
indéterminés
Automne
Hiver
Dans la plante
A l’extérieur de la plante
Figure 3 : Cycle infectieux du feu bactérien
(Vanneste, 2000, modifié)
les plus connues au niveau des latitudes du Québec, servant de réservoir à la bactérie, incluent des
plantes cultivées, ornementales et forestières : amélanchier (Amelanchier), aubépine (Crataegus),
aronie noire (Aronia), buisson ardent (Pyracantha), cognassier (Cydonia), cotonéaster (Cotoneaster),
pommier (Malus), poirier (Pyrus) et cormier (Sorbus) (Van der Zwet et Keil, 1979 ; Van der Zwet et
al., 2012 ; Philion, 2014).
Les bactéries Erwinia amylovora mesurent environ 1,6 µm de longueur pour 0,8 µm de
largeur, et apparaissent sous la forme de bâtonnets aux extrémités arrondies et mobiles au moyen
de plusieurs flagelles péritriches (Figure 1) (Van der Zwet et al., 2012).
La bactérie peut être isolée depuis des extraits végétaux sur un milieu de culture différentiel,
le milieu CCT, sur lequel sa croissance est optimale à 27°C pendant 3 jours. Les colonies obtenues
sont plutôt grandes (4 à 7 mm de diamètre), lisses, de forme convexe avec une coloration bleutée et
diffuse (Ishimaru et Klos, 1984). La bactérie Erwinia peut être identifiée à l'aide de méthodes
biochimiques (galerie API 20E) et moléculaires (amplification d’ARN 16S) (Agriréseau, 2014). Une fois
identifiée, elle peut être mise en culture pure sur un milieu King B (King’s et al. Medium B agar) (King
et al., 1954, in Agriréseau, 2014), sur lequel on peut observer de petites colonies blanches de 1 mm
de diamètre, rondes et lisses, après 72h de croissance à 21°C (Figure 2) (Agriréseau, 2014). Ce dernier
est le milieu de croissance utilisé au laboratoire de l’IRDA, pour l’isolement et le repiquage de la
bactérie Erwinia amylovora, maintenue pure en bouillon de conservation. En effet, l’utilisation du
milieu CCT est conseillée pour des échantillons suspectés contenir des saprophytes ou une faible
contamination (LNPV, 2005).
1.2.
Epidémiologie du feu bactérien
Le cycle épidémiologique dans les vergers commence au printemps. Il est caractérisé par
deux phases d’inoculation : primaire et secondaires, permettant à la bactérie de suivre un processus
de contamination et des mouvements systémiques lors de son cycle infectieux (Figure 3).
1.2.1. Sources de l’inoculum primaire
Les bactéries peuvent survivre l’hiver dans les tissus vivants de l’écorce, près des chancres
qui servent d’inoculum pour le printemps suivant, qui, infectés, produisent un exsudat ambré (Figure
4) composé de bactéries viables. La dispersion s’effectue alors en direction des fleurs ouvertes (Van
der Zwet et Keil, 1979 ; Thomson, 2000 ; Philion, 2014). D’autres sources peuvent être responsables
de l’infection primaire comme la pluie, par le biais d’éclaboussures depuis l’exsudat vers les fleurs,
les feuilles, ou éventuellement les apex (Thomson, 2000). Les plantes réservoirs jouent également un
rôle de réserve d’inoculum de la bactérie pendant l’hiver. Les hôtes réservoir à proximité des
pépinières et vergers de pommiers ou de poirier doivent être éliminés dès que possible. Ces hôtes
réservoir sont particulièrement dangereux si leur floraison précède la culture mise en place. En effet,
l’inoculum peut infecter ensuite les fleurs de la culture mise en place (Momol et Aldwinckle, 2000).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 2
1.2.2. Dissémination et inoculum secondaire
Quand le stade de débourrement des pommiers intervient, la population résidente sur les
chancres augmente graduellement, et ce jusqu’à la floraison, période avant laquelle il y a peu de
risque d’infection des arbres. Les bactéries peuvent alors être disséminées dans le verger, voire dans
les vergers alentours. Majoritairement, ce sont la pluie et les insectes qui seraient responsables de la
dissémination des bactéries : la pluie agit de la même manière que pour l’inoculum primaire
(éclaboussures), et différents insectes attirés par l’exsudat bactérien émanant des chancres peuvent
transporter les bactéries à la surface de ces derniers sur les pommiers proches, ou directement sur
les fleurs, comme les diptères. Par ailleurs, les abeilles parcourant de nombreux kilomètres dans la
journée pour alimenter leur ruche, récoltent le pollen sur les étamines qui peut alors contenir des
bactéries, susceptibles d’être disséminées aux fleurs suivantes (Van der Zwet et Keil, 1979 ;
Thomson, 2000 ; Philion, 2014). La bactérie peut survivre dans les ruches pendant plusieurs
semaines, mais il est peu probable qu’elles retournent dans les fleurs après dépôt du pollen dans les
ruches (Thomson, 2000). Les oiseaux seraient aussi responsables d’une petite partie de la
dissémination de la maladie au sein du verger (Thomson, 2000). Par tous ces aspects, l’arrivée du
pathogène sur les fleurs permet ensuite une multiplication et la dispersion aux autres fleurs
rapidement.
Par ailleurs, les petits fruits rabougris qui restent souvent attachés à l’arbre (selon les
variétés), appelés momies, seraient infectés. Ils ne présentent généralement pas de suintement ou
de libération des bactéries au printemps (Thomson, 2000), mais il est possible que ces momies aient
un rôle important à jouer dans le début de la dispersion du pathogène. Des essais de détection de
bactéries dans les momies permettraient d’évaluer le risque de feu bactérien à un stade très précoce
avant la période de floraison, en détectant des bactéries qui seraient restées prises au piège à
l’intérieur pendant la saison morte (Vögele et al., 2010). Néanmoins, ce chemin reste à approfondir
et la question reste encore de savoir si les momies participent réellement à l’épidémiologie du feu
bactérien.
Les fruits matures ne sont quant à eux pas impliqués dans la dissémination de la maladie, la
bactérie meurt en un temps très court si elle est présente à la surface du fruit (Anderson, 1952, in
Thomson, 2000). La bactérie n’est pas retrouvée sur les fruits à la récolte car sa croissance est
épiphyte au niveau de la surface des stigmates des fleurs, dans lesquels elle est protégée (Hale et al.,
1987, in Thomson, 2000).
1.2.3. Conditions d’infection des fleurs et colonisation
La bactérie entre dans la fleur par les ouvertures naturelles ou les blessures et commence à
se multiplier dans les espaces intercellulaires (Thomson, 2000). En effet, l’infection a lieu au moment
de la floraison, quand les fleurs sont ouvertes. Des températures chaudes dans les premiers jours
suivant l’ouverture de la fleur sont favorables au développement d’une population élevée à la
surface du stigmate, au sommet du pistil. La bactérie peut alors se multiplier sur le pistil encore de
couleur verte (Thomson et Gouk, 2003 ; Pusey et Smith, 2008). La température est une variable
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 3
Figure 4 : Coupe longitudinale d’une fleur de pommier (6x)
(UC Davis, 2012, modifié)
Le cercle en rouge indique la région où se situent les glandes à nectar
La flèche en vert indique le chemin emprunté par la bactérie lors de l’infection
Figure 5 : Flétrissement des feuilles dû à la brulure bactérienne
(Source : IRDA)
Figure 6 : Rameaux flétris et courbés en forme de canne
(Source : IRDA)
importante à prendre en compte car elle affecte la propagation de l’agent de lutte biologique d’une
fleur à l'autre (Johnson et al., 2000). Puis, une fine humectation naturelle (rosée, pluie légère)
permet le transport des bactéries jusqu’aux ouvertures des glandes à nectar au fond de la corolle
(Figure 4) (Philion, 2014).
Par ailleurs, lors de la croissance végétative au printemps, les bactéries présentes dans les
bordures de chancres peuvent se développer et de manière systémique infecter les nouvelles
pousses à proximité (Philion, 2014). Les chancres à bordure indéterminée restent plus actifs pendant
une période relativement courte au cours de la saison de croissance que les chancres à bordure
déterminée qui comportent moins d’inoculum (Beer et Norelli, 1977). En outre, après l’infection par
les fleurs, la bactérie envahit les vaisseaux et peut être transportée jusqu’au porte-greffe, qui est
alors infecté (Philion, 2014).
L’infection est d’autant plus à risque si les variétés cultivées sont sensibles au feu bactérien,
s’il y a présence de bactéries locales ayant passé l’hiver sur d’autres espèces de plantes réservoir (et
dissémination par les abeilles) et présence d’exsudat. Mais des températures chaudes ainsi qu’une
humectation sont nécessaires à l’infection, qui ne peut avoir lieu que lorsque la population
bactérienne est suffisamment importante, soit d’au moins 10 000 bactéries par fleur. Néanmoins,
plus la fleur est âgée, plus les risques d’infection diminuent (Philion, 2014).
1.2.4. Symptômes
Les symptômes provoqués par le feu bactérien peuvent être observés sur différentes parties
de l’arbre, mais les premières expressions de symptômes sont tout d’abord caractérisées par des
gouttelettes suintantes puis d’un exsudat sur les pédicelles des fleurs. L’infection progresse ensuite
vers le bas du pédicelle et dans toutes les fleurs d’un bouquet (Thomson, 2000). Tout d’abord, la
bactérie infecte les fleurs, qui se fanent, puis flétrissent et brunissent. Les pédoncules peuvent
également apparaître imbibés d'eau, deviennent vert foncé, et enfin brun ou noir, parfois avec des
gouttelettes suintantes d'exsudat bactérien (EPPO, 2013). Les bouquets floraux et les feuilles se
flétrissent et se dessèchent pour ensuite prendre une texture ressemblant à du cuir (Figure 5) (EPPO,
2013 ; Philion, 2014) Puis, la bactérie se propage à l’arbre et les symptômes les plus typiques sont
alors visibles sur les jeunes rameaux en pleine croissance, qui une fois atteints se flétrissent et se
courbent en forme de canne à leur extrémité (Figure 6). Souvent, et suivant les variétés, des fruits
immatures se momifient et restent attachés à l’arbre toute la saison, et l’hiver suivant l’infection
(Philion, 2014; EPPO, 2013). Une infestation par le feu bactérien peut aller jusqu’à la destruction
complète d’un verger, si des moyens de lutte efficaces et pertinents ne sont pas mis en place.
1.3.
Stratégie de lutte contre le feu bactérien
Différents types de lutte sont envisageables pour lutter contre le feu bactérien en verger de
pommiers. Il n’existe pas de traitement curatif et peu de produits préventifs sont disponibles
actuellement sur le marché. Une lutte efficace contre le feu bactérien commence d’abord par une
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 4
Tableau I : Classification des principaux cultivars et porte-greffes en
fonction de leur sensibilité au feu bactérien
(Philion, 2014)
bonne conduite de culture annuelle. Si les méthodes employées ne suffisent pas, il est encore
possible d’utiliser des méthodes de traitement biologique à base de cuivre en préventif, ou à base
d’autres bactéries ou levures antagonistes dès la floraison, mais plus communément à l’aide
d’antibiotiques. Ces derniers sont les plus facilement utilisés dans les pays où ils sont autorisés, car ils
restent les plus efficaces contre les maladies bactériennes, et demandent un moindre cout
énergétique humain.
1.3.1. Choix des portes greffes et cultivars
Dans le cas de l’implantation d’un nouveau verger, ou bien pour remplacer un arbre mort ou
arraché volontairement, il est judicieux de choisir des cultivars résistants au feu bactérien répondant
à une certaine acceptabilité commerciale, ainsi que des porte greffes permettant une bonne
conduite de production.
L’infection du porte-greffe peut avoir lieu dès l’apparition des premiers symptômes et peut
être liée à la phase de mortalité de l’arbre, la plus destructrice. Ainsi, certains porte-greffes sont plus
résistants que d’autres au feu bactérien : Budagovsky 9 (ou B9, ou BUD-9) ou bien les porte-greffes
de la série Geneva (G41, G935 et G30) (Philion, 2014 ; AGyours, 2014).
Concernant les greffons, certaines variétés semblent être plus résistantes également au feu
bactérien. Les variétés telles que McIntosh, Liberty, Empire, McFee ou Délicieuse sont des cultivars
moins sensibles au feu bactérien. En outre, il est préférable d’associer un cultivar qui soit le moins
sensible possible avec un porte-greffe résistant afin de réduire au maximum les risques de feu
bactérien (Tableau I). Néanmoins, certaines variétés les moins sensibles au feu bactérien peuvent
être moins attrayantes pour les consommateurs (qualité gustative et visuelle, gabarit des fruits) mais
économiquement intéressante pour les producteurs. C’est le cas de la variété Liberty, moins sensible
à cette maladie que la variété Gala (Philion, 2014).
1.3.2. Lutte culturale …
Plusieurs possibilités s’offrent au producteur pour limiter les pertes dues au feu bactérien :
l’élimination des chancres peut être réalisée avant la saison printanière en éliminant les foyers par
curetage dans le bois sain, ou en éliminant la branche porteuse. Puis dès l’apparition des symptômes,
il faut éliminer rapidement les foyers d’infection pour limiter la propagation de la maladie, en
coupant les pousses au moins 30 à 40 cm en amont des symptômes, éventuellement à l’aide de
sécateurs stériles. Il existe des risques de contagion par les outils qui peuvent être réduits en les
utilisant dans du bois sain et par temps sec. Les branches coupées sont ensuite jetées au centre des
rangs puis fauchées. (Philion, 2014 ; AGyours, 2014).
1.3.3. … et préventive
Un traitement au cuivre (oxychlorure de cuivre) permet de diminuer la population
bactérienne dans les chancres, et peut agir en préventif. Ce traitement est en général effectué juste
après le débourrement mais pas plus tard afin d’éviter tout risque de phytotoxicité (Philion, 2014;
AGyours, 2014).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 5
En outre, la levure noire Aureobasidium pullulans, présente naturellement et de manière
épiphyte sur le pommier, a été sélectionnée pour son efficacité sur différentes maladies du pommier,
comme le feu bactérien. Elle existe sous la forme commerciale BLOSSOM PROTECT®, comme
alternative à la lutte antibiotique. Elle peut éventuellement causer une roussissure des fruits au-delà
de 2 traitements par an. (Philion, 2014).
De nouveaux biopesticides ont été homologués au Canada pour la lutte contre le feu
bactérien dans les vergers de pommes et de poires. Il s’agit de trois bactéries antagonistes :
Pseudomonas fluorescens (BLIGHTBAN®), Pantoea agglomerans (BLIGHTBAN® et BLOOMTIME®) et
Bacillus subtilis (SERENADE®). Ces bactéries agissent contre le développement du feu bactérien par
compétition pour l'espace et les nutriments, et par production de substances antibactériennes
naturelles (pantocines). Pour être efficaces, les bactéries antagonistes doivent être appliquées sur les
fleurs avant l’arrivée de la bactérie pathogène. Cette stratégie n’est pas aussi efficace qu’un simple
traitement antibiotique bien ciblé. Il est possible d’augmenter l’efficacité des bactéries antagonistes
dans une stratégie combinée avec la streptomycine (Philion, 2014). En effet, il ne semble pas y avoir
d’interaction entre l’antibiotique et les bactéries antagonistes : par exemple, la croissance de
Pantoea agglomerans n’est pas affectée par des traitements à la streptomycine (Johnson et al.,
2000).
1.3.4. Antibiotiques et problèmes de résistances associés
Les producteurs peuvent également avoir recours à des traitements aux antibiotiques
pendant la floraison. Cependant, l’utilisation d’antibiotiques pour lutter contre les maladies des
plantes n’est permise que dans certains pays. Cela pour plusieurs raisons : éthique, image
industrielle, ou apparition de populations résistantes. Au Canada, deux antibiotiques sont autorisés
pour lutter contre la maladie du feu bactérien : la streptomycine et la kasugamycine. (Philion, 2014).
La streptomycine (sulfate de streptomycine) est commercialisée aux USA, Canada et en
Nouvelle Zélande depuis les années 1950 pour contrôler le feu bactérien et d’autres maladies
bactériennes des plantes. Néanmoins plusieurs cas de résistances à cet antibiotique ont été relevés
dans l’ouest (Californie) et le Midwest des Etats-Unis, plus précisément dans le Michigan ou l’Illinois
(Chiou et Jones, 1993 ; Mc Ghee et al., 2010 ; Jurgens et Babadoost, 2013), ou bien récemment dans
l’Etat de New York (Russo et al., 2008), ou encore au Mexique (de Léon Door et al., 2013). Afin de
garder les vergers protégés malgré ces cas de résistance, la kasugamycine a été récemment
homologuée en Juin 2013 comme nouvel antibiotique. Sous le nom de Kasugamycin ou Kasumin 2L ,
elle est efficace contre la « répression des maladies bactériennes qui se développent [...], sur les
arbres cultivés » (Santé Canada, 2013).
Néanmoins, ces antibiotiques ne doivent jamais être appliqués dans les vergers où les
symptômes sont déjà présents. En effet, les antibiotiques ne sont pas assez systémiques et ne sont
donc pas suffisamment efficaces en traitement curatif. En outre, une application dès l’apparition des
symptômes serait source de sélection de bactéries résistantes à ces antibiotiques (Philion, 2014). Il
faut donc choisir le moment opportun pour l’utilisation du type de traitement.
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 6
1.4.
Prédire la maladie : les modèles de prévisions du feu bactérien
Beaucoup d'infections bactériennes se produisent lorsque les conditions météorologiques
favorables (température adéquate et humidité) sont réunies pendant la période de la floraison.
Alors, des applications en temps opportun d'antibiotiques ou autres agents de lutte biologique
pendant cette période peuvent réduire considérablement la gravité de la maladie. Par conséquent,
un certain nombre de systèmes de prévision ont été développés pour aider à prévoir les flambées de
maladies en fonction de ces critères. Il existe différents modèles de prévision du feu bactérien :
MaryblytTM, Cougarblight et Rimpro-Erwinia.
Les trois utilisent les données météo et la phénologie de la pomme ou de la poire pour
générer des prévisions d'infection (Dewdney et al., 2007). Le modèle MaryblytTM est un modèle de
prévision du feu bactérien développé à l'Université du Maryland et utilisé depuis 1989, défini par des
sous-modèles distincts pour les différentes phases de la maladie (chancre bactérien, la brûlure des
fleurs, la brûlure des pousses, et les traumatismes bactérien) et prévoit deux types d’événements
d'infection et l'apparition des symptômes en utilisant un système de calcul des degrés-jours et des
valeurs de degrés-heure (Lightner et Steiner, 1992). Le modèle Cougarblight utilise quant à lui
également les données météo et la phénologie, mais seulement pour prédire l'infection des fleurs
par E. amylovora. Ce modèle a été développé dans l'État de Washington, car il a été constaté que
d'autres modèles donnaient de mauvais résultats dans le Pacifique Nord-Ouest (Smith, 1999), et il
comporte une troisième variable, l'histoire du feu bactérien d'un verger, utilisé comme un indicateur
de pression d'inoculum (Smith, 2002). Néanmoins, le logiciel RimProErwinia utilisé par l’IRDA permet
de simuler des processus individuels : à la fois la croissance bactérienne et la possibilité d'infection
quotidienne sur chaque cohorte de fleurs. Il calcule la croissance des bactéries épiphytes, basée sur
un modèle non linéaire qui tient compte de la croissance à basse température, et la prédiction de
l’infection de la fleur est basée sur la taille des populations pendant des événements d'humidité. Les
cohortes de fleurs ne répondant pas aux critères de colonisation et d'infection sont éliminées des
calculs. Les données préliminaires recueillies depuis 2007 indiquent que cette approche améliore la
prévision de la brûlure par rapport aux modèles Cougarblight et MaryblytTM (Philion et Trapman,
2011). De même pour les autres modèles RimPro, la simulation est conçue pour suivre en temps réel
chaque processus de l'ouverture des fleurs, la colonisation, l'infection et l'expression de la maladie
(Trapman, 1994 ; Philion et al., 2009 ; Philion et Trapman, 2011).
Néanmoins, ces modèles de prévisions comportent certaines erreurs souvent dues aux
réseaux de données météorologiques régionales qui reflètent mal les événements localisés (Philion
et Trapman, 2011). En effet, il est possible que les modèles de prévision puissent générer des alertes
de faux positifs, causées par une pression de l'inoculum dans les vergers non suffisante pour causer
la maladie (Johnson et Stockwell, 1998). Les modèles peuvent ainsi surestimer la croissance de
l'agent pathogène. Inversement, les modèles peuvent également générer des prévisions de faux
négatifs (ne pas prévoir d’infection) dans des conditions considérées comme marginales pour la
croissance bactérienne ou lorsque des événements d’humectation localisées peuvent ne pas être
enregistrées correctement. Ces erreurs peuvent affecter les choix dans la gestion de la maladie par le
producteur : la prévision d’un faux négatif peut avoir un impact financier énorme, pour un certain
nombre d'années après l'événement. Les producteurs peuvent alors ne plus suivre les
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 7
Figure 7: Différentes courbes ROC
A : test sans intérêt; B : mauvais test diagnostic;
C : test meilleur que B; D : bon test diagnostique
(Saporta, 2012)
recommandations après quelques années de pulvérisations inutiles et éventuellement mettre à
nouveau leur verger à risque (Philion et Trapman, 2011).
Par conséquent, perfectionner ces modèles de prévisions semble essentiel pour permettre
aux producteurs d'améliorer la gestion de leurs risques. En effet, un événement unique d’infection
peut se produire en quelques heures, mais lorsque les symptômes apparaissent enfin une semaine
ou un mois plus tard, il y a peu de possibilités pour ralentir la progression de l'épidémie. Ainsi, la
seule stratégie de contrôle pratique est de prendre des mesures efficaces avant que les infections ne
se produisent. L’infection se produit par le biais des fleurs, et la bactérie se multiplie sur la surface
des stigmates des jeunes pistils verts, puis migre en direction des nectaires, grâce à une humectation
(voir chapitre I.1.2.3.). Ainsi, simuler un nouveau processus individuel, comme l’évolution du taux de
pistils verts permettrai d’affiner le modèle de prévision RimPro-Erwinia.
1.5. Receiver Operating Characteristic (ROC) : principes et objectifs
Les prévisions d’infection requièrent une attention particulière dans le but d’améliorer la
qualité du diagnostic. En effet, on cherche à mesurer la qualité des informations permettant de
générer des décisions de manière significative. Pour cela, un diagnostic doit être précis. Ainsi, les
concepts de la «sensibilité» et «spécificité» d'un test diagnostique permettent de définir cette
précision (Metz, 1978). L'analyse de la sensibilité et de la spécificité établies par les courbes ROC
permet d’étudier un phénomène binaire (présence ou absence de maladie). En effet, on souhaite
mettre au point un test permettant de prédire efficacement la survenue d’un événement précis
(apparition de la maladie). Si le test est de nature quantitative (concentration en bactéries), on
cherche à déterminer à partir de quelle concentration on peut considérer l'individu comme malade.
Les courbes ROC et les indices calculés dans le cadre de cette méthode aident à prendre la bonne
décision (Xlstats, 2014). Graphiquement, la courbe ROC représente la sensibilité en fonction de la
spécificité, soit le taux de vrais positifs (fraction des positifs qui sont détectés) en fonction du taux de
faux positifs (fraction des négatifs qui sont détectés) (Figure 7). Pour pouvoir déterminer la validité
d'un test diagnostique quantitatif, il est nécessaire de calculer l’aire sous la courbe ROC, l’AUC (Area
Under the Curve). L’analyse par courbe ROC a été largement utilisée dans la littérature médicale
comme un moyen d'évaluer la performance des tests diagnostiques à la fois en chimie clinique et en
radiologie (Metz, 1978 ; Dewdney et al., 2007). Elle est appliquée depuis récemment pour les
maladies des plantes et pour comparer les modèles prévisionnels (Dewdney et al., 2007).
Dans le cas d’un diagnostic en santé humaine, celle-ci informe sur la probabilité que le
résultat du test, face à deux personnes (une malade et une saine), permette de poser le diagnostic
correct. Ainsi, quand le test est parfaitement discriminant, la surface sous la courbe (AUC) vaut 1.
Cela signifie donc que, face à deux personnes (une malade et l'autre non), le test permet de
distinguer dans 100% des cas la personne malade de celle qui ne l'est pas (Webapps, 2014). On
cherche alors à déterminer à partir de quelle concentration on peut considérer l'individu comme
malade, par le biais d’un seuil (Metz, 1978). Ce type d’analyse peut alors être appliqué dans le cas
d’un diagnostic de maladie affectant les végétaux, comme pour le cas de la brûlure bactérienne sur
pommier (Dewdney et al., 2007).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 8
2.
Problématique : contexte et objectifs
Un financement a été obtenu en 2012, pour un projet de détection de la bactérie E.
amylovora au sein des vergers québécois, se déroulant sur quatre années jusqu’en 2015. L’objectif
est de déterminer si un échantillonnage réaliste et abordable de la bactérie en verger permettrait
d’améliorer significativement les prévisions de la maladie. En outre, ce programme s’insère dans une
démarche de Production fruitière Intégrée (PFI), apparue au début des années 1990 en Europe et se
développant peu à peu aux Etats Unis et au Canada. Il s’agit d’un concept de prévention qui vise la
protection des pommiers en prenant en considération toutes les étapes de la production depuis
l’implantation du verger et jusqu’à la récolte des fruits. Au Québec, l’IRDA et la FPPQ (Fédération des
Producteurs de Pommes du Québec) sont très actifs sur la réalisation de cette approche chez les
producteurs.
L’intérêt est de pouvoir prévenir les pomiculteurs québécois des risques liés au feu bactérien
avant la floraison, afin de réduire l’impact sur leur récolte dans leurs vergers. Pour cela, les modèles
prévisionnels actuels, tel que RimPro, aujourd’hui largement utilisé pour prévenir les risques de
tavelure mais aussi de feu bactérien plus récemment, restent très performants pour identifier les
risques d’infection (Philion et Trapman, 2011). Cependant, les modèles émettent des prévisions de
risques souvent trop élevés alors qu’aucun symptôme ne se développe. Il est possible que tous les
facteurs ne soient pas pris en compte, comme la présence ponctuelle de l’agent pathogène dans le
verger, ou la sensibilité du cultivar utilisé. Ainsi, il est nécessaire d’établir un système de détection
des bactéries plus efficace à l’échelle du verger, pour permettre aux producteurs de lutter plus
efficacement contre le feu bactérien. En effet, les relations existantes entre les populations
bactériennes quantifiables dans les fleurs et les symptômes occasionnés ne sont pas encore toutes
élucidées, et il en est de même concernant le rôle de certaines parties de l’arbre, comme les fruits
momifiés présents dans l’arrière-saison, ou encore au niveau de l’exactitude du mécanisme de
dispersion de l’inoculum.
Ainsi, quelles relations existent entre populations bactériennes de l’agent pathogène E.
amylovora détectées et les symptômes présents dans les vergers ? L’hypothèse posée est qu’un
échantillonnage réaliste et abordable permet de détecter la présence de la bactérie au verger en
amont de l’infection. Les bactéries seraient détectables au sein des bouquets floraux et momies pour
une quantité minimale de bactéries nécessaire à l’apparition des symptômes. Tester cette hypothèse
nécessite (i) de récolter différents échantillons (momies, fleurs) dans plusieurs vergers et (ii)
d’évaluer la sévérité de la maladie en champ. Les populations seront (iii) quantifiées à partir des
différents échantillons, par qPCR, afin (iv) d’établir une relation entre les populations bactériennes
des différents organes prélevés et l’apparition des symptômes. Ainsi, cette étude permettra de
connaitre la validité d’un diagnostic en amont de l’infection par E. amylovora. Si ce diagnostic s’avère
efficace, les conséquences peuvent être non négligeables pour les producteurs et l’environnement :
diminution de l’usage massif d’antibiotiques entrainant la résistance des souches, et traitement
adéquat en temps approprié par le biais d’une protection en PFI (Production Fruitière Intégrée).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers 9
20 km
Figure 8 : Carte des différentes régions échantillonnées
Les points rouges représentent les villes échantillonnées
(Google Earth)
Tableau II: Vergers échantillonnés
Nombre de
parcelles
Laurentides
Rockburn
Hemmingford
Franklin
Saint Hilaire
Rougemont
Saint-Jean-Baptiste
St-Bruno-de-Montarville
Dunham
Frelighsburg
Farnham
Oka
Nombre de
vergers
2
1
3
2
2
1
1
3
2
1
6
Québec
Sainte Famille
3
4
27
62
Régions
Montérégie Ouest
Montérégie Est
Missisquoi
Total
Municipalités
14
17
16
11
II.
Matériel et méthodes
Des essais d’optimisation et de validation de techniques in vitro pour la détection ont été
réalisés au préalable, permettant depuis l’année passée l’évaluation des populations bactériennes
naturelles en vergers en lien avec l’apparition de la maladie. Cette évaluation se déroule tout d’abord
sur le terrain par la récolte des échantillons, la notation de la phénologie et l’évaluation des
symptômes, puis en laboratoire par le biais d’analyses qPCR. En premier lieu, il s’agit de récolter à
plusieurs dates, différents types d’échantillons dans plusieurs vergers à travers plusieurs régions de
la province du Québec. Dans un premier temps, des momies seront récoltées trois fois au cours de la
fin de l’hiver, ceci pour élucider leur rôle éventuel en tant que source d’inoculum pour l’infection de
l’année suivante. Puis, des fleurs ouvertes seront cueillies également à trois reprises dans les mêmes
vergers au moment de la floraison (début, pleine et fin floraison), au possible suivant l’indice
d’infection et la prédiction de la première infection par le logiciel RimPro-Erwinia. Pendant cette
deuxième phase, il est important d’intervenir à la bonne date pour choisir des fleurs au stade
adéquat (pistil vert à la première récolte), et il sera également noté pendant la période
d’échantillonnage à la floraison la phénologie des arbres, puis l’étendue des symptômes. Afin de
savoir si des populations bactériennes sont présentes dans les fleurs, et si elles sont vivantes,
plusieurs prélèvements dans la saison permettent de se rendre compte si le signal de la qPCR a
augmenté. Dans l’idéal il faudrait pouvoir récolter avant, puis près l’infection pour observer
l’évolution des bactéries dans les fleurs. A la suite de ces étapes seront menées des analyses par
qPCR, afin de quantifier les populations bactériennes présentes sur ces différents organes.
1. Récolte des échantillons
1.1. Situation géographique
Les échantillonnages de momies puis de fleurs sont effectués dans différentes régions du
Québec : Missisquoi, Montérégie Est, Montérégie Ouest, Laurentides, Ile d’Orléans (Figure 8).
Plusieurs vergers sont échantillonnés dans chaque région (Tableau II) : six vergers en Montérégie Est,
six vergers dans le Missisquoi, six vergers en Montérégie Ouest, six vergers dans les Laurentides, et
trois vergers sur l’Ile d’Orléans à côté de Québec, soit un total de 27 vergers comprenant 62
parcelles.
1.2. Prévision des stades d’intervention pour l’échantillonnage
La phénologie des fleurs est prédite par le logiciel CIPRA, permettant de cibler les dates
d’échantillonnage. Les dates de collecte des fleurs sont différentes selon les régions, en raison des
variations de températures. Le stade de début de floraison pour la première collecte se situe au
stade bouton rose avancé lorsque les pétales sont allongés sans étalement avec une teinte blanc rosé
(environ 30% de floraison). Puis, la deuxième collecte a lieu au stade pleine floraison lorsque tous les
pétales sont complètement étalés et les fleurs ouvertes (100% floraison). Enfin, la troisième et
dernière collecte s’effectue en fin de floraison, au stade calice lorsque 90 % des pétales sont tombés.
Dans l’idéal, il faut que la période d’infection suive au moins une date de collecte, afin de
recueillir des échantillons potentiellement infectés. Les infections par E. amylovora sont prédites par
le modèle RimPro-Erwinia. Ce modèle est utilisé par l’IRDA, car, comme indiqué en I.1.4, le modèle
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
10
A
B
Figure 9 : Graphique prévisionnel RimPro-Erwinia 2014
(exemple : station d'Hemmingford en Montérégie Ouest). Source : Agriréseau, 2014
A : Prévision d’infection généré le 28 avril 2014 ; B: Prévision de l’apparition des symptômes issus des
infections, généré le 24 juin 2014.
La partie basse du graphique A indique les populations bactériennes épiphytes potentiellement présentes
en raison des différents paramètres décrits dans le modèle. Si ces populations (ligne jaunes) atteignent un
seuil de concentration minimal de 106 bactéries par pistil (Minimal population level for infection) alors
l’infection peut avoir lieu (partie haute du graphique A) (Trapman et Philion, 2014). Alors, d’après la date
d’infection, le logiciel prédit l’apparition des symptômes (lignes rouges). La ligne rouge se propage alors
jusqu’à la date d’apparition des symptômes (graphique B).
Missisquoi Montérégie
Ouest
Laurentides
Montérégie
Est
Québec
Figure 10 : Stades phénologiques prévisionnels obtenus à l'aide du logiciel CIPRA
Données basées sur la variété Macintosh. Les dates des différents stades sont annoncées sur
une base de degrés-jours cumulés. DJ : Degré jours ; * : prévisions émise par le rapport de
CIPRA ; N : normales de saison basée sur les années précédentes
améliore la prévision de la brûlure par rapport aux modèles Cougarblight et MaryblytTM (Philion et
Trapman, 2014). Ci-contre, la figure 9A illustre une prédiction d’infection dans la région
d’Hemmingford en Montérégie Ouest, par le biais de données issues d’une station météo installée
localement.
1.3. Echantillonnage du matériel végétal

Date de collecte
Le choix de la date d’échantillonnage est effectué en premier lieu à l’aide du logiciel CIPRA
(Centre Informatique de Prévision des Ravageurs en Agriculture) (Figure 10) qui permet de prédire
les stades phénologiques d’une variété de pommier référence, McIntosh, puis par échanges avec les
producteurs et conseillers observant directement sur le terrain avant notre déplacement.

Echantillonnage des fleurs et momies
Dans chaque parcelle destinée à ne pas recevoir de traitement à la streptomycine, les
momies et fleurs sont récoltées de manière aléatoire, à raison de 150 momies par parcelles et 500
bouquets/ha. Les fleurs sont ensuite déposées dans un sac à congélation dans une glacière jusqu’au
retour au centre de recherche. Les sacs sont ensuite placés dans un congélateur à -20°C pour
conservation jusqu’aux analyses en laboratoire. Certains vergers et parcelles ont été choisis
uniquement pour la récolte des fleurs car les cultivars qui y sont présents ne possèdent pas ou très
peu de momies. Chaque échantillon prélevé dans les différents vergers possède un code unique
permettant de retracer la date de prélèvement, le verger échantillonné, la parcelle du verger ainsi
que le nombre de bouquets contenu dans le sac.

Pré-test incubation
Un échantillonnage de fleurs en vue d’un pré-test a été réalisé sur des bouquets contenant
des fleurs légèrement ouvertes. Les bouquets ont été collectés en début de floraison sur une
parcelle du verger de St-Bruno-de-Montarville. Il s’agit d’une parcelle composée du cultivar Gala,
n’ayant jamais été affectée par le feu bactérien.
1.4. Notations phénologiques et modèle de développement
Lors des trois récoltes de fleurs (début, pleine et fin floraison), le stade phénologique des
fleurs est noté, par bouquet : nombre de fleurs, nombre de fleurs ouvertes, nombre de fleurs avec
stigmates verts, nombre de fleurs avec stigmates jaunes, nombre de fleurs avec stigmates bruns. Le
taux de pistils verts est reporté à chaque parcelle. Un modèle de développement des pistils verts est
réalisé à l’aide d’un modèle linéaire mixte généralisé distribué selon une loi binomiale. Les critères de
choix du modèle pris en compte sont l’AIC (Akaike Criterion Information), mesurant la qualité du
modèle, pour lequel on cherche la plus petite valeur et également la répartition des résidus
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
11
Figure 11 : Photo du pliage de filtre de nitrocellulose (Source : Valentin Joubert, IRDA)
Nombre de bactéries /
fleur inoculée
UFC/µL inoculées
correspondantes
20 000 000
10 000
2 000 000
1 000
200 000
100
20 000
10
2 000
1
Tableau III : Concentrations bactériennes inoculées sur fleurs pour l’incubation
2. Quantification de E. amylovora par qPCR
2. 1. Pesée des échantillons et sonication
2 .1.1. Momies
La quantification a lieu à partir d’échantillons contenant 3 fois 30 momies, pesées de façon
stériles et placées dans un sac à stomacher. Après notation du poids de chaque échantillon, 30 mL
d’eau millipore stérile par gramme de momies sont ajoutés puis le sac est placé dans un bain
sonicateur (40 kHz) pendant 15 minutes. Sont ensuite récupérés 30 mL de jus surnageant dans des
tubes Falcon de 50 mL. Ce jus sera ensuite utilisé pour la concentration des échantillons. Comme
l’intégralité du surnageant ne sera pas traité, le reste sera conservé au congélateur dans des tubes
Falcon de 50 mL. Au besoin, les échantillons conservés pourront être décongelés et analysés pour
vérification des données.
2.1.2. Fleurs
Les tests sont réalisés sur des échantillons contenant au maximum 60 bouquets. Les
échantillons pour lesquels la parcelle a été échantillonné en deçà de 60 bouquets sont utilisés tels
quels. Les bouquets sont récupérés, pesés de façon stérile et placés dans un sac à stomacher. Le
poids de chaque échantillon est noté de manière à s’assurer que la masse correspond au nombre de
bouquet (2,5 g par bouquet), et le cas échéant, du matériel végétal (pousse préformée) est éliminé.
Après notation du poids de chaque échantillon, 6mL d’eau millipore stérile par bouquet sont ajoutés
puis le sac est placé dans un bain sonicateur (40 kHz) pendant 15 minutes. La suite des manipulations
s’effectue de la même manière que pour les momies.
2.2. Concentration des échantillons de momies et fleurs
La concentration en bactéries des échantillons est effectuée après tamisation puis filtration
des 30 mL de jus sur tamis de 35µm puis sur une membrane de nitrocellulose de 47mm avec des
pores de 0,22 µm. L’unité de filtration (Nalgene®) est reliée à une pompe à vide de 34 KPa. Après
filtration, la membrane est nettoyée avec 100 mL de PBS + tween 20 0,1% (NaCl 8,01g/L, KCl 0,20g/L,
Na2HPO4 1,14g/L, KH2PO4 0,27g/L, Tween 20 0,1% vol/vol). La membrane est ensuite pliée
plusieurs fois et perforée (Figure 11) afin de permettre le passage des bactéries pendant
l’homogénéisation, puis finalement pliée au huitième et resuspendue dans 1mL de TPEB (NaCl
8,19g/L, KCl 3,73g/L, Tween 20 50µL/L, BSA 0,4g/L) dans un microtube de 1,5mL. Les microtubes sont
ensuite vortexés 10 secondes puis placés dans le bain sonicateur (40 kHz) pendant 2 minutes et
ensuite vortexés durant 1 minute. Ces échantillons finaux sont ensuite utilisés pour la réaction qPCR
et conservés à -20°C.
2.3. Pré-test incubation
Parmi 30 sacs de 30 bouquets, une fleur par sac a été inoculée avec 200µL de différentes
concentrations bactériennes : 1E104, 1E103, 1E102, 10 et 1 UFC/µL correspondant respectivement à
2E107, 2E106, 2E105, 2E104, 2E103 et 2E102 bactéries par fleur (Tableau III). La moitié a été congelée
24h à 21°C et l’autre moitié incubée puis congelée. Cette étape constitue une partie préliminaire
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
12
Tableau IV : Concentration des différents points de la gamme standard (cfu/µl)
Standards
STD 0
STD -1
STD -2
STD -3
STD -4
STD -5
CFU / µL
100 000
10 000
1 000
100
10
1
dans l’amélioration du diagnostic. En effet, on cherche à observer une multiplication des bactéries
dans le cas d’une incubation. Ces bactéries deviendraient alors détectables contrairement à une
modalité sans incubation.
2. 4. Quantification de E. amylovora par qPCR technologie Taqman
2.4.1. Matériel bactérien
La souche E. amylovora S435 est utilisée comme témoin pour la qPCR, prélevée à partir de
gouttes d’exsudat issues de matériel végétal (tige, fruit, ..). Elle est conservée dans un bouillon de
conservation (Tryptic Soy Broth 30g/L, glycérol 10% vol/vol) à -80°C. Elle est cultivée lors de sa sortie
de conservation et lors de son repiquage sur milieu King B (Proteose Peptone n°3 20g/L, K2HPO4
1,5g/L, MgSO4 + 7H2O 1,5g/L, Agar 1g/L, Glycérol 1% vol/vol). Les cultures sont mises à incuber à
température ambiante (21°C), et les colonies sont visibles après 48h à 72h d’incubation.
2.4.2. Préparation des aliquots de la courbe standard et dénombrement
Les aliquots sont obtenus par mise en suspension de cellules fraiches après culture de 48h à
21°C sur King B, dans de l'eau millipore stérile. La suspension mère est préparée en tube de 10 ml et
ajustée à une DO600nm= 0,1 correspondant à une concentration approximative de 2x108 UFC/mL. Les
dilutions sont effectuées en microtubes de 1,5 mL puis 10µL sont répartis dans plusieurs microtubes
de 0,5 mL. La première dilution est réalisée au demi depuis la solution mère pour le standard 0, puis
les dilutions sont réalisées en série au dixième jusqu’au standard 10-5 (Tableau IV). La suspension
mère est dénombrée par étalements de 100 µL de dilutions successives au dixième sur milieu King B,
ce qui permet de confirmer que les solutions standard sont bien calibrées.
La qPCR est effectuée sur une séquence de gène chromosomique conservé codant une
protéine hypothétique (identifiée
AMY1267) identifiée chez E. amylovora souche Ea273
(Gottsberger, 2010). La sonde et les amorces forward et reverse ont pu être dessinées dans cette
zone spécifique. Choisir ce gène chromosomique conservé au niveau de l’espèce à 100% de
spécificité (Gottsberger, 2010) comme une cible pour effectuer un dosage quantitatif moléculaire de
détection permet d’être hautement spécifique et sensible pour la bactérie E. amylovora. Ce gène est
amplifié par PCR grâce aux amorces hpEaF (5'-CCGTGGAGACCGATCTTTTA-3’) et hpEaR (5'AAGTTTCTCCGCCCTACGAT-3') (Gottsberger, 2010). La sonde hpEaP (5’-TCGTCGAATGCTGCCTCTCT-3’)
FAM-Taqman-MGB (Minor-Groove-Binder) non fluorescente a été développée spécifiquement pour
la recherche et la reconnaissance d’Erwinia amylovora. Les amorces et la sondes ont été synthétisées
par Life Technologies (Carlsbad, USA). La réaction a lieu dans un volume final de 20 µl en plaque 96
puits (Hard-Shell PCR Plates 96 Well WHT/WHT) scellée avec du film transparent autocollant
(Microseal 'B' Film, Bio-Rad) dans le thermocycleur CFX96 Real-Time PCR Detection System (Bio-Rad).
Pour chaque réaction, 1 µl de matrice est ajouté à 19 µl de mix. Le mix contient 10 µl de mastermix
taqman (Taqman Universal mastermix, Biorad), 1 µl de chaque amorce (500 nM final), 1 µl de la
sonde (250 nM final) et 6 µl d'eau ultrapure stérile (Millipore®). Le programme d'amplification qPCR
est le suivant : dénaturation initiale et activation de la polymérase (95°C, 10 minutes), amplification
(50 cycles avec 15 secondes à 95°C et 1 minute à 60°C). L'analyse des données est réalisée avec le
logiciel Bio-Rad CFX ManagerTM version 3.1 (BioRad Laboratories).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
13
Figure 12 : Prédiction d’infection et d’apparition des symptômes par le logiciel RimProErwinia, pour l’année 2012
(Vincent Philion, communication personnelle, issu du site Agriréseau en 2012)
RIMpro
simulation
fire blight during
blossom in Mont-Saint-Bruno,
Qc indes
2013.symptômes
For each date in May
the potential
epiphytic
Figure
13 :forPrédiction
d’infection
et d’apparition
par(x-axis),
le logiciel
RimPropopulation is represented by a yellow line for each daily opening of flower cohorts. Infection is predicted when wetness is recorded after
Erwinia,
pour
l’année
2013
the population reaches the threshold during the life of the flower.
(Vincent Philion, communication personnelle, issu du site Agriréseau en 2013)
Tableau V: Dates d’infection et d’apparition des symptômes prédits par CIPRA
Région
Municipalité Date d'infection prédite
Laurentides
Oka
Montérégie Est
Rougemont
Montérégie Est
St Bruno
Missisquoi
Dunham
Missisquoi
Frelighsburgh
Montérégie Ouest
Franklin
Montérégie Ouest Hemmingford
Québec
Ste Famille
27 mai
26 et 28 mai
26 mai
27 mai
27 mai
26 et 27 mai
26 et 27 mai
04 juin
Date d’apparition des symptômes
prédite
21, 23, 24 juin
21, 23, 24 juin
20 et 24 juin
23 et 24 juin
21, 23, 24 juin
21, 24, 25 juin
20, 22, 24, 25 juin
23 et 25 juin
3. Evaluation des symptômes
Dans chaque parcelle échantillonnée, les symptômes de feu bactérien sont notés en évaluant
le nombre de foyers d’infection par arbre, soit le nombre de bouquets et de pousses infectés, isolés
ou groupés. L’évaluation est assurée par certaines caractéristiques propres au feu bactérien : la
présence de gouttelettes d’exsudat jaune à brun sur les pousses ou fruits, pousses en forme de
crosse. En cas de doute, la portion infectée est placée dans un sac de plastique de manière à créer
une mini serre, pendant 24h pour observer si les symptômes caractéristiques (gouttelettes
d’exsudat) se développent. Les dates d’observation sont estimées au préalable avec le logiciel
RimPro-Erwinia, qui indique l’apparition des symptômes (Figure 9B) en fonction de la date d’infection
prédite (Figure 9A). Les observations ont lieu par beau temps, environ 2 semaines après la dernière
collecte des fleurs. Une deuxième observation est effectuée environ 1 semaine et demie après la
première, toujours en fonction des conditions météorologiques. Il ne faut pas observer les
symptômes sous la pluie en raison des éclaboussures permettant la dissémination des bactéries,
pouvant être alors dispersées entre les parcelles et vergers par les observateurs. Les symptômes
observés sont taillés et retirés par les observateurs ou bien par les producteurs. Les observations
sont effectuées par 2 à 4 évaluateurs, pour chaque arbre. Un à deux observateurs passent de chaque
côté de la rangée de pommiers ou observent le pommier en sens inverse, selon la taille des arbres.
Un observateur note les observations.
III.
Résultats
1. Echantillonnage et observations des fleurs
1.1. Prévision des stades d’intervention pour l’échantillonnage
En comparaison avec les deux années précédentes, les conditions d’infection de l'année 2014
étaient différentes. En 2012, les conditions d’infection étaient plus que favorables (Figure 12) : les
symptômes sont apparus environ dix jours après l’infection. En 2013, des infections ont été prédites
mais celles-ci n’ont pas été suffisantes pour causer l’apparition de symptômes (Figure 13). Cette
année, les symptômes sont apparus, mais plus tardivement qu’en 2012, soit un mois après
l’infection.
Les différentes dates d’infection et d’apparition des symptômes prédites pour chaque région
et municipalité sont répertoriées dans le tableau V. Pour chaque région (excepté Québec), les
infections étaient prévues autour du 27 mai 2014 et l’apparition des symptômes entre le 20 et le 25
juin 2014. Pour Québec, l’infection était prévue le 4 juin pour une apparition de symptômes
également autour du 24 juin 2014. Les échantillonnages de la deuxième date de collecte ont été
effectués autour de ces dates d’infection. La connaissance des dates d’apparition des symptômes a
permis l’organisation des déplacements pour leur observation.
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
14
100
90
29-05-2014
80
25-05-2014
Etat de floraison cumulé (% fleurs ouvertes)
70
21-05-2014
60
27-05-2014
50
22-05-2014
40
19-05-2014
30
20
10
Montérégie Est
Montérégie Ouest
100
90
10-06-2014
80
04-06-2014
02-06-2014
70
28-05-2014
60
23-05-2014
20-05-2014
50
30-05-2014
40
26-05-2014
30
24-05-2014
20
10
Missisquoi
Laurentides
Québec
Régions
Figure 14 : Evolution de l‘état d'avancement de la floraison en fonction du temps, pour les
différents vergers échantillonnés
Chaque colonne correspond au % floraison pour un verger
Pistil vert
Pistil jaune
Pistil brun
Figure 15 : Fleurs de pommiers et différents stades de maturation des pistils
Source : personnelle
1.2. Phénologie des fleurs et relation avec l’infection par modélisation des pistils
Selon les conditions météorologiques et l’emplacement des parcelles, l’ouverture des fleurs
restait variable. En effet, toutes régions confondues, l’ouverture des fleurs pouvait aller de 20 à 95%
pour la première date d’échantillonnage, puis de 65 à 100% pour la deuxième date
d’échantillonnage, et de 95 à 100% pour la troisième (Figure 14). Plus précisément, certaines régions
étaient beaucoup moins avancées que d’autres. Par exemple, dans la région de Québec, les
températures plus élevées sont arrivé tardivement, l’échantillonnage a donc eu lieu 2 semaines après
la région de la Montérégie Ouest. Par ailleurs, on observe également une différence de floraison au
sein des régions. Les vergers au sein d’une même région ne possédaient pas la même avancée dans
la floraison. En effet, dans la région de Québec, il y avait une grande différence de floraison entre les
sites situés sur le plateau, côté fleuve et de l'autre côté plus haut et boisé, pour un même cultivar : la
floraison du côté fleuve était beaucoup plus avancée (50 à 60% floraison) tandis que sur l'autre côté
plus boisé, à peine 20 % à 30% de fleurs étaient ouvertes. Ce phénomène a lieu en raison de
microclimats qui peuvent se créer au sein des régions, notamment à cause des bassins d’eau comme
les fleuves et certains lacs
Un bouquet floral comporte 3 à 7 fleurs, dont une fleur reine au centre, qui s’ouvre la
première. Les autres fleurs s’ouvrent au fur et à mesure de la floraison. Une fleur comporte 5
pétales, qui tombent au fur et à mesure de l’avancée de la floraison. Les pétales de la fleur reine sont
les premiers à tomber en raison de son avancement. Les pistils et les étamines sont tout d’abord
verts en début de floraison puis virent au jaune. En fin de floraison, ils brunissent et finissent par
sécher et s’affaisser (Figure 15). Lorsque les pistils sont bruns, les fleurs ne comportent en général
plus de pétales. Après avoir comptabilisé le nombre de pistils verts au sein de tous les bouquets
floraux, la moyenne du taux de pistils verts est reporté par parcelle (Figure 16). Le graphique illustre
pour chaque parcelle, la distribution du taux de pistil verts (nombre de pistils verts au sein des fleurs
ouvertes) au cours du temps. Le nombre de pistils verts diminue au cours du temps, et donc la
surface atteignable par la bactérie et la surface de multiplication également.
Un modèle préliminaire de maturation des fleurs a été développé. Le modèle de
développement des pistils a subi plusieurs essais, à différentes bases de degrés jours (DJ) (0, 4, 8, et
12°C). Tout d’abord, les valeurs de DJ ont été corrélées au facteur altitude : ce facteur de variabilité a
été choisi selon des observations effectuées sur le terrain. Nous avons en effet observé une
différence d’ouverture des fleurs au sein d’une même région, d’une même ville, pour un même
cultivar, selon l’altitude du terrain. Le facteur altitude utilisé est la différence entre l’altitude de la
station météorologique et l’altitude du verger. En effet, les valeurs de DJ sont indiquées sur des
stations météorologiques, qui ne sont pas situés au même endroit que les parcelles, et donc pas
forcément à la même altitude. L’AIC (Akaike Information Criterion) le plus faible (6169) a été obtenu
en premier lieu pour un modèle développé en fonction des degrés jours en base 8°C corrélé au
facteur altitude (Tableau VI).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
15
Figure 16 : Evolution du taux de pistils verts au sein des fleurs ouvertes
Fraction des pistils verts en fonction des DJ en base 8°C
Les points bleus indiquent toutes les valeurs ; les points roses indiquent la
moyenne des valeurs
Tableau VI : Formules des modèles de développement des pistils en fonction des DJ et de
l’altitude
AIC
Bases (°C)
Formule
7296,3
0
(Green,Open-Green) ~ DJ_base0s * DeltaElevations +(1|Region/Orchard
7330,5
4
(Green,Open-Green) ~ DJ_base4s * DeltaElevations +(1|Region/Orchard)
6169,0
8
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s * DeltaElevations +(1|Region/Orchard)
8455,9
12
(Green,Open-Green) ~ DJ_base12s * DeltaElevations +(1|Region/Orchard)
Plusieurs essais d’optimisation du modèle de développement ont ensuite été effectués en
vue d’obtenir l’AIC le plus faible. Le modèle choisi calcule la fraction du nombre de pistils verts sur le
total de fleurs ouvertes en fonction des degrés jours en base 8°C, et possède l’AIC le plus faible
(5829,3). Les effets fixes des DJ en base 8°C sont très significatifs, avec une p-value de 6,35x10-10 (pvalue<0,001) (Tableau VII). Le modèle choisi est une régression logistique de type modèle linéaire
mixte prenant en compte un facteur fixe (DJ base 8) et des facteurs aléatoires. Il a été réalisé avec :
-
Une variable réponse ou d’intérêt : "Fraction du nombre de pistils verts sur le total des fleurs
ouvertes", soit des valeurs allant de 0 à 1 (0 à 100%) ;
-
Un facteur de prédiction quantitatif considéré comme effet fixe, définissant le modèle : "DJ
en base 8°C" soit des valeurs quantitatives de degrés-jours ;
-
Une variable qualitative comprenant des effets aléatoires, dans le but de corriger les effets
qui affectent les données : la pente aléatoire des degrés-jours pour ajuster ajustement des parcelles
à l’intérieur des vergers, eux-mêmes à l’intérieur des régions ;
-
Une loi de probabilité binomiale, qui décrit la relation fonctionnelle entre la combinaison
linéaire des facteurs de prédiction et l’espérance mathématique de la variable de réponse.
2. Evaluation des symptômes et relation avec les populations
détectées dans les fleurs
L’objectif ici est d’établir une relation entre les populations détectées et les symptômes
provoqués par la bactérie. Un diagnostic doit permettre de déceler la maladie en amont de
l’apparition des symptômes. Pour cela, les bouquets ont été récoltés selon trois dates
d’échantillonnage (Tableau VIII) : du 19 mai 2014 au 2 juin 2014 pour le stade 30% de floraison ; du
22 mai 2014 au 6 juin 2014 pour le stade 100% de floraison, et du 27 mai 2014 au 10 juin 2014 pour
le stade fin de floraison/calice. Les bouquets ont par la suite été analysés par qPCR. Après
observation des symptômes, les foyers d’infection sont composés de un à plusieurs bouquets et/ou
une à plusieurs pousses infectées.
2.1. Distribution des populations
Un tableau de contingence (Tableau IX) permet tout d’abord d’apprécier la dépendance
entre les deux caractères : symptômes et bactéries détectées. On peut alors observer si l’apparition
de symptômes et la détection de bactérie sont liées. Pour n=62 parcelles, plusieurs probabilités
peuvent être calculées :
-
P (symptômes apparaissent) = 17/62 = 27%
-
P (pas de symptômes) = 45/62 = 73%
-
P (détection de bactéries) = 3/62 = 5%
-
P (pas de détection) = 59/62 = 95%
-
P (détection |symptômes apparaissent) = 3/17 = 18%
-
P (pas de détection | symptômes apparaissent) = 14/17 = 82%
-
P (détection | pas de symptômes) = 0/45 = 0%
-
P (pas de détection | pas de symptômes) = 45/45 = 100%
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
16
Tableau VII : Formules des modèles de développement des pistils en fonction des
DJ en base 8°C et autres paramètres
*** : effet très significatif ; **: effet significatif; * : effet peu significatif
Bases
(°C)
AIC
Effet(s) fixe(s)
DJ ***
Altitude ***
DJ:Altitude **
DJ ***
Altitude ***
DJ:Altitude ***
DJ ***
Altitude
DJ:Altitude ***
DJ ***
DJ:Altitude ***
6576.0
8
6420.8
8
6183.9
8
6167.7
8
6185.3
8
DJ ***
6003.2
8
DJ ***
5850.2
8
DJ ***
5844.2
5859.5
6226.1
8
8
8
DJ ***
DJ ***
DJ ***
5829.3
8
DJ ***
5856.5
8
DJ ***
Altitude *
Formule
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s * DeltaElevations +
(1|Region)+(1|Cultivar)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s * DeltaElevations +
(1|Station)+(1|Cultivar)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s*DeltaElevations +
(1|Orchard)+(1|Cultivar)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s+DJ_base8s : DeltaElevations
+(1|Region/Orchard)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s
+(1|Region/Orchard)+(1|Cultivar)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s
+(1|Region/Orchard)+(DJ_base8s|Cultivar)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s
+(DJ_base8s|Region/Orchard)+(DJ_base8s|Cultivar)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s +(DJ_base8s|Region/Orchard)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s +(DJ_base8s|Plot)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s +(1|Plot)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s
+(DJ_base8s|Region/Orchard/Plot)
(Green,Open-Green) ~ DJ_base8s+Elevations +(DJ_base8s|Plot)
Tableau VIII : Dates d’échantillonnage des fleurs effectuées
Collecte 1
Collecte 2
Collecte 3
Stade
30% floraison
100% floraison
Fin floraison / Nouaison
Missisquoi
20/05/2014
23/05/2014
28/05/2014
Montérégie Est
21/05/2014
25/05/2014
29/05/2014
Montérégie Ouest
19/05/2014
22/05/2014
27/05/2014
Laurentides
24/05/2014
26/05/2014
30/05/2014
Québec
02/06/2014
04/06/2014
10/06/2014
Tableau IX : Tableau de contingence entre les symptômes observés et les bactéries détectées
Symptômes
+
Total
qPCR fleurs positif
3
0
3
qPCR fleurs négatif
14
45
59
Total
17
45
62
Les résultats indiquent que lorsqu’il n’y a pas de symptômes, aucune bactérie n’a été détectée.
Néanmoins, lors de l’apparition de symptômes, les bactéries n’ont pas toujours été détectées. Des
bactéries ont pu être décelées dans seulement 3 parcelles présentant des symptômes, sur 17
parcelles présentant des symptômes.
La distribution de la maladie dans les parcelles est représentée dans la Figure 17. Cet
histogramme représente la distribution des symptômes observés, c’est-à-dire le taux de parcelles
atteintes en fonction du taux d’arbres atteints par la maladie (incidence des arbres malades). Ici on
observe que dans plus de 80% des parcelles, il n’y a pas eu apparition de la maladie. Une petite partie
des parcelles a été affectée par la maladie dans un intervalle de 10% à 80% d’arbres atteints par
parcelles. L’incidence reste très faible puisqu’elle représente moins de 20% des parcelles atteintes. Et
dans 5 % des parcelles atteintes, l’incidence est de moins de 20%.
La figure 18 correspond aux populations détectées dans toutes les parcelles, à chaque date
de collecte. Les résultats sont représentés sous la forme d’un histogramme qui indique la proportion
de parcelles en fonction du log10(Pop+0,1), avec ‘’Pop’’ représentant le nombre de CFU/µL détectées
par qPCR. Lors de la première collecte, on ne détecte aucune bactérie dans les fleurs collectées, au
sein de toutes les parcelles. Quelques bactéries sont détectées dans les échantillons collectés lors de
la deuxième collecte : environ 5% des parcelles comportent un niveau de contamination d’environ 2
log CFU/µL. Pour les échantillons récupérés lors de la troisième collecte : environ 1% des parcelles
comportent un niveau de contamination de 0 à 0,4 log CFU/µL, et environ 1% des parcelles
comportent un niveau de contamination de 1 à 1,5 log CFU/µL.
2.2. Analyse Receiver Operating Characteristic (ROC)
Dans le but de déterminer à partir de quelle concentration en bactéries on peut définir
l’individu, l’arbre, comme atteint par la maladie, une analyse ROC a été effectuée. L’objectif est de
pouvoir poser le diagnostic en amont de l’infection.
Les échantillons ont été collectés lors de trois dates de collectes, à différents stades
phénologiques et en fonction de l’infection prédite par le logiciel RimPro-Erwinia. Les résultats sont
présentés selon ces trois dates de collecte, appelées Ordres (Tableau X).
Les données peuvent être analysées à trois échelles différentes, de la plus fine à la plus large:
à l’échelle de la parcelle, du verger, puis de la ville. Chaque ordre a été analysé aux différentes
échelles, en faisant varier le seuil. On cherche en effet à définir une valeur pour laquelle le test est
fiable. La courbe ROC est effectuée à l’aide de deux variables : la variable évènement, la maladie
(incidence) et une variable test (population détectée). Il faut déterminer le meilleur seuil entre ces
deux variables. L’idéal serait d’obtenir une sensibilité (Se) et une spécificité (Sp) égales à 1, sachant
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
17
0
40
60
80
Incidence (%)
Figure 17 : Distribution de la maladie au sein de toutes les parcelles observées et échantillonnées
1ère collecte
20
2ème collecte
3ème collecte
Figure 18 : Distribution des populations détectées dans les fleurs au sein des parcelles
Tableau X : Stades phénologiques des fleurs lors des échantillonnages et infection correspondante
Ordre
Stade phénologique
Infection
Collecte 1
Ordre 1
Fleurs 30%-50%
ouvertes
Nulle
Collecte 2
Ordre 2
Collecte 3
Ordre 3
Fleurs 100% ouvertes
Calice
Pendant
Avant
que ces deux paramètres varient en sens inverse. Une courbe ROC est le tracé des valeurs de la
sensibilité Se en fonction de 1-Sp.
La figure 19 illustre les différentes courbes ROC obtenues pour chaque ordre, à trois échelles
différentes. Les meilleures courbes ont été obtenues, quel que soit les cas de figure, pour un seuil
d’incidence d’arbres malades à 15%. Autrement dit, le critère d’absence de la maladie doit être
relaxé de sorte qu’une incidence de 15% d’arbres malades soit tolérée. Quelle que soit l’échelle,
l’AUC de la courbe ROC vaut 0,5 pour l’ordre 1. Le test n’est donc pas discriminant à la première date
de récolte et une collecte au stade 30% de floraison ne peut pas permettre d'effectuer un diagnostic
fiable.
L’AUC augmente avec l’ordre 2, qui vaut 0,56 à l’échelle de la parcelle, 1 à l’échelle du verger
et 0,75 à l’échelle de la ville. Le test n’est donc toujours pas discriminant à l’échelle de la parcelle au
stade 100% floraison. La fiabilité du test augmente à l’échelle de la ville mais l’AUC n’est toujours pas
égal à 1. Néanmoins, à l’échelle du verger, le test est discriminant, à partir d’une valeur seuil de 15%.
Ainsi, il faut faire un compromis au niveau de l’incidence de la maladie dans le verger : en admettant
15% d’arbres atteints par la maladie (seuil), on peut déterminer que le test est « fiable ».
Pour l’ordre 3, l’AUC de la courbe ROC est de 0,73 à l’échelle de la parcelle, ce qui augmente
la fiabilité du test pour des échantillons collectés au stade calice. Cette AUC mesure 1 à l’échelle de la
ville et du verger. Le test est donc discriminant à l’échelle du verger et de la ville pour des
échantillons collectés au stade calice. Ainsi, en admettant 15% d’arbres atteints par le feu bactérien,
on peut prévoir la maladie au stade calice pour un verger et dans l’ensemble de la ville dans lequel il
est présent. Cependant le test ne permet pas de prévoir la maladie au sein de la parcelle de manière
fiable. De plus, il ne permettrait pas l’application des mesures prophylactiques puisque la détection a
lieu après l’infection.
3. Tests en vue de l’amélioration du diagnostic
3.1. Incubation de fleurs : préliminaire
Les résultats indiquent que les bactéries se multiplient sur les pistils des fleurs lorsqu’il y a
incubation 24h à 21°C. La relation entre le nombre de bactéries inoculées sur fleurs et celles
récupérées détectées par PCR évolue de manière linéaire.
Néanmoins, après incubation, la relation n’est pas linéaire : après incubation 24h à 21°C,
pour 10 000 UFC/µL inoculées, le facteur de multiplication est de 5 ; pour 1000 UFC/µL inoculées, le
facteur de multiplication est de 3 ; pour 100 UFC/µL inoculées, le facteur de multiplication est
d’environ 40 ; pour 10 UFC/µL inoculées, le facteur de multiplication est d’environ 600 ; et pour 1
UFC/µL inoculées, le facteur de multiplication est situé entre 60 et 80 (Tableau XI). La relation entre
le nombre de bactéries inoculées sur fleurs et celles récupérées détectées par PCR après incubation
n’évolue donc pas de manière linéaire, contrairement aux témoins.
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
18
Echelle
Ordre 1
30% floraison
Ordre 2
Pleine floraison
Ordre 3
Calice
Parcelle
Spécificité : 100%
Sensibilité : 0
AUC : 0,5
Spécificité : 98%
Sensibilité : 14%
AUC : 0,56
Spécificité : 100%
Sensibilité : 50%
AUC : 0,73
Verger
Spécificité : 100%
Sensibilité : 0
AUC : 0,5
Spécificité : 100%
Sensibilité : 100%
AUC : 1
Spécificité : 100%
Sensibilité : 100%
AUC : 1
Ville
Spécificité : 100%
Sensibilité : 0
AUC : 0,5
Spécificité : 100%
Sensibilité : 51%
AUC : 0,75
Spécificité : 100%
Sensibilité : 100%
AUC : 1
Figure 19 : Courbes ROC pour chaque date de collecte à différentes échelles de mesure
3.2. Analyse qPCR des momies
Les populations de bactéries ont été détectées dans les momies à partir de trois dates
d’échantillonnage différentes. Les résultats indiquent que des bactéries ont été détectées dans 3
parcelles échantillonnées au cours de l’hiver, dans 8 parcelles échantillonnées au débourrement, et
dans 4 parcelles lors de l’échantillonnage au stade de 30% de floraison. Le nombre de parcelles
échantillonnées contenant des bactéries augmente au débourrement puis diminue (Figure 20).
L’analyse ROC met en relation les populations détectées dans les momies pré floraison avec
l’incidence de la maladie observée en 2014. Les résultats des courbes ROC sont très peu différents en
faisant varier le seuil de 0 à 15%. Ainsi, les courbes utilisées les plus intéressantes sont issues des
résultats obtenus pour un seuil de 0,1, soit une tolérance de 10% d’arbres infectés comme critère
d’absence de maladie. Le critère discriminant utilisé est la population détectée. A l’échelle de la
parcelle (Figure 21), la courbe ROC issue des résultats de la première collecte de momies dans l’hiver
(ordre 1) indique des valeurs de sensibilité et de spécificité respectives de 40% et 100%. Le diagnostic
permet de détecter l’ensemble de la maladie, il n’y a pas de faux positifs (spécificité = 100%) mais
n’est pas assez sensible. En tolérant 10% d’incidence (seuil), le test est sensible à partir de 23 UFC
détectées. La courbe ROC issue des résultats de la deuxième collecte de momies au débourrement
(ordre 2) est la plus intéressante. En effet, les valeurs de sensibilité et spécificité sont respectivement
de 71 et 80% pour une AUC de 77%. Ces valeurs indiquent que 71% des échantillons positifs sont
détectés à partir de 3 UFC détectées, alors que le test détecte 20% de faux positifs (spécificité 80%).
La courbe ROC issue des résultats de la collecte de momies effectuée en début de floraison
(ordre 3) indique une AUC de 0,57, bien trop faible pour définir que le test est fiable. De plus, la
spécificité est assez élevée (86%) mais la sensibilité trop faible également (seulement 28%).
A l’échelle du verger, les résultats sont équivalents de ceux à l’échelle de la parcelle pour les
ordres 1 et 3. Néanmoins, la courbe ROC de l’ordre 2 est meilleure à un seuil plus bas : 0% à l’échelle
du verger et de la ville, soit une tolérance de 0% d’arbres infectés comme critère d’absence de
maladie. Le critère discriminant utilisé est la proportion des échantillons positifs. Ainsi, à l’échelle du
verger, quand 25% des échantillons sont positifs, on a une spécificité de 85 % et une sensibilité de
71%. A l’échelle de la ville, quand 41% des échantillons sont positifs, on a une spécificité de 100 % et
une sensibilité de 100% (Figure 22). Ces résultats indiquent qu’à l’échelle des municipalités
échantillonnées, collecter les momies au stade débourrement permettait de discriminer
parfaitement et prédire la maladie dans les villes à partir du moment où les surfaces sont atteintes.
IV.
Discussion
L’objectif principal de ce travail était de pouvoir établir une relation entre les populations
bactériennes avant les périodes propices à l’infection et l’incidence de la maladie dans les vergers,
dans le but de prédire les épidémies de feu bactérien.
Les données relatives à la température et à la croissance des pathogènes sur les stigmates
peuvent être utilisées pour améliorer les modèles d'évaluation des risques de la maladie
actuellement basé sur la croissance in vitro. (Pusey et Curry, 2004). Un modèle a commencé à être
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
19
Tableau XI : Résultats du préliminaire incubation
Relation
non linéaire
UFC/µl
inoculées
Incubation
24h 21°C
UFC/µL
qPCR
10000
10000
10000
1000
1000
1000
100
100
100
10
10
10
1
1
1
10000
10000
10000
1000
1000
1000
100
100
100
10
10
10
1
1
1
non
non
non
non
non
non
non
non
non
non
non
non
non
non
non
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
11217,51
13253,77
13757,52
831,41
897,21
950,35
36,15
50,71
37,92
2,02
6,98
2,90
1,82
1,26
2,20
51867,75
50702,62
54565,37
3296,48
3074,55
3148,63
3633,43
3869,21
4078,83
6073,60
5531,72
6010,56
61,84
70,98
80,44
Facteur de
multiplication
approximatif
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
5
5
5
3
3
3
36
40
40
600
550
600
60
70
80
Nb bactéries
par pistil
2,24E+07
2,65E+07
2,75E+07
1,66E+06
1,79E+06
1,90E+06
7,23E+04
1,01E+05
7,58E+04
4,04E+03
1,40E+04
5,80E+03
3,64E+03
2,52E+03
4,40E+03
1,04E+08
1,01E+08
1,09E+08
6,59E+06
6,15E+06
6,30E+06
7,27E+06
7,74E+06
8,16E+06
1,21E+07
1,11E+07
1,20E+07
1,24E+05
1,42E+05
1,61E+05
développé afin d’être intégré à RimPro-Erwinia, et met en relation le taux de pistils verts présents
dans les fleurs ouvertes en fonction des degrés-jours. En effet, lorsque les fleurs s’ouvrent, les
stigmates apparaissent vert clair, puis jaune après 4 jours, passent du jaune au brun après 7 jours,
puis encore plus foncés (brun ou noir) en 8 jours (Pusey et Smith, 2008). Il apparait que les stigmates
des fleurs agées de 1 à 3 jours permettent la croissance de E. amylovora, mais les stigmates ne sont
pas propices à sa croissance quand les fleurs ont été inoculées au-delà de 3 jours après l’ouverture
(Thomson et Gouk, 2003). Les bactéries peuvent donc se déposer et se multiplier lorsque les pistils
sont encore de couleur verte. Le modèle a tout d’abord été créé et essayé en prenant en compte les
degrés-jours en base 4°C. En effet, la température de base d’un organisme est la température endessous de laquelle il ne peut se développer. La température de base du pommier est de 5°C (Plouffe
et Bourgeois, 2012), mais celle des fleurs de pommiers est présumée être de 4°C (Pusey et Smith,
2008 ; Philion, communication personnelle). Néanmoins, d’autres travaux menés par Johnson et al.
(2000) sur les bouquets de poiriers et pommiers indiquent que la température joue un rôle dans
l’établissement de bactéries épiphytes et leur colonisation sur la fleur. Les températures testées
étaient basée sur des degrés jours de 8 à 18°C.
Ainsi, le modèle développé est un modèle mixte linéaire généralisé. Il permet de modéliser le
taux de pistils verts en fonction des degrés-jours en base 8°C (effet fixe). La pente des degrés-jours
en base 8°C est ajustée de manière à corriger les effets dû à la région, au verger, et à la parcelle
(effets aléatoires). Plusieurs essais de modèles ont été effectués, en prenant en compte l’altitude du
verger pour corriger l’accumulation des degrés-jours dans la parcelle par rapport à l’accumulation
des degré-jours à la station, qui n’est pas située à proximité. Cette variable a été testée car on
pouvait observer une différence dans l’avancée de la floraison au sein des régions dans les différents
vergers. Cette différence semblait être accentuée selon l’altitude des vergers. Néanmoins, cette
variable ne semble pas intervenir dans le développement des pistils, comme observé lors de
l’établissement du modèle, et n’est donc pas contributive au modèle. Par ailleurs, nous avions
supposé que cette différence de floraison aurait pu provenir du cultivar utilisé, différent selon les
parcelles, mais le modèle n’indique pas de contribution significative de l’effet du cultivar sur la
vitesse de développement.
En outre, les données utilisées sont issues de seulement 2 années d’expérience (2013 et
2014). En vue d’affiner le modèle, plusieurs années d’expérience sont nécessaires afin de prendre en
compte les variabilités météorologiques de chaque année. D'autre part, nous n’avons testé comme
facteurs principaux que les degrés jours et l’altitude, mais d’autres mesures pourraient s’avérer
intéressantes dans l’établissement d’un modèle tel que celui-ci. En effet, le rayonnement solaire est
une variable qui agit sur le développement des fleurs (Blázquez, 2000) et donc des pistils. Seulement,
les stations météorologiques installées à proximité des vergers ne sont pas toutes équipées d’un
capteur de rayonnement solaire donc cette variable n’a pas pu être prise en compte pour la présente
étude. Il serait nécessaire d’équiper ces stations, ou bien le cas échéant d’avoir accès à d’autres types
de données météorologiques précises. Par exemple, des données issues des systèmes dits de
Nowcasting peuvent donner une description détaillée de la météo actuelle ainsi que les prévisions
par extrapolation jusqu'à environ deux heures à l'avance (Info, 2012 ; Glossary of Meteorology,
2013).
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
20
Ordre 1
Ordre 2
Ordre 3
Hiver
Débourrement
30% floraison
Figure 20 : Distribution des populations détectées dans les momies au sein des parcelles
Ordre 1
Ordre 2
Sensibilité : 40%
Spécificité : 100%
AUC : 0,68
Threshold : 23
Ordre 3
Sensibilité : 71%
Spécificité : 80%
AUC : 0,77
Threshold : 3
Sensibilité : 28%
Spécificité : 86%
AUC : 0,57
Threshold : 0,81
Figure 21 : Courbes ROC à l’échelle de la parcelle pour les échantillons de momies
Verger
Ville
Sensibilité : 71%
Spécificité : 85%
AUC : 0,8
Threshold : 25%
Sensibilité : 100%
Spécificité : 100%
AUC : 1
Threshold : 41%
Figure 22 : Courbes ROC à l’échelle du verger et de la ville, à l’ordre 2, pour les échantillons de momies
Les modèles de développement ne sont pas les seuls à devoir être pris en compte dans la
prédiction de la maladie. Les limites de la modélisation nécessitent alors un recueil de données
directement sur le terrain. En effet, Miller et Schroth (1972) ont démontré que la bactérie Erwinia
amylovora peut être isolée à partir des fleurs saines avant l’infection. Des bouquets ont donc été
analysés par qPCR et les populations détectées ont été mises en relation avec les symptômes
apparus dans les parcelles échantillonnées.
Le feu bactérien est une maladie sporadique et se manifeste donc de manière totalement
irrégulière au fil des ans. En effet, chaque année, le feu bactérien frappe quelques vergers au Québec
et deux années d’épidémie particulièrement sévères ont eu lieu récemment au Québec. En 2002, la
province a connu une grosse épidémie de feu bactérien à Rougemont, (Charest et Philion, 2004) qui a
entraîné la perte de 10 000 arbres d'une valeur approximative supérieure à 800 000 dollars. En 2012,
les vergers québécois ont souffert de la pire épidémie de feu bactérien des 30 dernières années, qui
s’est répandue jusqu’à la ville de Québec, en passant par la région d’Oka, au sein de laquelle la
maladie était présente dans tous les vergers à différentes intensités. Néanmoins, aucun symptôme
n’a pu être observé durant l’année de 2013 (Chouinard et al., 2013). Par ailleurs, l’apparition des
symptômes en 2014 a eu lieu environ un mois après la date d’infection prédite, alors qu’en 2012,
cette apparition de symptômes a eu lieu environ 2 semaines après. En effet, les températures plus
fraiches de 2014 entre la floraison (infection) et la sortie des symptômes ont induit une incubation
plus longue pour permettre aux symptômes d’apparaitre. Cette année 2014 semble être
intermédiaire entre les années 2012 et 2013.
Les populations n’ont pas été détectées dans toutes les parcelles atteintes par la maladie. En
effet, les symptômes observés se situaient pour la plupart en dehors de la zone d’échantillonnage
des fleurs, placée à hauteur de bras. Les symptômes étaient généralement observés en haut, ou plus
dans le centre des arbres. En effet, l’échantillonnage doit se faire rapidement. Il est donc possible
que la méthode d’échantillonnage ne soit pas des plus adaptée : les parcelles doivent être
échantillonnées à même hauteur (100 bouquets/2000m²), soit au minimum seul un bouquet par
arbre est ramassé, au maximum quatre, afin de couvrir toute la parcelle dans un délai raisonnable,
pour obtenir un échantillon d’une taille acceptable. Par ailleurs, le Québec est une région très
étendue pour laquelle il faut parcourir de nombreux kilomètres. Les collectes d’échantillons doivent
être réalisées dans un temps imparti relativement court afin de couvrir les trois dates autour de la
floraison. En outre, les méthodes d’échantillonnage et de détection ont été adaptées de travaux
réalisés par Voegele et al., (2010). Ces derniers collectent une fleur par bouquet, sur plusieurs
bouquets au sein d’un arbre. Notre méthode d’échantillonnage est quant à elle basée sur une
collecte de bouquets entiers (fleurs et feuilles). Modifier la méthode d’échantillonnage ne permettrai
pas de gagner du temps mais pourrait optimiser les chances de détection.
Ainsi, les fleurs collectées ont donc été analysées par qPCR. Peu d’échantillons ont été
détectés positifs aux bactéries dans les parcelles pour lesquelles des symptômes avaient été
observés. L’absence de détection sur la plupart des échantillons peut être liée justement à cette
méthode d’échantillonnage. Pourtant, en 2012, plus d’échantillons positifs ont été détectés et la
méthode d’échantillonnage semblait adaptée. Néanmoins, les symptômes observés étaient bien plus
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
21
Figure 23: Evolution des populations détectées en 2012 lors des 3 collectes
3 : collecte effectuée en fin de floraison (ordre 3); 2: collecte effectuée à 100% de floraison
(ordre 2); 1: collecte effectuée à 30% de floraison (ordre1)
(Source : IRDA, Vincent Philion)
abondants au sein des parcelles étudiées, et donc il est fort probable d’avoir échantillonné dans une
zone atteinte par le feu bactérien. La relation entre les populations détectées et les symptômes
occasionnés par E. amylovora peut être précisée statistiquement.
Les résultats obtenus par les courbes ROC nous donnent une idée de la validité du diagnostic.
En effet, le test n’est pas assez discriminant à l’échelle de la parcelle. Les valeurs trop faibles de l’AUC
(proches de 0,5) ne permettent pas d’établir un diagnostic fiable quelle que soit la date
d’échantillonnage, quand le diagnostic est effectué à l’échelle de la parcelle. Néanmoins, à une
échelle plus élargie, celle du verger, il est possible d’effectuer un diagnostic fiable à partir de la
deuxième collecte, effectuée à 100% de floraison, pendant les infections prédites, ainsi qu’après
infection. A l’échelle de la ville, la validité du diagnostic n’augmente pas. Les résultats obtenus
indiquent que l’AUC obtenue à la première date de collecte ne permet pas de poser de diagnostic
fiable mais cette AUC augmente avec les dates d’échantillonnage. L’échelle la plus fine à laquelle on
peut définir le test comme fiable est donc à l’échelle du verger, aux stades 100% de floraison et
calice.
Néanmoins, ce diagnostic doit prendre en compte certaines mesures. Sa fiabilité tient
compte d’une valeur seuil qui s’est définie lors des tests statistiques, d’une valeur de 15%. Cette
valeur de seuil doit être choisie en vue d’obtenir un compromis acceptable entre les gains et les
pertes de fréquences des faux positifs, faux négatifs, vrais positifs et vrais négatifs occasionnées par
le diagnostic (Metz, 1978). Cette valeur signifie qu’en deçà d’une incidence de 15% d’arbres atteints,
la détection des bactéries n’est pas un prédicteur de la maladie. Cette valeur reste encore trop
élevée dans des cas d’infection peu importants. Par exemple, une surface de 910 m² contenant 42
pommiers, soit 462 arbres/ha, avec une infection de 15% des arbres affecte environ 6 pommiers de
la parcelle (soit environ 69 pommiers à l’hectare). Seulement, la gravité de l’infection au sein d’un
verger peut être différente selon le type d’arbres présents sur la parcelle. Une infection de 15% des
arbres sur des pommiers nains est beaucoup plus alarmante qu’une infection sur des arbres
possédant un diamètre beaucoup plus important.
Par ailleurs, les populations détectées augmentent lors de la floraison, tendance observée
également pour l’année 2012 de manière plus accentuée (Figure 23). En 2012, 31% des parcelles
comptaient >5 % d’arbres malades alors que les modèles prédisaient 100%, et 27% des parcelles
étaient atteintes par la maladie. Comme la population bactérienne était faible en début de floraison,
la sensibilité et la spécificité n'étaient que de 32% et 67 % respectivement. Après la floraison, la
sensibilité était de 100 % pour une spécificité de 28%, à l’échelle du verger. En 2013, les conditions
étaient peu propices au feu bactérien et les populations détectées, faibles (Philion, communication
personnelle). Cette année 2014, les modèles prédisaient 100% d’infection régionale, et 20% des
parcelles ont été atteintes par le feu bactérien, mais de manière moins intense qu’en 2012. En début
de floraison, la sensibilité et la spécificité étaient de 100% et 0% respectivement, pour augmenter à
100% toutes les deux en pleine floraison et fin de floraison, à l’échelle du verger. Quand la sensibilité
vaut 100%, alors tous les positifs détectés sont déclarés comme étant de vrais positifs. Quand la
spécificité vaut 100%, alors tous les négatifs qui n’ont pas été détectés sont considérés comme étant
de vrais négatifs (Metz, 1978). Ainsi, en fin de floraison, l’année 2014 est plus spécifique que l’année
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
22
2012, pour laquelle il y a eu de faux positifs déclarés (spécificité plus faible en 2012). Concernant la
sensibilité du test, les analyses de 2014 sont bien plus sensibles qu’en 2012 puisqu’aucune bactérie
n’a été détectée en l’absence de maladie, tout au long de la floraison. En 2012, la sensibilité n’est de
100% qu’en fin de floraison, indiquant qu’aucune bactérie n’a été détectée en l’absence de maladie.
Néanmoins, ces valeurs intéressantes de sensibilité et de spécificité interviennent tard dans
l’échantillonnage, puisqu’on les observe après infection.
Un problème se pose donc quant à l’interprétation du diagnostic. En effet, une fois les fleurs
infectées, les bactéries se multiplient en conditions favorables, entrent dans les glandes à nectar
puis envahissent les vaisseaux (Thomson, 2000 ; Philion, 2014). Des conditions météorologiques
adéquates permettent alors la sortie des symptômes une semaine à un mois après l’infection, selon
les observations effectuées entre 2012 et 2014. Une fois l’infection effectuée, il est trop tard pour
intervenir de manière préventive, et seul un traitement à la streptomycine à la sortie des
symptômes, ou une élimination manuelle peuvent être effectués. Ainsi, un diagnostic fiable mais
effectué après l’infection est trop tardif pour informer les pomiculteurs d’une éventuelle infection. Il
serait nécessaire d’établir ce même diagnostic mais lors de la première collecte en début de
floraison, avant l’infection. Donc, à l’échelle du verger, il est possible de poser le bon diagnostic lors
d’une collecte à 100% de floraison, mais ce dernier est trop tardif pour informer les pomiculteurs,
l’infection ayant déjà eu lieu.
Afin d’améliorer ce diagnostic, plusieurs essais d’amélioration ont été élaborés. Tout d’abord,
il est possible que les bactéries ne soient pas présentes en quantité suffisamment importantes afin
d’être détectées. Pour cela, un essai d’optimisation a été effectué en vue de multiplier ces bactéries.
Les bactéries présentes en grande quantité sur une fleur ne se multiplient qu’à faible allure
puisqu’elles atteignent le seuil de saturation du pistil en bactéries, d’une valeur de 106 bactéries par
pistil (Pusey et Smith, 2008 ; Stockwell et al., 2010). Par contre, peu de bactéries présentes sur le
pistil se multiplient davantage en absence de compétition. Il est possible que les bactéries présentes
en grande quantité initialement (10 000 CFU/µL inoculées) aient accès à moins de nutriments que les
bactéries inoculées en moins grande quantité (10 UFC/µL inoculées). Une incubation ne permettra
donc pas d’améliorer le signal dans le cas où la population résidente sur une fleur est déjà maximale.
Par contre, une incubation sur des fleurs contenant une population initiale faible permettrait
d’augmenter le signal.
Ainsi, on pourrai imaginer un scénario différent pour l’analyse des fleurs : les producteurs
pourraient collecter eux-mêmes un nombre défini de fleurs par l’IRDA, qui seraient ensuite incubées
à température ambiante (environ 21°C) lors du trajet jusqu’au centre de recherche. Alors, les fleurs
pourraient être analysées. Ceci permettrait d’effectuer la détection pendant la période de floraison
et de concentrer le personnel sur cet aspect et non sur la collecte, qui demande beaucoup
d’investissement.
Par ailleurs, appréhender la gestion de la maladie peut également se fonder sur l’hypothèse
d’une aptitude des bactéries à se conserver dans les momies. On reproche à la détection
bactériennes à partir des momies d’être inutile puisque les momies ne seraient porteuses que suite à
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
23
la présence des symptômes (Vögele et al., 2010), et qu’il est plus facile de simplement observer les
symptômes pour déterminer si le verger est à risque pour les années suivantes. Or, nos résultats
indiquent une bonne concordance entre les populations quantifiées à partir des momies et les
symptômes observés. En effet, l’analyse ROC indique que la quantification des bactéries dans les
momies permet de poser un diagnostic fiable à l’échelle de la ville, à partir de 41% d’échantillons
positifs. Cependant, si l’on souhaite avoir un diagnostic fiable avec moins d’échantillons positifs
détectés, on peut se placer à l’échelle du verger voire de la parcelle. La spécificité est moins
intéressante (80%) et indique que 20% des échantillons peuvent être décelés comme étant de faux
positifs. Quant à la sensibilité, d’environ 70%, elle permet d’établir que 70% des échantillons positifs
le sont vraiment. Ainsi, on peut déterminer que le test est fiable à l’échelle de la ville, mais n’est pas
non plus mauvais à l’échelle de la parcelle ou du verger. En effet, il faut pouvoir tenir compte des
pertes potentielles causées par la maladie : on souhaite ne jamais obtenir de faux positifs afin
d’éviter des traitements inutiles, ce qui permet d’être apprécié à l’échelle de la ville. Mais ce
diagnostic nécessite beaucoup d’échantillons positifs (41% minimum). Donc, il est préférable de se
référer au diagnostic établi à l’échelle du verger, pour lequel seulement 25% des échantillons au
minimum doivent être positifs. Cependant ce choix nécessite de considérer que l’on peut se tromper
dans 20% des cas.
V.
Conclusion et perspectives
Maladie sporadique, le feu bactérien est difficile à contrôler mais surtout à prévenir en
amont des symptômes. Plusieurs modèles de prévisions du feu bactérien permettent d’établir si une
infection par la bactérie E. amylovora peut avoir lieu lors de la floraison. Les faux positifs et faux
négatifs occasionnés par ces modèles de prévision nécessitent d’autres approches permettant
d’améliorer les prévisions. L’hypothèse posée était qu’un échantillonnage réaliste et abordable
permettrait de détecter la présence de la bactérie au verger en amont de son apparition. Il a été
montré que la maladie pouvait être détectée en amont des symptômes à partir du stade 100% de
floraison, si on acceptait 15% d’arbres atteints au sein d’un verger. Cette détection est fiable
puisqu’aucun faux positif ou faux négatif ne peut être détecté. En acceptant un taux d’arbres atteints
plus bas, la détection n’est pas aussi précise. Cependant, un échantillonnage réalisé au stade 100%
de floraison est trop tardif puisque l’infection a déjà eu lieu. Par ailleurs, il n’est pas possible de
détecter la présence de la bactérie en amont de l’infection, en raison des faux positifs et faux
négatifs déclarés. Ainsi, l’échantillonnage effectué permet de détecter la bactérie en amont de
l’apparition des symptômes de manière réaliste et abordable au verger, mais cette détection est trop
tardive.
Pour améliorer cette analyse, d’autres pistes ont été suivies à différentes échelles. Le modèle
de prévision RimPro-Erwinia peut être enrichi au niveau de ses différentes variables permettant la
prédiction. Nous avons cherché à modéliser l’évolution des pistils, lieu de multiplication de la
bactérie, et avons obtenu une première formule de développement. Le résultat n’est pas parfait et
demande encore des données pour le perfectionner. Des données météorologiques fiables
Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
24
supplémentaires pourraient être également utilisées. En effet, il est possible d’accéder à des données
dites de nowcasting qui intègrent des données satellites, et offrent un système de modélisation
météorologique à court terme.
Par ailleurs, les analyses menées sur les momies nous ont permis d’établir qu’une prévision
est possible à partir d’échantillons collectés pendant la phase de débourrement, de manière fiable à
l’échelle de la ville, mais aussi du verger ou de la parcelle selon les compromis que l’on souhaite faire.
De plus, les bactéries présentes en trop faible quantité dans les fleurs peuvent être multipliées lors
d’une incubation naturelle pendant le transport des échantillons.
Les prochaines étapes de l’étude sur les populations d’E. amylovora et l’incidence de la
maladie en vergers de pommiers consisteront à poursuivre la collecte des différentes données et
analyses présentées dans ce rapport.
Un échantillonnage de fleurs destiné à l’incubation avant amplification (Bio-PCR) au même
titre que les fleurs initialement collectées pourra être réalisé afin d’accroitre la population
bactérienne. Cette technique de Bio-PCR sera optimisée en vue d’effectuer une comparaison entre
la détection sur des fleurs seules isolées de bouquets, et la méthode initiale de détection à partir de
bouquets.
Egalement, des recherches seront effectuées au niveau du mécanisme de dispersion de
l’inoculum : des essais d’optimisation d’extraction d’ADN à partir de pièges à insectes au Tanglefoot®
seront effectués en vue d’une détection de la bactérie par qPCR.
VI.
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détection de la résistance de Erwinia amylovora à la streptomycine, MAPAQ du Québec.
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Betty Arnaud – Etude des populations naturelles de Erwinia amylovora et incidence sur pommiers
29
Diplôme / Mention : Master II
Spécialité : Production et Technologie du Végétal
(ProTeV)
Parcours : Productions Végétales Spécialisées
Option : Produits phytosanitaires, règlementation,
méthodes alternatives
Auteur(s) : Betty Arnaud
Organisme d'accueil : IRDA
Date de naissance : 12/12/1990
Adresse :
335, rang des Vingt-Cinq Est
Nb pages : 29
Annexe(s) : 0 Saint-Bruno-de-Montarville, J3V 0G7, Qc
Canada
Année de soutenance : 2014
Maître de stage : Vincent Philion
Titre français : Etude des populations naturelles de la bactérie Erwinia amylovora et
incidence au sein des vergers Québécois.
Titre anglais : Study of natural populations of Erwinia amylovora bacteria and incidence in
orchards in Quebec.
Résumé :
Le feu bactérien, causé par Erwinia amylovora est une maladie du pommier (Malus x
domestica), qui cause d’importants dégâts au Québec. L’infection a lieu sur les fleurs, à
partir desquelles la bactérie se multiplie et infecte l’arbre. Il n’existe aucun traitement postinfection mis à part les antibiotiques. En vue de pouvoir prédire l’éclosion de la maladie et
d’adopter une lutte préventive efficace, il existe des modèles de prévision du feu bactérien.
Ces modèles comportent des erreurs et il est nécessaire de recueillir des données
directement sur le terrain. Pour cela, les bactéries peuvent être détectées et quantifiées à
partir des fleurs, en amont des symptômes, puis analysées par qPCR. La détection de
bactéries permet de prévoir l’apparition des symptômes. En revanche, d’autres mécanismes
peuvent entrer en compte dans la prévision, tels que le développement des pistils selon la
température, ou bien les fruits momifiés pouvant contenir des bactéries issues des années
d’infestation précédentes.
Abstract :
Fire blight, caused by Erwinia amylovora is a disease of apple trees (Malus x domestica),
causing severe damage in Quebec. The infection occurs on blossoms, from which the
bacteria can multiply and infect the tree. There is no post-infection treatment except for
antibiotics. To be able to predict disease and adopt an effective preventive control, there
are forecast models for fire blight. These models contain errors and it is necessary to collect
data directly on the field. For this, bacteria can be detected and quantified from flowers,
upstream of symptoms, and then analyzed by qPCR. The detection of bacteria predicts
occurrence of symptoms. However, other mechanisms may be included into the forecast,
such as the development of pistils depending on temperature, or mummified fruits that
may contain bacteria from the previous years of infestation.
Mots clés : feu bactérien, pommier, prévision, infection, fleurs, détection, qPCR,
Key Words : fire blight, apple tree, prevision, infection, blossoms, detection, qPCR
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