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du rasoir. Un travail précieux. Et une
société saine. De tels dessins seraient
impensables aux Etats-Unis. Mais pas en
France ».
Selon le caricaturiste bulgare, l’action des
agresseurs a échoué. Le monde n’est pas
paralysé par la peur. Mais c’est le cœur, le
for intérieur de la France et du monde
occidental qui a été secoué. Le problème
de ce monde est de savoir comment ne pas
se retourner contre les sociétés
musulmanes dans leur ensemble. Les
auteurs de l’attentat ne visaient-ils pas
cela ?
« Il est naturel que l’humour soit la
première cible. L’image agit plus fort, elle
est plus rapide et atteint même l’homme
inculte. Une image vaut mille mots ».
Peut-il y avoir un dessin satirique
politiquement correct ? « Non. J’affirme
que la liberté d’expression doit être
inconditionnelle. Soit on fait tomber tous
les faux tabous, racistes, homophobes ou
autres, soit on s’enfonce dans
l’hypocrisie », estime M. Komarnitski.
Et la Bulgarie dans ce débat de la liberté
d’expression ? « Il n’y a pas de tel débat en
Bulgarie. Ou bien, s’il y en un, ce n’est
qu’en principe. Ici, les choses sont
simples : Peevski entre à la rédaction et
c’est tout. Nous ne faisons pas partie de ce
débat ». (dnevnik.bg)
L’ANALYSE
DES DEMONS DERRIERE LE MASQUE
DE L’ISLAM
Dans les pages de Standart, Tsvetan
Teofanov, professeur de langue et de
civilisation arabes à l’Université de Sofia,
exprime son point de vue sur les causes qui
ont conduit, mercredi dernier, aux
événements tragiques dans les locaux du
journal satirique français Charlie Hebdo.
Les véritables musulmans s’indignent
toujours lorsqu’on parle de terrorisme
« islamiste » parce que l’islam est une
doctrine qui n’encourage pas de tels actes
et les condamne. Il devient de plus en plus
clair que sous le masque de l’islam se
cachent toutes sortes de démons
poursuivant des objectifs différents –
politiques, économiques, anarchistes, voire
utopiques et idéalistes évoquant de la
création d’un nouvel ordre mondial. Le
démon est sorti de la bouteille et à l’étape
actuelle il serait difficile de rétablir le statu
quo. L’Occident a raté depuis longtemps le
moment de prendre les bonnes décisions et
la confrontation a atteint son point
d’ébullition. C’est le prix de l’indécision.
La ligne de front politique se transforme en
ligne de front entre civilisations, estime M.
Teofanov.
Les islamistes s’intéressent avant tout au
rapport des forces au Proche-Orient. Même
lorsque leurs actions dépassent ce cadre
régional, elles devraient être analysées
dans ce contexte. Les événements tragiques
en France de ces jours-ci sont le signal
clair d’un nouveau type d’offensive : à la
différence des kamikazes qui meurent dans
des lieux publics, cette fois l’attaque était
dirigée contre une entité et des personnes
nommément citées – une vengeance pour
l’opprobre jeté sur le prophète Mahomet.
La tactique ne consiste plus en des actes
isolés, mais vise à semer la peur et
l’insécurité à grande échelle. Les auteurs
de l’attentat ne cherchent plus une mort
glorieuse et se dérobent honteusement.
Il ne faut surtout pas appréhender ce conflit
comme un conflit opposant les fidèles de
l’islam à ceux de toute autre religion. C’est
une guerre politique de domination du
Proche-Orient par des cercles
instrumentalisant l’islam et la rhétorique
islamique à la manière des récents
dictateurs arabes. Le vide créé au niveau
du pouvoir dans les pays arabes, la crise en
Syrie, la tension en Iraq, les événements au
Liban, mais aussi bien la faiblesse de
l’Occident, ont contribué à l’escalade de ce
conflit. Il n’y a pas d’autre moyen de
réponse que la force. Les ressources des
outils de réponse civilisée sont épuisées.
L’escalade ne peut pas se résoudre d’elle-
même, souligne l’expert.
La guerre actuelle n’est pas entre chrétiens
et musulmans puisque ces deux religions
reposent sur des dogmes et des valeurs