trophiques et une biodiversité élevée, la forêt est considérée comme l’écosystème le plus
performant de notre planète à soutirer l'énergie solaire La forêt, riche de 30% de biomasse
ligneuse, est ainsi le champion du recyclage grâce à l'extrême spécialisation des réseaux
saproxyliques (il s'agit des espèces de différents règnes qui dépendent pour au moins une
partie de leur cycle du bois mort ou mourant). On comprend dès lors que la forêt ne saurait se
limiter à une collection d'arbres. Il faut intégrer les éléments de toute la flore, de la flore, de la
fonge et des microorganismes, et considérer les interactions entre ces éléments dans tous les
compartiments forestiers, au-dessus du sol et dans le sol. La forêt s’appréhende donc à une
échelle spatiale très large, de plusieurs centaines de milliers d’hectares (qui correspond aux
surfaces nécessaires pour des densités viables d’espèces à grand territoire). L’échelle
temporelle est aussi importante, car la forêt intègre également des héritages, naturels ou
anthropiques, qui ont parfois eu lieu dans un lointain passé.
Substitution et cycles forestiers
Il existe plusieurs types de mécanismes dans la dynamique forestière. Le mécanisme
de substitution est constant dans les forêts naturelles. Il consiste à remplacer un arbre
vivant par un voisin, sans qu'il y ait ouverture marquée de la canopée. Il s’agit donc
d’une mortalité pied à pied (1% des arbres de la canopée par an, en milieu tropical).
L'arbre qui remplace est déjà présent, à l’état juvénile, parfois en attente depuis des
décennies. Il occupe progressivement la place de l'arbre sénescent. La croissance de
l'arbre potentiel est ralentie par l'individu plus âgé qui est au-dessus de lui, en raison de
l’ombrage et de la compétition pour les ressources dans le sol, mais l’individu dominé
bénéficie des pluviolessivats (gouttes de pluie chargées en nutriments après égouttage
sur les feuilles de la canopée), et des échanges de myccorhizes.
La dynamique forestière (cycles forestiers) s’appréhende en général à l’échelle du
« chablis », terme qui correspond à la fois à l’espace libéré par la chute d’un ou
plusieurs gros arbres dans la canopée, et les arbres tombés eux-mêmes. L’évolution
temporelle de cet espace nouveau, considéré comme une petite unité écologique (éco-
unité) est classiquement décrite en 4 phases (régénération, durant laquelle la canopée
reste ouverte, puis aggradation durant laquelle se forme une jeune canopée en voie de
croissance, puis la maturité, et la sénescence durant lesquelles la canopée se ferme). Ce
processus cyclique varie en finesse en fonction de nombreux facteurs, dont la taille des
chablis et des espèces et processus impliqués, ce qui signifie en d’autres termes que le
cycle qui ferme le chablis ne reconstruit l’éco-unité à l’identique.
Les chablis ont aussi des dimensions différentes : ceux de petites dimensions se
referment la plupart du temps rapidement, par divers processus (croissance latérale des
axes des ligneux de la canopée, croissance verticale des espèces des sous-étages).
Lorsqu’ils sont plus importants ou plus nombreux, ils tendent à s’agrandir dans un
premier temps parce que la trouée a rendu les arbres des bordures plus vulnérables,
puis à se fermer à partir de l’intérieur du chablis vers l’extérieur.
Mais, quelle que soit l’ouverture provoquée par la chute d’un arbre, la lumière
directe qui arrive au sol, les écarts de température se font plus grands, les pluies de
graine et de pollen modifient rapidement le microclimat. Ainsi, le sol évolue
rapidement : la lumière stimule l’activité bactérienne, la pluie arrive directement, ce
qui accélère la décomposition de la litière, et les possibles toxines qu’elle diffuse (cas
du hêtre). Le chablis reçoit des pluies de graines apportées par le vent, qui étaient