Médecine d'Afrique Noire : 1990, 37 (7)
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fo rme non suppurée qui se re n c o n t re dans un contexte de
r h u m a tisme infl a m m at o i r e, d'allergie ou de maladie
infectieuse telle que la tuberculose, la syphilis ou la lèpre.
Les fo rmes suppurées bénéficient principalement d'une
antibiothérapie locale et générale alors que les formes non
suppurées re l è vent d'un traitement symptomatique anti-
inflammatoire en l'absence de cause évidente.
Lorsque l'oeil est rouge, avec un cercle périkératique, dou-
loureux et voyant mal, il faut penser à 3 types de cause : la
c r ise de glaucome aigu, les iri d o - cy clites (ou uvéites
a n t é ri e u res) et les kératites. Dans ces cas, le tra i t e m e n t ,
souvent délicat, relève en général du spécialiste.
d) La crise de glaucome aigu correspond à une hypertonie
oculaire brutale, souvent unilatérale.
La ro u ge u r, plus ou moins diffuse mais avec un cercl e
p é ri k é rat i q u e , s'accompagne de douleurs violentes ave c
larmoiement et photophobie.
Des signes généraux sont souvent présents : nausées,
vomissements et torpeur.
L'acuité visuelle peut être réduite, la cornée est trouble, la
pupille est ro n d e, bloquée en semi-my d ri a s e. A la palpa-
tion, l'oeil est dur comme une bille de bois.
Cette hypertonie oculaire doit être traitée en urgence, sinon
l'oeil sera perdu par atteinte irréversible du nerf optique.
Le traitement est médical dans un premier temps (hy p o -
tonisants et colly re myotique en instillations répétées) et
chirurgical ensuite, une fois le tonus redevenu normal, afin
de lever définitivement le blocage pupillaire responsable de
la crise d'hypertonie oculaire, au moyen d'une iridectomie
périphérique.
En attendant l'avis du spécialiste, on peut administrer en
urgence au patient de l'acétazolamide (Diamox, un compri-
mé ou mieux, une injection I.V) pour fa i re baisser la
tension oculaire.
L'atropine est formellement proscrite dans le glaucome. A
côté de la grande crise, il peut exister des formes subaiguës,
moins bru yantes, et il est impératif de toujours véri fier le
t o nus oculaire par la palpation bidigitale devant un oeil
rouge.
e) L'irido-cyclite est une atteinte inflammatoire de l'iris et
du corps ciliaire, souvent unilat é ra l e, dont les signes
fonctionnels (douleur, photophobie, larmoiement, baisse de
l'acuité visuelle) sont moins marqués que dans la gra n d e
c rise de glaucome aigu. La pupille est en myosis souve n t
irrégulier, du fait d'adhérences entre l'iris et le cristallin.
Le tonus oculaire peut être normal, abaissé ou augmenté.
Le traitement doit être instauré rapidement au moyen de
collyres mydriatiques et corticoïdes afin d'éviter l'évolution
vers des séquelles invalidantes.
Les collyres myotiques (pilocarpine) sont à proscrire en cas
d ' i ri d o - cy cl i t e. Il est important de fa i r e le diag n o s t i c
d i ff é r entiel avec un glaucome car dans ce dern i e r, le
t raitement comprend le re s s e rrement de la pupille alors
qu'il vise à la dilater en cas d'irido-cyclite.
Ce diagnostic différentiel est parfois difficile en cas d'irido-
cyclite hypertensive et doit être fait par le spécialiste.
En plus du traitement symptomat i q u e , une enquête
é t i o l ogique doit être entrep ri s e. Bien que les causes des
irido-cyclites soient nombreuses, elles ne sont pas toujours
faciles à retrouver.
Elles comprennent principalement la syphilis et la tuber-
culose (classiques mais ra res), les maladies virales (zo n a ,
h e rpès...), les infections de vo i s i n age (ORL ou stomat o -
l ogiques), la lèpre, la bru c e l l o s e, les ri ckettsioses, lep t o s -
piroses et borrelioses ainsi que des maladies rhumatismales
(spondylarthrite ankylosante en particulier).
f) Enfin, les atteintes cornéennes ou kérat i t e s s o n t
m a rquées par des signes fonctionnels assez importants :
d o u l e u r, larmoiement, photophobie parfois intense, entra î -
nant un spasme des paupières qui gêne l'ouverture de l'oeil.
Lorsque ce spasme est très important, quelques gouttes de
c o l ly r e anesthésique permettent l'examen. Signalons
c ependant que dans tous les cas, les anesthésiques locaux
ne doivent être utilisés qu'à titre diagnostique et jamais en
tant que thérapeutiques car, en cas d'instillations répétées,
ils bloquent la cicat ri s a tion cornéenne ou peuve n t
provoquer une ulcération cornéenne sur un oeil sain.
Les atteintes cornéennes peuvent être sch é m at i q u e m e n t
classées en 2 groupes : atteintes superficielles (ulcères et
kératites ponctuées) et atteintes profondes ou interstitielles,
avec intégrité de la surface.
Les atteintes superficielles sont mises en évidence par le
test à la fluorescéine qui permet de visualiser soit un ulcère
c o r néen, soit une kératite ponctuée faite de mu l t i p l e s
micro-ulcérations, visibles à l'aide d'une loupe.
L ' u l c è re cornéen est souvent d'ori gine tra u m atique et doit
fa i re re ch e rcher un éventuel corps étra n g er qui peut être
caché dans les culs-de-sac, d'où la nécessité de retourner la
paupière supérieure.
Les kératites superficielles peuvent être dûes à un oeil sec,
mal lubri fié, sinon, elles sont essentiellement d'ori gi n e
infectieuse : il peut s'agir d'une atteinte virale (herpès, zona