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1. Introduction
Au Québec, l’aménagement écosystémique (AÉ) prend de plus en plus de place dans le
domaine forestier. En effet, plusieurs recherches en lien avec le contexte québécois ont été
faites (voir Volpé 2007; Boucher 2008). De plus, on dénombre au moins trois projets-pilotes
lié à aménagement écosystémique forestier (Boulfroy et Lessard 2008). En outre, un livre
(Gauthier et al. 2008) sur l’aménagement écosystémique en forêt boréale et un manuel (Grenon
et al. 2010) sur la mise en œuvre de ce type d’aménagement au Québec ont été publiés.
Néanmoins, c’est la récente Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier (L.R.Q., c.
A-18.1) qui institutionnalise l’aménagement écosystémique à la grandeur du territoire forestier
québécois. De plus, il est écrit dans cette loi que le nouveau régime demande un partage des
responsabilités "entre l'État, des organismes régionaux, des communautés autochtones et des
utilisateurs du territoire forestier » (L.R.Q. A18-1). En tant qu’outils de participation publique
dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement forestier, les tables locales de
gestion intégrée des ressources et du territoire (GIRT) ont pour but de «d'assurer une prise en
compte des intérêts et des préoccupations des personnes et organismes concernés par les
activités d'aménagement forestier planifiées, de fixer des objectifs locaux d'aménagement
durable des forêts et de convenir des mesures d'harmonisation des usages.» (Article 35, L.R.Q.
A18-1).
À travers le monde, il existe différentes interprétations et applications de
l’aménagement écosystémique. Connaître ces modèles peut être une manière efficace de mettre
en perspective l’expérience québécoise, de tirer des leçons et d’identifier des avenues à
explorer pour enrichir et affiner notre approche à l’AÉ. Ce besoin se fait particulièrement sentir
dans l’intégration des enjeux sociaux à l’AÉ, une dimension de ce mode d’aménagement qui
semble, pour l’instant, moins développée que la prise en compte des aspects biophysiques de
l’AÉ au Québec. Cette lacune n’est pas unique au Québec. Des bilans de recherche récents sur
l’application de l’aménagement écosystémique dans divers contextes internationaux ont relevé
des faiblesses en matière de développement des connaissances en sciences sociales. Ils ont
également démontré que les problèmes d’implantation de l’aménagement écosystémique dans
divers domaines sont souvent attribuables à ces lacunes (Ison, Röling et al. 2007; Lester,
McLeod et al. 2010). Cependant, les expériences existantes, et les connaissances les