Articulation gléno-humérale 1 Définition L’articulation gléno-humérale est l’articulation qui unit l’humérus à la scapula. C’est l’articulation proximale du membre supérieur. Elle fait partie du complexe articulaire de l’épaule avec les articulations acromio-claviculaire et sterno-claviculaire. C’est une articulation de type synoviale, sphéroïde, extrêmement mobile (fig 1). Elle permet une abduction du bras de 90° à elle seule et une abduction complète (180°) avec l’aide des articulations de la ceinture scapulaire et de celles du rachis. Figure 1 : Schéma de mise en place de l’articulation gléno-humérale 2 Arthrologie 2.1 Surfaces articulaires et pièce accessoire La surface articulaire humérale correspond à la tête de l’humérus. Elle a la forme d’un tiers à une demi-sphère de 30 millimètres de rayon en moyenne (fig 2). Elle regarde en haut, en dedans et en arrière. Il est possible alors de définir un angle d’inclinaison de 130° entre son axe et celui de la diaphyse, ainsi qu’un angle de déclinaison de 20° à 30° entre son axe et celui du plan frontal. La tête est séparée du massif tuberculaire par le col anatomique. La surface articulaire scapulaire est la cavité glénoïde (ou glénoïdale) qui a une forme grossièrement ovalaire, plus large en bas (fig 3). Elle est très peu excavée et regarde en dehors et en avant selon un angle de 30° environ avec le plan frontal (fig 4). Pour compléter la surface glénoïde peu profonde, il existe un labrum articulaire sous la forme d’un fibrocartilage triangulaire à la coupe et inséré sur tout le pourtour de la surface cartilagineuse, sauf une petite portion antérieure. L’axe global de cette articulation est donc dirigé en dehors et en avant. Le plan vertical passant cet axe est le plan de l’examen clinique de cette articulation. Figure 2 : Vue antérieure de la tête humérale Figure 3 : Vue latérale de la cavité glénoïde Figure 4 : Mise en place de l’articulation gléno-humérale sur une coupe horizontale 2.2 Moyens de stabilité La capsule articulaire et mince et fragile. Elle s’insère à proximité du labrum sur la scapula et sur le col anatomique de l’humérus. Elle présente un récessus inférieur lorsque le bras et en position anatomique. Elle est renforcée par des ligaments capsulaires. Le ligament coracohuméral (voir poly) renforce la capsule en haut. Les ligaments gléno-huméraux supérieur, moyen et inférieur (voir poly) renforcent la capsule en avant. Il existe des zones non recouvertes entre ces ligaments qui sont alors des zones de fragilité sous la forme de hiatus ligamentaires supérieur et inférieur (fig 5). Il n’y a pas de ligament postérieur. Entre les deux tubercules, le ligament huméral transverse prolonge la capsule pour former avec le sillon intertuberculaire un tunnel où chemine le tendon du chef long du muscle biceps brachial. Cette articulation est particulière par le fait qu’elle est traversée par le tendon de chef long du muscle biceps brachial qui s’insère sur le tubercule sus-glénoïdien en partageant quelques fibres avec le labrum et qui chemine dans l’articulation, tapissé d’une membrane synoviale, en se dirigeant entre les deux tubercules. L’existence de zones de faiblesse capsulo-ligamentaire explique que la tête humérale peut passer au travers lors des luxations gléno-humérales. Figure 5 : Vue antérieure arthrologique de l’articulation gléno-humérale 2.3 Bourse synoviale Lorsque l’individu fait une abduction du bras, la partie proximale de l’humérus et ses insertions musculaires s’articulent avec la face profonde du muscle deltoïde et la face inférieure du processus acromial. Il y a, à cet endroit, une bourse synoviale de glissement extra-articulaire appelée bourse sous-acromio-deltoïdienne. L’inflammation de cette bourse fait partie du cadre générale des périarthrites scapulohumérales qui sont des pathologies péri-articulaires de l’épaule. 3 Muscles 3.1 Muscles superficiels Le muscle deltoïde est le muscle qui forme le galbe de l’épaule. Il s’insère de l’épine de la scapula à la clavicule en passant par le processus acromial (voir poly). Il se termine sur le tubercule du deltoïde au quart supérieur de la face latérale de l’humérus. Cet endroit est appelé aussi le « V » deltoïdien (fig 6). Il est décrit avec trois faisceaux, postérieur ou épineux, moyen ou acromial et antérieur ou claviculaire. Sa fonction principale est l’abduction du bras. Il est innervé par le nerf axillaire. Le muscle grand pectoral (voir fosse axillaire) a pour fonction principale la flexion et l’adduction du bras. Il s’insère sur la lèvre latérale du sillon intertuberculaire. Le muscle grand dorsal (voir ceinture scapulaire) a pour fonction essentielle l’extension et la rotation médiale du bras. Il s’insère avec le muscle grand rond sur la lèvre médiale du sillon intertuberculaire. 3.2 Muscles profonds 3.2.1 En avant Le muscle subscapulaire forme la paroi postérieure de la fosse axillaire. Il s’insère sur la fosse subscapulaire de la scapula et se termine par un tendon sur le tubercule mineur (voir poly). Son action principale est la rotation médiale du bras. Il est innervé par des branches directes du plexus brachial. Il est en rapport direct avec le trajet axillaire du nerf axillaire qui contourne le tendon du muscle avant de passer dans l’espace axillaire latéral. Le chef long du muscle biceps brachial croise la région de façon tout à fait particulière. Il s’insère sur le tubercule supra-glénoïdien ainsi que sur le labrum articulaire. Il se dirige en dehors et en avant au dessus de la tête humérale. Dans cette portion, il est intra-articulaire et entouré d’une membrane synoviale. Il se porte ensuite à 90° dans le sillon intertuberculaire fermé en tunnel par le ligament intertuberculaire. Il reste engainé d’une membrane synoviale dans ce trajet. Figure 6 : Vue antérieure myologique de l’articulation gléno-humérale 3.2.2 En arrière Il existe quatre muscles profonds postérieurs, le muscle grand rond, le muscle petit rond, le muscle infra-épineux et le muscle supra-épineux (fig 7). Le muscle supra-épineux s’insère dans la fosse supra-épineuse (voir poly). Il se termine par un tendon au sommet du tubercule majeur de l’humérus. Il croise la face supérieure de l’articulation gléno-humérale en contact très étroit avec la capsule articulaire et chemine sous l’acromion dont il séparé par une bourse synoviale de glissement. Son action principale est l’abduction du bras. Il est innervé par le nerf sus-scapulaire qui est passé dans l’incisure suus-scapulaire, sous le ligament transverse de la scapula. Le muscle infra-épineux s’insère dans la fosse infra-épineuse (voir poly). Il se termine par un tendon à la face supérieure et postérieure du tubercule majeur. Son action principale est la rotation latérale du bras. Il est innervé par la branche terminale du nerf sus-scapulaire qui après avoir donné la branche motrice au muscle supra-épineux croise l’incisure spinoglénoïdienne de la scapula pour innerver le muscle infra-épineux. Le muscle petit rond se place sous le muscle infra-épineux (voir poly). Il est essentiellement rotateur latéral du bras et est innervé par une branche du nerf axillaire. Le muscle grand rond s’insère en dessous et en dehors du muscle petit rond (voir poly) et rejoint la face postérieure du tendon du muscle grand dorsal pour se terminer sur la lèvre médiale du sillon intertuberculaire en arrière du grand dorsal. Il est essentiellement rotateur médial du bras, mais aussi extenseur. Il est innervé par le nerf subscapulaire. Le chef long du muscle triceps brachial croise également la région. Il s’insère sur le tubercule infra-glénoïdien, puis chemine en bas et en dehors entre le muscle petit rond et le muscle grand rond. Il est extenseur et adducteur du bras. Il est innervé par le nerf radial qui passe par l’espace axillaire inférieur pour gagner la loge postérieure du bras en compagnie de l’artère brachiale profonde. Le nerf axillaire contourne le col chirurgical de l’humérus après avoir traversé l’espace axillaire latéral et la face inférieure de l’articulation gléno-humérale en compagnie de l’artère et de la veine circonflexe humérale postérieure. Ce nerf donne une branche collatérale pour le muscle petit rond puis se divise en deux branches terminales, une branche sensitive qui chemine superficiellement au muscle pour innerver la peau de la région deltoïdienne et une branche motrice qui chemine à la face profonde du muscle deltoïde pour l’innerver en contournant la face latérale, puis la face postérieure de l’humérus. Une luxation de l’articulation gléno-humérale doit impérativement faire recherche une complication vasculaire par compression de l’artère axillaire, mais surtout une atteinte du nerf axillaire. Les muscles petit rond, infraépineux, supraépineux et subscapulaire sont les muscles de la coiffe des rotateurs. La lésion de leur tendon est fréquente et rentre dans le cadre nosologiques des périarthrites scapulo-humérales. Il existe un cercle anastomotique périscapulaire entre l’artère sus-scapulaire, branche de l’artère subclavière (qui passe au dessus du ligament transverse de la scapula et de l’incisure sus-scapulaire), l’artère dorsale de la scapula, branche de l’artère subclavière (qui chemine directement vers l’angle supérieur de la scapula) et l’artère circonflexe de la scapula, branche de l’artère axillaire (qui chemine dans l’espace axillaire médial). Figure 7 : Vue postérieure myologique de l’articulation gléno-humérale