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www.vd.ch/biodiversite-plateau juillet 2010 2/8
Le Plateau, diversité des habitats
Le Plateau vaudois représente près de la moitié de la superficie du canton. C'est un vaste
territoire de plus de 1'400 km2 aux enjeux multiples. Sa topographie le prédispose en effet
aussi bien à l’agriculture qu’à l’urbanisation. Pour répondre aux besoins croissants d’une
société en développement, la densité des infrastructures et les surfaces construites n'ont cessé
de croître durant la seconde partie du 20ème siècle. Alors qu’en 1960, il était encore possible de
parcourir 18 km2 sur le Plateau suisse sans rencontrer d’obstacles artificiels, cette surface s’est
réduite à 8 km2 en 2007. Parallèlement, des efforts considérables ont été consentis pour
améliorer la productivité des terres et en rationaliser l’exploitation: augmentation de la surface
moyenne des parcelles, suppression des obstacles (haies, arbres isolés), drainage des zones
humides etc. Les pratiques agricoles ont suivi cette évolution, avec un fort accroissement des
apports de fertilisants de synthèse, d'herbicides et de pesticides, et une accélération de la
rotation des cultures… Le paysage rural traditionnel semi-naturel a progressivement cédé la
place à un paysage toujours plus maîtrisé et technique.
Ces grandes mutations ont eu un impact significatif sur le paysage et les habitats naturels,
dont le nombre et la diversité ont drastiquement diminué: marais, prairies maigres humides ou
sèches, cours d’eau, haies, arbres isolés ont payé un lourd tribut. Cette banalisation ne
concerne pas uniquement la valeur esthétique du paysage rural. Elle touche également à sa
substance biologique, plus discrète, en appauvrissant les communautés animales et végétales.
Cette évolution est particulièrement marquée dans les régions d'agriculture intensive, comme
le Gros de Vaud ou la plaine de l'Orbe. Seules les régions les moins rentables d'un point de vue
agricole ont conservé jusqu'à aujourd'hui un peu de leur caractère bocager traditionnel,
marqué par la présence de haies, de bosquets et de vergers.
Îlots forestiers dans un paysage
céréalier © D. Gétaz Les arbres, sentinelles paysagères
dans le territoire rural © P. Patthey Mosaïque de vergers, de prairies et de
champs de colza © G. Porchet
Cette évolution se poursuit encore aujourd'hui, de manière atténuée. Pourtant, depuis
plusieurs années, la multifonctionnalité de l'agriculture et sa contribution à la conservation du
patrimoine naturel et paysager sont unanimement reconnues. Dès le début des années 1990,
la prise en compte des enjeux biologiques dans l'agriculture a conduit à la mise en place de
nombreux programmes incitatifs destinés à promouvoir la diversité des habitats dans les zones
cultivées: les prestations écologiques requises, les surfaces de compensation écologique et les
réseaux écologiques sont autant d'instruments au service de la nature et du paysage mis en
place dans les exploitations.
Les surfaces de compensation écologique représentent approximativement 10% de la surface
agricole cantonale. Il s'agit essentiellement de prairies extensives, de jachères, de haies et
bosquets, de prés à litière. Gérés de manière différenciée (entretien tardif permettant à la flore
et à la faune de compléter leur cycle reproductif), souvent extensive (sans fumure, sans
produits phyto-sanitaires), ces milieux constituent actuellement les refuges vitaux de la
biodiversité en zone agricole.