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Les langues indo-européennes
C. & D.PARRON
2017
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Table des matières
Introduction ................................................................................................................................... 3
1-Les premières études indo-européennes ........................................................................................ 3
2-L’apport de Marija Gimbutas (1921-1994) ...................................................................................... 7
3-Les Langues indo-européennes ....................................................................................................... 9
4-L’héritage Paléolithique et Mésolithique de l’Europe ................................................................... 12
5-La Néolithisation au Proche Orient ............................................................................................... 15
6-La Néolithisation à partir du Proche Orient ................................................................................... 17
7-La fin du Néolithique ..................................................................................................................... 25
8-La révolution urbaine en Mésopotamie: recherche de langues IE ................................................ 30
9-L’âge des métaux en Europe ......................................................................................................... 33
10-L’ Europe celtique ....................................................................................................................... 36
11-La Grèce antique ......................................................................................................................... 41
12-La civilisation romaine ................................................................................................................. 48
13-Les invasions « barbares » et leurs conséquences linguistiques ................................................ 61
14-Le Moyen-âge et la construction des Etats européens................................................................ 65
15-Conclusions ................................................................................................................................. 77
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Introduction
L’étude des langues indo-européennes a commencé vraiment le 2 Février 1786 avec la
communication de Sir William Jones, qui occupait le poste d’administrateur colonial pour l’Empire
britannique, à la Société linguistique de Calcutta dans laquelle il présente la langue sanscrite
« comme plus parfaite que le grec, plus riche que le latin et plus raffinée que l’une et l’autre ». Pour
lui, la civilisation hindoue avait une affinité certaine avec les Perses, Egyptiens, Phéniciens, Grecs,
Scythes, Goths, Celtes, Chinois, etc...
Les Français, comme d’habitude (!), l’avaient déjà remarqué bien avant les Anglais, par la voix du
Jésuite Cœurdoux en 1767 qui résidait à Pondichéry, mais c’était resté lettre morte.
Les Allemands mirent tout le monde d’accord en proclamant que c’était Leibniz (1646-1716) qui
avait lancé la recherche du mythe indo-européen (ou indo-germanische en allemand) sous-
entendant que l’origine et la source du caractère européen doivent être recherchées en grande
partie en Allemagne : après avoir retrouvé la langue originelle ( la Uhrsprache), les Allemands vont
rechercher le peuple primordial (le Uhrvolk) dont il fallait déterminer l’origine (la Uhreimat), ce qui
les dispensait de devoir emprunter les leurs à la Bible et donc aux Juifs !
Les datations seront données par rapport à notre ère (soit avant Jésus Christ) et notées -2000 par
exemple.
1-Les premières études indo-européennes
On a vu dans l’introduction que l’étude des langues européennes n’était pas vraiment partie sur des
bases scientifiques et objectives au XVIIIe siècle! Rappelons que les datations radiocarbones
n’étaient pas encore inventées et la théorie de l’évolution n’était pas encore publiée ! L’historique de
ces études indo-européennes a été repris de l’excellent ouvrage de Jean-Paul Demoule , Mais où sont
passés les Indo-européens ? Le mythe d’origine de l’Occident (Seuil, 2014).
Dans la continuité de la communication de Williams Jones, l’Inde a été considérée en premier comme
le berceau des indo-européens, qui prennent l’appellation d’ « aryens » par le fait même.
Le principal outil scientifique de cette époque a été la « paléontologie linguistique » du Suisse
Adolphe Pictet (1799-1875) qui consistait à rechercher des racines de mots qui pouvaient refléter la
description du milieu d’origine avant les migrations qui allaient apporter à l’Europe puis au monde
entier les « bienfaits » de La civilisation aryenne ! Ainsi, pour être indo-européenne il fallait qu’il y ait
le mot cheval car les Aryens étaient de « fiers cavaliers ». Puis, les Archéologues allemands vont faire
revenir ce berceau en Europe, soit dans les steppes pontiques soit au bord de la Baltique,
notamment là où l’on rencontrent des restes des cultures de la Céramique Cordée, des Haches de
combats ou des Sépultures individuelles. Les Archéologues anglais et français avaient d’autres chats
à fouetter, occupés qu’ils étaient à fouiller leurs dolmens, ce qui aboutira à la « celtomanie », avec
son « héros » Vercingétorix, reprise par Napoléon III et nos manuels scolaires à des fins nationalistes
(et moquée avec humour par Uderzo et Goscinny dans la bande dessinée Astérix).
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Hélas, en Allemagne comme dans le reste de l’Europe, se développent dans les dernières années du
19e siècle, des idéologies anti-démocratiques et racistes qui conduisent au pangermanisme et à
l’antisémitisme (l’affaire Dreyfus en France) et , par conséquent, à un sentiment indo-européen
aryen exacerbé (qui sera repris par les Nazis grâce à une supercherie scientifique et une divagation
mystique : la pureté de la race aryenne est menacée par les « Juifs » !). En effet, pour justifier la
pseudo-supériorité de la race aryenne, « on » invente lanthropologie physique , on va mesurer des
crânes, définir la brachycéphalie (au crâne court) et la dolichocéphalie(au crâne allongé). En 1926, un
fervent défenseur de la race germanique, l’anthropologue allemand, Gustaf Kossinna (1858-1931)
osa écrire : « c’est l’une des lois de la psychologie raciale qu’au sein d’un embranchement racial les
dolicocéphales forment toujours, parmi une population donnée, sa partie entreprenante, tournée
vers l’aventure et les voyages, conquérante, mais aussi créatrice, inventive, aspirant au progrès et
douée d’un idéal aristocratique, tandis que les brachycéphales en sont la partie opiniâtre,
conservatrice, peu encline au progrès, ni aux aventures, ni aux excursions guerrières, politiquement
démocrate et ne pensant qu’à ses propres intérêts. ». En France, la tradition anthropologique et
raciale de Paul Broca (1824-1880) est reprise par Henri Victor Valois (1889-1981) qui « déplore » que
la notion de race soit remise en cause et cela même après les horreurs de la guerre. Rappelons que le
prix Paul Broca en 1980 (il faut bien lire millle neuf cent quatre vingt) a été remis par la Société
d’anthropologie de Paris et du CNRS, à une anthropologue allemande (Isle Schwidetzky) compromise
avec le régime nazi!
Cette notion de race ( au sens noble d’un groupe d’ascendance génétique commune) va de pair avec
celle d’appartenance à une nation. En effet, au Moyen Age, le pouvoir féodal soumettait le peuple au
pouvoir de L’Eglise (ou plutôt de ses représentants) et des seigneurs dont les territoires étaient le
résultat aléatoire de faits d’armes et/ou de mariages. Ses frontières variables n’incitaient
évidemment pas les gens à créer des liens entre eux et un quelconque territoire. La société était
tripartite : en haut les oratores (ceux qui prient) puis les bellatores (ceux qui combattent) et en bas
les laboratores (ceux qui travaillent). Au 12e et 13e siècle, les monarques de toute l’Europe, dont les
capétiens en « France » , Philippe Auguste (1165-1223) et Saint Louis (1214-1270), voulurent
diminuer le pouvoir féodal des seigneurs locaux en créant pour les villes, un système de privilèges et
de droits appelée commune , consignée dans des chartes ; avec l’artisanat protégé, se développa le
commerce entre celles-ci, les banques pour gérer ces nouvelles richesses : une autre classe apparue,
la bourgeoisie. Par intérêt, se développa donc le sentiment d’appartenir à une communauté
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structurée par un Etat et ses lois, bien délimitée dans un territoire, et de fil en aiguille, à toute une
nation, qu’elle soit de type duché, principauté, royaume ou empire.
L’Europe des nations à la fin du 13e siècle (d’après Wikimedia Commons)
Corrélativement s’est développé un sentiment national qui regroupe tout ce qui est commun à
l’intérieur de frontières, cette fois, bien définies et ainsi pouvoir différencier sa nation ou pays par
rapport aux voisins: les habitants avec leurs caractéristiques physiques et donc la « race », leur
langue, leur origine, leur religion, leur histoire, etc... En poussant le trait plus loin, j’ai pu même
trouver un exemple de chauvinisme, qui est une forme particulièrement affligeante du nationalisme,
dans mon pays natal (je suis né à Saint Sauveur en Puisaye, comme la grande Colette*, dans le sud-
ouest du département de l’Yonne) ; c’est un article qui met en avant une supériorité physique à
partir d’une différence géologique entre la Puisaye et la Forterre. Il provient du site web
Généanet /Généawiki/ 89/Thury (qui est en Forterre): « Le Dr Robineau-Desvoidy écrivait en 1838
dans son essai statistique sur le canton de St Sauveur : « Différence de climat, différence de moeurs .
Le Forterrat à la démarche assurée, au visage coloré, ne ressemble en rien à l’habitant de la Puisaye
qui paraît ne se soutenir qu’avec peine sur ses jambes, et donc la face est presque exsangue. Chez
l’un tout est vie,
*Autre exemple de chauvinisme
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