LE NATURALISTE CANADIEN, VOL. 127 N
FAUNE
Figure 3. Abondance relative (nombre de captures par 100 nuits-pièges) et richesse
spéci que (RS) des micromammifères le long d’un gradient d’habitat allant de l’emprise
au milieu forestier adjacent, août 1999, 2000 et 2001
des champs semble avoir évité le
milieu forestier lorsqu’elle fut captu-
Les résultats de la présente étude
indiquent que le contraste entre une
emprise de 95 m de largeur et le milieu
forestier adjacent est suffisant pour
influencer l’abondance relative de
micromammifères en forêt boréale.
En effet, l’habitat créé par l’emprise
favorise grandement la présence
du campagnol des champs, celui-ci
n’étant trouvé presque exclusivement
que dans ce type de milieu. Le campa-
gnol des champs est considéré comme
une espèce typique des milieux ouverts
herbacés (Yahner, 1983 ; Kirkland, 1990 ;
, 1998), la strate herbacée
dense étant recherchée comme couvert
par cette espèce (Geier et Best, 1980).
De même, aucune des 20 souris sau-
teuses des champs n’a été capturée en
forêt. Cette espèce serait favorisée par
l’ouverture du couvert forestier à la
suite des coupes forestières (Kirkland,
Par contre, l’habitat créé par l’em-
prise semble peu favorable au campa-
gnol à dos roux de Gapper, ce dernier
étant beaucoup plus abondant en forêt
et en bordure de celle-ci. Le campa-
gnol à dos roux est en effet considéré
comme une espèce caractéristique
des milieux boisés et il est habituel-
lement rare ou absent des milieux de
coupes, sauf si ceux-ci correspondent
à de petites superficies intégrées à
un paysage essentiellement forestier
n’est pas adaptée pour survivre dans
des conditions où le taux d’humi-
dité est faible (Getz, 1968). Il semble donc que l’emprise à
l’étude représente une certaine perte d’habitat pour cette
espèce. Similairement, dans une étude réalisée au Nouveau-
Brunswick, Sekgororoane et Dilworth (1995) ont observé
que le campagnol à dos roux de Gapper utilisait surtout la
zone boisée de l’écotone créé par des coupes et ne s’aventu-
rait pas au-delà des cinq premiers mètres de la zone coupée.
De même, Labbé (1997) observa, au sud du Québec, que la
coupe forestière affectait le campagnol à dos roux, qui était
moins abondant dans les coupes que dans les lisières boisées
Les résultats de cette étude suggèrent que la richesse
spéci que en petits mammifères le long d’une emprise de
95 m située en forêt boréale est au moins égale, sinon supé-
rieure, à celle de la forêt mature adjacente. Au Tennessee,
(1979) ont observé que la richesse spéci que
était égale ou supérieure le long d’une emprise de lignes de
91 m de largeur comparativement à celle du milieu forestier.
De même, la richesse spéci que en petits mammifères est en
général supérieure après une coupe forestière récente en forêt
boréale (Kirkland, 1990 ; Gagné, 1997). Cette différence dans