DYNAMIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR BURKINABÈ DANS LE

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DYNAMIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR BURKINABÈ DANS
LE PROCESSUS D’INTÉGRATION DE L’UEMOA
Période : 1999-2012
-----------------------------------------------------Aout 2013
Résumé
Dans le contexte de la libéralisation et de la mondialisation, l’intégration régionale est
devenue l’un des moyens sur lesquels s’appuient les économies pour accroitre leurs
avantages dans le commerce international. Dans le prolongement de cette idée, il convient
de s’interroger sur le rôle du commerce extérieur burkinabè dans son processus d’intégration
dans la zone UEMOA.
L’objet de la présente est d’étudier l’évolution des indicateurs du commerce burkinabè avec
ses partenaires de l’UEMOA entre 1999 et 2012. Cette note se propose de présenter, dans un
premier temps, un bref aperçu sur les performances du commerce extérieur burkinabè. Elle
consistera également à mettre en exergue l’intégration de Burkina dans l’UEMOA à travers
ses échanges commerciaux. Enfin, elle conclue par une proposition pour le renforcement des
relations économiques entre les pays de l’UEMOA.
Abstract
In the context of liberalization and the globalization, the regional integration is become one
of the means to increase the profit in international trade. In the extension of it idea, it is
justifiable to question on the role of Burkina international trade in his integration in
WAEMU.
The aim of this paper is to study the evolution of international trade indicators of Burkina
with his partners of WAEMU (West African Economic and Monetary Union) between 1999
and 2012. It proposes to show, at the first time, a short presentation of the performance of
international trade of Burkina. It consists, secondly to show integration of Burkina in
WAEMU through international trade. It concludes by a proposition to empower the
economics relations between the countries of WAEMU.
1
Introduction
Avec la mondialisation et les mutations rapides de la technologie, les pays pauvres très
faiblement industrialisés se battent pour se tailler une place. Un marché mondial dominé par
les produits occidentaux, chinois, japonais et bientôt indiens, telle est aujourd’hui l’image de
la mondialisation. Cette ouverture commerciales à l’échelle internationale est devenue un
choix irréversible pour la plus part des pays.
Le désarmement des barrières au commerce promu par l’OMC est un grand pas vers la
libéralisation totale des échanges entre les pays. L’adhésion du Burkina Faso à l’OMC depuis
le 3 juin 1995 atteste de sa volonté d’entrer dans la libéralisation des échanges commerciaux
que cette organisation s’est fixé comme but ultime de son existence. L’une des questions la
plus couramment posée par les gouvernements burkinabè, comme la plus part des pays en
développement, est celle de savoir comment faut-il s’y prendre pour que cette adhésion ne
soit pas un simple effet de mode, mais plutôt une occasion pour le Burkina Faso de
s’enrichir.
La politique commerciale commune mise en place par l’UEMOA, en particulier l’Union
douanière, a eu une influence positive sur l’évolution structurelle du commerce
intracommunautaire1. La participation au commerce intracommunautaire est cependant
inégale. Le Burkina fait parti des pays qui contribue le plus à l’importation et qui contribue le
moins à l’exportation. Quel jugement fait-on de l’évolution des échanges commerciaux entre
le Burkina et ses partenaires de la zone UEMOA ? Quelle est la place de l’intégration
régionale dans les échanges burkinabè et quelles sont les mesures à prendre pour renforcer
le commerce intracommunautaire? Ce sont ses questions qui ont motivé notre réflexion sur
la dynamique du commerce extérieur du Burkina Faso durant la période 1999 et 2012.
1. Union économique et monétaire Ouest Africaine
La tendance stratégique de regroupement économique des Etats, motivée tout d’abord par
la proximité géographique de ces derniers, prolifère dans la plupart des régions au monde.
En effet, peu nombreux sont les régions où les pays ne s’intègrent pas dans un processus
dynamique de coopération, visant à soutenir leur prospérité économique et leur présence
dans l’économie mondiale. Les régions africaines ne sont pas en marge de l’évolution
actuelle du régionalisme. La particularité de l’Afrique subsaharienne est qu’elle a très vite
compris la nécessité de se regrouper et de créer des unions supranationales au lendemain
des indépendances.
Le 10 janvier 1994 à Dakar, les chefs d’état et de gouvernements des sept pays de l’Afrique
de l’Ouest ayant en commun l’usage d’une monnaie commune, le franc CFA ont signé un
accord d’intégration régionale, le traité créant l’UEMOA (Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine). Il s’agit du Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo. Ils ont été rejoints par la Guinée Bissau le 2 mai 1997 faisant passer le
nombre de membres à 8.
1
Stratégie régionale de mise en œuvre du programme d’aide pour le commerce de l’UEMOA
2
L’UEMOA avec une superficie de 3,5 millions de km2 et comptant une population totale de
près de 95 millions d’habitants a défini des objectifs claire à atteindre. Elle s’ingéniera à : a)
renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans
le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalisé et
harmonisé ; b) assurer la convergence des performances et des politiques économiques des
Etats membres par l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale ; c) créer entre
les Etats membres un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens,
des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant une activité
indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique
commerciale commune ; d) instituer une coordination des politiques sectorielles nationales,
par la mise en œuvre d'actions communes et éventuellement de politiques communes
notamment dans les domaines suivants : ressources humaines, aménagement du territoire,
transports et télécommunications, environnement, agriculture, énergie, industrie et mines ;
e) harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement du marché commun, les
législations des Etats membres et particulièrement le régime de la fiscalité.
L’UEMOA se caractérise par la reconnaissance d’une même unité monétaire le Franc CFA
dont l’émission est confiée à un institut d’émission : la Banque Centrale des Etats de
l’Afrique de l’Ouest(BCEAO). Pour atteindre l’objectif de création effective d’un marché
commun, l’UEMOA s’est dotée de dispositif d’harmonisation des politiques économiques et
budgétaires, d’une politique agricole, d’une politique d’aménagement du territoire
communautaire, d’une politique de transports et des télécommunications, d’une politique
énergétique commune, d’une politique industrielle commune, d’un code minier
communautaire et d’une politique communautaire d’aménagement de l’environnement.
2. Situation du commerce extérieur burkinabè
L’économie burkinabè dans son ensemble a une relation très marquée avec les humeurs de
Mère nature. Elle a quand même enregistré de bons résultats macroéconomiques. Le taux
de croissance annuel moyen du PIB (Produit intérieur brut) entre 1999 et 2012 s’estimerait à
8,9% et équivaudrait à une multiplication par 3 de celui-ci. D’importants progrès ont été
accomplis en termes de libéralisation de l’économie et de développement du secteur privé.
Une analyse du commerce extérieur du pays permettra de cerner la structuration des
échanges extérieurs et d’avoir des éléments de compréhension de la force des liens
commerciaux avec les partenaires.
Le Burkina entretient des relations commerciales avec presque tous les pays du monde. Avec
une économie embryonnaire, très faiblement industrialisée et à une production agricole très
dépendante des aléas climatiques, le Burkina ne fait pas de bénéfices dans le commerce
international depuis 1960. La valeur des importations a toujours été largement supérieure à
celle des exportations et la période 1999-2012 ne fait pas une exception à cette règle. Les
graphiques ci-dessous permettent d’apprécier l’évolution globale du commerce extérieur du
pays entre 1999 et 2012.
3
Graphique1 : Exportation et Importation en million de FCFA
Graphique2 : cumule des exportations et importations
en million de FCFA entre 1999 et 2012
10 522
390
2 000 000
1 800 000
Importation
1 600 000
1999 - 2012
Exportation
1 400 000
1 200 000
1 000 000
5 018 789
800 000
600 000
400 000
200 000
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
0
Importation
Exportation
Source : Institut national de la statistique et de la démographie(INSD)
Entre 1999 et 2012, les déficits commerciaux annuels cumulés atteignent la valeur de près
de 5 504 milliards de FCFA. L’exploitation industrielle de l’or a conduit à amoindrir
continuellement le déficit depuis 2009 jusqu’à une valeur minimale de 104 milliards de FCFA
en 2011. En 2012, le déficit s’est creusé davantage en passant à près de 636 milliards de
FCFA.
Les partenaires burkinabè au commerce international sont repartis dans tous les continents
mais à des proportions très variées. L’Europe est le premier continent partenaire du Burkina
dans le commerce international avec des parts de 52,1% en 1999 ; 44,5% en 2005 et 48,7%
en 2012. Il s’agit essentiellement de l’Europe occidental dont les échanges avec le Burkina
ont fait 80,9% du total des échanges avec l’Europe en 1999 et 76,1% en 2012. Le tableau 1
donne l’évolution des parts des échanges de chaque continent avec le Burkina.
Tableau 1: Part( en %) des échanges burkinabè avec les continents
Année
Afrique
Amérique
Asie
Europe
Océanie
Pays nd
Source : INSD
1999
29,2
3,8
14,5
52,1
0,2
0,3
2005
30,3
5,9
19,0
44,5
0,3
0,0
2012
25,3
8,5
16,4
48,7
1,1
0,0
L’Afrique vient en deuxième position comme partenaire au commerce international du
Burkina (25,3% en 2012) suivi de l’Asie (16,4% en 2012). Les échanges burkinabè avec
l’Afrique se font essentiellement avec les pays de l’Afrique occidentale dont le poids varie de
95,7% en 1999 et 89,6% en 2005 à 72,4% en 2012. Le Burkina échange très peu avec le
contient Américain mais il y a une tendance à l’augmentation des échanges avec ce
continent. Les échanges burkinabè avec le continent américain sont passés de 3,8% en 1999
à 8,5% en 2012. Le commerce avec l’Océanie est quasi-inexistant.
4
Pour la plus part des continents, la part des importations dans les échanges excèdent 50%.
Globalement la part des importations dans les échanges commerciaux n’a pas beaucoup
varié. Elle est passée de 72,6% en 1999 à 61,1% en 2012. Les échanges avec l’Europe ont
pris un nouveau tournant en 2010 puisque le solde du commerce burkinabè avec ce
continent est positif depuis cette date contrairement aux autres continents.
3. Situation du commerce burkinabè avec les pays de l’UEMOA
Le Burkina est un pays membre de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de
l’Ouest(UEMOA). A ce titre, il entretient une forte relation fraternelle et commerciale avec
les pays frères. En plus, la proximité géographique des pays membres joue beaucoup en
faveur des échanges commerciaux à l’intérieure de l’UEMOA.
Tableau 2 : Part(en %) des échanges burkinabè avec l’Afrique et l’UEMOA
1999
2005
2012
AFRIQUE
29,2
30,3
25,3
UEMOA
24,2
22,1
14,3
Source : INSD
Les échanges burkinabè avec les pays de l’UEMOA ont représenté 24,2%(tableau 2) de ses
échanges totaux dans le monde en 1999 et 14,3% en 2012. Les poids de l’Afrique et de
l’UEMOA dans les échanges avec le Burkina ont baissé au profit de ceux d’autres partenaires
tels que la Suisse, les Etats-Unis d’Amérique et la Grande Bretagne. Entre 1999 et 2012, la
part des échanges avec la Suisse est passée de 7,8% à 24,9% ; celle des Etats-Unis de 2,6% à
5% et celle de la Grande Bretagne de 1,7% à 5,2%.
La baisse du poids des échanges avec les pays de l’UEMOA comparativement au reste du
monde est en fait un phénomène global. En effet, durant la période 2000-2010, les
exportations intra-UEMOA ont augmenté de 7,4%(Tableau 3) alors que les échanges extraUEMOA ont augmenté de 8,6%. Ce qui a davantage réduit le poids du commerce intracommunautaire dans le commerce total.
Tableau 3 : Croissance moyenne des échanges intra-UEMOA et hors UEMOA
2000-2004
2005-2010
2000-2010
Exportations intra-UEMOA
6,8%
5,9%
7,4%
Echanges hors UEMOA
7,3%
9,7%
8,6%
Sources : extrait de BCEAO, Analyse de l'évolution du commerce extérieur de biens
et services de l'UEMOA au cours de la période 2000-2011
La Cote d’Ivoire est le premier et principal partenaire commercial du Burkina au sein de
l’UEMOA. Partenaire historique, au sein de l’UEMOA, ce pays entretient une relation
commerciale privilégiée avec le Burkina. Elle a été en 1999, le deuxième partenaire mondial
du Burkina avec 20,3% de la part des échanges derrière la France (26%). En 2012, elle
conserve sa place avec 7,1% mais cette fois derrière la Suisse (24,9%).
5
La concentration des échanges avec la Cote d’Ivoire au sein de l’UEMOA tend à s’inverser au
profit d’une diversification des partenaires. Représentant 83,8% des échanges avec la
Burkina en 1999, la Cote d’ivoire est passée à 49,9% en 2012 alors que le Togo passe de 7% à
27,5% ; le Mali de 3,8% à 11,3% ; le Niger de 0,8% à 3,1% ; le Sénégal de 3,9% à 6,4% et le
Benin de 0,7% 1,8%.
Tableau 4 : évolution des parts des échanges commerciaux des pays de l’UEMOA en pourcentage des échanges du Burkina
avec la zone UEMOA
Mali
Niger
Sénégal
Guinée Bissau
Cote d'ivoire
Togo
Benin
1999
2005
3,8
2,3
0,8
2,6
3,9
4,6
0,0
0,0
83,8
67,5
7,0
21,7
0,7
1,3
2012
11,3
3,1
6,4
0,0
49,9
27,5
1,8
Source : INSD
Comme l’indique le tableau 4, le Burkina tend à redistribuer les poids de ses partenaires
commerciaux au sein de l’UEMOA. Cette tendance est en réalité généralisable dans une
certaine mesure. En 1999, les échanges annuels avec 35 pays seulement atteignaient le
milliard de FCFA. En 2012 on en dénombre 69 ; soit une progression globale de 97,1% ou un
taux de progression annuel moyen de 5,4%. De même les dix premiers partenaires mondiaux
du Burkina en 1999 ont représenté 74,6% des échanges totaux. En 2012, ils ont représenté
69,5%.
4. Contenu des échanges commerciaux
Les échanges commerciaux des pays n’ont pas les mêmes contenus. L’ampleur des produits
échangés par un pays varient suivant qu’il s’agit des importations ou des exportations. Les
produits importés traduisent la nature des besoins exprimés ou implicites de la population
alors que les produits exportés portent les marques de la nature et la capacité industrielle de
l’économique du pays. Suivant le Système harmonisé de désignation et de codification des
marchandises, généralement dénommé « Système Harmonisé » ou « SH » version UEMOA,
le Burkina a exporté 810 produits en 2012 contre 650 en 1999. Le nombre de produits
importé a évolué en sens inverse en passant de 4091 à 3461.
- Contenu du panier de biens exportés vers l’UEMOA
A l’exportation, la composition du panier est assez concentrée. Les matières brutes non
comestibles (carburants non compris) ont été l’essentiel des exportations en 1999 et 2012
avec une part respective de 55,7% et 61,8%. Les produits alimentaires, animaux vivants pour
l’alimentation humaine constituent le second groupe de produits d’exportation du Burkina
vers les pays de l’UEMOA. Leur part est passée de 30,8% en 1999 à 12,4% en 2012.
6
Tableau 5: Evolution comparée des échanges commerciaux au sein de l’UEMOA
0:Produits alimentaires, animaux vivants pour alimentation humaine
1:Boissons et tabacs
2:Matières brutes non comestibles, carburants non compris
3:Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
4:Huiles, graisses et cires d'origine animale ou végétale
5:Produits chimiques et produits connexes, nda
6:Articles manufactures, classes principal. d'après la matière 1ere
7:Machines et matériels de transport
8:Articles manufactures divers
9:Articles et transactions non classes ailleurs dans la C.T.C.I
Total (million de FCFA)
Importation en pourcentage
Exportation en pourcentage
1999
14,4
0,5
1,8
17,5
7,3
26,1
28,1
2,0
2,3
0,0
77 242
1999
30,8
1,0
55,7
0,1
0,0
0,5
8,4
3,0
0,5
0,0
39 686
2005
8,9
9,6
1,3
37,3
2,9
14,2
23,5
0,8
1,3
0,0
137 386
2012
16,1
8,0
1,4
29,8
3,1
17,3
20,3
0,5
3,4
0,0
312 394
2005
18,0
12,6
41,7
0,9
6,2
5,3
9,7
4,4
1,1
0,0
27 282
2012
12,4
2,5
61,8
0,1
0,6
4,3
5,7
11,8
0,8
0,0
97 153
Source : INSD
La dépendance du Burkina à l’égard du marché mondial de l’or et du coton et la
concentration des exportations sur ses deux produits peuvent conduire à fragiliser le
processus d’industrialisation déjà très lent. De façon générale, le contenu technologique des
biens exportés, les liens qui existent entre les secteurs d’exportations et le reste de
l’économie jouent un rôle très important dans la stimulation du développement. Il y a un
danger à concentrer brutalement ses exportations sur un nombre réduit de produits
primaires pendant longtemps surtout que le lien entre les entreprises d’exploitation de l’or
et le reste de l’économie est très faible.
- Contenu du panier de biens importés de l’UEMOA
Le panier de biens importés, contrairement à celui des biens exportés, est composé
essentiellement de machines et de matériels de transport, de biens manufacturés avec une
teneur technologique qui dépasse pour la plus part les capacités productives de l’économie
burkinabè, des produits alimentaires destinés à l’alimentation humaine, des produits
chimiques, des combustibles minéraux et des lubrifiants. Entre 1999 et 2012, la composition
en valeur du panier de produits importé n’a pas varié de façon assez perceptible pour la plus
part des produits. Les produits alimentaires, animaux vivants destinés à l’alimentation
humaine ont vu la part de sa valeur augmenter de 14,4% en 1999 à 16,6% en 2012; les
combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes qui ont augmenté de 17,5% à
29,8% ; les produits chimiques et connexes qui passent de 26,1% à 17,3% dans la même
période. Le tableau 6 ci-après récapitule de la part des produits dans la valeur totale des
importations.
7
Tableau 6: Evolution comparée des échanges commerciaux au sein de l’UEMOA
0:Produits alimentaires, animaux vivants pour alimentation humaine
1:Boissons et tabacs
2:Matières brutes non comestibles, carburants non compris
3:Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
4:Huiles, graisses et cires d'origine animale ou végétale
5:Produits chimiques et produits connexes, nda
6:Articles manufactures, classes principal. d'après la matière 1ere
7:Machines et matériels de transport
8:Articles manufactures divers
9:Articles et transactions non classes ailleurs dans la C.T.C.I
Total (million de FCFA)
Importation en pourcentage
Exportation en pourcentage
1999
14,4
0,5
1,8
17,5
7,3
26,1
28,1
2,0
2,3
0,0
77 242
1999
30,8
1,0
55,7
0,1
0,0
0,5
8,4
3,0
0,5
0,0
39 686
2005
8,9
9,6
1,3
37,3
2,9
14,2
23,5
0,8
1,3
0,0
137 386
2012
16,1
8,0
1,4
29,8
3,1
17,3
20,3
0,5
3,4
0,0
312 394
2005
18,0
12,6
41,7
0,9
6,2
5,3
9,7
4,4
1,1
0,0
27 282
2012
12,4
2,5
61,8
0,1
0,6
4,3
5,7
11,8
0,8
0,0
97 153
Source : INSD
L’appareil productif de biens échangeables n’a pas changé fondamentalement au Burkina
Faso entre 1999 et 2012 au regard de l’évolution des mutations internationales du
commerce et des économies. Les importations d’articles manufacturés ont baissé allant de
30,4% en 1999 à 23,7% en 2012.
5. Performance du commerce extérieur burkinabè
La performance aux échanges extérieurs peut être appréhendée à travers l’évolution des
termes de l’échange qui désigne le rapport entre les niveaux de prix à l’exportation et à
l’importation, le pouvoir d’achat des exportations et surtout de la balance commerciale.
- Les termes de l’échange
Les termes de l'échange correspondent au rapport entre des indices des valeurs unitaires
des exportations et des importations. A une amélioration des termes de l'échange
correspond un accroissement de revenu. Les fluctuations des termes de l'échange sont, en
raison d'un mécanisme de stabilisation spécifique au coton, transmises de manière atténuée
aux producteurs. Les termes de l'échange globaux ont connu des fluctuations entre 1999 et
2005. Entre 2006 et 2012, ils ont connu une croissance sans relâche (graphique 3). Cette
croissance successive est due au cours de l’or, toujours à la hausse et particulièrement à
l’augmentation de la production aurifère. Cette brutale augmentation des termes de
occasionnée par la hausse de la quantité d’or produite a eu comme effet de créer un
mouvement massif des jeunes vers les sites aurifères au détriment d’autres secteurs de
l’économie comme le secteur agricole et les petites entreprises. Cela fait craindre le
syndrome hollandais.
En fait l’exportation d’une grande partie de l’or n’entraine pas de recettes ni de revenus
pour beaucoup d’acteurs du secteur. Seule la phase de la production de l’or est profitable
aux populations qui y travaillent. Toute l’exportation de l’or ne constitue pas une vente à
l’étranger mais plutôt à un transfert vers le Canada, l’Australie, l’Afrique du sud,… où
résident les entrepôts des entreprises d’exploitation.
8
Graphique 3 : Evolution des termes de l’échange du
commerce extérieur burkinabè avec l’UEMOA et avec le reste
du monde
Graphique 4 : Evolution du pouvoir d’achat des
exportations (PAX, en million de Kg) vers le reste du
monde et vers l’UEMOA
6 000
4,5
4,0
5 000
3,5
3,0
RDM
PAX
UEMOA
PAXuemoa
9
4 000
2,5
2,0
1,5
3 000
2 000
1,0
0,5
1 000
0,0
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
0
Source : INSD (manque de données en 2003 et 2004)
Le pouvoir d’achat des exportations(PAX) c'est-à-dire le volume des importations qui aurait
conduit à un équilibre du solde commercial n’a fait qu’augmenter durant toute la période. Il
s’interprète aussi comme étant la quantité de biens que le Burkina peut importer étant
donné le niveau de prix à l’importation, le volume à l’exportation et le niveau de prix à
l’exportation.
Globalement, l’an 2009 marque un tournant important dans le commerce extérieur
burkinabè avec l’exploitation massive et industrielle de l’or comme vecteur de cette
dynamique. La valeur du kilogramme d’or étant largement supérieur à celle du kilogramme
des autres produits exportés, l’accroissement successif du volume d’or exporté a eu comme
effet de faire monter en flèche les termes de l’échange global ainsi que le pouvoir d’achat
global des exportations. Les termes de l’échange du commerce extérieur avec les partenaires
de l’UEMOA et le pouvoir d’achat des exportations au sein de l’UEMOA n’ont pas connu la
même dynamique puisque les gros partenaires à l’exportation de l’or et le coton ne sont pas
membres de l’Union. La valeur de l’or exportée ne représentant que 2% de la valeur totale
des exportations en 2007 est passée à 72,5% des exportations en 2012.
- Le solde commercial
Le Burkina est connu pour être un pays faiblement industrialisé. Les statistiques du
commerce montrent une économie importatrice nette avec un déficit qui était en
augmentation jusqu’en 2008. Le déficit a commencé à diminuer en 2009 ; l’année où l’or est
devenu premier produit d’exportation du pays.
Au sein de l’UEMOA, le Burkina ne fait pas mieux en matière commerciale. Globalement, le
déficit commercial a été croissant depuis 1999. D’une valeur de 37,6 milliards de FCFA en
1999, soit 17,2% du déficit global, le déficit avec la zone UEMOA a atteint 215,2 milliards de
FCFA en 2012 et représente 33,9% du déficit global (Tableau 7). Le Burkina, entre 1999 et
2012, n’a eu un excédent commercial avec la Cote d’ivoire, ni avec le Togo et le Sénégal.
Durant cette période 77,8% du cumul des déficits annuels est le fruit du commerce avec la
Cote d’Ivoire. La balance commerciale avec le Mali a été excédentaire entre 1999 et 2007
mais depuis 2008 cela a donné place à un déficit qui ne cesse de croitre. Avec le Niger, le
déficit n’a été observé qu’en 2012.
Il est important de chercher à savoir d’où vient ce déficit. Provient-il d’un excès des
importations ou d’une faiblesse des exportations ? Les raisons se situent au niveau des
goûts et des besoins des populations qui s’occidentalisent. En effet, les habitudes des
populations burkinabè en matière de consommation s’harmonisent avec celles des autres
populations du monde moderne alors que l’économie burkinabè n’a pas encore acquis la
capacité nécessaire pour satisfaire les besoins exprimés sur le territoire national. En plus les
besoins ou les goûts occasionnés par les influences internationales, avec les mutations
technologiques rapides à l’international, ont commencé à évoluer à une vitesse telle que le
secteur privé burkinabè a eu et aura de grandes difficultés à rattraper le retard.
Tableau 7 : balance commerciale(BC) en milliard de FCFA par partenaire de l’UEMOA
MALI
NIGER
SENEGAL
GUINEE BISSAU
COTE D'IVOIRE
TOGO
BENIN
BC
BC avec l’UEMOA
1999
2000
2001
2002
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
3,2
0,6
-4,4
0,0
-30,4
-6,5
-0,1
-218,6
-37,6
4,5
3,6
-4,9
0,0
-53,4
-7,9
-0,2
-236,0
-58,4
4,2
6,1
-3,2
0,0
-72,7
-11,9
0,1
-278,1
-77,4
3,4
2,3
-3,4
0,0
-76,7
-9,8
-0,9
-311,5
-85,1
2,3
3,4
-7,1
0,0
-95,8
-12,9
0,1
-416,0
-110,1
5,0
6,5
-6,4
0,0
-128,1
-12,8
-3,1
-453,5
-138,8
4,7
5,2
-7,4
0,0
-117,7
-19,3
2,5
-533,9
-131,9
-0,4
6,6
-4,1
0,0
-117,7
-28,2
3,0
-681,8
-140,8
-5,7
10,2
-6,9
0,0
-124,8
-35,5
3,4
-565,5
-159,4
-5,1
9,4
-9,8
0,0
-152,9
-38,3
1,7
-417,0
-195,0
-18,5
5,2
-18,4
0,0
-110,8
-37,9
-9,2
-103,6
-189,5
-28,8
-0,6
-24,4
0,0
-116,1
-44,1
-1,2
-635,7
-215,2
Source : INSD
Une faible capacité industrielle liée au niveau de richesse, de capital humain, de technologie
qui est le sien conjuguée aux besoins des populations, qui eux, sont calqués du monde
développé ne peut que conduire à une amplification incessante des importations du pays.
Cette inadéquation entre besoins exprimés par la population Burkinabè et la capacité de
l’industrie nationale est dû au fait que l’industrie n’a pas été considérer dès l’aube des
indépendances comme devant être le moteur du développement au profit des politiques
quasi-humanitaires au Burkina.
Conclusion et Recommandation
Il ressort de cette analyse que le Burkina échange relativement peu avec les pays de
l’UEMOA et en plus ces échanges sont en baisse au fil des années. Autrement dit, la relation
d’échange entre le Burkina et l’UEMOA est très faible et s’affaiblie davantage. Partant du fait
que dans tout système durable et pour chaque élément de ce système, le lien entre chaque
élément avec le système doit être plus fort que celui avec un élément quelconque extérieur
au système, il est clair que cette faible relation économique avec les autres pays de l’UEMOA
ne peut que conduire à long terme à affaiblir l’intégration régionale surtout si la plus part
des autres pays membres sont dans la même situation. La politique se pliant le plus souvent
10
aux grés des intérêts économiques, il serait plus intelligent de renforcer davantage les
coopérations économiques entre les pays de l’UEMOA. « La faible industrialisation de la sous
région »2 étant l’un des facteurs qui favorisent la croissance des importations en provenance
des pays économiquement avancés, il est évident que la priorité sous-régionale est de
construire un tissu industriel solide et répondant aux besoins des populations. Un
partenariat renforcé entre les états permettra de constituer les capitaux et les compétences
nécessaire à l’implantation d’entreprises (par exemple la mise en place d’entreprises à
capitaux communautaires dans le domaine du high-tech) que le secteur privé seul n’y verrait
pas un intérêt alors que cela produirait des effets d’entrainement qui boostera à long terme
toute l’économie sous régionale vers un rayonnement sur la scène internationale. Il va falloir
aussi de développer une intelligence économique communautaire offensive avec des
représentations nationales permettant l’acquisition rapide de connaissances suffisantes à
l’implantation d’un tissu industriel à la hauteur des ambitions de la sous région et mettre en
place une stratégie pour renforcer le commerce entre les pays membres de l’Union
notamment le renforcement des infrastructures routières.
Bibliographie
BCEAO, Analyse de l'évolution du commerce extérieur de biens et services de l'UEMOA au
cours de la période 2000-2011
Bernard D., Yazid D., André P. ; Union Douanière au sein de l'UEMOA: Une Analyse
Quantitative, Revue Economique, juillet 2001
Bernard Guillochon, Annie Kawecki ; Economie
macroéconomie, édition DUNOD, Paris 2009
internationale :
Commerce
et
CEDEAO ; Politique industrielle commune de l’Afrique de l’Ouest, juillet 2010
Paul R. Krugman, Maurice Obstfeld ; Economie internationale, édition de Boeck Université,
2001
UEMOA ; Politique industrielle commune de l’UEMOA
UEMOA ; Traité modifié, 2003
Yves C., Lahsen A., Daniel D., René S. ; Les grandes questions de l’économie internationale,
édition ARMAND COLIN, 2005
2
Politique industrielle commune de l’Afrique de l’ouest
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