Sous la direction de Annie Collognat Avec Catherine Bouttier-Couqueberg et Marguerite Vaudel et la collaboration de Nicole Rastetter AU BONHEUR DES DIEUX Petit dictionnaire de mythologie grecque Avant-propos d’Annie Collognat AVANT-PROPOS Avant-propos Le mystère des origines Novembre 2014 : parti de la planète Terre plus de dix ans auparavant, un minuscule robot s’est posé sur une comète fort lointaine, qui tourne en boucle autour du soleil. Dans le nuage de poussière provoqué par son arrivée, il a pu « renifler » des molécules de « carbone organique »… et voilà que la communauté scientifique espère pouvoir enfin expliquer l’origine de la vie sur Terre : en percutant sa surface il y a des milliards d’années, les comètes lui auraient livré ces premières « briques » moléculaires indispensables à l’émergence de toute forme de vie, telle que nous sommes capables de la définir aujourd’hui. 750 avant J.-C. : le poète grec Hésiode demande aux Muses de lui expliquer l’origine de l’univers et de la vie. « Salut, filles de Zeus ! Donnez-moi votre chant qui ravit ! Célébrez la race sacrée des immortels qui vivent toujours et qui sont nés de la Terre et du ciel étoilé, et aussi de la ténébreuse Nuit, ceux qu’a nourris le flot salé de la Mer. Dites comment sont nés les dieux, et la terre, et les fleuves, et l’immense mer aux flots bouillonnants, et les astres resplendissants, et, au-dessus, le large ciel ; dites de qui sont nés les dieux, source de tous les biens, et comment, s’étant partagé les honneurs et les richesses dès l’origine, ils s’emparèrent de l’Olympe aux nombreux sommets. Dites-le-moi, Muses qui habitez les palais olympiens, depuis le début, oui, dites-moi quel fut le commencement en remontant jusqu’au premier de tous. » (Théogonie, vers 104-115) I Au bonheur des dieux Des mythes et des merveilles Les hommes cherchent toujours à savoir ; ils veulent comprendre pourquoi, quand et comment ; ils pensent pouvoir percer les mystères de la nature. Bien avant la parole des savants, c’est dans la parole des poètes – mythos en grec – qu’ils ont trouvé comment est né le monde où ils vivent, comment du chaos originel est sorti le cosmos, l’univers organisé où chacun a trouvé sa place, immortels et mortels, animés et inanimés. En effet, de cosmogonie (création de l’univers) en théogonie (naissance des dieux), la mythologie antique a répondu par la fable – une « histoire imaginée et racontée », au sens étymologique du terme – à nos grandes questions existentielles. D’Hésiode à Platon, de Lucrèce à Ovide, poètes et philosophes ont posé les jalons d’une fabuleuse histoire avant l’Histoire : celle qui a précédé le temps où nous vivons, nous les hommes, empêtrés que nous sommes dans le hic et nunc, « l’ici et le maintenant ». Car les mythes disposent d’un véritable pouvoir magique – le merveilleux –, qui leur permet d’effacer les limites du naturel et du surnaturel, du visible et de l’invisible. Ils nous parlent d’un temps où tout était encore possible : c’est le temps des dieux qui ne connaissent ni la décrépitude ni la finitude de l’existence humaine. Ils naissent, grandissent, mais ne meurent jamais ; de plus, ils sont capables de prendre toutes les formes, animales, végétales, minérales, au gré de leurs caprices. Au bonheur des dieux Dans le vaste champ de la mythologie grecque, ce sont précisément les diverses figures du divin que nous avons souhaité présenter dans ce dictionnaire : des forces primitives aux dieux de l’Olympe, sans oublier la multitude des dieux « fonctionnaires » qui sont indispensables au fonctionnement du cosmos, comme HÉLIOS, le Soleil, et sa sœur ÉOS, l’Aurore, les jumeaux HYPNOS, le Sommeil, et THANATOS, la Mort, les frères ZÉPHYR II AVANT-PROPOS et BORÉE, qui soufflent le vent, ou encore ÉROS et ÉRIS, qui adorent semer l’amour ou la discorde. Pour guider le lecteur dans sa découverte, cinq articles de synthèse (ÂGE D’OR, COSMOGONIE, DESTIN, DIVINITÉS, ENFERS) permettent de définir les principes fondamentaux qui régissent le monde des dieux et définissent leur essence. D’un nom à l’autre, du dieu-fleuve ACHÉLOOS à ZEUS, souverain de l’Olympe, c’est le vaste « roman » des immortels qui se dessine. Un roman qui a commencé avec GAIA, la Terre, la première à avoir surgi du CHAOS primordial. Toute seule d’abord, elle a créé les premières puissances divines qui ont formé notre univers, OURANOS, le Ciel, et PONTOS, le Flot brutal de la mer. Ensuite elle s’est accouplée avec eux pour produire de nouvelles créatures. Peu à peu, le monde s’est rempli de dieux et de déesses : d’abord des forces de la nature, monstrueuses par leur taille et par leur forme, violentes dans leur énergie primitive. TITANS, CYCLOPES, GÉANTS, tous portaient la marque d’une puissance chaotique encore indomptée. Puis, au fur et à mesure qu’ils sont nés et qu’ils ont grandi, les « jeunes » dieux ont chassé les « anciens » pour prendre le pouvoir : un conflit de générations qui se répète. D’abord, le Titan CRONOS évince son père Ouranos qui écrasait Gaia et bloquait toute forme de vie sur terre. Mais Cronos, à son tour, se fait chasser par son plus jeune fils, ZEUS. Installé sur l’OLYMPE, la plus haute montagne de Grèce, Zeus s’impose alors comme le souverain suprême d’une nombreuse tribu, comportant deux générations : ses frères et sœurs d’une part, ses enfants d’autre part. Et comme dans toute famille humaine, on s’aime ou on se chamaille, on se trompe, on pleure ou on rit. Les scènes de ménage se multiplient entre le roi des dieux et son épouse légitime, sa sœur HÉRA, exaspérée par son comportement de séducteur incorrigible. Les adultères, comme celui d’APHRODITE avec ARÈS, font jaser. Cependant, tous aiment se retrouver dans de joyeux banquets pour partager le nectar et l’ambroisie, la boisson et la nourriture des immortels. Selon la répartition fixée par Zeus, chaque Olympien exerce son autorité dans un domaine bien défini et porte des attributs distinctifs en rapport avec sa charge. Le monde est ainsi III Au bonheur des dieux solidement organisé entre les éléments (terre, air, eau) comme entre le haut et le bas : le ciel, la terre, les Enfers. Pour maintenir l’ordre du monde, les Olympiens ont autour d’eux une foule d’autres divinités qui les assistent dans leur travail de mesure et de répartition : en bon chef d’entreprise, Zeus surveille la qualité du service et l’exercice des compétences, il fait respecter les droits et les privilèges de chacun des auxiliaires divins. On pourrait donc affirmer que « le monde est rempli de dieux », selon une célèbre formule attribuée à Thalès de Milet, aussi sage que savant. Et surtout la Grèce, si l’on en croit Jean Giraudoux à travers les répliques pleines d’humour de La guerre de Troie n’aura pas lieu : « C’est beau la Grèce ?… Enfin, comment est-ce, depuis qu’on en parle ?… Des dieux en quantité, Pâris dit que le ciel en grouille, que des jambes de déesse en pendent. » (Scène VIII) Oui, les dieux – et les déesses ! – grecs sont partout : pour les (re)connaître, il faut accepter de croire au merveilleux, le temps de la lecture. Annie COLLOGNAT Au bonheur des dieux est un extrait du Dictionnaire de mythologie gréco-romaine, publié sous la direction d’Annie Collognat, Omnibus, 2012. En couverture : Ingres, Jupiter et Thétis (Détail), musée Granet, Aix-en-Provence – Bridgeman. © 2012, Editions Omnibus © 2015, Editions Omnibus pour la présente édition ISBN : 978-2-258-11468-5 N° Editeur : 834 ISSN : 2271-9733 Dépôt légal : janvier 2015 Vous avez aimé ce livre ? 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