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Dossier Le temps
VI – Fêtes rituelles, rites, sacrifices : quelle est la fonction dans le cours du temps ?
Pourquoi l’existence (individuelle et collective) des hommes est-elle remplie de
rites, de rituels ? Quelle est la fonction du sacrifice ?
L'omphalos, « nombril de la Terre », la pierre et l'arbre (vestiges d'un premier état de la religion
grecque)
Le texte
L'oracle de Delphes se tenait auprès de l'omphalos, le nombril
de la Terre, l'antique pierre conique, à l'abri dans l'adyton du
temple d'Apollon, revêtue, comme les divins, d'une résille,
l'agrénon, signe de son pouvoir oraculaire.
Pausanias, au lIème siècle après J.C., laissa, de son voyage à
travers la Grèce continentale, un reportage de dix livres, la
Périégèse. Il dit n'avoir vu, bien sûr, à l'extérieur du temple que
la copie de l'omphalos original, protégé dans l'adyton inviolable
(X-16.3). Mais il évoque, dans l'angle nord-est du sanctuaire
une autre pierre vénérable, dite pierre de Cronos, que les
Delphiens oignaient encore d'huile chaque jour, et revêtaient
parfois d'un manteau de laine (X-24.6). Huit siècles auparavant,
cette pierre était là, elle aussi (et déjà) vestige énigmatique de
rites dont le sens était perdu et qu'il fallait réinventer par le récit
d'un mythe : c'est Hésiode, en effet, qui raconte que la pierre
était celle que Rhéa avait fait avaler à son époux Cronos, à la
place de son fils Zeus, qu'ainsi elle sauva. Zeus, alors, fit
recracher à Cronos ses autres enfants, et la pierre, qu'il « fixa
sur la Terre aux larges routes dans Pythô, monument durable à
jamais, émerveillement des mortels » (Théogonie vers 485
à 500).
Affleure à Delphes un premier état de la religion grecque, assimilé plus tard par la mythologie olympienne.
Enfin, les attributs de certains dieux apparaissent comme les traces d'un culte primitif des animaux, lui
aussi intégré dans une vision postérieure du divin, plus « civilisée ». Ainsi Pausanias recense Dionysos-
taureau, Zeus, et Apollon-loup, Artémis-ourse, Poséidon-cheval et une Déméter Noire (comme la Terre), à
corps de femme, avec une tête de jument, où étaient attachés des serpents (attributs de la Terre et des
divinités chtoniennes) et d'autres bêtes sauvages ; elle tenait dans une main un dauphin, dans l'autre une
colombe: puissante, donc, sur les trois éléments.
Une mystérieuse vénération entourait l'omphalos, bien avant qu'Apollon ne vînt à Delphes, et le mythe
tenta d'élucider sa vieille présence énigmatique et respectée : sur l'ordre de Zeus, deux aigles étaient
partis ensemble des extrémités de la terre et s'étaient rejoints à Delphes, juste au-dessus d'une pierre
conique : était ainsi désigné par Zeus le centre du monde, le «nombril de la terre», l'omphalos.
Questions sur le texte
a) Réflexion sur les pierres érigées, objet de vénération en tant que signe du divin et/ou objet dénoncé
comme marque d’idolâtrie.
b) Qu’est ce qui fait la sacralité d’un objet profane ?
c) A quelles conditions la Nature devient-elle objet de science ?
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