Folia veterinaria VOS QUESTIONS Un de nos lecteurs s’interrogeait sur les moyens de traitement de Fasciola chez le bovin, tenant compte de l’offre actuelle en médicaments vétérinaires et, plus particulièrement, des restrictions d’usage chez les bovins laitiers. TRAITEMENT DE LA FASCIOLOSE La fasciolose chez les bovins est un problème croissant. Seules les exploitations affectées par ce problème nécessitent la mise en place de mesures de contrôle contre Fasciola hepatica. Il s’agit des exploitations ayant été affectées dans le passé par une fasciolose clinique ou dont la production est diminuée par des infections à Fasciola. Ces dernières ne sont pas toujours faciles à identifier. Une fasciolose subclinique peut être suspectée dans les exploitations souffrant d’une diminution de la production en fin d'année et en hiver chez les bovins dont les pâturages estivaux constituaient un biotope approprié pour l’hôte intermédiaire, la limnée tronquée, mollusque amphibie appelé Galba (Lymnaea) truncatula (pâturages humides ou possédant des points d’eau naturels tels que des ruisseaux ou des mares). Le diagnostic de la fasciolose doit être confirmé par la mise en évidence d’œufs de Fasciola dans les fèces ou d’anticorps Fasciola spécifiques dans le sang. La majorité des douves n’atteignant pas leur forme adulte avant l’hiver (période pré-patente de 8 à 12 semaines), la recherche des œufs par examen coproscopique donne souvent des résultats faussement négatifs avant le mois de janvier. Le diagnostic se fera alors de préférence par un examen sérologique. La plupart des tests sérologiques pour Fasciola ne sont cependant pas quantitatifs : l’examen sérologique à lui seul ne suffit donc pas pour distinguer les exploitations affectées par une fasciolose subclinique, engendrant une diminution de la production, des exploitations connaissant une infection à Fasciola négligeable, sans pertes de production. En effet, 38,6 - 82,6% des exploitations bovines belges sont séropositives pour Fasciola (CERVA rapport scientifique de 1999-2000), mais dans la majorité d’entre elles, Fasciola ne cause aucun problème. Pour diagnostiquer la fasciolose, il faut donc combiner l’examen sérologique avec une anamnèse approfondie (voir plus haut). Des études récentes révèlent la possibilité future d’identifier les exploitations à problème sur base d’un test ELISA quantitatif (Charlier et al., données inédites). Un autre moyen facilitant le diagnostic consiste à définir l’enzyme hépatique γGT. Les valeurs dépassant les 150 unités/l indiquent un endommagement du foie et sont, associées à l’anamnèse, un signe indicatif de la fasciolose. Le contrôle de la fasciolose se base sur deux piliers: (1) rendre le biotope de l’hôte intermédiaire inapproprié ou éviter le biotope des limnées et (2) éviter les infestations des pâturages au printemps et en été, lorsque la multiplication des limnées est optimale, par des traitements anthelminthiques stratégiques. L'utilisation du cyanamide de calcium au printemps permet de lutter contre l’hôte intermédiaire. Le drainage et l’entretien des fossés réduisent les possibilités de survie des limnées. Les bovins ne doivent pas avoir accès aux fossés et aux mares. La prophylaxie est généralement mise en œuvre par l’usage stratégique des anthelminthiques. L’objectif de ces traitements stratégiques étant de prévenir l’excrétion des œufs de Fasciola par les bovins sur les pâturages au printemps, saison durant laquelle les limnées se reproduisent optimalement. Les bovins sont donc traités dans l’étable, avant le pâturage. La plupart des anthelminthiques n’étant pas suffisamment efficaces contre les stades larvaires des douves, les bovins ne sont traités qu’à partir du mois de janvier, lorsque la plupart des douves ont atteint leur stade adulte. Un deuxième traitement peut être envisagé en mars-avril afin de supprimer les douves restantes qui n’avaient pas encore atteint leur forme adulte lors du premier traitement. Pour un traitement avant le mois de janvier, on utilisera un produit agissant mieux contre les douves juvéniles (triclabendazole). Dès le mois de décembre, les produits combinés à l’ivermectine doivent être évités, en raison de possibles infections à Hypoderma. Les produits enregistrés pour le traitement de Fasciola ne sont pas autorisés chez les bovins lactants, à l’exception de l’oxyclozanide (temps d’attente 60 h) (voir tableau). Triclabendazole (+ lévamisole) Nitroxynil Clorsulone (+ ivermectine) Closantel Oxyclozanide Temps d’attente lait Ne pas administrer aux animaux dont le lait est destiné à la consommation humaine Ne pas administrer aux animaux dont le lait est destiné à la consommation humaine Ne pas administrer aux animaux dont le lait est destiné à la consommation humaine Ne pas administrer aux animaux dont le lait est destiné à la consommation humaine 60 h Temps d’attente viande 42 j 60 j 28 j 28 j 10 j 2