terre à sec... mais il ne rapporta pas le brin d'olivier attestant que Dieu créait à nouveau, 
peut-être épuisé est-il mort en mer, comme tant et tant de demandeurs d'asile... Ce fut donc 
la colombe qui apporta l'espoir dans son bec. La voyez-vous là... Odile Crochon a représenté 
un enfant qui, de la foule des réfugiés, lâche sa colombe. Reviendra-t-elle lui dire où se 
trouve la terre qui s'ouvre à l'accueil... ? 
Permettez-moi de terminer cette méditation par un action de grâce et un souhait 
En regardant vers le chemin de vie d'Aymard le Forestier et tout particulièrement vers son 
évocation d'une sandale, humble protection des pieds du marcheur... j'ai envie de m'associer 
au prophète Isaïe : Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager, celui 
qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : 
« Il règne, ton Dieu ! » Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils 
crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion... (Isaïe  
52, 7-8) 
Rue des Longues-Haies, l'inconnu passait, rue des Longues-Haies, l'inconnu passait... 
Pendant la nuit pleine, il a tissé la laine, il rentre avec sa peine... Rue des Longues-Haies,  
à l'heure matinale dedans ses habits sales, mon Dieu, comme il est pâle ! 
Rue des Longues-Haies, l'inconnu passait, rue des Longues-Haies, l'inconnu passait...O 
vous qui cherchez le bon Dieu dans les nuages, vous ne verrez jamais son visage. Ô vous qui 
cherchez le bon Dieu dans les nuages, vous manquerez encore son dernier passage...Rue 
des Longues-Haies, le Seigneur passait, rue des Longues-Haies, le Seigneur passait… 
Depuis que le Fils de Dieu est venu partager notre condition d'homme et que nous lui avons 
claqué la porte au nez, depuis que nous lui avons craché au visage et que nous avons fait la 
croix sur lui, tout homme, et particulièrement ceux que l'égoïsme des autres, le refus de 
solidarité de leurs frères ont défiguré, marginalisé, tout homme est image de Dieu et sa 
rencontre une invitation à lui laver les pieds... à le servir avec une crainte respectueuse car 
nous ne sommes pas dignes de lui enlever ses sandales 
Jésus est comme un pèlerin qui vient revisiter nos routes, en nous invitant à les convertir 
toujours plus profondément... Il y a de belles routes, Geneviève Scharff nous le rappelle 
avec l'évocation des Asturies, aux approches de Compostelle... Tellement d'hommes et de 
femmes ont vécu un renouveau, une découverte en marchant jusqu'au tombeau du 
Matamore... et si, conversion plus profonde encore, Jésus nous attendait là-bas pour nous 
apprendre non pas à mater le Maure, mais à mettre en œuvre des moyens pour vivre plus 
fraternellement encore avec lui ? 
 
J'ai fait un rêve, la nuit de Noël. Je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur. 
Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte, la mienne et celle du Seigneur. 
L'idée me vint - c'était un songe - que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie. 
Je me suis arrêté pour regarder en arrière. J'ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin. Mais je remarquai 
qu'en certains endroits, au lieu de deux empreintes, il n'y en avait plus qu'une. J'ai revu le film de ma vie. 
O surprise ! Les lieux de l'empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres 
de mon existence. Jours d'angoisse ou de mauvais vouloir ; jours d'égoïsme ou de mauvaise humeur ; jours 
d'épreuve et de doute ; jours intenables... jours où, moi aussi, j'avais été intenable. 
Alors, me tournant vers le Seigneur, j'osai lui faire des reproches: "Tu nous a pourtant promis d'être avec nous 
tous les jours ! Pourquoi n'as-tu pas tenu ta promesse? 
Pourquoi m'avoir laissé seul aux pires moments de ma vie? 
Aux jours où j'avais le plus besoin de ta présence?" 
Mais le Seigneur m'a répondu: " Mon ami, les jours où tu ne vois qu'une trace de pas sur le sable, ce sont les 
jours, où je t'ai porté." 
  
Attribué à Ademar de  Barros,  poète brésilien  
 
 Jean-Claude BRUNETTI, 2 Mai 2016