recherche A la recherche des marqueurs tissulaires Stratégie novatrice, l’analyse des biomarqueurs tissulaires dans le cancer de la prostate est un exemple du passage de la recherche fondamentale à l’application clinique. C’est à ce carrefour des compétences que le Pr Gaëlle Fromont-Hankard, au sein du service d’anatomie et cytologie pathologiques du CHU, situe sa mission de recherche. E nviron un tiers des hommes de plus de 50 ans possèdent des cellules cancéreuses dans leur prostate. Malgré les informations apportées par la mesure du taux de PSA et les données des biopsies prostatiques, il n’est pas possible aujourd’hui de prédire quand et à quelle vitesse le cancer de la prostate se propagera. Les médecins qui prennent en charge ces patients ont donc besoin de nouveaux marqueurs prédictifs de l’évolution et de la réponse aux traitements. L’anatomie pathologique consiste en l’analyse microscopique des tissus et des organes malades, afin de déterminer un diagnostic et un pronostic. Les techniques morphologiques de recherche des marqueurs sont l’immuno-histochimie (IHC), processus de détection d'antigènes dans les tissus au moyen d'anticorps, ou l’hybridation in situ (HIS), qui met en évidence ADN et ARN. La première étape consiste à rechercher Le Pr Gaëlle Fromont-Hankard Centre de recherche sur les pathologies prostatiques 1 Association de patients porteurs d’un cancer localisé de la prostate 2 CHU magazine - N° 57 - Décembre 2008 8 les différentes anomalies au niveau du génome tumoral. «Mais ces techniques coûtent cher, aussi ne peut-on le faire que sur peu de cas. Les résultats vont par contre permettre de déterminer des gènes candidats que l’on teste cette fois sur plusieurs centaines de patients selon des études cas-témoin», explique le Pr Fromont-Hankard. Pour celle-ci, le challenge est de faire communiquer les deux mondes de la recherche fondamentale et de la recherche clinique. «Les chercheurs fondamentaux ont besoin de tissus humains pour mieux comprendre. Les cliniciens possèdent les données sur les patients et ont besoin des fondamentalistes pour aller plus loin. En tant que pathologiste, j’ai accès aux tissus et aux marqueurs, et je peux développer in situ la recherche fondamentale.» Membre de l’Institut national du cancer, le Pr Fromont-Hankard collabore avec des réseaux de chercheurs dont le CeRePP1 et des associations de patients comme l’APCLP2, et cherche à fédérer les acteurs du CHU autour d’une étiquette lisible. Une politique de travail en commun, dont l’ambition est une meilleure prise en charge des patients. «Les fondamentalistes, les cliniciens, les pathologistes et les mathématiciens pour modaliser ces marqueurs : voilà le quatuor idéalement efficace !» n