Blandine Gluckman Formation théorique Louis Napoléon Bonaparte

Blandine Gluckman
Formation théorique
Louis Napoléon Bonaparte, de Badinguet à Napoléon III.
Louis Napoléon Bonaparte, le 20 avril 1808, est le troisième fils de Louis Bonaparte et
de Hortense de Beauharnais.Suite à la loi du 1er janvier 1816 qui bannit tous les
Bonapartes du territoire français, il est élevé par sa mère en Suisse, dans le culte de
napoléon 1er et dans la certitude de sa vocation dynastique. Après la mort de son frère en
1831, il se considère donc comme l’héritier de la couronne impériale et organise en
conséquence ses rseaux en France afin de prendre le pouvoir. Une première tentative de
soulèvement à Strasbourg; dans le but de marcher sur Paris et de renverser la Monarchie
de Juillet, se solde par un échec en 1836. Mais désormais, son nom est connu et
accroché à la cause bonapartiste en France. Il ne cesse dès lors de conquérir le pouvoir,
présidentiel dans un premier temps, puis impérial par la suite dans le but d’asseoir son
nom dans l’histoire et de suivre ainsi l’exemple de son oncle Napoléon 1er.
I- Louis Napoléon Bonaparte, à la conquête de la présidence.
1- Tentative de coup d’Etat à Boulogne sur Mer
Revenu en Europe, suite à son exil à New York après le soulèvement de
Strasbourg, Louis Napoléon Bonaparte prépare une nouvelle tentative de coup d’Etat
depuis Londres. Il débarque le 6 août 1840 à Boulogne sur Mer accompagné de fidèles
bonapartistes dans l’espoir de rallier le 42ème régiment. C’est un échec total, ils sont ous
arrêtés et emprisonnés au fort de Ham. Après jugement, Louis Napoléon Bonaparte est
condamné a la prison à perpétuité. Il s’en évade le 25 mai 1846 en portant les vêtements
et papiers d’un peintre qui ,selon certains, s’appelait Badinguet. Ce surnom lui est resté,
même si son origine est aujourd’hui disputée avec un dessin humoristique de Paul
Gavarni paru dans un journal satirique de l’époque. Il était légendé «Eugénie, la femme à
Badinguet». Malgré ce sobriquet, Louis Napoléon Bonaparte n’a de cesse de conquérir le
pouvoir et va pour cela se rapprocher des masses et du peuple, sans qui, selon lui, on ne
peut gouverner.
2- Les campagnes électorales de 1848.
Louis Napoléon Bonaparte profite de la révolution française de 1848 et du retour
des forces conservatrices au pouvoir pour revenir en France et se présenter aux élections.
Le 4 juin 1848, il est élu dans quatre partements mais provoque en cela des
manifestations populaires qui le poussent à renoncer à son mandat. Il se représente
cependant aux élections législatives intermédiaires de septembre 1848, profitant des
tensions entre les ouvriers et le parti de l’Ordre au pouvoir, suite aux journées
insurrectionnelles de juin. Son élection dans cinq département est alors validée par
l’Assemblée. La nouvelle Constitution de la Deuxième République ouvre la voix de la
présidence à Louis Napoléon Bonaparte car elle prévoit une élection au suffrage universel
d’une assemblée législative et d’un président de la République formant le gouvernement.
Prônant un pouvoir fort délégué par le peuple et des idées socialisantes, Louis Napoléon
Bonaparte, soutenu par le parti de l’Ordre, est élu premier président de la République
avec plus de 74% des suffrages.
3- La confrontation avec l’Assemblée et le parti de l’Ordre.
Installé au Palais de l’Elysée, Louis Napoléon Bonaparte reprend l’apparat impérial
( ce qui déplaît au parti de l’Ordre) et tente de gouverner malgré des pouvoirs soumis a
l’Assemblée et au Conseil d’Etat. Le parti de l’Ordre, fortement majoritaire à l’Assemblée
Nationale, obtient de sa part une expédition militaire à Rome pour rétablir le pape Pie IX
dans ses Etats, alors qu’il est plutôt favorable à la liberté italienne et contre l’absolutisme
des pouvoirs temporels du pape. Cela bouleverse le paysage français car le Président et
l’Assemblée sont accusés de violation de la Constitution quand au respect des nationalités
dans l’article 5. De nombreuse manifestations sont réprimées et les responsables
condamnés à la déportation.Par la suite, Louis Napoléon Bonaparte se fait discret et
laisse le parti de l’Ordre et l’Assemblée voter les lois nécessaires à l’ordre social. Au retour
d’un long voyage dans toute la France, le Président jouit d’une popularité sans égal, les
bonapartistes se permettent alors de militer pour la prolongation du mandat présidentiel
auquel Louis Napoléon Bonaparte songe aussi. Dès 1851, il ne cesse de proposer des
réformes de la Constitution pour qu’il soit rééligible et que le suffrage universel, qui lui est
favorable, soit rétabli (il avait été modifié et soumis à condition par la loi du 31 mai 1850).
Après un long mois de débat, le 21 juillet 1851, la révision constitutionnelle n’est pas
adoptée bien que vue favorablement; les trois quart des suffrages n’ayant pas été obtenu.
Devant l’acharnement d’Adolph Thiers et de son parti ( le parti de l’Ordre) pour faire
tomber Louis Napoléon Bonaparte, la certitude d’une épreuve de force est dans tous les
esprits.
4- Le coup d’Etat du 2 décembre 1851.
Sentant le climat favorable mais la voie légale impossible, Louis Napoléon
Bonaparte fixe le coup d’Etat le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon
1er et de la victoire d’Austerlitz. Au matin, les troupes de Saint-Arnaud occupent tous les
points stratégiques de Paris, le président crète la dissolution de l’Assemblée Nationale,
le rétablissement du suffrage universel et clare qu’une nouvelle constitution est en
préparation. Tous les opposants politiques et militaires sont arrêtés, et l’armée réprime
violemment les manifestations populaires de Paris et province; le président lui même s’en
inquiète. Il présente alors son coup d’Etat comme un sauvetage de la société et rassemble
ainsi autour de lui de nombreux courants d’opinions. Il organise un plébiscite, qui par 7
millions de voix contre 650 mille, l’autorise à rester au pouvoir et à réformer la
Constitution. Celle ci est promulguée le 14 janvier 1852, elle prolonge de dix ans le
mandat de Louis Napoléon Bonaparte, qui n’est responsable que devant la nation
consultée par plébiscite. La confiance directe manifestée par le peuple est donc la seule
source de légitimité. Quand au chef de l’Etat, il choisit son gouvernement et concentre
tous les pouvoirs. Les conquêtes de Louis Napoléon Bonaparte ne s’arrêtent pas ici, le
rétablissement de l’institution impériale est la prochaine étape dans sa quête du pouvoir.
II- Louis Napoléon Bonaparte, à la conquête de l’Empire.
1- La marche vers le second Empire et sa proclamation.
L’année 1852 voit se développer une propagande officielle pour le rétablissement
de l’empire, d’ailleurs parallèlement le statut du président évolue vers celui d’un
monarque. Louis Napoléon Bonaparte se fait appeler « son altesse impériale», une cour
s’installe autour de lui, les aigles impériaux sont rétablis sur les drapeaux et le code civil
est rebaptisé code Napoléon. Au retour d’un voyage dans l’hexagone les partisans
n’ont cessé de réclamer l’Empire, Louis Napoléon Bonaparte convoque le sénatus-
consulte du 7 novembre 1852 qui rétablit la dignité impériale et fait du Prince Président
l’empereur Napoléon III. Mais la dynastie n’est pas encore assurée car l’Empereur est
célibataire et donc sans descendant légitime. Il épouse pour cela la comtesse de lignage
espagnol Eugénie de Montijo, qui lui donne un fils unique, louis Napoléon, le 16 mars
1856.
2- La politique intérieure de Napoléon III, d’autoritaire à libérale.
Les premières années du Second Empire sont celles d’un pouvoir autoritaire devant
une opposition quasi inexistante, qui se manifeste essentiellement par l'abstention aux
diverses élections, très peu de républicains sont élus durant cette période. Le régime se
durcit davantage suite à l’attentat manqué contre l’empereur le 14 janvier 1858; le général
Espinasse est alors nommé ministre de l’Intérieur et présente un projet de loi de sureté qui
est voté par la Chambre le 1er février. s lors, tous les opposants notoires peuvent être
condamné ou exilé sans jugement. Cette loi est mise en sommeil en mars 1858 après plus
de 400 déportations. Le15 août 1859, après sa victoire en Italie du Nord, Napoléon II
proclame une amnistie générale, le régime prend ainsi une tournure plus libérale. Cette
mesure est aussi prise pour désamorcer le contentement au ralentissement de la
croissance économique. Ainsi, la censure est moins forte, le droit de réunion est libéralisé
et il en est de même pour les débats parlementaires. Les grands corps de l’Etat participent
plus directement a la politique générale du gouvernement, le fonctionnement du régime
tend alors a se rapprocher d’une monarchie constitutionnelle. Cette libéralisation de
l’Empire réveille toute l’opposition, qui aux élections de 1869, suite aux difficultés
économiques, fait une remarquable percée. Selon le principe parlementaire, Napoléon III
appelle alors Emile Ollivier, républicain, pour constituer un gouvernement. Cependant
l’empereur n’entend pas opur autant renoncer au pouvoir, en mai 1870, il organise un
plébiscite sollicitant l’approbation des réformes libérales mais aussi des prérogatives
impériales. C’est un succès, la constitution du 21 mai 1870 se met donc en place.
Toujours ambitieux d’asseoir son pouvoir, Napoléon III s’illustre aussi en matière de de
politique étrangère mais certains choix vont être fatal au régime.
3- La politique extérieure de Napoléon III
La politique étrangère de Napoléon III est empreinte de rêves impériaux et de
souvenirs de gloire de Napoléon 1er. Il mène ainsi durant son règne plusieurs guerres et
expéditions coloniales. Les possessions françaises triplent sous le règne de l'Empereur et
ce malgré une expédition au Mexique à l'échec retentissant. Lors de la guerre de Crimée
(1856-1858), il va à l’encontre des prétentions du tsar Nicolas 1er et permet ainsi la
création, plus tard, d’un Etat roumain. Mais l’essentiel de sa politique étrangèrent se
concentre en Europe avec comme principal ennemi l’Autriche qu’il veut à tout prix chasser
d’Italie, comme Napoléon 1er. Cependant, la menace prussienne efface tous les autres
conflits. Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse dans l’espoir de
raffermir l’unité nationale, mais avec une armée mal préparée et inférieure en nombre,
l’empereur perd la guerre en quelques semaines et est capturé à Sedan le 2 septembre
1870.Prisonnier en Allemagne, Napoléon III ne peut empêcher l’invasion du Palais
Bourbon en France et la proclamation de la République par les députés, dont Léon
Gambetta, le 4 septembre 1870.
La déchéance officielle de Napoléon II est votée le 1er mars 1871, il s’exile alors en
Angleterre et y meurt le 9 janvier 1873. Son régime fut longtemps discrédité pour son
caractère autoritaire et répressif mais aussi pour sa fin désastreuse dans la guerre franco
prussienne la perte de l’Alsace et de la Moselle a marqué durablement les
consciences. Cependant, il laisse en 1870 un pays moderne au niveau économique et
riche d’un progrès social installé.
Bibliographie:
- Histoire politique de la France de 1814 à 1870, Jean El Gammal, ed. Nathan Université,
coll. «fac.histoire», Paris, 1999.
- La France de 1848 à 1848, entre ordre et mouvement, Eric Anceau, ed. Le Livre de
Poche, coll. «La France contemporaine» sous la dir. de J.F. Sirinelli, Paris, 2002.
- Petit Larousse de l’Histoire de France, P.Bezbakh, éd.Larousse, 2009
Rapide chronologie:
Sous la Monarchie de Juillet
30 octobre 1836: tentative de Louis Napoléon Bonaparte à Strasbourg
6 aout 1840: tentative de Louis Napoléon Bonaparte à Boulogne sur mer
Sous la Seconde République
4 juin 1848: Louis Napoléon Bonaparte élu mais renonce à son mandat
septembre 1848: Louis Napoléon Bonaparte élu aux élections législatives
10 décembre 1848: Louis Napoléon Bonaparte élu Président de la République
13 mai 1849: victoire du partir de l’Ordre à l’Assemblée
31 mai 1850: loi restreignant le droit de suffrage
19 juillet 1951: rejet de la révision de la Constitution par l’Assemblée
2 décembre 1851: Coup d’Etat de louis Napoléon Bonaparte
20-21 décembre: plebiscite approuvant le coup d’Etat
Transition vers l’Empire
14 janvier 1852: promulgation de la nouvelle Constitution
25 mars 1852: décret interdisant les réunions de plus de 20 personnes
sept -oct 1852: voyage de Louis Napoléon Bonaparte dans le Centre et le Midi
7 novembre 1852: sénatus-consulte révisant la Constitution
2 décembre 1852: proclamation du Second Empire
Sous le Second Empire
20 janvier 1853: mariage de Napoléon III avec Eugénie de Montijo
1854-1856 Guerre de Crimée
16 mars 1856: naissance du prince impérial
14 janvier 1858: attentat d’Orsini contre Napoléon III
19 février 1858: loi de sureté générale
3 mai 1859: déclaration de guerre à l’Autriche
15 août 1859: amistie
10 novembre 1859: traité de Zurich avec l’Autriche
24 mars 1860: traité avec le Piémont, cession de Nice et de la Savoie à la France.
novembre 1861: début de l’engagement français au Mexique
5 juin 1862: cession de la Cochinchine à la France par l’Annam
30-31 mai 1863: poussée de l’opposition aux élections législatives
25 mai 1864: loi sur les coalitions ( droit de grève)
19 janvier 1867: lettre de Napoléon III annonçant des réformes libérales
février 1867: départ des troupes françaises au Mexique (exécution de l’archiduc
Maximilien le 19 mai)
11 mai 1868: loi libéralisant la presse
6 juin 1868: loi sur les réunions
24 mai 1869: nouvelle victoire de l’opposition aux élections législatives
8 septembre 1869: senatus consulte sur les réformes libérales
2 janvier 1870: ministère Ollivier
19 juillet 1870: déclaration de guerre a la Prusse
août 1870: défaites françaises
2 septembre 1870: défaite de Sedan, captivité de Napoléon III
4 septembre 1870: proclamation de la République
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