238 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 5
cution du geste déclenchent des co-contractions
vigoureuses : une accélération très brutale d'un
segment entraîne un freinage non moins vigou-
reux en fin de course, ainsi le lanceur de javelot
n'arrive jamais à l'extension totale du coude,
l'amplitude articulaire étant freinée par une
contraction des fléchisseurs avant que l'articula-
tion n'atteigne l'amplitude totale qui risquerait
d'amener le contact brutal des surfaces osseuses
et donc de créer une douleur ou d'éventuelles
fractures.
De même, le joueur de football qui frappe
vigoureusement le ballon au moyen d'une
extension du genou se voit freiné en finde course
et n'atteint pas l'extension complète. C'est
d'ailleurs le rôle «freinateur» des ischio-
jambiers qui les rend si vulnérables aux cla-
quages et déchirures pendant la pratique du
football.
D'autre part, si l'on saute sur la pointe des
pieds ou sil'on marche sur les mains, les muscles
des différentes loges du membre inférieur ou du
membre supérieur se mettent simultanément en
contraction pour protéger les articulations
intermédiaires.
2.1. - UTILISATION DU FREINAGE
EN FIN DE COURSE
On peut remédier àune perte de force non
douloureuse, et à une sidération partielle, en
faisant exécuter des mouvements de balancier
très rapides qui nécessitent un freinage réflexe.
La mise en activation du système myotatique
et des mécano-récepteurs articulaires mène à une
contraction musculaire vigoureuse. Il suffit de
remarquer la musculature des épaules et q.es
membres supérieurs chez l'adepte du «jog-
ging» pour se persuader de l'efficacité de ce
mécanisme : àchaque foulée, une secousse est
imprimée au membre supérieur, et ceux ci
augmentent très rapidement de volume. Le
même mécanisme peut être utilisé au bénéfice
de nos patients.
2.2. - UTILISATION DES PHÉNOMÈNES
DE STABILITÉ
Travaillant de manière stable, on demande
maintenant au sujet de se placer en chaîne
fermée, soit debout sur la pointe des pieds en
se tenant entre les barres parallèles, soit en appui
antérieur sur les mains, et l'on peut appliquer
des pressions déséquilibrantes en diagonale,
sollicitant ainsi encore plus les phénomènes
réflexes de co-contraction.
3. - Phénomènes alternés
dits de «l'induction successive»
Ceci .est décrit comme la préparation des
fléchisseurs àl'action immédiatement après que
les extenseurs aient été sollicités, et vice-versa.
Le cas clinique d'utilisation le plus favorable est
celui d'un déséquilibre musculaire, et au lieu de
s'adresser directement au muscle faible, il est
préférable de commencer par une contraction
du muscle le plus fort, pour inverser instantané-
ment la direction du geste en un « aller-retour »
très courant dans la vie de tous les jours et qui
peut être utilisé en rééducation.
Traditionnellement, le kinésithérapeute a évité
ce type de contraction, craignant les déforma-
tions articulaires. L'expérience montre qu'il n'en
est rien; dès l'instant que les deux contractions
musculaires se succèdent dans un temps très bref
et que l'on fait exécuter davantage de répétition
par le muscle faible. Dans ce cas, le muscle fort
n'est qu'un démarreur de l'activité neuro-
musculaire.
4. - Phénomène de l'irradiation
ou loi de Pflüger
Il s'agit de la propagation de la contraction
musculaire àpartir d'une action parfois isolée
mais toujours intense. Plus la durée augmente
et plus l'intensité augmente, plus se produit un
recrutement de muscles situés loin du site de la
contraction d'origine. Ceci constitue la base de
la recherche de toutes les contractions évoquées,
cette technique comportant la sélection d'un
muscle-gâchette dont l'activité va se répercuter
sur le muscle-cible ou groupe musculaire entier
que l'on désire exciter à distance.