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I. Contexte
I.1. Contexte scientifique et données épidémiologiques
I.1.1. Avant le démarrage de l’étude Entred 2007-2011
L’informatisation des données médicales de l’Assurance maladie, débutée en 1997, a permis à
la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CnamTS) d’établir une
première estimation de la prévalence du diabète traité pharmacologiquement en France
métropolitaine à 3,2 % en 1998 (Ricordeau, 2000). Une deuxième estimation consolidée a
apporté le chiffre de 3,8 % en 2005 (Kusnik-Joinville, 2007).
La France se situait ainsi dans la moyenne inférieure des pays européens et bien en deçà des
estimations nord-américaines (7 % aux Etats-Unis en 2005 en comprenant l’ensemble des cas
de diabète diagnostiqués et méconnus(CDC, 2005)). La prévalence du diabète était toutefois
beaucoup plus élevée dans les départements d’outre-mer, avec des prévalences deux à trois
fois plus élevées qu’en métropole (Favier et al, 2005 ; Cardoso et al, 2006). Néanmoins, les
projections de prévalence du diabète traité en France métropolitaine restaient inquiétantes
(Bonaldi et al, 2006). Mises à jour à partir de l’enquête Obépi 2006, les projections
prédisaient entre 1999 et 2016 une augmentation de 44 % du nombre de personnes
diabétiques (données non publiées). Cette augmentation serait due pour 14 % à la croissance
de la population, pour 38 % à l’augmentation de l’obésité, laquelle pourrait être partiellement
contrôlée, et pour 48 % à son vieillissement lequel est inéluctable. Ces estimations semblaient
inférieures à la réalité. En effet, l’augmentation du diabète traité a été estimée par l’Assurance
maladie (Kusnik-Joinville et al, 2007) entre 2000 et 2005 à 5,7 % par an. D’autre part, ces
estimations ne prenaient pas en compte les cas de diabète traités par régime seul, ainsi que les
cas de diabète non diagnostiqués pour lesquels peu de données consolidées existent encore
aujourd’hui.
Par ailleurs, le coût des soins des personnes diabétiques de type 2 traitées par antidiabétiques
oraux ou insuline était important et en pleine expansion. Il était estimé par l’Assurance
maladie à 5 910 euros par personne et par an, fin 2004 (Vallier et al, 2006).
Le diabète s’accompagne d’un risque vasculaire et d’une morbidité élevés (Delcourt et al,
1996 ; King et al, 1998 ; Detournay et al, 2005), ainsi que d’une altération de la qualité de vie.
Selon l’étude Entred 2001-2003, réalisée auprès de 3 648 personnes diabétiques (plus de 90 %
avaient un diabète de type 2) et leurs 1 718 médecins, les complications macrovasculaires
(angor, infarctus du myocarde, revascularisation) concernaient 17 % des diabétiques (Romon
et al, 2005), la neuropathie au moins 6 % et la rétinopathie au moins 10 % (Fagot-Campagna
A et al, 2005). De plus, 74 % des personnes diabétiques déclaraient un surpoids, 54 % une
hypertension artérielle et 51 % une dyslipidémie (Romon et al, 2005), facteurs de risque des
maladies cardiovasculaires.
Le diabète s’accompagne également d’un risque de mourir de maladies cardiovasculaires
deux à trois fois plus élevé que celui des personnes non diabétiques (Gu et al, 1998). L’impact
du diabète sur la mortalité était toutefois très sous-estimé de par l’absence fréquente de sa
déclaration dans les certificats de décès (Fuller, 1993).
En France métropolitaine, en 2006, 32 156 certificats de décès mentionnaient un diabète,
représentant 6,1% de l’ensemble des décès. Le taux de mortalité liée au diabète standardisé
sur l’âge était de 30,8 pour 100 000, et était plus élevé chez les hommes que chez les femmes
(41 versus 23 pour 100 000) (indicateur n°55). (La documentation française, 2009).