Le Temple d`Avenches

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Le Temple d’Avenches C’était, à l’origine, une chapelle ou petite église érigée à la fin du XIème siècle. L’Eglise paroissiale de Saint‐Martin, avec ses huit autels secondaires dédiés aux Saint‐André, Jean, Michel, Nicolas, Pierre, Sainte‐Catherine, la Sainte‐Croix et la Vierge Marie, se trouvait hors de la ville, sur l’emplacement du premier bourg chrétien, dans le cimetière. Des fouilles entreprises en été 1968, dans le secteur gauche en entrant, désaffecté à cette époque, ont permis de retrouver une partie de ses fondations ainsi que la route passant à proximité. Le souvenir de cette voie de communication s’est perpétué au cours des siècles, puisque le lieu‐dit « Au Vieux Grand Chemin » se trouve entre le cimetière et le carrefour, à proximité du Café de la Croix‐
Blanche. Un parchemin de 1482 se trouvant dans nos archives est très intéressant pour l’histoire de notre Temple. Il est résumé comme suit : Vente faite à la Ville d’Avenches par Noble Otthon d’Avenches du dit lieu, d’une grange contiguë à la chapelle de Sainte Marie‐Magdaleine, avec deux estables contiguës à ladite grange, devers Joran, lesquelles grange et estables sont situées en dite Ville, jouxte les charrières publiques des trois autres parts. Ladite vente faite afin d’en orner et agrandir ladite chapelle, au prix de 60 florins de Savoye. Le document est signé par le Notaire Petrus de Dompnopetro (de Dompierre). Cette vente permit par la suite de doubler le volume du sanctuaire. Lors de la transformation et agrandissement du Temple de 1709 à 1711, il avait été prévu de conserver les murs du XVème siècle ; mais en cours de travaux, on s’aperçut que celui côté Rue Centrale et une partie de l’autre donnant sur la Place de l’Eglise, étaient en mauvais état. Il fallut les abattre et les reconstruire. De ce fait, toutes les fenêtres gothiques ont malheureusement disparu, à l’exception de celle de la chapelle. Le chœur fut prolongé jusqu’à la Rue du Temple. Afin de pouvoir pénétrer de plain‐pied dans la nef par au moins deux entrées, le sol fut abaissé d’environ 1 1/2 pied. C’est ce qui explique la différence du niveau entre la nef et la chapelle. Quelques temps après la fin des travaux, le Conseil de Ville décida d’enchâsser, dans la fenêtre au‐
dessus de la galerie, les armoiries de LLEE et de la Ville. Il faut préciser que ladite galerie se trouvait dans la chapelle qui, séparée de son chœur par un mur de molasse, faisait partie intégrante du Temple à l’époque. La galerie fut construite en 1773 pour y installer les orgues. L’armoirie bernoise a disparu de la fenêtre, vraisemblablement peu après l’Indépendance vaudoise. Le Maure était encore en place à la fin du XIXème siècle. L’archéologue J. Mayor le cite dans son ouvrage « Archives héraldiques suisses », édité en 1897 et le décrit : « Le Maure, d’un beau noir, est peint de face sur champ de gueules avec le bandeau et le vêtement d’argent ». Nous n’avons pas pu déterminer quand il a disparu. Au XIXème siècle, les fenêtres côtés vent ont été, durant longtemps, pourvues de contrevents. L’inspecteur Emmanuel d’Oleires, ancien syndic et député, décédé en 1852, légua une partie de sa fortune à diverses œuvres de sa commune d’origine. Le double de son testament indique sous no. 3 : « Je lègue 1'500 francs (près de 20'000 de nos francs) à la commune d’Avenches, à la charge pour elle de chauffer l’Eglise tous les jours où il y aura service divin en hiver et dont elle prendra l’engagement auprès de Monsieur le Pasteur ». On peut en déduire que, jusque‐là, il ne devait exister aucun moyen de tempérer le sanctuaire. Par la suite, nos autorités placèrent au milieu de la nef un imposant fourneau de forme cylindrique, avec son tuyau de cheminée s’élevant directement au plafond. Il ne répandait qu’une chaleur modeste, car, vers la fin du siècle, de nombreuses femmes surtout d’un certain âge se rendaient au Temple avec une chaufferette remplie d’eau chaude ou de braises sur laquelle elles posaient leurs pieds durant le culte. La période de 1900 à 1904 apporta quelques changements. Pose des porches au‐dessus des quatre entrées. Jusque‐là, seule la principale était protégée par un petit toit à un pan. L’ancien fourneau fut remplacé par quatre gros appareils électriques de forme carrée à dessus plat. Ils devaient fonctionner jusqu’en 1933, moment où un nouveau système de chauffage sous les bancs allait rendre service jusqu’à la restauration. Les neuf fenêtres munies de simples vitrages furent dotées des verres dit cul de bouteille, que nous connaissons. Le plafond reçut une nouvelle couche de peinture et les murs rafraîchis, le tout dans les couleurs d’origine. Pour les personnes qui n’ont pas connu le Temple avant le début des années 60, nous exposons ce qui suit : Les bases du clocher ayant été renforcées, les voûtes romanes, côté chapelle et nef, purent être dégagées des gros blocs de molasse qui les masquaient. Le plafond de l’abside, démoli par mesure de sécurité en 1711, fut constitué, la vieille galerie, les bancs au‐dessous, la paroi en bois sous la voûte gothique, enlevés. Dans la nef, les bancs étaient disposés face à la chaire, sauf ceux dessous la galerie et dans le chœur qui se faisaient face. L’orientation actuelle des nouveaux bancs nécessita la création de l’ambon, la chaire ne pouvant plus être utilisée. Jetons maintenant un coup d’œil sur les divers ornements et particularités de l’intérieur. Le chœur : Sur les deux fenêtres du fond, les armoiries avec texte allemand, précisant les fonctions de : • Christoffel Steiger, ancien bailli de Lenzburg, trésorier de la Ville de Berne ; • Emanuel Würstenberger, membre de l’actuel Conseil, banneret de la Ville de Berne ; • Joh.‐Rudolf Bucher, ancien trésorier, banneret de la Ville de Berne ; • Samuel Frisching, Seigneur de Rümligen, actuel banneret de la Ville de Berne et commandant d’armées. Ils formaient la Chambre des Seigneurs‐Bannerets du Pays de Vaud ayant accordé un important subside lors de la transformation et agrandissement de 1711. Sépultures des baillis décédés au cours de leur mandat (il était toujours d’une durée de 6 ans) : • Georg Thormann de 1714 à 1718 ; • Anthoine Würstenberger de 1730 à 1734. La nef : Au pied de l’escalier du chœur, face à la Table Sainte, sous trois dalles non scellées. Caveau familial de Lord Compton, Comte de Northampton, son épouse, un petit‐fils, sa fille, mécènes envers les pauvres de la Paroisse. Côté droite contre la chaire, l’épitaphe de César de Trey, pasteur de 1722 à 1726, enseveli au pied de celle‐ci. Côtés gauche, la Table de la Loi, exécutée par le peintre Musi, de Morat en 1711, reconstituée lors de la restauration et martyre de Sainte‐Apolline, XVème siècle. Sur la galerie, buffet d’orgues construit par le facteur d’orgues Scherrer, de Genève, en 1773. La chapelle : Vitraux de toutes les fenêtres réalisés par le frère de Taizé, Eric de Saussure, lors de la restauration. Sur les murs, Croix manquant la consécration de l’édifice par le prince‐évêque de Lausanne, suzerain spirituel et temporel de la Ville, XVème siècle. Décoration diverses, XVème – XVIIème siècle. A droite de l’entrée, tronc de la Synagogue, remis à la Paroisse lors de la disparition de cet édifice en 1957. Fondée au début du XIXème siècle, la Communauté israélite s’est peu à peu dispersée cent ans plus tard. Relevons encore un détail concernant le caveau de la famille anglaise, sur lequel se trouve une dalle de marbre noir avec une épitaphe en lettres d’or. Il est regrettable qu’elle ne soit par visible. En voici le texte intégral : « A la mémoire de très honoré Spencer Compton, Comte de Northampton, Lord Compton Gouverneur de la province de Northampton, etc. Mort le 17 avril 1796, âgé de 58 ans. Les cendres reposent près de celles de sa vertueuse épouse, Anna Houghan Comtesse de Northampton, morte le 5 juillet 1781. Et de son petit‐fils l’hon. Smith Compton mort le 18 décembre 1790, âgé de seulement 14 jours. Par ses vertus, il était l’honneur de sa patrie, en le perdant, les infortunés pleurèrent un père tendre et l’humanité un de ses plus beaux ornements. Vous qui regardez ce monument élevé par piété filiale, mêlez vos larmes aux nôtres. » « Ici repose au Seigneur l’hon. Frances Campton, fille de Lord Compte de Northampton, née à Northampton, décédée à Montreux le 18 février 1832 à l’âge de 73 ans. Fille dévouée, tendre sœur, amie fidèle, mère des pauvres. Son plaisir le plus pur fut d’aimer et d’être aimée. Son occupation journalière étant de secourir le malheur et son espérance intime d’arriver à ce monde meilleur où l’a recueilli en paix celui qui a passé sur la terre en faisant du bien. » Les intérêts du Fond Northampton sont encore actuellement distribués par notre Pasteur. Façade extérieure sud : Cadrans solaire réalisés, au centre, par le peintre Musi, de Morat, en 1712, et, à l’angle du bâtiment, par le Chevalier Jean‐Samuel Guisan, en 1793. Avenches, mars 1987 Yoland Gottraux, archiviste communal 
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