Hsinking est la « nouvelle capitale », vieille ville mandchoue. Les Japonais remodèle la ville mais ne
partent pas de rien. Rappelons que Nankin est l’« ancienne capitale » ; Pékin est la « capitale du nord ».
Hsinkin a donc été rebaptisée pour être la « nouvelle capitale ». Elle est vantée par de grandes publicités
(ci-dessous à gauche). Pour ce qui est du gouvernement, un seul organisme mérite véritablement d’être
cité. Le QG de l’armée du Kwantung a quitté Port-Arthur pour Hsinking et siège dans un bâtiment
monumental (rien à voir avec le « palais » de Pu Yi) à l’apparence vaguement chinoise. Les Chinois ne
s’en approchent pas ; c’est un lieu réservé aux Japonais. Il existe un conseil d’État dans un beau bâtiment
(ci-dessus à droite), qui est en fait un organe du gouvernement japonais ; le style du bâtiment est kolossal,
sérieux. L’organe législatif ne sauve même pas les apparences. Le gouvernement compte 10 ministres,
tous chinois y compris le premier ministre, afin de sauver les apparences. Derrière eux on trouve 10 vice-
ministres tous japonais, sur le modèle un peu des résidents britanniques derrière les souverains indigènes
laissés. Rien ne peut être faits ans leur initiative. Ils sont recrutés par l’armée du Kwantung, commandé
par le général. On trouve donc souvent des officiers ; le vice-ministre de la guerre est toujours un officier
supérieur de l’armée du Kwantung (on se sert près de soi) ; d’ailleurs l’aviation du Mandchoukouo
comprend des chasseurs Nakashima pilotés par des Japonais. Ou ce peuvent être des hauts-fonctionnaires
japonais agréés par l’armée du Kwantung, notamment issus du ministère des Finances de Tokyo. « Les
ministres et fonctionnaires chinois ne sont que des ornements » dit le représentant du pape sur place. Dans
le gouvernement les officiers chinois peuvent être en uniformes japonais (ci-dessous à droite).
La SDN hésite ; il n’y a pas de condamnation immédiate. Il y a d’abord mise en place d’une commission
d’enquête dirigée par un Britannique, qui condamne l’attaque en 1933. Le Mandchoukouo n’est reconnu
par personne au début puis l’est par l’Axe est es alliés : Allemagne, Italie, Hongrie. Même le masque
chinois ne fonctionne pas. Un deuxième masque du pouvoir est la redoutable Kempetaï. Elle dispose
d’une autonomie complète. Au Japon c’est une gendarmerie militaire particulière ; ici elle bénéficie d’une
liberté d’action totale vis-à-vis des non Japonais (Chinois, Coréens) ie de l’immense majorité des
habitants (à l’exception des Russes). Son pouvoir est absolu. Entre 1935 et 1938 son chef (qui dépend de
l’armée du Kwantung) est le général Tojo, qui devient en 1938 vice-ministre de la Guerre du Japon (à
Tokyo donc) donc chef des services secrets et en 1940 à la fois Ministre de l’Intérieur et Ministre de la
Guerre du Japon. En octobre 1941 il devient Premier Ministre du Japon, juste avant Pearl Harbor. Il a
conservé des liens avec la Kempeïtaï qui subsiste en Mandchourie ; la Kempeïtaï est couverte et peut
arrêter ou enfermer sans aucun contrôle judiciaire ; elle a un pouvoir de vie et de mort. Les Japonais
continuent à relever de l’État de droit partout (tribunaux, juges, avocats). La Kempeïtaï exerce une
censure discrétionnaire sur la radio et les journaux et participé à la propagande (mais elle n’est pas seule).
Elle est célèbre pour avoir gardé en 1941 les camps de prisonniers de guerre et de civils. Jean-Louis
Margolin a écrit sur L’armée de l’empereur ; p 249, il cite l’existence d’un rapport de 900 p sur la
Kempeïtaï sur la méthode torture. C’est comme la Gestapo. Au Japon elle existe aussi mais n’a pas le
même caractère ; ici elle se lâche, sous la tutelle de Tojo.
Pour ce qui est de la propagande, il y a restauration de la culture traditionnelle, menacée par le
communisme chinois. Le Chinois est soit communiste, soit vendu aux communistes. À partir de 1935, est
rétabli le culte de Confucius, supprimé en 1911 à la chute de l’empire. C’est à la fois pratique et une
forme de propagande. Le confucianisme a structuré le vieil empire chinois pendant 20 siècles ; ce n’est
pas une religion. Confucius est le père de la pensée politique chinoise. Dans les écoles et tribunaux il y
avait soit son portrait (imaginaire, car comme le Christ on ne savait pas à quoi il rassemblait) soit une
tablette en bous sur laquelle était gravé son nom en caractère chinois. On s’inclinait quand on passait
devant. Lors des cérémonies on faisait des offrandes symboliques : des fruits, de l’encens brûlé et de la
monnaie de papier (comme pour le culte des ancêtres et des morts aujourd’hui ; ce sont des billets sans
valeur type monopoly mais en Chien l’honneur passe par l’argent donc quand on veut honorer quelqu’un
on lui donne de l’argent). Il y a un volet propagande puisque les Japonais disent restaurer les vieilles
coutumes traditionnelles qui avaient fait la grandeur de la Chine. Ils respectent la tradition chinoise et
n’imposent pas le culte de leur empereur et le shinto d’État (culte de Hiro-Hito). Ce n’est pas une
invention japonaise que le confucianisme, présenté comme religion de la hiérarchie et de l’obéissance.
Mais on présente la pensée de Confucius (sans que ce ne soit forcément ce que Confucius pensait) comme
le fait qu’il n’y a pas de société heureuse sans hiérarchie, pas de hiérarchie sans ordre et pas d’ordre sans
obéissance. C’est une idéologie, imposée et sous surveillance de la Kempeïtaï. Les écoles orthodoxes,
catholiques, protestantes, bouddhistes ou taoïstes qui n’appliqueraient pas ces principes seront fermées.