8
CHU magazine - N° 57 - Décembre 2008
recherche
Environ un tiers des hommes de plus
de 50 ans possèdent des cellules
cancéreuses dans leur prostate. Malgré
les informations apportées par la me-
sure du taux de PSA et les données des
biopsies prostatiques, il n’est pas pos-
sible aujourd’hui de prédire quand et à
quelle vitesse le cancer de la prostate se
propagera. Les médecins qui prennent en
charge ces patients ont donc besoin de
nouveaux marqueurs prédictifs de l’évo-
lution et de la réponse aux traitements.
L’anatomie pathologique consiste en
l’analyse microscopique des tissus et des
organes malades, afin de déterminer un
diagnostic et un pronostic. Les techni-
ques morphologiques de recherche des
marqueurs sont l’immuno-histochimie
(IHC), processus de détection d'anti-
gènes dans les tissus au moyen d'anti-
corps, ou l’hybridation in situ (HIS),
qui met en évidence ADN et ARN. La
première étape consiste à rechercher
A la recherche des marqueurs tissulaires
Stratégie novatrice, l’analyse des biomarqueurs
tissulaires dans le cancer de la prostate est un exemple
du passage de la recherche fondamentale à l’application
clinique. C’est à ce carrefour des compétences que le
Pr Gaëlle Fromont-Hankard, au sein du service
d’anatomie et cytologie pathologiques du CHU,
situe sa mission de recherche.
les différentes anomalies au niveau du
génome tumoral. «Mais ces techniques
coûtent cher, aussi ne peut-on le faire
que sur peu de cas. Les résultats vont
par contre permettre de déterminer des
gènes candidats que l’on teste cette fois
sur plusieurs centaines de patients selon
des études cas-témoin», explique le Pr
Fromont-Hankard.
Pour celle-ci, le challenge est de faire
communiquer les deux mondes de la re-
cherche fondamentale et de la recherche
clinique. «Les chercheurs fondamentaux
ont besoin de tissus humains pour mieux
comprendre. Les cliniciens possèdent
les données sur les patients et ont be-
soin des fondamentalistes pour aller
plus loin. En tant que pathologiste, j’ai
accès aux tissus et aux marqueurs, et
je peux développer in situ la recherche
fondamentale.»
Membre de l’Institut national du can-
cer, le Pr Fromont-Hankard collabore
avec des réseaux de chercheurs dont le
CeRePP1 et des associations de patients
comme l’APCLP2, et cherche à fédérer
les acteurs du CHU autour d’une éti-
quette lisible. Une politique de travail
en commun, dont l’ambition est une
meilleure prise en charge des patients.
«Les fondamentalistes, les cliniciens,
les pathologistes et les mathématiciens
pour modaliser ces marqueurs : voilà le
quatuor idéalement efficace !» n
1 Centre de recherche sur les
pathologies prostatiques
2 Association de patients
porteurs d’un cancer localisé
de la prostate
Le Pr Gaëlle
Fromont-Hankard
1 / 1 100%