Dire l’autre et l’ailleurs : mythes et épopées Question : que recherche la société quand elle contribue à la production d’une littérature épique, ou d’une écriture mythique ? Est-ce un but similaire à celui de la littérature utopique ? 1- Le mythe du déluge Image 1 Les mythes, les épopées, les légendes existent dans toutes les sociétés et civilisations. Nous pouvons retrouver les mêmes mythes sous des formes différentes dans plusieurs sociétés à toutes les époques et dans toutes les régions. Ainsi le mythe du déluge existait dans les cultures mésopotamiennes (l’épopée d’Atrahasis ou de Gilgamesh) aussi bien que chez les grecs ou les romains de l’antiquité (déluge de Deucalion), les récits bibliques et coraniques, les textes sacrés de l’indouisme et de la civilisation maya et dans bien d’autres mythologies et civilisations. Cet épisode mythique est universellement répandu. Il montre un besoin de toutes les sociétés qui l’ont développé de répondre à des questions d’ordre philosophique à travers la création de mythes. Un exemple flagrant est celui de la bible qui à des fins de morale (ou de philosophie) utilise le mythe du déluge déjà existant à l’époque de sa rédaction. Le morale est de bien se comporter envers les autres sauf si on a envie de se faire emporter par les eaux ! 2 – Le déluge : conclusion A défaut pour le moment de répondre à la question générale sur les sociétés, nous pouvons dire que les religions ou dogmes utilisent les mythes pour répandre leur conception du monde et de la morale au plus grand nombre. Ainsi les mythes influencent le comportement de leurs auditeurs ou de leurs lecteurs par leur morale : « il ne faut pas suivre l’exemple de certains, vous avez vu ce qui leur est arrivé », ou au contraire « il faut suivre cet exemple ». Les religions et mythologies ont aussi cherché à répondre à des problèmes d’ordre scientifique par une explication mythologique puisque la compréhension scientifique du phénomène n’était pas à leur portée. Les mythes sont des métaphores des travers de l’Humanité qui ont pour but de les corriger. 3- Le mythe de l’Atlantide L’Atlantide est sûrement le mythe qui a le plus fasciné de part l’Histoire. Ce mythe n’a jamais autant inspiré que de nos jours. On y fait référence en littérature, en musique, dans le cinéma, bref dans tous les domaines artistiques, mais aussi (et beaucoup !) dans les jeux vidéo. Le nom de l’Atlantide est quasiment entré dans le langage courant, on peut même le retrouver dans des noms de magasins ou de discothèques (ce qui au premier abord n’a rien à voir avec le mythe). Le mythe trouve sa source à l’époque de l’apogée d’Athènes. C’est Platon qui ce pays mentionne pour la première fois dans ses œuvres Timée et Critias. Image 2 L’Atlantide est un continent doté d’une civilisation parfaite. De nombreuses personnes ont recherché cette cité perdue sans comprendre que la portée du mythe de l’Atlantide est morale. C’est une utopie qui permet à travers la description de cette société parfaite de critiquer la société réelle. Il existe plusieurs descriptions de l’Atlantide, qui se complètent ou s’opposent mais souvent ce ne sont que des détails qui divergent. 4- Ouverture sur la fiction Image 3 Les récits de Lucien de Samosate, Cyrano de Bergerac, au bien d’autres auteurs (comme Voltaire, Micromégas) vont plus loin que les mythes. Les voyages extraordinaires sont plus littéraires et ne sont pas vraiment des mythes dans le sens où l’on sait que ce sont des œuvres de fictions. Ces récits servent souvent de prétextes à la satire de leur époque. Voltaire a choisi d’utiliser cette forme afin de critiquer la société française de l’époque des Lumières et pour contourner la censure royale. La création de mythes ou de voyages extraordinaires délivre un message dissimulé derrière une forme qui ne peut être attaquée. Ces auteurs sont ainsi des moralistes. 5- Science-fiction et mythes Image 4 On peut dire de ce domaine moderne de la littérature et de la cinématographie qu’il est d’une certaine façon un dérivé des mythes. Certains spécialistes classent d’ailleurs Lucien de Samosate et Cyrano de Bergerac comme des auteurs avant-gardistes de science-fiction car ils décrivent des mondes imaginaires extraterrestres. Bien que la science-fiction soit le plus souvent associée aux films d’action ou de divertissement (comme Star Wars) les histoires de science-fiction ont une portée morale (pour exemple Terminator qui dénonce les dangers des progrès dans l’intelligence artificielle tout en étant un film d’action. A noter que les récits sur les dangers de l’intelligence artificielle existent déjà depuis plusieurs décennies). La transposition de l’histoire sur des mondes imaginaires (ou même réels, comme la Lune ou Mars) permet de fonder des civilisations en proie à des problèmes qui pourraient nous survenir dans un futur, proche ou lointain. C’est un exercice proche de l’utopie, sauf que la civilisation n’est pas forcément parfaite. 6- Conclusion générale La valeur morale des mythes est éternelle mais si un mythe devient vrai, ou est rationalisé, il perd sa valeur morale. On ne doit donc pas chercher à savoir si les mythes sont vrais ou faux. Ce sont des œuvres littéraires chargées d’une grande valeur morale. La littérature occupe ici une place politique. On ne doit pas non plus chercher à détruire l’argumentation des mythes. Un mythe n’est ni faux ni vrai. Tant qu’il restera ainsi il ne perdra pas sa portée. Utopies et mythes ne sont pas synonymes. Tandis qu’une utopie raconte précisément un monde supposé réel, un mythe a toujours un aspect de récit. Il se base sur des références réelles (de lieu, de temps, de circonstance…) et est une situation plus qu’une description. Par les mythes, la société recherche à s’améliorer, à trouver ses fondements, à s’identifier. Les mythes exposent une doctrine, analysent le comportement humain. Aujourd’hui, on peut dire que la science-fiction est un équivalent (une remplaçante) de la mythologie mais c’est une littérature qui se revendique de fiction. Sources : Wikipédia.org Blogs de littérature Google Images Savoir des élèves ! Image 1 : tirée d’un blog de littérature. Il s’agit d’un texte gravé du troisième millénaire relatant l’épopée de Gilgamesh provenant de Mésopotamie. Image 2 : Carte représentant l’Atlantide au cœur de la méditerranée, de l’époque classique (années 1700), selon Platon et Diodore. Image 3 : Voltaire représenté à la résidence de Frédéric II en Prusse. Gravure de Pierre Charles Baquoy. Image 4 : Planète-cité de Coruscant, telle dépictée dans Star Wars. Clément West / Antonin Monnier