La pédagogie coopérative complexe *** Présentation Nicolas Go « Notre pédagogie est une pédagogie de la vie » I. Principes fondamentaux PRINCIPE PÉDAGOGIQUE : « S’AUTORISER » (créativité du désir) transformation des rapports de production des connaissances « s’autoriser » sous condition de coopération : - œuvre commune : étude - vivre ensemble : relations sociales dans une visée d’émancipation : - joie thérapeutique - pratique sociale juste « Ce n’est pas parce que les enfants s’ennuient qu’ils ne travaillent pas c’est parce qu’ils ne travaillent pas qu’ils s’ennuient » deux grandes ruptures : distinguer et relier 1.Coopération (pratique sociale) relations 2.Création (connaissances, œuvres, etc.) savoirs 1.Coopération : (transformer les rapports sociaux) organisation de la vie et du travail - autorisation et responsabilités - entraide et mutualisation - expression et communication institutions (procédures et processus) 2.production-Création : (transformer les rapports aux connaissances) à partir des productions des élèves (autorisation) - production (savoirs, œuvres, idées) - transformation et problématisation - mutualisation et valorisation II. La « Méthode naturelle » et les processus de tâtonnement (épistémologie) 1.La Méthode naturelle : (rapport puissance – milieu) - Tout être humain est animé par un principe de vie, il cherche à augmenter sa puissance… - et éprouve un besoin fondamental d’accorder ses actes avec ceux des autres. -Les conquêtes se réalisent par processus de tâtonnement… - dans un milieu social favorable. 2.Le tâtonnement : (processus d’action dans l’incertitude) - À l’origine, l’acte est du pur hasard - multiplicité de tâtonnements > acte réussi - ouvre la voie à un « torrent de vie » > laisse une trace - tendance à se répéter (consolidation, palier) > incorporé - durée de répétition < perméabilité à l’expérience Reprise du processus > nouvelles conquêtes Les « méthodes naturelles » texte libre recherches mathématiques arts étude du milieu pratiques corporelles etc. = des langages ou des pratiques (non pas des disciplines scolaires) = en lien avec des pratiques sociales de référence Quelques idées : C’est l’absence de motivation vraie et profonde qui conduit à la scolastique : Des techniques intégrées aux processus vivants Le problème des méthodes pédagogiques est dominé par ce malentendu : il faut connaître les lois de [l’écriture] avant de prétendre [écrire] : C’est en forgeant qu’on devient forgeron C’est la forme même de l’école qu’il nous faut reconsidérer : Un milieu riche de possibles Rôle essentiel du professeur - Sa propre éducation : « mettre sa vie en chantier » - Son action stratégique : primauté des processus - Son savoir disponible : « référentiels complexes » « créer un milieu » III. Pratique sociale (vivre-ensemble et activité de connaissance) « construire des institutions » La coopération est aujourd’hui un concept scientifique - dans l’ordre des faits - utilisé en physique, biologie, psychologie, etc. - lois de la nature et efficacité sociale Ex1 : « les enzymes coopératives », I. Prigogine G. Nicolis, A la rencontre du complexe, PUF, 1992, p. 47 Ex2 : J. Rilling et al., « A neural basis for social coopération », Neuron, vol. 35, 2002, pp. 395-405 La coopération est aussi une catégorie économique et politique - dans l’ordre des valeurs - entente en vue d’une action commune - système par lequel les individus participent à une œuvre commune au sein d’une institution - nuance de radicalité : alternative à un modèle dominant Ex1 : coopération internationale Ex2 : coopératives agricoles Ex3 : entreprises coopératives auto-organisées La coopération est un principe pédagogique et éducatif - transformation des rapports sociaux à l’école - transformation des rapports de production des connaissances art de vivre (la meilleure vie possible : éthique) manière de penser (émancipation intellectuelle) Ex1 : Bathélémy Profit (OCCE) La coopération à l’école primaire, 1922 Ex2 : Célestin Freinet (ICEM) organisation pédagogique et mouvement coopératif international Elle engage : - Les relations humaines : confiance, estime, empathie, patience, encouragement, écoute, etc. - L’organisation de la classe : responsabilités, autonomie des projets, décisions réelles, autoévaluation, organisation matérielle, etc. - L’activité des élèves : en position d’auteurs, droit à la parole, expression, création, communication, recherche, etc. - L’action du professeur : dévolution, dialogue, organisation du milieu, contraintes expertes, incertitude, etc. Elle s’appuie sur des institutions : (dispositifs, procédures, techniques, outils) réunion coopérative, entretien, dialogue de formation, responsabilités, règles de vie, affichages, recherches-conférences, correspondance, publications, ateliers, travail individualisé, plan de travail, fichiers autocorrectifs, texte libre, etc. Mais elle donne la primauté aux processus complexes Coopération pédagogique dispositifs outils démarches procédures entretien, réunion coopérative, conférence, travail individualisé, plan de travail, correspondance, etc. INSTITUTIONS DIDACTIQUES processus Coopération sociale dispositifs outils démarches procédures processus primauté des processus IV. Primauté des processus 2 échelles de complexité sociale individuelle 2 échelles de complexité sociale individuelle Multiplicité : relations Multiplicité : liaisons (synchronique) (synchronique) intersubjectivité, polyrythmie, libres déplacements, objets, responsabilités, initiatives, imitations, mutualisation, etc. Temporalité : devenir (diachronique) non-linéaire, incertitude, tâtonnements, transformations, bifurcations, etc. affectif, intellectuel, conscient, inconscient, corporel, social, etc. Temporalité : devenir (diachronique) longue durée, non-linéaire, incertitude, tâtonnements, transformations, bifurcations, etc. Conclusion : La pédagogie coopérative complexe pratiques concrètes d’émancipation 2 grandes ruptures coopération création Méthode naturelle Coopération Primauté des processus (tâtonnement) créer un milieu construire des institutions (créativité) Les méthodes naturelles a b c d e f g h (langages - pratiques) Rôle essentiel du professeur dispositifs outils a démarches procédures processus b c d e f g h (institutions didactiques) 2 échelles de complexité sociale individuelle (multiplicité – temporalité) Philosophie de l’éducation (éducation du travail) émancipation - collective : justice - personnelle : autorisation sagesse - sollicitude, philia - lâcher-prise - simplicité connaissance - savoirs - problématisation - créativité pratique éducative (pédagogie coopérative complexe) créativité ÉDUCATION ET POLITIQUE (résistance créative et sociale à toute forme d’aliénation) Expérience concrète de la joie d’exister (sagesse et connaissance) Paul Ricœur : « le souhait de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes. »