La vascularisation artérielle de la fibula

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2009-2010
UNIVERSITE DE NANTES
La vascularisation artérielle de la fibula
Par
Lancien Marine
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2009-2010
UNIVERSITE DE NANTES
La vascularisation artérielle de la fibula
Par
Lancien Marine
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
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Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
REMERCIEMENTS…
A Monsieur le Docteur Antoine Hamel, pour m’avoir proposé ce sujet
intéressant et captivant,
A Messieurs les professeurs d’anatomie, qui se sont investis dans ce
master pour nous faire partager leur savoir et leur passion pour cette
discipline,
A Monsieur le Docteur Mathieu Vincent, pour son aide et le temps
qu’il nous a accordé,
A Messieurs Yvan Blin et Stéphane Lagier, pour leurs conseils et leur
capacité à associer travail et bonne humeur,
A tous mes collègues du Master d’anatomie 2009-2010, et en
particulier Mathilde,
A ma marraine, pour ses encouragements
TABLE DES MATIERES
1. INTRODUCTION
2. RAPPELS ANATOMIQUES
2.1 Anatomie descriptive
2.1.1 Ostéologie
2.1.2 Vascularisation artérielle
2.2 Embryologie
2.2.1 Embryologie de membre inférieur
2.2.2 Ossification de la fibula
3. MATERIELS ET METHODES
3.1 Dissection n°1
3.2 Dissection n°2
3.3 Diaphanisation
4. RESULTATS
4.1 Dissection n°1
4.1.1 Voie d’abord postérieure
4.1.2 Voie d’abord antérieure
4.2 Dissection n°2
4.2.1 Voie d’abord latérale
4.2.2 Voie d’abord postérieure
4.2.3 Voie d’abord antérieure
4.3 Diaphanisation
5. DISCUSSION
Application clinique : Le transfert de fibula vascularisée
6. CONCLUSION
7. BIBLIOGRAPHIE
2. Rappels Anatomiques
2.1 Anatomie descriptive
2.1.1 Ostéologie
La fibula est l'un des deux os long composant la jambe. Plutôt grêle, elle occupe une
position postero-latérale dans cette jambe. Elle s'articule en proximale avec le tibia, et en
distal avec le tibia et le dôme du talus.
Comme tout os long, la fibula se décrit comme constituée d'une portion longue
diaphysaire surmontée de deux extrémités épiphysaires.
L'épiphyse proximale comprend une surface articulaire sur sa partie médiale, qui
répond à celle située sur le condyle tibial latéral. On trouve aussi des insertions musculaires
et ligamentaires à ce niveau : le biceps fémoral a son insertion distale sur cette épiphyse, de
même que le ligament collatéral fibulaire.
Le col de la fibula correspond au rétrécissement visible entre l'épiphyse proximale et
la diaphyse. Le nerf fibulaire commun chemine au contact de ce col.
La diaphyse est une longue tige d'os compact avec au centre un canal médullaire
étroit, à la différence des épiphyses qui sont constituées d'os spongieux, entourées d'os
compact. La diaphyse fibulaire est caractérisée par ses trois faces (latérale, médiale et
postérieure), limitées par trois bords (antérieur, postérieur et interosseux). Ces différents
reliefs lui confèrent sa forme triangulaire en coupe. Sur la face latérale, on retrouve les
insertions proximales des muscles long et court fibulaire. Sur une vue médiale, on retrouve
en avant de l'insertion de la membrane interosseuse, les insertions musculaires du long
extenseur des orteils, du long extenseur de l'hallux, puis du troisième fibulaire en distal. La
face postérieure est comprise entre le bord postérieur et le bord interosseux. On y retrouve
une partie de l'insertion proximale du soléaire puis le muscle tibial postérieur et le long
fléchisseur de l'hallux.
Avant d'arriver à l'épiphyse distale, on observe une légère rotation de la portion
distale d'environ 20°. Cette épiphyse distale (ou malléole latérale) a elle aussi une partie de
sa face médiale recouverte de cartilage hyalin, lui permettant de s'articuler avec la face
latérale du talus. Au dessus de cette surface articulaire de la malléole, on retrouve plusieurs
insertions ligamentaires correspondant aux ligaments tibio-fibulaires antérieurs et
postérieurs et au ligament interosseux. Ces trois éléments constituent l'articulation tibiofibulaire distale qui est une syndesmose (les ligaments sont tendus entre deux surfaces
articulaires rugueuses et dépourvues de cartilage).
La fibula est donc en rapport étroit avec le tibia grâce aux deux articulations tibiofibulaire ainsi qu'à la membrane interosseuse, ce qui confère une grande stabilité à ce
complexe. La fibula peut cependant avoir des mouvements de rotation, de translation
verticale, et s'écarter du tibia en distal, formant un angle ouvert vers le bas (élargissement
de la pince bi-malléolaire). Ces différents mouvement sont surtout permis par les
articulations distales entre la fibula, le tibia et le talus, l'articulation tibio fibulaire proximale
ayant très peu de mobilité et dont les rares mouvements ne sont que la répercussion des
mouvements imprimés en distal.
8
11
5
1
10
5
5
6
3
2
7
7
6
3
9
4
Image 1 : Face médiale
Image 2 : Face latérale
En orange : insertions des muscles de la loge antérieure de la jambe
En rose : insertions des muscles de la loge latérale
En violet : insertions des muscles de la loge postérieure
1. Muscle long extenseur des orteils
2. Muscle long extenseur de l’hallux
3. Membrane et bord interosseux
4. Muscle 3ème fibulaire
5. Muscle soléaire
6. Muscle tibial postérieur
7. Muscle long fléchisseur de l’hallux
8. Muscle biceps fémoral
9. Muscle court fibulaire
10. Ligament collatéral fibulaire
11. Muscle long fibulaire
Image 3 : Face postérieure
2.1.2 Vascularisation artérielle
La vascularisation des os longs est assurée par quatre réseaux artériels :
centromédullaire, périosté, métaphysaire et épiphysaire. La vasculartisation de la fibula
correspond à ce schéma. Une artère nourricière pénètre au niveau de la diaphyse et se
divise en une branche ascendante et une branche descendante. On trouve aussi au niveau
des extrémités des artères métaphysaires et épiphysaires. A la fin de la croissance, les
réseaux épiphysaires et diaphysaires s’anastomosent. Des branches périostées peuvent
provenir de ces différentes artères mais aussi des insertions musculaires. Les différentes
artères et leurs ramifications sont sous la dépendance de deux troncs artériels principaux,
que sont l'artère tibiale antérieure et l'artère fibulaire.
Gastrocnémien
médial
Gastrocnémien
latéral
Nerf tibial
Artère et veine
poplitées
Artère et veines
tibiales antérieures
Soléaire
Artère et veines
tibiales postérieures
Artères et veines
fibulaires
Cranial
Image 4 : Région postérieure
et profonde de la jambe
Latéral
• Artère fibulaire
L'artère fibulaire est la principale branche collatérale de l'artère tibiale postérieure. Elle
naît à 3cm en dessous du bord inférieur du muscle poplité. Cette artère a d'abord un trajet
légèrement horizontal puis vertical, longeant ainsi la diaphyse fibulaire. Elle se termine en
formant des rameaux calcanéens latéraux, nécessaire à la trophicité de la région du talon.
Sur son trajet elle donne plusieurs branches, dont la principale est l'artère nourricière de la
fibula. On trouve aussi des branches destinées aux muscles de la loge postérieure et des
rameaux perforant, traversant la membrane interosseuse.
• Rapports anatomiques de l’artère fibulaire
-
Rapports de l’origine de l'artère fibulaire : l'artère fibulaire se détache juste en
dessous de l'arcade tendineuse du soléaire, elle est accompagnée de ses deux veines.
- Rapports de sa partie verticale
antérieur : fascia du muscle tibial postérieur
postérieur : muscle soléaire, puis elle chemine sous le muscle long fléchisseur de l' hallux
dans sa
partie moyenne
médial : pédicule tibial postérieur et nerf tibial
latéral : diaphyse fibulaire
Artère récurrente
tibiale postérieure
Artère récurrente
tibiale antérieure
Artère
récurrente tibiale
Artère tibiale
antérieure
Artère fibulaire
Artère tibiale
postérieure
Artère nourricière
Cranial
Latéral
Image 5 : Artère tibiale postérieure
et branches collatérales
• Artère tibiale antérieure
L'artère tibiale antérieure naît sous l'arcade du muscle soléaire. Elle se dirige vers le bas
et l'avant pour franchir la membrane interosseuse et gagner la loge antérieure. Dans cette
loge, elle chemine verticalement entre le muscle tibial antérieur médialement et le muscle
long extenseur des orteils latéralement. Elle s'engage ensuite sous le retinaculum des
extenseurs et devient l'artère dorsale du pied. Dans sa partie proximale, elle donne quatre
branches collatérales, plus ou moins constantes.
l'artère récurrente tibiale postérieure : elle naît très près de l'origine de l'artère tibiale
antérieure, et a un rôle dans la vascularisation du muscle poplité, de l'articulation tibio
fibulaire proximale, pour ensuite gagner le réseau articulaire du genou.
l'artère circonflexe de la fibula : elle naît juste avant que l'artère tibiale antérieure ne
s'engage dans l'espace interosseux. Elle contourne la face postérieure du col de la fibula et
vascularise la face antérieure de l’épiphyse.
l'artère récurrente tibiale antérieure : elle naît juste après le passage de l'espace interosseux
et se dirige vers le condyle tibial latéral. Elle irrigue l'articulation tibio fibulaire proximale et
la portion proximale des muscles tibial antérieur et long extenseurs des orteils.
l'artère récurrente fibulaire antérieure : Elle naît quasiment au même niveau que la
précédente. Elle traverse le septum intermusculaire antérieur pour vasculariser les muscles
de la loge latérale.
Artère circonflexe
de la fibula
Artère
récurrente tibiale
Artère récurrente
fibulaire
antérieure
Artère tibiale
antérieure
Membrane
interosseuse
Artère dorsale
du pied
Cranial
Médial
Image 6 : Artère tibiale antérieure
et branches collatérales
• Rapports anatomiques de l’artère tibiale antérieure
-
postérieur : la membrane interosseuse
latéral : les muscle long extenseur des orteils et long extenseur de l’hallux
médial : le muscle tibial antérieure
antérieur : les muscles tibial antérieurs, long extenseurs des orteils et de l’hallux
2.2 Embryologie
2.2.1 Embryologie du membre inférieur
Les bourgeons des membres inférieurs apparaissent aux environ du 28 jour du
développement, sur les flancs de l’embryon au niveau des vertèbres L3 à L5. Le membre
inférieur se développe avec un léger retard par rapport au membre supérieur, qu’il rattrape
par la suite. Le développement des membres se déroule entre la 4ème et la 8ème semaine de
la vie embryonnaire.
Ces ébauches de membres sont constituées d’un axe mésenchymateux de
mésoderme recouvert d’ectoderme. Cet ectoderme s’épaissi à certains endroits formant une
crête ectodermique apicale. C’est cette crête qui va constituer l’élément inducteur de la
croissance du bourgeon de membre.
Le mésoblaste de la lame latéral est à l’origine des os des membres, des ligaments, des
tendons et des vaisseaux, alors que les muscles proviennent du mésoblaste somitique. Les
différents os des membres sont issus d’une ossification endochondrale. Au début, les
ébauches osseuses ne sont qu’une condensation en bâton du mésenchyme de la lame
latérale. Ce mésenchyme suit l’axe du membre.
Les cellules mésenchymateuses vont ensuite se différencier en chondrocytes au
niveau de la matrice osseuse et en tissus fibreux au niveau des articulations. Les structures
cartilagineuses vont s’ossifier progressivement, même après la naissance.
Pour les ébauches musculaires, cela commence à la 5ème semaine, avec le mésoderme
somitique qui envahit les bourgeons de membres. Ce mésoderme va se condenser, formant
deux amas cellulaires, l’un ventral et l’autre latéral par rapport à l’axe mésenchymateux du
membre. Le mésoderme va peu à peu être remplacé par des myoblastes. Les muscles du
compartiment postérieur de la jambe dérivent de cette masse musculaire ventrale, alors que
les muscles des compartiments antérieur et latéral de la jambe proviennent de la masse
musculaire dorsale.
En ce qui concerne l’angiogénèse, les artères du membre inférieur dérivent de la
cinquième paire d’artères lombaires intersegmentaires. Les artères iliaques dérivent de cette
5ème lombaire et seront à l’origine de la quasi-totalité du réseau artériel du membre
inférieur. L’artère iliaque interne est aussi une branche de la 5ème lombaire intersegmentaire.
Elle est continuée en distale par l’artère axiale du membre. Cette dernière va régresser
presque dans sa quasi-totalité, ne laissant que l’artère ischiatique, un segment de l’artère
poplitée, et l’artère fibulaire. En proximal, la 5ème artère lombaire donne l’artère iliaque
commune.
2.2.2 Ossification de la fibula
L’ossification permet le remplacement des chondroblastes par des ostéoblastes et
débute aux environ de la 8ème semaine pour la fibula. Ce processus débute dans une zone
appelée centre d’ossification primaire, au centre de la diaphyse fibulaire. Vient ensuite la
première vague d’invasion vasculaire de la matrice cartilagineuse, renforçant ce mécanisme
d’ossification. Parmi ces différentes artères pénétrant dans l’os, une seule persistera et
constituera l’artère nourricière de la fibula. Elle pénètre au milieu de la diaphyse fibulaire
par son foramen Ce n’est qu’après la naissance que vont s’ossifier les épiphyses, à partir des
points d’ossification secondaire.
Cranial
Point d’ossification
secondaire
Antérieur
Point d’ossification
primaire
Point d’ossification
secondaire
Image 7 : Ossification de la fibula
3. Matériel et Méthodes
3.1. Dissections n°1
3.1.1. Matériel
• Sujet
Frais Nº 1 – femme de 79 ans
• Instruments
- manche de bistouri n°4 et lame 23
- pinces à disséquer
- ciseaux
- curette
- écarteurs Faraboeufs
- scie à main
- petite pince à clamper
3.1.2. Méthodes
Nous avons réalisé un premier prélèvement de la jambe droite du sujet frais, au dessus
du genou. La première dissection s’est effectuée en postérieur, au niveau du creux poplité et
s’est poursuivie jusqu’à la cheville. Ensuite nous avons retourné la pièce afin de continuer
l’étude par une voie antérieure. Une incision en « T » est réalisée, avec le parti vertical partant
de la projection cutanée du condyle tibial latéral.
3.2. Dissections n°2
3.2.1. Matériel
• Sujet
Frais Nº 2 – homme de 78 ans
• Instruments
- manche de bistouri n°4 et lame 23
- pinces à disséquer
- ciseaux
- curette
- petite pince à clamper
- écarteurs Faraboeufs
- scie à main
- matériel pour injection : cathéter, seringue, latex rose (60cc), acide acétique dilué
3.2.2. Méthodes
Pour mettre en évidence la vascularisation artérielle de la jambe, l’artère fémorale a
été injectée avec du latex.
Le sujet est placé en décubitus dorsal, une incision de quelques centimètres de
longueur est réalisée au niveau de la projection cutanée du sartorius. Une fois l’artère
fémorale repérée, l’incision est agrandie afin de suivre le trajet de l’artère en distal et de se
rapprocher du genou. Le but étant de limiter les pertes de latex en injectant les artères
collatérales de l’artère fémorale qui vascularisent la cuisse. Un cathéter est placé dans l’artère
et la préparation de latex est injectée (60cc). L’acide acétique joue le rôle de catalyseur en cas
de fuite du latex. Comme pour la dissection précédente la pièce anatomique est prélevée en
sciant au dessus du genou.
La dissection de la pièce est réalisée suivant une technique différente. Nous avons
utilisé une voie d’abord latéral. Une incision est réalisée de la tête fibulaire à la malléole
latérale jusqu’au fascia musculaire. La dissection est réalisée entre le muscles long fibulaire
en avant et soléaire en arrière. Cette voie d’abord a été décrite par Gilbert et trouve son
application en chirurgie. La face antéro latérale de la diaphyse fibulaire est progressivement
libérée de ses insertions musculaires (muscles long et court fibulaire), en prenant garde de ne
pas trop léser les fines ramifications artérielles accolées au périoste. Nous poursuivons ensuite
en postérieur : le chef fibulaire du soléaire est réséquer et l’on retrouve le pédicule tibial
postérieur et fibulaire plus loin. La face postérieure de la diaphyse fibulaire est mise en
évidence ainsi que les éléments constituant sa vascularisation. L’injection au latex est une
technique qui permet de préserver les différentes branches artérielles. La dernière étape de la
dissection correspond à une voie d’abord antérieur, nous repérons le pédicule tibial antérieur
comme effectué précédemment et nous poursuivons la dissection jusqu’à son émergence. Les
différentes branches partant de la portion proximale de l’artère tibiale antérieure sont mises en
évidence. Ceci est facilité en dernier recours par l’élimination de la tête fibulaire.
3.3. Diaphanisation
3.3.1. Matériel
• Sujets
Frais Nº2 – homme de 78 ans
• Instruments
- manche de bistouri nº4 et lame 23
- cathéter
- pinces à disséquer
-petite pince à clamper
- ciseaux
- encre de chine
- gélatine
- eau
- formol a 10%
- acide chlorhydrique à 10%
- eau oxygénée
- alcool à 50°, 70°, 90° ; 95°, pur
- toluène
- verrerie étanche
- alcoolomètre
3.3.2. Méthodes
• Injection du sujet Nº2
La diaphanisation va être réalisé à partir du même sujet anatomique, sur le membre
inférieur gauche. Le membre inférieur droit ayant été utilisé pour l’injection au latex. On
applique la même méthode pour retrouver l’artère, isolé le point d’injection. On porte à
ébullition une solution d’eau, de gélatine et d’encre de chine que l’on laisse refroidir à
température ambiante. Ensuite on injecte progressivement cette solution, l’ensemble de la
pièce se colore en noir. On laisse la pièce reposer 24h à température ambiante, pour donner le
temps à la solution de diffuser et à la gélatine de se solidifier. La pièce est ensuite mise au
frais pendant quelques jours.
• Le prélèvement
A partir de la pièce injectée, on prélève la fibula.
• La fixation
La pièce est fixée dans une solution de formol à 10% pendant 48H.
• La décalcification
C’est un temps très délicat de la diaphanisation. La pièce osseuse est placée dans des bains
d’acide chlorhydrique à 10% pendant 2 jours. La surveillance de la décalcification s’effectue
en piquant, très prudemment, les parties osseuses au moyen d’une fine aiguille. La
décalcification est une étape qui fragilise énormément la pièce, la moindre manipulation peut
léser la pièce. La fibula étant un os long et fin, le simple fait de la sortir du bain d’acide
chlorhydrique a provoqué sa fracture. Nous avons donc deux pièces osseuses pour la suite de
la procédure.
• Le blanchiment
Les pièces sont placées dans un bain d’eau oxygénée à 30 volumes pendant 4 jours.
L’eau oxygénée blanchit les pièces à l’intérieur et à l’extérieur, mais elle a aussi une action
décalcifiante supplémentaire sur les pièces.
• Le rinçage
On effectue un rinçage des pièces pour éliminer l’eau oxygénée pendant 48H.
• La déshydratation
Les coupes sont placées dans des bains d’alcool successifs de concentration
progressivement croissante : 50°, 75°, 90°, 95° en terminant par un bain d’alcool pur.
Chaque bain dure en moyenne 3 jours, les pièces ne sont pas rincées entre les bains. La
déshydratation est jugée complète si le degré d’alcool du dernier bain reste fixé à 100°.
Toutefois, l’alcool utilisé n’étant qu’à 95°, le bain d’alcool pur n’est pas accessible. On juge
la déshydratation correcte lorsque l’alcoolomètre indique une valeur aux alentours de 93°/94°.
• Le dégraissage
La technique du dégraissage utilisée est différente de la technique originelle. Ici nous
avons utilisé du toluène. Les pièces sont placées dans un récipient bien fermé, remplis de
toluène, pendant environ une semaine. Les bains ne sont pas renouvelés. Le dégraissage est
jugé terminé lorsque les pièces apparaissent translucides, permettant la visualisation des
vaisseaux intra-osseux injectés à l’encre de chine.
• L’élimination des bulles d’air
Les bulles d’air résiduelles sont éliminées par aspiration à l’aide d’une fine aiguille et
d’une seringue. Pour exploiter les résultats de la diaphanisation, les pièces osseuses doivent
rester immergées, car le contact avec l’air fait réapparaître les bulles d’air.
4. Résultats
4.1 Dissection n°1 :
4.1.1 Voie d’abord postérieure
Nous avons abordé cette première pièce anatomique en disséquant la face
postérieure, afin de mettre en évidence les différents constituants du creux poplité.
Droit
e
Caudal
Gastrocnémien
latéral
Nerf fibulaire
commun
Artère
Soléair
Nerf tibial
Gastrocnémien
médial
Veines
poplitées
Image 8 : Creux poplité
L’artère poplitée étant mise en évidence, entourée de ses deux veines, nous allons
pouvoir poursuivre la dissection en direction caudal, en suivant ce tronc artériel.
L’artère poplité s’engage dans l’arcade tendineuse du soléaire, nous avons donc
réséqué ce muscle. La bifurcation de l’artère poplité en artère tibiale antérieure et artère tibiale
postérieure n’est pas visible sur cette vue postérieure. Cependant l’artère tibiale postérieure
reste accessible, et nous avons pu isoler sa principale collatérale qui est l’artère fibulaire.
Cette dernière naît quelques centimètres après la bifurcation du tronc poplité.
Cranial
Droite
Muscle tibial
postérieur
Epiphyse
fibulaire
proximale
Artère tibiale
postérieure
Diaphyse
Muscle long
fléchisseur
de l’hallux
Artère
fibulaire
Image 9: Vue postérieure de la jambe
Ce pédicule tibial postérieur, puis fibulaire longe le bord médial de la diaphyse
fibulaire, repose sur le muscle tibial postérieur. L’artère et les veines fibulaires s’engagent
ensuite sous le muscle long fléchisseur de l’hallux, qui a sont insertion proximale sur la
moitiée distale de la diaphyse fibulaire.
Nous avons poursuivi la dissection en désinsérrant l’insertion proximale du muscle
long fléchisseur de l’hallux. Cette dissection plus distale nous a permis de repérer l’artère
nourricière de la fibula. C’est une très fine branche partant de l’artère fibulaire, de seulement
quelques millimètres de long, et qui gagne le centre de la diaphyse fibulaire par son foramen.
L’artère nourricière pénètre dans la diaphyse sur son versant postero-médial.
Droit
e
Caudal
Artère
nourricière
Veine
diaphysaire
Veines
fibulaires
Artère
fibulair
Image 10 : Artère et veine diaphysaires
4.1.2 Voie d’abord antérieure
Nous avons poursuivi la dissection de cette première pièce par une voie d’abord
antérieur. Ce nouvel angle nous a permis d’étudier l’artère tibiale antérieure. Nous avons
réalisé une incision cutanée verticale partant du condyle tibial latéral. Une fois la peau
éliminée, nous avons pu retrouver l’artère en écartant le muscle tibial antérieur d’une part et
les muscles long extenseur des orteils et long extenseur de l’hallux d’autre part.
Gauche
Caudal
Membrane
interosseus
Muscle long
extenseur des
orteils
Image 11 : Vue antérieure de la jambe
Muscle
tibial
antérieur
Artère
tibiale
L’artère tibiale antérieure est issue de la bifurcation de l’artère poplitée. Cette
séparation a lieu juste en dessous de l’arcade du soléaire, puis l’artère tibial antérieur gagne la
loge antérieur de la jambe en passant par un trou aménagé au niveau de la membrane
interosseuse. Dans la loge antérieure de la jambe, l’artère est un élément profond, reposant sur
la membrane interosseuse et encadrée par les muscles de la loge antérieur. Nous retrouvons en
médial et en avant de l’artère la muscle tibial antérieur, en latéral et en avant le muscle long
extenseur des orteils pour la moitié proximale et le muscle long extenseur de l’hallux pour la
moitiée distale.
Antérieu
r
Caudal
Artère
tibial
antérieur
Artère
poplitée
Image 12 : vue latérale de la diaphyse fibulaire
Muscle
long
fibulaire
Artère
tibial
postérieur
Nous avons poursuivie la dissection en remontant l’artère tibial antérieur en proximal afin de
retrouver son origine. Pour cela, nous avons désinsérer les différents muscles présents sur la
diaphyse fibulaire, comme le muscle long extenseur des orteils et les muscles de la loge
latérale de la jambe. Ensuite, nous avons à l’aide d’une scie à mains, coupé une petite portion
de la diaphyse fibulaire afin d’avoir accès à l’origine de l’artère tibiale antérieur.
Antérieu
r
Caudal
Image 13 : vue latérale, après ostéotomie
Artère
tibial
antérieur
Muscle
tibial
antérieur
Artère
tibial
postérieur
Artère poplité
Muscle
long
fibulaire
Cette première dissection avait surtout pour but de repérer les principaux troncs
artériels participant à la vascularisation de la fibula, ainsi que leurs rapports anatomiques au
cours de leurs trajets. Les différentes branches et collatérales de ces grandes artères n’ont pas
été abordées mais nous avons pu les étudier plus précisément au cours de la deuxième
dissection.
4.2 Dissection n°2 : Pièce injectée au latex
L’injection artérielle d’une pièce anatomique au latex permet de conférer aux artères
une résistance supérieure, et donc de les préserver plus facilement au cours de la dissection.
Ainsi il est plus facile de les identifier.
4.2.1 Voie d’abord latérale
La première étape de la dissection se fait par une voie d’abord latérale comme celle
décrite par Gilbert dans les prélèvements de fibula. Nous accédons ainsi à la diaphyse
fibulaire en passant entre les muscles soléaires et long fibulaire. La diaphyse fibulaire est
libérée de ses insertions musculaires. Nous prendrons garde à enlever les muscles
progressivement, en laissant au préalable une fine couche musculaire sur la diaphyse pour
ensuite éliminer les lambeaux restant petit à petit. Ceci dans le but de préserver les éventuels
rameaux périostés.
A l’issue de cette dissection latérale, nous avons pu mettre en évidence un très fin
réseau artériel cheminant à la face latérale de la diaphyse fibulaire. Ces petites artères
proviennent de branches plus importantes qui ont perforées les septa. Ces branches sont donc
issues d’artères se trouvant dans les loges postérieures et antérieures de la jambe. Nous
pouvons donc remarquer que la vascularisation de la face latérale de la diaphyse fibulaire est
sous la dépendance d’artères provenant de la loge antérieure et de la loge postérieure. La
répartition anatomique entre les deux réseaux semble équitable.
Cranial
Antérieu
r
Nerf
fibulaire
commun
Muscle
long
fibulaire
Réseau
artériel
périosté
Muscle
soléaire
Septum
intermusculair
e antérieur
Septum
intermusculaire
latéral
Image 14 : Vue latérale de la diaphyse fibulaire
4.2.2 Voie d’abord postérieure
Nous allons tout d’abord nous intéresser au réseau artériel de la loge postérieure, pour
cela nous avons retourné la pièce afin de poursuivre la dissection en postérieur. Après avoir
éliminé les tissus superficiels, nous avons réséqué les gastrocnémiens pour atteindre le muscle
soléaire que nous avons réséqué à son tour, très prudemment. Nous avons aussi récliné le
muscle long fléchisseur de l’hallux par la suite.
Cranial
Droite
Section du
muscle soléaire
Artère
tibiale
antérieur
Tendon
du
soléaire
Artère tibiale
postérieure
Artère
fibulaire
Fascia du
muscle tibial
postérieur
Muscle long
fléchisseur de
l’hallux récliné
Face postérieure
de la fibula
Réseau artériel
périosté
Image 15 : Eléments profonds de la loge postérieur
Les différents muscles superficiels de la loge postérieure ayant été éliminés, nous
pouvons mettre en évidence la composante vasculaire. Au niveau des insertions tendineuses,
nous ne retrouvons pas de réseau artériel périosté. Nous pouvons supposer que la
vascularisation provient directement des muscles et que le réseau est trop fin au niveau des
tendons pour être détecté. Ceci est repérable à la moitié proximale de la fibula, au niveau de
l’insertion du soléaire et du long fléchisseur de l’hallux. En distal, nous avons pu identifier un
réseau artériel qui s’étend sur la moitié de la face postérieur de la fibula. Ces artères sont
issues de l’artère fibulaire. Nous observons que la première branche issue de l’artère fibulaire
s’insère dans le tendon du soléaire. Elle devrait participer à la vascularisation de l’os par
l’intermédiaire du tendon.
Antérieur
Caudal
Septum latéral
Artère perforante
Rameaux latéraux
Rameaux
postérieurs
Image 16 : Vue latérale de la diaphyse fibulaire
Nous pouvons constater que l’artère fibulaire donne des branches qui perforent le
septum latéral pour gagner la loge antérieure de la jambe. Avant de perforer le septum, elles
donnent quelques rameaux artériels pour la face postérieure de la diaphyse fibulaire. Le
réseau périosté de la face latérale de la fibula décrit précédemment est issu de l’artère
fibulaire. Nous constatons que les artères perforantes donnent des rameaux pour le périoste de
la face latéral juste après le franchissement du septum.
4.2.3 Voie d’abord antérieure
Nous poursuivons la description en étudiant la pièce par une voie d’abord antérieur.
Les muscles long fibulaire et long extenseur des orteils sont réséqués, laissant apparaitre
l’artère tibiale antérieure. La pièce est ensuite disposée sur le coté, la vue latérale facilitant
l’interprétation.
Antérieur
Caudal
Muscle
long
fibulaire
Artère récurrente
fibulaire
antérieure
Muscle long
extenseur des orteils
Artères
perforantes
Muscle tibial
antérieur
Réseau artériel
périosté
Muscle long
extenseur de
l’hallux
Image 17 : Dissection de la loge antérieure
Grâce à cette dissection, nous pouvons constater que le réseau artériel périosté est issu
de branches collatérales de l’artère tibiale antérieure. Ces collatérales perforent le septum
intermusculaire antérieur pour gagner la loge latérale et prendre en charge la vascularisation
d’une partie de la fibula.
A présent, nous allons chercher à mettre en évidence la vascularisation de l’épiphyse
proximale de la fibula. Pour cela nous avons libérer la tête fibulaire des ses insertions
tendineuses (muscle long fibulaire).
Cranial
Antérieu
r
Artère récurrente
tibiale antérieure
Artère
circonflexe de la
fibula
Artère
récurrente
fibulaire
antérieure
Muscle
long
fibulaire
Image 18 : Vue latérale de la tête fibulaire
Nous avons pu identifier un certains nombres de branches issues de la portion
proximale de l’artère tibiale antérieure. Ici nous pouvons remarquer que ces différentes artères
donnent de petites ramifications adressées à la métaphyse ou à l’épiphyse.
La première branche étudiée est l’artère circonflexe de la fibula : elle naît dans la loge
postérieure et contourne le col de la fibula. Nous retrouvons de fins rameaux artériels
remontant vers la tête fibulaire.
La deuxième artère repérée est l’artère récurrente tibiale antérieure, qui remonte vers
le condyle tibial latéral. Elle donne une branche qui contourne l’articulation tibio-fibulaire et
devrait participer à la vascularisation de la tête fibulaire. Pour finir, nous retrouvons l’artère
récurrente fibulaire antérieure qui donne aussi de légères branches grimpant vers l’épiphyse.
Cranial
Droite
Rameaux
épiphysaires
Artère
récurrente tibiale
postérieure
Artère
circonflexe de la
fibula
Artère tibiale
antérieure
Image 19 : vue postérieure de la tête fibulaire
Sur cette image nous pouvons repérer l’émergence de l’artère circonflexe de la fibula.
Cette artère donne des rameaux qui remontent vers l’épiphyse. Elle doit donc participer à la
vascularisation de la face postérieure de la tête fibulaire.
Nous repérons aussi l’artère tibiale postérieure dans le fond.
La dernière étape consiste à éliminer la tête de la fibula. Pour cela nous avons utilisé
une scie à main pour couper la diaphyse. La capsule de l’articulation tibio-fibulaire proximale
est incisée pour libérer l’épiphyse.
Cranial
Gauche
Surface articulaire
fibulaire
Artère
récurrente tibiale
postérieure
Artère récurrente
tibial antérieur
Artère
circonflexe de la
fibula
Artère récurrente
fibulaire
antérieure
Image 20 : Epiphysectomie
En enlevant la tête de la fibula, nous pouvons accéder à l’ensemble des artères. Le
latex permet aux artères de conserver leur forme originelle. Ainsi, même sans l’épiphyse, les
artères dessinent la forme de la tête fibulaire.Nous pouvons remarquer que les deux artères
récurrentes tibiales contournent l’articulation tibio-fibulaire et participent donc à sa trophicité.
Les différentes dissections et interprétations que nous avons pu faire, portent
d’avantage sur la moitié proximale de la fibula, que sur la portion distale. Ceci est tout à fait
volontaire et directement lié aux applications cliniques, qui seront vues ensuite.
4.3 Diaphanisation
Nous avons tenté de réaliser une diaphanisation en prélevant la fibula gauche du sujet
n°2. Cette technique longue et complexe n’apporte pas toujours les résultats espérer. Au cours
de la préparation, la longueur de la pièce et sa fragilité ont entrainé sa cassure à la suite d’une
mauvaise manipulation. Le processus de diaphanisation étant bien entamé, nous avons décidé
de poursuivre ainsi. Nous avons donc deux pièces osseuse, la cassure ayant eu lieu a environ
10cm de l’épiphyse proximale. Au bout de plusieurs semaines nous sommes arrivés à la
dernière étape, qui est le bain de toluène. Ce dernier bain a pour but de rendre les pièces
osseuses transparentes afin de distinguer le réseau artériel intra osseux.
Après 2 jours d’immersion dans le toluène, le résultat obtenu est mitigé. La grande
pièce, comprenant la quasi totalité de la diaphyse et l’épiphyse distale est bien devenue
transparente, excepté 5cm qui jouxte la cassure. De même la petite pièce osseuse
correspondant à l’épiphyse proximale est restée totalement blanche. Cela compromet
fortement les résultats car les parties qui restent blanches correspondent aux la zones qui nous
intéressaient plus particulièrement.
Nous avons décidé de laisser les pièces dans leur bain de toluène encore quelques
temps. Nous constatons que la grande pièce se recalcifie peu à peu, elle redevient blanche
alors que l’extrémité devient transparente progressivement. Le toluène ne semble pas agir à la
même vitesse sur la pièce. Cela doit être du à la cassure.
A l’heure ou nous écrivons ces mots, les pièces sont toujours dans le toluène et nous
avons pu constater que l’épiphyse proximale a tendance à devenir translucide aussi, mais par
manque de temps, cela ne pourra pas être interpréter.
Interprétation
La seule entité identifiable est l’artère centromédullaire, cependant en raison de la
cassure, il n’est pas possible de caractériser jusqu’où elle remonte en proximal.
Image 21 : Diaphanisation
Cranial
Postérieur
Artère
centromédullaire
5. Discussion
Application clinique : le transfert de fibula vascularisée
La fibula est un os cortical longitudinal, solide, dont la vascularisation est simple. Ses
caractéristiques en font une pièce de choix pour combler les pertes de substances osseuses
étendues (>5cm). En effet, avec l’avènement de la microchirurgie, le transfert d’os vascularisé
est devenu une méthode simple, peu coûteuse, n’entrainant que des complications bénignes et
dont les résultats sont définitifs et corrects sur le plan fonctionnel. La fibula est un os qui a le
profil idéal pour ce genre de reconstruction, et les possibilités sont multiples. Elle peut être
utilisée pour remplacer un humérus, un radius, un fémur, un tibia. On peut considérer qu’il y a
jusqu’à 30cm de fibula disponible pour une reconstruction. Le prélèvement se fait en
homolatéral par rapport à l’os à reconstruire, suivant la technique de Gilbert. La fixation du
lambeau osseux est réalisée par ostéosynthèses et les anastomoses vasculaires aux troncs
artériels du site receveur par microchirurgie.
Dans certains cas, en particulier chez l’adulte, le transfert ne va concerner qu’une
portion de la diaphyse fibulaire. La perte de substance est liée à une cause traumatique et
oncologique. Il faut alors prélever le pédicule adapté. La diaphyse fibulaire a une double
vascularisation : l’une est centromédullaire et vient de l’artère nourricière de la fibula, l’autre
est périosté, avec des branches périostées directes ou musculo périostées. L’ensemble de cet
apport artériel provient de l’artère fibulaire. Le prélèvement diaphysaire comprend donc le
pédicule fibulaire.
Dans tous les cas de transferts de fibula, il est très important de préserver au minimum
7cm en distal, afin de ne pas entrainer de conséquences mécaniques sur la cheville (valgus).
De même l’on préserve la partie proximale de la fibula, car la vascularisation de cette portion
est différente et donc ne sera pas irriguée si l’on prélève uniquement l’artère fibulaire.
Les situations où les transferts de fibula vascularisée sont beaucoup utilisés sont en
oncologie, pour reconstruire un os long après une résection tumorale. Les enfants sont en
particulier concernés par cette méthode : après la résection d’une tumeur osseuse comme un
ostéosarcome, il est nécessaire de rétablir la continuité osseuse, mais surtout la croissance
osseuse. En effet il s’agit le plus souvent de jeunes enfants, et la règle en chirurgie
oncologique est le sauvetage des membres et ainsi permettre à ces enfants de poursuivre une
vie normale. Pour préserver la croissance osseuse du greffon, on prélève la partie proximale
de la fibula en plus. Le greffon est donc constituer d’une partie de la diaphyse, de la
métaphyse et de l’épiphyse proximale ainsi que de pédicules correspondant. Le pédicule
fibulaire est prélevé pour assurer la survie de la portion diaphysaire et le pédicule tibial
antérieur pour permettre la trophicité de la partie proximal et surtout pour rétablir une
croissance osseuse chez l’enfant. Ceci correspond à un transfert de fibula bi-pédiculé.
La stabilité et la consolidation du greffon peuvent prendre du temps (>24 mois), mais le
résultat obtenu sera définitif.
Les résultats sont appréciés sur un plan radiologique, en remarquant un épaississement du
transplant, une consolidation au niveau des extrémités, une hypertrophie, mais surtout sur un
plan fonctionnel, en évaluant la douleur, la mobilité et la dextérité à l’aide d’un score (score
Enneking)
Cette technique présente un certain nombre d’avantages :
-
sa voie d’abord est simple
elle est peu coûteuse (par rapport à une prothèse)
les reconstruction peuvent aller jusqu’à 30cm
le résultat est définitif même si cela peux prendre du temps
les complications sont bénignes par rapport au gain de fonctionnalité
le cartilage de croissance peut être utilisé pour préserver une croissance osseuse
de même le cartilage articulaire de l’épiphyse peut servir à reconstruire une tête fémorale ou
humérale
la technique permet un prélèvement tout en préservant le membre prélever et sa fonction
Il peut cependant avoir un certain nombre de petites complications au niveau du site donneur :
-
une rétraction du muscle long fléchisseur de l’hallux
une atteinte du nerf fibulaire commun (parésie sur son territoire d’innervation, mais ceci est
transitoire)
un valgus de la cheville
un genou varum
une griffe du premier orteil
une fracture du tibia (car la fibula supporte entre 1/6 et 1/8 de la charge)
Le site receveur n’est pas épargné par les complications :
-
la fibula peut se fracturer, mais cela est corrigé rapidement par une chirurgie orthopédique
le site receveur peut être sujet à une infection
on peut retrouver une déviation axiale du membre
l’échec vasculaire entrainant la nécrose du greffon et donc l’amputation du membre
demeure cependant très rare.
Dans les cas de prélèvement de fibula bi-pédiculée, il est légitime de considérer que le
sacrifice vasculaire est trop important au niveau du site donneur. Il serait préférable de
prélever un unique tronc artériel au lieu de deux, tout en assurant la trophicité de l’ensemble
du greffon. Le choix se fait entre l’artère fibulaire et l’artère tibiale antérieure. En ce qui
concerne l’artère fibulaire, nous avons vu qu’elle prenait en charge la vascularisation de la
diaphyse par un réseau périosté et un réseau centromédullaire. Cependant la diaphanisation ne
nous a pas apportée d’interprétation concluante sur l’étendue de ce réseau centromédullaire et
en particulier sur ses limites en proximal. Nous ne pouvons donc pas conclure sur le fait que
l’artère fibulaire suffirait aux besoins du greffon diaphyse + cartilage de croissance +
épiphyse. Pour l’artère tibiale antérieure, les dissections nous ont permis de mettre en
évidence que cette artère est impliquée dans la vascularisation de l’épiphyse et de la
métaphyse. Elle donne aussi des branches périostées au cour de son trajet dans la loge
antérieure. Cette artère est donc impliquée dans la vascularisation des trois composantes du
greffon. Il reste encore à déterminer à quel niveau elle est impliquée dans la trophicité
diaphysaire. Son seul apport suffit-il à la survie de cette partie du greffon. Pour cela il serait
intéressant de connaitre son territoire vasculaire précis au niveau diaphysaire, ainsi que
l’importance des anastomoses entre le réseau centromédulllaire et périosté.
6. Conclusion
L’objectif de ce travail était d’essayer caractériser les territoires vasculaires de l’artère
tibiale antérieure et de l’artère fibulaire et de les corréler à l’application clinique.
Territoire vasculaire de l’artère fibulaire :
Cette étude ne va concerner que le territoire osseux pris en charge par l’artère
fibulaire. Depuis son origine l’artère fibulaire donne des branches qui vont perforer le septum
intermusculaire latéral et participer à la vascularisation de la face latérale de la diaphyse en
formant un réseau périosté, probablement anastomosé avec le réseau provenant de l’artère
tibiale antérieure. Le réseau périosté de la face postérieur de la fibula est directement issu de
l’artère fibulaire, mais il est moins dense et plutôt localisé en distal. La partie proximale de la
face postérieure de la diaphyse étant occupée par les insertions tendineuses, la vascularisation
osseuse se fait par l’intermédiaire des muscles. A ce niveau la trophicité musculaire dépend de
cette même artère fibulaire. Il ne faut pas oublier l’artère nourricière qui est une branche de la
fibulaire et qui est à l’origine d’un réseau centromédullaire. Cependant, la tentative
d’approche de ce réseau par une diaphanisation ne s’est pas avérée fructueuse. Il persiste donc
quelques lacunes sur le territoire osseux pris en charge par l’artère fibulaire.
Territoire vasculaire de l’artère tibiale antérieure :
Au cours des dissections, nous avons pu remarquer que la portion proximale de
l’artère tibiale antérieure était relativement bien impliquée dans la vascularisation de la fibula.
Cette remarque est surtout applicable pour l’épiphyse proximale et la face latérale de la
diaphyse. En effet, sur son parcours dans la loge antérieure de la jambe, elle donne de petites
collatérales qui vont constituer un réseau périosté, qui va s’ajouter à celui constituer par
l’artère fibulaire. L’os cortical de la face latérale est donc pris en charge par deux artères.
Cependant la prédominance de l’une ou l’autre des artères ne peut pas être déterminée ici.
L’épiphyse, ainsi que la métaphyse sont sous la dépendance de l’artère tibiale antérieure.
Nous avons retrouvé des collatérales qui cheminaient vers la tête fibulaire, formant parfois de
très légères ramifications adhérentes à l’épiphyse.
Aux vues des résultats, il est évident que dans une situation de reconstruction ne
concernant qu’une partie de la diaphyse, le pédicule adapté est le pédicule fibulaire. Si la
préservation d’une croissance osseuse est indispensable, on doit y associer le pédicule tibial
antérieur. Les différentes observations faites ne nous permettent pas de conclure sur une
éventuelle subsistance de l’ensemble de la pièce avec un seul pédicule adjoint. Les travaux
menés sur le réseau centromédullaire ne nous permettent pas d’associer l’artère fibulaire à la
vascularisation de l’épiphyse proximale de la fibula. Et en ce qui concerne l’artère tibiale
antérieure, nous ne pouvons déterminer si le réseau périosté de la face latérale suffit à lui seul
à l’irrigation de l’ensemble de la diaphyse, en absence d’artère fibulaire.
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