977 (XXXe année) 2,80 français m tsH A QUI APPARTIENT L'OCÉAN ? 'ïï&kà il*& .'-^i /? -¿fr *>* y*--" r> ,' . P ' TTL. /.* --' * : * - .£ .- ^l^c 4s B6> ** * ià^î * *** % -^-j0Kj^ß >v ^*^? F- -<Äa * ffP^ä F^ 4&te *5* *>Tj^ *ar :k' *r*'¿j/?í»N- tV-T^ TRESORS DE L'ART MONDIAL Personnage maya Pendant plus de mille ans jusqu'à la conquête espagnole de l'Amérique Centrale, la civilisation maya a produit un art d'une extraordinaire richesse, comme en témoignent les sites fameux de Chichen Itza (Mexique), Petén (Guatemala) ou Copan (Honduras). Exemple achevé de l'art maya classique (8e siècle de notre ère), la statue, dont on voit ici un détail, provient de Copan. Représen¬ tation d'un prêtre ou d'un chef, cette figure respire une impassible sérénité. Somptueux et élégants, 116 Honduras ses vêtements sont ornés de motifs qui préfigurent l'exubérance qu'atteindra, après la conquête espagnole, l'art baroque hispano-mexicain. SwSBB S if« Page 4 k Counter A QUI APPARTIENT L'OCÉAN? La recherche d'un nouveau droit international de la mer par Maria Eduarda Gonçalves JANVIER 1977 30e ANNÉE 9 SOUS LA GRANDE BLEUE, L'OR NOIR Photos PUBLIÉ EN 15 LANGUES 10 Français Arabe Persan Anglais Japonais Hébreu Espagnol Italien Néerlandais Russe Hindi Portugais Allemand Tamoul Turc LA MER CONVOITÉE Découvertes de l'océanographie et recherche d'un nouveau droit de la mer par Mario Ruivo 14 16 L'UNESCO ET L'OCÉANOGRAPHIE DES SAVANTS FONT LE POINT SUR LES PROMESSES DE L'OCÉAN Mensuel publié par l'UNESCO par Dan Behrman Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, 18 la Science et la Culture Ventes et distributions : POUR UN CALENDRIER DE L'HISTOIRE OCÉANE Photos Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris Belgique : Jean de Lannoy, 23 112, rue du Trône, Bruxelles 5 LES DERNIERS TROUPEAUX DE BALEINES Photos ABONNEMENT çais. Envoyer C.C.P. Paris ANNUEL: les 28 souscriptions 12598-48, francs par Librairie fran¬ mandat 24 Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris. CE 6e CONTINENT QUI TRAVAILLE POUR NOUS par Constantin N. Fedorov Reliure pour une année : 24 francs 26 Les articles et photos non copyright peuvent être repro¬ duits à condition d'être accompagnés du nom de l'auteur LA MER MALADE DE LA POLLUTION par Dan Behrman et de la mention «Reproduits du Courrier de l'Unesco », en précisant la date du numéro. Trois justificatifs devront être envoyés à la direction du Courrier. Les photos non copyright seront fournies aux publications qui en feront la demande. Les manuscrits non sollicités par la Rédac¬ 28 DES ÉPROUVETTES À LA MER par Timothy R. Parsons tion ne sont renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponse International. Les articles paraissant dans le Courrier de l'Unesco expriment l'opinion de 30 leurs auteurs et non pas nécessairement celle de l'Unesco ou de la Rédaction. Les titres des articles et les légendes VOYAGES D'EXPLORATION DANS UNE VALLÉE VOLCANIQUE À 3 000 M SOUS LA MER des photos sont de la rédaction. par Xavier Le Pichón Bureau de la Rédaction : Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris, France 33 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT 34 LATITUDES 2 TRÉSORS DE L'ART MONDIAL Directeur-Rédacteur en chef : Sandy Koffler Rédacteurs en chef adjoints : René Caloz Olga Rodel ET LONGITUDES HONDURAS: Personnage maya Secrétaires généraux de la rédaction : Édition française : Jane Albert Hesse (Paris) Édition anglaise : Ronald Fenton (Paris) Édition espagnole : Francisco Fernandez-Santos (Paris) Édition russe : Victor Goliachkov (Paris) Édition allemande : Werner Merkli (Berne) Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire) Notre couverture Édition japonaise : Kazuo Akao (Tokyo) Pêcheries, pétrole, minerais, l'océan Édition italienne : Maria Remiddi (Rome) Édition- hindie : H. L. Sharma (Delhi) Édition tamoule : M. Mohammed Mustafa- (Madras) recèle des richesses considérables. Édition néerlandaise : Paul Morren (Anvers) Pour les inventorier et les exploiter au mieux, il est indispensable de mieux connaître, dans tous ses aspects, cet univers liquide que l'on a appelé le Édition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro) Édition turque : Mefra Telci (Istanbul) « sixième continent » (notre photo : deux « haches d'argent », poissons Édition hébraïque : Alexander Broïdo (Tel-Aviv) Édition persane : Fereydoun Ardalan (Téhéran) lumineux vivant à 1 000 m, dans la nuit Rédacteurs : des grandes profondeurs). Ce numéro Édition française : Philippe Ouannès Édition anglaise : Roy Malkin du Courrier de ¡'Unesco est consacré Édition espagnole : Jorge Enrique Adoum ; Illustration : Anne-Marie Maillard t ?2 au développement de la coopération internationale dans les grands domaines de l'océanographie, ainsi qu'à la recherche d'un nouveau droit international de la mer qui faciliterait Documentation : Christiane Boucher l'accès aux ressources de l'océan, selon 2 Maquettes : Robert Jacquemin Photo © Aldo Margiocco, Campomorone, Italie Toute la correspondance concernant la Rédaction doit être adressée au Rédacteur en Chef. les perspectives d'un nouvel ordre économique mondial. Un long débat sous les auspices de l'ONU pour établir un nouveau droit international de la mer et préparer un partage équitable de ses richesses DES par siècles Maria Eduarda (« res Goncalves durant les océans tions puissantes de l'époque s'enga¬ Mais, récemment, on en est venu à gèrent alors dans la construction de remettre en question la notion même de la mer tenue pour inépuisable Portugal à la 3e Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer. fait partie du ser¬ flottes vice des relations internationales et de la coo¬ des mers inconnues, Lisbonne. Elle est l'auteur de nom¬ destinées conquérir ploiter, de à découvrir « nouveaux et mondes », à dominer, ex¬ voire répartir entre elles les océans. breuses études sur le droit de la mer et la pro¬ tection de l'environnement. consacrèrent côtier sur trois milles marins, -comptés à partir de ses rivages; cette distance de trois milles équivalait à la portée d'un canon de l'époque. La règle de la liberté des mers n'était applicable qu'au-delà de cette limite. de droit public international. Les na¬ pêches, nations n'appartenant à personne nullius »), choses soumises au considérés consulte hollandais, auteur d'un code pération au sein du Secrétariat d'État aux des peu à peu la souveraineté de l'État été principe de la liberté des mers, for¬ mulée en 1609 par Grotius, juris¬ MARIA EDUARDA GONCALVES, ju¬ riste portugaise, membre de la délégation du pratique comme ont Au fil des âges, la coutume et la réservoir de ressources vivantes, ré¬ servoir capable, par ailleurs, d'absor¬ ber tous déchets et substances qui y seraient déversés. Dans le même temps, nombre de lENT L OCEAN ? pays, se lançant dans la voie du dé¬ veloppement économique, prirent l'initiative d'étendre leurs zones de 200 milles des propriaient ainsi les autres, plus unilatéralement souveraineté jusqu'à côtes. Les uns s'ap¬ des lieux de pêche, développés, du pla¬ teau continental et de ses ressources minérales. En 1958 et 1960, les Nations Unies organisèrent, deux Conférences sur le Droit de la mer. Outre les aspects traditionnels de navigation et com¬ munication, furent débattus les pro¬ blèmes relatifs aux limites des eaux, territoriales et aux principes de conservation des océans et de leurs sentant de Malte à l'Assemblée géné¬ ressources biologiques. rale Pourtant les mers n'en restent pas moins réserve d'exploitation future et, rationnellement gérées, source de richesse. Conduites à grande profon¬ deur, et au-delà des eaux sous juri¬ diction nationale, de récentes pros¬ pections ont permis de découvrir proposer une action immédiate visant à réglementer l'utilisation des res¬ d'importantes ressources minérales, comme les nodules de manganèse. Ces découvertes ont conduit les États industrialisés à la mise au point de technologies qui permettent l'exploi¬ tation de tels « gisements ». Cette perspective conduisit le repré des sources Nations minérales Unies des en 1967 fonds à océa¬ niques et garantir les fins pacifiques d'une exploitation menée au profit de l'humanité tout entière. La situation même de ces res¬ sources au-delà des limites des juri¬ dictions nationales, risquaient, le pro¬ grès aidant, de mettre en compéti¬ tion des nations d'un haut niveau technologique et jouissant d'avan¬ tages stratégiques : celles-ci exploi- k teraient alors le fonds des océans à r , leur seul profit et au détriment des pays en voie de développement. C'est en 1974 que commença la 3e Conférence des Nations Unies sur le Droit de la mer. Elle répondait à la nécessité de compléter une législa¬ tion traditionnelle muette sur cette nouvelle exploitation des océans; elle devait aussi revoir des règles inter¬ nationales périmées. Nombre d'États, nouvellement indé¬ pendants, à n'avaient pris aucune part l'élaboration du droit maritime tra¬ ditionnel. Ces mêmes États prirent conscience de l'importance des res¬ sources (pêches, minerais, etc.) de leurs eaux côtières, dans la perspec¬ tive de leur développement social et économique. De plus, l'attention croissante por¬ tée aux problèmes de protection du milieu marin, la défense de la souve¬ soumise à nale créer) (à une autorité où internatio¬ tous les États seraient également représentés, auto¬ rité qui éviterait que ces richesses ne soient accaparées par les seuls pays possédant les possibilités de les extraire. Cette «Autorité senterait ment elle limiterait vation enfin cadre des institutions du système des Na¬ tions Unies. Elle serait régie, en effet, par les nouveaux principes qui inspi¬ rent les relations internationales : exploitation des ressources à des fins exclusivement pacifiques; répartition équitable des bénéfices entre tous les États, compte dûment tenu des be¬ relative¬ des res¬ l'accès aux eaux cô¬ Contrairement aux usages jusqu'ici en le amélioration redistribution tières que possédaient auparavant les grandes puissances maritimes prati¬ quant la pêche intensive. internationale des dans une une sources vivantes de l'océan. En effet, fonds marins» constituerait une inno¬ révolutionnaire à vigueur, exercer l'État son riverain pourrait contrôle sur cette zone des 200 milles, disposition dont on mesure l'importance pour les pays en voie de développement. Avec l'ex¬ tension des juridictions nationales, un tiers fait, des océans cessera, de ce d'être considéré comme « haute mer» et ne sera plus soumis au prin¬ cipe de la liberté des mers. soins des pays en voie de dévelop¬ Les organisations de pêche qui pement. regroupent plusieurs États voisins et Cependant les pays industrialisés émettent quelques réserves. Les dans une zone déterminée, continue¬ raineté elle-même, poussèrent les États membres des Nations Unies à sociétés multinationales ont, en effet, entamer une négociation dont le but était de créer un cadre légal et juri¬ dique adéquat; de la sorte l'exploita¬ tion des océans, loin d'être une per¬ pétuelle source de différends et de investi des sommes importantes dans la mise au point de technologies per¬ mettant l'exploitation des fonds sousmarins, en particulier en ce qui conflits, ces au cours de ces dernières années, concerne les nodules minéraux, sour¬ assurent la gestion des ressources ront de jouer un rôle important dans la promotion de la coopération scien¬ tifique, la diffusion d'informations et le développement d'assistance tech¬ nique. Cela permettra aux États riverains dans un climat de respect mutuel. cobalt, etc. L'exploitation et l'utilisation des minerais des fonds océaniques in¬ A l'égard de l'adoption d'une zone économique de 200 milles, la quasi d'utiliser ou d'exploiterrationnellement les ressources de leurs zones respec¬ tives. Cette coopération s'impose, car certaines ressources de pêcherie se déplacent dans les zones écono¬ se ternationaux déroulerait étaient au au contraire centre des débats. La communauté internationale part du principe que ces ressources cons¬ tituent une partie du patrimoine com¬ mun à l'ensemble Cette exploitation de l'humanité. devrait donc être de manganèse, cuivre, nickel, unanimité est apparue. L'État riverain miques de différents États : ainsi des aurait, entre autres pouvoirs, juridic¬ espèces migratrices, comme le thon. tion exclusive sur les ressources bio¬ logiques : nombre des captures, excé¬ Pour parvenir à un accord, il faut que dans une «zone économique dents susceptibles d'être attribués à d'autres États. exclusive », Cette limite des 200 milles repré SIX MILLIONS DE MINERAIS divers États puissent recevoir des garanties quant à l'exer¬ cice de certains droits indispensables : DE TONNES PAR AN Telle serait l'incroyable quantité de nodules (ci-dessus) produite chaque année par l'Océan Pacifique à lui seul. Plusieurs milliards de tonnes de ces nodules, associant divers métaux, forment des gisements accessibles à l'exploitation dans cet océan. Différentes techniques sont recherchées à cet effet. A gauche, remontée d'un préleveur de sédiments. On distingue les nodules fixés sur cette « carotte » et ramassés à quelque 4 000 mètres de profondeur dans le bassin de Madagascar (Océan Indien austral) lors d'une mission océanographique française en mai 1976. Photo © Yvon Balut, Terres australes et antarctiques françaises, Paris En 1974, la production de la pêche dans le monde a dépassé les 60 millions de tonnes. Près de 90 pour cent de ces prises proviennent de zones de « haute mer » qui pourraient, un jour, devenir « zones économiques exclusives » placées sous la juridiction des Etats côtiers. Nombreux sont les pays pour qui la pêche est une des principales ressources alimentaires. Tel est le cas, par exemple, de Sri Lanka; à droite, catamarans de pêcheurs sur la plage de Negombo, au nord de Colombo. Photo David Holden © Panmage, Pans une zone et sa propagation dans une l'élaboration des programmes, à leur installation de câbles sous-marins de autre exécution et avoir accès aux résultats. communication, nocifs sur les ressources biologiques et sur la santé humaine est à ce prix. liberté de navigation et etc., de survol, étant bien entendu que ces droits ne doivent pas interférer avec l'exercice des nouveaux droits de l'État côtier. Ce nouvel océans ordre s'insérerait Quant à phique, juridique tout des naturelle¬ ment dans le cadre d'un nouvel ordre économique mondial, fondé sur la coopération internationale et tendant à réduire les inégalités entre pays en voie de développement et pays indus¬ trialisés. la en voulant associer droit de mer et nouvel ordre économique international, la Conférence s'est heurtée à un problème d'importance : la priorité qu'il convient d'accorder aux pays en voie de développement, et aux pays n'ayant pas d'accès direct à la mer (pays sans littoral), ou pays à la situation géographique défavo¬ rable. Ces pays luttent pour la reconnais¬ sance de droits particuliers leur don¬ nant accès aux zones économiques des États côtiers de la même région ainsi qu'au droit à l'exploitation, dans des conditions sources moins, de à ces favorables, zones ou, des tout res¬ au l'accès aux ressources non utilisées par l'État côtier. En ce qui concerne la pollution et la protection du milieu marin, l'exten¬ sion de la limite des eaux territoriales à 200 milles rend nécessaire la redé¬ finition des compétences nationales en ce domaine, ainsi que l'harmoni¬ sation, régionale et globale, .des normes de contrôle. Le projet vise à restreindre la pollu¬ tion entraînée par les pétroliers et au¬ tres navires, et par l'immersion de substances polluantes. Il tend à réduire les conséquences d'un accident dans La la réduction des effets recherche océanogra¬ les États côtiers en voie de développement entendent faire recon¬ naître leur droit de contrôle sur des activités entreprises par des institu¬ tions ou des navires étrangers opé¬ rant dans les eaux voisines de leurs côtes. De telles opérations devraient tomber sous leur juridiction; ils de¬ mandent aussi que, dans certains cas, Mais, zone. saire, ches leur résultats portant propres. vrait consentement les sur de leurs soit ces néces¬ recher¬ le droit de les grandes puissances au¬ de la liberté totale pour les recherches fondamentales. Elles voient dansj'ac- croissement du contrôle par les États côtiers une entrave à la science et à l'acquisition de nouvelles connais¬ sances. Ainsi, on voit toute l'impor¬ tance du rôle que pourraient jouer des organismes régionaux et mondiaux comme la Commission océanogra¬ phique intergouvemementale, pour faciliter un accord entre les parties intéressées. ressources De même, l'État côtier de¬ avoir Mais jourd'hui encore défendent le principe participer à D'une manière générale les paysk en voie de développement espèrent , pour accélérer leur développement économique et social, bénéficier des nouvelles normes appliquées aux océans. Toutefois, ils rencontrent des difficultés : manque d'infrastructure, de connaissances scientifiques et techniques, et manque de capitaux, pour ne rien dire du coût élevé des technologies mises au point dans les pays industrialisés. Ce coût est particulièrement prohi¬ bitif en ce qui concerne l'exploitation des ressources minérales, alors que, pour ce qui est des ressources vi¬ vantes, beaucoup d'États côtiers pos¬ sèdent les moyens techniques néces¬ saires à cette exploitation. Ces problèmes débattus lors de ont été vivement la Conférence et tout porte à croire que la future Convention en tiendra compte avec l'adoption de principes tendant à faciliter le transfert des technologies. Mais les pays où ces technologies ont été mises au point manifestent leur réticence, ils voient dans leurs gains éventuels le juste rendement de leurs brevets et de leurs équipements. Le sujet est d'une telle complexité, les intérêts en jeu, souvent vitaux pour les États, d'une telle importance que la future législation des océans peut engendrer de radicales diver¬ gences d'interprétation, voire des conflits. L'accord final dépend donc d'un compromis et de l'établissement de mécanismes et d'organes internatio¬ naux capables de prévenir les conflits ou d'en trouver la solution. Certains « précédents », ou conflits latents per¬ mettent de cerner certains problèmes, ainsi de « la guerre de la morue », entre l'Islande et le Royaume-Uni, ou des différends entre la Grèce et la Turquie à propos de la délimitation des zones de souveraineté suscep¬ tibles de receler des ressources miné¬ rales. La solution pacifique de tels conflits, dans l'esprit de la Charte des Nations Unies, est indispensable si. l'on ne veut pas porter atteinte à la coopéra¬ tion et à l'entente communauté au sein de internationale, la ainsi, bien évidemment, qu'à la solution des problèmes posés par l'exploita¬ tion des océans. C'est pourquoi la Conférence s'est préoccupée des divers mécanismes auxquels les États pourraient avoir recours, en particulier un organisme pour les arbitrages, le Tribunal inter¬ national de La Haye (déjà existant), et un organisme qui reste à créer, le Tribunal du droit de la mer, où les pays en développement seraientmieux représentés. Si l'adoption de la Convention tar¬ dait, nombre d'États seraient proba¬ blement conduits à établir unilaté¬ Photo © Parimage, Pans en cours. On espère qu'il imposera la sives, décidées par divers États. Par ailleurs, les grandes entreprises multinationales risquent de refuser d'attendre la fin des négociations et peuvent commencer l'exploitation immédiate des fonds océaniques, sans limitations ni conditions, au bénéfice exclusif de ceux qui ont le. moins besoin de ces richesses sous- ralement leurs propres législations pour consacrer leurs nouveaux droits marines. à l'utilisation des ressources marines. membres de la communauté interna¬ Ce que confirment les récentes exten¬ tionale. sions En fait, le processus d'élaboration d'un nouveau Droit de la mer est déjà des limites territoriales, sous forme de zones économiques exclu 8 Une telle situation pourrait déboucher sur un conflit entre les reconnaissance d'un ensemble de normes découlant des concepts du Nouvel ordre économique. Maria Eduarda Gonçalves C'est en 1947 que fut installée, dans le golfe du Mexique, la première plate-forme de forage pétrolier marin. En trente ans, la production de pétrole sous-marin a connu un développement spectaculaire : plus de 200 plates-formes sont aujourd'hui en activité dans le monde pour une production annuelle dépassant les 500 millions de tonnes. Jusqu'ici, la plupart des champs pétrolifères sous-marins en exploitation, se trouvent â l'intérieur d'eaux sous juridictions nationales. Les forages en mer peuvent poser des problèmes de stockage; à gauche, dans les eaux de Dubaï (Emirats arabes unis), un énorme réservoir flottant d'une contenance de 1 5 000 tonnes est acheminé par remorqueur vers les lieux d'extraction. Les champs pétrolifères sous-marins sont quelquefois hérissés de derricks (ci-dessous à droite au large du Koweït). A droite, vu à travers un objectif photographique déformant une plate-forme de forage dans les eaux de l'Arabie Saoudite. Ci-dessous, une autre plate-forme, munie d'une aire d'atterrissage pour hélicoptère au large de Port-Gentil, Gabon. Photo Fred Peer © Parimage, Paris SOUS LA GRANDE BLEUE, L'OR NOIR Photo John Bryson © Parimage, Paris LAMER , CONVOITEE par Mario Ruivo L'EXPÉDITION de la corvette bri¬ tannique Challenger (1872- 1876) a marqué un tournant historique dans le développement de l'océanographie. C'était la première tentative, à l'échelle mondiale, d'ex¬ ploration scientifique des mers, des fonds marins et des espèces qui y vivent. Le principe de la liberté des mers facilitait la mise sur pied d'expéditions océanographiques. L'intérêt croissant porté aux mers conduisit même à la création de laboratoires maritimes dans des zones scientifiquement inté¬ ressantes et sans aucune restriction de la part des autorités locales. Les hommes de science appar¬ tenant à des pays lointains, ou sans littoral maritime, pouvaient ainsi pour¬ suivre des travaux dans des eaux sou¬ mises pourtant à la souveraineté d'un État précis. Tel fut le cas pour la Station zoolo¬ gique russe (1884) de Villefranchesur-Mer et de la Station zoologique de Naples ( 1 872) fondée par F. A. Dohrn, et d'autres savants allemands, pour étudier la Le 30 décembre 1872 la corvette britannique Challenger (ci-dessus) effectuait son premier prélèvement d'eau au Méditerranée. fond de l'océan, Ces institutions annoncent les donnant ainsi naissance formes de coopération élargie qui se développeront près d'un siècle plus tard, sous l'égide d'organismes inter¬ nationaux, mais cette fois, à l'océanographie moderne. Au cours d'un périple qui allait durer jusqu'en 1876, d'innombrables analyses avec des limitations nationales de plus en plus d'eau de mer furent nettes. poursuivies dans le Le début du 20e siècle voit naître, en ce domaine, le premier organisme de coopération intergouvernementale: le Conseil international pour l'explo¬ ration de la mer (1 902), fondé par les pays du Nord de l'Europe. Son but : faciliter l'échange d'informations sur les ressources biologiques, leurs dé¬ placements éventuels et autres phé¬ nomènes affectant la pêche, amélio¬ rer celle-ci, la rendre plus efficace, et coordonner les recherches océano- MARIO RUIVO, biologiste portugais, est président du Comité de travail sur l'Étude mondiale de la pollution ¿ans le milieu marin, organisme dépendant de la Commission océa¬ nographique intergouvernementale. Directeur du Département de la recherche et de la pro¬ tection des ressources biologiques et du milieu marin (Secrétariat d'État aux pêches, Lisbonne), il a présidé la délégation portugaise à la 3e Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer. 10 laboratoire du vaisseau (à gauche). Photos Unesco graphiques des différents savants et ment, laboratoires. déployèrent leurs activités. Car ils voyaient dans l'exploitation des res¬ Les navires participant alors à des expéditions océanographiques n'avaient toutefois d'autres limitations que celle, imposée par la limite des eaux territoriales, de trois milles. Mais peu à peu, et surtout entre les pays de l'hémisphère Nord, la collaboration internationale commençait à s'étendre. La seconde guerre mondiale vint brus¬ quement interrompre ce processus. Après la guerre et pendant les années 1950, l'utilisation pacifique des océans revint à l'ordre du jour. Les puissances maritimes d'abord, puis les pays en voie de développe- de sources plus marines en plus une nombreux, aide considé¬ rable à leur propre développement économique et social. Dans ce con¬ texte, problèmes et conflits résultant d'une exploitation intensive revêtent une particulière acuité. Ils deviennent plus graves encore lorsque, de problèmes locaux (pêche intensive d'une espèce dans une aire géographique déterminée), ils se transforment en problèmes régionaux, voire même internationaux (pollution côtière due à un accident de pétrolier, et conséquences pour les ressources La recherche océanographique la coopération internationale et le droit de la mer biologiques et le tourisme). De nouveaux Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, Organisation météoro¬ dangers surgissent logique mondiale. Organisation inter¬ gouvemementale consultative de la navigation, etc.) a permis une coopé¬ ration amicale entre États et la recher¬ donc et il devient nécessaire d'établir des règles internationales et une légis¬ lation qui tienne compte des intérêts de la communauté mondiale. che de solutions aux problèmes éco¬ nomiques, sociaux ou culturels. Pour protéger leurs ressources, certains Etats de l'Amérique latine, le Pérou en tête, réagirent en formulant le concept d' « océan patrimonial » : zone de 200 milles quelle s'exerce l'État côtier. la marins sur souveraineté L'Unesco, à de ressources fonds marins naturelles et du de sous-sol "décolonisation leurs de leur Par ailleurs, et d'une manière géné¬ on assiste à un extraordinaire développement de la recherche scien¬ tifique, mue par la nécessité de ras¬ sembler données et informations des océans, à et à leur accession à Avec une exploitation plus intense de l'océan, pratique courante et droit indispensables à la création de nou¬ velles technologies, à une meilleure connaissance occupe l'indépendance. Ces nations prirent alors progressivement conscience de ce qui les unissait et de ce qui les séparait des pays industrialisés : ils s'organisèrent pour défendre leurs intérêts communs, y compris en matière de recherche scientifique et d'océanographie. plateau continental. rale, elle, Les pays en voie de développement ont vu leur nombre croître grâce à la leur avance technologique, s'assurèrent, par une déclaration du président Truman (1 945) la juridiction des à dérante pour la promotion des sciences océanographiques et la for¬ mation du personnel scientifique et technique. la¬ Les États-Unis pour leur part et grâce quant dans ce contexte une place prépon¬ maritime leur s'avérèrent discordants. L'ONU convoqua alors la lre et la IIe exploitation rationnelle, aux mesures de protection et de préservation des Conférences (1958 ressources et du milieu marin. et sur le 1960), droit de la tentatives mer pour adapter les concepts juridiques à la L'après-guerre est donc caracté¬ risée par un spectaculaire regain réalité du d'activités sance à quatre Conventions, qui, entre autres, réglementent la re¬ cherche scientifique. Le principe de la liberté des mers y est maintenu à une seule limitation près : celle de la pros¬ pection du plateau continental. et de collaboration Ces entre scientifiques et institutions des pays développés. Cette collaboration, qui inclut un nombre toujours plus grand de pays en voie de développement, se déroule soit dans un espace déter¬ miné (Expédition internationale de plus complexes. De sectorielle qu'elle Vue de la proue et de l'avant du vaisseau océanographique américain Glomar Challenger, ainsi baptisé en souvenir du Challenger, le premier vaisseau océanographique. On distingue sur le pont du navire, les tubes qui servent aux forages en eaux profondes (plusieurs milliers de mètres), forages qui permettent de mieux connaître la composition était, de la croûte terrestre sous la mer. l'Océan Indien, IIOE), soit autour de thèmes précis (productivité, évalua¬ tion des ressources, pollution, etc.). Les sciences de la mer conduisent à des applications pacifiques, voire militaires (mais celles-ci, alors, clan¬ destines) et deviennent de plus en la recherche tend à devenir pluridisciplinaire. A la fin des années 1 960, cette recherche devient partie intégrante de tout programme de dé¬ veloppement économique ou d'action maritimes. La création de l'Organisation des Nations Unies agences spécialisées dont certaines en 1945 et de ses sont dotées d'un domaine de compé¬ tence exclusif ou partiel en matière d'océanographie (Organisation des moment. Conférences ont donné nais¬ En règle générale, l'État côtier ne refusera pas un permis de recherches scientifiques si c'est une institution qualifiée qui le demande. Dans ce cas, cet État côtier peut, s'il le désire, participer aux recherches. D'autre part, la possibilité de l'extension des eaux territoriales à 12 milles permet d'étendre les restrictions à la recher¬ che marine. Pour nombre de pays qui venaient d'accéder à l'indépendance, ces Conventions traduisaient les intérêts des grandes puissances maritimes. Aussi, ne se considérèrent-ils pas liés par ces conventions, soit parce qu'ils n'avaient pas participé à leur élabo¬ ration, soit parce que leurs intérêts n'étaient pas convenablement proté¬ gés. V Car les pays en voie de développe- r 11 D'où l'affrontement, en le début de la 1974, dès IIIe Conférence sur le droit de la mer, de deux thèses oppo¬ sées. L'une, propre aux pays en voie de développement, l'autre aux grandes puissances et pays industria¬ lisés. Ces pays estiment donc qu'il est nécessaire de protéger leurs intérêts et de consolider leurs droits sur le plateau continental, droits déjà consa¬ crés d'ailleurs par la Convention de 1958. Ils demandent l'adoption d'une réglementation qui garantirait à l'État riverain une information préa¬ Les pays en voie de développe¬ ment refusent la distinction entre re¬ lable afin qu'il puisse se prononcer en connaissance de cause sur les pro¬ cherche « pure » et recherche « appli¬ quée ». Jugeant impossible la sépara¬ jets de recherche présentés par d'autres États, et contrôler la diffu¬ tion des connaissances et de leur application, ils dénoncent le risque d'une utilisation à des fins non-paci¬ fiques, ou l'exploitation directe ou indirecte des ressources. Ainsi serait menacée la sécurité des pays côtiers et compromis leurs intérêts économiques dans la future zone de 200 »ment visent de plus en plus à une politique susceptible d'éliminer leur retard économique par la mobilisation de toutes leurs ressources, y compris océaniques. Certes, il y faut des inves¬ tissements, mais aussi une techno¬ logie valable et des scientifiques et techniciens qualifiés. Au cours des dernières années, la coopération en matière de recherche océanographique s'ouvre progressi¬ vement aux institutions et scienti¬ fiques du monde entier, processus facilité par la création de nouveaux organismes comme la Commission océanographique intergouvememen¬ tale (COI). Celle-ci tend à promouvoir la recherche et la coopération scien¬ tifiques, pour une meilleure connais¬ sance des océans. Créée en 1 960 au sein de l'Unesco, la COI en vint, au cours des années 1 970, à être considérée comme orga¬ nisme spécialisé au service des autres organisations du système des Nations Unies, et compétente en matière de recherche, exploitation et gestion océaniques. La politique scientifique menée par les pays en voie de développement s'appuie sur la formation de cadres locaux, sur l'assistance bi- ou multi¬ latérale. La distinction entre recherche « pure » et « appliquée » commence, en effet, à être critiquée, ainsi que la dépendance à l'égard de l'étranger, considérée térêts comme contraire aux in¬ nationaux. Il y eut, au cours des débats de la IIIe Conférence sur le droit de la mer, d'autres causes aux critiques du ré¬ gime juridique applicable à la re¬ cherche océanographique (voir page 4). Citons : flottes de pêche à long rayon d'action menaçant les res¬ sources biologiques par excès des prises; possibilité d'exploitation à grande profondeur des gisements de pétrole, de gaz et autres ressources minérales. Enfin, mise en cause des informations fournies par les expédi¬ tions océanographiques, menées par les grandes puissances et répertoriant les ressources minérales du fond des océans (nodules). 12 milles. sion des informations afin de profiter lui aussi des connaissances acquises. Ils préconisent une réglementa¬ tion basée sur le principe du consen¬ tement préalable, reconnu à l'État riverain. Les pays industrialisés pour leur part, défendent la thèse de la totale liberté de recherches. Ils considèrent leurs intérêts en ce domaine comme vitaux (y compris pour la défense na¬ tionale, même si cette exigence n'est pas avouée) et invoquent aussi des raisons économiques d'intérêt géné¬ ral. Il sont soutenus par leurs com¬ munautés scientifiques respectives. Selon eux, le principe de la liberté LES CHAMBRES A des mers doit permettre de cerner certains problèmes océanographiques et de résoudre ceux qu'entraîne une exploitation intensive. On va, semble-t-il, vers un compro¬ mis : d'une part le régime du consen¬ tement comprenant des formules sa¬ tisfaisant à certaines revendications des pays en voie de développement; AIR La pénétration de l'homme sous la mer se heurte encore à des obstacles d'ordre physiologiques, techniques, etc. Pour mieux les connaître, les scientifiques disposent d'appareils recréant les conditions régnant à diverses profondeurs. Ci-dessous, un caisson de simulation océanique de Ylnstitute for Environmental Medicine, de l'Université de Pennsylvanie (États-Unis). Le plongeur, par une profondeur simulée de quelque 490 mètres, doit essayer de réparer la valve d'un puits de pétrole. C'est la première fois qu'une expérience de travail sous-marin à une telle profondeur était réalisée. Ci-dessous, miniature indienne du 16e siècle décrivant la fameuse immersion d'Alexandre le Grand dans sa cloche de plongée en verre. Selon la légende, en effet, le conquérant macédonien (4e siècle avant notre ère) aurait déjà eu la curiosité d'explorer le monde sous-marin. » /- (j wêêm entre autres, la discussion des pro¬ grammes océanographiques, compte tenu des nécessités locales; enfin, la présence, à bord des navires, de représentants de l'État côtier, serait garantie dans le cadre de la coopéra¬ tion et du transfert de technologie, dis¬ position éliminant de possibles abus. D'autres l'extension au dispositions des limiteraient zones non soumises consentement de l'État côtier. L'équilibre entre les droits des États côtiers et ceux des autres États serait ainsi préservé. L'expérience acquise par des orga¬ nismes internationaux ou régionaux s'occupant de sciences de la mer, peut aider à résoudre certains pro¬ blèmes, grâce, entre autres, à l'élabo¬ ration de nouvelles formes de coopé¬ ration scientifique, dans le cadre du futur droit des océans. Des organismes internationaux, comme la Commission océanogra¬ phique intergouvernementale, ou autres, pourront servir à la négocia¬ tion ou à l'approbation de programmes de coopération scientifique entre les parties intéressées, maintenir les ser¬ vices communs indispensables (cen¬ tres de documentation, de renseigne¬ ments, météorologie, etc.), faciliter le transfert de technologie et l'indis¬ pensable assistance mutuelle. On parviendra ainsi à une partici¬ pation active de tous les États, surtout de ceux qui sont directement inté¬ ressés à ces problèmes, quel que soit leur niveau de développement. Des initiatives pourront être prises qui garantiront les intérêts nationaux (États côtiers et États participant à la recherche) et ceux de la commu¬ nauté internationale. Les États et les savants devront s'adapter à ces nouvelles règles de la recherche océanographique, règles fondées sur la négociation et l'esprit de compromis, règles qui exigeront une collaboration plus rationnelle et plus systématique dans le cadre des organisations internationales, exis¬ tantes ou à créer, du système des Nations Unies. Mario Ruivo 13 La mer a marqué de ses rythmes éternels les sables de la côte comme la coquille des mollusques. Le texte ci-dessous retrace, dans leurs grandes lignes, quel¬ ques-unes des activités de l'Unesco et des résultats obte¬ nus dans le domaine de l'océa¬ nographie au cours des deux dernières décennies. Il s'agit là d'extraits du plan d'action sexennal (1977-1982) approuvé par la 19e Conférence générale réunie à Nairobi (Kenya) en octobre- novembre 1976 (voir page 34). DEPUIS une vingtaine d'années, des progrès d'une importance vitale connaissance ont été réalisés dans la du milieu progrès intéressent tout description de ce milieu. nent en outre des sujets concepts révolutionnaires nique des plaques et leurs ces marin. Ces d'abord la Ils concer¬ tels que les de la tecto¬ conséquen¬ sur notre connaissance du fonds des mers, la reconnaissance du phé¬ nomène de turbulence océanique, l'étude des interactions de la dyna¬ mique des océans et celle de l'atmo¬ sphère, la chimie de l'eau de mer, la chaîne sement alimentaire du niveau marine des et l'abais¬ mers dû aux glaces. L'établissement de cartes L'UNESCO ET L'O des océans, de leurs propriétés, de leurs organismes et de leur fond est un objectif scientifique majeur des États membres de l'Unesco. Grâce à la coopération internationale, dans le cadre de la Commission océanogra¬ phique intergouvernementale (COI), cet objectif a été largement atteint à l'échelle mondiale. Les cartes (telle que la carte bathymétrique générale des océans) et les atlas décrivent maintenant fidèlement la topographie du fond des océans, le champ magnétique, les courants océaniques et les masses hydrauli¬ ques, la répartition des organismes marins et de la salinité, la tempéra¬ de plusieurs plaques plus petites. D'un côté, ces plaques se constituent aux fossés centraux des reliefs océa¬ niques, par l'action des volcans, tan¬ dis qu'à l'autre bout dans les fossés océaniques, elles s'enfoncent lente¬ ment dans la phénomènes sont la croûte terrestres cassure continents terrestre. et avec la les Les analogues collision séismes et des les volcans qui les accompagnent. Cette découverte a ouvert la voie à des progrès décisifs dans l'explo¬ ration pétrolière et dans la théorie ture, la densité de l'eau de mer et de de nombreuses autres caractéristiques physicochimiques. Cette cartographie permet de concentrer les efforts sur des problèmes non résolus qu'ils soient de caractère scientifique ou appliqué. nouvelles notions ont étédéveloppées Les concepts de la «tectonique globale des plaques » font admettre maintenant que la surface de la terre est composée de sept grandes pla¬ ques qui se déplacent lentement et 14 la formation des minéraux. De durant la première activité conjointe des États membres de la COI, c'està-dire la très fructueuse internationale de Expédition l'océan Indien (EIOI, 1959-1965) organisée parla COI et le Comité scientifique pour les recherches océaniques. Huit volumes de communications scientifiques et treize grands atlas ont été publiés dans la deuxième moitié de la décennie qui a suivi cette expé¬ dition. L'EIOI a également accéléré le développement des sciences de la mer dans certains États membres de la région. Un programme de forages profonds a permis de recueillir un large échan¬ tillon d'observations sur les sédiments et la base océans du volcanique globe à de tous les l'exception de l'océan Arctique (voir page 30). L'Unesco et la COI ont participé à des activités conjointes, telles que l'orga¬ nisation de recherches d'ordre géné¬ ral, le financement de colloques lors des congrès océanographiques qua¬ driennaux et la publication de certai¬ nes cartes résultant des recherches entreprises. Ce programme de forages profonds a confirmé la théorie de la tectonique des plaques en trouvant que la base volcanique de la terre devient de plus en plus vieille à mesure que l'on s'éloigne des fossés océaniques. Le programme de l'Unesco a aussi gements à long terme du climat. Ces études devraient permettre une pré¬ vision plus exacte du temps, à court terme et par saisons. Les études chimiques de l'eau de mer, des sédiments marins organismes marins cadre recherches des faites et des dans le communes, ont permis de retracer le chemin suivi par divers composés chimiques à travers l'eau ou différents organismes vivants, non seulement pour le sodium,' le calcium, le chlore et le carbone mais aussi pour certains élé¬ ments présents à l'état de traces, tels le rares mercure, et le fluor, divers éléments les terres radioactifs. Ces travaux étayent l'étude de la pollution des mers et la lutte contre cette pollution, domaine dans lequel l'Unesco et la COI se montrent fort actives. Les nations du monde coopèrent à l'observation et l'échange rapide de données dans le cadre du Système mondial intégré de stations océani¬ ques qui vise à assurer aux États membres données des un accès relatives océans et à à 'immédiat la aux température certaines données relatives à la pollution par les hydro¬ carbures. Un plan mondial pour l'étude de la pollution dans le milieu marin guide les études de la COI sur la pollution. Avec la collaboration du Programme des Nations Unies pour l'environne¬ ment et de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) un grand effort est mis en en vue de maîtriser la pollution de la Méditerranée. Les études sur les chaînes alimen¬ CEANOGRAPHIE taires marines, les éléments nutritifs et l'identification des espèces ont permis de réaliser des progrès impor¬ tants dans la connaissance écolo¬ gique. Cette connaissance ainsi que les statistiques des pêches,ont permis aux différentes nations de coopérer permis de retrouver l'emplacement passé de failles et de continents et révélé ,des changements importants et brusques dans la circulation océa¬ nique. Il a montré aussi l'extinction de divers organismes marins dans le monde, étudié leur évolution et révélé de profonds changements dans la salinité des océans, voire même que la mer puisse s'assécher par endroits. Ce programme a enfin permis la découverte de vastes gisements de sel, montré la distribution des nodules efficacement et de façon réaliste à la gestion régionale et mondiale des article page 24). De plus, des courants profonds rapides circulent le long des limites occidentales des bassins profonds. Ces courants déplacent les sédiments qui reposent sur le fond. L'Étude du Kuro-shio dans le Nord-Ouest du Pacifique a permis de déterminer la dynamique de ce courant. L'EIOI a montré que le courant sous-marin equatorial variait avec la saison de la mousson. L'Expérience tropicale dans l'Atlantique a permis pêches marines, établissant ainsi un lien efficace entre les activités scien¬ tifiques de la de FAO Dans les l'Unesco et les activités concernant les pêches. eaux littorales, certains progrès scientifiques tout aussi frap¬ pants ont été' réalisés; on connaît désormais beaucoup mieux les effets de l'abaissement du niveau des mers dû aux glaces (abaissement de quel¬ que 200 mètres), les systèmes éco¬ logiques marins complexes tels que de manganèse, et fourni des indica¬ tions sur l'existence de pétrole et de d'examiner actuelle des les récifs coralliens, les communautés minéraux. profondeurs de l'océan. L'expérience d'algues marines et de plancton, les processus biologiques marins, les courants littoraux, etc. Tous progrès qui facilitent la gestion des activités Autre découverte scientifique importante : les océans présentent une forte turbulence à toutes les échelles et à toutes les profondeurs. On a constaté, par exemple, que les courants superficiels et proches de la surface sont très dynamiques, varia¬ bles dans l'espace et le temps, outre qu'ils donnent naissance à des tour¬ billons secondaires importants (voir sur la la structure dynamique de la haute mer (MODE) a permis d'examiner un tour¬ billon géant en eau profonde. La coopération scientifique inter¬ nationale menée conjointement par la COI avec l'Organisation météoro¬ logique mondiale consiste actuelle¬ ment à étudier l'interaction de côtières et maritimes dans les diffé¬ rents États membres. Telles sont, dans leurs grandes lignes, les apports de l'Unesco et de la la Commission océanographique inter¬ dynamique des océans et de celle de l'atmosphère, ainsi que les chan gouvemementale dans la chaîne des recherches internationales. 15 DES SAVANTS RÉUNIS POUR FAIRE Pour promouvoir et coordonner les recherches océanographiques, l'Unesco a créé en 1960 la Commission océanographique intergouvernementale (COI), celle-ci compte aujourd'hui 91 pays membres et a lancé divers programmes d'envergure, comme la Décennie internationale de l'exploration océanique (1971-1980). Ci-dessus, le LE POINT SUR vaisseau de recherche de la République démocratique allemande, le Alexander von Humboldt, qui a participé à plusieurs expéditions internationales. Ci-dessous, le sous-marin océanographique japonais Hakuyo Kawasaki LES PROMESSES (7 mètres de long). A droite, la bouée-laboratoire française BORHA 2, en Méditerranée; d'une hauteur totale de 80 mètres, aux trois-quarts immergée, portant huit personnes, elle permet de nombreuses observations et mesures océanographiques et météorologiques. DE L'OCÉAN par Dan Behrman L'OCÉANOGRAPHIE reposait au¬ trefois sur tant d'hypothèses qu'elle en devenait presque un art. Elle n'en est plus là aujourd'hui. Elle sait aussi bien retracer les dépla¬ cements d'un continent pendant cent millions d'années que suivre la migra¬ tion d'un seul poisson plat sur le pla¬ teau continental. Elle étudie l'état de la mer depuis l'espace, par satellite, ou par immer¬ sion d'appareils qui envoient leurs informations vers la surface. Elle a renouvelé de fond en comble l'image que nous nous faisions des océans : la parade solennelle des courants est devenue tournoyants remous, re¬ présentation beaucoup plus exacte de la façon dont fonctionne la mer. Mais avec tous ces progrès à leur actif, les sciences de la mer courent aujourd'hui, selon certains, les plus graves dangers. La politisation des océans avance en effet à grands pas. C'est bien l'impression qu'a donnée l'Assemblée océanographique réunie récemment à Edimbourg. 700 scien¬ tifiques y assistaient, une cinquan¬ taine de pays étaient représentés. Organisée par six grandes associa¬ tions scientifiques et la Royal Society anglaise, cette réunion avait aussi reçu l'appui de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), de la Commission océanographique intergouvernemen¬ tale, de l'Unesco et de l'Organisation météorologique mondiale. Par certains côtés, cette assemblée d'Edimbourg laquatrièmedu genre a été plus sereine que les précéden¬ tes. Bien des incertitudes ont disparu depuis qu'a été balayée l'interminable controverse scientifique sur la dérive des continents. Il y a seulement dix ans, les spécialistes se sautaient en¬ core à la gorge lorsqu'il s'agissait de savoir si oui ou BEHRMAN, l'Unesco, bien écrivain connu de nos scientifique lecteurs, à est les continents s'étaient éloignés les uns des autres aux temps géologiques, peu à peu séparés par l'expansion des fonds à partir des crêtes et des fossés médioocéaniques. Aujourd'hui, DAN non d'accord : c'est tout bien le monde ce mécanisme est traduit en français et publié aux éditions Ro¬ qui a donné naissance à la géogra¬ phie actuelle, à cette division de la surface terrestre en grandes plaques bert Laffont. Paris (1971). accolées, l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique dont l'un. Planète Océan, a été 16 dont les zones coïncident avec les régions séismiques du globe. Cette dérive des continents, les géologues réunis à Edimbourg ont pu s'en servir pour reconstituer des océans du passé ou pour indiquer les secteurs susceptibles d'abriter des gisements miniers. La récession mondiale des derniè¬ res années a freiné l'océanographie : cette discipline coûte cher; dans les recherches sur notre environnement, seule sans doute l'exploration de l'espace est plus coûteuse. Un navire de recherches en opérations coûte plusieurs milliers de dollars par jour. Mais le point d'interrogation le plus grave concerne la voie que la recher¬ che devra Conférence droit de la suivre dans l'avenir. La des Nations Unies sur le mer n'est pas arrivée à une position commune sur les règles à suivre dans les eaux côtières là où les océanographes ont à travailler le plus. Ancien directeur de la Scripps Institution of oceanography, La Jolla, Californie, le Dr Roger Revelle a fait une communication à Edimbourg pendant l'assemblée. Il a dénoncé certaines tendances de la Conférence sur le droit de la mer, y voyant une « menace particulièrement terrifiante » pour la recherche océanographique. Est ainsi dangereux, selon lui, le Photo Gamberoni © Musée national d'histoire naturelle. Pans fait de limiter les recherches côtières (acide désoxyribo-nucléique) y pour¬ à des zones économiques s'étendant à 200 milles (quelque 320 km) ou davantage du littoral. « Poissons, cou¬ rants et phénomènes géologiques ne voit. Il doit être possible d'extraire ce gène des plantes qui le possèdent. Intégré au stock génétique du maïs, du blé, du riz, des pommes de terre, il leur permettrait de- pousser dans comprennent « zone pas ce économique », que veut dire déclare Roger Revelle. « Beaucoup de phénomènes géolo¬ giques et géophysiques se produisent dans une zone située à 200 ou 300 milles des côtes. Si la tendance l'eau salée... Il est également faux que la mer puisse nourrir le monde entier. On pêche chaque année environ 60 mil¬ lions de tonnes de poisson. Selon Revelle, il ne sera pas possible de Revelle évoque le rôle des mers dans les changements climatiques du futur. Depuis le début de l'ère indus¬ trielle, nous avons brûlé l'équivalent de 100 millions d'années d'énergie solaire emmagasinée dans les com¬ bustibles fossiles houille, pétrole et gaz naturel. Le gaz carbonique (C02) libéré par ces combustibles a été pour une grande part absorbé par les océans, mais ces derniers n'ont pas une capacité illimitée. « Si nous dépasser les 100 millions détonnes. Ce chiffre équivaut à 20 millions de tonnes de protéines. Or il en faudra doublons la quantité de gaz carbo¬ nique présente aujourd'hui dans l'at¬ mosphère, l'océan ne pourra absorber 100 millions de tonnes chaque année pour nourrir la population de six mil¬ qu'un tiers de ce total ». connues depuis vingt-cinq ou trente ans. liards et demi d'hommes attendus à la actuelle se confirme, la Conférence sur le droit de la mer pourrait bien signifier la mort des sciences de l'océan telles que nous les avons une orientation différente, étudier des fin du siècle. phénomènes particuliers au lieu de re¬ chercher une compréhension véri¬ satisfera que 5 pour cent des besoins Cela peut intensifier ce qu'on appelle I' « effet de serre ». Le gaz carbonique en excès dans l'atmo¬ sphère piège en effet la chaleur mondiaux. reçue du soleil : les radiations solaires table Ces sciences devraient des océans. » Le Dr suivre En calories, la mer ne Revelle a surtout dégonflé un certain nombre d'illusions sur le rôle que les océans pourraient jouer dans l'avenir de l'homme. Les mers ne seront pas la source d'eau douce qui fera fleurir les déserts. Elle dispose toutefois d'une res¬ source intéressante pour l'avenir : de l'espace. Des structures flot¬ tantes construites sur espars et bouées profondes ne bougent pra¬ tiquement pas en mer. Elles pour¬ raient abriter L'eau de mer désalinisée coûte dix à rables à soixante fois plus cher que l'eau d'irri¬ gation ordinaire. Toutefois, cette eau de mer pourrait être utilisée telle quelle pour l'agriculture. Les herbes ou industries très polluantes. « L'éner¬ gie solaire a besoin de place elle aussi, poursuit Roger Revelle. On peut imaginer d'établir en mer les grandes surfaces des générateurs bilité possibilité que le refroidisse¬ ment des dernières années avait paru éloigner. Pour l'un de ces chercheurs, solaires ». le marines l'eau savent salée : fort une bien vivre dans particule d'ADN terre : des activités centrales indési¬ réfléchies par la Terre ne peuvent s'échapper dans l'espace. Avec un effet de serre plus intense, les tem¬ pératures terrestres pourraient s'éle¬ ver au point de faire fondre les glaces de l'Antarctique et du Groenland : le niveau des mers monterait de plu¬ nucléaires sieurs dizaines D'autres de mètres. scientifiques présents à Edimbourg ont évoqué cette possi¬ Dr Wallace S. Broecker (LamontSUITE PAGE 20 17 POUR DE UN CA L'HISTOIR Les objets étranges et 'beaux que nous présentons dans cette double page sont, tous sauf un (N° 2), des vestiges de quelques-uns des innombrables êtres marins, tantôt végétaux, tantôt animaux, tantôt les deux, toujours minuscules. Ils permettent de dater les fonds marins et de se faire une idée des conditions (pro¬ fondeur, température, salinité, etc.) dans lesquelles se sont faits les sédiments. Parmi ces précieux témoins de la longue histoire des océans, les foraminifères . (photos 1 et 2) font l'objet d'études très poussées, notamment sur leurs modes de reproduction. La photo 2, document très rare, montre un accouplement de foraminifères mesurant moins d'un demi- millimètre. Cette jolie bonbonnière (3) est faite de fragments de squelettes d'une algue calcaire microscopique re¬ cueillis par 2 000 mètres de fond dans l'Océan Indien. Algues fossilisées éga¬ lement, l'une en forme de champignon, l'autre en pièce ronde (4) : celle-ci per¬ met de dater de moins de 250 000 ans le sédiment où elle est présente. Un pré¬ lèvement fait l'Océan Indien à 2 000 (5) m de fond dans montre un échantil¬ lonnage des composants d'un sédiment calcaire brut; la pièce la plus grosse en forme de chapeau ne mesure que 2 cen¬ tièmes de millimètre. Autre habitant des mers : le radiolaire, dont voici un sque¬ lette fantomatique (6). Photo © Micheline Clocchiati, Muséum d'histoire naturelle. Pans 18 Photo © Lucien Leclaire, Muséi Photo O Micheline Clocchiati, Muséum d'histoire naturelle, Paris Photo © J. P. Caulet, Muséum d'histoire naturelle, Paris 19 SUITE DE LA PAGE 17 Doherty Geological Observatory, à Palisades, New-York), nous pourrions être à la veille d'une période de réchauffement rapide, longue de plu¬ sieurs décennies. En étudiant une carotte de glace recueillie au Groenland, des scien¬ tifiques ont pu retrouver les chan¬ gements de température du passé. Le refroidissement actuel y succède à une série de fluctuations naturelles. Il a pu masquer les effets du gaz car¬ bonique. La carotte de glace groenlandaise a permis de supposer que le refroidissement pourrait cesser dans la prochaine décennie : alors l'effet de serre accentuerait encore le réchauf¬ fement naturel. « L'argument principal, écrit Broecker, est que la tendance au réchauf¬ fement due au gaz carbonique a été plus que compensée, depuis trente ans, par la tendance naturelle au refroidissement. Cette compensation ne peut plus durer très longtemps : d'abord parce que l'action du C02 s'intensifie rapidement, ensuite parce sait-on, d'y ajouter des mesures de température et de salinité. Or il apparut que ces grands cou¬ rants représentaient seulement un pour cent de l'énergie cinétique des océans ! Le reste, 99 pour cent, est contenu dans les « exceptions à cette règle » : dans les tourbillons qui s'ar¬ beaucoup plus brutalement que s'il n'existait pas de variations clima¬ tiques naturelles ». LE congrès d'Edimbourg a aussi (auparavant liée à l'Antarctique) avait déjà dérivé au loin, permettant ainsi la circulation des eaux australes tout autour du monde sans qu'aucune terre ne fasse obstacle. rachent aux grands courants et se déplacent à travers les océans comme le font les tempêtes dans l'atmo¬ D'AUTRES sphère (voir article page 24). Il serait possible de suivre les mou¬ vements océaniques en améliorant l'observation par satellites. Pour John Apel, de la NOAA américaine (National Oceanic and Atmospheric Administration, États-Unis) il existe plusieurs lignes de développement prometteuses. Les satellites pour¬ raient ainsi mesurer les températures de surface des océans à 1,5 °C près. Ils réduiraient alors de moitié leur marge d'erreur et fourniraient un bon moyen de localiser les tourbillons et les boucles engendrés par le Gulf chercheurs ont tra¬ vaillé sur l'Atlantique Nord. Ils ont pu retrouver les variations du « front polaire » zone de ren¬ contre entre les eaux arctiques froides et les eaux atlantiques chaudes pour une période de 65 000 ans. La position du front polaire, comme l'a fait remarquer William F. Ruddiman (City University, New York) est l'un des facteurs fondamentaux qui règlent le « Budget-chaleur » de la Terre. Il y a là comme une porte : ou elle cana¬ lise ou elle intercepte l'énergie trans¬ portée par l'océan vers le nord. Stream. Cette quête dans le passé inté¬ resse tous ceux qui étudient la façon que le refroidissement naturel aura sans doute bientôt dépassé son maxi¬ mum. Nous allons peut-être avoir donc des surprises avec le climat : la période de réchauffement provo¬ quée par le C02 pourrait commencer trent que les glaciers sont apparus en Antarctique il y a trente-huit millions d'années. A cette époque, l'Australie dont se produisent les changements de COMME les autres outils océano¬ graphiques, les satellites ont des capacités de plus en plus raffinées. A l'origine, ils ne faisaient guère que balayer la surface des océans. Aujourd'hui, ils sont capables de «voir» à cinquante ou soixante mètres de profondeur, ce qui permet déjà une cartographie approximative des eaux profondes. climat. Elle peut avoir aussi des applications économiques immé¬ diates. Comme le remarque John G. Sclater du Massachusetts Institute of Technology, il est plus facile de rechercher des gisements de pétrole au large de l'Afrique, si l'on sait exac¬ tement comment les côtes africaines s'unissaient jadis à celles d'une Amé¬ rique, où les formations pétrolifères ont été situées avec précision. montré les effets sur l'océan de certaines activités humaines : un rapport y a été présenté sur l'action à long. terme du DDT et des PCB (biphényls polychlorés : dérivés du phé¬ nol entrant dans la composition des pesticides). Dans le sud californien, les rejets de ces substances en mer ont beau être devenus dix fois moins importants, on a constaté que leur taux était resté exactement le même dans les tissus musculaires des soles pêchées au large. Seule conclusion possible pour les chercheurs : les sé¬ diments marins servent de réservoirs à ces polluants. Rejeter ces substances en haute mer ne serait pas une solution. Des expériences ont été faites à la Woods Hole Océanographie Institution (Mas¬ sachusetts). Elles montrent que lephytoplancton (végétaux marins micro¬ scopiques), vivant dans les estuaires au milieu de composés toxiques, résiste beaucoup mieux aux agres¬ sions que les espèces habituées à des conditions plus stables en pleine mer. L'océanographie physique est d'ail¬ leurs en train de réviser sérieusement ses idées sur le fonctionnement global des océans. Directeur de l'Institut de Ils signalent la pollution et consti¬ tuent dans ce domaine une catégorie K. 0. Emery (Woods Hole Océano¬ graphie Institution) a indiqué pour sa particulière d'avertisseurs. Sur les vues projetées par John Apel, on voit que les acides rejetés au large de part quelques-unes de ces retombées New York étendent à la surface de la ment exploitées en mer se trouvent sur le plateau continental. Pétrole et gaz viennent en tête avec une valeur de220 milliards de francs en 1975, suivis par la pêche (75 milliards de mer comme une teinture marbrée, signe d'une couche huileuse. Et un autre engin spatial peut mesurer la vitesse des vents pratiquement à l'échelle du globe... L'étude des océans du passé a donné lieu à une percée beaucoup plus importante encore. Le Deep Sea Drilling Project (Programme de forage en eau profonde) mis sur pied par Scripps pour la National Foundation francs), l'exploitation des sables et graviers (2 milliards de francs), celle des dépôts minéraux surtout de magnetite, titane et étain (200 mil¬ lions de francs). Émery a évoqué aussi le processus de formation des fonds marins, cette (États-Unis) a permis plus de 400 fo¬ sorte de «tapis roulant »issu du «man¬ rages dans les fonds marins à partir du navire spécialisé Glomar Chal¬ lenger (voir article page 30). océaniques. Les carottes ainsi recueillies peu¬ vent être datées avec une précision quasi-magique : par corrélation avec les inversions du champ magnétique terrestre que les sédiments marins ont enregistrées à la manière de bandes magnétiques. Les carottes contiennent aussi des restes animaux microscopiques dont les fluctuations indiquent les réchauffements et refroi¬ dissements de la mer à la fin ou au géophysique planétaire à la Scripps Institution, Walter H. Munk indique que, jusqu'ici, les océanographes ne mentionnaient que les courants Les résultats des forages dans l'océan Antarctique ont été exposés sur les anciennes cartes des océans. par James P. Pour les compléter, il suffisait, pen Rhode 20 économiques. Pratiquement toutes les ressources océaniques actuelle¬ début des glaciations. Island, Kennet (Université de États-Unis). Ils mon teau » terrestre dans les fosses médio- L'eau de mer s'infiltre dans ce matériel en fusion, ce qui a pour effet d'isoler et d'éjecter les métaux lourds. Un tel phénomène paraît s'être produit au milieu de la Mer Rouge où l'on a trouvé des sédi¬ ments métallifères estimés à des dizaines de milliards de francs. L'opération American Mid FAMOUS (French- Oceanic Undersea Study, Etude franco-américaine de la dorsale médio-atlantique) a consisté à explorer la dorsale ou crête médio- atlantique (voir page 30). Conduite par des océanographes français et américains, elle a permis de prélever un échantillon géologique situé à deux mètres seulement d'une de ces sources hydrothermales. Cet échantillon a été analysé. Il est constitué de fer, de manganèse et de silice, correspondant aux coquilles ce que ce trésor se trouve non seu¬ lement à quatre mille mètres de pro¬ fondeur mais aussi dispersé dans des bâtiments plus efficaces, le pro¬ duit de la pêche n'augmentera pas en conséquence. Dans de tels cas, il de petits animaux. A tlix mètres de la source, la composition des fonds une zone de 1 800 km sur 1 dessine était déjà différente. Les scientifiques français estiment l'âge de l'échantil¬ lon à 47 000 ans. Mais le premier niveau de sédiment consolidé, épais de 1,1 millimètre, n'avait que cin¬ quante ans. Aucune en de trouvée sur Il ne faut pas espérer trouver beau¬ coup de pétrole là où les grandes plaques se rencontrent : dans ces zones, les sédiments sont broyés et dispersés. En revanche, les zones où les plaques s'écartent l'une de l'autre offrent des possibilités. De grandes quantités de sédiments et de pétrole ont pu s'accumuler le long de leurs marges, à des pro¬ fondeurs certes bien plus élevées que celle où se fait actuellement l'extraction du pétrole sous-marin. Emery rappelle que le projet « Fo¬ rage en eau profonde » évite de telles zones justement par crainte d'y trou¬ ver du pétrole. , Pour s'attaquer au problème, il faudrait un bâtiment plus important, pourvu de valves et d'équipements capables de maîtriser un jaillissement, sinon les risques de pollution seraient énormes. communications l'Assemblée intéressées faites d'Edimbourg, aux richesses que la mer pourrait fournir. George P. Woollard (Institut de géophysique de l'Université d'Hawaii) a rapporté dans le de La recherche des nodules de man¬ ganèse est beaucoup plus avancée. Une prospection des dépôts a été faite dans le Pacifique dès janvier 1976 par le Valdivia (navire de recherche de l'Institut fédéral pour les sciences de la terre bassin de innom¬ et les res¬ taille dans les échantillons de nodules recueillis. Les scientifiques allemands pensent donc que la formation de ces nodules pourrait être déclenchée par un processus microbiologique. Une analyse économique a été faite par un autre chercheur de la Républi¬ que fédérale d'Allemagne, F. Neuweiler. Pour lui, l'exploitation des nodules de manganèse océanique n'est pas rentable aux cours actuels. Cela pourra changer lorsque, les ré¬ serves continentales s'épuisant, des facteurs écologiques viendront peser sur la recherche de nouveaux gise¬ ments. Mais l'exploitation des miné¬ raux marins pose des problèmes poli¬ tiques et juridiques qui ne sont pas moins importants. sédiments contenant vrait, selon F. Neuweiler, se baser sur 80 000 kilomètres carrés pour être assuré d'un approvisionnement pen¬ dant vingt-cinq ans. Malgré ces obs¬ tacles, trois sociétés étudient déjà un moyen d'exploiter les nodules. L'ennui vient de incriminer certains vironnement sont ici les premières responsables. La température des eaux a monté dans ces régions dans les années 20 et 30, puis elle est retombée à son niveau antérieur. Il existe une exception, tout au moins en apparence : la Mer du Nord. Depuis le début du siècle, rappelle Gotthilf Hempel (Institut des sciences de la mer à Kiel, République fédérale d'Allemagne), la pêche y donnait entre un tonnes. million Puis, et 1,5 dans les million de années 60, les chiffres ont grimpé pour atteindre 3,7 millions de tonnes en 1974. Mais des poissons comme le hareng et le maquereau sont en diminution. Et voilà que les nouvelles pêcheries industrielles se multiplient, travail¬ lant pour les aliments du bétail et non directement pour la consomma¬ tion humaine. POUR l'Anglais, Arthur J. Lee (Laboratoire des pêcheries de Lowestoft, Royaume-Uni), cer¬ des activités de l'homme en aux poissons. « La morue, l'églefin, le merlan et le sprat fraient tous au centre de cette mer, là-même où se trouvent des puits de pétrole. Personne n'a calculé ce qu'une fuite de pétrole et l'emploi de dispersants provoqueraient comme dégâts dans -une classe d'âge de ces poissons. » eux, le but de la vie est de trouver de liards de francs. Supposons que les océans prennent dix pour cent du la nourriture sans brûler trop d'éner¬ gie dans l'affaire. et marché : cinq le nickel. cela milliards En 1975, selon donnerait de seulement francs, du seulement soit revenu une En ce qui concerne justement la pêche, les océanographes réunis à Edimbourg n'ont envisagé l'avenir moins abondant des métaux présents peut deux métaux a été évaluée à 50 mil¬ 1 8 trillions de tonnes des nodules, les Pour Woollard il (mille milliards) de dans ces sédiments. On Emery, la production mondiale de ces Il ne faut pas perdre le sens des proportions lorsque l'on discute des dépôts minéraux marins. Dans les fraction fond du bassin de Bauer et l'or est le 1975. Pour expliquer les déplacements des poissons, des techniques très éla¬ borées ont été mises au point. F. R. Harden Jones, autre chercheur anglais du Laboratoire des pêcheries de Lowestoft, a étudié les migrations des espèces commercialisées en adoptant, si l'on peut dire, le point de vue des poissons eux-mêmes : pour cuivre, nickel, zinc et fer. Les quan¬ tités seraient plusieurs fois supé¬ rieures à celles de la Mer Rouge. y a un trillion dollars d'or au pêche a produit excès mais les modifications de l'en¬ nuisibles UN programme d'exploitation du manganèse portant sur trois millions de tonnes par an de¬ cuivre 4 000 Cette Mer du Nord pourraient être un jour de à Horsted. taines métaux les plus intéressants sont le Bauer, Groenland. Il a été rappelé par deux la République recherches récentes mètres de profondeur, à plus de 3 000 km de l'Amérique du Sud, entre les crêtes océaniques des Galapagos et du Pacifique oriental. On a trouvé là, sur 20 mètres d'épaisseur, une cou¬ verture sont 451 000 tonnes en 1962, 46 000 en sources naturelles de tels accidents géologiques peuvent être aujourd'hui ali¬ gnés sous les sédiments qui se trouvent le long des marges continen¬ tales. La prospection de ces zones pourrait être plus fructueuse que celle des dorsales médio-océaniques. résultats abandonnés brables. Aa. médio-atlan¬ DE les Les relations sur les lieux de pêches marins. dorsale Selon le rapport de H. Gundlach, on a trouvé une bactérie de grande sont tombe... la fédérale d'Allemagne). se le chercheurs danois, F. Hermann et Sv. fères d'Afrique australe. de cloche : à 1 000 km de toute source produc¬ trice associée à l'expansion des fonds les célèbres filons diamanti¬ Plusieurs en et comparable à celles Rouge, n'a encore été lions d'années, laissant des souvenirs lors courbe L'exemple typique est celui de la pêche à la morue sur la côte ouest du tique. Emery pense que les géologues devraient plutôt porter leur attention ailleurs : vers les zones où, après les premières émissions de matériel venu du manteau, le «tapis roulant» a cessé de fonctionner depuis des mil¬ comme Les dépôts, il est vrai, peuvent avoir une épaisseur supérieure à vingt mètres, ce qui est la limite de péné¬ tration des appareils utilisés (le Glomar Challenger n'a fait qu'un forage plus profond à cet endroit : 110 m). Un problème intrigue Woollard : les une nombre des prises grimpe d'abord rapidement quand une nouvelle zone de pêche se développe, puis re¬ sédiments métallifères sont au moins couche sédimentaire riche métaux, la Mer 1 00... de la pêche, le plus traditionnel de tous les moyens d'exploiter la mer... qu'avec prudence. On aura beau amé¬ liorer la détection du poisson, lancer Le hareng couvrira tres par an dans la 1 600 kilomè¬ Mer du Nord et 3 000 dans l'Atlantique; pour la mo¬ rue, les distances correspondantes sont de 1 300 et 2 600 km. Pour suivre un poisson dans ses déplace¬ ments, le laboratoire de Lowestoft a réalisé une fiche acoustique de la taille du petit doigt, pesant environs 1,5 grammes dans l'eau. On attacher 21 , la fiche à un poisson, un carrelet, par exemple. Remis à l'eau, le poisson est suivi avec un sonar à haute défi¬ nition, capable de localiser l'animal à un ou deux mètres près en profon¬ deur. Un carrelet a ainsi été suivi depuis ¡Lowestoft vers le sud pendant trentesix heures. On a appris comment il atteignait sa plus grande vitesse près du fond au prix du moindre effort. Le carrelet a simplement nagé avec la marée, puis s'est laissé tomber au fond pendant la période des eaux étales. Harden Jones pense que le poisson a utilisé comme horloge la marée et non le soleil. Vers la fin des périodes de six heures (durée d'une marée), il se laisserait glisser au fond, remontant lorsque l'eau direction qui lui convient. reprend la Des zones comme la Mer du Nord arrivant à la limite de leurs possibi¬ lités, les pêcheurs sont à la recher¬ che de nouveaux domaines. On s'est rué sur certaines mers polaires. On a dit et répété que l'océan Antarctique pourrait satisfaire la demande en pro¬ téines d'une population mondiale toujours croissante. Ce problème a été évoqué par Sayed Z. El-Sayed (Université du Texas), un des grands spécialistes de l'Antarctique. La productivité primaire le taux d'activité du phytoplancton en ma¬ tière de photosynthèse a pu être estimé à 3,62 grammes de carbone, par mètre carré et par jour, à l'ouest de la péninsule antarctique. Ce chiffre est comparable à ceux que l'on ob¬ tient pour les zones à forte produc¬ tion par exemple près du Pérou, où les anchois pullulent dans un des lieux de pêche les plus riches du monde. eaux antarctiques. Cette population demande chaque année 200 millions de tonnes de nourriture, essentielle¬ ment le « krill » (petite crevette). Mais cette simplicité, cette dépendance étroite par rapport à un seul animal, le krill, rend l'écosystème antarctique plus fragile que celui d'autres océans. « Il faut dit El-Sayed intensifier l'effort de recherche et mieux com¬ prendre l'écosystème antarctique avant de commencer à en exploiter les ressources. » Ce n'est pas là un travail facile, dans l'Antarctique ou ailleurs, lors¬ que rien ne s'arrête, le temps d'être étudié. Le problème est résumé par John H. Steele (Marine Laboratory Mais le taux moyen pour l'ensem¬ ble de l'océan Antarctique est seu¬ lement de 0,134 gr de carbone par mètre carré et par jour : c'est ce qu'on trouve pour le golfe du Mexique ou la mer des Caraïbes, régions où la pêche d'Aberdeen, Royaume-Uni) : le phyto¬ plancton vit de un à dix jours et se est loin de battre ses records. dérive Plusieurs facteurs, selon El-Sayed, peuvent expliquer une révision en baisse aussi brutale. On croyait ainsi que certaines espèces de plancton vé¬ gétal pouvaient prospérer à des tem¬ pératures aussi basses que 1,5°C. Or, des recherches récentes ont montré que les basses températures empêchaient même la croissance des espèces de phytoplancton adap¬ tées à l'Antarctique. Il existe aussi une d'ordre physique. De la fond, les eaux de explication surface au l'Antarctique ont une température qui varie peu. En conséquence, l'océan n'est pas « stra¬ tifié » en couches de températures différentes. Le brassage en profon¬ deur est donc facile : le phytoplanc¬ ton se trouve entraîné plus bas que la déplace de un à dix kilomètres pen¬ dant ce temps; le zooplancton (petits animaux qui se nourrissent du phyto¬ plancton) vit une centaine de jours et durant d'une sa centaine vie; quant de kilomètres aux poissons, ils sont en vie des années et couvrent des milliers de kilomètres. . Des biologistes ont proposé d'étu¬ dier, à titre d'échantillon, une zone de 100 km2 pendant 100 jours... Mais il y aurait fallu vingt navires. Il est moins coûteux et plus pratique de travailler avec des océans « captifs » isoler certaines eaux de façon à y étudier au verticaux réelle et Ou encore des jarres en forme de cloche peuvent être placées sur le fond, isolant quelques mètres carrés et permettant d'obsjrver le dévelop¬ pement des organismes à ce niveau. A O tende, les Belges ont utilisé un éncme lagon artificiel de 86 hec¬ tares C(ui servait auparavant au net¬ toyage des bassins du port. Il a été transformé pour l'observation du cycle biologique des huîtres. Sur la côte du Pacifique, près de l'Ile Vancouver, les chercheurs cana¬ diens ont employé des sacs retenant environ 2 000 tonnes d'eau : il s'agissait de l'Expérience de pollution dans un écosystème contrôlé (voir page 28). Ajoutant à l'eau de petites quantités de cuivre, de mercure et diverses sortes de produits pétroliers, ils en ont observé les effets sur la vie marine. L'océanographie a grand besoin d'imagination. Pour regarder la mer, de nouveaux moyens doivent sans cesse être recherchés. « Regarder » est d'ailleurs une façon de parler : l'eau de mer est presque impénétra¬ ble à la lumière; le laser lui-même n'y pénètre que de quelques centai¬ nes de mètres. Il en va autrement pour le son. les mouvements L'observation acoustique de ce qui se passe dans l'océan est possible, plancton, en grandeur déclare moins du versité Dalhousie de Halifax, Canada. sans interférences exté¬ rieures. L. M. aux l'académicien soviétique Brekhovskikh. C'est là un outil possibilités très diverses. Une Plusieurs méthodes ont été décrites onde sonore dont la fréquence est de à Edimbourg. On peut plonger des sacs en plastique dans la mer et iso¬ conde) ne pénètre qu'à 200 m dans ler ainsi, la mer. Mais un son de 100 hertz peut être détecté à 100 km. C'est ainsi que 2 000 n'importe où, de 6 m3 à mètres cubes d'eau. Le cher¬ cheur dispose alors d'un environne¬ 100 000 hertz (100 000 cycles/se¬ l'on a pu suivre par des bouées les courants océaniques en profondeur. zone éclairée qui est aussi évidem¬ ment la plus productive. ment contrôlé. El-Sayed pense néanmoins que cette productivité primaire suffit à entretenir la population animale des peut être construit à terre puis rempli Le chercheur soviétique plaide pour l'observation acoustique : «A l'époque d'eau de mer; c'est ce qui a été fait où à tage Un réservoir en forme la Scripps Institution, de et à tour l'Uni nous vivons, il d'informations nous faut davan¬ sur l'océan. Or SUITE 22 PAGE 32 A cause de la pêche intensive, toutes les espèces de baleines sont aujourd'hui menacées d'extinction. Créée en 1946, la Commission internationale de la chasse à la baleine tente d'assurer leur protection, fixe le nombre de prises autorisées annuellement, et interdit la chasse de certaines espèces; ainsi de la baleine à bosse (photo de gauche) depuis 1963, et de la baleine bleue (depuis 1965). Toutefois, ces grands cétacés restent tout aussi rares. Ci-dessous, un troupeau de baleines blanches, dans les « pâturages marins » au large de Somerset Island (Canada). La baleine blanche n'est, quant à elle, guère chassée. Cette étonnante photo a été prise, grâce à un film mis au point pour la recherche océanographique, à 300 mètres au-dessus des flots par J. Douglas Heyland, des services du Québec pour la protection de la nature. Roger S. Payne, de l'Institut de recherche sur le comportement animal (New York) a fait dernièrement une stupéfiante découverte : les baleines « chantent », répétant des séquences de LES DERNIERS TROUPEAUX sons étrangement modulés. Sur la page de gauche, notation par un appareil spectrographique d'un fragment du «chant» d'une baleine à bosse, que R. Payne a enregistré au large des Bermudes, DE BALEINES dans l'Atlantique. Photo J. Douglas Heyland © Kodak - », ... -r 1 * . ' - *'»->-'' . V ' CE « SIXIÈME CONTINENT» QUI TRAVAILLE T_e sous-marin de poche Tinro 2 est l'un des POUR NOUS véhicules soviétiques d'exploration et de recherche océanique les plus récents. Transporté vers la haute mer par le navire Ichtiandre (1), le sous-marin est détaché par Comment l'océan conditionne le chaud, le froid les climats, la vie, sur les terres émergées les scientifiques-pilotes (2); ils se préparent à une plongée qui les conduira vers les fonds marins (3). A l'arrière-plan, le navire-porteur attend le retour des explorateurs. Photos loun Trankvihtski © Sovietskiï Soyouz. Moscou par Constantin N. Fedorov L'UNE des recherches les plus importantes effectuées par l'océanographie moderne porte sur les nombreuses façons dont l'océan transforme son énergie. Ces recherches ont reçu une nouvelle impulsion avec une récente décou¬ verte : une grande quantité de l'éner¬ gie des océans provient des tourbil¬ lons qui se forment en pleine mer et s'écartent des Comment courants travaille-t-il principaux. donc, cet océan ? L'énergie solaire est injectée constamment dans l'océan : celui-ci l'absorbe, l'emmagasine, la redistri¬ bue par la circulation générale de ses eaux. C'est cela le «travail » de l'océan. L'énergie fournie par le soleil, que ce soit directement, ou par l'intermé¬ diaire des mouvements atmosphé¬ riques que nous appelons vents, tient l'océan en mouvement perpétuel. De ces mouvements, les plus connus sont les courants et les vagues, fami¬ liers aux hommes depuis les temps les plus reculés. Dans le passé, les scientifiques se sont efforcés de suivre, de décrire et de cartographier les courants océa¬ niques. Ils espéraient pouvoir en faire un jour un tableau complet qui ren¬ drait beaucoup plus faciles et la navi¬ gation et la prévision du temps. Mais il y a eu un accident de parcours. Car les courants geants et se sont capricieux. CONSTANTIN révélés Ils chan¬ n'ont NICOLAEVITCH pas FEDO¬ ROV, Président du Comité scientifique pour les recherches océaniques national des unions du Conseil inter¬ scientifiques, est un océanographe soviétique connu. Directeur de laboratoire à l'Institut d'océanologie de l'Aca¬ démie des sciences de l'URSS, il est l'auteur de nombreuses études scientifiques. De 1961 à 1969, il a dirigé le Bureau d'Océano¬ graphie de ¡'Unesco et a été secrétaire de la Commission océanographique intergouverne¬ mentale. 24 m r t 17 14^ - 7 des Sciences mencé * gp r ji^^i ^ECp ^^^M^V à de l'URSS, travailler dès ont com¬ 1956 en Mer Noire, poursuivi en 1 953 dans l'Atlan¬ tique Nord et en 1967 dans l'océan Indien. Mais ils n'ont pas obtenu de résultat concluant avant 1 970, lorsque l'URSS a entrepris une vaste expé¬ rience comportant plusieurs navires et de nombreuses bouées dans l'Atlan¬ !S^_ tique tropical. L'expérience fut appelée Polygone 70, du nom militaires. des Des terrains d'essais océanographes des États-Unis, de la République fédérale montré seulement des changements saisonniers ou liés aux marées, chan¬ gements faciles à dépister, mais beaucoup d'autres, inattendus et d'ailleurs imprévisibles. On a vite découvert une vaste gamme de variations. Cela ne rentrait dans aucun concept de l'océanogra¬ phie traditionnelle à l'ancienne, cette discipline descriptive classique que le Pr Walter Munk, géophysicien amé¬ ricain connu, a baptisée en 1976 à l'Assemblée océanographique d'Edim¬ bourg, par analogie avec l'électricité, l'océanographie « DC » en « régime continu ». Mais même l'océanogra¬ phie «AC» en régime alternatif, transitoire ne conviendrait pas très bien : la variabilité dont il s'agit Depuis bon nombre d'années, c'est là un casse-tête pour les océano¬ graphes. Ces variations apparais¬ régulière du courant alternatif. voltage dans le Kourchatov. rants, mais dans les températures, la salinité, la vitesse de propagation du son, et dans beaucoup d'autres para¬ mètres physiques de l'environnement océanique. D'où venait une telle Les observations se sont poursui- , vies pendant près de sept mois. Elles ont révélé quelque chose de nouveau, et de plutôt inattendu, car si l'on avait parfois soupçonné le phéno¬ mène, personne jamais ne l'avait variabilité ? observé. En effet, Les scientifiques décidèrent d'aller sur place, en mer, et d'y mesurer tous ces paramètres physiques en un même point et sur la plus longue durée pos¬ sible. On calculerait alors le temps nécessaire pour obtenir des valeurs moyennes constantes, quelle que soit la fréquence de répétition des mêmes bouées, stations flottantes pourvues saient non seulement dans les cou¬ séries de mesures. Pionniers dépasse de loin en complexité l'oscil¬ lation d'Allemagne, de la République démo¬ cratique allemande, du Canada, se joignirent pendant quelque temps aux chercheurs soviétiques à bord du navire océanographique Akademik^ dans ce domaine, les chercheurs de l'équipe dirigée par le Pr V. B. Stockmann, de l'Académie de le vaste réseau de couranto-mètres, a détecté un tourbillon gigantesque. Il a enregistré les données permettant de cartographier et d'étudier ce phénomène océanique apparemment peu banal. Le tourbillon était de forme ellip¬ tique. Il mesurait près de 400 km dans son grand axe et' se déplaçait lentement vers l'est à une vitesse moyenne d'environ 5 cm par seconde. | A l'intérieur, l'eau tournait, comme! 25 j l'air dans un anticyclone (dans le sens des aiguilles d'une montre), à la vitesse maximale de 50 cm/seconde. Quelques années plus tôt (en 1957 puis en 1959-1960) les scientifiques américains et anglais embarqués sur le bâtiment de recherches Ariès dé¬ couvraient dans l'Atlantique, grâce à des flotteurs lestés, inventés par l'océanographe anglais John Swallow, une variabilité inhabituelle des cou¬ rants en eau profonde. La découverte faite par Polygone éclairer ces nant sens un commençait observations, à leur don¬ nouveau. Le développement de la détection à distance et, en particulier, des radiomètres infrarouges à haute réso¬ lution, permit d'observer les varia¬ tions et la température des courants conception. Celle d'un océan, tifiques durent admettre que l'énergie cinétique manifestée par le mouve¬ ment des tourbillons pouvait être bien kilomètres en moyenne, et se dépla¬ supérieure à l'énergie moyenne du flux océanique. Si le. phénomène çant lentement d'ouest en est. fait nouveau aux océanographes, il ne l'était pas pour les physiciens de l'atmosphère et les météorologues : ces spécialistes con¬ naissent bien et depuis longtemps les vents forts et changeants des pertur¬ bations cycloniques et anticyclo¬ niques, lesquels se traduisent sou¬ vent, aux latitudes moyennes, par un transfert assez peu rapide des masses d'air au niveau du sol. Mille questions surgissaient. D'où les tourbillons tenaient-ils leur éner¬ gie ? Se nourrissaient-ils du mouve¬ ment général ou, au contraire, l'alimentaient-ils en énergie? Dans ce dernier cas, était-ce l'atmosphère qui, par son action, engendrait directe¬ ment les tourbillons océaniques? Les montagnes sous-marines jouaientelles un rôle dans cette naissance? Et combien y avait-il de tourbillons dans l'océan ? C'est tions pour répondre à ces ques¬ et à beaucoup d'autres qu'une nouvelle expédition fut orga¬ nisée en 1973, cette fois par des scientifiques américains : l'expédition MODE I (Mid Ocean Dynamic Experi¬ ment, expérience sur la dynamique de la haute mer). Un très complexe réseau d'instru¬ ments se déploya dans l'ouest de l'Atlantique, dans la zone appelée mer des Sargasses. A ce nouvel effort pour expliquer les mystères des tour¬ billons participèrent aussi des cher¬ cheurs venus de France, du RoyaumeUni et d'URSS. On put repérer d'autres tourbillons, les décrire faire un grand nombre de relatives à leur dynamique. et mesures L'une des réussites techniques les plus remarquables relevait du large emploi des bouées baptisées SOFAR (Sound Fixing And Ranging). Descen¬ dues en eau profonde et y dérivant librement, ces appareils acoustiques peuvent être suivis depuis les stations côtières pendant de très longues périodes, avec une excellente préci¬ sion et à des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Vingt de ces bouées SOFAR ont été lâchées à 1 500 m de profondeur. A la fin de 1975, on pouvait encore en suivre plusieurs. 26 POLLUTION plus tourbillons cycloniques et anticyclo¬ à DELA De Polygone à Mode, et grâce à ou moins enserré dans un réseau de tout MALADES beaucoup d'autres observations, on approchait peu à peu d'une nouvelle Engagés dans cette voie, les scien¬ paraissait LES OCEANS océaniques par satellites. Les images les plus frappantes furent celles qui représentaient les franges du Gulf Stream et les tourbillons très parti¬ culiers (baptisés « anneaux ») produits par les méandres qui s'y formaient. niques, étendus sur une centaine de par Dan Behrman Pourquoi est-il si important d'étu¬ dier les tourbillons océaniques? Pour¬ quoi des flottes entières de navires océanographiques, des appareillages scientifiques coûteux, des centaines de chercheurs et de techniciens sont- ils dirigés vers ce champ d'investiga¬ tion particulier? Nous voici revenus à notre question première : comment travaille l'océan ? Réponse : le « tra¬ vail » de l'océan « affecte notre vie de NE mer est morte ! Un océan BB agonise!» ^^ reviennent ces Périodiquement mêmes la¬ tous les jours à un tel point que nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à l'ignorer. La redistribution de chaleur effectuée par l'océan nous concerne très particulièrement. mentations. A quoi les autorités ré¬ torquent que ce sont là inquiétudes sans fondement, car les précautions nécessaires sont prises. On croit souvent que c'est l'atmo¬ sphère qui actionne l'océan. Cela est vrai à bien des égards; mais la rétro¬ action de l'océan sur l'atmosphère se montre à d'autres égards si puissante qu'elle détermine dans une large mesure le climat de la planète; elle conditionne en particulier ses carac¬ téristiques et ses variations dans les régions continentales situées sous inattendu qui suscite l'émotion : mazout répandu, poissons bizarre¬ D'ordinaire, seulement les trois de accidents produits dans chimiques. une Puis tout se calme. On oublie. Et les cho¬ ses train vont lution que événement leur comme devant. à la consolation? Quels dangers entraîne exactement la pol¬ marine? Et comment détecter celle-ci assez tôt pour nous protéger la et protéger nos mers? masse d'un océan est environ 300 fois dans colorés, usine préposés Questions supérieure, pour une même surface, à celle de l'atmosphère qui le sur¬ monte. Si bien que, compte tenu des différences en capacités caloriques, la chaleur emmagasinée par la colonne atmosphérique sur toute sa hauteur est équivalente, au total, à la chaleur contenue ment un Où est donc la vérité? Et qui a rai¬ son : les prophètes de malheur ou les l'influence directe de l'océan. Considérons c'est que se posaient, entre autres, Edward D. Goldberg, de la Scripps Institution of Oceanography (La Jolla, leurs Californie), spécialistes de l'un des meil¬ la chimie ma- derniers mètres des eaux superficielles... Mais il en irait tout autrement si les courants océaniques transpor¬ taient cette chaleur de façon directe et sans complication, ou si les tour¬ billons océaniques intervenaient dans la redistribution, ce qui est en fait le cas. Mais actuellement, nous maîtri¬ sons mal les problèmes de prévision des transferts de chaleur par les cou¬ rants océaniques et nous ne savons pas grand-chose sur les effets produits par les tourbillons. Pour pallier cette carence, les scientifiques construisent des modèles mathématiques de la circulation océa¬ nographique générale. Les équations de l'hydrodynamique et de la thermo¬ dynamique qui décrivent la conserva- tion du mouvement et de la chaleur dans l'océan sont traitées grâce à un ordinateur. Pour prévoir le comportement de l'océan, on fait intervenir des don¬ nées que nous livre le vieux passé de notre planète. La paléo-océano¬ graphie science des océans anciens est l'un des domaines les plus fascinants En de combinant la les science des mers. données de nom¬ breuses disciplines géologie, géo¬ morphologie, sédimentologie, micro¬ paléontologie, tectonique desplaques, physique marine, chimie, biologie et biochimie les scientifiques sont capables de restituer aujourd'hui l'aspect général des océans aux dif- Navrante image entre mille autres des méfaits de la pollution des mers : pris dans une nappe de mazout, ce guillemot s'est d'un corps toxique identifié par quel¬ que catastrophe est une entreprise qui dépasse les forces humaines, et les capacités de nos technologies, aujourd'hui et dans un avenir prévi¬ sible... » échoué sur les côtes françaises. Il expire, les muscles pectoraux atrophiés. Photo © Atlas Photo-Robert Valarcher rine, alors qu'il attaquait son rapport préliminaire sur La Santé des Océans, rapport que l'Unesco vient de publier à Paris pour la Commission océano¬ graphique intergouvernementale. mécanismes physiques et biologiques pour que se fasse le transfert vers les grands fonds. » Ce que dénonce Goldberg avec toute la pondération scientifique, c'est moins la souillure des plages et des baies que certains phénomènes, beaucoup plus perfides, auxquels d'habitude on ne prête pas attention. Car « certaines de nos inquiétudes d'aujourd'hui, écrit-il, seront vaines lisme des êtres vivants. Les composés les plus lourds, par exemple le1 DDT et les produits de sa dégradation, ou encore les bi-phényls polychlorés demain. Les sources de pétrole seront probablement taries avant que l'on interdise les vidanges des pétroliers en pleine mer. Par ailleurs, la cherté toujours accrue des métaux lourds entraînera de plus en plus leur réem¬ ploi, sj bien que l'environnement sera moins souillé de rejets ». « En outre, les produits chimiques, séjournant longtemps en pleine mer, risquent de provoquer la formation d'un bouillon toxique à mesure que s'accumuleront les déchets de l'acti¬ vité humaine. Actuellement, dans les eaux océaniques profondes, des produits chimiques synthétiques contenant des atomes de chlore, par¬ fois de fluor : ce qu'on appelle des carbures halogènes. D'une part, ces produits pénètrent dans les eaux côtières par les cours d'eaux et les égoûts; d'autre part, ils atteignent la haute mer à l'état gazeux, par l'atmosphère. » d'une décennie (les interfèrent PCB), avec le agissent sur le métabo¬ métabo¬ lisme du calcium chez les oiseaux de mer provoquant un amincissement de la coquille de leurs Sufs. » « Les composés à poids moléculaire plus faible les chloro-fluorocarbones par exemple peuvent être em¬ ployés dans les aérosols et interférer avec les activités de fermentation des micro-organismes. Cela risque d'in¬ hiber la dégradation des matières organiques dans le cycle biochimique. De plus, les processus de fermenta¬ tion utilisés par l'homme, pour le traitement des déchets par exemple, ou la production de vin ou de bière, pourraient s'en trouver atteints eux aussi. » s'accu; mulent lentement mais continûment, « Moins « On sait que certaines de ces sub¬ stances suffit aux « Perspective plus qu'inquiétante effrayante : les substances toxiques pourraient atteindre un niveau tel, près des côtes comme en pleine mer, qu'elles provoquent des mortalités et morbidités étendues parmi les organismes vivants qui y seraient exposés. » «A ce moment-là, on ne pourra faire marche arrière. Étant donné le volume des océans, la récupération « En altérant ainsi, lentement mais sans trêve, les eaux de la mer, nous risquons de léguer aux générations futures des océans empoisonnés. Il paraît certes, tout à fait déraison¬ nable, de charger les mers en déchets humains et d'aller ainsi jusqu'à provo¬ quer une mortalité massive et plané¬ taire des organismes vivants catas¬ trophe qui n'est plus inconcevable aujourd'hui, même si elle ne doit se produire que dans un siècle, ou plus tard encore... » «Actuellement, les hydrocarbures halogènes synthétiques que nous injectons dans le système des océans, se comptent chaque année en méga¬ tonne (million de tonnes). » « Si ces substances dérivent avec les eaux qui se mêlent à celles des grandes profondeurs, elles passeront en moins d'une décennie, au-dessous du niveau des eaux mêlées et pour¬ ront y demeurer des milliers d'an¬ nées... Quelle quantité en faudra-t-il pour qu'elles endommagent l'éco¬ système de façon irrémédiable?» Aucune nation, note Goldberg, n'a les ressources économiques et scientifiques qui lui permettraient de se livrer seule à l'auscultation santé. Le problème est bien à l'échelle océanique. Or, il n'existé pas dans le monde entier, une douzaine de laboratoires qui puissent mesurer les taux de DDT ou de pétrole dans l'eau de mer. Le nombre des laboratoires analysant les concentrations enéléments comme le plutonium est du même ordre. De plus, déclare Goldberg, l'instal¬ lation de centrales nucléaires risque de faire augmenter à long terme, le| nombre des petites fuites de déchets, ) SUITE construire ainsi modèles nouveaux et férentes époques du passé. nouvelles hypothèses. Il en ressort que la circulation océanique générale n'a pas toujours été celle de notre époque. Les climats des diverses parties du monde étaient alors tout différents des climats actuels, tout comme différait la forme des océans. On peut donc construire des modèles mathématiques simu¬ lant les climats préhistoriques de la planète et on peut en vérifier l'exacti¬ tude grâce aux informations fournies par la paléobotaniqùe et la paléon¬ tologie. Mais il faut pousser beaucoup plus avant les observations de l'océan pour recueillir des données nouvelles et Une nouvelle opération est actuel¬ lement en cours. Soviéto-américaine, elle est baptisée POLYMODE (de Polygone et Mode) et vise à recueillir davantage d'informations sur les tour¬ billons océaniques et leur rôle dans la dynamique interne des océans. Elle couvrira l'ensemble de l'Atlan¬ tique occidental. Dans certaines zones de l'Atlantique oriental, des cher¬ cheurs de France, du Royaume-Uni et de la République fédérale d'Alle¬ magne installent leur propre réseau des océans, et de les maintenir en bonne PAGE 28 sera de découvrir comment l'énergie des tourbillons se répartit dans l'océan. On sait déjà que ces tour¬ billons sont plus fréquents dans cer¬ taines zones et de plus haute énergie. L'expérience. se déroulera en 1977 et 1 978. Permettra-t-elle de répondre à toutes les questions sur les tour¬ billons? Certainement pas. Mais, la coopération des scientifiques se pour¬ suivra et c'est là l'important. Constantin N. Fedorov d'informations. Une des tâches de POLYMODE 27 , d'où le risque de rendre l'océan dan¬ gereusement radioactif. Les méthodes anciennes se DES sont révélées décevantes. Les premières mesures du DDT dans l'atmosphère ont donné des chiffres qui étaient des milliers de fois trop faibles : seules les particules solides étaient dénom¬ brées. Nous savons aujourd'hui que le DDT, à la surface de la Terre, ÉPROUVETTES À LA MER se déplace' surtout à l'état gazeux... De même pour le pétrole, dont on affirmait qu'il était totalement biodégradable et que sa décompo¬ sition venait en premier lieu des bac¬ téries de la mer : cela ne paraît plus entièrement vrai. Ce qui s'observe en laboratoire n'arrive pas forcément en pleine mer. Actuellement, on peut dire que les micro-organismes marins sont capa¬ bles de dégrader certains composants du pétrole, mais déclare Goldberg, « les vitesses de décomposition dans la nature sont mal connues ». L'utilisation de la mer comme pou¬ belle est côtière consternante. de 100 km La bande située autour d'Amchitka, en Alaska, n'est certaine- pas une fourmilière humaine. Pour¬ tant on a pu y compter 24 000 « cada¬ vres » d'objets en plastique. En 1973, une observation a été faite de la surface du Pacifique : sur 12,5 kilomètres carrés, en plein cen¬ tre du Pacifique Nord, on a compté six bouteilles de plastique, vingt-deux fragments plastiques, douze bouées de verre destinées à la pêche, quatre bouteilles vieux de ballon, verre, du de bois la corde, un travaillé, une brosse à chaussures, une sandale de caoutchouc, une boîte de café et trois papiers... De toute évidence un système d'alerte s'impose. Goldberg a propo¬ sé pour commencer, un programme d'un an : il consisterait à prélever des échantillons. On analyserait un mil¬ lier de prélèvements faits dans l'atmosphère, les courants océani¬ ques, les organismes marins, les rivières, les eaux du plateau conti¬ nental, les eaux de pluie, les glaciers et les nappes sédimentaires pro¬ Photos © T. R Parsons fondes. Évidemment, il coûterait cher. PARMI par Timothy R. Parsons Goldberg suggère donc une première étape : la surveillance de certains coquillages. On ferait porter l'effort sur des organismes connus pour concentrer les polluants. On analyse¬ rait chaque année cent échantillons afin d'y rechercher les hydrocarbures et les corps radio-actifs artificiels, les hydrocarbures chlorés et les métaux les nombreux program¬ mes de recherches océaniques conduits sous le patronage de l'Unesco figure la Décennie Interna¬ tionale de l'Exploration océanique (DIEO). Son travail vise à une com¬ préhension plus complète du milieu océanique et s'appuie sur divers pro¬ jets scientifiques : dans certains cas, lourds. «Toutes substances dont nous il s'agit de projets à dominante géolo¬ savons qu'elles mettent en péril les processus de la vie des océans. » gique ou géophysique, dans d'autres Selon initial Goldberg, atteindrait 300 000 dollars. ce au total, Si dont l'étude s'attache en particulier moins de l'estimation aux effets de l'activité humaine sur les est exacte, on peut se demander non pas quand cette surveillance des coquil¬ lages va commencer, mais pourquoi elle n'existe pas depuis longtemps. Dan Behrman 28 de projets axés sur la biologie marine, programme TIMOTHY R. PARSONS, président de l'Association internationale d'océanographie biologique, est professeur d'océanographie à l'Université de British Columbia, Vancouver (Canada). Il a fait partie de la division de l'océanographie à ¡'Unesco. zones de pêche. Un des projets de la DIEO est le CEPEX (Controlled Ecosystem Pollu¬ tion Experiment : Expérience de pollu¬ tion dans un écosystème contrôlé). Ce projet est surtout National Science caine. Les financé principaux la ment, améri¬ teurs. par Foundation pays partici¬ pants sont les États-Unis, le RoyaumeUni et le Canada. Il s'agit d'étudier les effets defaibles taux de polluants, sur l'environne¬ ment marin. Depuis quelque temps, en éliminant tous autres fac¬ Pour les océanographes, le pro¬ peut pas clôturer quantités d'eau pour de pement des méduses. Par contre, la grandes production de cellules végétales rela¬ tivement grandes (surtout des diato¬ mer, un conte¬ nant tel que cette eau reste un envi¬ mées) zooplancton d'assez grande taille lui aussi, qui à son tour favorise le déve¬ lière à ces substances sont effectivement nuisibles à la vie serait évidemment impossible une forme fami¬ Seule différence : les tubes à essais contenir des Il sous du Cepex devaient être assez grands pour marine. et la plupart des scientifiques : le tube à essais. savons pas dans quelle mesure d'in¬ de tout un écosystème, phénomènes solaires aux pois¬ sons; d'autre part, l'appareillage d'étudier tous les organismes de la devait être assez robuste pour résister mer pour voir s'ils réagissent à ces aux taux minimes de pollution; en outre laisser entrée libre au soleil. les effets à long terme d'une accumu¬ surtout lation lente peuvent n'apparaître vagues, non être assez transparent constitué toxiques, de puisque pour Il devait matériaux les scienti¬ qu'avec un grand retard, peut-être vers l'an 2000 et il sera trop tard, fiques alors, pour faire quoi que ce soit. substances toxiques dont il s'agissait Pour aborder ce délicat problème de la pollution chronique des mers, de comprendre les effets sur la bio¬ masses serait d'eau d'étudier dans d'isoler où son il de grandes serait possible ensemble la bio¬ cherchaient introduire de justement faibles à quantités y de Les tubes ainsi fabriqués peuvent contenir plus de 2 000 tonnes d'eau de mer; ils sont conçus pour flotter, ce qui réduit au minimum le prix des logie d'une région donnée. Les spécia¬ structures listes de l'écologie terrestre procèdent, que possible l'environnement naturel en effet, de même manière lorsqu'ils de l'océan. Ces tubes ont été placés clôturent un terrain et l'étudient isolé- pour la plupart dans le Saanich Inlet, un fjord et reproduit situé entraîne sur les d'aussi près côtes de la la production d'un loppement des jeunes poissons. . Du point de vue des prises, il serait évidemment désastreux que la pêche commerciale décline et que les pois¬ sons soient remplacés par des mé¬ duses ! La question posée est donc la suivante : qu'est-ce qui commande la chaîne hypothétique allant des flagellés aux méduses, et pourquoi cette chaîne s'oppose-t-elle à la chaîne alimentaire bien plus utile qui part des « grandes » diatomées? Il semble que l'on puisse donner la réponse. Les expériences du projet Cepex ont en effet montré que les flagellés, ces petites cellules végé¬ tales, apparaissent souvent plus nom¬ breux logie des océans. spécialistes du Cepex pensent que le mieux de cellules végétales très petites (les étendue pourtant, quantités très de blème ardu, problème qui a été résolu fimes résumé une des ment nocifs (cuivre, plomb, pesticides et hydrocarbures). Mais nous ne un ne marine.' Trouver, ronnement naturel, cela pose un pro¬ produits potentielle¬ donner flagellés) peut entraîner le dévelop¬ les chimistes ont pu montrerqu'étâient de en on admet que la production blème est évidemment différent : on en train de s'accumuler dans l'océan traces Pour rapide, lorsque existent taux de pollution, métaux lourds Mais, de faibles en particulier par ou hydrocarbures. la chaîne alimentaire favorisant les flagellés et les méduses peut aussi se développer à la suite de tempêtes, c'est-à-dire Si d'événements l'hypothèse est naturels. correcte, elle peut expliquer pourquoi les méduses deviennent abondantes certaines Colombie Britannique, au Canada, et années et non d'autres d'autres dans le Loch Ewe, en Ecosse, dépendre du temps qu'il fait... et dans le Kieler Eucht, en Allemagne. suggère aussi que de telles variations Actuellement, peuvent être accentuées par la pol¬ lution. Et finalement, c'est la pêche qui en pâtit. les scientifiques uti¬ lisent pour leurs expériences trois de ces grands tubes et six plus petits. Les résultats de ce programme sont si variés que nous ne pouvons les mentionner tous. Il faut citer toutefois l'une des découvertes les plus impor¬ Comme le cela peut programme Cepex s'étendra sur une dizaine d'années, nombre de chercheurs de divers pays pourraient y travailler. tantes : elle concerne la structure des chaînes alimentaires marines et leur possible altération, Timothy R. Parsons qu'elle soit due à l'homme ou à des causes naturelles. On sait ainsi, depuis quelque temps, que la mer contient à certains mo¬ ments de grandes quantités de mé¬ duses. On sait aussi que chez les pois¬ sons existe destinés des à la consommation il variations considérables. Les numériques recherches me¬ Ces tubes de plastique de 30 m nées dans le projet Cepex ont permis de haut (ci-dessus) sont des d'avancer poches immergées contenant plus de 2 000 tonnes d'eau entre ces deux types de fluctuations. de mer, véritables laboratoires où sont étudiés les effets biologiques à long terme des polluants. Mises à flot l'hypothèse d'un rapport En étudiant les organismes micro¬ scopiques du plancton, lesquels servent de nourriture aussi bien aux à Saanich Inlet, sur la côte méduses qu'aux jeunes poissons, on canadienne du Pacifique, ces trois éprouvettes géantes a découvert qu'il (photo ci-dessus à gauche) ne laissent apparaître que les flotteurs circulaires. existait deux pro¬ cessus distincts dont l'un favorisait la multiplication des méduses, l'autre celle des poissons. 29 LE 2 août 1973, à 12 h 10, le bathyscaphe Archimède tou¬ chait le fond par 2 540 mètres de profondeur au milieu de l'Océan Atlantique, à 700 kilomètres au sudouest des Açores. VOYAGES D'EXPLORATION Sous les feux des projecteurs, une cascade de laves noires qui avait été comme pétrifiée dans sa progression, DANS UNE VALLÉE apparaissait dans toute sa fraîcheur. A travers de nombreuses craquelures, la lave avait sance à suinté, VOLCANIQUE À 3 000 M donnant nais¬ des bourgeonnements, des filaments, des diverticules gelés dès leur formation. SOUS LA MER Les explorations ultérieures confir¬ mèrent qu'il s'agissait d'une coulée de laves très récente, d'un âge infé¬ rieur à quelques milliers d'années, couvrant le flanc d'un petit volcan, appelé depuis le mont de Vénus. Haut de 250 mètres, large de un kilomètre et long de trois à quatre kilomètres, ce volcan occupe l'axe d'une vallée sous-marine profonde de 2 700 mètres et large d'environ trois kilomètres. La vallée est bordée de part et d'autre par des escarpements quasi-verticaux, les murs. C'est à l'exploration de cette val¬ lée que fut consacrée l'expédition FAMOUS Oceanic (French American Undersea Survey, Mid Étude franco-américaine de la dorsale médio- atlantique) dont la plongée de XArchi¬ mède marquait le véritable début. Pendant deux étés, trois sous-marins, un américain, VAIvin, mis en par la Woods Hple Océanographie Institution, et deux français, I Archi¬ mède et la Cyana, sous la responsa¬ bilité du Centre national pour l'exploi¬ tation des océans, allaient parcourir plus de 90 kilomètres sur le fond à une profondeur de plus de 2 500 mètres et à une hauteur au-dessus du fond, inférieure à 5 mètres. Deux tonnes de roches furent pré¬ levées 23 000 en 167 sites photographies différents; et plus de 100 heures de télévision furent enre¬ gistrées au cours des 228 heures passées sur le fond. Grâce à des levés de surface très précis, grâce à une navigation de très grande qualité, l'ensemble de ces renseignements permit rapidement de reconstituer l'environnement géologique détaillé de cette vallée, une des zones où se fabrique le fond des océans. Il apparut tout de suite évident que le paysage changeait très rapidement, depuis le volcan fissurai occupant l'axe de la vallée, jusqu'aux pieds des par Xavier Le Pichón murs. Dans l'axe, il s'agit d'un pay¬ sage volcanique primaire : la croûte océanique vient d'être créée. On constate, en effet, que l'âge des roches augmente de part et d'autre de l'axe. Ceci se reflète dans le lent enfouis¬ sement de la croûte volcanique sous la « neige » des sédiments calcaires, qui proviennent du plancton superfi¬ ciel et se déposent au taux moyen de 3 centimètres par 1 000 ans, soit 30 mètres environ par million d'années. Ainsi, après des dizaines de millions d'années, le fond volcanique aurait dû être enfoui sous des épaisseurs de plusieurs kilomètres de vase. Or, sur le mont de Vénus, si la boue blanche ne forme qu'un léger voile, irrégulier, avec quelques poches d'accumula¬ tion, l'épaisseur de vase peut atteindre quelques mètres sur la première marche des murs. L'apparition progressive d'un lin¬ ceul sédimentaire de part et d'autre du volcan indique que l'âge de mise en place des roches volcaniques aug¬ mente régulièrement vers les murs de la vallée. Les XAVIER du ploitation LE PICHÓN, conseiller scienti¬ Centre national français pour l'ex¬ des océans, programmes des est responsable des sous-marins scientifiques français. Il est directeur scientifique du programme FAMOUS en ce qui concerne la participation vrages, française. citons : Parmi L'expédition ses Famous, ou¬ à 3 000 m sous l'Atlantique, éd. Albin Michel, 1976 (écrit en collaboration avec Paris Claude Riffaud), collaboration et Le fond des Océans (en avec Guy Pautot), collection «Que sais-je », éd. P. U. F., Paris 1976. 30 ces des roches observations. confir¬ L'âge de nord et constatait craque mont de Vénus est la zone d'injection actuelle. On peut le com¬ parer à un gigantesque chou-fleur qui aurait grossi en gonflant, craquelant la croûte superficielle, suintant la lave à travers les fêlures. Les suin¬ tements produisent des bourgeonne¬ ments aussitôt gelés. Ces formations volcaniques très particulières, propres au monde sousmarin, résultent du fait que la lave gèle quasi-instantanément au contact de l'eau. Une croûte se forme qui deux donnant atteindre mont de modes tecto¬ naissance à des la source de lave ou la chambre magmatique, deux ou trois kilomètres au-dessous, si la pression dans cette chambre est suffisante, le magma moins dense monte à travers les fissures et donne naissance à un deuxième mode, le mode extrusif (c'est-à-dire sans projection ni écou¬ sensibles) où toute trace de tectonique extensionnelle est aussitôt ensevelie sous FAMOUS murs. Tout se passe donc comme si la vallée s'était progressivement élargie au cours des cents derniers milliers d'années par injection de laves en fusion dans sa partie axiale. du champs de fissures. Lorsque celles-ci sont suffisamment ouvertes pour centaine milliers d'années sur les sud niques : un mode purement extensionnel durant lequel la croûte est étirée, distendue, se craquelle, puis construction. de au si, durant l'ouverture de cette vallée, on mise en place de la lave est très récent à l'axe, mais atteint près d'une Le fique Au Vénus, les plongées ont révélé l'exis¬ tence de véritables champs de fis¬ sures ouvertes. Tout se passe comme lement datations mèrent isole thermiquement la lave sousjacente et lui permet de rester liquide assez longtemps. On a donc des formes d'écoulement qui ne peuvent s'épancher horizontalement puisque tout épanchement latéral est aussitôt freiné. En conséquence, tout se cons¬ truit, bourgeonne en hauteur, d'où l'origine du chou-fleur ! le volcan fissurai en Cette petite vallée que l'expédition a étudiée avec un tel luxe de soins forme le plancher du rift atlantique. Il s'agit du trait le plus important à la surface de notre pla¬ nète. Pourtant, on en a longtemps tout ignoré, car sur la plus grande partie de longueur, océans ses 60 000 kilomètres de il serpente au fond des sous 2 500 à 3 000 mètres d'eau. , Le rift est une fêlure dans la pel¬ licule surperficielle rigide qui enve¬ loppe la Terre, la lithosphère. Le long de cette fêlure suinte, de manière quasiment continue, à l'échelle des temps géologiques, le magma basal¬ tique venu des profondeurs. Ce suin¬ tement de basalte en fusion crée les nouveaux fonds océaniques à l'axe La Cyana (à gauche), petit sous-marin français, est l'un des trois engins d'une expédition franco-américaine qui explora en 2 ans, sur plus de 90 km, une vallée au fond de l'Atlantique. Ci-dessous, une caverne basaltique photographiée en 1974 . par 2733 m de fond. Photos © CNEXO. Pans dité et acquièrent les propriétés phy¬ siques de rigidité de la lithosphère, cette partie solide de l'écorce ter¬ restre. Il y a accretion (ou accroisse¬ ment de masse) de nouvelle litho¬ sphère océanique à chacune des plaques. Cette accretion est symé¬ trique par rapport à la zone d'injection, le refroidissement s'effectuant de manière identique de part et d'autre. La lithosphère océanique est donc formée par un processus d'accrétion par rapport à la zone d'injection, appelée frontière d'accrétion ou rift. En s'élargissant, l'océan gressivement évoluer. du rift, où vient d'être Dans va pro¬ la zone la nouvelle lithosphère créée, sa température moyenne est très élevée. En consé¬ quence, la densité, moyenne est faible et la profondeur d'eau est rela¬ du rift et c'est cette création de nouveaux fonds océaniques qu'a étu¬ dié l'expédition FAMOUS. L'étude du rift fournit la clef du modèle dynamique global actuel, modèle qui explique la dérive des continents par l'expansion océanique à l'axe des dorsales. Grâce à cette clef, il est maintenant possible de reconstituer la géographie du fond des océans au cours de leur évolu¬ d'années, il n'y avait ni océan Indien, ni océan Atlantique, il y avait par contre un très large océan alpinohymalayen, là où se trouvent main¬ tenant ces chaînes de montagnes. La naissance et le développement d'un océan sont dus au processus de créa¬ tion de croûte qu'a étudié l'expédi¬ tion FAMOUS au fond du rift. La manière par laquelle la vallée du rift s'élargit progressivement par injection de laves nouvelles à son axe, tivement faible aussi, entre 2 500 et 3 000 mètres. Lorsque l'âge de la lithosphère augmente, elle se refroidit et sa température moyenne diminue. Elle se contracte donc et la profon¬ deur d'eau augmente. En gros, une portion d'océan est d'autant plus profonde qu'elle est âgée. Il y a donc approfondissement symétrique de la surface de la croûte tion, c'est-à-dire à la fois leur paléo¬ morphologie et le paléo-environne¬ ment tel qu'il est révélé par les les roches plus anciennes s'écartant océanique depuis l'axe du rift jus¬ qu'aux bords des continents. La partie la plus récente (quelques dizaines de part et d'autre, est celle-là même de millions d'années) a la forme d'un couches qui sédimentaires sous les¬ quelles le fond volcanique a été pro¬ gressivement enfoui. Pour bien comprendre pourquoi l'étude du rift permet de saisir l'évo¬ lution des océans, il faut savoir que l'exploration scientifique des océans, durant ces vingt dernières années, a révélé que la croûte océanique, à la permet au fond des océans de Le rift océanique est la zone de rupture entre deux plaques en écartement. Les roches profondes remon¬ tent triangle isocèle sommet, croître. alors dans le vide ainsi très la zone du aplati rift, dont le est à 2,5-, 3 km de profondeur et dont la base est de plusieurs centaines de kilo¬ mètres. créé. On appelle cette portion de l'océan Une partie du basalte produit par fusion partielle atteint la surface pour former la croûte océanique de 5 à 6 km d'épaisseur, suivant le pro¬ la dorsale médio-atlantique. Étant la est éphémère. cessus Les océans naissent, se dévelop¬ pent et meurent en un intervalle de FAMOUS. plus récente et la plus éloignée des apports continentaux, la croûte océa¬ nique n'y reçoit que la « neige » des sédiments pélagiques observée durant l'expédition FAMOUS. Ce sont les phénomènes ther¬ miques qui dominent : les roches pro¬ dépasse différence de la croûte continentale, temps inférieur à deux cents millions d'années, soit seulement un vingt- cinquième de l'histoire du globe. Ainsi, il y a deux cents millions étudié fondes très durant chaudes l'expédition remontent sans cesse dans la zone d'injection. En se refroidissant, elles perdent leur flui Lorsque l'âge 70 de millions la lithosphère, d'années, le refroidissement est proche de son maximum et la profondeur, qui k dépasse 5 500 mètres, n'augmente r 31 , plus que très lentement avec l'âge C'est le domaine du bassin océanique, la seconde province caractéristique de l'océan avec la dorsale médio- Pcéanique. La profondeur bassin a plus comme grande conséquence du une température plus basse des eaux du fond, une pression plus élevée et une non-saturation de ces eaux en carbo¬ nate et en silice. Ces eaux dissolvent donc aisément les squelettes fragiles des organismes planctoniques. Dans un bassin éloigné des conti¬ nents, en dessous de 4 500 mètres environ, seuls les sédiments très fins produits de l'érosion des roches conti¬ nentales peuvent s'accumuler sur le fond après un transport par les cou¬ rants ou par les vents. Leur taux de dépôt extrêmement faible ne dépasse pas un millimètre par 1 000 ans. Ces « argiles rouges » recouvrent les zones de « collines abyssales » qui corres¬ pondent à l'ensevelissement du relief volcanique initial. Toutefois, si un bassin océanique est proche d'un continent et n'en est pas séparé par un fossé actif jouant le rôle d'un piège, les sédi¬ ments terrigènes, produits de l'éro¬ sion des continents, peuvent se déposer beaucoup plus rapidement et niveler complètement la morpho¬ logie initiale. Il s'agit alors des plaines abyssales. été effectués dans tous les océans, depuis l'océan Antarctique jusqu'à l'océan Arctique. Il est impossible de faire ¡ci une synthèse de l'ensemble des résultats obtenus par cet immense effort de recherche auquel collabore l'ensemble tifique de la communauté scien¬ mondiale. Et ceci, d'autant plus que cet effort est en pleine pro¬ gression et se développe très rapide¬ ment. Son importance pour la recons¬ titution de l'environnement de notre globe aux différentes époques géo¬ logiques et, en particulier du climat, est évidente. En effet, pour reprendre les termes du pionnier de l'océanographie mo¬ derne, le professeur Maurice Ewing, 1 alors que le continent peut être comparé à un tableau noir sur lequel les informations sont régulièrement effacées par l'érosion, dans les océans, il s'agirait plutôt d'un mur qui recevrait une série de couches de peinture. L'information est donc présenté mais enfouie. Il suffit de pouvoir pénétrer sous les couches supérieures pour y avoir accès. C'est ce que permet le Glomar Challenger. A titre d'exemple, on peut esquis¬ ser un tableau rapide de l'évolution de l'océan Atlantique Nord, entre l'Afrique et l'Amérique du Nord, telle qu'elle apparaît d'après les résultats des forages Cet du Glomar Challenger. océan s'est progressivement notamment ouvert depuis 180 millions d'années, apportés par des avalanches boueuses déclenchées sur les pentes continen¬ tales et qui se transforment en cou¬ rants turbides, c'est-à-dire chargés de particules en suspension. au taux moyen de 3 centimètres par an. La caractéristique principale de ce bassin est donc son élargissement et son approfondissement au cours du temps, accompagnés par une modification complète de la circula¬ tion océanique, en surface bien sûr, mais surtout en profondeur. Les sédiments y sont Dans la pratique, il n'est pas facile de reconstituer évolution effet, si tuer de dans le détail cette des fonds océaniques. En l'on sait manière maintenant resti¬ assez sûre la confi¬ guration géométrique et la morpho¬ logie d'un océan au cours de son évolution, depuis le stade du rift continental originel jusqu'au stade actuel, il est beaucoup plus difficile de reconstituer ment. C'est le l'étude sédimentaite ce sujet les paléo-environne¬ de la couverture qui nous a apporté à indications principales. C'est là un des rôles les plus impor¬ En effet, au début de son histoire, il s'agit d'un bassin fermé au nord et au sud, situé près de la zone équatoriale, et qui n'a donc pas accès aux sources d'eau froide polaire. Cette situation pourrait être comparée à celle de la Mer Rouge actuelle. Le bassin s'approfondit lentement et ses eaux profondes deviennent sta¬ Il est probable datant du que les dépôts tout début de l'ouverture, comprennent du sel, au moins dans la portion nord du bassin. Il a été déposé dans un bassin étroit, peu profond, 1968 confiné les États-Unis et mené et soumis maintenant conjointement par six nations, les États-Unis, l'URSS, la chaud et nates, dans République fédérale d'Allemagne, le Japon, la Grande-Bretagne et la oxygéné, France. Grâce au navire foreur Glomar Challenger, capable de forer à plus de 1 500 mètres sous le fond de l'océan pour une profondeur totale atteignant près de 7-000 mètres, nous connais¬ sons maintenant roches la succession sédimentaires qui se des sont déposées en divers points du fond des océans au cours de leur évolution. A ce jour, plus de 400 forages ont 3? 1 10 et 80 millions d'années, continentaux. Grâce à la séparation de l'Europe et de l'Amérique du Nord (80 millions d'années) puis du Groenland et de l'Europe (60 millions d'années), cette dernière séparation créant la mer de Norvège, une circulation profonde vigoureuse s'établissait. Une circu¬ lation semblable à la circulation actuelle s'établit, grâce à l'accès aux sources d'eau froide. Il s'agit d'une phase d'érosion et de non-dépôt. A partir de 45 millions d'années, la régression du niveau de la mer s'étant déjà largement amorcée, la sédimentation est caractérisée par les apports des produits d'érosion du continent dans la partie profonde du bassin et au pied des marges. Ce type de sédimentation ira en s'accentuant jusqu'à 1 5 millions d'années avec toutefois des phases d'érosion vers 30 millions d'années, au moment du début de la antarctique. glaciation du continent A partir de 3 millions d'années, l'ère glaciaire qui s'est installée dans l'hémisphère nord entraîne une accu¬ mulation massive des produits d'éro¬ sion grossiers, provoquée par les très fortes régressions de l'océan durant les phases principales d'avance gla¬ ciaire. C'est l'époque de formation des plaines abyssales. Depuis la der¬ nière phase, il y a 11 000 ans, ces apports grossiers ont nettement dimi¬ nué, le niveau de la mer étant remonté de plus de 100 mètres. De FAMOUS au Programme de forage en eau profonde, l'exploration du fond des océans, en progressant dans toutes les directions, fait donc apparaître un schéma cohérent d'évo¬ lution d'ensemble et nous permet, pour la première fois, de reconstituer de manière précise les variations de l'environnement global au cours des deux cents derniers millions d'années. gnantes. tants du programme DSDP (Deep Sea Drilling Project, Programme de forage en eau profonde), débuté en par Entre on note une phase volcanique ma¬ jeure, sans doute liée au début de la fragmentation entre l'Europe et l'Amé¬ rique du Nord. D'autre part, la mer envahit les continents et les produits d'érosion sont piégés sur les plateaux sec. lui à un climat très Des sédiments carbo¬ un environnement ont fait suite. bien La pro¬ fondeur restait sans doute inférieure à 2 000 mètres mais augmentait pro¬ gressivement. A partir de 140 mil¬ lions d'années, la profondeur dépas¬ sait certainement 3 000 mètres et les eaux profondes semblaient devenir stagnantes pendant de longues pé¬ riodes, comme dans la Mer Noire actuelle. Des dépôts, riches en pro¬ duits organiques en sont caractéris¬ tiques. La présence «d'argiles rouges» indique pour la première fois une profondeur grande. Cette période cruciale a vu le peu¬ plement progressif des continents par les êtres vivants, peuplement qui a culminé avec l'apparition des an¬ cêtres de l'homme, à peu près à l'époque où le climat glaciaire s'ins¬ tallait dans l'hémisphère nord. Il paraît certain que ces variations cli¬ matiques très importantes, mais encore si mal comprises, ont joué un rôle critique dans la progression du peuplement humain. C'est seulement de l'étude de l'océan que nous pouvons espérer en obtenir une compréhension d'en¬ semble. Mais l'océan est un milieu très complexe dont la véritable explo¬ ration commence à peine et il est encore difficile de prévoir ce qu'ap¬ porteront les années à venir.. Xavier Le Pichón Nos lecteurs nous écrivent UNE EN REVUE UNESCO BRAILLE Je suis aveugle, professeur de let¬ tres dans un lycée de Nancy et j'ai pris avec grand intérêt connaissance de la revue de l'Unesco en versions de cette revue en français, anglais et espagnol seront distribués gratuitement. Pour toute demande, LA s'adresser à M. F. Potter, Centre d'in¬ monde (mai 1975) me suggère ces thèmes de réflexion : Faut-il que le monde entier se sente coupable, face à la famine si tous les peuples n'ont formation des visiteurs, Fontenoy, 75700 Paris. 7, place de Braille. rier de /'Unesco, INSTRUIRE le seul à les apprécier. Par ailleurs, cette revue représente pour les aveu¬ gles un moyen supplémentaire d'en¬ est abonnée au Courrier de /'Unesco, aux aveugles de certains pays dont l'univers social et culturel reste singu¬ lièrement limité. Pour eux, plus encore que pour nous, cette parution repré¬ sentera une note d'espoir, si elle peut les atteindre. L'Unesco me semble particulière¬ mais je n'ai jamais pris le temps de vous écrire pour vous remercier du plaisir et des connaissances que vous nous procurez : belles reproductions d'objets d'art, information sur les cul¬ tures anciennes ou étrangères, nou¬ velles et fascinantes à tous mes amis de s'abonner à votre revue : c'est celle qui contient le plus d'informations et le plus de raisons d'espérer. En la lisant, je sais que nous appartenons tous au même monde, et mes humaine. devoir de fraternité mais aussi de justice, puisqu'au-delà des différences et des inégalités physiques tous les hommes ont droit à l'infor¬ mation et à la culture. C. Poncin : Nancy, France N. D. L. R. Le premier numéro de la Revue Unesco en Braille, paru en avril 1976, a reçu un accueil chaleu¬ reux. L'Unesco augmentera le tirage des deux numéros prévus en 1977, de manière à satisfaire toutes découvertes scientifiques, et toujours, lorsqu'un problème est posé, les divers moyens de le résoudre sont présentés. Je dis ment à même de rappeler aux hom¬ leur la faim dans le ment? Que l'on continue à mettre au Cela fait quinze ans que ma famille contact avec le monde et elle sur et appropriée, le maximum de rende¬ m'ont fort intéressé permettra certainement à certains de sortir de la solitude dans laquelle ils demeurent encore. A ce point de vue, en France, nous pouvons être consi¬ dérés comme privilégiés par rapport numéro du sol, par une exploitation intensive ET AMUSER et je suis persuadé que je ne serai pas trer en Votre DANS LE MONDE pas la capacité ou la volonté de tirer Les articles contenus dans ce premier numéro, et entièrement tirés du Cour¬ FAIM à la même communauté J'ai trouvé que votre numéro d'aoûtseptembre 1976 était plein d'inven¬ tion, de couleurs et d'informations, qu'il « instruisait en amusant ». J'ai remarqué aussi que le petit person¬ nage qui part à l'aventure et découvre l'Unesco et ses réalisations, monde de plus en plus d'enfants sans se soucier des possibilités de les nourrir, la responsabilité doit-elle nous en être imputée à tous? Est-ce vrai¬ ment la volonté du Créateur que la Terre soit surpeuplée au point que seules les famines, les guerres, les catastrophes y apportent une com¬ pensation? L'aide des nations occi¬ dentales est-elle judicieuse si elle aboutit à enrayer les efforts de ceuxlà mêmes à qui elle est destinée? Une responsabilité partagée ne pourrait découler que du fait que les pays tech¬ niquement avancés ont exploité à leur propre sources naturelles des loppement, qu'ils les de tous temps profit les res¬ pays en déve¬ ont appauvris en ne payant qu'à un tarif dérisoire les denrées et les matières premières qu'ils en ont tirées. Le dédommage¬ ment n'a jamais correspondu à une réelle contrevaleur entre les biens qu'ils en recevaient et ceux qu'ils leur four¬ nissaient. Autrement dit, les termes de « vient l'écharige ne correspondaient pas, de de 1 37 pays » mais « appartient bien à tout le monde ». Il nous est présenté de telle façon, qu'il pourrait, réelle¬ ment, être de presque tous les pays. part et d'autre, à l'index des coûts de la vie. La prospérité des pays occiden¬ taux s'est faite, sans le moindre doute, au détriment des colonies. les Jean Mallinson Jos. Hässig demandes émanant de 120 pays. Des West Vancouver, Canada Saint-Gall, Suisse LES PROMESSES DE L'OCÉAN (suite de la page 22) nous en recevons mille fois moins que de l'atmosphère. Travailler au contact des eaux de surface ne peut plus nous apprendre beaucoup. Il faut donc uti¬ Isaacs à son auditoire d'Edimbourg, que la rivière Tweed fournit autant d'énergje en s'écoulant en douceur dans la mer que si elle tombait d'une liser l'observation à distance. L'acous¬ chute de 200 mètres ? » tique en donne justement la possi¬ bilité. » La communication de l'académi¬ cien Brekhovskikh a été présentée à. un symposium consacré aux nouvelles méthodes de l'océanographie. Ce symposium a été réuni par le Pro¬ fesseur John Isaacs (de la Scripps Institution of Oceanography) à qui l'on doit nombre d'idées originales dans ce domaine. N'a-t-il pas proposé de remorquer des icebergs depuis l'Antarctique pour résoudre les pro¬ blèmes aussi d'eau eu de la Californie? Il a l'idée des brise-lames flot¬ tants récemment essayés pour pro¬ téger les ports. Le professeur Isaacs a lancé un thème nouveau : l'énergie de sali¬ nité. La désalinisation demande beau¬ coup d'énergie. l'énergie devrait processus Il s'ensuit que de être libérée par le inverse : la salinisation. « Qui aurait cru, déclara le Professeur Les recherches sur l'énergie de salinité ont été décrites par Sidney Loeb (Département de la Recherche de l'Université Ben Gourion du Ne- guev, Israël). Si l'on place une mem¬ brane semi-perméable entre de l'eau douce et de l'eau salée, l'eau douce passe par osmose dans l'eau salée. , L'énergie obtenue est liée à la pres¬ sion osmotique : c'est ce que Loeb ' appelle « une chute d'eau osmotique ». Cette pression atteint 1 5 atmo¬ sphères. Cela n'est pas négligeable, mais on pourrait obtenir dix fois plus en combinant de l'eau de mer à de la saumure; par exemple aux eaux de la Mer Morte. L'obstacle réside dans la membrane dont le prix rend l'énergie osmotique quatre fois plus chère que lise un courant électrique pour désaliniser l'eau de mer mais fonctionnant à l'envers. L'énergie de salinité est, selon les termes d'isaacs, « une source d'éner¬ gie immense, cachée, presque invi¬ sible»... énergie équivalente à celle qu'engendre la différence de tempé¬ rature entre surface et fond des , océans tropicaux. Que le rendement en soit bas, seulement 3 pour cent à l'heure' actuelle, ne le chagrine pas : « Si nous fournissions seulement le centième d'un pour cent à un petit village de l'embouchure du Gange, ce serait appréciable ! » Et il conclut ainsi sur un tel sujet, présenté pour la première fois lors d'une réunion océanographique inter¬ nationale : «Cela donne une bonne idée du monde de surprises que l'océan tiendra toujours en réserve pour ceux qui l'étudient. » Dan Behrman l'électricité aux États-Unis. Il existe une autre méthode : la « batterie dialytique ». C'est la tech¬ nique de l'électrodialyse où l'on uti 33 Ol U ES L3 lu La vulgarisation Conférence générale de T Unesco POUR la première fois depuis vingt ans, la Conférence générale de l'Unesco s'est réunie hors du Siège de l'Organisation à Paris. En effet, la 19e a lieu du 26 octobre au 30 no¬ vembre 1976 à Nairobi (Kenya). ' Menée du début à la fin, avec une', volonté de coopération et de conciliation, animée par ce qu'on a appelé « l'esprit Nairobi », elle a abouti à une série d'importantes décisions sur les tâches futures de l'Organisation. En approuvant le programme proposé par le Directeur général, en adoptant la déclaration sur le rôle de l'Unesco dans le domaine des sciences et de la technologie et en pre¬ nant conscience de l'explosion du phéno¬ mène de la communication, rence générale a indiqué pour les années à venir. la des Confé¬ priorités vé, définissant ainsi une orientation à moyen terme, qui facilitera l'efficacité du travail de l'Organisation dans les. do¬ maines de sa compétence, éducation, sciences exactes, culture et communi¬ cation. La contribution de l'Unesco à' l'ins¬ santes sociales et culturelles, a été défi¬ nie ainsi que son rôle dans la deuxième décennie pour le développement. Grâce à un groupe de rédaction et de négociation, un consensus a pu être obtenu pour un certain nombre de pro¬ blèmes sujets â controverse. L'unanimité promotion des droits de tence de ce nouveau secteur. La Conférence générale a également approuvé les décisions de la première réunion de plus de cent ministres et hauts fonctionnaires responsables de l'éduca¬ tion physique et du sport en créant un Comité intergouvernemental pour pré¬ parer les statuts d'une commission per¬ manente. Les États-Unis ont lancé à l'Unesco une invitation à tenir dans leur pays une conférence sur le sport et l'édu¬ cation physique. L'éducation permanente, l'éducation de masse, l'élimination de toute opposi¬ tion entre melle l'éducation et la formelle nécessité de et des La États membres de décentralisation faveur de des l'Unesco. efforts en l'éducation a vivement retenu l'attention des participants qui ont insisté sur la priorité à accorder à la planification et à la formation des maîtres, à la pro¬ duction « bon marché » d'équipements ainsi qu'à l'emploi des langues natio¬ L'accent a été mis sur l'éducation en tant qu'instrument. de nature à proté¬ ger l'identité culturelle. La Conférence générale s'est déclarée solidaire de l'action du gouvernement grec qui a lancé une campagne mon¬ diale pour la préservation de l'Acropole; elle a aussi autorisé le Directeur général à entreprendre cinq nouvelles cam¬ pagnes internationales : réanimation de la Médina de Fès (Maroc), préserva¬ tion de Hérat (Afghanistan), mise en valeur de Sukhothai (ancienne capitale de la Thaïlande) et du patrimoine culturel de l'Ethiopie, du Kenya, de la Tanzanie Le projet de déclaration concernant les et de l'Ouganda, et restauration du patri¬ principes de l'emploi des moyens de grande information en vue du renforce¬ ment de la paix et de la compréhension moine architectural du Guatemala endom¬ propagande l'apartheid a sion (1978). et de la lutte contre magé par les séismes de 1976. Le la belliciste, le racisme et été renvoyé à la 20e ses¬ Sur le plan pratique, tous les États qui vaste nales de programme culture amorcé au cours des années précédentes se poursuivra et concernera les cultures asiatiques traditionnelles et contemporaines, la culture arabe, les cultures africaines, les cul¬ tures contemporaines de l'Amérique Latine, les cultures européennes et les majorité des États concernés a été cen¬ D'autre part, mise en ouvre études trans-culturelles. l'Unesco poursuivra la d'un large programme de promotion du livre et de la lecture axé sur la production et la distribution d'ou¬ vrages notamment dans les pays en voie de développement. Le nouveau budget de 224 413 000 $ pour le biennium 1977-1978 a été Sur le plan administratif, la Conférence ' générale s'est prononcée pour l'emploi d'un nombre plus important de femmes par le Secrétariat. voté sans une seule voix contre et avec Il faut noter, d'autre part, que la par¬ la volonté de conciliation a été évidente. seulement 12 abstentions tandis que le Fonds de roulement de l'Organisation a été doublé passant de 8 millions à faite 16 800 000 dollars. rablement facilitée par le système de télécommunication expérimental francoallemand « Symphonie » utilisant deux satellites géostationnaires. La Conférence générale a approuvé la création, dans le cadre de la restruc¬ turation du Secrétariat, du nouveau sec¬ teur des Sciences Sociales, pour répondre au besoin d'appliquer les connaissances au développement intégral. Des activités, telles que les politiques nationales rela¬ tives à la population et à la jeunesse 34 scientifiques : le Prix scientifique Unesco a été attribué à un ingénieur français, Alfred Champagnat, pour ses recherches sur la biosynthèse des protéines à partir du pétrole. Le Prix Kalinga de vulgarisa1 tion scientifique a été partagé entre deux lauréats, le biologiste brésilien José Reis et le physicien mexicain Luis Estrada Martinez, qui l'un et l'autre ont écrit de nombreux ouvrages de vulgarisation et fondé des clubs scientifiques pour le grand public et la jeunesse. Borobudur la coordination Conférence à entre les en exposition itinérante Le Ministre de la culture du gouverne¬ ment belge et le gouvernement indoné¬ sien ont coopéré à l'organisation d'une importante exposition consacrée à Boro¬ budur, le fameux sanctuaire bouddhique de Java, datant du 8e siècle de notre ère, et à l'art javanais. A l'appui de cette ex¬ position, l'Unesco prépare des docu¬ ments photographiques et des diagram¬ mes qui permettront de comprendre dans tous travaux de Nairobi et le Secrétariat de l'Organisation à Paris a été considé¬ ses temple détails de la reconstruction Borobudur, mise du en grâce à la Campagne internationale de sauvegarde lancée par l'Unesco. L'ex¬ position qui s'ouvrira à Bruxelles en jan¬ vier 1977 circulera ultérieurement dans les grandes villes d'Europe. Élection du nouveau président du Conseil exécutif de l'Unesco Le d'études régio¬ ne faisaient pas encore partie d'une région ont été inclus dans les activités régionales. Israël, dont l'entrée dans la région européenne a été acceptée par la suré pour ses fouilles à Jérusalem par référence à la résolution de la précédente session de la Conférence générale et pour5 son retard à répondre à la demande d'en¬ voyer une mission dans les territoires occupés. Dans l'ensemble de ces débats, M. Amadou-Mahtar M'Bow, Directeur général de l'Unesco, a décerné le 9 dé¬ cembre, au Siège de l'Unesco, deux prix infor¬ promouvoir s'est manifestée par exemple sur la nécessité d'suvrer en vue d'équilibrer les échanges d'informations et sur la priorité à donner aux pays les moins favorisés. internationale scientifique à l'honneur l'éducation des adultes ont obtenu l'adhé¬ nales. tauration d'un nouvel ordre économique international, avec toutes ses compo¬ la tion de ces droits, seront de la compé¬ sion Pour la première fois, un plan de six ans a été longuement discuté et approu¬ que l'Homme et l'étude des causes de viola¬ session de la Conférence générale eu de ainsi rrp C. J. 1er décembre Martin dernier M. Leonard (Royaume-Uni) a été élu Président du Conseil exécutif de l'Unes¬ co. M. Martin, qui participe depuis long¬ temps aux travaux de l'Unesco, a été Secrétaire de la Commission nationale du Royaume-Uni pour l'Unesco de 1962 à 1965, et délégué permanent de son pays de 1965 à 1968. Le Conseil exécu¬ tif est chargé de superviser la mise en du programme de l'Unesco entre les sessions de la Conférence générale de l'Unesco. Scolarisation en milieu multilingue Perspectives, 'revue trimestrielle de l'Unesco, analyse dans son dernier nu¬ méro (vol. VI. n° 3, 1976) les problèmes de la scolarisation en langue maternelle; en milieu multilingue. Des spécialistes de divers pays (Inde, URSS, France, Nige¬ ria, Sri Lanka, Pérou, Yougoslavie, Ca¬ nada), examinent maintes questions l'éducation. Ainsi: «Pour une meilleure transmission des savoirs et des valeurs»,. « Le choix des langues en Afrique », « L'en¬ seignement des sciences dans les langues , chaine de l'éducation franco-ontarienne » ne citer que quelques titres. session à l'automne 1978, au o soulevées dans ce domaine particulier de La Conférence générale de l'Organisa¬ tion des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture tiendra sa pro¬ siège de l'Organisation à Paris. 5 5 nationales à Sri Lanka », « La renaissance pour < a o Vient de paraître La nouvelle édition du guide international de l'Unesco pour les études à l'étranger o tf années universitaires 1977-1978 et 1978-1979 200000 offres de bourses d'études, de postes d'assistants, de subventions de voyages dans plus de 100 pays. Plus de 500 cours internationaux dans 62 pays patronnés par 500 organisations nationales et 30 organisations internationales. Des informations indispensables aux étudiants pour leur séjour à l'étranger : conditions d'admission dans les universités, qualifications linguistiques, coût de la vie, cours d'information pratique, publications, etc. 560 pages Trilingue : français/anglais/espagnol 28 Francs Pour vous abonner ou vous réabonner et commander d'autres publications de l'Unesco Vous pouvez l'Unesco chez sant commander tous les directement à les publications de libraires oir en vous adres¬ l'agent général (voir liste ci- dessous). Vous pouvez vous procurer« sur simple demande, les noms des agents généraux non inclus dans la liste. Les paiements des abonnements peuvent être effectués auprès de chaque agent de vente qui est à même de communiquer le montant du prix de l'abonnement en monnaie locale. Al-Andalus, Roldana, 1 y 3, Sevilla 4. Mundi-Prensa Libros, México S A. Castello 37, Madrid 1 levard des Moulins, Monte-Carlo. MOZAMBIQUE. Instituto Nacional da Livra e do Disco (INLD), Avenida New York, nen sinki Kirjakauppa, 2 Keskuskatu SF 00100 10. FRANCE. Librairie Unesco, 7-9, N.Y. N Sh Botimeve Nairn Frasheri, Tirana. ALGERIE. Institut pédagogique national, 1 1, rue Ah Haddad, Alger, Société nationale d'édition et de diffusion (SNED), 3, bd Zirout Youcef, Alger. - RÉP. FED. 10016. de Fontenoy 75700 Librairies Paris - 36, rue FINLANDE. CCP. internationales. Caravelle», ALBANIE. Pour le « Courrier » seulement : Ediciones Liber, Apartado 17, Ondárroa (Vizcaya). ÉTATS-UNIS. Unipub Box 433, Murray Hill Station, B.P. Hel¬ place 12.598.48 - GRECE. HAITI/ Roux, Akateemî- 111, Librairie «A la Port-au-Prince. HAUTE-VOLTA. Lib Attie B.P. 64, Ouagadougou. Librairie Catholique «Jeunesse d'Afrique ». Ouagadougou. HONGRIE. Akadémiai Konyvesbolt, Váci U. 22, Budapest V.A.K.V. Konyvtárosok Boltja Népkoztarsasag utja 16, Budapest VI. INDE. Orient Longman Ltd.: Kamani Marg. Ballard Estate. Bombay 400 038, 17 Chit- D'ALLEMAGNE. Unesco Kurier (Édition allemande seu¬ taranjan Avenue, Calcutta 13, 36a Anna Salai, Mount Road, Madras 2. B-3/7 Asaf Ah Road, Nouvelle-Delhi 1, lement : 80/1 Colmanstrasse, 22, 5300 Bonn. Pour les cartes scientifiques seulement : Geo Center, Postfach 800830, Stuttgart 80. Autres publications : Verlag Doku¬ Mahatma Gandhi Road, Bangalore-560001, D F. - MONACO. British Library, 30, bou¬ 24 de Julho, 1921 r/c e Librairie Mauclert, B.P. Toutes les publications : sellers), Kart Johans gate rier» seulement: 6125 Oslo S.A.R.L., 6. B P. Koerier » A. S - 41/43, Oslo 1. Pour le «Cour¬ Narvesens, Lttteraturtjeneste NOUVELLE-CALÉDONIE. Box Reprex 1572, Nouméa. - PAYS-BAS. « Unesco (Édition Keesing, 1e andar, MAPUTO. - NIGER. 868, Niamey. -, NORVEGE. Johan Grundt Tanum (Book¬ néerlandaise seulement) Systemen Ruysdaelstraat 71-75. Amsterdam-1007. Agent pour les autres l'Unesco : N.V éditions et toutes les publications de Martinus Nijhoff, Lange Voorhout 9 's-Gravenhage. POLOGNE. ORPAN-Import. Palac Kultury i Nauki, Varsovie. Ars-Polona-Ruch, Krakowskie Przedmiescie N° 7, 00-901 Varsovie - PORTUGAL. Dias & Andrade Ltda Livrane Portugal, rua do Carmo, 70,. Lisbonne. - ROUMANIE. ILEXIM Romhbri, Str. Biserica Amzei N° 5-7, P.O.B. 134-135, Bucarest. Abon¬ Hyderguda, Hyderabad-500001. Publications Ministry of Education and Social Welfare, 511, C-Wmg, Shastn Bhavan, Nouvelle-Delhi-1 10001; Oxford Book and Stationery Co., 17 Park Street, Cal¬ nements aux périodiques: Rompresfilatelia calea Victonei nn 29, Bucarest. - ROYAUME-UNI. H. M. Stationery MANDE. Buchhaus Leipzig. Postfach 140. Leipzig. Internationale Buchhandlungen, en R. D. A. AUTRICHE. Verlag Georg Fromme et C°, Arbeitergasse 1-7, 1051 Vienne BELGIQUE. Ag pour les pub. de l'Unesco et pour l'édition française du « Courrier » : cutta Maison Jean De Lannoy,, 112, rue du Trône, Bruxelles 5. CCP. 708-23. Édition néerlandaise seulement: N.V. Keesinglaan 2-18, 21000 The Educational Co. of Ir. Ltd., Ballymont Road Walkmstown, Dublin 12. ISRAEL. Emanuel Brown, formerly Blumstem's Book-stores : 35, Allenby Road et 48, RÉP. POP. DU BÉNIN. Librai¬ Nachlat Benjamin Street, Tel-Aviv; 9 Shlomzion Hamalka 7000 mentation, 71 Possenbacher (Prinz Strasse Ludwigshohe). Handelmaatschappij Keesing, Deurne-Antwerpen. rie nationale, - B.P. 294. 2, RÉP. 8000 München DÉM. Porto Novo. - ALLE¬ BRÉSIL. Fun- 3-5-820 12, Section, 700016; Scmdia House, Nouvelle-Delhi 110001. IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco, av. Iranchahr Chomah N° 300, B P. 1 533, Téhéran, Kharazmie Publishing Shah and Avenue Street, Distribution P.O. Co. 229 Daneshgahe Str , Box 14/486, Téhéran. -IRLANDE. Jérusalem. ITALIE. Licosa (Librería Com- daçao Getúlio Vargas, Serviço de Pubhcaçôes, Caixa postal 21120, Praia de Botafogo, 188 Rio de Janeiro, G.B. BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura, bd Rousky 6, Sofia. - CAMEROUN. Le Secrétaire général de la Commission nationale de la République unie missionana du Cameroun pour l'Unesco, B.P. N° 1600, Yaounde. CANADA. Publishing Centre, Supply and ServicesCanada, 22, Grand-Rue, Luxembourg. MADAGASCAR. Toutes les publications : Commission nationale de la Ottawa KIA 0S9. - CHILI. Editorial Universitaria S.A., casilla 10220, Santiago. - RÉP. POP. DU CONGO. Librairie populaire. B P. 577, Brazzaville. CÔTE- populaire D'IVOIRE. Centre d'édition et de diffusion africaines, B P. 4541, Abidjan-Plateau. - DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd., 6, Norregade, 1165 Copenhague K. EGYPTE (RÉP. ARABE D'). National Centre for Unesco Publications, N° 1 Talaat Harb Street, Tahnr Square, Le Caire. ESPAGNE. Toutes les publications y compris le «Courrier»: DEISA - Distribuidora de Ediciones Iberoamericanas, S.A., calle de Oñate, 15, Madrid 20; DEISA - Distribuidora de Publicaciones Ibero¬ americanas S. A , calle de Onäte 15, Madrid 20. Librería Postale Sansoni, 552, 50121 S.p.A.) via Lamarmora, 45, Casella Florence. - JAPON. Eastern Book Service Inc. C.P.O. Box 1728, Tokyo 100 92 - LIBAN. Librairies B P. Antoine, Beyrouth. - Rép. dém, l'Éducation A Naufal LUXEMBOURG. et Frères; Librairie Paul 656, Brück, de Madagascar pour l'Unesco, Ministère de nationale, Tananarive. MALI. Librairie du Mali, B P. 28, Bamako. - MAROC. Librairie « Aux belles images », 282, avenue Mohammed-V, Rabat, C.C.P. 68-74. «Courrier de l'Unesco»: pour les membres du corps enseignant : Commission nationale marocaine pour l'Unesco 20, Zenkat Mourabitine, Rabat (C.C.P. 324-45}. - MARTINIQUE. Librairie «Au Boul'Mich», 1, rue Perrinon, et 66, av. du Parquet, 972, Fort-de-France. - MAURICE. Nalanda Co., Ltd., 30, Bourbon Street, Port-Louis. - MEXIQUE. CILA, Sullivan 31 Bibliotecas, bis, México 4, D.F. SABSA, S.A., Insurgentes Sur Nos Servicios a 1032-401, Office P.O. Box 569, Londres S.E. 1 du Librairie Livre, 13, Claîrafnque, av. B P. Roume, 2005, Sénégal» B P. 1954, Dakar. - SÉNÉGAL. La B.P. 20-60, Dakar, Dakar, Librairie « Le SUÈDE. Toutes les pu¬ blications : A/B C E. Fntzes Kungl. Hovbokhandel, Fredsgatan, 2, Box 16356, 103 27 Stockholm, 16. Pour le « Courrier » seulement : Svenska FN-Forbundet. Skolgrand 2, Box 150-50, S-10465 Stockholm - Postgiro 184692. - SUISSE. Toutes les publications: Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich. C.C.P. 80-23383. Librairie Payot, 6, rue Grenus, 1211, Genève 11, CCP. 12.236 - SYRIE. Librairie Sayegh Immeuble Diab, rue du Parlement, B P. 704, Damas. -TCHÉCO¬ SLOVAQUIE. S NTL. Spalena 51, Prague 1 (Exposi¬ tion permanente); Zahramcni Literatura, 1 1 Soukenicka, Prague 1 . Publishers, Pour la Slovaquie seulement : Alfa Verlag Hurbapovo nam. 6, 893 31 Bratislava. TOGO. Librairie Évangélique, B P. 378. Lomé; Librairie du B.P. Bon Pasteur, 777, diffusion, Librairie Istanbul. Lomé. BP - 1164, Lomé; TUNISIE. Librairie Société Moderne, tunisienne de 5, avenue de Carthage, Tunis. Hachette. 469 Istiklal Caddesi; Beyoglu, U.R. S. S. Mejdunarodnaya Kniga, Moscou, G-200. - URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, S.A. Librería Losada, Maldonado, 1092, Colonia 1340, Monte¬ video. YOUGOSLAVIE. Jugoslovenska Knjiga, Terazije 27, Belgrade. Drzavna Zalozba Slovénie, Titova C 25, P.O.B. Librairie, Kinshasa. 50, Ljubljana. - RÉP. DU ZAIRE. La Institut national d'études politiques, B.P. 2307, Commission nationale de la Rép. du Zaïre pour ('Unesco, Ministère de l'Éducation nationale, Kinshasa. - ». ! - va ' %^ MËm, PLONGÉE A DEUX Ce sous marin de poche (4 mètres de long, 3 moteurs électriques, 1 500 kilos, 5 heures d'autonomie, 2 passagers) est une véritable « jeep » des chantiers de la mer à la disposition des ingénieurs pour l'examen des pipelines immergés au large de la Louisiane (États-Unis). Transportable par avion, ce modèle de véhicule utilitaire est fabriqué en série. Il équipe aussi, par exemple, des services d'étude de pêcherie, de prospection, etc. Toutes sortes de véhicules sous-marins sont utilisés aujourd'hui par les chercheurs et les exploitants dans divers pays du monde (voir photos pages 16, 24, 28).