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Introduction
L’étude des langues indo-européennes a commencé vraiment le 2 Février 1786 avec la
communication de Sir William Jones, qui occupait le poste d’administrateur colonial pour l’Empire
britannique, à la Société linguistique de Calcutta dans laquelle il présente la langue sanscrite
« comme plus parfaite que le grec, plus riche que le latin et plus raffinée que l’une et l’autre ». Pour
lui, la civilisation hindoue avait une affinité certaine avec les Perses, Egyptiens, Phéniciens, Grecs,
Scythes, Goths, Celtes, Chinois, etc...
Les Français, comme d’habitude (!), l’avaient déjà remarqué bien avant les Anglais, par la voix du
Jésuite Cœurdoux en 1767 qui résidait à Pondichéry, mais c’était resté lettre morte.
Les Allemands mirent tout le monde d’accord en proclamant que c’était Leibniz (1646-1716) qui
avait lancé la recherche du mythe indo-européen (ou indo-germanische en allemand) sous-
entendant que l’origine et la source du caractère européen doivent être recherchées en grande
partie en Allemagne : après avoir retrouvé la langue originelle ( la Uhrsprache), les Allemands vont
rechercher le peuple primordial (le Uhrvolk) dont il fallait déterminer l’origine (la Uhreimat), ce qui
les dispensait de devoir emprunter les leurs à la Bible et donc aux Juifs !
Les datations seront données par rapport à notre ère (soit avant Jésus Christ) et notées -2000 par
exemple.
1-Les premières études indo-européennes
On a vu dans l’introduction que l’étude des langues européennes n’était pas vraiment partie sur des
bases scientifiques et objectives au XVIIIe siècle! Rappelons que les datations radiocarbones
n’étaient pas encore inventées et la théorie de l’évolution n’était pas encore publiée ! L’historique de
ces études indo-européennes a été repris de l’excellent ouvrage de Jean-Paul Demoule , Mais où sont
passés les Indo-européens ? Le mythe d’origine de l’Occident (Seuil, 2014).
Dans la continuité de la communication de Williams Jones, l’Inde a été considérée en premier comme
le berceau des indo-européens, qui prennent l’appellation d’ « aryens » par le fait même.
Le principal outil scientifique de cette époque a été la « paléontologie linguistique » du Suisse
Adolphe Pictet (1799-1875) qui consistait à rechercher des racines de mots qui pouvaient refléter la
description du milieu d’origine avant les migrations qui allaient apporter à l’Europe puis au monde
entier les « bienfaits » de La civilisation aryenne ! Ainsi, pour être indo-européenne il fallait qu’il y ait
le mot cheval car les Aryens étaient de « fiers cavaliers ». Puis, les Archéologues allemands vont faire
revenir ce berceau en Europe, soit dans les steppes pontiques soit au bord de la Baltique,
notamment là où l’on rencontrent des restes des cultures de la Céramique Cordée, des Haches de
combats ou des Sépultures individuelles. Les Archéologues anglais et français avaient d’autres chats
à fouetter, occupés qu’ils étaient à fouiller leurs dolmens, ce qui aboutira à la « celtomanie », avec
son « héros » Vercingétorix, reprise par Napoléon III et nos manuels scolaires à des fins nationalistes
(et moquée avec humour par Uderzo et Goscinny dans la bande dessinée Astérix).