SOMMAIRE LES TREMBLEMENTS DE TERRE - « PETITE INTRODUCTION ILLUSTRÉE » 3 LES SÉISMES EN BELGIQUE ET LEURS EFFETS SUR LE BÂTI, LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET L’ENVIRONNEMENT 7 ALÉAS ET IMPLICATIONS - ÉTAT DES CONNAISSANCES EN SCARPE-ESCAUT 23 À LA RECHERCHE DE FAILLES ACTIVES DANS LE NORD 29 COMMENT DÉCELER L’ORIGINE SISMIQUE DE CERTAINS DÉSORDRES AFFECTATNT LE PATRIMOINE 31 ARCHITECTURAL ET COMMENT Y REMÉDIER ? DÉBATS 39 L’ÉGLISE SAINT-GÉRY DE BOUSSU 43 1 2 LES TREMBLEMENTS DE TERRE, « PETITE INTRODUCTION ILLUSTRÉE » J.-P. COLBEAUX CSENPC Le globe terrestre présente une zone chaude en son centre (le noyau, fig. 1). La partie superficielle (fig. 2) comprend des zones à croûte continentale épaisse et des zones à croûte océanique plus mince. Fig. 1. – Coupe schématique de la Terre Fig. 2. – Le globe terrestre : un milieu hétérogène La combinaison de ces deux éléments (source chaude au centre, croûtes d’épaisseurs différentes) entraîne d’une part la formation de courants (lents) de convection (fig. 3), d’autre part de plaques (fig. 4). 3 Fig. 3. – Des courants de convection animent les couches profondes du globe, entraînant extension ici et convergence ailleurs Fig. 4. – Les principales plaques tectoniques Ces plaques se déplacent sous l’effet de courants de convection et vont s’affronter de diverses manières (fig. 5) : - elles convergent et peuvent se chevaucher (zones de formation de chaînes de montagnes) ; - elles coulissent l’une contre l’autre (Californie). 4 Limite divergente Limite convergente Limite transformante Fig. 5. – Les différentes limites de plaques possibles La région Nord – Pas de Calais se trouve au nord de la zone d’affrontement entre la plaque africaine et la plaque eurasienne (fig. 6). Fig. 6. – Le nord de la France dans le contexte de la tectonique des plaques Les déplacements lents (1 mm à 2 cm/an) entraînent l’accumulation de forces ou contraintes aux limites de plaques ; lorsque les frottements sont vaincus, on a déplacement et libération d’énergie : c’est un séisme. L’énergie sismique se propage sous la forme d’ondes d’impacts différenciés sur le soussol et le sol (fig. 7). On conçoit donc aisément qu’un bâtiment soumis à un séisme va devoir répondre à diverses sollicitations qui vont l’affaiblir les unes à la suite des autres. Dans leurs déplacements, les ondes sismiques peuvent être piégées (fig. 8) dans des secteurs particuliers tels les zones de fond de vallée (alluvionnaires) et ce à plusieurs dizaines de kilomètres du séisme. Ce piège peut conduire à une amplification des ondes et donc à une aggravation des dégâts induits. 5 Fig . 7. – Les différentes ondes sismiques et leurs effets Fig. 8. – Les ondes sismiques peuvent être piégées au cours de leur déplacement 6 LES SÉISMES EN BELGIQUE ET LEURS EFFETS SUR LE BÂTI, LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET L’ENVIRONNEMENT Th. CAMELBEECK, P. ALEXANDRE et D. KUSMAN(*) Section de Sismologie, Observatoire royal de Belgique ; [email protected] (*) actuellement : Section d’Histoire, Université Libre de Bruxelles 1. INTRODUCTION Les régions du nord-ouest de l’Europe qui s’étendent de la vallée du Rhin jusqu’au sud de la mer du Nord sont caractérisées par une activité sismique faible en comparaison de celle observée dans d’autres régions du monde. Pourtant, presque chaque année, des tremblements de terre sont ressentis par la population et régulièrement certains d’entre eux provoquent localement des dégâts aux habitations qui peuvent être significatifs. Ce fut le cas notamment dans la région liégeoise le 8 novembre 1983 (M = 4.7) 1 et dans la région de Roermond aux Pays-Bas le 13 avril 1992 (M = 5.4). Ces tremblements de terre récents n’ont pas eu ou ont eu relativement peu d’impact sur le patrimoine architectural. Par contre, les documents historiques indiquent que des séismes plus anciens, ayant provoqué des dégâts importants aux habitations, ont également affecté fortement ce patrimoine. Les plus marquants sont ceux du 21 mai 1382 (M ~ 6) dans le sud de la mer du Nord, du 6 avril 1580 (M ~ 6) dans le Pas-de-Calais, du 18 septembre 1692 (M ~ 6 1/4) dans le nord de l’Ardenne, du 16 février 1756 (M ~ 5 3/4) dans la région de Düren – Aachen et celui du 23 février 1828 (M ~ 5) en Hesbaye. Quelques-uns de ces événements sismiques ont également modifié temporairement ou de manière plus permanente certaines caractéristiques de notre environnement naturel, comme le niveau des nappes aquifères. Dans cet article, nous parcourons de manière non exhaustive l’histoire sismique de nos régions pour montrer les effets que les tremblements de terre peuvent avoir sur le bâti, le patrimoine architectural et l’environnement. Nous espérons ainsi démontrer et convaincre les autorités et la population que les conséquences des tremblements de terre en Belgique justifient que des mesures adéquates de prévention soient mises en application. 2. L’ACTIVITÉ SISMIQUE DANS NOS RÉGIONS ; LA SURVEILLANCE SISMIQUE EN BELGIQUE Depuis 1985, un réseau moderne de stations sismiques a progressivement été implanté en Belgique (fig. 1). La localisation des tremblements de terre enregistrés par ce réseau du 1er janvier 1985 au 30 août 2006 est indiquée sur la figure 2. Durant cette période, 1 Pour tenir compte de la précision sur la magnitude M des tremblements de terre, nous avons indiqué celle-ci avec une valeur décimale après la virgule pour les tremblements de terre après 1900 dont la magnitude a été déterminée à partir d’enregistrements sismiques (précision variant entre 0.1 et 0.3), et à une valeur fractionnaire près pour les séismes s’étant produits avant 1900 et pour lesquels nous ne disposons que d’archives historiques pour quantifier leur importance (précision de l’ordre de ¼ à ½). 7 près de 900 tremblements de terre ont été enregistrés. La plupart sont de faible magnitude, mais leur occurrence témoigne d’une activité relativement continue, surtout dans certaines régions comme le Graben du Rhin inférieur, le nord de l’Ardenne et de l’Eifel ainsi que la région entre Mons et Charleroi. Notons que, presque chaque année, des secousses sont suffisamment fortes pour être ressenties par la population et que régulièrement des tremblements de terre sont destructeurs. Fig. 1. – Le réseau de surveillance sismique en Belgique Fig. 2. – L’activité sismique dans nos régions de 1985 à août 2006 Une image plus réaliste de l’activité sismique de nos régions est donnée par la perspective à plus long terme fournie par les études de sismicité historique, c’est-à-dire la recherche et l’analyse critique de documents sur les tremblements de terre anciens. À partir du XIVe siècle (Alexandre et Kupper, 1997), les sources historiques (chroniques, 8 annotations, lettres, registres de comptes, gazettes...) fournissent des informations parfois très précises sur les effets locaux des tremblements de terre, surtout pour les plus marquants. Les informations collectées permettent dans certains cas d’affecter un degré d’intensité à certaines localités. Il est alors possible de tracer des courbes isoséistes et de définir une aire épicentrale à l’intérieur de laquelle se situe l’épicentre du tremblement de terre. Pour les séismes s’étant produits après 1900, époque d’implantation des premières stations sismiques en Europe, des données instrumentales sont également disponibles, permettant une détermination de la magnitude et une localisation du foyer, mais dont la précision reste toute relative avant 1960. Il est ainsi possible d’établir des relations entre la magnitude des tremblements de terre et les aires isoséistes. Cette information fournit un moyen d’estimer la magnitude des séismes historiques importants à partir des informations même partielles à notre disposition. La figure 3 montre la localisation des tremblements de terre répertoriés depuis 1350. La localisation et la magnitude des secousses connues dont la magnitude a été estimée égale ou supérieure à 5.0 sont reprises dans le tableau I. Tableau I. Les tremblements de terre de magnitude supérieure à 5.0 ayant affecté le territoire belge depuis 1350. année mois Date jour heure 1382 1449 1504 1580 1640 1692 1755 1756 1828 1878 1896 1938 1951 1992 5 4 8 4 4 9 12 2 2 8 9 6 3 4 21 23 23 6 4 18 27 18 23 26 2 11 14 13 15 3 22 18 3 14 0 8 8 8 21 10 9 1 min 30 30 0 15 55 15 57 46 20 Lat °N Long °E Magnitude M Localisation 51.30 51.60 50.77 51.00 50.77 50.59 50.77 50.80 50.70 50.95 50.35 50.78 50.63 51.16 2.00 2.50 6.10 1.50 6.10 5.86 6.10 6.50 5.00 6.53 2.96 3.58 6.72 5.95 6 5 2/4 5 6 5 2/4 6 1/4 5 1/4 5 3/4 5 5 2/4 5 5.0 5.3 5.4 Mer du Nord Mer du Nord Aachen Pas-de-Calais Aachen Verviers Aachen Düren Hesbaye Tolhausen Lens-Arras Nukerke Euskirchen Roermond La zone la plus active est située à la frontière entre la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas. Elle est souvent dénommée « Graben du Rhin inférieur ». Le Graben de la Roer, qui en fait partie, est la région où les tremblements de terre sont les plus fréquents. Au moins sept tremblements de terre y ont dépassé la magnitude 5 depuis le début du XVIe siècle, le plus important, de magnitude estimée à M = 5 3/4, ayant affecté le 18 février 1756 la région de Düren en Allemagne. Les séismes récents les plus importants sont ceux du 14 mars 1951 à Euskirchen (Allemagne, M = 5.3) et du 13 avril 1992 à Roermond aux Pays-Bas (M = 5.4). 9 Fig. 3. – Activité sismique dans nos régions depuis 1350 À l’ouest du Graben de la Roer, une activité sismique non négligeable existe dans le nord de l’Ardenne belge et de l’Eifel en Allemagne. L’événement le plus important de l’histoire sismique de nos régions s’y est produit le 18 septembre 1692. Sa magnitude est évaluée à 6 1/4. Dans la zone plus proche de Liège, l’activité est moins importante, mais deux tremblements de terre destructeurs se sont produits dans la ville le 21 décembre 1965 (M = 4.3) et le 8 novembre 1983 (M = 4.7). Il existe aussi une concentration d’activité sismique dans la région du Hainaut située du Borinage à la région de Charleroi. Toutefois, bien qu’aucun tremblement de terre connu n’y ait dépassé la magnitude 4.5, certains de ces événements ont été localement destructeurs à cause de la faible profondeur des foyers. Une partie de l’activité sismique de nos régions est cependant plus diffuse du point de vue géographique et apparaît fortement variable au cours du temps. Dans le Pas-deCalais et le sud de la mer du Nord, où l’activité est très faible depuis le XVIIe siècle, trois tremblements de terre de magnitude estimée supérieure ou égale à 5 1/2 se sont produits en 1382, 1449 et 1580 (Melville et al., 1996). Les Flandres, le Brabant et la Hesbaye ne montrent pas d’activité sismique significative depuis l’implantation du réseau sismique belge en 1985, mais ces régions ont été secouées le 23 février 1828 et le 11 juin 1938 par deux séismes de magnitude 5.0 qui ont provoqué des dégâts conséquents à l’échelle régionale. 3. LA QUANTIFICATION DES EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE – NOTION D’INTENSITÉ Un tremblement de terre est caractérisé par la localisation de son hypocentre, qui est le point à l’intérieur de la Terre où s’initie la rupture, et par sa « magnitude », qui fournit une information sur les dimensions de la zone de faille affectée par l’événement. Un séisme peut 10 également être caractérisé par l’intensité et la durée des mouvements du sol qu’il a provoqués dans la région concernée. Même actuellement, il n’est pas possible de couvrir l’ensemble du pays avec suffisamment de stations sismiques pour permettre une quantification précise des mouvements du sol à l’échelle « locale ». Aussi se base-t-on sur les effets des vibrations sur l’homme et les objets, ainsi que sur les dommages au bâti pour évaluer les mouvements du sol dans les différentes localités où ceux-ci ont été perçus ; c’est la notion d’ « intensité ». Dans les échelles d’intensité, on définit différents degrés d’intensité de I à XII qui correspondent à des effets de plus en plus importants du séisme depuis le degré II, pour lequel le séisme a été très faiblement ressenti (au degré I, seuls les instruments enregistrent les mouvements du sol), jusqu’au degré XII qui correspond à la destruction totale des constructions et au bouleversement du paysage. Dans la suite du paragraphe, nous donnons une brève description des degrés d’intensité de VI à IX dans l’échelle EMS-98 (Grünthal, 2001), utilisée en Europe. Cela nous sera utile dans la suite de l’article pour la description des effets des séismes dans nos régions. L’intensité VI correspond à des mouvements du sol ressentis par de nombreuses personnes à l’extérieur des habitations. Quelques personnes y perdent l’équilibre. De nombreuses personnes sont effrayées à l’intérieur des habitations et se précipitent à l’extérieur, croyant que celles-ci vont s’effondrer. Des dégâts légers (fissures capillaires dans des murs, chute de petits débris de plâtre) apparaissent dans de nombreuses constructions, tandis que quelques-unes peuvent déjà subir des dégâts modérés (fissures dans les murs, chute de grands morceaux de plâtre, effondrement partiel de cheminées). L’intensité VII correspond à des dégâts sensibles à importants dans des maisons de qualité moyenne, telles une fissuration importante dans les murs, des tuiles se détachant du toit, des cheminées fracturées à la jonction avec le toit, ainsi que la défaillance d’éléments tels que cloisons et murs pignons. L’intensité VIII correspond à une défaillance sérieuse des murs ainsi qu’à une défaillance structurale partielle des toits et des planchers pour de nombreuses constructions de mauvaise qualité et quelques constructions saines. Les constructions les moins solides peuvent subir un effondrement total ou presque total. De bonnes constructions peuvent déjà subir des dégâts sensibles à importants. Les mouvements du sol sont si forts que la plupart des personnes ont des difficultés à se tenir debout, même à l’extérieur. L’intensité IX correspond à des destructions généralisées dans les constructions de mauvaise qualité, mais également à des dégâts structuraux importants dans de bonnes constructions. La violence des secousses provoque une panique générale et des personnes peuvent être projetées sur le sol. On peut même observer des vagues sur des terrains peu consolidés. 11 4. LES SÉISMES DE LIÈGE DU 8 NOVEMBRE 1983 ET DE ROERMOND DU 13 AVRIL 1992 La mémoire humaine est faillible et oublie vite. Même des événements tragiques ou catastrophiques ne restent ancrés dans notre souvenir que si nous les avons vécus nousmêmes. Nous allons parcourir l’histoire sismique de nos régions en partant des événements les plus proches dans le temps parce que, même pour des événements récents, la plupart des lecteurs pourront constater que les séismes dont nous allons parler soit ont été purement et simplement oubliés, soit n’auront laissé que le souvenir d’événements mineurs sans grande importance. En effet, mis à part un certain nombre de Liégeois, qui ont fortement souffert de ses conséquences, qui se souvient encore du séisme qui accabla la cité en 1983 ? Plus de 16000 maisons ont été affectées dans un rayon de 3 km autour de l’épicentre et il a été nécessaire de reloger plus de 1000 personnes. Le dégât le plus visible a été la chute d’innombrables cheminées. D’autres parties de constructions tels des frontons en pierre de taille ou des couvertures de cheminées sont également tombées. La chute de tous ces objets a causé des dégâts nombreux aux toitures et aux véhicules stationnés au pied des immeubles (fig. 4). Cela aurait pu être la cause de nombreux décès si le tremblement de terre s’était produit pendant la journée. Un autre type de dégâts largement observé a été le mouvement des façades perpendiculairement à leur plan, entraînant une fissuration de l’angle entre façade et mur de refend. Dans les deux communes les plus touchées, SaintNicolas et Liège, 129 immeubles ont été déclarés inhabitables et 37 maisons ont dû être démolies. Ces dégâts ont été accentués par la vétusté préexistante d’un certain nombre d’habitations situées dans la zone d’exploitation minière. Il faut par contre souligner que, même dans la zone épicentrale, les constructions saines et simples en brique et les constructions conçues voire calculées pour résister à des forces horizontales n’ont pas été particulièrement affectées. En ce qui concerne le bâti historique, peu de dégâts ont été observés. Seules deux églises ont subi des dégâts assez importants (deux décrets d’inhabitabilité). À l’extérieur d’un rayon moyen de 10 km autour de l’épicentre, aucun dégât n’a été constaté dans des édifices du patrimoine architectural. L’importance des dégâts constatés à cette occasion pour un séisme de magnitude aussi faible (M = 4.7) est le reflet de la faible profondeur du foyer dans une région fortement peuplée, ainsi que de la vulnérabilité des constructions en briques typiques des anciennes régions industrielles de l’Europe du Nord-Ouest. On a constaté également dans les mois d’hiver qui ont suivi le séisme de Liège un nombre significativement plus élevé que d’habitude du nombre d’intoxications par le monoxyde de carbone. Elles ont été vraisemblablement provoquées par des fissurations dans les cheminées dues au tremblement de terre. 12 Fig. 4. – Dégâts lors du tremblement de terre de Liège du 8 novembre 1983 Le séisme de Roermond aux Pays-Bas, le 13 avril 1992, est le plus important (M = 5.4) survenu dans nos régions durant le XXe siècle. Dans la région épicentrale, il a provoqué (Noé et al., 1992) de nombreuses ruptures de cheminées aux maisons d’habitations. Lorsque la cheminée était en pignon, l’effondrement de la cheminée a quelquefois entraîné l’effondrement d’une partie de ce mur. Un autre dégât caractéristique est l’apparition de fissures de cisaillement dans des murs de façade et des murs pignons en brique. Contrairement au séisme de Liège, dans le cas du séisme de Roermond, un certain nombre de bâtiments du patrimoine architectural ont subi des dégâts dans et en dehors de la zone proche de l’épicentre. La raison principale de cette différence dans le comportement des structures de plus grande dimension est liée à la grandeur du tremblement de terre de Roermond qui a généré de l’énergie à plus basse fréquence (environ à 1 Hz pour les ondes S) que lors du séisme de Liège (entre 2.5 et 3 Hz pour les ondes S). Aux Pays-Bas, deux églises seulement ont été touchées par le séisme. L’église de Roermond n'a présenté que des fissures du mur pignon ainsi qu’au droit des éléments d’angle des tours clochers. À l’église Saint-Sébastien d’Herkenbosch, le clocher en briques, qui était nouveau, a par contre subi des dégâts importants. En Allemagne, plus de 150 églises ont subi des dégâts (Meidow et Ahorner, 1994), la plupart dans la région proche de l’épicentre, mais certaines à plus grande distance comme à Cologne, Bonn et Coblence. Les églises les plus endommagées (fissures dans les murs et les voûtes, fissures à la liaison entre la tour et la nef, chute de clochetons…) sont situées 13 dans la zone d’intensité la plus élevée (VI-VII EMS-98). Par contre, les églises ayant subi des dégâts plus légers sont localisées dans la zone d’intensité V. 5. LES SÉISMES DANS LA BANDE HOUILLÈRE DU HAINAUT DURANT LE XXe SIÈCLE Durant le XXe siècle, une activité sismique a été observée dans la bande houillère du Hainaut, entre la frontière française et la région de Charleroi. Il est à noter qu’aucun séisme plus ancien n’a pu ici être retrouvé dans les archives historiques. Certains de ces séismes, dont la magnitude n’a jamais dépassé 4.5, ont néanmoins été destructeurs localement (intensité VII) à cause entre autres de leur relativement faible profondeur. On peut citer les séismes suivants. • Le 1er juin 1911 à 22 h 50 min. La région épicentrale couvre les communes de Gosselies, Ransart et Lambusart (Cambier, 1911). Les secousses y ont été suffisamment violentes pour réveiller la plupart des habitants, abattre de nombreuses cheminées et occasionner des lézardes aux bâtiments les moins résistants. • Le 3 avril 1949 à 12 h 33 min. Ce tremblement de terre est le plus important de toute une série de séismes qui se sont produits dans la région d’Havré en avril-mai 1949. À Havré, la secousse fut si violente qu’il y eut un début d’affolement de la population et que plus de 80% des cheminées sur 1400 habitations ont été ébranlées, dont 150 ont été renversées entièrement. Les villages de Boussoit et Maurage ont également subi de nombreux dégâts. Une maison a dû être abattue à Boussoit. À Mons, des dégâts légers ont été constatés, principalement dans le sud de la ville. • Le 15 décembre 1965 à 12 h 07 min. Cette secousse sismique a violemment secoué la région du Centre depuis Binche jusqu’au delà de Strépy-Bracquegnies. Dans les localités où les secousses ont été les plus ressenties, elles ont provoqué un vif émoi et des dégâts considérables. Les meubles furent fortement secoués et de nombreuses cheminées s’écrasèrent dans les rues, endommageant des voitures. À Bracquegnies, presque toutes les maisons ont souffert des secousses. Les murs se sont lézardés dans plusieurs maisons. • Le 16 janvier 1966 à 12 h 32 min. Ce tremblement de terre, survenu un mois après le précédent, a plongé la population de la région du Centre dans l’émoi. Cette fois, les communes les plus touchées sont Carnières et Chapelle-lez-Herlaimont. À Carnières, de nombreux murs ont été lézardés tandis que l’on ne comptait plus le nombre de cheminées renversées. À Chapelle-lez-Herlaimont, le plafond de la salle des mariages de l’hôtel de ville s’est effondré. Notons qu’une rupture de courant intervenue à la centrale électrique de Bascoup a provoqué une panne de courant sur une grande partie de la région du Centre pendant un quart d’heure environ. • Le 28 mars 1967 à 15 h 49 min. À nouveau, un an plus tard, un séisme destructeur s’est produit dans la région du Centre, avec un épicentre à Carnières. Dans cette 14 commune, les dégâts ont été relativement importants : chute de cheminées, fissuration de murs, vitres brisées… À Chapelle-lez-Herlaimont et Trazegnies, les dégâts ont également été conséquents. • Le 13 août 1968 à 16 h 57 min. Une série de tremblements de terre a secoué la région du Centre en août 1968. Le plus important de ces événements s’est produit le 13 août à 16h57 (TU). Les secousses ont été particulièrement violentes à La Louvière, Haine-Saint-Pierre et Haine-Saint-Paul, y provoquant la chute d’un nombre important de cheminées. La plupart des rues étaient jonchées de débris. Beaucoup de débris sont tombés sur des lanterneaux et vérandas. Du mobilier a également souffert dans certains appartements. Le clocher de l’église Saint-Joseph de La Louvière a été tellement ébranlé qu’il a fallu le démolir. 6. LE SÉISME DU 11 JUIN 1938 À LA LIMITE DES FLANDRES ET DU HAINAUT Au XXe siècle, le séisme de Liège n’est pas celui dont l’impact en Belgique a été le plus important. Le 11 juin 1938, un tremblement de terre a ainsi affecté fortement tout le territoire belge ainsi que le nord de la France. Son épicentre était localisé dans la région des collines entre les villes de Renaix et Audenaerde et sa magnitude a été évaluée à M = 5.0. Fig. 5. – Carte macroséismique du tremblement de terre du 11 juin 1938 Ce séisme a provoqué des dégâts sur une très grande étendue du territoire (fig. 5), couvrant les provinces de Flandre occidentale, Flandre orientale, Hainaut, Brabant wallon, Brabant flamand et la Région bruxelloise. Le nombre connu de cheminées endommagées 15 s’élève à 17550, trois personnes ont été tuées et quelques dizaines de personnes ont été blessées. La figure 5 indique l’intensité des mouvements du sol, réévaluée dans l’échelle européenne EMS-98, dans les communes belges pour lesquelles les informations collectées à l’Observatoire royal de Belgique (ORB) permettaient de la déterminer. L’intensité VII (en bleu sur la figure 5) a été observée dans un certain nombre de localités et jusqu’à des distances approchant 100 km de l’épicentre. L’intensité VI (en rouge sur la carte) a été observée sur une surface elliptique allongée dans une direction nord-ouest sud-est et de grand et petit axes ayant des longueurs respectives de 200 et 100 km. Dans les régions citées, de nombreux témoins ont également vu osciller les bâtiments, les arbres, les clôtures, les poteaux électriques, les blés dans les champs ; des agriculteurs ont senti le sol se dérober sous leur pieds. À Mons, des cyclistes ont perdu l’équilibre et un tramway a déraillé. Le tremblement de terre a eu des effets sur les eaux de surface. Les remous de l’Escaut à Merelbeke ont fortement agité les bateaux tandis les eaux se sont soulevées jusqu’à un mètre de hauteur sur les bords de la Lys à Lauwe. Des effets sur les eaux souterraines ont également été observés avec des variations importantes des débits observés et le tarissement de certaines sources. Près de 70 ans après ce séisme, ses effets ont généralement laissé un souvenir fort dans la mémoire des gens qui, à l’époque, habitaient au nord de l’Entre-Sambre-et-Meuse. 7. LE SÉISME DU 23 FÉVRIER 1828 EN HESBAYE Ce tremblement de terre est le plus important ayant affecté le territoire belge durant le XIXe siècle. Il a particulièrement affecté la Hesbaye (fig. 6) où il a provoqué des dégâts tant aux habitations qu’au bâti patrimonial. Un mois après le séisme, une réplique a été ressentie à Jauche et à Jandrain-Jandrenouille, justifiant que l’on propose l’épicentre aux environs de ces communes. C’est d’autant plus réaliste que nous disposons de sources historiques mentionnant des dégâts significatifs dans certaines localités proches. Par exemple, le bourgmestre de Petit-Hallet dans une lettre au commissaire du gouvernement pour que les autorités prennent des mesures de protection de la population indique « …nous avons ressenti une secousse de tremblement de terre qui a duré quelque minute avec violence et un bruit effroyable qui a renversé une partie des cheminées au dessus des toits et fait de fende dans la plupart de muraille des habitations de la commune dont quelqu’unes devront être rebâties a neuf. L’église n’a pas été exempt de cet événement la voûte est éboulée, dans plusieurs endroits, plusieurs chandeliers qui se trouvèrent sur l’autel se trouvait versé par terre cependant… ». Après le tremblement de terre, la commune souffrira d’une inondation provoquée vraisemblablement par une remontée du niveau de la nappe aquifère. On sait par ailleurs que, dans la commune proche de Grand-Hallet, le ruisseau qui faisait mouvoir le moulin a diminué au moins de trois quarts depuis le séisme (rapport de l’administration communale au bureau des contributions le 19/5/1839). 16 Fig. 6. – La région épicentrale du tremblement de terre du 23 février 1828 Le séisme a également provoqué de nombreux éboulements dans les grottes de Folx-les-Caves, ce qui en a diminué de manière significative l’étendue de la partie accessible. Un ruisseau souterrain coulant du sud au nord et se jetant dans la Petite-Gette entre Folx et Jauche s’est également tari suite au tremblement de terre. Il est vraisemblable que toutes les églises proches de l’épicentre ont souffert plus ou moins fortement du séisme mais, à ce jour, cela n’a pu être confirmé que pour celles de Berloz (murs lézardés, tour et choeur écroulés), Dongelberg (restauration en 1835), Bomal (poutrelles de fer placées en travers de la nef pour la consolider), Autre-Église (façade endommagée et réparée en 1830), Dion-le-Val (« une secousse terrestre lézarda considérablement l’église »), Lens-Saint-Rémy (plusieurs lézardes) et Grand-Hallet (l’église fut sérieusement endommagée et réparée l’année suivante). Les gazettes de l’époque rapportent qu’à Tirlemont un grand nombre de cheminées ont été renversées, les murs de plusieurs maisons crevassés et, dans une maison, les miroirs, verres et porcelaines ont été brisés. À Perwez, toutes les maisons ont été ébranlées, plusieurs cheminées, une porte cochère et des murs ont été renversés, un enfant a été blessé. Dans l’église, au moment de la messe, les cierges sont tombés en bas de l’autel et quelques morceaux du plafond se sont détachés. Tous ceux qui étaient dans l’église ont pris la fuite. À Hannut et dans plusieurs communes voisines, beaucoup de cheminées sont tombées et quantité de murailles lézardées. Dans toutes ces localités, ainsi que dans celles déjà citées, on peut évaluer l’intensité des mouvements du sol comme correspondant au degré VII dans l’échelle EMS-98 (peutêtre VIII localement). Dans les localités plus éloignées comme Liège, Huy, Andenne, Louvain, Hasselt ou Namur, les effets du séisme sont encore significatifs, mais les destructions sont moindres. Le 17 tremblement de terre a été ressenti au moins jusqu’à Dunkerque à l’ouest, Coblence à l’est, Soest au nord et Commercy au sud. 7. LE SÉISME DE « VERVIERS » DU 18 SEPTEMBRE 1692 En remontant plus loin dans le temps grâce au travail critique des historiens, on a retrouvé la trace d’un certain nombre de tremblements de terre destructeurs (voir tableau I). Certains de ces événements ont provoqué des dégâts sur des étendues beaucoup plus grandes que celles affectées par des séismes récents comme ceux du 11 juin 1938 ou 13 avril 1992 que nous avons décrits au paragraphe 4. En illustration du fait que des tremblements fortement destructeurs peuvent se produire dans nos régions, nous détaillons dans la suite de cet article les effets du tremblement du 18 septembre 1692 (fig. 7) qui est le plus important connu ayant affecté le nord-ouest de l’Europe. Ce séisme a récemment fait l’objet de nombreuses recherches. Le lecteur intéressé pourra retrouver la mention de la plupart des sources historiques et des textes originaux dans les publications suivantes : Alexandre et Kupper (1997), Camelbeeck et al. (2000) et Alexandre et al. (2004). Fig. 7. – Le tremblement de terre du 18 septembre 1692 : comparaison des isoséistes avec celles du séisme de Roermond du 13 avril 1992 (M = 5.4) Ce séisme a provoqué des dégâts très importants dans le nord de l’Ardenne belge, notamment aux églises et châteaux. La plupart d'entre eux sont endommagés et feront l'objet de restaurations et parfois de reconstruction complète ou partielle dans les années ultérieures : outre les églises de Verviers, citons celles d'Andrimont, Soiron, Oneux, Theux, Stavelot, Fléron, Baelen, Montzen, Aix-la-Chapelle, Emael, Boirs, Glons, ainsi que des 18 églises de la ville de Liège (cathédrale St-Lambert, abbatiale St-Laurent, etc. ); des bâtiments abbatiaux à Stavelot et à Malmedy ; les châteaux d'Andrimont, Soiron, Franchimont ; des châteaux-fermes à Walhorn, Battice, Clermont-sur-Berwinne. Plusieurs descriptions mentionnent également de fortes destructions dans les habitations de la région et quelques-unes parlent de victimes sans qu’il soit cependant possible d’en faire un décompte, même approximatif. À Ensival, « plusieurs maisons furent écrasées » ; à Soiron, « un tremblement de terre espouvantable qui a abbatu les maisons, cheminées dont les miennes l'ont esté » ; à Charneux, « la maison de Lambert Halleux fut culbutée de fond en comble » ; à Waucomont-Battice, les bâtiments d'une maison sont « inhabitables, renversés et ruinés par ce violent tremblement de terre » ; à Walhorn, « In diversis locis domus fuerunt eversae et homines occisi » ; à Montzen, « seint alle Schornsteinen oder Caminen abgefallen » ; à Stavelot et à Malmedy, « il y a eu plusieurs édifices endommagez et beaucoups de cheminées bouleversées à Malmedy, Stavelot et ailleurs » ; à Aix-la-Chapelle, « die Caminnen oder chornstein sein heruntergefallen und geborsten, auch etliche Häuser » ; à Liège, « il n'y eust pas une maison dans cette ville qui n'en eust ressenty du dommage; il y eust plusieurs personnes écrasées et quantité de blessées par les débris des cheminées et des toicts » ; « toute la ville de Liège fut forte ébranlée, il y eut plusieurs morts, et beaucoup des dégâts surtout par les cheminées reversées ». Dans la plupart des localités citées, bien qu’une détermination précise de l’intensité soit souvent difficile, on peut estimer qu’elle a été au moins égale à VII et qu’elle a certainement atteint le degré VIII en quelques villes ou villages. Les quelques témoignages dont nous disposons des effets du séisme sur les personnes et les animaux ainsi que les quelques textes mentionnant des modifications de l’environnement confirment ces intensités élevées dans la région épicentrale. Dans l’état actuel de nos recherches, quelque 250 sources originales, contemporaines de l’événement, ont été répertoriées. À la lecture de ces sources, la zone épicentrale du séisme peut être localisée dans l’actuel arrondissement de Verviers, mais sans qu’il soit possible, pour le moment, de situer l’épicentre de façon précise, ni de dire s’il est situé au nord ou au sud de la Vesdre. En dehors de la région épicentrale, une caractéristique du tremblement de terre du 18 septembre 1692 est l’étendue spatiale des dégâts aux édifices du patrimoine architectural en Belgique, France, Allemagne et sud-est de l’Angleterre. Par exemple, les dégâts du séisme dans la ville de Mons affectent fortement au moins un édifice monumental. En effet, les pignons des sept chapelles latérales de l’église Sainte-Elisabeth, achevée en 1588, sont tellement ébranlés par la secousse qu’il est nécessaire de les démonter, entièrement ou partiellement, puis de les remonter. L’édifice, situé à proximité de la Grand-Place de Mons, bâti en pierres et en briques, n’avait apparemment pas souffert de la prise de la ville par les troupes de Louis XIV en 1691 et sa façade datait seulement de 1686 ; l’église était donc 19 probablement encore dans un relativement bon état avant la secousse du 18 septembre 1692. Dégâts sensibles également en Flandre orientale où le receveur de la seigneurie de Laarne comptabilise les frais engagés en 1693 pour des travaux exécutés à la maçonnerie du château, où l’on a constaté plusieurs fissures causées par le tremblement de terre. D’autres exemples sont disponibles pour des localités situées à proximité de la frontière française. À Poperinge, en Flandre occidentale, aussi bien dans l’église Notre-Dame que dans plusieurs autres églises, les arcades sont endommagées (Tillie, 2000). Plus au sud, à Tournai, la cathédrale, dont les problèmes de stabilité sont toujours d’actualité, prend la secousse de plein fouet. Un des piliers de l’église se serait écroulé dans la cave du chapitre canonial, un autre se serait fissuré. Dans le nord de la France, à Lille, les églises de la ville tremblent sur leurs fondations, les cloches sonnent sous le choc, alors qu’à l’église Saint-Maurice de la chaux serait tombée du plafond. Au monastère de Loos, la voûte supérieure de l’église se lézarde en plusieurs points et on ramasse des pierres sur le pavé de marbre du transept. À Nieppe, la flèche de l’église et vingt pieds de la tour auraient été renversés, soit près de six mètres. En Picardie, deux châteaux subissent des dégradations entraînant des réparations. C’est d’une part le cas du château de Coucy, d’autre part le donjon du château d’Airaines, près d’Abbeville qui souffre de fortes lézardes suscitées par le séisme. 9. CONCLUSIONS En parcourant les archives historiques concernant les tremblements de terre de nos régions, on est frappé par l’énorme distorsion existant entre la réalité du risque sismique et sa perception par la population et les mondes économique, politique et administratif. Pourtant, les effets des tremblements de terre peuvent avoir des conséquences dramatiques même dans nos régions. La sismologie nous enseigne que des séismes destructeurs, même s’ils sont peu courants, se reproduiront. Ils pourront avoir des conséquences sérieuses, en termes de vies humaines et économiques : coût de réparations ou reconstructions, manque à gagner durant la période de crise dans les entreprises victimes de dégâts ou de destructions d’unités de travail. Une première estimation du risque sismique suggère que ce risque est, pour un bâtiment donné dans certaines régions de Belgique, le même que celui d’un incendie. La différence de perception des deux risques (probabilité d’occurrence de 10% dans les prochaines 50 années) est le résultat d’une différence entre ces deux actions néfastes : des incendies surviennent régulièrement, mois après mois, et de façon dispersée sur tout le territoire ; un séisme affecte en une seule fois (rare) beaucoup de constructions dans une région donnée. Mais globalement le risque par construction est le même et il n’y a donc pas de raison de se préoccuper de l’incendie (ou de l’inondation ou de la tempête de vent) et 20 d’oublier l’existence des séismes. C’est donc une problématique à considérer sérieusement et il serait opportun, sans catastrophisme, de réaliser des études pour caractériser l’impact réel d’un tel événement et planifier l’action d’urgence et la prévention adaptées à ce type d’événement majeur. Les considérations qui précèdent démontrent par exemple que des mesures de construction parasismique s'imposent. Il existe depuis 1994 un document normatif européen relatif aux projets de construction en zone sismique, l’Eurocode 8. Plumier et al. (2006) fournissent des informations à son sujet ainsi que sur les moyens qu’il faudrait adopter pour faire appliquer cette norme aux nouvelles constructions et au bâti existant. La section de sismologie de l’Observatoire royal de Belgique est bien consciente de ces problématiques et a orienté des programmes de recherche dans ces domaines en collaboration avec l’Université de Liège et la Faculté polytechnique à Mons. BIBLIOGRAPHIE Alexandre P. & J.-L. Kupper (1997). Le tremblement de terre de 1692 et le miracle de Notre-Dame des Récollets à Verviers, Liège. Feuillets de la cathédrale de Liège, nos 28-32. Anonyme (1993). À propos du tremblement de terre de 1692. Douaisis-Généalogie, n° 6, p. 8. Cambier R. (1911). Les tremblements de terre de Ransart. Annales de la Société Géologique de Belgique, 39, 97-101. Camelbeeck Th., P. Alexandre, K. Vanneste & M. Meghraoui (2000). Long-term seismicity in regions of present day low seismic activity: the example of western Europe, Soil Dynamics and earthquake engineering, t. 20, p. 405-414. Grünthal G. (éditeur) (2001). L’échelle macrosismique européenne EMS-98. Cahiers du Centre européen de géodynamique et de sismologie, vol .19, p. 1-103. Meidow H. & L. Ahorner (1994). Macroseismic affects in Germany of the 1992 Roermond earthquake and their interpretation. Geologie en Mijnbouw, t. 73, p. 271-279. Melville C., A Levret., P. Alexandre, J. Lambert & J. Vogt (1996). Historical seismicity of the Strait of Dover-Pas de Calais. Terra Nova, t. 8, p. 626-647. Noe H., C. Weber, D. Jongmans & M. Bouchon (1992). Le séisme de Roermond (Pays-Bas) du 13 avril 1992, rapport de mission. Association française du génie parasismique, 28 p. Plumier A., A.-M. Barszez & T. Camelbeeck (2006). Le risque sismique et sa prévention. In Les risques majeurs en Région Wallonne, Aménagement et Urbanisme 7 (DGATLP). Tillie W. (2000). Aardbeving in Poperinge ? Aan de Schreve, Kring voor heemkunde, Poperinge en omstreken, vol. 30 fasc. 3, p.88-90. 21 22 ALÉAS ET IMPLICATIONS ÉTAT DES CONNAISSANCES EN SCARPE-ESCAUT J.-P. COLBEAUX et C. TESNIERE CSENPC / PNR Scarpe-Escaut Un tremblement de terre est la libération brusque d’énergie dans la croûte terrestre. C’est la conséquence d’une accumulation d’énergie le long des failles, qui sont les zones où potentiellement peut se libérer l’énergie accumulée. Le séisme génère à la surface du sol des vibrations d’amplitude centimétrique à décimétrique et des accélérations de quelques centièmes à quelques dixièmes de l’accélération de la pesanteur g, sur des durées qui varient de quelques secondes à quelques minutes. Il est quantifié à l’aide de deux échelles : l’intensité et la magnitude. L’intensité correspond aux effets du séisme sur un site donné, en ne prenant en compte que les dégâts observés, selon une échelle MSK et depuis peu l’échelle européenne EMS 98. La magnitude, mesure expérimentale, traduit l’énergie libérée par le séisme en son foyer. Comme on l’a dit plus haut, le séisme se manifeste par des vibrations dont l’ampleur est fonction : - des paramètres de la source ou foyer (type de mouvement, profondeur…), - des propriétés mécaniques du sol et des formations géologiques (effet de site), - de la distance à la faille responsable du séisme, - des effets induits (liquéfaction de terrains gorgés d’eau, effondrement de cavités souterraines, glissements de terrain par exemple). Le problème est donc complexe ; la figure 1 présente les aires où furent ressentis deux séismes de foyers et intensités très proches : Roermond en 1992 et Verviers en 1692. On voit à travers cet exemple qu’il ne suffit pas de prendre en compte les seuls séismes dont le foyer est proche du parc naturel régional (PNR). Si quelques séismes (Tableau I) ont été historiquement reconnus dans l’aire du PNR (vallée de la Scarpe en 1896, Valenciennes en 1987, 1988 et 2008), quel fut l’impact des autres plus éloignés ? Le risque sismique est à la fois méconnu, objet de superstitions et seulement médiatisé au moment de grandes catastrophes, ce qui lui confère une dimension « fatale ». Actuellement, en France, les plans de prévention des risques (PPR), lorsqu’ils existent, sont les seuls documents d‘aménagement du territoire opposables au tiers devant prendre en considération le risque sismique. Le code de l’urbanisme et les PLU sont les documents réglementaires qui, en relais avec les PPR, devraient prendre le risque sismique en considération. 23 Schématiquement, un PPR prend en compte l’aléa et les enjeux (Tableau II). Les différents aspects de l’aléa local sont : - localisation des failles actives et étude de leurs mécanismes de fonctionnement (fig. 2) ; - définition des mouvements de référence régionaux « au rocher » (séismes proches ou lointains) ; - identification et cartographie des sites susceptibles d’amplifier certaines des composantes du mouvement sismique attendu (alluvions, fig. 3, par exemple) ; - identification et évaluation des possibles effets induits (glissements de terrain, liquéfaction…) ; - identification et évaluation des effets induits industriels et urbains : propagation d’incendies, pollutions, encombrement de la voierie, accessibilité pour les secours… En ce qui concerne les enjeux, la démarche à suivre est sensiblement la même, quelle que soit l’échelle du territoire concerné (région, département, commune…) : - identification des différents éléments à risque (EAR), Les EAR peuvent être humains, matériels ou immatériels Parmi les EAR matériels, on peut retenir : - les zones construites, dont le bâti prioritaire : les bâtiments nécessaires à la gestion de crise les établissements scolaires les infrastructures de transport les infrastructures de communication les établissements de santé le logement social - la voierie - les réseaux - les équipements territoriaux - la production d’énergie - … Parmi les EAR immatériels, on peut retenir les monuments cultuels ou civils. - évaluation de la vulnérabilité de chaque EAR, - évaluation des vulnérabilités croisées des EAR, - estimation du risque direct et du risque induit, sur le territoire, par les séismes de référence. 24 On pourrait aller plus loin et prendre en compte - l’estimation coût/bénéfice des actions possibles en vue de mitiger (notion de mitigation) le risque sismique ; - les arbitrages politiques et économiques par l’adoption d’une « politique » de mitigation du risque sismique ; - la planification dans le temps de la réalisation des actions ; - l’évaluation de la politique mise en œuvre. Sachant qu’ - on ne peut intervenir sur la fracturation des roches en profondeur (c’est le résultat de l’histoire géologique et structurale de la région), - on ne peut (ou alors très difficilement) agir sur la transmission des ondes vers la surface, - on peut construire des bâtiments répondant à des normes parasismiques, - on peut limiter les atteintes aux personnes en développant une « culture du risque », on doit agir selon trois priorités : - connaître le risque en identifiant les séismes probables, leurs effets sur les constructions, - réduire la vulnérabilité des bâtiments en respectant les règles parasismiques, - préparer le prochain séisme en développant une culture du risque et des secours. Les composantes de la prévention sont : - la connaissance du risque, - la surveillance et l’alerte, - l’information sur les risques et l’éducation des populations concernées, - les actions de réduction de la vulnérabilité, avec notamment la prise en compte du risque dans l’aménagement du territoire, - la préparation à la gestion de crise et l’organisation des secours en cas de crise. La politique réglementaire est un arbitrage entre les niveaux de connaissances – scientifiques, technologiques – et l’effort qu’une société donnée peut accepter de fournir à un moment de son histoire en fonction de la conjoncture économique, mais aussi du niveau de conscience du problème à traiter parmi d’autres. Il faut pour autant garder en mémoire que, dans les zones à récurrence sismique faible, donc en l’absence de « crises sismiques » rapprochées, les « décideurs » ont d’autres « priorités » liées à la pression sociale. 25 Nous avons le sentiment que ce qui est valable pour les séismes, qui sont le thème de la journée, l’est aussi pour tout type de risque (inondations…), il suffit de remplacer dans les phrases précédentes « risque sismique » par « risques » au pluriel ! Le PNR pourrait s’emparer de cette problématique ; on notera par exemple qu’une zone humide présentera des risques en matière d’inondation et de séisme (accélération des ondes sismiques), mais que c’est aussi une zone riche en biodiversité qui doit à ce titre être protégée et préservée. Il faudra beaucoup de « courage » politique, du fait des implications foncières, pour aboutir à cette prise en compte d’un risque naturel indépendant des échéances électorales. En effet, les effets d’une mitigation du risque sismique nécessitent plusieurs décennies pour être sensibles. Fig. 1. – Extension des aires isoséistes lors du séisme du 18 septembre 1692. Comparaison avec celles du séisme de Roermond (13/4/1992 ; M = 5.4). Source Observatoire royal de Belgique, section de séismologie Fig. 2. – Les failles déduites des données des forages sur le territoire du PNR ScarpeEscaut. Source SIG PNR SE / CSENPC. 26 Fig. 3. – Cartographie des alluvions sur le territoire du PNR. Source SIG PNR SE / CSENPC. . localité 922 1000 1013 1179 1439 1456 1505 1532 1563 1643 1692 1783 1809 1849 1867 1881 1896 1897 1911 1938 1976 1981 1983 1983 1983 1987 1988 1993 1994 2001 2004 2005 2008 Cambrai St Amand, Liège Liège Liège Liège Liège Liège Liège Louvain Liège Verviers Cambrai Courtrai Liège Liège Liège Vallée de la Scarpe Hénin-Liétard Boussu-Hornu Borinage Maubeuge Arras La Louvière Charleroi Liège Valenciennes Valenciennes Lille Valenciennes Lille Cambrai Cambrai Valenciennes 27 magnitude Tableau I. – Sismicité historique année intensité Quelques séismes régionaux VII 7 V-VI VI-VII 5 6 III 3à4 VII 6 VI V VI 3,7 3 4,2 3,2 3,4 3,3 5 3,1 2,6 2,6 3,1 2,4 à 3,1 2,5 3,1 3,1 IV IV VII Tableau II. – Schéma d’élaboration d’un PPR risques sismiques Cartographie des aléas Cartographie des enjeux bâtiments, infrastructures, réseaux, établissements Seveso topographie, géologie, failles, effets de site (tourbe, liquéfaction…) Identification des facteurs de vulnérabilité Elaboration d'une carte des risques Superposition de la carte des aléas et de la carte des enjeux 28 À LA RECHERCHE DE FAILLES ACTIVES DANS LE NORD Th. CAMELBEECK, Th. LECOCQ, T. PETERMANS, K. VANNESTE, K. VERBEECK Observatoire royal de Belgique, Bruxelles S. VANDYCKE Faculté polytechnique de Mons, Belgique J.-P. COLBEAUX CSENPC, Université des Sciences et Techniques de Lille C. TESNIÈRE et al. PNR Scarpe-Escaut F. BERGERAT, M. SÉBRIER Université Pierre et Marie Curie, Paris VI S. BAIZE, C. GÉLIS, H. JOMARD IRSN, Environnement, Évaluation risques sismiques En termes de séismicité, dans le Nord-Ouest européen, le nord de la France est loin d’être une zone séismique non active. À l’échelle historique, plusieurs tremblements de terre ont généré des dommages non négligeables et ont été ressentis sur l’ensemble de la région. Dans ce contexte d’activité séismique, la morphologie de la région recèle peut-être des indices d’activité séismique récente, notamment par la présence de failles actives, au cours du Quaternaire ou plus récemment, une faille active étant l’expression à la surface de la croûte terrestre d’une activité séismique réelle ou potentielle. Dans sa morphologie, le paysage du nord de la France se distingue par une plaine des Flandres au sud et un plateau crayeux au nord, séparés par un linéament de direction NW-SE, dénommé aussi alignement de l’Artois. Cette structure, au niveau géologique, correspond à des axes tectoniques actifs durant le Paléozoïque, mais aussi au cours du Tertiaire. Les études géophysiques d’analyse de la gravité montrent que ces linéaments correspondent à des failles dont la longueur varie entre 15 et 40 km et qui se relaient en échelons le long de cet escarpement significatif. Bien que ces structures varient en direction, elles influencent manifestement le développement hydrographique, indépendamment des contrastes lithologiques, suggérant une activité tectonique quaternaire. 29 Plusieurs sites exemplaires interpellent. Quelle est la réelle signification de la falaise fossile de Sangatte ? Comment s’amortit vers l’ouest la Faille de Bailleul ? Au nord d’Arras, la Faille de Marqueffles a-t-elle un lien avec la découverte d’un accident tectonique décrochant sur le site de fouilles archéologiques de Biache-Saint-Vaast ? Dans le PNR Scarpe-Escaut, deux sites ont fait l’objet d’investigations géophysiques : l’un à Wallers, où l’existence d’une faille quaternaire a été reconnue par analyse cartographique de sondages géologiques, l’autre dans la forêt de Saint-Amand, où est notée la présence d’un rideau topographique. Le PNR Scarpe Escaut est par ailleurs dans le prolongement occidental du Bassin de Mons, zone dont l’activité séismique est aussi nettement reconnue. 30 Les Cahiers de l’Urbanisme N° 71 Mars 2009 Anne-Marie Barszez Ingénieur architecte Amélie Philipront Ingénieur architecte Thierry Camelbeeck Observatoire royal de Belgique Chef de service Alain Sabbe Faculté polytechnique de Mons Professeur 86 86-92 Comment déceler l’origine sismique de certains désordres affectant le patrimoine architectural et comment y remédier ? 01 Conseil de l’Europe (1975) Charte européenne du patrimoine architectural adoptée par le Conseil de l’Europe, http:// www.archeologia.be/ archeologia_droit-dupatrimoine-culturel_ Charte-europeenne-dupatrimoine-architectural. html 02 A. J. GOSSUART, Chronique de Liège, jusqu’en 1720. 03 P. ALEXANDRE & J.-L. KUPPER, Le tremblement de terre de 1692 et le miracle de Notre-Dame des Récollets à Verviers, dans Feuillets de la cathédrale de Liège, 28-32, Liège, 1997. 04 A. SABBE, Cindyniques et sismicité - Notions de base : aléa, vulnérabilité, risque, mitigation, crise, réseau d’alerte…, dans évaluation et prévention du risque sismique en Région wallonne, DGATLP, Moulin de Beez, Actes du colloque des 16 et 17 octobre 2006. Durant de nombreux siècles, le cœur de nos cités historiques s’est enrichi d’un patrimoine architectural inestimable contribuant à l’élaboration de leur caractère spécifique. Ainsi, la plupart de nos villes dont l’origine remonte au Moyen Âge se distinguent-elles par une disposition pittoresque et sinueuse de leurs rues bordées de maisons historiques et ouvrant souvent des perspectives vers quelque clocher ou bâtiment emblématique. Aussi, depuis des décennies, avons-nous pris conscience de la valeur de ce patrimoine, qu’il s’agisse des «valeurs culturelles, sociales, économiques irremplaçables des monuments, des ensembles et sites en milieu urbain et rural hérités du passé».01 À Liège, «… il n’y eust pas une maison, ny Eglise dans cette ville qui n’en eust ressenty du dommage ; il y eust plusieurs personnes écrasées et quantité de blessés par les débris des cheminées et des toicts ;…».02 Le 18 septembre 1692, le plus grand tremblement de terre répertorié au nord des Alpes n’épargnait aucun bâtiment patrimonial. Ses effets se firent sentir jusqu’en Angleterre.03 Ce fut une véritable catastrophe ! En Wallonie, l’histoire sismique nous apprend donc que notre patrimoine bâti a nécessairement subi certains désordres d’origine sismique. Il convient d’en apprécier le risque au regard de diverses notions spécifiques avant d’identifier les types de dégâts touchant notre patrimoine pour y remédier. Séismicité et activité sismique – Effets de site Un séisme correspond à un mouvement brusque de deux blocs de la croûte terrestre le long d’une faille. Cette rupture s’accompagne d’une libération soudaine d’une grande quantité d’énergie mécanique, générant différents types d’ondes sismiques qui vont se propager et se traduire en surface par des vibrations du sol. L’amplitude des ondes sismiques s’atténue quand on s’éloigne de la source sismique.04 Les régions du Nord-Ouest de l’Europe qui s’étendent de la vallée du Rhin jusqu’au Sud de la mer du Nord sont caractérisées par une activité sismique faible en comparaison de celle observée dans d’autres régions du monde. Pourtant, presque chaque année, des tremblements de terre sont ressentis par la population et régulièrement, certains d’entre eux provoquent localement des dégâts aux habitations qui peuvent être significatifs. Ce fut le cas notamment dans la région liégeoise le 8 novembre 1983 (M = 4.7) et dans la région de Roermond aux Pays-Bas le 13 avril 1992 (M = 5.4). Ces tremblements de terre récents n’ont pas eu ou ont eu relativement peu d’impact sur le patrimoine architectural. Par contre, le séisme de 11 juin 1938 à Nukerke (M = 5.0) a touché de nombreux bâtiments patrimoniaux, dont plus de 30 églises : «À l’église (de Wauthier-Braine), le dallage sous les nefs latérales était couvert de plâtras, l’arc de cintre de toutes les fenêtres vers le jardin de 87 Effet de site aux alentours du beffroi de Mons © Anne-Marie Barszez C’est ainsi que la ville de Mons, située sur un bassin sédimentaire, a été durement touchée lors du séisme de 1692 bien qu’elle était déjà loin de l’épicentre : «…les pignion des sept chapelle du loingt la rue du fossez ont este tellement esbranlee quil at este necessaire de les demonter les un entierement les autres en parties et puis les faire remonter…»07 En combinant les connaissances en sismicité et géologie, on établit une cartographie précise de l’aléa sismique propre à une zone déterminée. Celuici indique la probabilité qu’une secousse sismique survienne dans une période donnée et produise ses effets dans une ville ou un quartier donné en causant des dommages et des pertes. L’aléa sismique local peut donc être défini comme une combinaison de la valeur maximale de l’accélération du mouvement de sol au rocher considéré et d’un coefficient reflétant les potentiels effets de site.08 la cure était lézardé. Du côté opposé, dans le mur, du côté de la rue des Écoles, une lézarde descendait de la voûte au sol. Aux fonts baptismaux, aux voûtes des nefs latérales apparaissent des lézardes nombreuses.»05 De plus, les documents historiques indiquent que des séismes plus anciens, ayant provoqué des dégâts importants aux habitations, ont également affecté fortement ce patrimoine. Les plus marquants sont ceux du 21 mai 1382 (M ~ 6) dans le Sud de la mer du Nord, du 6 avril 1580 (M ~ 6) dans le Pas-de-Calais, du 18 septembre 1692 (M ~ 6 1/4) dans le Nord de l’Ardenne, du 16 février 1756 (M ~ 5 3/4) dans la région de Düren – Aachen et celui du 23 février 1828 (M ~ 5) en Hesbaye. Pour ce dernier, un grand nombre de sources historiques relatent des dommages, notamment aux édifices religieux : «Dans la commune de Berlo, …, elle a produit des effets très fâcheux : les murs de l’église en ont été lézardés, la voûte est tombée et la tour est menacée d’une ruine très prochaine…»06 L’amplitude des ondes sismiques peut localement être amplifiée, sous certaines conditions topographiques et géologiques. Ces phénomènes, appelés effets de site, peuvent augmenter sensiblement les conséquences d’un séisme et entraîner des pertes et dégâts considérables. Ainsi, dans une même ville, les effets de site vont induire des variations importantes de l’intensité d’un séisme d’un quartier à l’autre. Enjeux et vulnérabilité Cet aléa agit sur des enjeux humains et matériels. Chaque enjeu est caractérisé par sa vulnérabilité ainsi que par son importance, tant matérielle qu’immatérielle. La prise en compte de cette dernière caractéristique dans la définition du risque est un premier pas vers la préservation du patrimoine. En effet, les bâtiments patrimoniaux possèdent une valeur historique, anthropologique... et constituent un enjeu de taille dont la richesse est incontestable et inestimable. 05 Le Brabant wallon, 25, Nivelles, dimanche 12 juin 1938. 06 R. COURTOIX, Recherche sur la statistique physique, agricole et médicale de la province de Liège, TII, Royal Observatory of Belgium, Verviers, 1828, p. 17. 07 Livres de resolution de messieurs le doyen maitres et manbour de leglise paroissiale Ste Elisabeth, 1692. 08 A. SABBE, op. cit. 09 Ibidem. La vulnérabilité sismique d’une construction exprime sa sensibilité aux secousses sismiques. Elle dépend notamment des matériaux de construction et de leur mise en œuvre, ainsi que de la géométrie du bâtiment, plus particulièrement en ce qui concerne ses dimensions, sa hauteur, sa forme en plan ou ses caractéristiques architecturales. Cette fragilité s’exprime par un indice de vulnérabilité qui tient compte de ces divers facteurs. Par des mesures constructives adéquates, il est donc possible de concevoir des bâtiments moins vulnérables.09 Dans l’ensemble, les bâtiments anciens sont assez vulnérables, soit par leur conception initiale, soit par leur vétusté et parce qu’ils ont peut-être déjà été ébranlés précédemment. Des modifications hasardeuses peuvent également affaiblir les structures : suppression d’éléments de charpente, grandes ouvertures dans les murs ou les planchers… 88 De haut en bas : Étude typologique d'un îlot du centre historique de Mons © Anne-Marie Barszez Facteurs aggravants pour chacun des bâtiments repris dans l'étude d'un îlot du centre historique de Mons © Anne-Marie Barszez Dans le cadre d’un récent travail de fin d’études, nous nous sommes attachés à la détermination de cet indice de vulnérabilité pour les divers bâtiments d’un îlot du centre historique de Mons.10 10 A.-M. BARSZEZ, Aléa sismique du Bassin de Mons et vulnérabilité des bâtiments anciens – Analyse du risque sismique pour un quartier du centre historique de Mons, TFE inédit de la Faculté polytechnique de Mons, 2005 (H. Wilquin, Y. Quinif, S. Vandyke, A. Sabbe et T. Camelbeeck : promoteurs). Cette évaluation s’est faite en plusieurs phases et tient compte de 11 paramètres dont l’influence est prépondérante pour la résistance des bâtiments aux séismes, comme la rigidité des planchers ou l’état de la construction. En effet, un plancher souple ne constitue pas un diaphragme efficace, capable de limiter les déformations des murs et de distribuer les efforts de manière adéquate. Ces paramètres sont issus de l’expérience italienne et se basent sur les inventaires des dommages qui se sont produits lors de séismes passés. Ils ont été adaptés aux spécificités du bâti belge. Lors d’une première étape, on élabore une étude typologique pour associer un indice de vulnérabilité de base à chaque classe de bâtiment identifiée. On distingue les typologies de base, urbanistiques et de façade. Les typologies de base définissent le caractère général de la construction. Dans le cas du quartier étudié, les bâtiments sont principalement des habitations en maçonnerie avec des planchers en bois présentant fréquemment un rez-de-chaussée commercial ouvert. Les typologies urbanistiques situent le bâtiment dans son environnement bâti. Par exemple, les bâtiments mitoyens situés au milieu d’une série sont différenciés de ceux situés aux angles de rue. D’autre part, la hauteur de ces édifices influe sur leur fréquence propre. Il y a lieu d’en tenir compte, car si cette fréquence propre du bâtiment est proche de celle du sol et/ou de la fréquence des ondes sismiques, on peut souvent observer un accroissement des amplitudes vibratoires et donc des dommages. Les typologies de façade sont également utilisées. 89 Lors d’une seconde étape, on investigue certaines des caractéristiques indépendantes des typologies qui peuvent accentuer la vulnérabilité. Il s’agit notamment de l’irrégularité en plan et en élévation, de la présence ou non de chaînages, d’étages « ouverts » et même d’éléments non structurels comme l’état des cheminées. La somme de l’indice de vulnérabilité de base et des pénalités correspondant aux facteurs aggravants observés constitue l’indice de vulnérabilité global. Les résultats de cette analyse préliminaire sont indiqués sur la figure ci-dessous. Risque sismique et dommages Le risque sismique pour un bâtiment donné est donc fonction de l’aléa local et de l’enjeu qu’il représente. Dans le cas du patrimoine architectural, une bonne gestion du risque sismique consistera donc principalement à réduire la vulnérabilité de ces bâtiments, dans la mesure où nous n’avons aucune influence sur l’aléa et leur importance. En conséquence, l’estimation du risque sismique sur le patrimoine architectural passe par l’évaluation d’un niveau prévisible de dommages aux constructions. Le niveau de dommages désigne dans notre cas le rapport entre les coûts de réparation et les coûts de reconstruction. Un moyen d’accéder à une telle évaluation est l’emploi de courbes de vulnérabilité. Celles-ci sont des relations liant les indices de vulnérabilité avec les mouvements de sol et un niveau de dommage. Quant au type de dommages rencontrés, on retrouve le plus souvent des effondrements de cheminées, entraînant également des dommages aux toitures, des fissures diagonales dans les murs, des fissures d’angles indiquant la désolidarisation des murs… La vulnérabilité présumée des bâtiments de l’îlot étudié à Mons est élevée. Elle indique que plus de la moitié des bâtiments sont susceptibles de subir des dommages importants, même pour un séisme modéré. Les bâtiments d’angle et les bâtiments très irréguliers ou élancés sont les plus vulnérables.11 Cette vulnérabilité élevée affecte considérablement le risque sismique dans nos régions, malgré l’activité sismique modérée. Ainsi peut-on comparer les dommages constatés en Belgique à ceux des régions à sismicité plus importante imprégnées d’une culture parasismique. Mitigation À chaque époque, au lendemain d’un séisme destructeur, les bâtisseurs ont tenté de mettre en œuvre des mesures constructives adéquates visant à réduire la vulnérabilité de leur construction. Cependant, la trop grande période de retour entre deux séismes importants, chez nous, a souvent minimisé l’adoption de telles mesures. Les traces de telles adaptations sont cependant assez nombreuses et visibles dans des régions soumises à une activité sismique importante, comme en Grèce où Panos Touliatos, notamment, fait un véritable travail d’archéologie parasismique de l’architecture byzantine.12 Il a mis à jour de nombreux systèmes constructifs très ingénieux et efficaces visant à réduire la vulnérabilité et à minimiser les dégâts et ainsi à protéger la population. Ces principes font souvent appel à l’utilisation du bois, soit pour un dédoublement de la structure, soit pour la réalisation de chaînages ou d’ossatures bois. En Belgique, les mesures parasismiques sont moins flagrantes. Les techniques architecturales que nous ont léguées nos aïeux se sont développées et mises au point durant des siècles parfois Indice de vulnérabilité global pour chacun des bâtiments repris dans l'îlot étudié du centre historique de Mons © Anne-Marie Barszez 11 Ces résultats sont à nuancer, dans la mesure où la méthodologie de l’évaluation de la vulnérabilité fait l’objet d’une adaptation dans le cadre d’une thèse de doctorat menée par A.-M. Barszez à la Faculté polytechnique de Mons. 12 P. TOULIATOS, The box framed entity and function of the structures - The importance of wood’s role, dans évaluation et prévention du risque sismique en Région wallonne, DGATLP, Moulin de Beez, Actes du colloque des 16 et 17 octobre 2006. 90 Tour de l'église SaintLambert de Petit-Hallet (Hannut) renforcée par de multiples ancrages à la suite du séisme du 23 février 1828 Photo Catherine Dhem, © SPW avec des influences mutuelles à divers niveaux. Ainsi, retrouve-t-on notamment le principe de chaînages en pierre clairement marqués dans les maçonneries de briques à l’image de véritables ossatures et définissant parfois un style spécifique comme le style traditionnel mosan. Il est évident que la base de ce principe est le souci de renforcer la résistance des constructions, notamment contre des charges ou sollicitations horizontales comparables à celles d’un séisme. D’autres principes moins clairs ont parfois été constatés par certains observateurs privilégiés sur des constructions ayant vécu des séismes importants, comme notamment à Soiron où l’on peut retrouver des solutions de renforcement des angles noyés dans la maçonnerie. Les moyens de consolidation utilisés chez nous procèdent surtout du principe de chaînage par cerclage métallique et ancrage ou de liaisonnement aux angles. Ainsi, plusieurs dispositions que nous pouvons observer aujourd’hui et qui ont été mises en place au cours du temps contribuent à une résistance aux forces latérales imposées par les tremblements de terre. À notre tour, nous pouvons améliorer le comportement au séisme de bâtiments existants. Il convient de pallier les défauts conceptuels et les défauts induits par des modifications. 91 De haut en bas : église Saint-Lambert de Petit-Hallet : étude typologique © Amélie Philipront église Saint-Lambert de Petit-Hallet : nivellement © Amélie Philipront Une méthodologie adaptée aux constructions anciennes de taille limitée en maçonnerie est en cours. Pour définir une restauration parasismique, distinguons les stratégies des techniques de mitigation.13 Une stratégie indique la démarche globale tandis que les techniques sont les moyens pratiques permettant d’y accéder. À notre niveau, il existe deux familles de stratégies : celles qui consistent à diminuer les charges sismiques sur la construction (réduction des masses, prévention de l’entrechoquement de parties de bâtiment, limitation de la torsion d’ensemble…) et celles qui visent à augmenter les performances de la construction (renforcement pour l’augmentation de la résistance, amélioration de la capacité de dissipation, suppression ou redistribution des zones faibles…). Parmi les diverses techniques qui sont à notre disposition (réalisation d’ancrages efficaces, addition de nouveaux éléments de construction…), certaines peuvent répondre à plusieurs stratégies. Un ensemble de solutions pré-étudiées devrait être collecté dans un « catalogue » pour des bâtiments communs. Par contre, une réflexion spécifique doit être apportée pour les bâtiments classés. Une ligne de conduite stricte dictée entre autres par la Charte de Venise14 impose par exemple un principe de réversibilité. L’ensemble du raisonnement doit s’enrichir de l’expérience scientifique belge et étrangère, de l’expérience de professionnels de la construction, de l’architecte à l’ouvrier. Identification des traces de sismicité sur le patrimoine Sur base de ces notions de séismologie, il est temps de nous intéresser aux effets que les séismes peuvent laisser sur notre patrimoine architectural. À cet égard, il convient d’analyser les pathologies des bâtiments patrimoniaux afin de déterminer celles qui pourraient être dues à un séisme. Dans le cadre d’un autre travail de fin d’études15, nous avons développé une méthodologie transdisciplinaire permettant de déceler les traces de dégâts sismiques sur les édifices patrimoniaux. Cette dernière a été ensuite appliquée à un cas d’étude concret, l’église Saint-Lambert de Petit-Hallet. Pour aborder cette question, nous avons notamment investigué les conséquences du séisme du 23 février 1828. Malgré sa magnitude somme toute limitée (5.0), les sources historiques relatant des dommages aux habitations et aux édifices religieux sont nombreuses. La région touchée est relativement bien définie. Il s’agit surtout de la Hesbaye. 13 M. ZACEK, Vulnérabilité et renforcement, coll. Conception Parasismique, cahier 2, Éd. MEDD, s.l., 2004. 14 ICOMOS, International Charter for the Conservation and Restoration of Monuments and Sites, Decision and Resolutions, Venice, 1964, 31.V (ICOMOS, I, Paris, 1966). 15 A. PHILIPRONT, Quels sont les effets sur le patrimoine architectural des séismes importants de nos régions ? Applications aux églises de Hesbaye – inventaire, méthodologies et perspectives, TFE de la Faculté polytechnique de Mons, 2007 (A. Sabbe et T. Camelbeeck : promoteurs). 16 Lettre du Bourgmestre au gouverneur de province, 1828 (archives de l’Observatoire royal de Belgique). La méthodologie se déroule en deux étapes. La première étape permet de déduire avec un certain degré de certitude si un tremblement de terre a affecté le bâtiment. Elle consiste en une recherche et une analyse de sources historiques, une étude typologique du bâtiment patrimonial, une analyse in situ des pathologies visibles pouvant être d’origine sismique et une étude sismologique complémentaire. L’analyse historique consiste en l’étude des séismes passés (date, épicentre, magnitude) ainsi qu’en la récolte et l’examen de sources historiques (textes et iconographie) relatant des dommages aux bâtiments. Pour l’église de Petit-Hallet, proche de l’épicentre du séisme de 1828, trois sources historiques ont été retrouvées, dont : «23 février 1828… l'église n'a pas été exempt de cet événement, la voûte est éboulée, dans plusieurs endroits, plusieurs chandeliers qui se trouvèrent sur l'autel se trouvait versé (sic) par terre».16 L’étude typologique nous permet de répertorier les caractéristiques de vulnérabilité aux tremblements de terre comme l’épaisseur des murs, l’asymétrie en plan et en élévation, la simplicité de la forme du bâtiment, l’accentuation en plan d’une direction dans un rapport 1 à 3, ou la présence de divers éléments singuliers (décrochements en hauteur, partie assez haute, angles rentrants, nombreuses ouvertures en partie basse…). Dans le cas de l’église de Petit-Hallet, on peut retrouver la plupart de ces caractéristiques de vulnérabilité. 92 L’analyse pathologique regroupe toutes les pathologies et réparations visibles sur le bâtiment. Elle doit particulièrement s’attacher à des types de désordres reconnus comme sismiques. Il s’agit plus spécifiquement de : — la présence de fissures verticales s’évasant vers le haut, dans l’angle entre la façade et les murs de refend ; — la présence de fissures à 45° en croix ou en diagonale à partir des angles des ouvertures ; — la présence de fissures horizontales dans les joints de maçonnerie ; — la désolidarisation des murs ; — le descellement, le basculement ou la descente de clés de voûte ; — l’effondrement ou la fissuration de voûtes structurelles ; — la destruction partielle ou complète du bâtiment ; —… — de nombreuses fissures au-dessus, en-dessous des baies et au niveau des voûtes, des clefs de voûte descendues ou basculées ainsi que de nombreuses ancres en façade de la tour sont quelquesunes des traces relevées à l’église de Petit-Hallet. Enfin, l’analyse sismologique est une étude complémentaire visant à vérifier si un problème d’effet de site en relation avec la fréquence propre du bâtiment a pu amplifier les mouvements du sol et du bâtiment. Si en conclusion de la première étape, il s’avère, avec un certain degré de certitude, qu’un tremblement de terre a affecté le bâtiment, on procède à la seconde étape. Celle-ci tente d’éliminer les causes autres que sismiques, susceptibles de provoquer des dégâts semblables. Elle consiste en une analyse pathologique détaillée concernant plus spécifiquement : — la nature du sol (cartes géologiques, traces de forage, essais de sol, mesures géophysiques…) ; — l’adéquation des fondations (affouillement, nivellements et relevés au théodolite…) ; — la présence de poussées horizontales en tête de murs (voûtes, charpentes, chaînages…) ; — l’existence de problèmes d’humidité ; — l’incidence d’un éventuel glissement de talus. L’état de fissuration du bâtiment est souvent révélateur de la plupart de ces causes. Il convient cependant d’en apprécier l’évolution actuelle par l’installation de jauges. En effet, les tremblements de terre induisent instantanément des fissures ou déclenchent dans le temps l’évolution de fissures par une conjonction de causalités. Dans tous les cas, il ne sera pas toujours possible d’éliminer toutes les causes autres que sismiques. Des études complémentaires comme des modélisations numériques seront alors nécessaires. Pour l’église de Petit-Hallet, plusieurs problèmes semblent entrer en ligne de compte comme un problème de tassement différentiel et de mauvaise qualité du sol. Conclusions Notre démarche constitue un premier pas en matière de risque sismique et de patrimoine bâti dans nos régions. Elle est le fruit d’une réflexion évolutive, initiée par l’étude de l’activité sismique de nos régions et des sources historiques. Elle s’est développée dans le cadre d’une collaboration féconde d’une dizaine d’années entre la Faculté polytechnique de Mons et l’Observatoire royal de Belgique. La méthodologie devra encore faire l’objet de diverses validations sur différents bâtiments emblématiques. Nos travaux montrent sans ambiguïté qu’il est fondamental d’encourager la prise en compte du risque sismique lors des études préalables et des campagnes de restauration, notamment par l’identification et la compréhension des traces que des séismes passés ont laissées sur nos bâtiments patrimoniaux. À cet effet, l’approche proposée vise à l’élaboration d’outils d’investigation du patrimoine au regard du risque sismique et de mesures de renforcement parasismique spécifiques au patrimoine. Dans cette perspective, on peut citer l’établissement d’un répertoire du patrimoine affecté par les séismes, ainsi que la réalisation de fiches sanitaires et d’analyse du patrimoine bâti. Pour en savoir plus P. ALEXANDRE, D. KUSMAN, T. PETERMANS & T. CAMELBEECK, The 18 september 1692 Earthquake in the Belgian Ardenne and its Aftershocks, dans J. FRÉCHET, M. MEGHRAOUI & M. STUCCHI (Eds.), Historical Seismology – Interdisciplinary Studies of Past and Recent Earthquakes, coll. Modern Approaches in solid Earth Sciences, Springer, 2008, p. 209-230. E. FACCIOLLI & V. PESSINA, The Catania Project : Earthquake damage scenarios for a high risk area in the Mediterranean, Ed. Groppo Nazionale per la Difesa dai Terremoti, s.l., 1999. P. MELCHIOR (Éd.), Seismic activity in Western Europe with particular consideration of the Liège earthquake of November 8, 1983, dans D. REIDEL PUBLISHING COMPANY, NATO Asi Series, v. 144, 1985. 38 DÉBATS Suite à l'intervention de Th. Camelbeeck G. Dassonville – Y a-t-il une relation entre les effondrements karstiques et les tremblements de terre ? Th. Camelbeeck et S. Vandycke – Cette question fait l’objet d'un débat scientifique ancien : il n'y a pas de relations entre les deux évènements, d’autant que la profondeur des épicentres des foyers ne correspond pas à celle des karsts. Existe-t-il une relation entre tremblements de terre et activité minière ? Th Camelbeeck – Les mouvements de terrain suite aux effrondements miniers ne provoquent pas de tremblement de terre. Par contre, les modifications de l'environnement peuvent entraîner des dégâts supplémentaires ; ex. : une maison ayant souffert de mouvements dus aux effondrements miniers sera plus sensible aux effets d'un tremblement de terre. Suite à l'intervention de J.-P. Colbeaux L. Coppin – Je suis assez d'accord avec la conclusion de J.-P. Colbeaux ; toutefois l'addition pure et simple des différents risques est-elle une synergie ? Les différents éléments de risque n'ont pas la même dimension temporelle. Quel est l’impact de la superposition des risques en terme d'aménagement ? M. Van Camp – L'Eurocode 8 prévoit que le risque n'amène pas systématiquement l'inconstructibilité ; par contre il apporte des préconisations pour les constructions. G. Dassonville – Faire converger les actions sur les risques (notamment via des études d'impact, ce qui est bien mieux fait en Belgique) permet d'estimer bien plus précisément les besoins. L. Coppin – La notion de risque est elle-même à préciser ; souvent on mélange tout : aléa, risque, potentialité... ; on ne fait aucune différence et souvent ce n'est qu'un moyen « d'ouvrir le parapluie ». 39 M. Marchyllie – Il y a beaucoup d'acteurs à impliquer, à travers les Scot par exemple. Le préfet doit se saisir du sujet pour organiser et n'oublier personne. J.-P. Colbeaux – Le parc pourrait être un lieu de test sur la sensibilisation, la publication de brochures, l'information des élus. Le microzonage sismique de Valenciennes est en cours de réalisation. Th Camelbeeck – Si le risque n'est pas perçu, il n'y a pas de risque. Il est donc très important de faire de la sensibilisation, notamment pour les constructions nouvelles pour lesquelles il est plus facile d'agir. J.-P. Colbeaux – Les plans pour les risques ne sont pas seulement une contrainte mais aussi une opportunité comme outil d'aménagement et de planification. M. Marchyllie – Je propose quatre sujets sur lesquels on pourrait avancer : 1. information des habitants et des élus ; 2. lisibilité de la notion de risque - le parc a des missions multiples dont certaines peuvent converger avec les enjeux sur les risques, - ajouter l'aléa sismique et définir les moyens nécessaires pour agir ; 3. expérimenter : c'est aussi la mission d'un parc ; 4. chacun doit prendre ses responsabilités, gérer la question de manière concertée. L. Coppin – J’approuve ces propositions. Le rôle d'une municipalité est prévoir l'évolution de son territoire dans quinze ans ; il y a donc beaucoup de sujets à croiser. Pourquoi cette politique n'est-elle pas intercommunale ? Il est nécessaire que tous les interlocuteurs se réunissent autour de la table pour avancer sur le sujet. M. Marchyllie – Il y a des liens à faire entre l'investissement sur le patrimoine (financier en fonds publics) et les risques. Th Camelbeeck – Je confirme que la question sur le patrimoine et l'investissement se pose vraiment, notamment compte tenu des périodes de retour connues (50 ans ou 200 ans). 40 CONCLUSION Comme nous venons de le voir, la région Nord-Pas de Calais / sud de la Belgique n’est pas à l’abri d’un séisme, il nous faut donc être vigilants. Des concepts développés par les différents intervenants, même très simplifiés, sont difficiles à appréhender par les habitants : superposition d’échelles (géographique, temporelle), notions abstraites (risque, aléa, récurrence). Aussi, dans le cadre de la mise en place du plan aléa sismique en France, il semble intéressant de profiter de la dynamique mise en place ce jour entre les scientifiques et les élus d’une part, les potentialités pédagogiques du Pnr Scarpe-Escaut, d’autre part, pour commencer rapidement l’élaboration de documents informatifs à destination de la population relativement aux risques encourus (sans pour autant dramatiser outre mesure). Cette démarche, une fois acceptée par la population permettra d’orienter l’aménagement ultérieur du territoire. 41 42 LISTE DES PARTICIPANTS BAUD BELLAND BUYSSCHAERT CAMELBEECK COGET COLBEAUX COLEIN COPIN COULON DASSONVILLE De FOUCAULT DEBUYSER DEFAUT DEKIMPE DELVAUX DENEYER DESCAMP DUBOIS FRYSOU GIGAUX HENIQUE JACQUART JOMARD JOURNET JUMELIN-DIALLO KUSMAN LEGROS MAIRE-VIGUEUR MALECHA MARCHYLLIE MIO MOSSMANN OCHIN PETIT PICOT POULAIN QUINTART SABBE STAREK TESNIERE TOMBAL VAN CAMP VAN LAETHEM VANDYCKE VERBEECK Véronique Sandrine Anne-Laure Thierry Jacques Jean-Pierre Philippe Luc Roger Gérard Bruno Michel Christelle Jean-Pierre Olivier Arnaud Jean-Marie Jacques Jean-Pierre Alain Julien Sandra Hervé Jean-Marie Sonia Pierre-David Jean Céline Jean Michel Daniel Jean-Rémi Daniel Françoise Julie Bernard Alain Alain Jean-Claude Christophe Jean-Charles Michel Francis Sara Koen Pnr Scarpe-Escaut Mission Bassin Minier Syndicat Mixte du SCoT Grand Douaisis ORB CSENPC CSENPC CSENPC Mairie de Fresnes sur Escaut CSENPC CSENPC CSENPC CSENPC Architecture et Energie Mairie de Bruille Saint Amand Espaces Naturels Régionaux Architecture et Energie CSENPC Mairie de Nivelle / SMAHVSBE CSENPC CSENPC DREAL Nord - Pas de Calais Maire de Château l'Abbaye IRS[N] CSENPC CSENPC ORB Syndicat de communes / MAULDE Pnr Scarpe-Escaut CSENPC Pnr Scarpe-Escaut Pnr Scarpe-Escaut BRGM SGR/NPC CSENPC Mairie de OISY BRGM SGR/NPC CSENPC Parc Naturel des Plaines de l'Escaut FPMS CSENPC Pnr Scarpe-Escaut CSENPC ORB CSENPC FPMS ORB 47