Évolution des modes de vie et qualité de vie
jusqu’au milieu des années 80, pour se stabiliser ensuite. Cependant, en raison du chômage
de longue durée, de l’extension des « formes particulières d’emploi », de l’émergence des
« travailleurs pauvres », la pauvreté s’est étendue à de nouvelles catégories de populations,
tandis qu’elle s’est retirée parmi d’autres qui ont vu leurs conditions de vie s’améliorer
nettement. Ainsi, les retraités152 et les familles nombreuses sont moins menacés désormais
que les deux extrémités de la population active: jeunes et personnes de plus de 50 ans.
Globalement, parmi les salariés et les chômeurs, la pauvreté s’est étendue entre 1990 et
1997. La pauvreté s’est nettement développée chez les immigrés âgés et sans diplôme, les
hommes en situation de grande précarité, les familles monoparentales153. Il faut aussi
prendre en compte, sur la période récente, l’immigration en provenance des pays de l’Est
ou du Sud où les contextes économiques et politiques se sont dégradés pour une frange des
populations. Le taux de pauvreté des jeunes est très sensible à la conjoncture économique.
Après avoir progressé de 9 à 18% entre 1975 et 1995, il a de nouveau régressé entre 1997
et 2001, pour retomber à 9%154. Par contre, le taux de pauvreté s’est accru de manière
constante chez les employés et les ouvriers non qualifiés, qui regroupaient 43% des
ménages pauvres en 1995. Toujours en conservant cette définition de la pauvreté
monétaire, le taux de ménages « qui seraient pauvres » s’ils ne bénéficiaient de prestations
de transfert est passé de 10 à 14% parmi les salariés de 1970 à 1997. D’après une étude
conduite par la DREES155, l’effet redistributif des transferts sociaux fait diminuer en
France le taux de pauvreté de 20 à 9%156, pour un effort financier de 9,5 points de PIB.
D’autres analyses, actuellement peu usitées, s’appuyant sur la notion de pauvreté absolue,
sont possibles. Elles consistent à comparer les revenus aux coûts d’un certain nombre de
produits de référence supposés correspondre, soit à des besoins de l’être humain
(logement, alimentation) ou à une norme d’intégration minimale à la dynamique du
progrès matériel à un certain niveau de développement économique et social, soit à des
articles de consommation courante (le fameux « panier de la ménagère ») dont la nature
évolue elle-même selon les usages et le rythme de diffusion des nouveaux produits et
services.
Les populations pauvres sont extrêmement dépendantes à l’égard des revenus de transfert :
ainsi, pour plus d’un foyer à bas revenus sur deux, les prestations constituent plus de 80%
des ressources.
Quelques chiffres permettent d’illustrer l’étendue de la pauvreté. Les bénéficiaires du
RMI, essentiellement constitués de personnes seules157 et de familles monoparentales, dans
la grande majorité des cas des femmes seules avec enfants158 , se sont accrus de 15% par
pauvreté est définie de manière relative, les ménages pauvres sont ceux dont le revenu disponible par unité
de consommation est inférieur à la demi-médiane des revenus disponibles par unité de consommation.
152 La proportion de retraités pauvres est passée de un sur quatre en 1970 à un sur vingt-cinq en 1997, celle
des salariés pauvres de 4 à 7%.
153 40 % des familles monoparentales vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
154 La pauvreté des jeunes est toutefois amortie par les aides familiales qui ne sont pas appréhendées par les
enquêtes Revenus fiscaux mais qui s’élèvent en moyenne à 18000 francs/an, d’après l’enquête Budget des
familles 1994
155 « Pauvreté et transferts sociaux en Europe », Marc Cohen-Solal et Christian LOISY, Direction de la
Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES), Ministère de l’Emploi et de la
Solidarité, Juillet 2001. L’étude montre que l’effet des transferts sociaux (hors assurance et maladie) sur la
réduction du taux de pauvreté est lié à leur ampleur. La France se situe de ce point de vue dans une situation
intermédiaire entre les pays du Nord de l’Europe et ceux du Sud.
156 Sans compter la prestation vieillesse qui a permis de faire baisser la pauvreté parmi les retraités.
157 528 000 personnes seules dont 335 000 hommes seuls.
158 223 000 familles monoparentales dont 209 000 femmes seules avec enfants.
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